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13 septembre 2009 à 14h26 en réponse à : Un Film Vietnamien remporte un prix à la Mostra de Venise #100380
ravie par cette info:j’espère que le film sera distribué en france.Mais je n’ai rien pû savoir sur la prod:franco viet?Laquelle des deux a tourné déjà avec Vinh Son?
si on pouvait récolter de l’argent pour payer les sous titrages en français des films viets ,ils seraient peut être distribués..ce qui veut dire que la catégorie »classe moyenne »en soi est trop abstraite
merci Robin de vous être manifesté..Il faut dire qu’aussi je n’ai plus d’infos au jour le jour par K-Set et n’ai plus la retransmission télé du procès…Sule nouvelle information lue:l’information donnée par les psy sur la santé mentale de Douch « tout à fait normale » (il y a des choses que je conteste dans le détail..mais passons ..)Un psychiatre qui avait examiné Eichmann à Jerusalem avait dit de lui: »tout à fait normal , bien plus que moi même depuis que je l’ai examiné »(non ce ne’est pas du Woody Allen)
suite mais autre chose:comme je viens de parcourir les différents post je ne sais plus où j’ai lu sous la plume de J.N que les membres de FV étant de classe moyenne sont ceux là même qui étaient indifférents au sort du peuple vietnamien..j’ai tilté sur ça étant en ce moment sur mon approche de l’idéologie totalitaire (et des khmers rouges-qui comme tout mouvement totalitaire confondaient l’ORIGINE DE CLASSE et LA POSITION DE CLASSE..)qu’il m’explique alors pourquoi la classe ouvrière en France a voté pour l’extrême et droite..voilà qui demande des analyses plus fines, non?Ho chi minh mis à part la prolétarisation qu’il a vécu pour survivre dans son exil n’était il de classe moyenne?Et Marx entretenu par son ami Engels et époux d’une aristocrate?)Tous les responsables de mouvement totalitaire (eux mêmes issus de classe moyenne)ont promotionné les classes exploitées parce que ceux ci dans leur lien aux nécessités de leur survie quotidienne n’avaient pas l’espace mental et la formation qu’implique la pensée sur leur condition et donc pas les moyens de les critiquer-autrement dit: ils les ont exploité grâce à leur ignorance)il s’agit bien d’une supercherie monumentale Ces gens là ,totalitaires de tout poil méprisent le peuple et ont eu peur des classes moyennes(haine de l’origine de classe -dont les intellectuels)pourquoi? le seul potientiel révolutionnaire et de résistance repose sur la pensée (et cela quelle classe le peut ? cad en a loisir et la formation?)Il vaut mieux mettre en avant des gens qui n’ont pas les moyens de penser..ce seront des bons esclaves..(c’est la politique même des khmers rouges:en fait le peuple ancien était le plus méprisé par tous ces asiates blancs qui formèrent l’angkar et qui voulurent endevenir les maîtres)bon..je digresse sur ma focalisation du moment qui devient un prisme momentané car js sais bien sociologiquement que les classes moyennes ne défendent pas les plus exploités.(et j’ai lu Flaubert aussi..)
kimsang;90364 wrote:Bonjour tout le monde,Je recommande un très beau film : Gran Torino. Une belle leçon de tolérance et d’amitié. Une confrontation au départ entre deux communautés : blanche et asiatique.
Le film montre que même à 78 ans on peut évoluer et changer d’avis.
à voir et à réfléchir !Kim Sang:jap:
pas d’accord Kim Sang, film très ambigu; donc plus complexe que tolérance et générosité..car finalement c’est l’américain qui est le bon généreux..Revanche inconsciente (non pas d’inconscience dans un film)sur la guerre du viet Nam?..C’est très fin comme langage subliminal , ce n’est pas un film raciste cependant c’est de la mauvaise conscience restaurée en bonne conscience ..belle opération pour une certaine amérique représetée par le personnage protecteur(aie..va falloir un débat.. sur le personnage protecteur de l’amérique pendant la guerre du viet nam)moi j’ai été mal à l’aise avant de décrypter pourquoi..c’est un film où l’amérique répare l’image qu’elle a eu d’elle même :non elle n’est plus prédatrice, la preuve le héros protège un jeune Mhong de ses congénères voyous.. la figure d’un vétéran de la guerre de Corée (on le sait tous ces militaires ont été traumatisés et donc considérés comme victimes..tiens tiens..)Le bien et le mal pour une certaine amérique ce sont les alliés et les ennemis( les mhongs comme par hasard?)
