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Phuc_44

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15 sujets de 151 à 165 (sur un total de 495)
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    Messages
  • en réponse à : Association Nationale des Anciens et Amis de l’Indochine #122490
    dannyboy;116266 wrote:
    On est dans la même situation qu’en France en 1944 quand les américains attaquaient les allemands et laissaient les français garder les zones pacifiés

    C’est assez maladroit de comparer la reconquête de la France par les Alliés en 1944 avec la « pacification » de régions du Viêt Nam.
    Pourquoi ? Parce qu’en France en 44, cette guerre a un front qui sépare les combattants. A l’inverse, au Viêt Nam les combattants s’emmêlent tels « des cheveux dans un peigne ». Quant les Allemands sont chassés d’une région ils n’y reviennent pas à moins que le front recule. Et il ne reste jamais d’unités allemandes infiltrées dans la population française. Si bien que les unités militaires françaises n’ont rien à pacifier et ne s’arrêtent pas. Au contraire, au fur et à mesure de la reconquête, les FFI se joignent à l’Armée Française et grossissent ses rangs. Ça n’a rien à voir avec la situation en Indochine.

    Quote:
    ça reste marginal…C’est des « petits combats » sans importance…des français ont combattu et meurt face aux allemands en 1944, mais ils n’ont rien changé à l’issu de cette guerre car leur contribution est proche de zéro.

    Je constate que vous ne connaissez pas bien cette époque de l’Histoire de France. Dans ce cas, faites attention à ce que vous écrivez. Bien sûr proportionnellement l’action de l’Armée Américaine est bien plus importante. Cependant, qualifier l’action de l’Armée Française de « petits combats sans importance » ou de « contribution proche de zéro » est une grossière erreur. Afin de ne pas la répéter, je vous invite à vous renseigner sur l’action des Français Libres en Afrique du Nord, de l’Armée Française en Italie et plus précisément de son rôle et de celui du Général Juin dans la Bataille du Mont Cassin. Intéressez-vous aux faits d’armes de la Première Armée du Général De Lattre qui débarque en Provence pour finir sa campagne en Allemagne. Intéressez-vous aux Commandos Kieffer…

    Quote:
    Je vous ai déjà dit. Vous ne pouvez lire que ce qu’on veut bien vous traduire. ;-)

    Certes, mais il serait de bon ton que vous nous donniez le texte, son auteur et les sources dont son texte est inspiré. Ne vous inquiétez pas si c’est en vietnamien, je trouverez sans problème quelqu’un pour me le traduire.

    Quote:
    Pour les autres je ne suis pas sûr qu’on peut les considérer comme des élites.

    A nouveau, est-ce parce que leurs rangs contiennent plus de 50% de Vietnamiens que vous refusez de considérer le 2ème bataillon du 1er RCP et le 1er BEP comme faisant partie de l’Elite du CEFEO ?
    L’un des capitaines du 1er BEP, Bernard Cabiro, est déjà une légende en Indochine quand Bigeard commence juste à se faire connaître.
    Quant au Commandant Bréchignac, il est aussi légendaire que Bigeard. Vous ne le connaissiez pas car l’homme était plus discret.

    Quote:
    C’est vrai. Ils se battent et tombent en obéissant aux ordres français

    Les soldats français qui ont participé à la reconquête de leur pays obéissaient à un état-major dirigé par les Américains et les Anglais. Pourtant, c’était bien pour la France qu’ils combattaient.
    Alors pour quelle raison refusez-vous aux Vietnamiens du CEFEO, sous commandement français donc,
    le droit de revendiquer se battre pour leur pays ?

    Quote:
    un supplétif, qui ne joue qu’un rôle de policier (donc prend mois de risque)

    Mais on a déjà parlé des supplétifs de l’Armée Française et de leurs missions qui sont des missions de combat et non de maintien de l’ordre. Pensez-vous que les supplétifs qui forment les maquis anti-viêt minh s’apparentent à des policiers ? Dans ces combats de jungle, où les supplétifs excellaient, on ne faisait pas de quartier et ce n’était certainement pas à la solde de fin du mois qu’ils pensaient.

    Je ne comprends pas ce besoin qui transparaît à travers vos messages de minimiser voire dénigrer l’action de Vietnamiens qui se sont battus et ont mis leur vie en jeu pour leurs familles, leurs terres et leur pays. Ce sont quand même plusieurs dizaines de milliers de Vietnamiens qui ont combattu aux côtés de l’Armée Française. Je vous rappelle que les combattants vietnamiens du CEFEO sont tous des engagés volontaires. Et ce ne sont pas les rangs du Viêt Minh qu’ils ont rejoint. Pensez-vous qu’ils se sont engagés pour aider au retour du colonialisme ? Pensez-vous que c’est à la solde qu’ils pensaient au moment de sauter de l’avion ou sous le feu de leurs compatriotes ?
    Je constate à quel point vous vous raccrochez à votre supposition de l’appât du gain comme raison de l’engagement de ces combattants vietnamiens. Mais en quoi est-ce que cela vous dérange d’admettre les véritables raisons pour lesquelles ces hommes se battaient ?
    C’est vrai qu’on dit toujours « malheur au vaincu ! ». En m’intéressant à la Guerre d’Indochine, j’ai pu constater à quel point cette expression est vraie. Dans cette guerre, tout a été fait pour ternir l’image des vaincus et, malgré les années, c’est toujours le cas.
    Ce n’est pas « prendre parti » que d’être objectif concernant des faits historiques, donc définitivement révolus.

    Bonne soirée :bye:

    en réponse à : Association Nationale des Anciens et Amis de l’Indochine #122432
    dannyboy;116209 wrote:
    C’est clair, le régime communiste au VN, même de nos jours, n’a jamais voulu instaurer une vraie démocratie. Mais en 1945, s’il y avait une élection dans les règles, le Parti Vietminh (quelque soit son leader) aurait gagné haut la main.

    Il vous faut intervertir le « 4 » avec le « 5 », lol. ;)

    En 45, le Viêt Minh qui a réalisé l’exploit de prendre le pouvoir, certes aidé par les troubles que vous connaissez, ne compte qu’environ 5000 membres. Il est donc, à cette époque, à des lieux de représenter le Peuple vietnamien. Il y a beaucoup d’autres mouvements nationalistes, vous savez, « la puce sur le chien ». Mais à cette époque, les Vietnamiens se préoccupent davantage de leur survie quotidienne.
    Quant au Viêt Minh, fraîchement arrivé « aux affaires », il fait tout pour légitimer le pouvoir dont il s’est emparé et s’en assurer l’exclusivité.
    D’où la déclaration d’Indépendance et la création d’une nouvelle République, proclamée démocratique, afin d’être reconnu par les grandes puissances Alliées, Etats-Unis en tête.
    La Déclaration d’Indépendance de la RDVN emprunte d’ailleurs à celle des Etats-Unis.
    Et enfin, pour s’assurer l’exclusivité du pouvoir, est introduite la notion de « việt gian ». Le Viêt Minh se pose en justicier et élargie à volonté cette notion à tous ceux qui sont une menace pour son pouvoir, qu’ils soient adversaires réels ou potentiels.

