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tranche de vie

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    • #9958
      thuong19
      Participant

        Noël s’invite durablement dans les fêtes annuelles du Viêtnam.
        c’est ce que semble nous confirmer le membre de FV Journaliste Gérard plus connu sous son nom Gérard Bonnafont , expatrié à Hanoï et qui alimente la rubrique « tranches de vie  » dans le Courrier du Vietnam. à Noël, les rues de Hanoï sont animées de petits pères Noël qui déambulent qui distribuent ici de la pub, là des bonbons faisant le bonheur des enfants.Pas un magasin qui ne se pare pas d’un sapin de Noël ou de l’habit rouge – commerce oblige.

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        [TD= »width: 100% »]tranches de vie : c’est déjà Noël !25/12/2011

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        À l’heure où paraît ce numéro du Courrier du Vietnam, un des derniers sous sa forme quotidienne, c’est la veille de la fête de Noël avec son cortège de décoration et de cadeaux. Et même si la tradition de Noël est quelque peu éloignée du culte des ancêtres, au Vietnam, Noël est aussi une fête !

        À force de le dire chaque année, je vais finir par passer pour un radoteur, mais qu’y puis-je si le Père Noël revient chaque année le 24 décembre : le rouge et blanc a autant droit de cité du côté du lac Hoàn Kiêm (au centre-ville de Hanoi) que du côté des grands boulevards parisiens. Et en l’occurrence, il ne s’agit pas du rouge impérial, mais bien du rouge vermillon du vieux bonhomme à barbe blanche, qui descend du ciel avec des jouets par milliers !

        Vive la fête !

        Pourtant, le royaume des glaces, les rennes au doux pelage, les sapins enneigés…, autant d’images étrangères au pays du Sud lointain des rizières verdoyantes et des aréquiers enguirlandés de bétel. Ce « miracle » de Noël, le Vietnam le doit à l’esprit festif œcuménique du Vietnamien, qui repose sur un postulat simple : si on fait la fête, on dépense plus, donc c’est bon pour le commerce. Et pour ce qui est de faire la fête, le Vietnamien ne recule devant rien. Déjà, depuis plusieurs années, il a adopté la citrouille et les masques de sorcières d’Halloween, qui envahissent les rues fin octobre… Cette année, il en a rajouté en se convertissant à l’Oktoberfest en début du même mois, où pendant deux jours, les chopes de bière bavaroise se sont entrechoquées au milieu des saucisses blanches et des bretzels !

        À la vitesse où va le monde, je m’attends à ce que l’année prochaine, des écoles de samba défilent en petites tenues dans la rue Tràng Tiên et que la nuit soit folle au rythme des cariocas ! En attendant, c’est la tradition de Noël qui s’invite en cette fin d’année. Et, ne seraient-ce les klaxons et les sonorités de la langue locale, on pourrait se croire dans un des nombreux pays d’Europe ou d’Amérique du Nord, tant les magasins, les avenues, les hôtels et les restaurants regorgent de décorations qui n’ont rien à envier à celles de leurs homologues occidentaux. Paradoxes garantit ! Ainsi, cocasses ces sapins de Noël qui, à la devanture des magasins, voisinent avec des áo dài bien d’ici. Surprenantes ces guirlandes chatoyantes qui s’enroulent à côté des lanternes chinoises rouges et or. Curieux cet immense sapin de blanc vêtu qui trône au milieu d’une place et dont la lumière éclipse les flamboyants bien ternes en cette saison…

        C’est Noël, et ça se voit ! Même les génies locaux ont du souci à se faire, dont les effigies collées sur les vitrines doivent céder la place au déferlement de rennes tirant des Pères Noël hilares, juchés sur des traîneaux volants. D’ailleurs, sous le dais scintillant des illuminations qui couvrent les grandes rues, des Pères Noël, il y en a des centaines, des milliers. Non, que le Vietnam pratique le clonage, mais tout simplement parce qu’il n’y a pas un coin de rue où l’on ne propose aux jeunes et aux moins jeunes des bonnets rouges de lutins, bordés de coton blanc. Dès lors, c’est une ribambelle de têtes « embonnetées » qui déambulent dans les rues, donnant à Hô Chi Minh-Ville et Hanoi un air de kermesse d’école…

        Et bien sûr, ma progéniture n’échappe pas à la frénésie ambiante. Ce soir, je ne risque pas de me faire remarquer, en me promenant avec un des nombreux Pères Noël miniatures à mon bras. Car, le comble, c’est que le temps s’est aussi mis à faire la fête ! Habituellement, il fait plutôt frais à Hanoi en cette période, et on ne s’attarde pas trop à flâner dans les rues le soir venu. Cette année, la douceur est au rendez-vous et, la nuit tombée, les rues hanoïennes sont autant fréquentées que pour la Fête de la mi-automne…

        Au pied du sapin !

        Mais la fête de Noël, ce n’est pas seulement à l’extérieur. Le Génie du Foyer doit aussi faire place au bonhomme barbu. Sans doute, un petit peu plus dans mon foyer d’expatrié que dans celui de mon voisin hanoïen depuis 20 générations, mais à y regarder de plus près il y a quand même un petit air de fête dans la plupart des maisons : ici ce sont quelques guirlandes qui scintillent dans un salon, là quelques flocons de neige artificielle collés aux vitres, plus loin un petit sapin vert agite ses boules multicolores…

        À propos de sapin, une précision importante : le sapin domestique est essentiellement artificiel. Seuls quelques rares sapins s’imposant sur des places publiques peuvent se permettre de perdre leurs aiguilles. Ne voyez pas dans cette ségrégation une quelconque préoccupation pratique du Vietnamien, qui évite la corvée du balayage d’aiguilles après les fêtes. L’explication est plus prosaïque : la sapin morvandiau n’existe pas ici, sauf du côté de la station climatique de Dà Lat (province de Lâm Dông, hauts plateaux du Centre), mais ce sont alors de gigantesques arbres qui auraient peine à entrer dans les maisons.
        Ici, les cadeaux se posent au pied du PVC ! Et justement, en parlant de cadeaux, le commerce ne perd pas son droit et les publicités rivalisent de séduction pour ouvrir le coffre à jouets. Véritables joueuses de flûtes, elles attirent à elles les envies enfantines dans l’espoir que dans un élan d’amour démesuré, les porte-monnaie parentaux s’ouvriront à la hauteur des bénéfices escomptés. Déjà que par habitude, j’évite la rue des jouets dans le vieux quartier, ce n’est pas demain que je vais aller y baguenauder, surtout avec ma fille ! Il me faudrait choisir entre le risque d’une amende pour cause de surcharge motocycliste ou le risque de passer pour un père indigne devant les larmes de ma fille qui se verrait refuser LE jouet qu’elle désire absolument et qui s’ajouterait à la longue liste qu’elle m’a déjà remise en main propre depuis plusieurs semaines.
        Cependant, la pire des épreuves de Noël reste à venir, et je la redoute tellement que j’en perds l’appétit, état inquiétant à quelques heures du réveillon : cette année encore, je dois « faire le Père Noël » pour les enfants du quartier ! Et de nouveau, alors qu’en Europe, venu de son lointain pays des glaces, le Père Noël sur un traîneau volant tiré par ses rennes magiques distribue aux enfants sages les cadeaux mérités, ici-bas, dans une ruelle d’un quartier de Hanoi, un Père Noël sur une moto conduite par un voisin hilare va faire le tour d’une quinzaine de maisons pour distribuer à des enfants vietnamiens, jouets et bonbons qu’ils attendent avec impatience. Comme l’an dernier, je vais risquer la rupture vertébrale à cause d’une hotte trop lourde, l’étouffement sous une barbe de coton et dans des bottes de faux poils, l’étranglement si mon costume se prend dans les rayons de ma roue…, mais on peut croire au miracle et penser que tout cela n’arrivera pas.
        Après tout, c’est Noël, et je vous le souhaite joyeux !

        Gérard BONNAFONT/CVN
        25/12/2011 [/TD]
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      • #145256

        Bonjour Thuong,

        Toujours là pour nous donner à lire des articles sympa sur le pays !

        Les trop rares fois où je suis allée au Vietnam, j’ai toujours fait la constatation que c’était Noêl tous les jours parce que beaucoup d’immeubles, hôtels ou autres, arborent tout au long de l’année des guirlandes scintillantes de lumière sur leurs façades !

        Merci Thuong et… bonne fin d’année avant d’aborder 2012, l’année de la fin du monde dit-on ! Je souhaite que ce soit la fin d’un monde d’égoïsme où les riches s’enrichissent encore plus et où les pauvres s’enfoncent encore plus dans la misère ! Je préfère garder l’espoir d’un monde meilleur pour tous et cela ne peut arriver qu’avec la fin du monde dans lequel nous vivons actuellement !

        Bonne journée à toi et à ceux qui passeront par là !

      • #145260

        Bonjour Buuhoa,

        Personnellement je suis passée par là et j’ai pu apprécier le « bonne journée » que tu as mis pour les amis de passage;soies-en remercié . Tout autant à Thuong pour avoir reproduit le texte de Gérard Bonnafont que je suis tous les dimanches dans le Courrier du Vietnam, dans ces fameuses et désormais « tranches de vie »… un régal et dommage que certains « épisodes » comme celui de l’an dernier à la même époque soit difficilement accessible maintenant!!! j’en pleure encore de rire – d’ailleurs il en évoque à la fin l’état dans lequel il s’était retrouvé après avoir fait le Père Noël pour les petits de sa ngo!!!!!

        Bonne fin d’année à tous les amis virtuels… bonheur, santé, chance, tout ce que vous souhaitez et qu’on est tous en droit d’espérer .. et peut-être la perspective d’un voyage, là-bas, chez nous….

        Cordialement – Tac Kè

      • #145564
        thuong19
        Participant

          le billet de Gérard, dans sa rubrique « tranche de vie du Courrier du Viêtnam à l’occasion du Têt:

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          [TD= »width: 100% »]Tranches de vie : bouquet de vœux02/01/2012
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          Pour ce dernier jour de l’année 2011, le Courrier du Vietnam vous offre un « collector » : le dernier numéro de la version quotidienne… À partir de demain, donc l’année solaire prochaine,il devient hebdomadaire.

          Alors,évidemment en ce moment de vœux, on ne peut que lui souhaiter de voyager longtemps et loin…

          Et à propos de vœux, les Vietnamiens sont gâtés pour ce mois de janvier 2012, car ils vont pouvoir échanger des souhaits de bonne santé, bonheur, amour et mille autres félicités, deux fois dans le même mois : à l’occasion du Têt Tây (le Nouvel An occidental) et en suite à l’occasion du Têt Ta (le Nouvel An vietnamien). Si avec ça l’an à venir n’est pas magnifique, alors à quel saint se vouer?

          En ce qui me concerne, je ne peux que sacrifier à ce charmant rituel qui consiste à souhaiter à son prochain une bonne année prochaine, en reprenant quelques vœux déjà anciens, mais toujours d’actualité…

          Mes vœux pour 2012 !

