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Répondre à : Emploi et stage…

#13716
Nem Chua
Participant

    OK, je vois bien le clin d’oeil, hien. ;) Bon, je m’y colle.

    Il n’y a pas vraiment de secret, mais c’est vrai qu’il y a des éléments qui aident. De même, donner comme ca de but en blanc des couts, des prix, c’est assez difficile, parce que chaque cas est particulier.

    À mon sens, les critères à prendre en compte au départ sont:

    Pourquoi j’y vais?
    Est-ce… 1) pour sauver la peau de ma boite Francaise? 👿 2) Pour profiter du bon temps? :holiday: 3) Pour apporter mon savoir-faire aux petits Vietnamiens qui n’ont rien? :violon: 4) Parce que ma cop’s est Vietnamienne ou qu’elles sont tellement jolies les petites Vietnamiennes? :love:
    Là, je dis :tcon:. Tu crois au :santa:. T’as :petard:. Tu vas te faire :gun6:.

    1) La vérité, c’est qu’on ne vient pas si on n’a pas les reins solides, ou rien, mais rien de rien, à perdre. En 93, j’ai accompagné 38 entreprises Francaises qui venaient s’implanter au VN. Il en est resté une seule, celle qui y était déjà, et pour de bonnes raisons.
    On y arrive quand on a un plan de travail (ce qui n’exclut pas de faire des choses sympa) et des raisons concurrencielles solides de venir. et des reins solides

    2) c’est du travail et encore du travail: tout le secteur privé bosse 7/7 de longues journées, ils ne :sleep: jamais. Donc, soit on a la retraite qui tombe tous les mois, soit on retrousse les manches.

    3) Les :jap: n’ont pas besoin du savoir-faire des Francais (et ca, il faut bien se l’entrer dans le crâne): ils savent tout faire plus vite et moins cher.
    La clé n’est pas la compétence technique, mais souvent plutôt: la capacité à formaliser et à gérer des ressources très différentes les unes des autres; comprendre des contextes auxquels ils n’ont pas accès;
    et surtout:
    planifier et gérer d’avance: les :jap: dans l’urgence sont imbattables. Ils ont une capacité à improviser en groupe qui n’envie rien au XV de France.

    4) Attention au choc culturel: le premier vrai travail du gusse qui débarque est un travail sur soi: il faut faire son deuil de pas mal de ce qu’on a apporté avec soi et qui va pourrir très vite.
    On arrive blanc: on restera blanc. Il faut s’accepter différent. Il y a un sujet sur le racisme, eh bien dans un sens comme dans l’autre, c’est le même problème.
    Les Vietnamiens ont viré les Francais et les Ricains (une première à l’époque), ils n’ont certainement pas besoin de nous. Alors, humilité, hein.
    Le Vietnam en a brisé, des couples, des espoirs, des rêves. Au bout de quelques mois, le paradis peut devenir un enfer. (mais que c’est dur aussi pour ceux qui ont lâché et qui sont partis. j’en connais qui pleurent au retour)

    Quels moyens?
    Il n’y a pas forcément besoin de beaucoup d’argent, mais il faut avouer que ca aide. Pour ma pomme, je suis parti de bien bas et en grignottant tous les ans, j’ai fini par travailler dans des grosses boites pendant 7 ans avant d’avoir de quoi monter mon affaire. (à l’époque, il y avait peu de Francais au Nord, c’était plus facile de trouver un job)

    Le plus important, c’est d’avoir du temps. Soit en préparant son projet (mais là il faut du $$$), soit en s’installant simplement avec une famille, soit en faisant autre-chose (pour monter du blé), parce que le seul capital incontournable, c’est le réseau.

    Je parle pas de magouilles ou quoi ( :tcon:) mais qu’il faut être connu et avoir un capital confiance solide. Un Pháp, ca vient aujourd’hui, et demain c’est parti. Celui qui reste et qui s’impose pour longtemps, qui fait partie du paysage, celui-là a accès à plein de choses « invisibles pour les yeux », comme dirait Valye: le crédit, la facilité à mobiliser des gens « tout de suite », le pouvoir de « nhờ », cad de s’appuyer sur qqn pour faire levier.

    Tout ca parce qu’avec le temps, on est tout naturellement admis dans des cercles de gens de confiance. Aujourd’hui, je peux faire dans ma ville des trucs impossibles à Saigon, et impossibles à tout le monde: à Saigon, ca y est, on est tous incognito, y a de moins en moins de cercles (ca va avec l’individualisme, l’endettement et la montée de la classe moyenne. Et en plus y a pu d’saisons ma pauv’dame!)

    un commentaire pour les amateurs: rien à voir avec l’état de droit, avec l’individualisme, avec le formalisme à l’occidentale. Tout s’appuie sur les gens avec lesquels on vit et qui vivent avec nous. Ceux-là, ceux de mon milieu, je peux compter dessus, parce que je fais partie de leur milieu. Mais eux, ils ont contact avec d’autres, qui nhờ d’autres encore, jusqu’à celui dont on a besoin. C’est très organique.

    Et quoi d’autre?
    Après, c’est surtout une question de business plan: si tu sais pas ou tu vas, t’as aucune chance d’y arriver. Donc: on planifie, on met les moyens, on serre les dents on fonce et on ne lâche pas. Et on garde l’oeil sur là ou on va, histoire de pas oublier.

    Le plus dur, c’est trouver ou est la marge, cad ce qu’on peut faire que le voisin ne pourra pas copier même s’il voit tous les jours ce que je fais, soit parce qu’il n’a pas l’argent, soit parce qu’il n’a pas compris le fond de la chose.

    Mais là, c’est chacun son truc.