    Quote:
    Qu’est ce qui vous fait croire qu’il y avait plus d’habitants dans le Nord que dans le Sud et le Centre réunis ?

    Au sud du 17ème parallèle, il n’y avait pas l’intégralité de l’Annam. Seulement un peu plus de la moitié. Le Nord Viêt Nam était plus peuplé que le Sud, je n’y peux rien.

    Quote:
    Mais alors, mon cher Phuc, on ne peut pas dire que c’est une guerre civile entre l’armée Bao Dai et l’armée Vietminh ? Les Vietminh se battaient clairement contre le CEFEO de la France, non ?

    Pour vous, le Viêt Minh ne combat que le CEFEO. C’est inexact et j’y reviendrai plus loin.
    Mais qu’a t’on déjà dit du CEFEO dans l’autre discussion ? Qu’environ un tiers de ses combattants sont Indochinois et majoritairement Vietnamiens dès 1953. Le premier pays d’origine des combattants du CEFEO, dès 1953, c’est le Viêt Nam. Ne vous en déplaise, des soldats Vietnamiens se battent et tombent pour leur pays dans les rangs de l’Armée Française.
    Je reprécise, au besoin, que les Vietnamiens du CEFEO n’y font pas de la figuration.
    Par exemple (et comme j’aime les parachutistes :wink2:) :
    Le 6ème BPC de Bigeard comptait 200 Vietnamiens sur 651 Paras au moment de l’Opération Castor. A la même date, le 2ème bataillon du 1er RCP – les gars de « Brèche » (Commandant Bréchignac) – comptait dans ses rangs 420 Vietnamiens sur 827 Paras. Et ce furent pas moins de 336 Vietnamiens sur 653 Paras Légionnaires qui sautèrent sur Diên Biên Phu avec le 1er BEP.
    Ainsi, vous constatez qu’au sein de l’Elite de l’Elite du CEFEO la proportion de combattants Vietnamiens va flirter avec les 50%. Cette guerre devient la leur.

    De plus, combattre les réguliers du Viêt Minh n’est pas combattre l’intégralité des combattants du Viêt Minh. Et oui, la guérilla n’a pas été abandonnée pour autant et n’est jamais très loin, même dans les zones dites pacifiées. Le rôle de l’ANV était de conserver ces zones et d’y éviter le retour de la guérilla viêt minh ce qui était, comme vous le savez, inéluctable. Donc les affrontements face aux unités de guérilleros (Du Kich Tap Trung) et aux unités régionales (Bo Dai Dia Phuong) sont à distinguer de ceux face aux réguliers (Chu Luc).
    Et donc, le Viêt Minh affronte bel et bien l’ANV aussi dans des combats régionaux au sein et pour le malheur des populations locales attentistes. Des Vietnamiens se battant au milieux de Vietnamiens sur le territoire vietnamien. Je vous laisse appeler ça comme vous l’entendez.

    Quote:
    Bao Dai, même en promettant un salaire mirobolant à ses soldats, n’a pas parvenu à attirer les meilleurs éléments du pays.

    Il faut vraiment que vous me disiez d’où sort cette fable du « riche soldat d’Indochine » qui ne combat que pour l’argent. Croyez-moi, dans un pays en guerre il y a plein de moyens de s’enrichir et combattre n’en est certainement pas un.
    Je n’ai pas d’idée de la solde du régulier de l’ANV, mais celle du régulier du CEFEO correspondait, à l’époque, à celle d’un ouvrier agricole. C’était pas la fortune et je doute que les soldats de l’ANV étaient mieux payés. De plus, avec le taux de change de la piastre, le coût de la vie en Indochine était élevé.
    Donc votre histoire ne tient pas debout et je répète que je n’ai jamais lu de texte, même de propagande viêt minh, mentionnant l’argent comme raison de l’engagement dans l’armée.

    Quote:
    Je suis capable de lire la littérature des 2 côtés. Pas vous.

    Ne vous inquiétez pas pour moi, j’ai accès au meilleur de la littérature « d’en face » puisque que traduite puis sélectionnée par des historiens qui écartent, de fait, les textes incohérents.

    Quote:
    Les soldats étrangers formaient l’autre moitié et pourtant ils réalisaient 90% du boulot.

    Si par « soldats étrangers » vous entendez CEFEO, n’oubliez pas la proportion de Vietnamiens dans ses rangs :bigsmile: (cf. plus haut).

    robin des bois;116235 wrote:
    – en mai 41, après avoir fédéré les diverses tendances des premiers mouvements nationalistes
    – Nguyen Ai Qioc – entrain de devenir HCM « celui qui éclaire » – crée « l’Alliance pour l’indépendance du Vietnam »
    soit le « Viêt Nam Doc Lap Dong Minh »..
    en abrégé (1er et dernier mot de la formule ) VIET MINH

    En 1941, la seule, et unique, formation fédérée par le Viêt Minh est le Parti Communiste Indochinois (PCI) dont il constitue un parfait « écran nationaliste et indépendantiste » dissimulant un mouvement révolutionnaire rallié au Komintern (IIIème Internationale). Ce mouvement qui, à sa création, brandissait à qui voulait la voir (pourvu qu’ils soit Américain et fournisse des armes) la seule étiquette du patriotisme a permis au PCI de contrer les formations nationalistes rivales. Et ce d’autant plus facilement que les chefs Viêt Minh étaient des experts, formés à l’école de Moscou, dans la lutte clandestine et l’action subversive. Cette idée de masquer l’objectif révolutionnaire inhérent au PCI par une volonté exclusive d’Indépendance, à une époque où ce mot est un leitmotiv populaire, est stratégiquement génial !
    L’affiche nationaliste du Viêt Minh a pu leurrer jusqu’aux Américains dont les représentants étaient présents à la tribune d’honneur de la place Ba Dinh le 2 septembre 1945.

    Ainsi, le Viêt Minh est loin de fédérer tous les courants nationalistes indépendantistes vietnamiens.
    Il existe une rivalité entre le Viêt Minh et d’autres formations non marxistes et non moins importantes. Il y avait le VNQDD (Viêt Nam Quoc Dan Dang), le Dai Viêt, le Phuc Qhoc Hoi, la ligue Dong Minh Hoi… Ils sont là en 1941 et n’ont pas été fédérés par le Viêt Minh.

    en réponse à : Association Nationale des Anciens et Amis de l’Indochine #122384
    dannyboy;116136 wrote:
    On peut considérer que HCM était élu par « suffrage indirect » (un peu comme l’élection des sénateurs en France).

    Différence majeure, en France les Sénateurs voient leur mandat non renouvelé s’ils ne sont pas réélus. De plus, ceux qui élisent les Sénateurs sont eux mêmes des élus, donc représentants, du Peuple.
    HCM et son Parti n’avaient pas à se soucier des suffrages.