oui mais le savoir accumulé dans les livres n’est pas à néantiser..
parce que c’est par le passé qu’on comprend le présent:on devrait avoir un topic avec ses sous rubriques (textes -je vois que de toute façon les gens y font référence pour l’intelligibilité des coutumes-,témoignages,légendes)qui s’appellerait:civilisation vietnamienne..hier et aujourd’hui ou bien d’autres classifications..qu’en pensez vous,on y mettrait les photos d’aujourd’hui sur les traditions etc. et puis aussi les rubriques centre-nord sud-car étant focalisée (par filiation) sur le centre(sans chauvinisme j’ai par moi même sur certains cultes et traditions culinaires..remarqué tant de variations au point que là où j’en suis -de ma connaissance empirique ).. bref une rubrique Civilisation…pierrehuyen;90273 wrote:Entièrement d’accord avec toi mai, c’est pourquoi j’ai écrit dans mon 1er post « Je ne parle pas des coutumes ou traditions qu’on trouve dans les livres ou sur le net, mais d’instants vécus. »Pierre. :bye:
oui mais le savoir accumulé dans les livres n’est pas à néantiser..
parce que c’est par le passé qu’on comprend le présent:on devrait avoir un topic avec ses sous rubriques (textes -je vois que de toute façon les gens y font référence pour l’intelligibilté des coutumes-,témoignages,légendes)qui s’appellerait:civilisation vietnamienne..hier et aujourd’hui ou bien d’autres classifications..qu’en pensez vous,on y mettrait les photos d’aujourd’hui sur les traditions etc..alors que faire, ce topic est celui où je ma parle à moi même?.. ou bien des bouteilles à la mer.. qui seront lues sur d’autres rivages?
mais comme l’a dit Pierre les gens le visitent quand même ..Hier par hasard suis tombée sur une retransmisssion du tribunal (non annoncé dans le programme tv.apsara) et au moment où Douch parlait de sa conversion au christianisme(moi donc toute ouie ):de fait il s’agissait pour lui de trouver une communauté protectrice (‘ »je ne voulais pas que ma fille devienne une prostitituée »dixit) la dimension mystique que je lui attribuais s’est effondrée devant la dimension sociale de père qu’il exprimait…dans une société qui fonctionne par groupes claniques et allégeance à un chef(et donc dieu pour finir)..Bref dans ce qu’il a dit de sa conversion il y a spéculation sur un gain.. et pas du tout ce que j’ai cru…Comme quoi il faut connaitre la réalité CONCRETE des sociétés qu’on regarde..Mais R.D.B a déserté le topic …je le regrette..parce que ne connaissant pas la société cambodgienne comme lui je comprends après coup son scecpitisme sur la conversion de Douch…encore que..laissons ouverte la porte à la complexité..« nous sommes les obligés du monde »Hanna Arendt
Ti Ngoc;90254 wrote:MERCI DDhéo,
encore une fois, tu viens de m’apprendre quelquechose.
heureusement que tu es là!
tu es le seul au Vietnam, qui nous parle des coutumes du Vietnam.