          Je souhaite toujours que les compagnies aériennes se dotent de logiciels capables d’identifier la morphologie de chaque voyageur, pour qu’on puisse alterner les larges et les minces, les gros et les maigres, les petits et les grands dans les avions ; et que l’on voyage enfin sans être écrasé entre deux piliers de rugby et cesser de recevoir dans les côtes les coups de coude des grands abatis de ses voisins!

          Je souhaite toujours que toutes les jeunes filles et autres femmes accortes, qui me disent que je suis beau, jeune et fort, soient sincères et cessent de considérer que comme étranger, je dois avoir envie d’entendre cela. Ou alors, qu’elles s’équipent de lunettes à double foyer pour me renvoyer une image plus conforme à ce que me montre mon miroir!

          Je souhaite toujours que, après l’obligation du port du casque, on oblige les garde-boue arrière non relevés, ce qui évitera les projections de boue sur mon visage, pas si laid que ça après tout, lorsque je roule derrière une moto par temps de pluie!

          Je souhaite toujours, pour nos vertèbres et les suspensions de nos motos, que disparaissent de nos roues les nids de poules, de buffles ou d’éléphants qui parsèment les routes. Ils n’ont qu’à aller vivre ailleurs ces animaux-là!

          Je souhaite toujours que les bus, camions et autres véhicules à moteur apprennent ce qu’est le pot catalytique pour ne plus m’empoisonner l’atmosphère quand je circule derrière eux!

          Je souhaite toujours cesser de livrer mes articles pour le Courrier du Vietnam à la dernière minute, ce qui évitera un infarctus ou une dépression nerveuse à la journaliste responsable de ma rubrique ! Mais en même temps, je souhaite être accueilli toujours avec autant de sourires quand je passe dans la salle de rédaction en rasant les murs!

          Je souhaite toujours que ma marchande de fruits cesse de me vendre des mandarines amères plus chères que les mandarines sucrées qu’elle vend à ma femme, tout en me faisant goûter la seule mandarine sucrée qu’elle garde dans un coin pour que j’aie l’air totalement ridicule en rentrant chez moi!

          Je souhaite toujours que les personnes qui sont à côté de moi lorsque je fais le plein d’essence, cessent de téléphoner avec leurs portables, surtout s’ils ont des déclarations enflammées à faire!

          Je souhaite toujours qu’il y ait moins de crème sur les gâteaux d’anniversaire : entre mes amis et ma famille, j’en souhaite à peu près 80 par an, et c’est profondément indigeste (la crème, pas les amis)!

          Je souhaite que les Vietnamiens restent toujours aussi imperturbables dans les innombrables « tac duong » (embouteillages) qui envahissent matin et soir les rues de Hanoi. J’admire leur « apparente sérénité », alors qu’en Occident le moindre bouchon transforme inéluctablement les conducteurs en des bêtes fauves éructantes et écumantes, aux yeux injectés de sang!

          Je souhaite toujours que les passagers de bus et de cars cessent de jeter par les fenêtres les restes de leur repas ou les sacs contenant ce que justement leur estomac n’a pas supporté, et qui viennent s’écraser sur la visière de mon casque! C’est à vomir!

          Je souhaite toujours que certains touristes et expatriés, qui s’adressent en français à des Vietnamiens francophones, apprennent qu’il existe, ici aussi, le vous de politesse, et que le tutoiement avec des personnes que l’on ne connaît pas est, ici aussi, une forme d’irrespect!

          Je souhaite toujours que le facteur cesse de jeter mes lettres par-dessus la grille, surtout par temps de pluie, quand les égouts débordent!

          Je souhaite que les enfants et les jeunes passent plus de temps à étudier qu’à aller jouer dans les cybercafés. Ça me permettra de disposer plus souvent et plus rapidement d’un poste Internet lors de mes déplacements.

          Je souhaite que le livreur d’eau minérale, de gaz ou de riz cesse de venir pendant ma sieste de l’après-midi, juste au moment où je m’endors. S’ils savaient alors, combien c’est insupportable de s’entendre dire : « Quelqu’un sonne, est-ce que tu peux descendre mon chéri? »

          Je souhaite que tous les « anh yêu » (chéris) et les « em yêu » (chéries) du Vietnam et d’ailleurs puissent

          s’aimer éternellement, en portant toujours un regard amusé sur les petites vicissitudes de la vie.
          Je souhaite que tous les enfants aient droit au bonheur, à la joie de vivre et au plaisir de jouer.

          Je souhaite à mes petits malades que la science permette de soigner leurs handicaps, afin qu’ils bénéficient d’une vie meilleure pour le bonheur de leurs parents.

          Je souhaite que pour les fêtes du Têt, les prix n’augmentent pas trop, sinon je serai obligé de vendre l’argenterie de mon arrière-grand-mère vietnamienne et je ne pense pas qu’elle apprécierait!

          Je souhaite que les typhons qui assaillent le « quê » (village natal) de ma femme se calment un peu, parce que ça fait trois fois que je dois reconstruire la maison de mes beaux-parents ! Je souhaite surtout que les calamités naturelles qui s’abattent sur le Vietnam, surtout depuis ces dernières années, cessent pour épargner la vie de centaines de personnes et la misère pour des milliers d’autres !

          Je souhaite toujours pouvoir vivre encore longtemps dans ce pays surprenant où la pensée confucéenne flirte avec un romantisme suranné, où la science avance à pas de géant alors que l’on croit toujours aux « ma » (fantômes), où les épreuves des siècles passés ont forgé un mental d’acier et un optimisme à toute épreuve.

          Et enfin, je souhaite vous retrouver en pleine forme pour le premier hebdomadaire du Courrier du Vietnam, en espérant que ces tranches de vie impertinentes vous donneront envie de mieux connaître encore ce pays…

          Gérard BONNAFONT/CVN
          31/12/2011 [/TD]
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          on notera que le quotidien CVN deviendra désormais hebdo. sa « formule « papier « n’avait pas assez d’acheteurs.FV adresse ses meilleurs voeux de réussite au CVN dans sa nouvelle version

        • #145578

          Merci Thuong pour ce billet de Gérard Bonnafont très savoureux !

        • #145585
        • #145586
        • #145587

          Réveillon à HCMV et à Nha Trang

        • #146041
          thuong19
          Participant

            internet , pour apprendre à mieux connaître le monde pour les viêtnamiens de la campagne qui n’ont pas la possibilité de voyager.
            un article de Gérard dans le Courrier du Vietnam

            Intime connexion !

            22/01/2012 10:00
            Grâce ou à cause du génie de l’informatique, notre monde que nos ancêtres croyaient si grand est devenu tout petit. Et le Vietnam lui-même n’échappe pas aux mailles du réseau !
            La campagne, les maisons blotties sous les bambouseraies, les buffles paisibles qui broutent le long des routes, les petits villages aux matins noyés de brume, les rivières paresseuses ou cascades furieuses, les grands aréquiers ou les eucalyptus qui frissonnent… Quel tableau bucolique ! Quel bonheur pour le touriste en mal d’authenticité ou pour le citadin qui aspire à prendre un peu de repos loin du brouhaha des villes ! On a le sentiment qu’ici rien n’a changé depuis des siècles, à l’image des repiqueurs de riz courbés sur les rizières… Quoique, à y regarder de près, on peut s’apercevoir que la modernité prend aussi ses quartiers au quê (campagne) ! Pour se connecter, c’est où ?

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            [TD]Des élèves sur l’île Cô Tô, province de Quang Ninh.
            Photo : CTV/CVN[/TD]
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            Pour arriver dans ce petit bourg de montagne, la route a été longue et éprouvante. Pléonasme quand on parle de la route ici, car au Vietnam, la route est toujours longue… à l’aune des distances occidentales.
            Combien de fois ai-je dû expliquer à mes visiteurs que dans nos contrées, le voyage ne se mesure pas en kilomètres, mais en heures. D’ailleurs, je suis toujours étonné de voir sur le bord des routes des bornes kilométriques, alors que je trouverais plus judicieux de trouver des bornes horaires. En effet, lire «Yên Bái 30 km» et lire «Yên Bái 1 heure» n’ont pas le même effet sur le moral et l’organisme du voyageur ! C’est comme pour un marathon ! Dans le premier cas, on se détend en se disant qu’il ne reste plus que 20 minutes de route, on relâche la tension des muscles dorsaux et on accepte les chocs vertébraux, on se met même à chanter, assuré que cela ne durera plus longtemps, au risque de s’effondrer lamentablement dans le fond de la voiture en hurlant que l’on va se jeter par la fenêtre tellement que notre dos nous fait souffrir. Dans le second cas, on maintient l’effort, on reste concentré, on sait que la course n’est pas gagnée, qu’il faut encore tenir une heure, on économise son souffle, on continue à se cramponner, volonté tendue vers l’arrivée, préservant ainsi son capital lombaire jusqu’au bout. Et quel plaisir que de pouvoir se dégourdir les jambes, quand enfin nous pouvons faire halte à l’étape ! Et c’est ce que je fais dans ce petit village qui aligne ses maisons au bord d’une route caillouteuse. Mais, tandis que mes compagnons de voyage s’installent dans leurs chambres, je demande au tenancier du petit «nhà nghi» (petit hôtel) dans lequel nous posons nos valises si je peux accéder à Internet. Non que j’éprouve une quelconque addiction pour l’écran et le clavier, mais je dois impérativement écrire avant ce soir mon article pour le Courrier du Vietnam ! Et si je devais l’oublier, les messages laissés sur mon téléphone mobile par un membre du secrétariat de rédaction gentiment impitoyable me culpabilisent suffisamment pour que je laisse mes amis profiter des charmes champêtres, tandis que j’use mes yeux et la pulpe de mes doigts devant un ordinateur… Mais ce n’est pas dans mon petit hôtel que je pourrais me livrer à mon exercice hebdomadaire, car ici ni wifi, ni poste informatique. En effet, après une dénégation vigoureuse, l’hôtelier m’indique d’un geste vague le lieu où je pourrais trouver des ordinateurs accueillants. À gauche en sortant de l’hôtel, puis à 100 m à droite… Fort de ces précieuses informations, je pars à la recherche de mon salut ! Discrétion assurée ! Tourner à gauche en sortant de l’hôtel ne me pose pas de problèmes, par contre je m’aperçois vite que les mètres ici sont comme les kilomètres : aléatoires ! En effet, après être passé devant une petite boutique, un vendeur de téléphone, un salon de coiffure, une autre petite boutique, j’arrive bientôt à l’issue de mon hectomètre sans voir poindre le plus petit bout d’ordinateur, ni la plus petite pancarte annonciatrice d’un lieu où puissent se trouver des ordinateurs en libre-service…
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            [TD]Se connecter au monde entier depuis ce petit bout de Vietnam.
            Photo : Trân Lê Lâm/VNA/CVN[/TD]
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            Passant devant quelques personnes occupées à décharger un camion de feuilles de thé en vrac, je m’enquiers de l’objet de ma quête. Ce qui a deux effets : tout le monde s’arrête de travailler pour écouter ce drôle de Tây (Occidental) qui parle vietnamien, et quinze doigts m’indiquent une petite bicoque de l’autre côté de la route. Pour y accéder, je dois franchir une passerelle branlante au-dessus d’un fossé rempli d’eau verdâtre, et avoir suffisamment d’assurance pour faire reculer le chien jaune qui défend son territoire et le bout de la passerelle avec virulence. Comme tout le monde le sait, si le chien a un odorat très développé, il a la vue courte, et sans doute mon odeur n’est-elle pas proportionnelle à ma morphologie, car plus j’approche du gardien canidé, plus il distingue la masse qui lui arrive dessus et plus il opère un repli stratégique accompagné d’aboiements d’excuses…