    Quote:
    si les Viets avaient pu organiser une élection « dans les règles »…
    Le gouvernement de Bai Dai ne pouvait pas signer un accord mentionnant une élection générale nationale en 1956. Car ce serait signer son propre arrêt de mort.

    Au Nord comme au Sud Vietnam, aucune élection « dans les règles » n’aurait pu être organisée de toute façon. Il y aurait eu des fraudes des 2 côtés à l’image de ce qui s’est passé au Sud Vietnam. Et comme le Nord était plus peuplé que le Sud, bourrer les urnes n’aurait rien changé car mathématiquement les communistes auraient gagné. A la limite, il n’y avait pas besoin d’élection.
    C’est le partage en 2 du pays qui a semé les germes de la poursuite de la guerre. Genève a uniquement reporté l’inévitable.

    Quote:
    Tandis que Bao Dai n’aurait aucune chance d’être élu au niveau national. N’importe quel chef résistant aurait plus de légitimité que lui.

    Pour notre vision moderne, ce que vous dites est difficilement contestable. Mais sans doute pas pour un Vietnamien du début des années 50 vivant dans le respect d’une tradition confucianiste reconnaissant l’autorité de droit divin d’un souverain descendant d’une dynastie d’empereurs qui a unifié le Viêt Nam et régna pendant un siècle et demi.
    De plus, Bao Dai avait l’appui de courants nationalistes, de bouddhistes et des sectes de Cochinchine.
    Cela peut paraître difficile à saisir mais la grande majorité des Vietnamiens de l’époque ne sont ni pro Bao Dai, ni pro Viêt Minh. On se laisse facilement convaincre par les films et les discours de propagande. La population, même si elle est réquisitionnée, reste attentiste tout en essayant de survivre au quotidien d’un pays en guerre.

    Quote:
    une autre armée « conventionnelle » comme l’armée russe

    Les soldats de l’Armée Rouge sont un bon « compromis » entre soldats « conventionnels » et soldats « révolutionnaires » puisque les fondements de cette armée sont ancrés dans la révolution bolchevique.
    Au sein des forces armées des régimes communistes, les officiers de propagande du Parti, les commissaires politiques, sont omniprésents. Ils représentent l’autorité du Parti omnipotent et veillent avec zèle à l’application de sa doctrine. Ce sont des armées politisées et déshumanisées volontairement par leurs chefs, ce qui n’est pas le cas des armées « conventionnelles ». Selon l’idéologie révolutionnaire, les conditions et la vie du soldat, qu’il soit Russe ou Viêt Minh, sont évincées par les buts à atteindre. D’ailleurs, les soldats volontaires l’acceptent sans rechigner. Il n’y a pratiquement pas de désertion chez eux. Ce n’était pas toujours le cas chez les appelés, moins réceptifs à une idéologie qu’ils ne partagent pas automatiquement.

    Quote:
    ils n’auraient jamais pu recruter autant de volontaires dans leur rang.

    Avant 1950, il y a beaucoup de volontaires dans l’armée du Viêt Minh. En mai 1950, le Parti impose la conscription au Tonkin et en Annam (mi-52 pour la Cochinchine). Les hommes qui ont entre 16 et 55 ans sont enrôlés.

    Quote:
    Cette armée de Bao Dai ne jouait qu’un rôle décoratif. Si vous ne me croyez pas, essayez de chercher le nom des batailles où ils sont sortis victorieux, ou même des combats où ils se battaient de manière plus ou moins héroïque. Je vous souhaite bonne chance. ;-)

    Votre avis sur l’Armée Nationale Vietnamienne n’est pas objectif. Vous vous laissez trop influencer par la propagande viêt minh de l’époque.

    Le bilan de cette jeune armée est clairement négatif puisqu’elle n’a atteint ses objectifs.
    Mais quels étaient ses objectifs ? Éliminer le Viêt Minh ? Certainement pas, elle en était incapable.
    Le principal objectif de l’Armée Nationale Vietnamienne (ANV) n’était pas de réaliser des offensives contre les forces viêt minh car c’était le rôle du CEFEO. Tout au plus quelques bataillons de l’ANV l’accompagnaient en opération. Son objectif était la pacification, c’est à dire tenir le terrain et protéger les populations des zones « assainies » par les multiples opérations de « nettoyage » réalisées par le CEFEO.
    L’ANV devait, dans ces zones, prendre le relais des forces du CEFEO afin de dégager des troupes, jusqu’alors immobilisées, pour constituer un corps de bataille permettant des offensives contre le corps de bataille viêt minh.
    Jamais personne n’a dit que c’était à l’ANV de gagner la guerre.

    Qu’est-ce que ça donnait sur le terrain ?

    Comme je l’ai écrit plus haut, afin d’aguerrir au commandement les officiers de l’ANV, des formations de l’armée vietnamienne sont intégrées aux opérations menées par le CEFEO. Ça débute fin 51 avec l’offensive de De Lattre sur Hoa Binh où des bataillons de l’ANV soutiennent les groupes mobiles.

    Le Général Gras rapporte des engagements militaires de l’ANV dont la défense du poste de Nam Truc, au nord-ouest de Phat Diem, fin décembre 51. Une compagnie de l’ANV y repousse les assauts répétés d’un bataillon de l’Armée Populaire, lui inflige des pertes significatives (123 tués, 45 prisonniers) et récupère des armes. Selon le Général Gras, des réguliers du CEFEO n’auraient pas fait mieux.

    Les TDKQ (tieu doan kinh quan), bataillons légers nouvellement créés, obtiennent leur premier succès militaire dans la province de Bui Chu au cours d’une opération de pacification qui chasse le Viêt Minh de cette zone. Le Viêt Minh prend leur menace très au sérieux car ce dernier s’acharne à détruire, à l’aide de deux de ses meilleurs régiments (le TD 46 et TD 50), les premières formations pas si décoratives que ça apparemment.

    Dans le Sud, les régions de My Tho, Vinh Long et Ben Tre sont transférées sans heurt à l’ANV. Mais au Nord, dans le delta, la relève est un échec puisque 40 bataillons y sont immobilisés pour lutter contre le « pourrissement ».

    Vous oubliez également les faits d’armes des bataillons de paras de l’Armée Nationale Vietnamienne dont le célèbre 5ème BPVN.
    Ce bataillon n’a pas à rougir de son action au combat. C’était le seul bataillon de parachutistes de l’ANV engagé dans la bataille de Diên Biên Phu où il a mené des combats héroïques. Certaines mauvaises langues ont pointé du doigt un manquement lors de la contre-attaque avortée sur Gabrielle ce qui est, d’ailleurs, contestable. Elles en oublient bien vite leur courage héroïque lors de la Bataille des 5 Collines où la défense de Dominique 1 et d’Eliane 4 était assurée par des compagnies du 5ème BPVN. Le 31 mars 54, Ils participent à la reprise d’Eliane 1 où les soldats de l’Armée Populaire sont délogés au corps à corps, à la baïonnette. La position fraîchement conquise ne peut être conservée et doit être évacuée faute de renforts. Même courage sur Huguette 7 que les parachutistes vietnamiens tiennent et n’abandonneront que sur ordre.
    La nuit du 10 avril, lors d’une nouvelle offensive contre Éliane 1, ils montent à l’assaut aux côtés de Légionnaires qui entonnent leur chant de marche. Les paras vietnamiens, qui n’avaient pas de chant de marche, donnent l’assaut contre leurs compatriotes en chantant La Marseillaise ! Éliane 1 est reprise et tiendra pendant encore 20 jours.

