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thanhhai

Toutes mes réponses sur les forums

15 sujets de 31 à 45 (sur un total de 87)
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  • robin des bois;43999 wrote:
    soit que « les Khmers Rouges n’étaient pas de véritables Khmers; à cause de ces maudits barangs / Français qui avaient pourri dans les années 60 les idées leurs dirigeants alors étudiants à Paris. De ce fait, ils avaient acquis une mentalité qui les excluait de la comunauté khmère. »

    – soit la meilleure, qui est bien évidemment la théorie de POL Pot après 79..i rejettant les crimes commis sur la population khmère, sur le régime communiste Vietnamien et qui avait déja trouvé dès 77- pour justifier l’échec de sa politique agricole et de sa collectivisation rural (d’où les famines) la célébre formule  » des esprits vietnamiens dans des corps khmers »,. dits aussi les « kramas bleus » pour les faire passer à la casserolle comme ennemis de la révolution
    . »

    C’est de la révolution culturelle à la Mao doublée, en priorité, d’épuration sociale et etnique.

    Peut-être, les Polpot, Khieu Samphan voulaient faire du Cambodge un pays qui se construira par des Humain-robots, dépourvus de sens critique (de conscience). Or que les superpuissances sautaient sur l’occasion d’en concocter une perspective d’avenir favorisant leurs propres intérêts en matière de géopolitique; pour les États-Unis de bouder l’un (l’URSS) contre l’autre (LA CHINE) dans le clan communiste; de venger leur défaite dans la guerre du Vietnam; et pour la Chine d’étendre leur emprise sur l’Asie du Sud-est, de surcroît d’avoir une terre fertile pour l’implantation prochaine de ses colonies.

    Que se soit les É-U ou la Chine, ils ont intérêt que la haine entre les 2 peuples se perpétuent, celà leur offre un moyen potentiel dans de futurs projets, s’il y en aura. Mais le contexte global favorise plutôt la coopération régionale. L’ASEAN est sans doute un environnement propice pour les compréhensions mutuelles, pour l’ouverture d’esprit entre peuples qui s’entredéchiraient depuis des millénaires.

    Qui sait ? Je n’ai qu’à supposer les situations.

    robin des bois;43998 wrote:
    Désolé .. je ne comprends pas très bien l’allusion..expliquez-moi!!!

    Sur les 2 termes concernés, j’ai découvert, dans les échanges et discussions sur 2 autres forums de la  » diaspora Khmère », le rejet par eux de la différence faite par les Occidentaux entre:
    – le terme  » Khmer  » qui aurait une connotation « raciale voir raciste »(par ex: la race khmère »)
    et le terme « Cambodgien », qui indiquerait la citoyenneté et la nation…etc etc

    Selon ces personnes, si on utilise seulement la langue khmère, le problème ne se poserait absolument pas.

    (jusqu’à démonstration contraire, je suis prêt à les croire,ne connaissant pas la langue khmère..

    Mais vous, qu’en pensez-vous? Vous êtes bien placé, je trouve)

    C’est très subjectif l’usage de ce terme. Mais si on le place dans un contexte précis en politique partisane, il prendra forme d’une entité à caractère racial. Les Khmers rouges comme tous les autres « Cambodgiens », se prétendaient du Khmer originel, et plusieurs autres de la diaspora d’ailleurs. Ils s’appropriétaient l’entité khmère et la monopolisaient.

    C’est vrai que le terme KHMER a une connoctation raciale. Exemple: Polpot lui-même n’est pas ethnique khmer de pur sang, mais il s’en faisait un, dans l’espoir de mousser la nationalisme radical; Sam Rainsy joue également cette carte. Ce qui par conséquence (conceptuellement et automatiquement) exclura tout autre mouvement, autre parti de l’entité khmère, donc non-vrai khmer, donc l’ennemi. Toute opposition au Cambodge de tous les temps jouait fréquemment cette carte raciale. D’où, la précision à porter entre les 2 termes KHMER (exclusion) et CAMBODGIEN (inclusion). C’est un peu à la façon du FN de Le Pen. La marge est mince entre les mots, donc assujettis à interprétation partisane.