            Ce remue-ménage fait sortir de la petite maison une jeune femme portant un bébé dans les bras. Je me dis que je me suis sans doute trompé et que je dérange une famille dans son intimité, mais très vite la maman me détrompe en m’invitant à passer sous la porte basse. Là, dans une pénombre où les écrans dispensent une lumière blanchâtre, trois ordinateurs alignés sur une grande table en bois me tendent leur clavier. Dans le coin opposé, un grand lit avec une moustiquaire, à côté d’une petite armoire. Un peu plus loin, un petit réchaud et quelques ustensiles de cuisine…

            Je suis dans le cybercafé local, mais je suis aussi dans la maison d’habitation des propriétaires. Avec un sourire, la jeune femme me fait signe de m’installer devant un écran. Tandis qu’elle déclenche le compteur qui permettra de décompter mon temps de connexion et d’utilisation, je prends place sur une chaise en fer. Pendant une heure, je vais être connecté au monde entier depuis ce petit bout de Vietnam, dans cette humble demeure, où une maman, rassurée par cet Ông Tây qui parle sa langue, vaque à ses occupations domestiques jusqu’à allaiter son enfant. J’ai l’impression d’être écartelé entre deux mondes…

            Après avoir effectué mon pensum, je prends le temps de discuter un peu avec mon hôtesse. Son mari travaille dans les champs de thé, et elle s’occupe de cette activité complémentaire. Les ordinateurs sont achetés d’occasion et la redevance pour les connexions est minime car l’opérateur participe à l’effort d’informatisation des campagnes. Mais, en fait, rares sont les utilisateurs pour des raisons professionnelles ou pour des adresses électroniques. Ceux qui viennent sont surtout des enfants et des jeunes qui surfent sur les jeux en ligne. D’ailleurs, au moment où je prends congé, des adolescents accueillis par un chien frétillant pénètrent dans la maison pour s’éparpiller devant les trois écrans et entamer une longue partie de jeu de combat…

            Dehors, quelques ampoules déchirent un peu la nuit tombante. En me retournant, j’aperçois l’enseigne éclairée de rouge : INTERNET.

            Au même moment dans des milliers de petits villages au Vietnam, d’autres enseignes identiques ouvrent le monde à ceux qui vivent dans ces si charmants petits coins de campagne !

            Gérard BONNAFONT/CVN



          • #146117
            thuong19
            Participant

              à la rencontre des minorités
              avec Gérard

              Découvre-moi !
              25/01/2012 09:44
              Je suis bien loin d’avoir côtoyé toutes les minorités ethniques du Vietnam, mais je ne désespère pas, à sillonner les routes du pays en compagnie de mon complice Tuân, de réussir à rencontrer ces 53 cultures aux habits, coutumes et rites si différents.
              Curiosité touristique…

              Comme tous ceux qui ont posé le pied sur le sol vietnamien pour la première fois, ma rencontre avec une minorité ethnique a lieu au cours d’un circuit touristique qui nous conduit dans un village « typique », où les autocars sont cachés dans un parking dissimulé par de grandes haies de bambou pour ne pas dénaturer l’authenticité du lieu. À peine descendus du véhicule, nous sommes assiégés par une meute d’enfants et de femmes, vêtus des habits traditionnels de leur ethnie, qui nous invitent chez eux pour nous faire partager un moment de leur intimité…

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              [TD]Costumes de fête ou coutumes de fête ? Photo : Gérard/CVN[/TD]
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              Je suis happé par une charmante maman, portant un bébé sur le dos, qui m’entraîne de force vers une maison sur pilotis, où les cochons logés au sous-sol m’accueillent avec des grognements. J’escalade les quelques marches de bois mal équarri pour pénétrer dans la maison au plancher de bambou et au toit de feuilles de latanier. Un foyer aux braises déclinantes, qui laissent échapper des fumerolles blanchâtres, trône au centre de la seule salle d’habitation. À côté, un hamac balance doucement une grand-mère édentée qui somnole. Dans un angle, un rideau à demi ouvert laisse entrevoir une natte déroulée au sol : sans doute une chambre… Un coffre en bois et quelques étagères de bambou semblent être le seul mobilier présent dans la pièce. En hauteur, une claie de bambou et d’osier tissé, fixée par un astucieux système de poulie, permet de mettre à l’abri d’éventuels prédateurs, le linge et les denrées fragiles. Tout respire la calme assurance d’un temps qui se déroule hors du monde extérieur. Et pourtant, cette apparente sérénité masque de terribles épreuves à venir…

              La première consiste à me faire asseoir en tailleur aux côtés d’un père aux muscles saillants et d’un grand-père qui parle français. Ce n’est pas la compagnie agréable des deux hommes de la maisonnée que je redoute, mais la douleur de mes muscles torturés dans une position qui ne m’est pas naturelle, et que mes cuisses, mes fesses, mon dos et mes genoux détestent particulièrement. Je n’ai jamais été un adepte du yoga ni de la méditation transcendantale, et la souplesse n’est pas ma principale qualité ! Le rictus de souffrance, qui accompagne les craquements de mes articulations tentant de se mettre en place pour éviter le ridicule, semble être reçu comme un sourire de bien-être, puisque mes hôtes m’offrent un verre d’alcool de riz en signe de bienvenue…

              Seconde épreuve pour moi qui ne bois pas une seule goutte d’alcool ! Comment ne pas vexer mes hôtes, sans rajouter aux douleurs articulaires des douleurs épigastriques et des effets néfastes sur ma santé et mon équilibre ? Heureusement, je suis accompagné en l’occurrence par un ami qui ne rechigne pas à goûter aux boissons fortes et fermentées. En trinquant généreusement, il attire sur lui l’attention, me permettant de sauver la face…

              Après avoir partagé avec l’aïeul des souvenirs que lui seul avait vécu, s’être extasié devant l’habileté de la maman à manier le métier à tisser permettant de produire les magnifiques tissus ethniques que l’on nous propose à un prix « très raisonnable », après avoir acheté trois sacs, quatre écharpes, une veste, deux porte-monnaie, le tout en lin et coton (je n’étais pas encore marié à une Vietnamienne à l’époque), nous rejoignons le groupe des autres touristes, fiers de faire partie de ceux qui ont découvert une peuplade étrange…, de quoi alimenter les conversations de salon et acquérir une notoriété d’anthropologue dans les dîners en ville !

              Authenticité ethnique…

              Depuis, j’ai eu maintes occasions de rencontrer de nombreuses minorités ethniques, dans des villages perdus au fond des vallées, sur des plateaux battus par les vents, sur les crêtes de montagnes ou le long de routes éloignées…

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              [TD]École pour tous, avec une touche culturelle. Photo: Gérard/CVN[/TD]
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              J’ai partagé l’eau chaude avec des Muong dans leurs maisons de bois sur pilotis, pendant que les buffles s’ébrouaient sous nos pieds. J’ai marché au soir tombant dans des cimetières H’môngs, aux tombes en forme de tumulus avec une petite porte pour que les esprits des morts puissent sortir la nuit (?). Je ne les ai pas vus, mais j’ai vu les grands étendards chamaniques flotter au vent. J’ai écouté dans les maisons communes aux toits immenses les sons des t‘rung, koni et arong des Ba Na.

              J’ai fait fuir des enfants Ma qui n’avaient jamais vu d’étranger, en voulant regarder de plus près les grains de maïs rouge qui séchaient dans la cour. J’ai partagé le repas des Brau, en tentant de faire bonne figure parmi les femmes aux torses nus. Je me suis retrouvé parmi des familles hilares, toutes en tenue d’Adam et Eve, à me baigner comme eux dans un bassin d’eau chaude naturelle, là-bas dans un petit village Tày, à l’abri du tourisme de masse…

              J’ai vu, le long des routes de montagnes, des cohortes d’enfants portant un havresac de cuir ou d’osier tissé, marcher durant des kilomètres pour aller à l’école de la vallée. J’ai rencontré des dizaines de familles fières de me montrer la photo de leur fils ou de leur fille qui « apprend à Hanoi, Huê ou Hô Chi Minh-Ville » pour devenir ingénieur, médecin ou architecte…

              Avec ce sentiment que toutes ces minorités ethniques, avant d’être une vitrine à tourisme, étaient surtout les dépositaires du lien entre nos souvenirs et notre avenir…

              GERARD BONNAFONT/CVN
            • #146119

              Merci Thuong pour ces articles qui sont toujours très agréables à lire !

            • #147778
              thuong19
              Participant

                une nouvelle tranche de vie de notre ami Gérard Bonnafont dans le CVN:
                Au pays, Thé ou Bière, choix si difficile que ça ?…

                Thé beau, tu sais ?

                10/03/2012 19:23

                Les idées reçues ont la vie dure : les Bretons ont tous des chapeaux ronds, les Français se promènent tous avec une baguette de pain sous le bras, et les Vietnamiens boivent tous du thé. Les innombrables bouteilles de bière tombées au champ d’honneur des agapes amicales doivent se retourner dans leurs tombes…
                >>Le thé, tout un art
                >>Développement de la filière thé : la qualité avant tout !

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                Au cours des repas, ce sont plutôt la Bia Hà Nôi (bière de Hanoi) – la 333 – ou d’autres marques à mousse qui ont la préférence des gens d’ici. Ce qui entraîne le plus souvent une contagieuse gaieté bon enfant dans les repas d’affaire ou les dîners entre copains. Et comme le Vietnamien a le cœur sur la main, s’il voit dans la salle de restaurant quelqu’un qui ne manifeste pas cette bonne humeur, il s’empresse de la partager. Ce qui m’a valu de nombreuses embrassades au fumet malté. Et quand je dis « embrassades », le mot est exact : à chaque fois, je suis véritablement enlacé par deux bras aussi importuns qu’amicaux, ce qui n’est pas sans me troubler quand je suis absorbé par le contenu d’un bat bien rempli…

                Cœur de thés…

                Mais ceci ne veut pas dire que le thé est absent du quotidien vietnamien. Il a même régulièrement droit de cité, selon des statuts différents…

                Il y a d’abord le thé populaire, qui a son heure de gloire à la fin des repas. Patient, il attend longtemps dans la bouteille hermétique ou la théière empaquetée dans un douillet nid de coton et d’osier. Là, dans son récipient gardé bien au chaud, il infuse tout en diffusant son arôme à une eau qui se teinte d’un vert pâle, couleur de ce thé justement prisé par le commun. Quand le dernier rot de bière expire, de minuscules tasses en céramique se remplissent d’un liquide tiède au goût tantôt amer, tantôt astringent que l’on flûte ou que l’on sirote, selon ! Parfois, un claquement bref de la langue sur le palais approuve la qualité de ce breuvage qui accompagne souvent la bouffée brûlante de la pipe à eau. Ce thé-là, nous en avons tous chez nous, petites feuilles séchées, enroulées dans les affres de la dessiccation, et entassées dans des pots à thé de collection ou de grandes surfaces.