    Je pense que je peux m’arrêter là pour les exemples. Vous voyez, il n’y avait aucune raison de me souhaiter bonne chance. :D

    Bonne soirée. :bye:

    PS : les termes entre guillemets sont ceux employés à l’époque.

    en réponse à : Association Nationale des Anciens et Amis de l’Indochine #122313
    Bao Nhân;116086 wrote:
    Georges de la Rue est un compositeur né au 20ème siècle, mais sa musique, notamment cette oeuvre, s’entend comme celle écrite vers la fin de l’époque romantique, c’est à dire du 19ème.

    Idem pour une bonne partie de la musique de Rachmaninov, bien qu’il soit né à la fin du XIXème.

    dannyboy;116085 wrote:
    Vous l’avez dit vous-même, c’est les français qui « placent » Bao Dai à la tête de cet état. Le peuple Viet n’avait pas grand-chose à dire

    Cela dit, le peuple Viêt n’a pas eu grand chose à dire non plus lors de l’arrivée d’Ho Chi Minh à la tête d’une Nation qui ne le connaissait absolument pas. Mais contrairement à Bao Dai, la légitimité de l’Oncle prend racine dans son engagement indéfectible envers son pays et son peuple au cours des années de guerre.

    Quote:
    Ses soldats, dans la grande majorité, acceptent de se battre pour un salaire de misère (il s’agit souvent de quelques kilos de riz) et sont prêts à donner leur vie dans ces combats. L’armée de Bao Dai se compose, pour la plupart, des soldats dont le but principal est de rester en vie jusqu’à la fin du mois pour pouvoir toucher leurs soldes et nourrir correctement leurs familles.

    On peut faire la description du « soldat révolutionnaire » mais la comparer à celle du soldat « conventionnel » est ardu. Il y a tant de choses qui les opposent.

    Quote:
    Pourtant, ces soldats coûtent beaucoup plus chers qu’un soldat Vietminh.

    Les soldats du Viêt Minh puis du Nord Viêt Nam n’ont été payés qu’à partir de 1958 je crois.

    Quote:
    et même parfois de « légères » menaces, il est vrai)

    « Légères » menaces ? C’est ironique ? La guérilla révolutionnaire communiste, où qu’elle ait eu lieu dans le monde, n’a jamais concédé beaucoup de choses à la légèreté.

    Quote:
    Et comme par hasard, c’est aussi ces 2 gouvernements (et uniquement eux) qui signent les accords en 1954 à la fin de cette guerre.

    Vous oubliez bien vite la Chine, l’URSS, la Grande Bretagne, le Cambodge et le Laos.

    Sans le soutien du bloc de l’Est, les Vietminh sont tout à fait capable de survivre. Ils l’ont déjà prouvé entre 1945 et 1949

    Vous nous ressortez la fameuse phrase d’HCM : « La République Démocratique du Viêt Nam ne compte que sur ses propres forces pour vaincre ». Cette phrase lui permettait d’occulter l’importance cruciale du soutien militaire, principalement chinois, au Viêt Minh.
    Les manières dont le Viêt Minh a fait la guerre avant puis après l’afflux du soutien chinois, sont diamétralement opposées. Seul, le Viêt Minh n’aurait pas pu obtenir les victoires de la RC4 et de Diên Biên Phu. Il aurait sûrement continué à « survivre » en poursuivant uniquement des actions de guérilla.

    Quote:
    le gouvernement de Bao Dai n’a même pas le droit de signer les accords de paix. Ca prouve qu’il est simplement un élément décoratif dans le tableau.

    Ce gouvernement avait parfaitement le droit de signer ces accords mais ne l’a pas fait car il refusait le partage en 2 du territoire vietnamien. Opinion courageuse pour un gouvernement dit « décoratif », non ?

    en réponse à : Association Nationale des Anciens et Amis de l’Indochine #122146

    dannyboy;115878 wrote:
    (un peu comme Phuc sur ce forum qui croit, dur comme fer, que ce n’était pas une guerre d’indépendance mais bien « une guerre civile entre vietnamiens »).

    Hello dannyboy,

    J’ai les oreilles qui sifflent, lol. 😆

    Souvenez-vous, dans mes messages j’ai écrit que le visage de la Guerre d’Indochine avait bien changé en 8 ans de guerre.

    Pour moi, il n’y a aucune ambiguïté concernant le début du conflit dont le but, côté français, était, au départ, la reconquête de la « Perle de l’Empire ».


    Mais la guerre balaye rapidement l’illusion d’un retour à la situation d’avant 1940. Et ce malgré les mensonges et la mauvaise foi des politiciens français de l’époque quant à la possibilité de rétablir une souveraineté de la France sur ses anciennes colonies d’Indochine.
    Donc petit à petit et non sans mal, les politiciens français finissent par accepter la création d’un état vietnamien indépendant (mais membre de l’Union Française) réunissant les 3 « ky » à la mi-49. La IVème République place d’ailleurs à la tête de ce nouvel état Bao Dai qu’elle souhaite opposer à Ho Chi Minh en tant que leader de la Nation Vietnamienne.
    Donc deux gouvernements (celui de la République Démocratique du Viêt Nam – soutenu par les pays du Bloc Communiste – et celui de l’Etat du Viêt Nam – aidé par la France, elle même soutenue par les Etats-Unis -) se disputent un même territoire et une même population.
    Le Viêt Minh considère les soldats de l’Armée du Viêt Nam comme des « việt gian », des « traîtres à la nation vietnamienne » et les « bộ đội » lancent des « nous exterminerons Nguyên (Bao Dai) et ses soldats félons. Nous ne reculerons pas d’un centimètre sous les balles fratricides pour châtier les traîtres à la patrie » lorsqu’ils partent au combat.
    Ce conflit est donc, pour moi, devenu une guerre civile où des puissances étrangères interviennent comme ce fut le cas en Russie et en Chine avant la victoire du communisme ou en Espagne, en Corée…
    Rappelons aussi que la Guerre d’Indochine, par l’implication des 2 Blocs, est un des conflits de la Guerre Froide.

    dannyboy;115814 wrote:
    60 ans après cette guerre, il est grand temps que ces « anciens et amis» présentent une version des faits qui soit plus proche de la réalité. Tout le monde y gagnera en sérénité.