    KHMER en khmer veut dire simplement les Cambodgiens. Mais souvent on l’utilise en mot composé comme Khmer-Chinh (Khmer-sinois), Khmer-youn (Khmer-vietnamien), Khmer-cham (Khmer-musulman). Dans l’usage en langue française, il prendra un autre sens à connoctation raciale qui désigne l’ethnie, soi-disant Cambodgien brun, ou l’Asie brune, si vous voulez.

    Par référence du nom du pays, le Cambodge, les habitants doivent être appelés Cambodgiens. Les Cambodgiens se composent de plusieurs ethnies, dont le groupe ethnique fondateur, les Khmers; suivi de celui d’immigrants chinois, vietnamiens, musulmans…

    robin des bois;43983 wrote:
    Oui mais selon les spécialistes et linguistes , cette différenciation de langage serait une subtlité des Occidentaux– dont les Français depuis la péroide coloniale..

    Car En Khmer, Cambodia (in english) se dit déja  » Kampuchéa » mot de même provenance que le mot « Khmer » ; à l’origine , il s’agirait de la race des « Kambudia » qui vivaient dans la région du bas Laos actuel, autour du bassin de la rivière Se Mun…Venant des hauteurs montagneuses, ils étaient très doués pour les travaux hydrauliques.(d’où les travaux autour d’Angkor: barays et cie)

    Précisions référenciées à mon post : Je ne pointe du doigt à personne
    (à cette partie du texte: Certains Khmers tentaient toujours de faire porter l’odieu (du génocide) aux autres, comme si les « Khmers » rouges qui ont tué les « Cambodgiens » n’agissaient machinalement qu’aux ordres, donc exempte de conscience, exempte de responsabilité, donc exempte de culpabilité: Jugé non coupables ! (sic).

    Ceux-là ne comprenaient pas que cela voulait dire que les KHMERS sont immatures. Dans ce cas, sont-ils en mesure de gouverner leur pays ? Si oui, qui seront responsables de toutes exactions, toutes prochaines actrocités subceptibles de survenir dans ce pays ? Ou alors les mêmes arguments seront utilisés pour défendre la non culpabilité des KHMERS ? Imaginez l’impunité persistante qu’engendre un tel processus et qui sévira dans cette société.

    Beaujolais;43571 wrote:
    « Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver »
    Comme le chantait si bien le Québecois Gilles Vigneault.

    Tu es devenu un vrai Québécois, thanhhai.

    Merci. Excuses-moi du retard.

    thuong19;43986 wrote:
    Alors se réconciler , oui bien sur. Parceque les générations actuelles et futures doivent VIVRE en PAIX.
    Pardonner et oublier, jamais ! ça ne doit plus jamais recommencer, et le devoir de mémoire est une exigence.
    Pour le peuple Cambodgien qui a vécu ce traumatisme, il est certain qu’il doit être difficile d’en parler.Il faut oublier .(Mais c’est ineffaçable dans leur mémoire,même en formatant le disque dur) !

    Salut Abgech, tu prendras le relais pleasantry

    Je suis partant pour la reconciliation. Et comme disait-on: Tout est pardonnable – mais rien n’est oubliable.

    Je tente d’ailleurs depuis presque 10 ans de retrâcer mes camarades de classe à travers le monde en créant un website d’avis de recherche (http://khmercanada.site.voila.fr/annonces1.htm). Jusqu’à présent, j’ai pu retrouvé plusieurs d’eux, dont une dizaine se sont installés en France, une en Belgique, trois aux É-U, un en Inde, un au Canada, 1 en Australie et 4 encore au Cambodge.

    L’an dernier (2007), j’ai pu également antraîner 8 d’eux en voyage de reconciliation avec le passé. D’autres ont refugié de participer, parce qu’ils ne sont pas encore prêts « à pardonner », autrement dit encore traumatisés.

    Nous avons visité les endroits où nous avons vécu (notre demeure); où nous avons été éduqué (nos écoles) , les quartiers du lycée Descartes, du stade Lambert, celui des routards, le Palais royal, le Wat Phnom… Et bien sûr, Sihanouk ville et Angkor.