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                Il y a aussi le thé aristocratique que l’on déguste dans des salons en ville, dans de grandes occasions ou dans les goûters entre copines. Ce thé-là, il se la joue coquette. Parfumé au jasmin, au lotus, au gingembre, ou à toute autre plante aromatique, il a la fierté de sa condition. Pour lui, on sort le service, où des tasses décorées font la ronde autour de théières ventrues à la robe coordonnée. On le sert, ce qui est déjà un simulacre de rituel, en levant haut le bec de la théière pour que les quatre éléments se conjuguent en harmonie : l’air, l’eau, le feu et la terre. Je dois avouer que lorsque c’est à mon tour de m’exercer à cette figure de style, je rajoute un 5e élément : la serpillière… pour nettoyer tout ce que je mets à côté de la tasse.

                [IMG]http://202.6.96.81/uploaded/2012/3/9/9320122743183.JPG[/IMG]

                Il existe enfin le thé artistique. Celui-ci est aux deux autres ce qu’est un ténor d’opéra pour un enroué chronique. On touche là, des sphères célestes… D’abord, il n’est consommé (pas bu !) qu’au cours de cérémonies… du thé ! Et là, c’est du sérieux : chaque geste est mûrement réfléchi, chaque seconde d’infusion est scrupuleusement comptée, la façon de verser, de prendre la tasse. Tout est codé en un ballet des sens qui conjugue fluidité et sérénité…

                Fleur de thé…

                Si, au Vietnam, on ne boit pas que du thé, le thé, lui, sait se faire boire ! Le thé, j’ai fait sa connaissance lors d’un voyage dans les montagnes du Nord. J’avais bien vu en photo ses longues allées plantées d’arbustes à petites feuilles, mais quand je me suis retrouvé au milieu d’un champ de thé qui ondulait à perte de vue au flanc de collines, je me suis senti ému par ce bonsaï courageux qui accepte de se faire raser les pousses régulièrement pour satisfaire la gourmandise humaine. Elles m’auraient presque fait de la peine, ces petites feuilles vertes tendres qui, à peine déployées au soleil du Vietnam, allaient finir dans la touffeur moite d’un sac en toile…

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                En me promenant dans ces rangées disciplinées, j’ai découvert la fleur de thé aux blancs pétales fragiles et au cœur jaune citron. J’ignorais, béotien que j’étais, que le thé pouvait fleurir, et j’ignorais tout de la suavité de son parfum alors. J’ai appris à manier cette énorme tondeuse qui remplace peu à peu la serpette des anciens cueilleurs de thé. Le thé, je l’ai entassé, ensaché, empaqueté, enfourché, mélangé, étalé…, et plus je lui ai fait subir les derniers outrages, plus j’ai appris à le respecter. Au point, un jour, d’avoir voulu fabriquer du thé au lotus de façon traditionnelle ! J’ai failli passer pour fou, mettre le feu à la maison, et être déconsidéré à jamais par mon épouse…

                Mais ça, c’est une autre histoire que vous avez pu lire dans une tranche de vie bien antérieure. Si vous n’avez pas lu, passez chez moi, je vous raconterai, autour d’une tasse de thé !
                GERARD BONNAFONT/CVN

              • #147781

                Bonjour Thuong,

                Les articles de Gérard BONNAFONT sont aussi savoureux qu’une tasse de bon thé… du Vietnam, bien sûr ! J’en redemande ! :)

              • #147783

                Bonjour thuong19,
                Merci pour ces articles divertissants de Gérard Bonnafont. Je serai plutôt pour le thé qui est ma boisson quotidienne dont les senteurs variées vous transportent à chaque instant.
                Bonne continuation.
                H.L:bye:

              • #147928
                thuong19
                Participant

                  réflexion d’un expat devant l’invasion des supermarchés au Vietnam. disparition des marchés traditionnels?…. pas si sûr.
                  Les supermarchés leaders au Vietnam sont Saigon Coop, Maxi Max, Big C, Metro Cash and Carry et prochainement création au Vietnam d’un réseau de supermarchés « ‘Hiway Supercenter ».

                  Marché hier, Super aujourd’hui !
                  17/03/2012 14:56
                  Un petit marché traditionnel, un gros trou, des grues et des piliers de béton, un beau supermarché… Et voilà, le Vietnam est entré de plain-pied dans le 21e siècle et l’univers de la grande distribution…

                  Pour beaucoup d’étrangers, le Vietnam est encore un pays où la population vient s’approvisionner au petit marché du quartier ou du village. Lieux de rencontres, fleurant bon les odeurs de légumes fraîchement coupés et d’épices mystérieuses aux noms imprononçables, où l’on peut trouver tout ce qui est nécessaire à la vie quotidienne, du vêtement de travail au balai en paille de riz, ces petits marchés sont une invitation à l’étonnement permanent.

                  Reine des marchés

                  Le Vietnam sans marchés (cho) ne serait pas le Vietnam ! Pas un seul village, pas un seul quartier qui n’ait son «cho».

                  Véritable plaisir des sens, le marché est, depuis des siècles, le coeur de la vie sociale. On y va pour acheter, mais aussi pour se rencontrer, pour y boire ou y manger, s’y promener et faire des affaires…

                  Au marché règnent les «bà» – les vendeuses – qui trônent derrière leurs éventaires, prêtresses d’un culte païen aussi vieux que les communautés villageoises : celui du franc-parler. N’est pas «bà» qui veut !

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                  En effet, une «bà» se caractérise par des qualités particulières. Tout d’abord, il faut en avoir le physique : la «bà» doit être plantureuse ! Elle doit avoir des formes qui témoignent de nombreux allaitements réussis, justifiant ainsi qu’elle «connaît» la vie, et que l’on ne peut pas lui en conter. Ensuite, elle doit avoir de la repartie et ne pas être à court d’idée pour toujours avoir le dernier mot. En outre, elle doit disposer d’un registre vocal puissant qui lui permette d’élever la voix à la limite du supportable pour l’outrecuidant qui aura osé la défier. Enfin, elle ne doit pas avoir froid aux yeux et ne craindre ni dieu, ni maître. Et surtout, elle doit parfaitement maîtriser un vocabulaire à faire rougir de honte un honorable dictionnaire. Si l’on possède ces qualités, on peut alors prétendre à être «bà» dans un «cho». Il suffit dès lors de régner sans partage sur un étal de fruits, légumes, viandes ou autres objets dignes d’être vendus dans un marché, et de se mettre en position d’attente, une activité aussi importante que la vente.

                  Et tout observateur attentif découvre très vite qu’il y a deux sortes d’attente : l’attente active et l’attente passive. L’attente active consiste principalement à ranger, arranger, re-ranger, déranger sa marchandise, véritable opération de merchandising pour offrir en permanence une image d’abondance et de qualité. Pendant l’attente passive, la «bà» consacre son temps à compter et recompter d’impressionnantes liasses de billets. Occupation destinée, si besoin, à montrer que l’on a affaire à quelqu’un qui a de la surface financière, donc quelqu’un de sérieux. Car on ne rigole pas quand on est une «bà» ! On est ici pour vendre, et pour vendre du beau et du bon !

                  Royal supermarché !

                  Mais depuis quelques années, les «bà» cèdent la place aux «nhân viên thu ngân» des supermarchés. C’est toujours une femme-tronc qui nous accueille, seulement cette fois-ci ce qui nous sépare d’elle ce n’est plus une pyramide de fruits ou un monceau de tissus, mais la bande en caoutchouc d’un tapis roulant. Le claquement du tiroir-caisse et le cliquetis de la machine enregistreuse remplace le marmonnement de celle qui comptait ses billets. Le sac plastique estampillé aux armes du supermarché avale nos marchandises à une vitesse phénoménale, jetant aux oubliettes du passé le temps que l’on prenait à discuter de la pluie et du beau temps avec la «bà», tandis que l’on glissait tranquillement nos achats dans notre panier…

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                  Mais, point trop de nostalgie cependant, car le Vietnamien est une personne admirable qui adapte son environnement autant qu’il s’y adapte. Ainsi, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire dans ces lignes, le supermarché devient, comme le marché d’autrefois, un lieu de rencontre et de promenade où l’on musarde entre les allées plus par curiosité que par nécessité.

                  Le supermarché reste un lieu où la plupart circulent bras ballants d’une allée à l’autre, un peu comme dans un palais des merveilles. On tripote, on sort l’objet de l’emballage (quand celui-ci n’est pas trop sophistiqué), on dérange le bel ordonnancement voulu par le marchandisage. Les enfants peuvent laisser libre cours à leur soif de tout voir. Là on joue à ouvrir et fermer les portes des frigos, plus loin on s’intéresse au fonctionnement d’un autocuiseur, ailleurs on fouille dans des monceaux d’habits judicieusement disposés en tête gondole. Au rayon frais, on regarde ces drôles de fromages qu’avalent si régulièrement les Occidentaux… Bref, on apprivoise le supermarché, sans doute pour éviter qu’il ne nous dévore…

                  Je vous quitte car je dois accompagner ma femme au nouveau supermarché du coin. Il y a des promotions est-il écrit sur le prospectus glissé dans notre boîte à lettre… C’est les «bà» qui font mauvaise mine !!!

                  GERARD BONNAFONT/CVN

                • #148044

                  «Cà phê den, xin moi !». Un petit mot de la langue de Molière dans un langage tonal monosyllabique, qui nous fait un clin d’oeil francophone. Mais il n’est pas le seul signe, tant s’en faut, qui nous indique que la culture française a encore des lettres de noblesse de ce côté-ci du monde…

                  Quand on se retrouve dans un pays étranger et qu’il faut soudain décrypter des sons nouveaux pour former des mots inconnus de nos oreilles, il est tellement rassurant de nous attacher à ces quelques termes, transfuges de notre langue maternelle. Comme si nous retrouvions de vieux amis ! Même revêtus des sons «sac» (accent aigu), «huyên» (accent grave) et autres, ils sont reconnaissables et quelle gourmandise quand nous pouvons les utiliser…, même si parfois l’exercice relève de l’acrobatie linguistique !

                  Paroles, paroles…

                  Je veux installer une antenne parabolique sur mon balcon pour regarder la télévision ? Facile : «Tôi muôn có môt ang-ten parabôn trên ban-công dê xem tivi».