(j’espère que tu ne vas pas avoir ni la grosse tête, ni les pieds enflés(comme dirait Pierre)!:lol:entièrement d’accord Ti Nnoc, sur DD.H(comme témoignage sr le vietnam d’aujourd’hui) et sur le topic .Il risque d’être trop livresque (et là dessus j’en ai des tonnes)sans les remarques in situ d’un viet namien vivant au jour le jour son calendrier..Mais il faudrait regrouper plein de rubriques (par exemple le riz)ce serait une rubrique sur le monde vietnamien..Enthousiaste sur ce topic et contre la déculturation..
robin des bois;88526 wrote:MEP : missions Etangères de ParisIls ont de plus un site internet remaquable sur toute l’Asie et bien sûr le Vietnam-
Voici leur lien « Accueil »mais svp allez fouiner dans leurs sections « Archives «
http://www.mepasie.org/?q=archives-des-missions-étrangères-de-paris» Librairie «
Pas de bol : en maintenance jusqu’au 30 aout
etMais évidemment , on y parle du Bon Dieu .. et des Missions !!0
les M.E.P ont rendu possible ce qui a eté pour moi la meilleure initiation « ethnologique » à la culture vietnamienne, via le travail ethnologique considérable (et à ce jour inégalé) du père leopold Cadière(de surcroit membre d’honneur de l’école française d’extrême orient) même démarche que les jésuites en chine(que j’affectionne en pluspour certains moments de leur histoire contre le vatican ne fut ce que que l’épisode pour leur soutien aux indiens en amérique du sud) immersion totale , connaissance de la langue, de la culture populaire ,travail de terrain,etc..)avec une distance remarquable avec leur culture d’origine..bref lire « Croyances et et pratiques religieuses des vietnamiens » -ecole française d’extrême orient -2 tomes) ..et je pourrais en citer d’autres..plus tard car je n’ai pas leurs oeuvres sous mes yeux à l’instant où je parle..
eh oui sous l’ombre protectrice du colonialisme il s’en en fait des choses (quoique un ami vient de me signaler que la chine avait déjà fait l’expertise de toute sa pépiréhrie, comme aujourd’hui d’ailleurs-colonialisme exige- sur toutes les minorités pour les recalibrer à l’aune de l’empereur)car il n’y avait pas que des margoulins..et ceux qui tentaient de comprendre;;eh oui catholiques;….Finalement tu es dans dans la situation paradoxale d’un occidental qui aurait cru avoir quitté sa culture d’origine et qui finalement la retrouve in vivo crument et mondialisée :le profit au prix de tout..Alors que cette même culture produit sa propre critique absente là où tu vis.L’Asie où?…quelques touches de différence, pour combien de temps encore?Il me parait invraisemblable q’une telle civilisation basée sur le lien à la nature (explicitée dans la taoisme des philosophes)en soit arrivée là;;je parle de l’asie taoiste (de civilisationchinoise) .Hier j’ai vu un doc sur Arte sur Angkor:la chute d’Angkor vu sous l’angle de la surexploitation de l’environnement naturel(est ce un regard dicté par l’angoisse contemporaine – ?) en tout cas à voir.(ARTE)
« A leur extrême les choses s’inversent » résumé personnel de mes lectures du Tchuoang Tseu..et bien sûr on ne sait sur quelle échelle de temps et s’il suffit d’attendre..Le Cambodge croulera-t-il sous le poids de milliers d’exilés vietnamiens affamés, fuyant des champs dévastés par des flots rugissants ?Si le scénario d’un afflux soudain et massif de migrants vietnamiens en terre khmère paraît aujourd’hui improbable, plusieurs rapports récents pointent les risques environnementaux majeurs auxquels seront confrontées les populations du delta du Mékong au cours des prochaines décennies.
La fonte rapide des glaciers du plateau tibétain,soulignent les auteurs du rapport, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).provoquera selon toute probabilité d’importantes inondations, dans un premier temps, principalement en aval, soit dans le delta du Mékong, au Vietnam et au Cambodge. A ces crues désastreuses risquent de s’ajouter, dans un second temps, les conséquences de constructions de nouveaux barrages hydroélectriques, en amont, ouvrages qui profiteront momentanément de flux importants mais tendront, avec le temps, à priver les habitants situés en aval de ressources hydrauliques qui s’amenuiseront. Un drame qui est déjà en train de se jouer, est-il souligné dans ce rapport.