    Vidéo de nos retrouvailles en 2007:
    http://www.youtube.com/watch?v=8-gHjKocUnU

    Que des beaux souvenirs de notre adolescence ! Nous nous racontions les souvenirs qui soudainement réapparaissaient en chacun de nous. Les rues et ruelles, les immeubles familiers, les brouhahas, le lever du soleil, cette sonnance cambodgienne, nous rappellaient toujours quelques choses, un ami, un proche. Et comme par magie, des visages, des noms enfuis depuis 35 ans, nous revenaient subitement, comme si ces murs, ces immeubles, ces rues et ruelles délabrés nous parlaient, nous racontaient notre propre vie, notre adolescence volée et massacrée. Oui des visages et des noms oubliés nous revenaient, et parmi ces visages, ces noms plusieurs demeuraient sans nouvelles. Et encore comme par magie, ces personnes-là s’étaient volatisées sans laisser de trâce – sauf son nom en notre mémoire – depuis l’avénement du 17 avril 1975.

    Et vous savez quoi ? Parmi les participants de ce voyage, certains d’entre nous n’avaient jamais revu l’un et l’autre depuis 35 ans et n’avaient jamais revenu au Cambodge depuis 1975. Maintenant, je suis satisfait d’avoir organisé – et ce, avec succès – ce voyage dit de reconciliation pour mes camarades. Y-aura-t-il lieu pour un autre ? Je n’en suis pas très sûr, vu les obligations, les contraintes de la vie.

    Et depuis ce voyage, je constatais que le lien d’amitié entre nous semblait renouer avec plus de force et de sincéreté.

    Faudra-il passer par la guerre pour mieux apprécier la paix ? Vive l’amitié !

    mai;43944 wrote:
    Si j’ai compris tu es chinois par ton père mais quelle langue parlais tu au cambodge?

    Je parlais essentiellement cambodgien en dehors de chez moi. Français et cambodgien à l’école. Un peu de chinois et un peu de vietnamien à la maison (vietnamien avec ma mère particulièrement, mais je ne le parlais pas couramment).

    De 1976 à 1988 en exil à HCM ville, j’ai fait l’autodidacte du vietnamien. Maintenant, je parle couramment et écris assez bien le vietnamien, sauf quelques fautes d’orthographe de temps en temps (en particulier avec les terminaisons en T ou C; en NG ou N sans G; en IN ou ING ou INH – et les dâu’ hoi et nga). Hihihhihihi.

    thanhhai;43961 wrote:
    Certains Khmers tentaient toujours de faire porter l’odieu (du génocide) aux autres, comme si les « Khmers » rouges qui ont tué les « Cambodgiens » n’agissaient machinalement qu’aux ordres, donc exempte de conscience, exempte de responsabilité, donc exempte de culpabilité: Jugé non coupables ! (sic).

    Précision:
    Khmer(s) désigne le groupe ethnique fondateur du Cambodge.
    Cambodgien(s) désigne les habitants du Cambodge, dont Khmers, Chinois, Vietnamiens, Chams et autres.

    Bao Nhân;43966 wrote:
    Cela s’est-il passé en France ? Et où se trouve le Lycée Descartes?

    C’était passé au Cambodge, à Phnom Penh, entre 1970 et 1975 – Régime politique: La république khmère de Lon Nol.

    Le lycée Des Cartes est l’unique lycée français officiel au Cambodge, affilié à l’Académie de Montpellier en France.

    mai;43944 wrote:
    On ne peut pas tourner une page d’histoire si on ne l’a pas lue ..mais elle ne sera pas lue aụourd’hui semble t’il à ce procès car il faudrait que tous les acteurs de cette tragédie soient convoqués:Sihanouk,les viets nord et sud la chine les americains..Ce qui me frappe c’est que ceux qui invoquent le droit d’ingérance ici (je ne parle de Robin D.B)sont ceux là mêmes qui ont crié au scandale lors de l’intervention vietnamienne..à plus tard..

    Je ne peux reprocher à quiconque de n’avoir pas le même avis que moi quant à ce qui s’est passé dans mon pays, le Cambodge. Je n’ai pas l’intention non plus de pointer du doigt à quiconque. Je tente tout simplement de vous rapporter ce que j’ai vécu moi-même pendant cette période. Peut-être RDB a un angle de vue différent qui vient sans doute compléter le portrait global d’un drame; ou encore une tentative de sa part à comprendre une folie humaine entre les deux peuples.