                  Et pour sortir en ville, j’ai besoin de nouveaux habits. L’élégance française me permet de demander à mon tailleur de me confectionner sur mesure «áo so mi» (chemise), «áo gi-lê» (gilet), «mang-tô» (manteau), «áo vét-tông» (veston)… Avec tout ça, aucun problème pour voyager, que ce soit en «xe buýt» (bus) ou en «ô-tô» (auto), aucun risque de tomber en panne… Et bien évidemment, pas question de rester le ventre vide : «actisô» (artichaut), «bo» (beurre), «cà-rôt» (carotte), «sô-cô-la» (chocolat), «pho mát» (fromage), «giam-bông» (jambon)…, mourir de faim serait une faute de goût ! Et pour finir une soirée au «xi-nê» (ciné) suivie d’un verre d’«apxanh» (absinthe), juste pour avoir besoin d’une «atpirin» (aspirine) le lendemain !!!

                  Voilà, vous avez le viatique minimal pour pouvoir vivre au Vietnam en parlant français !!! Mais pour le Français que je suis, il y a bien d’autres signes qui montrent que la France et le Vietnam ont en commun beaucoup de secrets partagés… et qui me rendent la vie tellement plus facile.

                  Ainsi, quel bonheur de voir sur le bord des routes ces petites bornes rouges et blanches, à la bonne tête de nougat de Montélimar, qui scandent les kilomètres comme le font leurs cousines du Cantal profond ! Je dis bien les kilomètres du système métrique, aux chiffres bien ronds, et qui se divisent facilement par 100 ou par 10. Heureusement, nous échappons aux miles que seuls ceux qui sont habitués à manipuler les yards, les foot et les inches peuvent comprendre sans utiliser la machine à calculer ! Et la température, quel bonheur que le Celsius soit ici à l’honneur ! Déjà que 38°Celsius en été, c’est chaud, imaginez si les thermomètres affichaient 100,4… À bouillir sous la casquette !
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                  Le français est en fête le 4 mars à Hô Chi Minh-Ville. Photo : Quang Châu/CVN

                  Quelle langue ?

                  Au risque de passer pour chauvin, je dois dire que cette culture de la Francophonie, j’essaie de la maintenir à mon petit niveau, en refusant de parler d’autres langues que le français ou le vietnamien quand je suis dans ce pays. Cela ne va pas de soi, et la première prise de contact est souvent surprenante…

                  Mon accent vietnamien étant loin d’être irréprochable, et mon interlocuteur vietnamien, s’attendant à ce que je m’adresse à lui en anglais, a tout d’abord quelques difficultés à comprendre ce que je dis. Ses yeux écarquillés et son rictus d’incompréhension me donnent l’impression d’être un patagon exilé chez les papous. Pas vexé, je répète ma phrase d’introduction en essayant d’articuler et d’intoner le mieux possible. Si ce second essai reste inefficace, je précise à mon vis-à-vis ébahi : «Anh nói tiêng Viêt !» (Je parle vietnamien !). Et là, en général, un sourire apparaît sur son visage, et en écho je reçois un «Oh ! Anh nói tiêng Viêt !»… Ben oui, ça fait deux minutes que j’essaie de le dire ! Et bien sûr, je ne manque jamais, quand un Vietnamien m’adresse la parole en anglais, de lui demander de me parler en vietnamien, arguant du fait qu’ici nous sommes au Vietnam et qu’au Vietnam on doit parler vietnamien, comme en France on doit parler français. Ma maîtrise de la langue de Shakespeare, je la réserve pour les touristes anglophones, perdus dans les rues de Hanoi, ou qui n’ont pas le bonheur d’avoir les mots «œuf au plat» (trung ôp-la) dans leur vocabulaire !

                  Pour terminer, je dois dire que je bois aussi du petit lait, quand mes interlocuteurs vietnamiens apprennent que je suis Français. À chaque fois, j’ai droit aux mêmes remarques : le français, la langue de l’amour et de la poésie ! Et si l’exquise politesse vietnamienne en rajoute un peu dans le compliment, je dois avouer que cette image de ma langue natale titille agréablement mon amour-propre, et sans doute aussi celui de mes compatriotes…, même si la réputation est peut-être un peu surfaite !

                  Voilà, je vous ai dit franco de ce que je pense de la Francophonie au Vietnam !

                  GERARD BONNAFONT/CV

                • #148045

                  @mekong 145284 wrote:

                  Et pour sortir en ville, j’ai besoin de nouveaux habits. L’élégance française me permet de demander à mon tailleur de me confectionner sur mesure «áo so mi» (chemise), «áo gi-lê» (gilet), «mang-tô» (manteau), «áo vét-tông» (veston)… Avec tout ça, aucun problème pour voyager, que ce soit en «xe buýt» (bus) ou en «ô-tô» (auto), aucun risque de tomber en panne… Et bien évidemment, pas question de rester le ventre vide : «actisô» (artichaut), «bo» (beurre), «cà-rôt» (carotte), «sô-cô-la» (chocolat), «pho mát» (fromage), «giam-bông» (jambon)…, mourir de faim serait une faute de goût ! Et pour finir une soirée au «xi-nê» (ciné) suivie d’un verre d’«apxanh» (absinthe), juste pour avoir besoin d’une «atpirin» (aspirine) le lendemain !!!

                  Il faudrait aussi rajouter : phang (frein), xe xích lô (cyclo), ghế phô tơi (fauteuil)…

                • #148046

                  Bonjour Mekong,

                  J’ai lu ce matin avec délices cette « tranche de vie » qui m’a rappelé de bons souvenirs.. – Avez-vous rapporté cet extrait de G. Bonnafont, ou êtes-vous en personne l’initiateur de ce joli passage sur les difficultés et facilités de la langue franco-vietnamienne ? – Quoi qu’il en soit, merci de m’avoir fait replonger dans la vie d’Hanoi que je ne puis fréquenter qu’à temps partiel. – Apprenez-nous encore un peu, de temps à ‘autre, la meilleure manière de profiter de cette belle ville et de sa vie trépidante… en français, en vietnamien ou en ..franco-vietnamien!!! :-))

                  Bonne journée – cordialement – Tac Kè

                • #148048

                  kính lúp = la loupe

                • #148054

                  gác măng rê = garde manger

                • #148060

                  @ Tac Kè

                  Je ne suis pas l’initiateur de cette tranche de vie, je n’ai fait que la la rapporter pour la faire partager

                  bon week end

                • #148061

                  Ah ! La jeunesse ! Indulgence, nostalgie, envie… Autant de sentiments que l’on peut éprouver à voir s’agiter tous ceux à qui l’on n’accorde pas encore le statut d’adulte. Et s’il existe un pays où la jeunesse nous frappe de plein fouet, c’est bien le Vietnam !

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                  «Mais qu’est-ce qu’il y a comme jeunes ici !». Exclamation redondante de nombreux amis européens plus habitués à croiser dans leurs rues des dos courbés par le poids du passé que des bustes hauts et droits vers l’avenir. Pour moi qui vis au Vietnam depuis plusieurs années, cette jeunesse qui vibrionne autour de moi me ravit en permanence. Bouffée d’oxygène et d’espérance, mais aussi source d’amusement à voir garçons et filles réinventer le monde comme nous le fîmes à leur âge !

                  Rires d’enfants

                  La porte s’ouvre en coup de vent. Des rires fusent. Des bouilles aux yeux pétillants apparaissent dans l’ouverture. Ma fille, à peine rentrée de l’école avec ses amies, vient saluer son papa. Allons, il va falloir cesser ces activités d’adulte que l’on dit sérieuses pour se consacrer à ces activités d’enfants que l’on dit ludiques…

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                  Pendant une heure ou deux, je vais devoir imiter le cri de tous les animaux de la création, y compris la carpe, servir de monture à quatre et deux pattes, me coller de la pâte à modeler sur tous les doigts et dessiner des milliers de papillons à colorier pour la joie d’une troupe d’enfants dont l’âge additionné n’atteint même pas le mien !!! Et si, par malheur, je décide de sortir la pâte à crêpes, c’est alors du délire qui s’empare d’une dizaine de ventres avides de gourmandise. Aussitôt, les petits vont chercher les «chi gái» (grandes sœurs), les plus grands arrachent leur «em gái» (petite sœur) ou «em trai» (petit frère) des bras de leurs mamans, et, selon le principe des vases communicants, alors que l’école est vide, ma maison déborde de vie et de hurlements de plaisir…

                  La jeunesse, ça commence comme ça au Vietnam : par tous ces enfants qui jouent les uns chez les autres, courent dans la rue ou dans les chemins, se regroupent en joyeuses grappes de farceurs ou s’étirent le long des routes de campagne à l’heure de la sortie… Pas un village, pas un quartier où ils ne transforment en terrain de jeu tout l’espace disponible, et, alors qu’ailleurs on leur réserve une part congrue, ici c’est plutôt l’adulte qui doit leur céder la place !

                  Il n’est que de voir les soirées d’été où des envahisseurs, trottant comme des cabris, poussant balles et ballons, ou pédalant comme des fous, viennent prendre leur quartier sur la place Ba Đình, tissant un lien entre hier et demain. Dans ces moments-là, les adultes, vigies attentives, paraissent déplacés dans cette marée puérile qui déferle en vagues de cris et de rires au pied du vénérable mausolée. Comme dans tout pays, la jeunesse, c’est la force qui donne de l’élan pour l’avenir, et il faut compter avec elle…

                  Paroles d’ados

                  Ils se donnent un air de faux-durs, sous des colorations capillaires improbables. Déambulant par petits groupes avec une nonchalance étudiée, ou blottis les uns contre les autres pour s’échanger des confidences inconnues des adultes, ils sont comme tous les ados du monde : fiers et fragiles. Ceux que je connais me saluent d’un vigoureux «Chào chú» quand je passe vers eux. Si je m’arrête pour m’enquérir de leurs occupations, ils échangent des regards entre eux, se sourient avant de me sourire, et leur porte-parole m’accorde la réponse que je dois avoir, approuvée par des hochements de tête ou des petits rires. Je leur souhaite une bonne journée et leurs rires flottent longtemps derrière moi, comme pour me livrer un peu de leur jeunesse…

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                  Je les rencontre aussi en longs cortèges aux uniformes de lycéens ou de collégiens. En théories, de vélos ils se faufilent entre les voitures, frôlant les pare-chocs, se rattrapant de justesse entre deux bavardages avec leurs voisins. Sans doute devenu trop Vietnamien, je ne m’étonne plus de voir deux sur le même vélo : l’un tenant le guidon, l’autre assis derrière et pédalant ! Pour eux, le mot «ensemble» n’est pas juste du vocabulaire !!!