    Ne vous focalisez pas trop sur la date du 19 décembre 1946. Ce n’est qu’une manière arbitraire, pour certains historiens et non pour l’ANAI, de marquer le début de ce conflit. D’autres le font débuter le 23 novembre 1946. On pourrait aussi choisir le 12 septembre 1945, date à laquelle les premières troupes françaises régulières débarquent à Saigon.
    Il faut choisir une date.
    D’une manière similaire, il est classiquement admis que la Seconde Guerre Mondiale débute en 1939. Cependant, les invasions du IIIème Reich et de l’Empire du Japon, à l’origine du conflit, avaient commencées bien avant cette année.

    Je vous invite cependant à consulter les documents du site de l’ANAI qui sont, pour les avoir recoupés avec d’autres, tout à fait fiables et objectifs selon moi.

    Bonne soirée :bye:

    en réponse à : algerien d’une mére vietnaminne #122018
    robin des bois;115757 wrote:
    Cherchez vous-même SVP … en passant si nécessaire par les pays d’obédience communiste qui ont soutenu le Viet-Minh dès le début .

    S’agissant de la « première hypothèse », un site internet que vous devez bien connaître résume ainsi cette « aide extérieure au Viet Minh » issue directement de la présence française en Indochine :

    [ Au cours du conflit, 327 Français, 338 Maghrébins, 78 Africains et 1.373 légionnaires sont d’après certaines sources réputés déserteurs.
    L’Etat-Major, le 23 octobre 1954, dresse un état de 1.182 légionnaires. 116 Français, 281 Nord-Africains et 35 Africains ayant volontairement abandonné le combat.
    La distinction entre vrais déserteurs et disparus est toutefois difficile à établir sur le champ.

    L’utilisation de ces hommes par le V.M. a donné lieu à diverses interprétations. En fait, il n’y a jamais eu dans l’A.P.V.N. d’importantes unités de transfuges du type Brigades Internationales de la guerre d’Espagne. Tout au plus, un T.D. 306 est dit « des combattants internationaux » et, en janvier 1950, le T.D. 95 aligne un commando de 15 ralliés qui attaquent Dong Ma avec les bataillons 301 et 310.
    On cite également avec plus ou moins d’affabulations le commando Chapuis dît Chabert alias Nguyên Duc Si au Tonkin et le Frei Korps Von Richtofen du Chi Doi 620 en Cochinchine.
    En revanche, il est avéré que le légionnaire déserteur Klement parvint à assassiner le gouverneur de l’Annam Pham Van Giao en 1950. ]

    etc etc

    Mais je ne vous demandais pas de précisions sur les déserteurs de l’Armée Française ralliés au Viêt Minh.

    Après avoir lu votre phrase :

    robin des bois;115753 wrote:
    Mais il est fort probable que les mouvements précurseurs du FLN naissant aient aussi apporté une aide directe au Viet Minh qui n’aient aucun rapport avec l’armée française en Indochine)

    Je vous demande davantage de précision sur les liens entre mouvements indépendantistes algériens et Viêt Minh et sur l’aide, probable selon vous, que les premiers auraient apportée au second. Vous l’avez écrit noir sur blanc.
    N’essayez pas de noyer le poisson en divergeant vers les « soldats blancs d’HCM », ma question ne concernait pas ce sujet.

    Alors donnez une réponse claire ou partagez un lien, c’est comme ça qu’on élève une discussion.

    Ci-joint, le lien vers le site auquel vous faisiez allusion :
    L’aide extérieur au Viet-Minh

    :bye:

    en réponse à : algerien d’une mére vietnaminne #122003

    Bonjour abdouunlok, bienvenue sur ce forum.

    thuong19;115749 wrote:
    le cas de ton papa n’est pas commun. Peux-tu nous en dire plus sur la présence de ton père au Viêtnam durant la guerre d’ Indochine ?

    Peut-être que je me trompe, mais je pense plutôt que votre père s’est battu en Indochine au sein de l’Armée Française et qu’une fois rentré d’Indo et l’armée quittée, il a rejoint les rangs du FLN comme certains de ses anciens camarades de combat nord-africains. C’était finalement assez commun et il y existe des témoignages d’Algériens et de Marocains qui ont agi ainsi en rejoignant les mouvements indépendantistes de leur pays respectif.

    Si en revanche, ce que vous n’avez pas mentionné, votre père a rejoint les rangs viêtminhs pendant la Guerre d’Indochine, son cas n’est pas, comme le soulignait thuong19, commun.

    robin des bois;115753 wrote:
    Mais il est fort probable que les mouvements précurseurs du FLN naissant aient aussi apporté une aide directe au Viet Minh qui n’aient aucun rapport avec l’armée française en Indochine)

    Pouvez-vous nous en dire plus sur le soutien des nationalistes algériens au Viêt Minh ? Je n’avais jamais rien entendu ou lu de tel.

    :bienv: abdouunlok :bye:

    en réponse à : Ao dai #121865
    kimsang;115581 wrote:
    Pour moi, le Ao Dài c’est notre tenue traditionnelle mais il faut bien reconnaitre qu’aujourd’hui très peu de femmes la porte dans la vie de tous les jours. C’est bien dommage !!!! J’espérais qu’en vivant au pays, je pourrais la porter plus souvent …mais parfois il faut faire comme tout le monde pour ne pas paraitre décalée. Hélas !!!!

    Bonjour Kimsang et Tous le monde,

    Peut-être pourriez-vous porter votre ao dai le dimanche à l’Eglise ?

    J’ai vu pas mal de femmes et de jeunes femmes porter l’habit traditionnel à cette occasion. Ainsi elles le portent au moins une fois par semaine. :wink2:

    J’ai aussi pu constater que certaines jeunes femmes conservent de l’attachement pour l’ao dai car ce dernier peut se décliner de manière plus « fashion » et moderne : manches courtes ou sans manches, décolleté…
    Mais il est vrai que dans les boites, les tenues sexy et courtes ont plus la cote.

    A Phan Thiêt, je suis allé dans un café-dancing où toutes les serveuses portent l’ao dai. C’était charmant :give_heart2:

    C’est pourtant vrai qu’on voit peu de femmes porter l’ao dai tous les jours en dehors de certaines personnes âgées qui ont, à l’occasion, délaissé leur pyjama.
    Les jeunes filles des Lycées Quôc Hoc et Hai Bà Trung de Huê ont pour uniforme l’ao dai blanc. Il existe, sans doute, d’autres établissements où l’ao dai est l’uniforme réglementaire.

    En dehors de ces quelques exemples, je pense, comme vous, que l’ao dai est devenu une tenue que l’on ne porte plus qu’en certaines circonstances importantes.
    Mais peut-être que cela donne davantage de valeur à cette tenue ainsi qu’aux occasions où elle est portée ?

    Bonne journée :bye:

    en réponse à : Les vietnamiennes, maquillage et coiffure #121408
    calimero;115073 wrote:
    Vietkeu pour moi ce n’est pas une insulte pas besoin de l’écrire en gras.