    J’ai connu les événements de 1970 à Phnom Penh que les Cambodgiens l’appelait l’événement « Cap Youn », et dont vous pouvez visionner le document dans mon post précédent. Entre 1970 et 1975, il ne restait pas beaucoup de Vietnamiens à Phnom Penh non plus. Ceux qui restaient devaient vivre discrètement et ne parlaient plus vietnamien en public. J’ai rencontré un ami à Paris voilà quelques années, il m’a raconté qu’un jour, en revenant du lycée DesCartes, un de ces amis se faisait tabasser sans raison par un étudiant khmer, parce que ce dernier n’aimait pas sa face de Vietnamien. Vous imaginez ?

    Et vous saviez quoi ? Lors de notre traversée pour le VN comme j’ai raconté précédemment; même que ma mère est Vietnamienne, nous avions quand même pensé à des représailles possibles de la part des VN en souvenir de ce qu’ils ont subi en 1970. Mais, non. Il n’y avait aucun signe de représailles, ni de vengeance. Bien au contraire, nous étions accueillis comme des refugiés sans plus ni moins, avec le statut d’un étranger presque égal à un Français ou Belges en territoire VN. En plus, notre situation de victime du génocide khmer rouge nous procurait beaucoup de compassion, surtout de la part de la population, des Vietnamiens ordinaires. Non pas parce que nous étions de « l’asie jaune » de la même famille culturelle que les Vietnamiens, mais ceux qui étaient de »l’asie brune », dont les Khmers krom – Khmers du Vietnam, recevaient aussi de la même compassion.

    Force de constater que le degré de compréhension d’une même problématique dépendait de l’angle de vue, du côté du plus fort ou du plus faible; du côté théorique ou de celui du vécu. Les Khmers interprétaient la générosité des Vietnamiens étant des ruses pour les berner – en référence à la perte de la Cochichine aux mains des Vietnamiens voilà quelques temps. Or que les Vietnamiens le faisaient par humanisme ou par solidarité idéologique ou du bon voisinage.

    Quoi qu’on dise, quoi qu’on pense, pour moi l’intervention vietnamienne au Cambodge en 1979 fut bénéfique pour le peuple cambodgien. Car sans cette intervention, le nombre de vicitmes comptera non pas par quelque 2 millions mais bien au-delà, voire même sa disparution pure et simple.

    Qui de ce monde dit « démocratique », de défense de droits humains, de prêcheurs de liberté avait bougé son petit doigt pour venir en aides aux Cambodgiens ? Qui de ce même monde, à la révélation du génocide cambodgien, était venu en aides aux victimes ? Personne ! Hélàs, ce même monde punissait le peuple cambodgien pour avoir été libéré par les Vietnamiens; réarmait les génocidaires après leur débandade, prolongeait ainsi les souffrances des victimes encore une dizaine d’années de plus après la révélation du génocide.

    Certains Khmers tentaient toujours de faire porter l’odieu (du génocide) aux autres, comme si les « Khmers » rouges qui ont tué les « Cambodgiens » n’agissaient machinalement qu’aux ordres, donc exempte de conscience, exempte de responsabilité, donc exempte de culpabilité: Jugé non coupables ! (sic).

    Les grands discours sont faits pour leurrer les petits de ce monde.

    Je crois que je vais mettre fin à mon récit en vous renvoyant vers ma biographie inachevée à l’adresse suivante: http://khmercanada.site.voila.fr/cauchemar.htm

    Merci d’avoir participé à mon post ! Mes amitiés.

    en réponse à : Combien mesurez vous ?? #57296

    Moi: 1,75m. 85 kg. Hihihihihhi.

    robin des bois;43897 wrote:
    – la 2ème comprend les caractéristiques suivantes:

    * transfert des populations du  » peuple nouveau », qui se trouvaient entassées aux alentours de Phnom penh , dans les provinces du Sud-est (svey rieng , prey veng, takev.; etc) , vers les zones Nord-ouest de Pouthisat et de Battambang qui « manquaient de bras » pour cultiver le riz !!!

    * 2ème déportation effectuée dans des conditions épouvantables, et avec une population déjà sous-alimentée.. d’où de très nombreux décès.

    * cette 2ème déportation a duré de septembre 75 à mars/avril 1976.