La dégradation de l’environnement, et particulièrement les impacts des inondations, constituent l’un des facteurs d’exode rural et de déplacement dans le delta du Mékong du Vietnam », affirment les auteurs, citant les témoignages de Vietnamiens installés au Cambodge, à Phnom Penh, interrogés dans le cadre d’une étude de terrain menée entre octobre et décembre 2007 pour le programme de « Scénarios sur les changements environnementaux et migrations forcées » (Each-For).
l’élévation du niveau de la mer
Là encore, les chercheurs de l’UNU, de Care et de l’Université de Columbia reprennent les conclusions d’une précédente étude réalisée par la Banque mondiale, laquelle affirmait que le Vietnam, compte tenu de sa population dense et des zones agricoles menacées, était l’un des deux pays risquant d’être le plus durement frappé par une hausse du niveau général des eaux maritimes.« Dans le futur, un Vietnamien sur dix devrait être confronté à un déplacement dû à l’élévation du niveau de la mer dans le delta du Mékong », souligne le rapport de mai 2009, sur la base des prévisions avancées en février 2007 par les experts mandatés par la Banque mondiale.
Deux mètres de plus, 14 millions de migrants
Si le niveau global de la mer venait à augmenter de 2 mètres, spéculent les auteurs, près de 14,2 millions de Vietnamiens – un chiffre supérieur à la population totale du Cambodge, actuellement de 13,4 millions – verraient leurs terres entièrement submergées !Faire réagir les gouvernants
Ainsi les autorités vietnamiennes ont-elles décidé de mettre sur pied un programme destiné à maîtriser les mouvements de population liés aux nouveaux phénomènes environnementaux, intitulé « Vivre avec les inondations », qui consiste à reloger des familles installées dans des zones vulnérables. Le défi est de taille : ces opérations de relogement sont lourdes, puisqu’elles requièrent non seulement de trouver des terres disponibles mais aussi de s’assurer que les familles déplacées auront accès à des nouveaux moyens de subsistance et des infrastructures sociales, sanitaires et scolaires.j’ai essayé de couper mais le mieux est d’aller sur l’article directement
oui mais la question de N.C :est que faire?
déjà bien connaître le problème ,en faire communication ..
J’avais rencontré à Dalat un serveur étudiant « environnement » lors d’un voyage en 2003 ;j’en conclue qu’il y avait déjà et c’est loin dans le temps, une sensibilité locale..
peut être devrais tu déjà localement te rallier des consciences..d’ici ,que veux tu qu’on fasse..je prens conscience après coup que j’ai usé répétitivement du mot « local ».En effet les forêts d’Amazonie sont défendues par les indiens mais les barrages chinois..
26 août 2009 à 11h58 en réponse à : Les instantannees vietnamiens – portraits et paysages du pays #98050Breecelu;85796 wrote:Une cour, difficile a trouver, secrete presque. Une congregation religieuse sise la depuis le debut des temps saigonais, une oasis de calme dans la turpitude bruyante de la ville…cela me fait penser à Godard quand il dit:le cinéma a commencé en noir et blanc car c’est le deuil de la vie..(j’ai choisi à dessein cette photo..)
en regardant nombre de tes photos je pense à Orson Welles:est ce que je me trompe ou est ce inconscient?En tout cas: j’apprécie beaucoup..continue et merci du partage de regard..Les cambodgiens eux au moins s’en font déjà souci
Le Cambodge, future terre d’asile des exilés climatiques vietnamiens ?
Par Laurent Le Gouanvic20-06-2009
Le Cambodge croulera-t-il sous le poids de milliers d’exilés vietnamiens affamés, fuyant des champs dévastés par des flots rugissants ? Tant redoutée par les Cambodgiens, l’invasion de leur territoire par les enfants de l’Oncle Ho pourrait résulter non plus de belliqueuses ambitions territoriales mais des conséquences dramatiques du réchauffement climatique, contraignant à l’exode des paysans dont les terres sont peu à peu rongées par la mer. Si le scénario d’un afflux soudain et massif de migrants vietnamiens en terre khmère paraît aujourd’hui improbable, plusieurs rapports récents pointent les risques environnementaux majeurs auxquels seront confrontées les populations du delta du Mékong au cours des prochaines décennies. Un nouveau défi pour ces deux Etats de la péninsule indochinoise, après une longue histoire commune déjà bien mouvementée.