    Pas plus que ça ne l’est pour moi. Vous nous donnez une nouvelle illustration de votre passion pour les procès d’intention.

    Je précisais juste que les modes de vie et les goûts des expatriés (même retournés vivre au pays) ne sont pas toujours comparables à ceux des Vietnamiens qui n’ont jamais vécu en dehors de leur pays.

    Allez semer votre zizanie dans une autre discussion.

    @ vanvanvan

    Je précise que j’ai mentionné les poils des bras et des jambes. De ce que j’ai pu constater, ceux des aisselles sont toujours impeccablement épilés.

    :bye:

    en réponse à : Les vietnamiennes, maquillage et coiffure #121395

    @ calimero :
    Vais-je systématiquement avoir droit à un message de provocation de votre part dans toutes les discussions auxquelles je participe ? Comment ça se passe dans l’esprit mauvais d’une chimère poussin-troll ?

    calimero;115029 wrote:
    « Frappe ta tête contre une cruche. Si tu obtiens un son creux, n’en déduis pas que c’est forcément la cruche qui est vide »

    Ça tombe bien que vous connaissiez déjà ce proverbe, cela vous fera gagner du temps. Désormais, il vous reste à le comprendre et à vous l’appliquer.

    Petits conseils au « poussin Viêt Kiêu » : renseignez-vous avant de poster, ça évite d’être ridicule. Evitez également de vous montrer condescendant et désagréable. En général les gens n’aiment pas trop.

    :bye:

    en réponse à : Les vietnamiennes, maquillage et coiffure #121345
    kimsang;114902 wrote:
    Plusieurs fois, j’ai vu que certaines femmes ont des poils aux jambes aussi longs que ceux du stagiaire de Minimoi … J’en déduis qu’elles ne doivent pas s’épiler donc !!

    Bonjour à Tous,

    D’après ce qu’on m’a raconté, la pilosité des vietnamiennes s’affiche avec « fierté ». Il ne faut surtout pas épiler les quelques poils qui se battent en duel sur les bras et les jambes.
    C’est de cette façon, m’a-t-on dit, que les hommes présument des « performances » des femmes, de leur sex-appeal. Selon eux, plus la femme est poilue, plus elle est vigoureuse et doit y mettre d’ardeur.

    J’ai été plus que surpris d’apprendre l’existence d’une telle trichophilie chez les hommes vietnamiens. J’ai d’ailleurs demandé confirmation.

    Je relativise car pour des brunes, les femmes asiatiques n’ont pas une pilosité des plus développées.

    Quant aux femmes occidentales qui souhaiteraient arrêter la torture pour séduire un Vietnamien, ce n’est cependant pas gagné d’avance. Ceci pour une autre raison…

    :bye:

    calimero;114840 wrote:
    Ne me faites pas subir vos dialogues « d’historiens »en culotte courte.

    Mais rien ni personne ne vous a obligé à nous lire.

    Veuillez également ravaler votre condescendance.

    en réponse à : Mémoire de la guerre d’Indochine #121196

    Hello dannyboy,

    dannyboy;114830 wrote:
    Pourquoi se retrouvent ils dans cette armée ? Pour de l’argent bien sûr, et aussi pour la possibilité d’acquérir la nationalité française qui leur ouvre la porte de « l’Eldorado ». Pour le prouver, il suffit de leur poser la question suivante : Êtes vous prêt à s’engager dans cette armée si l’on vous paie au même tarif qu’un soldat vietminh (càd presque rien) ?

    Pour prouver que les Vietnamiens engagés dans le CEFEO l’étaient pour des raisons pécuniaires il faudrait plus que votre simple affirmation. Des témoignages ou des travaux d’historiens le confirmant par exemple. Croyez-moi, j’ai pas mal lu sur la Guerre d’Indochine et dans ces lectures personne, pas même le Général Giap qui pourtant use et abuse du terme « fantoche », n’abonde dans votre sens. Mais je suis très très loin d’avoir tout lu. :wink2:
    Quant à se battre pour venir en France ensuite, vous n’êtes pas sérieux ?

    ces minorités ethniques ne se sont jamais considérés comme faisant partie du peuple vietnamien. Ils étaient depuis toujours harcelés et opprimés par les « Viets de la plaine » (Kinh). L’arrivée des français était pour eux une aubaine pour se défaire de cette oppression.

    Il y avait aussi des « collabos » qui connaissaient très bien le traitement que les vietminh réserveront pour eux et pour leurs familles.


    Des hommes issus de ces mêmes minorités ont également combattu dans les rangs du Viêt Minh. On y trouvait de nombreux hommes issus de cette même minorité « Tho » dont parle Hélie de Saint Marc. Mais aussi des « Nung » et des « Thai ».
    Quant au terme « collabo », il n’est clairement pas approprié voire insultant au regard de son sens actuel.

    D’abord, c’est faux de dire que « S’ils étaient blessés au combat, ils ne recevaient aucune pension » tout le monde sait très bien qu’ils recevront 1.000 piastres, ce qui est un montant énorme pour un paysan moyen de l’époque.



    En effet, un supplétif rendu invalide permanent par une blessure reçue au combat devait recevoir 1000 piastres. Les veuves de supplétifs pouvaient prétendre à une indemnité de 1000 piastres augmentée de 150 piastres par enfant de moins de 15 ans. La solde du supplétif était de 4 piastres par jour auxquels s’ajoutait une prime en fonction du territoire où il combattait.

    Sans doute Hélie de Saint Marc constata que la France sait facilement oublier les « étrangers » qui se battent aux côtés de son armée. Personnellement je suis indigné par cette très mauvaise habitude.

    [FONT=&quot]Et puis, quand on voit les conditions de vie des français dans le Sud en 1949-54, on peut difficilement dire qu’ils ont abandonné tous leurs privilèges, n’est ce pas ?[/FONT]



    Je doute que dans sa phrase De Lattre faisait référence au mode de vie des Français d’Indochine qui d’ailleurs ne sont que quelques milliers. Environ 36 000 en 1937 quand l’Indochine compte 23 millions d’habitants. Vous aviez dix fois plus de Chinois. Il y a, à cette époque au Viêt Nam, bien plus de riches familles vietnamiennes que françaises. De plus, après le second conflit mondial, les Français d’Indochine sont encore moins nombreux.

    Ils n’étaient pas du tout fier de ce qu’ils font.


    Cette affirmation n’engage que vous.

    Les viets l’ont vécu dans leur chair, et la transmission orale reste très importante dans ce pays.


    Je vois de quoi vous voulez parler quand vous évoquez la transmission orale. J’ai pu effleurer cette tradition.
    Mais je pense que le sieur robin oublie bien trop vite ceux qui ont vécu ce conflit de l’autre bord et dont les témoignages sont tout aussi légitimes. Ça ma toujours frappé de lire ces récits d’anciens du CEFEO qui parlent d’un pays merveilleux à la population extraordinaire (ce que j’ai pu constater sur place à 3 reprises). On retrouve un peu moins cette vision idyllique dans les récits américains.