    * Ces mois – et cette 2ème déportation – correspondent très exactement au retour du Roi Sihanouk au Cambodge et à la période où il a accepté d’être officiellement « Chef d’Etat à vie du Kampuchéa Démocratique ».
    A ce titre, il est même allé à l’ONU en Octobre 1975. où il a proclamé, devant caméras et presse internationale, que « le régime KD des K.R dont il était le Chef.. c’était très très bien ».
    Même si on ne peut l’accuser d’une responsabilité directe, à ce moment là il a bel et bien cautionné ce régime- et contribué à  » masquer  » cette deuxième déportation..

    Justement, nous faisions partie du tout début de la deuxième déportation.

    Au Nord de Phnom Penh, quelque part entre le Phnom Prasit et Phnom Ou Dong, c’était notre première halte pour 3-4 mois de travaux harassants. Je perdais la notion du temps, il n’y avait plus de référence, ni de repère pour savoir quelle date, quel jour on était.

    Un matin, nous fûmes déportés vers Prek Kadam en charettes tirées par des boeufs, laissant derrière nous toutes les cultures que nous avions pris tant de soins en espérant récolter le fruit de nos labeurs. Puis Kompong Chhnang en petite embarcation, Kompong Cham, Krakor, Pursat, en voiture. Bien sûr entassés comme du bétail. Au moment où nous devions partir pour Battambang en charettes tirées par des buffles, nous étions admis dans un convoi de rapatriement de ressortissants vietnamiens venant d’autres régions de Tonlé Sap. Et ce, grâce à ma mère qui parlait vietnamien, la seule d’ailleurs à parler vietnamien. Sa famille s’installait au Cambodge à Touk Meas (Kampot) depuis qu’elle avait l’âge de 4 ou 5 ans, selon ce qu’elle nous a raconté.

    Le convoi prenait la direction de Krakor où nous fûmes entassés de nouveau dans des embarcations. Nous étions les seuls à être squelettiques parmi les « refugiés vietnamiens » qui, quant à eux, vivaient à Tonlé Sap semblait mieux alimentés. En nous voyant tout maigres, pâles, ils nous ont donné du poisson séché, du riz…

    Puis le départ était donné. Les embarcations étaient remorqués par un bateau motorisé. Chaque convoi comptait entre 5 à 10 embarcations de toute taille dans laquelle s’entassaient entre 50 à 100 personnes, même plus. Au cours du trajet fluvial de Krokor à Neak Luong, quelques embarcations furent coulées à cause des turbulences du fleuve. Plusieurs se noyaient. On était en saison des inondations. Le courant était fort.

    Sur le chemin, nous avions traversé Phnom Penh qui était si désertique comme s’il n’y en avait plus de vie. Nos yeux rivaient sur ces maisons à l’abandon à la recherche des images familières, où de temps en temps une silhouette noire apparaîssait et disparaissait derrière les murs. On imaginait toutes sortes de choses en sachant qu’on ne pourrait jamais percer les mystères qui se déroulaient sournoisement au coeur de cette ville si familière et si étrangère. On n’imaginait jamais le drame qui s’y trâmait; et encore moins la tragégie qui sévissait sur ce pays et son peuple. Seul lors de la libération de janvier 1979 que l’on découvrira toute l’ampleur de la barbarie des KR.

    Pour le moment, je me demandais qu’étaient devenus mes autres proches, mes camarades de classe, tant de questions demeuraient sans réponse. Le temps d’une escale sur la rive en face du Palais royal nous permettait à faire la cuisson pour le dîner; et pour moi de contempler encore une dernière fois « ma ville », celle qui me voyait naître et grandir, celle qui nous voyait dès lors partir à la dérive.

    Nous étions déversés sur la rive est de Neak Luong, là où il y avait des ruines après les bombardements de l’aviation américaine. Cet endroit fut un temps, avant la guerre, très proper, grâce à des échanges commerciales entre le Vietnam et le Cambodge; et riche de nature en produits agricoles.

    Il y avait des immeubles bien bâtis; mais quelques années de guerre, la petite ville sur la rive est était complètement rasée par l’aviation américaine, les fameux B-52.