Prédire l’avenir avec les cartes : c’est ce à quoi se sont attelés des chercheurs de l’Université des Nations unies, de l’ONG Care International et de l’Université américaine Columbia dans un rapport publié en mai 2009 intitulé « A la recherche d’un abri : cartographier les effets du changement climatique sur les migrations et déplacements humains ». Documents et statistiques à l’appui, les trois auteurs tentent de comprendre et d’expliquer « comment les pressions et les chocs environnementaux, et plus particulièrement ceux liés au changement climatique, peuvent conduire des gens à quitter leurs habitations pour chercher des ‘pâturages où l’herbe serait plus verte’… ou simplement pour survivre ». Sur les huit cartes censées présenter des régions du globe particulièrement vulnérables et emblématiques des changements à l’œuvre, deux évoquent les conséquences des bouleversements climatiques dans les pays où coule le Mékong. Des sources au delta du Mékong L’une d’elles figure l’immense chaîne de l’Himalaya, véritable « château d’eau de l’Asie » en raison de la présence de gigantesques glaciers où naissent des fleuves mythiques et vitaux tels le Gange, l’Irrawady et le Mékong. Ces glaciers, qui constituent des réserves d’eau naturelles, fondent à un rythme inquiétant, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Et cette fonte accélérée risque de mettre en péril la survie de millions de personnes vivant le long des fleuves, parmi lesquelles des centaines de milliers de Cambodgiens et de Vietnamiens dont les terres agricoles sont soumises aux caprices du Mékong. La fonte rapide des glaciers du plateau tibétain, soulignent les auteurs du rapport, provoquera selon toute probabilité d’importantes inondations, dans un premier temps, principalement en aval, soit dans le delta du Mékong, au Vietnam et au Cambodge. A ces crues désastreuses risquent de s’ajouter, dans un second temps, les conséquences de constructions de nouveaux barrages hydroélectriques, en amont, ouvrages qui profiteront momentanément de flux importants mais tendront, avec le temps, à priver les habitants situés en aval de ressources hydrauliques qui s’amenuiseront. Un drame qui est déjà en train de se jouer, est-il souligné dans ce rapport. Des inondations de plus en plus dramatiques Si les inondations font depuis longtemps partie du quotidien des habitants du delta du Mékong, dont la vie est rythmée par les flux et reflux du fleuve, leur niveau et leur fréquence tendent à augmenter et posent de plus en plus problème. « La dégradation de l’environnement, et particulièrement les impacts des inondations, constituent l’un des facteurs d’exode rural et de déplacement dans le delta du Mékong du Vietnam », affirment les auteurs, citant les témoignages de Vietnamiens installés au Cambodge, à Phnom Penh, interrogés dans le cadre d’une étude de terrain menée entre octobre et décembre 2007 pour le programme de « Scénarios sur les changements environnementaux et migrations forcées » (Each-For). »Les catastrophes se produisaient si souvent [dans ma région d’origine], expliquait alors l’un des 32 migrants vietnamiens installés dans la capitale cambodgienne interviewés lors de cette enquête. Ma famille a perdu sa récolte [et] a dû emprunter de l’argent. Maintenant, [elle] n’est plus capable de rembourser son emprunt, alors je suis venu travailler ici pour aider ma famille à payer sa dette. » Parmi ces 32 personnes – un échantillon non représentatif de l’ensemble des immigrés vietnamiens au Cambodge – les trois quarts citaient spontanément des problèmes liés à l’environnement naturel parmi les causes ayant influé sur leur décision de quitter leur foyer. La moitié d’entre elles affirmaient même que les problèmes écologiques avaient été à l’origine de leur départ. « Les tempêtes et les inondations avaient lieu tout le temps, alors nous avons décidé de migrer pour gagner notre vie », confiait ainsi un de ces exilés interrogés. Du changement climatique au trafic d’êtres humains Dans cette même étude, un médecin vietnamien opérant à Phnom Penh relatait des situations plus dramatiques encore : certaines familles vietnamiennes iraient jusqu’à vendre leurs filles à des réseaux de prostitution