    Bref, parlons un peu du CEFEO :

    Concernant son effectif, il est important de savoir que le commandement français en Extrême Orient n’a jamais eu les moyens en hommes pour remplir ses missions et ceci pendant tout le conflit.
    Plusieurs raisons à ce déficit en combattants :
    Avant l’arrivée de l’aide américaine, il y a les difficultés financières à entretenir une force armée trop importante à des milliers de kilomètres de la métropole.
    Il y a la volonté française de jouer un rôle majeur dans la défense de l’Europe et de disposer d’une armée puissante au sein de l’OTAN et face à l’Allemagne de l’Ouest dont la France a consenti au réarmement à contre-cœur.
    Il y a la nécessité de moderniser les forces armées ce qui coûte très cher.
    Il y a la volonté politique de ne pas faire trop de vagues. Vous connaissez l’importance des communistes dans le paysage politique français d’après-guerre.
    Et il y a aussi la garde des autres territoires de l’Union Française.

    Quelques mots sur l’aide américaine.
    Les Etats-Unis reconnaissent en 1949 l’Etat du Viêt Nam. Le début de l’aide américaine c’est juin 1950. Le MAAG (Military Assistance Advisory Group) s’installe à Saigon en août 1950. Il faut cependant attendre la mi-51 et l’intervention de De Lattre qui convainc les Américains que la Guerre d’Indochine est, au même titre que la Guerre de Corée, une bataille contre l’expansion du communisme en Asie, pour que l’aide devienne vraiment significative tant sur le plan matériel que financier. Et on est déjà dans la deuxième moitié de 1951.
    Pour mémoire, le Viêt Minh commence aussi à recevoir l’aide de la Chine depuis 1950. Et pas uniquement sur le plan matériel. Comme vous le faites remarquer à juste titre, le conflit s’internationalise.

    Ce qu’on remarquait d’abord chez les soldats du CEFEO de 1946 à 1951 c’était une très grande disparité dans les uniformes et les équipements. Vous pouviez contempler pêle-mêle des mélanges d’uniformes français, anglais, américains voire fabriqués localement. Idem pour les paquetages et les ceinturons qui provenaient de stocks cosmopolites datant de la 1ère Guerre Mondiale jusqu’aux années 40 ou bien étaient conçus de manière « artisanale. » Les soldats étaient coiffés de casquettes, visières, bérets, chapeaux et parfois de casques en acier.
    Bien que ce manque d’uniformité dans les tenues ne semble pas avoir eu trop d’importance au combat, on ne peut en dire autant concernant la disparité dans l’armement.

    De 1946 à 1951, les soldats français utilisent un mélange d’armement français, anglais, américain, chinois et même des armes allemandes et japonaises capturées. Toutes nécessitant, bien sûr, des munitions différentes. Imaginez le casse-tête logistique.
    Pour le fun :
    il y a eu jusqu’à 10 calibres de balle différents :
    Français : 7,5 mm ; 7,62 mm ; 7,65 mm ; 8 mm
    Chinois : 7,92 mm ; Américain : 0,30 inch long and short ; 0,45 inch
    Anglais: 0,303 inch ; 9 mm

    Il y avait aussi l’entretien de l’armement qui était très difficile en raison de l’usure accélérée des armes liée au climat.

    Un sergent du 1er BEP (l’un des survivants de la RC4) raconte que sa section de 10 hommes, arrivée en Indochine en novembre 1948, était armée d’un FM24/29, de 5 pistolets mitrailleurs MAS38 (une arme de policiers) et de 4 fusils MAS36. En mars 1949, tous les fusils et 4 pistolets mitrailleurs sur 5 étaient hors-services.
    Quelles armes reçoivent ces Légionnaires Parachutistes, élites du CEFEO, pour remplacer les anciennes ?
    Tadam ! 6 fusils Berthier 8 mm modèle 1907/15.
    Des reliques datant de Verdun pour des paras ! Ces fusils étaient si longs que les paras ne pouvaient sauter avec. Ils devaient les larguer séparément puis les retrouver sur le sol pour enfin pouvoir combattre ! De plus, on ne pouvait y loger que 3 cartouches que les Légionnaires devaient introduire une par une.
    On a connu mieux comme équipement d’un bataillon d’élite appartenant à une « armée de luxe ».
    En 1950, la section reçoit l’excellent MP40 allemand mais avec des munitions de 9 mm… anglaises et mal calibrées ce qui causa multiples enrayages et décharges accidentelles.

    L’exemple de cette section du 1er BEP (j’insiste sur le fait qu’il s’agit d’un bataillon d’élite) est très évocateur.

    L’infanterie manquait également d’armes d’appui type mitrailleuses et mortiers. On trouvait à l’époque dans les bataillons du CEFEO moins de la moitié du nombre d’armes d’appui présentes dans les bataillons américains contemporains.

    Les stocks de munitions dataient des années 30 et n’avaient donc pas été empaquetés pour résister au climat humide de l’Indochine. Beaucoup étaient donc inutilisables.

    On est loin des clichés montrant des soldats français qui ressemblent à s’y méprendre aux GIs vous ne trouvez pas ?
    Mais tout cela change après 1951. L’Armée Populaire aussi change radicalement grâce au soutien des pays du bloc communiste et surtout de la Chine. Ce sujet pourrait faire l’objet d’un prochain message.

    Bonne nuit :bye:

    en réponse à : Mémoire de la guerre d’Indochine #121155

    Bonsoir dannyboy

    dannyboy;114776 wrote:
    Là, je ne suis plus d’accord. Ce chiffres de 53.000 ne sont pas des viets mais de indochinois, d’après mes sources.

    Vous avez raison, ce chiffre représente à peu près le total des soldats indochinois du CEFEO en 1953. Je me suis trompé de mot lors de la rédaction de mon message. Je ne pense pas avoir fait deux fois la même erreur. Notez cependant que les Vietnamiens constituaient l’écrasante majorité des Indochinois qui se battaient au sein et aux côtés du CEFEO. Cambodgiens et Laotiens étaient bien moins nombreux. Il faudrait que je recherche le détail. C’est logique puisque les combats se déroulaient presque exclusivement au Viêt Nam et affectaient surtout la population vietnamienne.

    C’est vrai. Mais ces auxiliaires jouent plutôt le rôle de la police et non pas celle de l’armée.


    Les « auxiliaires » du CEFEO, qu’on appelle d’ailleurs « supplétifs » (terme réglementaire) voire « partisans », sont recrutés localement et, en effet, combattent le Viêt Minh essentiellement dans leur région d’origine. Leurs rôles étaient principalement la défense de postes aux abords des villages et l’accompagnement d’unités régulières en opération car ils connaissaient le terrain. On retrouve aussi ces supplétifs dans les maquis anti-Viêt Minh. On est donc loin d’une mission de police.
    Ces partisans sont, pour la plupart, issus de populations hostiles au Viêt Minh. Vous retrouvez dans les groupes de partisans, à titre d’exemples non exhaustifs, les Caodaïstes et les Hoa Hao au Sud et des hommes issus de minorités ethniques au Nord.

    cette armée « nationale » n’existait pas en 1946 quand cette guerre a commencé (ni en 1947, ni en 1948).