    Après des jours, des semaines, des mois de déplacement, tantôt par charette, tantôt par embarcation, par voiture, errant d’un endroit à l’autre, de province en province, sous ce que les KR appelait la délocalisation, nous voilà déportés par bateaux et déversés sur la rive est de Neak Luong pour subir un dernier tri avant d’avoir accès au territoire vietnanamien. Des milliers de gens s’entassaient dans un périmètre désigné en attendant le « rapatriement au VN ». J’ai vu de mes propres yeux, certains ont mangé des rats. Il n’y avait plus ni chat ni chien d’ailleurs. Les déportés mangeaient de tout, on dirait. Il y avait quelques métis, quelques Chinois, quelques Khmers parmi des milliers des ressortissants vietnamiens, pour la plupart, riverains de Tonlé Sap.

    Des bateaux allaient et venaient tous les jours transportant chaque fois une centaine de personnes vers le VN; pendant qu’au campement, les « Autorités » triaient les familles. Seuls les Vietnamiens étaient autorisés à embarquer dans le bateau à destination du VN. Les Chinois, les Cambodgiens se voyaient refuser d’accès. Un Khmer marié à une Vietnamienne n’avait pas le droit de venir avec sa femme et ses enfants au VN; dans le cas contraire, une Khmère mariée à un Vietnamien, oui. Règle patriacale oblige. De même pour un Chinois. On nous a appris que les KR échangeaient chaque personne reçue par le VN, pour une certaine quantité de sel de mer.

    Ma famille fut acceptée, sauf mon père, parce qu’il est Chinois. Heureusement que nous tous, nous le réclamions avec fermeté en demandant au responsable du tri de nous faire un procès-verbal comme quoi il nous a rejetés, nous tous; et nous resterions avec notre père au Cambodge. Enfin, il a cédé à notre pression en laissant notre père venir avec nous. Plusieurs familles furent séparées à ce point de tri. Nous avons appris plus tard que les personnes refoulées se faisaient tuer par les Khmers rouges pour trahison. Leur corps fut jeté dans le fleuve qui le transportait jusqu’en territoire VN. Très peu d’elles ont pu s’évader avec sans moins de risque en s’accrochant à des bananiers pendant la nuit, se laissant ainsi emportés par les flots pour traverser la frontière. Quelques mois plus tard, vu l’ampleur du massacre, le VN a dû accepter sans distinction tous les refugiés cambodgiens sur son territoire. Parmi les 400 000 de refugiés cambodgiens jusqu’en 1988, on dénombrait à peine 5% de Cambodgiens d’origine khmère. Ces 5% étaient pour la plupart des Khmers du Vietnam qui ont immigrés au Cambodge quelques années auparavant. Le reste est métis khméro-vietnamien, khméro-chinois ou sino-vietnamien; et quelques Khmers mulsumans.

    Nous avons mis pied en territoire vietnamien le 2 septembre 1975 (Jour de l’Indépendance du Vietnam ?), après 5 mois de vagabondage, de famine, de travail forcé, de répressions sous le régime de Pol Pot. Plusieurs ont succombé sur le chemin de l’exil.

    Nous étions déversés encore une fois dans un village, un village vietnamien au nom de Long Khanh, Hong Ngu de la province de Dong Thap, si je ne me trompe pas. La population étaitt très pauvre, de confession Hoa Hao, je crois. Les aurorités locales nous ont installés dans une école. Certaines familles furent hébergées par des villageois.

    Et même pauvre, la population locale nous a offert de quoi manger, du riz, du tofu, des « beans salés et fermentés » que nous régalions volontairement et follement. Nous n’avons jamais mangé à notre faim durant toute notre déportation, depuis Phnom Penh, le 19 avril 1975. Plus qu’un villageois a pleuré en écoutant notre périple meurtrière. Tous les membres de ma famille étaient squelettiques, malades de surcroît.

    Imaginez-vous qu’on était tellement content de voir un drapeau, un bateau, des bicyclettes, des gens qui portaient des chemises de couleurs, un crayon; de savoir qu’à ce côté-ci de la frontière tout semblait intact, normal; qu’on utilisait encore la monnaie; qu’il y avait encore de marchés, de restaurants, d’écoles; qu’on chantait et qu’on dansait encore; etc. Et en dépit de tous nos malheurs, un sentiment de bonheur nous a emparé et nous a redonné de l’espoir.

