Envoyé par
DédéHeo
Les Vietnamiens de la province frontalière de Quang Ninh, sont très différents des Cantonais. Il faut dire qu'en 1978, les nombreux habitants des villages cantonais et pécheurs chinois entre Halong et la frontière ont été expropriés et expulsés. Puis le gouvernement a forcé la migration de gens du delta du fleuve Rouge venant des provinces de Thai Binh ou Hai Duong et même du sud du Tonkin comme Thanh Hoa & Ninh Binh. Les Thai Binh ont vraiment des têtes de Tonkinois alors que les Ninh Binh commencent a ressembler au gens du Centre : Plus grand et plus mince. Mais même les gens des villages de pécheurs de Quang Yen qui sont là depuis 1000 ans ont des têtes de "Quang Yen", pas du tout Chinois. A la moindre photo de groupe de gens, même sans écriture, on reconnait tout de suite si on est en Chine où au Tonkin.
Mais le sujet, c'était l'origine de la langue avec cette article cité par RdB.
Cet article parle de "langue nôm" c'est un peu surprenant mais il y a une logique.
On sait que le viêt vient d'une langue mon-khmer genre banhar qui évolua comme le muong c'est à dire en prenant les 3 tons du thaï et du chinois primitif vers le 6ème siècle. Puis a peu près en même temps, vers le XIIème siecle, 4 langues appartenant chacune à une famille différente de la région dédoublent leurs tons pour en donner 6. Ce sont le chinois, le thaï, le miao-yao (actuel hmong) et le viet ; seule langue mon-khmer des 4.
Dans cette période, le viêt incorpore beaucoup de vocabulaire chinois.
L'écriture actuelle, le quoc ngu, reproduit la langue parlée et sa grammaire mon-khmer, une langue centrifuge.
Autrefois, les écrits officiels étaient en chinois, une langue centripète, c'est à dire avec l'adverbe ou l'adjectif placé avant le nom.
On importe les noms chinois sans les retourner et "temple du Cheval Blanc" devient "temple du Blanc Cheval" mais le vrai chinois est "Blanc Cheval Temple".
Bien sûr, on importe les mots techniques chinois en 2 syllabes sans les "retourner", par exemple an toàn.
Mais on créé aussi des mots nouveaux à la chinoise comme đại học où đại est un mot chinois qui a le sens "supérieur". Donc "supérieur étude" veut dire université ; on le laisse à l'envers pour marquer qu'il s'agit d'un mot nouveau avec son sens propre.
Voici la question que je me pose sur cette histoire de "langue nôm" :
Autrefois, on note tout en chinois han : mot à l'envers, syntaxe à l'envers. Pas compliqué : c'est une traduction. Seulement la prononciation du chinois à la vietnamienne est très déformée, beaucoup plus que par les Thaï.
Puis après, on veut noter la langue courante, on bricole des caractère, au moins 4 manières différentes, pour représenter les mots de base qui sont généralement môn-khmer et leur prononciation : les pieds, les mains etc
La question est la suivante :L'écriture môn, retourne t'elle l'ordre de la phrase en chinois ?
Ca serait logique, mais dans ce cas là, il s'agit effectivement d'une langue à part : Il faut traduire la syntaxe centrifuge du viêt en syntaxe chinoise centripète. Ca devient une sorte de langue intermédiaire.