                  Et puis, il a ceux que je croise aux carrefours des villes. Habillés de bleu, foulard rouge au cou, à l’âge de tous les plaisirs, ils montrent leur engagement civique en réglant la circulation lorsque les feux de signalisation sont défaillants, ou aident les enfants à traverser la rue à la sortie des écoles. Ils ont ce regard sérieux de ceux conscients de l’importance de la tâche qui leur est confiée. Ce même regard qui pétillera des milles feux de la joie de vivre, quand, leur mission achevée, ils se retrouveront pour manger une crème glacée avec les copains…

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                  Qu’ils foncent sur leurs motos, qu’ils flânent au long des rues, qu’ils s’envoient lestement volant de badminton ou ballon de volley, qu’ils s’extasient devant les magasins de téléphonie ou de wifi, les ados sont comme une mer sans cesse en mouvement. Solidaires et indépendants, hâbleurs et timides, téméraires et prudents, ils donnent à ce pays cet air de jeunesse qui étonne tellement les visiteurs…

                  Et même, si comme le dit le proverbe vietnamien : «Le passé ouvre les voies de l’avenir», l’avenir a encore de beaux jours au Vietnam avec toute cette jeunesse !

                  Gérard BONNAFONT

                • #148075

                  Oui,cette jeunesse me stupéfait,Bientôt un bon bain de jouvence!!

                • #148078

                  L’image des jeunes en chemise bleu, que j’aime beaucoup, est déjà devenu un des symboles du Vietnam car maintenant on peut le voir partout. Mais je ne sais pas si cette chemise bleu vietnamienne est inspirée de celle de la jeunesse communiste de l’ex-RDA ou non. Enfin, parait-il que, dans sa jeunesse, Madame Merkel l’a aussi portée.

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                  Jeunes volontaires vietnamiens

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                  Jeunesses communistes allemandes

                  – « Ostalgie » Ancienne championne de patinage artistique et figure de proue du régime est-allemand à la fin des années 80,Katarina Witt a fait scandale en apparaissant récemment, dans une émission de télévision, vêtue de la chemise bleue des Jeunesses communistes de l’ex-RDA.

                  Source : ICI

                  Oui, peut-être un scandale pour ceux qui préfèrent les jeunesses hitlériennes !

                • #148083

                  @Bao Nhân 145290 wrote:

                  kính lúp = la loupe

                  cua = cours

                • #148077

                  @Bao Nhân 145335 wrote:

                  cua = cours

                  @Bao Nhân 145290 wrote:

                  kính lúp = la loupe

                  cà phê = café

                • #148450
                  thuong19
                  Participant

                    ce matin, titiller ses papilles…

                    Pour tous les goûts
                    16/04/2012 15:21
                    L’une des plus sympathiques découvertes culturelles que l’on puisse faire d’un pays en est sa gastronomie. D’autant plus pour un enfant de la Patrie de Brillat-Savarin ! Et aujourd’hui, alors que les beaux jours s’installent progressivement, je vous invite à saliver avec moi…!
                    >>Le pho coloré, c’est encore meilleur !
                    >>Le sandwich vietnamien a gagné ses galons

                    Qu’on se le dise, la véritable gastronomie vietnamienne n’a rien à voir avec les pâles imitations adaptées aux palais occidentaux que l’on peut trouver dans les nombreux restaurants asiatiques qui ont fleuri dans les rues européennes depuis quelques décennies. Comme le vert changeant des rizières, la gastronomie vietnamienne est faite de mille subtilités qui conjuguent l’art des contraires et des ressemblances, le paradoxe du sucré et du salé, du chaud et du froid, de l’amer et du douceâtre…

                    Mais la modeste page sur laquelle je couche ma chronique hebdomadaire ne me permet pas de vous décrire en détail tout ce qui peut faire les délices d’un gourmet ou les joies d’un gourmand du côté de la Mer Orientale. Contentons-nous d’aiguiser notre appétit par quelques amuse-gueules !

                    Seigneur des plats [TABLE= »align: center »]
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                    [TD]Fondue vietnamienne. Photo : CT V/CVN
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                    À tout seigneur, tout honneur. Ou plutôt, place à la reine de la convivialité et de la quintessence des goûts et des couleurs : la «lâu» !

                    La «lâu», ou fondue vietnamienne, comme ses consoeurs savoyarde, bourguignonne ou chinoise, n’échappe pas à son destin : être l’occasion d’un joyeux repas entre amis ! La fondue, ça ne bouillonne pas seulement dans le caquelon. Ça pétille aussi dans le plaisir convivial, ça éclate de rires gargantuesques, ça a l’éructation collective, la fondue…

                    Elle prend place dans de grands caquelons de métal, remplis d’un bouillon chaud, recouverts d’un couvercle, et disposés sur des réchauds ! Sur leurs larges bords, morceaux d’ananas, tranches de caramboles, cubes de tofu et quartiers de tomates attendent d’être jetés en sacrifice dans le liquide bouillonnant que l’on devine frémissant. Autour d’eux, de larges plateaux garnis en abondance de viande, fruits de mer et poissons ; d’immenses assiettes supportant des jonchées de feuilles de courges, liserons d’eau et autres légumes odorants ; des plats remplis de nouilles brunes et sèches. Les narines sont happées par des odeurs d’épices et d’herbes aromatiques que l’on pensait réservées au domaine des dieux !

                    On cuit d’abord les fruits de mer, mollusques et poissons, puis ensuite la viande. Attention pour les gourmands impatients ou pour les ventres affamés : il faudra attendre pour les plateaux de légumes verts et les nouilles !

                    Dans un premier temps, après quelques minutes, l’officiant soulève le couvercle et pêche à l’aide d’une petite passoire les aliments cuits, puis les dispose sur les bords larges du caquelon pour que chacun puisse s’y servir avec ses baguettes. Et tout cela dans une cordiale convivialité : les bras se frôlent, les mains se touchent, les plus près du caquelon servent les plus éloignés, les vapeurs subtiles des aromates et la chaleur des réchauds enveloppent les convives d’une douce intimité…

                    On déguste chaque morceau, en manifestant bruyamment pour le goût et la cuisson parfaite. Entre deux bouchées, les verres se lèvent, se heurtent. Les yeux pétillent, les joues s’enflamment, les mots se bousculent en de joyeuses plaisanteries…

                    Déjà les caquelons avides, véritables molochs culinaires, avalent les plateaux de feuilles et légumes qui, une fois ébouillantés, sont prestement ressortis pour conserver le plaisir de craquer sous les dents, en emportant avec eux les délicates senteurs du bouillon parfumé…

                    Les paroles se font plus fortes, les baguettes s’agitent plus vite, les «bát» (bols) se remplissent et se vident…, les verres aussi d’ailleurs, ce qui rend sans doute plus vitreux ou plus canailles certains regards !

                    Enfin, les nouilles sèches, dernières victimes de cette orgie gastronomique, plongent à leur tour dans le bain bouillonnant pour se transformer en de délicates friandises baignées par le goût de tout ce qui les a déjà précédées.
                    [TABLE= »align: center »]
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                    [TD]Des bún, des pho, en veux-tu, en voilà ! Photo : Gérard/CVN[/TD]
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                    Des plats de roi !

                    Mais la table vietnamienne nous offre bien d’autres mets pour satisfaire notre curiosité gustative…

                    Voici en cortège défiler les fameuses soupes, chères au Nord : les «pho»… Au poulet, au bœuf, aux boulettes…, elles transpercent de leurs effluves les matins naissants, réchauffant les corps encore alanguis. Elles annoncent fièrement tous ces autres plats aux succulences multiples : le «chả cá» – ce filet de poisson frit au curcuma sur un lit d’aneth -, ou le «bún chả» – petite grillade de porc brûlante accompagnée de vermicelle de riz froid -, ou encore le «cá kho tô» – poisson grillé et cuit au caramel avec des morceaux de lard, du piment et de la cannelle. Rien que d’y penser, mes papilles gustatives frémissent de plaisir…

                    Et puis, voici aussi toute la cohorte des «bún» (vermicelle de riz) et des «bánh» : le «bún bò Huê» (soupe de nouille au bœuf, spécialité de Huê) du Centre, le «bún bò cari» (vermicelle de riz au bœuf au curry) du Sud, le «bánh cuôn», le «bánh xèo»… et tous ceux que j’oublie ! Soupes, ou petits pâtés, ils font la part belle aux pâtes de riz, en lamelle, en feuille, en rouleau, texture tendre et fondante en bouche, qui explose en feu d’artifice de saveurs à chaque bouchée… Et puis je ne peux pas vous quitter sans faire une place à un plat bien modeste mais qui m’accompagne dans toutes mes longues escapades en motos ou à pied à travers le Vietnam. Empaqueté ou mis en rouleau dans de larges feuilles de bananiers, nature ou à la momordique, la cardamome, au cari, noir ou vert, il rassasie en quelques bouchées : c’est le riz gluant ou «xôi» ! J’adore en détacher avec les doigts, un morceau que je trempe dans un bol de cacahuètes pilées ou de lamelles de porc séché, et le porter en bouche comme une friandise que l’on mâchonne lentement, à la fois tendre et croustillante. Dégusté à l’ombre d’une bambouseraie, au sommet d’un col qui surplombe une vallée sauvage, on se dit que ce plat de paysan est aussi un plat de roi !
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                  • #148495

                    Bonjour à vous,
                    Cela date un peu mais encore une tranche de vie à lire .. Les photos ont disparu malheureusement..
                    Bonne lecture.
                    H.L:bye:
                    Thuở cơ hàn của ‘vua’ bánh mì Sài Gòn

                    VnExpress – Thứ Hai, 30/8

                    Doanh nhân Kao Siêu Lực được giới buôn bánh tươi tôn làm « vua », song ít ai biết rằng ông từng nhiều lần tay trắng, kinh qua đủ nghề phu kéo xe, bán gạo và giao bột mì ở Sài Gòn.

                    Với giới doanh nhân người Việt gốc Hoa tại TP HCM, câu chuyện 26 năm theo nghề, tôn nghiệp của một người « siêu năng lực » như ông Kao dường như nhuốm màu huyền bí. Gọi là vua bánh, bởi lẽ, nếu có dịp ghé phòng làm việc của ông, không ít người choáng ngợp trước hàng chục bằng khen, cúp, huy chương quốc gia, quốc tế về nghề bánh treo dày đặc trên tường.
                    Cô thư ký của ông tiết lộ, đó là chưa kể còn rất nhiều bằng khen cũ phải cất đi vì không đủ chỗ. Gần đây nhất, năm 2007, ông trở thành thành viên của Hiệp hội bánh mì quốc tế, đại diện Việt Nam tham gia cuộc thi làm bánh mì quốc tế tại Hong Kong và giành 2 huy chương bạc cho sản phẩm bánh mì và bánh kem các loại. Hiện, ông là Chủ tịch Hiệp hội bánh mì châu Á. Doanh nghiệp của ông, ABC Bakery còn là nhà cung ứng vỏ bánh cho các thương hiệu nổi tiếng như KFC, Lotteria, Jolibee và chinh phục được thị trường khó tính là Nhật Bản

                    Doanh nhân Kao Siêu Lực trong một góc phòng làm việc treo đầy bằng khen, huy chương. Ảnh: Vũ Lê.