au Cambodge pour assurer leur survie, après avoir vu leurs récoltes détruites par des inondations successives. Un constat qui, sans autoriser une quelconque généralisation, pointerait un effet inattendu du changement climatique : la hausse du trafic d’êtres humains. Le lien entre les deux phénomènes, sans avoir été réellement mesuré, existe bien, concluent les rédacteurs. Les mondes engloutis Aux craintes suscitées par la fonte des glaciers de l’Himalaya, s’ajoute une autre menace, celle-ci bien plus localisée et traitée dans une autre carte du rapport « A la recherche d’un abri… » : l’élévation du niveau de la mer. Là encore, les chercheurs de l’UNU, de Care et de l’Université de Columbia reprennent les conclusions d’une précédente étude réalisée par la Banque mondiale, laquelle affirmait que le Vietnam, compte tenu de sa population dense et des zones agricoles menacées, était l’un des deux pays risquant d’être le plus durement frappé par une hausse du niveau général des eaux maritimes. »Dans le futur, un Vietnamien sur dix devrait être confronté à un déplacement dû à l’élévation du niveau de la mer dans le delta du Mékong », souligne le rapport de mai 2009, sur la base des prévisions avancées en février 2007 par les experts mandatés par la Banque mondiale. C’est que, aujourd’hui, le delta du Mékong n’abrite pas moins de 18 millions d’individus, soit 22% de la population totale du Vietnam. Cette région est aussi et surtout le grenier agricole du Vietnam, où se trouvent environ « 40% des terres cultivées » de ce pays qui fournissent « la moitié de sa production rizicole nationale et 80% de sa production fruitière ». Deux mètres de plus, 14 millions de migrants Si le niveau global de la mer venait à augmenter de 2 mètres, spéculent les auteurs, près de 14,2 millions de Vietnamiens – un chiffre supérieur à la population totale du Cambodge, actuellement de 13,4 millions – verraient leurs terres entièrement submergées ! De quoi faire frémir. Surtout lorsque ces chiffres sont lus à l’aune des propos introductifs de ce rapport : « (…) les sociétés affectées par le changement climatique risquent de se retrouver enfermées dans une spirale négative de dégradation écologique, jusqu’à l’effondrement des filets sociaux de sécurité alors que les tensions et la violence augmenteront. Dans ce scénario du pire, qui n’est que trop probable, de nombreuses personnes seront contraintes de migrer pour assurer leur survie immédiate. » Le Vietnam mais aussi l’ensemble de la région, et donc le Cambodge, se trouveraient par conséquent confrontés à une crise migratoire et humanitaire sans précédent susceptible d’avoir des répercussions sur le plan économique et politique. Lui-même soumis à la sécheresse, dans des zones qui en souffrent déjà, et à des périodes d’inondations, le royaume khmer serait ainsi, en plus, confronté à l’afflux massif de paysans vietnamiens indésirables et prêts à tout pour garder la tête hors de l’eau. Des conséquences imprévisibles Ce scénario catastrophe, qui table sur une hausse du niveau de la mer de 2 mètres, est toutefois une extrapolation qui est loin de faire l’unanimité. Les différents schémas retenus par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), dans le rapport de 2007, qui sert de référence en la matière, prévoient un réchauffement global d’ici à 2099 oscillant entre +0,6oC et +4oC. Ces augmentations entraîneraient, selon les différentes prévisions envisagées, une hausse du niveau de la mer de 0,18 à 0,59 mètre d’ici à la fin du siècle. Des chiffres qui sont eux-mêmes à prendre avec des pincettes, avertit le GIEC, qui livre là des scénarios ne tenant pas compte d’une « évolution rapide dynamique de l’écoulement glaciaire » : « les valeurs supérieures des fourchettes ne doivent pas être considérées comme les limites supérieures de l’élévation du niveau de la mer », souligne-t-il. « Si l’on a tenu compte de l’accroissement de l’écoulement glaciaire au Groenland et en Antarctique aux rythmes observés entre 1993 et 2003, le phénomène pourrait […] s’accélérer ou ralentir… » Accélération ? Ralentissement ? Difficile, dans ces conditions, de prévoir quel sera l’état des terres agricoles dans le delta du Mékong, au