    Qu’enfin il reste encore un peu d’humanité.
    Oui, le bonheur est si simple…

    robin des bois;43835 wrote:
    Pour finir cet échange, prenons un peu de recul et de hauteur, svp.:

    les relations de voisinage Cambodge-Vietnam-qui ne sont pas simples- se compliquent du fait que le Vietnam appartient à l’Asie Jaune et le Cambodge .. à l’Asie Brune; et qu’existe bien là, sur cette frontière, une  » zone de failles culturelle et raciale »(comme dans la tectonique des Plaques), compliquée d’un problème démographique que traduisent très bien les densités de population de ces 2 pays.

    Et j’ajoute qu’il y a 3 fronts sur cette ligne de failles où se situe le Cambodge, dont primo géopolitique = idéologique (capitalistes VS communistes); secondo culturel = Asie jaune et Asie brune (Inde VS Chine) et tiercio sous influence linguistique (francophone VS anglophone).

    Les deux derniers fronts semblent résolus. Il ne reste que le front géopolitique qui, selon moi, lui aussi tombera sous peu à mesure que la Chine devienne de plus en plus forte. Celle-ci absorbera tout sur son passage. Le Vietnam pourra devenir un village gaullois qui fera face à l’empire romain, cette fois-ci, et ce, ironiquement, avec l’aide des États-Unis. (Sic!).

    abgech;43828 wrote:
    * Cette destruction quasi totale des cambodgiens aurait sans doute bien fait l’affaire des chinois pour y déverser leur trop-plein de population. Sait-on ici qu’il y a un projet d’installation de 500.000 chinois au Laos en échange d’une aide économique ? Si ce projet devait se concrétiser, que deviendrait la culture laotienne, le pays voyant sa population augmenter pratiquement d’un coup de 10 % de chinois ?

    Eh oui, même que je suis chinois à 50%, je trouve que la Chine, avec la complicité des USA entre autres, était impliquée profondément dans le conflit Khmero-vietnamien. On découvrait également de projet chinois de peuplement (Je voulais dire Chinois de Chine) au Cambodge. Un ami à moi, natif de Kampot, m’a dit qu’il y avait dans cette province un centre mis en place par les Khmers rouges afin de procréer une nouvelle génération khmère issue de pères chinois (de Chine – À vérifier).

    Et si on parlait des annexions territoriales pour justifier les actes barbares, je ne peux qu’en déploirer. À se rappeler que les Thaïs avaient annexé 2 fois plus de territoires « Khmers » que les Vietnamiens. Mais bon, ce n’était pas la faute ni l’un ni de l’autre. C’était ainsi qu’évoluaient les peuples anciens où la raison du plus fort est toujours la meilleure, et, comme les Khmers eux-mêmes auparavant avaient conquéri les territoires pour se faire un empire.

    Au temps moderne où chaque pays se voit délimité par une frontière reconnue mondialement, où la race n’est qu’accessoire et où la nationalité et les droits humains sont des paramètres recherchés qualifiant une personne, un citoyen, un pays, il fallait remettre en question certains concepts du nationalisme. La question est posé: Nationaliste est-il compatible avec les valeurs démocratiques ? Mais bon.

    En invoquant le caractère d’Asie jaune et d’Asie brune qui s’affrontent au Cambodge, je ne peux alors poser une autre question, pourquoi les Khmers acceptaient mieux les Chinois que les Vietnamiens ? Je vois dans cette haine millénaire plutôt un certain complexe racial, incité de temps en temps par des discours xénophobes de la classe politique.

    En tout cas, il faut l’avoir vécu pour mieux la comprendre, cette Vérité. J’espère que ce bout du monde tourne résolument vers l’avenir et s’ouvre sur le monde pour le bien-être des peuples; que chacun de nous contribue à la consolidation d’une fraternité sans frontière. Il faut de tous pour faire un monde !

    Voulez-vous que je continue à raconter la suite ? Hiihihihihhi. C’est très agréable de voir vos participations contructives à mon récit. J’ai une vision très relative de la Vérité en me disant: « Tu ne détiens que la moitié de la Vérité. L’autre moitié, c’est ton adversersaire qui la garde ! »

    robin des bois;43800 wrote:
    Il n’est qu’à voir la façon dont – même après la découverte des  » crimes contre l’humanité » commis par les KR, et ce gràce aux Vietnamiens- les KR ont encore été soutenus à l ‘ONU par les grandes puissances occidentales.. et la Chine, pour se demander:
    – d’une part :  » si on ne rêve pas »
    – d’autre part : relever l’hypocrisie de ces mêmes grandes puissances -dont La France- dans la conduite de l’actuel « Procès des dirigeants K.R. »

    -Je n’ai pas grand chose à dire là-dessus. J’en ai assez « des prêcheurs de vertu ».

    robin;43800 wrote:
    Ceci dit , l’organisation de la famine post 79 par prélèvement obligatoire des récoltes de riz .. et le pillage des temples khmers à partir de 1979.. reste à mes yeux une chose impardonnable de la part de l’armée d’occupation vietnamienne.