    L’Etat du Viêt Nam (Etat Associé de l’Union Française) n’est fondé qu’en 1949. Il ne peut donc avoir d’armée nationale avant cette date. La création de l’Armée Nationale Vietnamienne (qui, à cette époque, n’est pas l’Armée du Sud-Vietnam) avait pour but final de prendre le relais dans la défense du Viêt Nam après retrait du CEFEO et non de participer au rétablissement de la colonie française.
    Du rôle de la France vis-à-vis des 3 Etats Associés, indépendant depuis 1949, De Lattre dira : « abandonnant tous les droits, les pouvoirs, les privilèges (la France) a tenu à garder les devoirs, les charges et les risques. » Un peu théâtral certes, mais l’idée est là. Il est désormais révolu le temps d’une hypothétique reconquête coloniale que déjà Leclerc, en 1946, avait jugé impossible militairement.

    Comme je l’avais déjà mentionné, ce conflit a pas mal changé de visage.

    au fond d’eux même ils savent que ceux d’en face se battaient pour une cause juste.

    Pour en revenir aux supplétifs vietnamiens, je souhaitais vous citer un bref passage des mémoires d’Hélie de Saint Marc qui commanda un poste frontière le long de la RC4 et vécut parmi des Vietnamiens issus de la minorité Tho :


    « … une partie du peuple vietnamien résistait à la montée du Vietminh. Elle s’engageait durement. La guerre civile commençait. Je regardais les hommes qui se battaient à nos côtés. Ils mourraient sans statut, sans garantie pour leur famille, avec une solde de quelques piastres. S’ils étaient blessés au combat, ils ne recevaient aucune pension. S’ils mourraient, leurs femmes restaient sans ressources. Pourquoi se levaient-ils contre leurs frères ? Pour survivre ? Par fidélité ? Par hasard ? Je revois l’un d’eux, maigre, les yeux enfoncés, déterminé quand il disait : « Moi pas vouloir obéir Vietminh. » C’était tout, et l’on mourrait pour cela au Vietnam. »


    Selon vous, est-ce que ces hommes combattaient le Viêt Minh pour une cause injuste ?

    De nos jours, beaucoup pensent que le Viêt Minh disposait pendant la Guerre d’Indochine d’une légitimité unanimement reconnue par l’ensemble de la population vietnamienne. Mais ce n’était pas le cas. Le Viêt Minh était un mouvement nationaliste vietnamien parmi d’autres. De même, peu de gens savent qu’au moment de son discours proclamant l’indépendance du Viêt Nam sur la place Ba Dinh, Ho Chi Minh était totalement inconnu de la population vietnamienne et même de bon nombre des militants du Viêt Minh. Ce n’est qu’au terme du premier conflit indochinois que Viêt Minh et Ho Chi Minh ont conquis leur légitimité. Légitimité méritée et chèrement acquise.

    Ainsi, je comprends qu’il soit difficilement concevable pour certains que des Vietnamiens aient pu s’opposer au Viêt Minh et combattre pour le Viêt Nam – une juste cause – aux côtés des forces françaises.
    Encore aujourd’hui, on reste très marqué par la désinformation volontaire de l’époque. Pour faire un parallèle maladroit avec l’Histoire de France c’est un peu comme les discours du Général De Gaulle à la Libération. En les écoutant, vous êtes persuadé que c’est l’Armée Française aidée par la résistance qui a libéré le pays.

    Prochainement, la « beggar army »…

    Bonne soirée :bye:

    en réponse à : Mémoire de la guerre d’Indochine #121112
    Quote:
    Quand l’armée Vietminh avec 100% de soldat Viets, combat une autre armée composée de 70%-80% d’étrangers, peut on dire que c’est une guerre civile ? Ou doit-on plus tôt l’appeler une guerre contre l’envahisseur français ?

    Hello dannyboy

    Je transfère dans ce topic notre discussion sur le CEFEO et son évolution au cours de la Guerre d’Indochine.

    Tout d’abord, quelques chiffres qui, selon moi, aident bien à la mise en relief de ce que représente le CEFEO dans l’Armée Française.
    A la date du 8 mai 1945, l’Armée Française dispose d’environ 1,3 million d’hommes sous les drapeaux.
    Les forces engagées initialement dans la reconquête de l’Indochine entre 1945 et 1946 comptaient environ 50 000 hommes. Soit moins de 4% de l’Armée Française au soir de la capitulation du IIIème Reich.
    Fin 1948, le CEFEO compte 100 000 hommes et atteint 150 000 hommes l’année suivante.
    Fin 1951, par le biais de renforts français et de recrutement local, le Général De Lattre avait sous ses ordres une force de 190 000 hommes.
    Été 1952, ce chiffre tombe à 174 000 et s’y maintiendra à peu près pour les deux dernières années de guerre.

    En 1953, on décompte dans les troupes au sol régulières du CEFEO (Armée Nationale Vietnamienne exclue) environ 52 000 Français de métropole, 30 000 Nord-Africains, 19 000 Légionnaires, 18 000 Africains et
    53 000 Vietnamiens (environ 30% des réguliers du CEFEO).

    Au CEFEO s’ajoutent environ 55 400 auxiliaires locaux (Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens). En tout, environ 228 000 hommes combattent le Viêt Minh dans toute l’Indochine pendant les deux dernières années du conflit. Majoritairement au Viêt Nam.
    Je vous invite à faire la comparaison avec le demi-million d’Américains présents vers la fin des années 60 dans le seul Sud Viêt Nam.

    Si on tient compte des auxiliaires recrutés dans les populations locales, pas loin de la moitié des soldats qui combattaient le Viêt Minh sous uniforme français étaient Indochinois.
    A ceci, il faut bien sûr y rajouter les soldats de l’Armée Nationale Vietnamienne qui compte plus de 160 000 hommes fin 1953.

    Vue de cet angle, la perspective d’une « guerre civile » apparaît plus objective. Mais le terme « guerre civile » est bien moins fédérateur que celui de « guerre d’indépendance ». Dans la deuxième moitié du conflit, les deux termes s’entremêlent.

    Bien qu’à tort qualifiés de « fantoches » par la propagande viêt minh, ces soldats étaient bien réels. Et ils ne se battaient pas pour restaurer l’ordre colonial. Tout comme les combattants du Viêt Minh, ces hommes se battaient pour le Viêt Nam, pour leurs villages, leurs familles…

    Quote:
    Si on compare avec les moyens dont dispose l’armée VietMinh, le CEFEO n’a rien d’un « beggar army » mais bien une « armée de luxe ».

    Dans mon prochain message, je reviendrai sur la « beggar army ».

    Bonne soirée :bye:

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