cours des cinquante prochaines années. Faire réagir les gouvernants Les prévisions les plus pessimistes présentent donc au moins un intérêt : celui de faire réagir les gouvernements des pays concernés pour, à défaut de lutter seuls contre les changements climatiques, anticiper et s’adapter. Ainsi les autorités vietnamiennes ont-elles décidé de mettre sur pied un programme destiné à maîtriser les mouvements de population liés aux nouveaux phénomènes environnementaux, intitulé « Vivre avec les inondations », qui consiste à reloger des familles installées dans des zones vulnérables. Le défi est de taille : ces opérations de relogement sont lourdes, puisqu’elles requièrent non seulement de trouver des terres disponibles mais aussi de s’assurer que les familles déplacées auront accès à des nouveaux moyens de subsistance et des infrastructures sociales, sanitaires et scolaires. Au Cambodge, le gouvernement a élaboré, dès 2006, un « Programme d’action national d’adaptation au changement climatique », censé coordonner les différentes opérations et informations dans ce domaine. Malgré cela, le royaume apparaît comme l’un des Etats asiatiques les moins bien préparés, d’après la « Cartographie de la vulnérabilité au changement climatique en Asie du Sud-Est » publiée en janvier 2009 par le Programme d’économie et d’environnement pour l’Asie du Sud-Est. Le Cambodge serait le pays à la « capacité d’adaptation » la plus faible de la région. Bien que moins exposé que d’autres territoires aux tempêtes et aux catastrophes naturelles, le pays risque d’être le plus affecté, après les Philippines, par les changements climatiques, compte tenu de ses faibles capacités d’adaptation. A l’échelon régional, une prise de conscience tiède Enfin, au niveau régional, le sujet du réchauffement global et des émissions de CO2 se fait timidement une place sur le devant de la scène. Les 16 et 17 juin, la Banque asiatique de développement chapeautait une rencontre au sommet sur le changement climatique en Asie et dans le Pacifique, alors que cette institution annonçait le doublement, à compter de 2013, de ses investissements dans les « énergies propres ». Un long chemin reste toutefois à parcourir avant que la question des déplacements internes et transfrontaliers de population ne soit attaquée de front.« Réfugiés » ou « migrants » climatiques, derrière les mots des enjeux vitaux
Alors que certaines organisations parlent de « réfugiés climatiques », le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) rappelle que le mot « réfugié », tel que défini dans la Convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés, ne concerne d’un point de vue légal que les personnes ayant quitté le pays de leur nationalité en raison de persécutions ou de la crainte fondée de persécutions. Selon cette définition officielle, ne peuvent donc être considérés comme réfugiés des individus ayant quitté leur lieu de vie pour des raisons économiques ou environnementales. Les expressions « migrants ou déplacés environnementaux » sont donc utilisées dans le jargon officiel. L’Organisation internationale des migrations (OIM) retient ainsi la définition suivante : “On appelle migrants environnementaux les personnes ou groupes de personnes qui, pour des raisons impérieuses liées à un changement environnemental soudain ou progressif influant négativement sur leur vie ou leurs conditions de vie, sont contraintes de quitter leur foyer habituel ou le quittent de leur propre initiative, temporairement ou définitivement, et qui, de ce fait, se déplacent à l’intérieur de leur pays ou en sortent”. Les enjeux qu’impliquent ces termes et leurs définitions vont bien au-delà des aspects linguistiques : une personne bénéficiant du statut de réfugié a le droit d’être accueillie sur le territoire des pays signataires de la Convention de Genève, droit auquel ne peuvent prétendre actuellement les « migrants économiques » et « environnementaux ». L’UNHCR réclame ainsi une réflexion globale sur le statut de ces nouveaux migrants pour assurer leur protection et, éventuellement, se voir confier des responsabilités nouvelles… et les fonds nécessaires. -
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