                    Thế nhưng, dù gặt hái được nhiều thành tích, mấy ai thấu hiểu rằng chặng đường ông đi cũng không ít nhọc nhằn và đầy chông gai. Xuất thân trong gia đình gốc Hoa tại Campuchia, Kao Siêu Lực được cha cho học nghề cơ khí theo đúng nguyện vọng. Khi đất nước Angkor nổ ra chiến tranh, ông ba lần bốn lượt trở thành kẻ trắng tay dù cật lực làm việc. Loay hoay tìm chốn bình yên để an cư, Kao Siêu Lực đưa ra quyết định xoay chuyển tình thế, chọn Việt Nam làm quê hương lập nghiệp từ năm 1979.
                    Hồi tưởng lại những ngày đầu đến Việt Nam, ông Lực chia sẻ với VnExpress.net: « Lúc đó tôi tuyệt vọng vì không biết tiếng Việt, không họ hàng thân thích và không vốn liếng. Dạt về khu Chợ Lớn, tôi ngủ lề đường, làm phu xe để kiếm cơm qua ngày « .
                    Ông Kao kể lại, việc kéo xe thời đó đối với ông cũng là bài toán khó. Ông phải tranh thủ thời gian những phu xe khác nghỉ ngơi để mượn xe hành nghề, ai kêu đâu thì chạy tới đó, giao tiếp bằng tay là chính. Khách cho bao nhiều tiền cũng được, ông không biết mặc cả. Được một thời gian, đã quen đường sá và biết giao tiếp bằng tiếng Việt, ông chuyển sang nghề bán gạo. Đến khi thế giới viện trợ bột mì cho Việt Nam, người dân thi nhau đổi bột mì lấy gạo, ông chính thức sắm vai mới: thu gom và giao bột mì.
                    « Bị « đì » nhiều năm nhưng cuối cùng trời thương, phú cho tôi có đôi bàn tay biết cảm nhận bột mì chính xác đến từng ly. Chỉ cần sờ vào, tôi đã biết bột loại gì, tốt hay xấu, cũ hay mới. Tôi bắt đầu thấy ánh sáng cuối đường hầm từ lúc ấy », ông bồi hồi nhớ lại chuyện hơn 20 năm về trước

                    Ông Kao bên mẻ bánh mới thí nghiệm xong. Ảnh: CL. .

                    Giao bột mì một thời gian, ông có dịp làm quen với giới làm bánh mì, bánh tươi và nảy ra ý định mở lò bánh năm 1982. Thuê thợ về làm, ông cần mẫn, say mê học nghề trong vai trò vừa là ông chủ vừa là người thợ phụ việc, vừa phải chở bánh đi bán dạo khắp nơi, bỏ mối bánh thì chỉ được thu tiền sau. Phải thức dậy từ 2-3h sáng để chuẩn bị nguyên liệu, phụ gia cho thợ chính, cộng thêm việc giao bánh quá vất vả, một hôm ông ngủ quên vì mệt mỏi, kiệt sức. « Thợ đến thấy tôi không chuẩn bị gì thì mắng như té tát rồi quát tháo dọa nghỉ việc. Làm chủ mà bị coi thường, từ đó, tôi quyết tâm học nghề làm bánh cho bằng được để không ai khinh mình », ông Kao nói.
                    Năm 1983 lập gia đình, ông Kao cùng vợ dốc sức theo nghề bánh. Với lòng ham học hỏi, cầu thị, lại am tường về nguyên liệu làm bánh, cộng thêm có sẵn nghề cơ khí trong tay, ông nghiên cứu, chế được máy đánh trứng, tạo ra nhiều khuôn bánh hoàn hảo và liên tục cho ra đời các loại bánh mới. Từ việc phải đi bán dạo, tìm kiếm khách hàng, cuối cùng « thượng đế » đã biết đến cửa hàng bánh của ông. Các nhà phân phối kéo đến xếp hàng lấy bánh, đơn đặt hàng ngày một nhiều. Năm 1989 thương hiệu Đức Phát ra đời trong niềm hân hoan, kỳ vọng của ông và gia đình. Thế nhưng, trong khi việc phát triển thị phần ngày một lớn mạnh, được khách hàng trong nước và bạn bè trong khu vực ủng hộ thì gia đình ông đứng trước bờ vực đổ vỡ. Năm 2005, ông và vợ ly hôn, vụ tranh chấp thương hiệu đình đám trị giá một triệu USD giữa hai vợ chồng kéo dài đến năm 2007 thì kết thúc. Lúc này ông chính thức chia tay thương hiệu mình từng đổ bao tâm huyết gầy dựng.

                    Ông Kao cùng các học trò và thợ bánh nghiên cứu cách làm bánh trong phòng thí nghiệm tại xưởng ABC Bakery. Ảnh: CL.

                    « Tôi vẫn còn 10 cửa hàng bánh sau khi ly hôn nhưng khi kéo bảng hiệu Đức Phát xuống, tôi cảm thấy tinh thần sụp đổ. Không phải vì sợ mình không gầy dựng được thương hiệu mới, chỉ vì không nỡ dứt bỏ đứa con tinh thần mình mang nặng đẻ đau, nuôi dưỡng bấy lâu », ông Kao ngậm ngùi nhắc chuyện cũ.
                    Từng suy sụp đến độ sức khỏe tuột dốc nhưng vốn là người « siêu lực », ông Kao nhanh chóng tạo dựng thương hiệu mới ABC Bakery viết tắt của chữ Asia Bakery and Confectionery (Doanh nghiệp tư nhân bánh kẹo Á châu) vào tháng 5/2007. Ông hạnh phúc tiết lộ thêm, ABC cũng là tên tiếng Anh viết tắt của các con: Anglela (con gái thứ Kao Huy Minh); Bruch (con trai út Kao Hớn Phong) và Christine (con gái cả Kao Huy Phương). Rồi dường như vẫn muốn chia sẻ thêm niềm hạnh phúc ấy, ông cười hào sảng nói tiếp: « Logo của ABC với hình một cậu bé mặc bộ quần áo thợ làm bánh chính là hình ảnh con trai út của tôi lúc nhỏ. Cháu học làm bánh từ năm 10 tuổi và hiện theo học ngành này tại Singapore ».
                    3 năm qua, ông mở thêm 15 cửa hàng bánh tại Việt Nam, 2 cửa hàng bánh tại Campuchia, trong năm 2010 dự kiến sẽ có thêm 6 cửa hàng được mở với thương hiệu này. Mùa bánh trung thu năm nay, ông còn dốc tâm huyết cùng cộng sự tự chế tạo hệ thống máy làm bánh trung thu thay vì nhập khẩu để tiết kiệm chi phí sản xuất. Không ngừng tìm tòi sáng tạo, ông còn dành tặng cho « thượng đế » của mình một loại bánh độc đáo mang tên: Công Chúa Đen làm từ chocolate và phô mai trong quý II.
                    Khi được hỏi bí quyết thành công, ông Kao cười hồn hậu bật mí: « Chất lượng và chữ tâm, chỉ cần có hai thứ đó, bạn sẽ chinh phục được tất cả ». Ông tâm niệm thợ vui thì ông vui, thợ gặp khó khăn thì ông xoắn tay áo cùng làm để giải quyết công việc. Dù là ông chủ nhưng ông không xa cách với nhân viên, vừa là thầy dạy cho thợ của mình, lại vừa là người bạn cùng làm việc với họ. Chính vì vậy, dù thương hiệu thay đổi nhưng ông vẫn được những học trò và bè bạn thợ thầy trung thành cùng góp sức với ông cho đến ngày hôm nay.
                    Tại vòng loại cuộc thi Cúp bánh mì thế giới diễn ra ở TP HCM trung tuần tháng 8, người đàn ông ngoại ngũ tuần yêu bánh như hơi thở, đầy nhiệt huyết với nghề, luôn dõi theo từng bước học trò trên trường thi. Khi hay tin thợ của mình đạt giải, ông vỗ tay reo hò thể hiện niềm vui như đứa trẻ. « Chúng tôi sẽ dốc sức thi trong vòng tiếp theo, tôi vẫn luôn kỳ vọng bánh mì Việt Nam được thế giới biết đến ngày càng nhiều », ông nói.
                    Vũ Lê
                    http://vn.news.yahoo.com/vne/20100830/tbs-thuo-co-han-cua-vua-banh-mi-sai-gon-2cb0122.html

                  • #149853
                    thuong19
                    Participant

                      aujourd’hui, journaliste Gérard nous fait partager le moment du repas d’une cellule familiale de Hanoï, la sienne; le moment du repas n’est qu’un prétexte pour nous éclairer sur le quotidien de la vie de nombreuses familles Viêtnamiennes.
                      pour ceux qui avaient imaginé vivre isolé avec sa future femme vietnamienne au pays, vous êtes avertis,c’est souvent comme ça dans les familles vietnamiennes.
                      merci Gérard pour ce précieux témoignage.

                      S’il existe un moment important dans la vie familiale, c’est bien le moment du repas, quand toute la famille se trouve réunie autour de la table. Temps de partage où la proximité conviviale renforce les liens du sang. Mais si vous pensiez que le repas familial au Vietnam est un long fleuve tranquille, permettez-moi de vous détromper !
                      >>Les vertus du repas familial
                      >>Des bibliothèques familiales pour donner l’habitude de lire

                      «Anh oi, xuông an đi !» (Descends manger !). Cette injonction conjugale récurrente me parvient chaque jour à l’heure du repas, et comporte plusieurs informations que je m’empresse de vous dévoiler. La première, et elle est d’importance, c’est que dans une maison vietnamienne, la cuisine se trouve presque toujours au rez-de-chaussée, par conséquent ouverte à toutes les intrusions possibles… La seconde, c’est que l’impératif de la formule «đi» ne tolère aucun délai à l’exécution de l’ordre… La troisième, c’est que si je ne respecte pas la seconde, la machine familiale se met en marche d’une façon inexorable, selon le fruit d’une expérience millénaire !!!

                      Solitude inspirée !

                      Imaginons que vous soyez ancré devant votre ordinateur pour écrire cette satanée tranche de vie que vous devez livrer dans les délais à votre journaliste préférée mais intransigeante. Imaginons que votre inspiration se soit brusquement éveillée dans cette période d’hypoglycémie préprandiale propice à l’apéro plutôt qu’aux mots. Imaginons enfin que vous profitiez de cet état de grâce pour taper fébrilement sur votre clavier, afin de noircir cette page désespérément vide. Alors que vous atteignez des sommets dignes du Pulitzer, voire du Nobel, votre envolée scripturale est brutalement interrompue par un ordre qui ne souffre aucune contestation. Maudissant Bacchus qui vous éloigne de Calliope, vous tentez de tergiverser en faisant la sourde oreille. Piètre esquive qui ne trompe pas la maîtresse de maison, laquelle use alors d’un stratagème déloyal… Une petite ombre se profile derrière la vitre dépolie de la porte de mon bureau. Une menotte frappe contre cette vitre, signal auquel je suis contraint de répondre par un «Vào đi !» (Entre !) bredouillé. Ma fille est là, me tirant par la manche : «Bô xuông an đi !» (Papa, viens manger !). Comment résister à cette imploration filiale ? Ne pas rejoindre la famille réunie pour le repas, c’est la faire patienter devant des mets appétissants que les estomacs affamés la poussent à engloutir, mais que le respect des us et coutumes la contraint à ne dévorer que du regard ! Ne pouvant assumer cette culpabilité, je me livre mains liées et rejoins les miens pour ce grand moment de vie familiale !
                      [TABLE= »align: center »]
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                      [TD]Et maintenant… à table ! Photo : Gérard/CVN[/TD]
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                      Trop, c’est trop !