    -Ce fut un moment très très dur, cette époque là. Je n’y étais pas en tout cas. Mais de faire porter la famine de l’époque sur le dos des VN, je ne peux pas y croire. Car il faut dire que la famine s’est déjà manifestée depuis plusieurs années sous KR. J’y étais moi-même qu’une squelette vivante sous le régime des KR.

    Vidéo: Chroniques du Kampuchéa (Remix 1/6) – en 6 épisodes
    http://www.youtube.com/watch?v=ccnYK5e88o4

    D’ailleurs, en 1979, la communauté internationale, dont la France aussi, a non seulement boycotté le Cambodge nouvellement sorti du génocide, mais a réarmé également les KR; ce qui les a d’ailleurs aidé à reconquérir plusieurs régions en force pendant une dizaine d’années. On aurait cru à un moment donné qu’ils étaient en mesure de revenir même à P-Penh. Alors, de la bouche de N Sihanouk lui-même:  » Ceux qui souhaitent le retrait des Vietnamiens ignorent la menace d’un imminense retour des Khmers rouges ».

    Vidéo: The Betrayal 1/5 – en 5 éposodes
    http://www.youtube.com/watch?v=elF6dzjHqlI

    Les collectes de riz ne semblent-ils pas un moyen (une taxe) pour soutenir le fonctionnement du gouvernement de l’époque qui, en passant « puni » pour avoir été libéré par les communistes vietnamiens. N’oubliez pas que le salaire des fonctionnaires cambodgiens étaient payés en riz. Comment pensez-vous réorganiser un pays dans une telle condition, sous l’embargo de l’ONU ? Ces prélèvements étaient une, sinon la seule contribution (obligatoire) possible, une sacrifice nécessaire pour le prix de la reconstruction du pays complètement en ruine – comme quoi on n’est mieux servi que par soi-même. Or juste pour le FUN, si vous avez une formule magique à suggérer en fonction du contexte de l’époque pour la reconstruction du Cambodge, faites-moi en savoir.

    Si de ce fait (de prélèvements obligatoires de récolte de riz), on peut qualifier de l’impardonnable, le boycottage du Camgodge par l’ONU – la France – est simplement criminel.

    Le pillage de l’armée vietnamienne ? Cela pouvait arriver inévitablement; et même plusieurs années après le retrait de cette armée, voire même aujourd’hui. Comment s’était-il passé sous autres occupations par autres armées d’une autre époque, durant la colonnie française par exemple ? Serait-il plus acceptable ? Je crois que non.

    robin;43800 wrote:
    – 3°: F.PONCHAUD: je connais assez bien :
    . pour avoir acheté et lu, il y a très longtemps, son bouquin « Cambodge:année ZERO »(sorti d’ailleurs début 77 sous le régime des KR!!)
    . pour l’avoir rencontré à Nantes
    . et pour faire partie d’une association (ECI) qui le soutient dans sa lutte contre la misère dans certaines régions du Cambodge ( creusement de puits et canaux d’irrigation.. en reprenant d’ailleurs les tracés d’irrigation des KR, mais un peu plus profonds quand même!!!, formation de sage-femmes pour améliorer les accouchements en zone rurale … etc etc).

    La France ( par son gouvernement) ne s’intéresse pratiquement plus au Cambodge.. et ne connait pas ses dossiers d’ailleurs sur le sujet; elle se concentre plutôt sur l’ASEAN.
    Sauf au cas par cas.. comme pour la réouverture de l’adoption (idem avec Vietnam !!!)

    Je vous remercie au nom de ces peuples et en mon nom, du bienfait que vous avez apporté à ces pays qui ont tant souffert et qui n’aspirent aujourd’hui qu’à le temps d’une paix et qu’au souhait d’une prospérité qui leur échappe encore au bout des doigts.

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