                      Selon la saison, je rejoins la table ou la natte ! Petite explication…

                      En hiver, dans nos contrées du Nord, il fait froid, voire même très froid dans les maisons. D’où le réflexe classique en pareil cas : se regrouper autour des bouches de chaleur. Et s’il existe bien un endroit chaud et chaleureux, c’est la cuisine où les plats qui mijotent, le cuiseur à riz qui bouillonne, et parfois le four qui grésille, conjuguent leurs vapeurs pour réchauffer l’atmosphère. On s’installe alors, serrés l’un contre l’autre, autour de la table.

                      En été, au contraire, il fait chaud, voire très chaud chez nous ! Il est donc naturel de rechercher les endroits frais pour se remplir l’estomac. Or, quoi de plus frais que le carrelage de la salle à vivre, sous le grand ventilateur du plafond dont les pales aspirent l’air chaud et chassent les moustiques. On étale alors une natte sur le sol, sur laquelle chacun s’assied pour partager le repas. Mais, natte ou table, le rituel est immuable…

                      À peine suis-je assis que je suis le premier servi ! Et bien servi ! Dans le même temps, je tombe dans un piège dont il est impossible de me dépêtrer. Soit je fais la grimace dès les premières bouchées, et alors on s’empresse de connaître la raison de ce dégoût affiché pour me préparer un autre plat encore plus copieux ; soit je finasse et picore dans l’assiette, on s’inquiète alors de ma santé sans doute précaire, et j’ai droit, outre une sollicitude de bon aloi, à quelques aliments plus roboratifs que l’on m’incite fortement à ingurgiter ; soit je vide mon bat en quatre coups de baguettes à riz, et j’ai droit à un remplissage en règle du récipient qui ne saurait rester en l’état puisque le mien d’état laisse augurer d’une belle vitalité ! Quoi que j’éprouve, je suis là pour manger, donc, je dois manger !

                      Encore plus !
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                      [TD]Photo : CTV/CVN[/TD]
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                      L’exercice pour moi est d’autant plus périlleux que je suis l’objet d’une prévenance familiale à la vietnamienne. C’est-à-dire que ma famille ne se résume pas à ma seule épouse et à ma fille… Ici, la famille c’est tout ce qui vit sous le même toit ! Et, à l’heure où je vous écris, vivent sous mon toit, outre les personnes ci-dessus évoquées, la sœur de mon épouse qui fait ses études à Hanoi, le frère de celle-ci qui a fini ses études secondaires et rentre à l’université, un autre frère des précédents qui vient de trouver du travail à Hanoi, la petite sœur de tout ce monde qui a terminé l’année scolaire, la meilleure amie de ma femme dont le mari vient de partir travailler à l’étranger, son bébé nouveau-né, la sœur aînée de celle-ci et tante de ce dernier qui vient passer quelques semaines par ici… La liste est pour le moment exhaustive, mais ne présume pas de qui peut venir s’installer dans les jours prochains ! Ce n’est pas une famille avec qui je partage mes repas : c’est une tribu ! Et, une tribu, ça papote, ça rit, ça remplit les «bát» du voisin, ça s’occupe du chef de tribu…

                      Mais le summum est atteint quand, à l’heure de déguster les juteux pamplemousses ou les délicieux ananas, rapportés d’une lointaine escapade dans les montagnes, la tribu du voisin, alertée par un sixième sens, pousse la grille de la cour pour s’inviter aux agapes familiales. Ce n’est plus une tribu, c’est une ruche qui babille, pouffe, sirote, mâchonne et rote de satisfaction, avant de s’allonger en désordre sur des nattes en bambou pour une sieste réparatrice.

                      C’est l’heure pour moi d’enjamber ma famille et de retourner à mon clavier, jusqu’au prochain «Anh oi, xuông an đi !».

                      Gérard BONNAFONT/CVN
                    • #149857

                      Sur la natte, le repas familial…
                      Son souvenir me fait saliver !
                      Dông Phong

                      mars06vn0008.jpg

                      Uploaded with ImageShack.us

                    • #149863

                      @thuong19 147589 wrote:

                      pour ceux qui avaient imaginé vivre isolé avec sa future femme vietnamienne au pays, vous êtes avertis,c’est souvent comme ça dans les familles vietnamiennes.
                      merci Gérard pour ce précieux témoignage.

                      Tout seul a Vung Tau
                      dsc00311ik.jpg

                      Avec des miens cousins de passage a Sai Gon
                      lau02dt3.jpg

                    • #149865

                      Pour ceux qui comptent aller vivre là-bas, il faut aussi qu’ils aiment respirer les poussières et gaz provenant des activités humaines.

                    • #150175

                      A défaut du soleil, une lecture qui remet en forme :wink2:

                      Mais pourquoi les Vietnamiens sont-ils aussi dynamiques ? Après moultes interrogations à ce sujet, je crois avoir trouvé le secret de leur «bonne forme»… Suivez le guide !

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                      La pharmacie vietnamienne est le temple de la vitamine de A à Z.
                      Photo : Phuong Vy/VNA/CVN

                      Aujourd’hui je me sens un peu patraque! Changement de temps ? Trop de travail ? Le dynamisme n’est pas au rendez-vous. Je me hisse sur la terrasse pour mon exercice quotidien de rameur, mais, malgré les encouragements de ma fille à califourchon sur mon ventre, ce n’est pas aujourd’hui que je pourrais concourir pour une compétition d’aviron. Le «pho» matinal a beau être appétissant, je l’engloutis sans appétit. L’implosion énergétique me guette, il est temps de réagir ! Heureusement, je vis au Vietnam, pays vitaminé s’il en est !

                      Survitaminés !

                      Au Vietnam, les pharmacies sont presque aussi nombreuses que les réparateurs de moto, ce qui n’est pas peu dire ! Celle dans laquelle je me rends est semblable à ses multiples sœurs disséminées dans les rues de la ville : modeste boutique de quelques mètres carrés, étalages vitrés qui alignent des boîtes de médicaments, visage souriant de la personne qui vous reçoit. Je compare souvent cette simplicité avec les officines de nos pays occidentaux, aux vitrines élégantes et qui se donnent l’air de parfumeries de luxe, mais dont le sourire est trop souvent absent. On entre rarement dans une pharmacie par plaisir, alors autant y être accueilli avec chaleur, ce qui contribue à redonner le moral, premier pas vers la guérison !

                      Outre le sourire, la pharmacie vietnamienne est aussi le temple de la vitamine de A à Z. En rangs serrés, sur plusieurs niveaux, des boîtes de toutes les couleurs constituent un véritable mur dédié au regain d’énergie et de vitalité ! Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les causes de fatigues. Elles promettent de faire de vous un surhomme ou une super-femme, capable de toutes les prouesses physiques et mentales. Une baisse de forme? Pas de problème, quatre pilules par jour de cette petite boîte rouge, et vous pourrez concourir aux Jeux Olympiques ! Votre mémoire vous joue des tours, jusqu’à vous faire oublier votre nom ? Aucun souci, deux pilules matin et soir de cette boîte verte, et vous pourrez vous souvenir du temps qu’il faisait le jour de votre naissance ! Des pannes fréquentes sur le chemin du plaisir ? Pas grave, cinq pilules avant et dix après de cette petite boîte rose, et les voisins n’auront plus qu’à se boucher les oreilles s’ils veulent dormir la nuit !

                      Ginseng, gingembre, zinc, fer, iode, magnésium, calcium…, rien qu’à lire le contenu des boîtes, vous êtes déjà multivitaminé, votre tension monte, votre cœur s’emballe, vos muscles se dénouent, votre cerveau explose d’énergie ! Vous n’êtes plus dans une pharmacie, vous êtes sur le pas de tir d’une fusée qui vous envoie dans un univers de force et de puissance ! Si dans cette opulence, vous ne trouvez pas vitamine à votre fatigue, alors partez à la recherche d’un tout autre genre de commerce : celui des potions magiques qui se nichent dans les boutiques d’apothicaires…

                      Survoltés
                      464713720121313281.jpg
                      Pour commencer la journée du bon pied, faites du sport ! Photo : CTV/CVN

                      Dans ces échoppes qui ont gardé le charme suranné des années 1900, les murs sont couverts en hauteur d’étagères supportant des bocaux aux magnifiques étiquettes étamées. Chaque bocal contient des poudres et onguents, dont la composition est un secret qui se transmet de génération en génération. Les bas des murs sont garnis de meubles à tiroirs, dont chacun recèle des feuilles séchées de plantes médicinales. En fonction des douleurs ou des difficultés dont vous souffrez, le maître des lieux, en véritable alchimiste, vous concocte un mystérieux mélange de poudre, onguent, feuilles pilées, huiles essentielles… qui, employé en cataplasme, inhalé en vaporisation, avalé en bouillon, ou appliqué en massage, vous redonnera la vigueur de vos
                      20 ans pour le siècle à venir !

                      Mais, si là encore vous estimez que les secrets de la médecine traditionnelle ne suffisent pas à vous rendre la puissance, la fermeté et la fougue dont vous êtes en quête, le Vietnam offre encore une solution : le massage. Je ne vous parle pas ici des massages pour piètres séducteurs à la virilité en berne, qui recherchent à bas prix de biens tristes satisfactions ! Je vous parle du vrai massage tonique et revitalisant, qui vous remet les articulations en état de marche, vous draine le système lymphatique de façon énergique, vous assouplit la masse musculaire à grands coups du tranchant de la main, et vous stimule les centres nerveux jusqu’aux plus infimes connections. Inutile de crier grâce et de susurrer que peut-être les frictions pourraient être plus légères ! Les os doivent craquer, les muscles doivent tressauter, les ligaments doivent se délier ! Vous êtes là pour être remis en forme, donc votre bourreau ira jusqu’au bout, même si c’est une masseuse d’1m50 et de 40 kg! À la fin de la séance, il faudra certainement le temps de boire un bon thé chaud, parfumé au lotus ou au jasmin. Mais quel bonheur de ressentir s’épanouir en soi une onde d’énergie qui donne le sentiment d’avoir un corps neuf !

                      Ajoutez à ce cocktail survitaminé, un exercice quotidien de la culture physique, que ce soit à potron-minet en long cortège de marcheurs rapides, ou à la vesprée quand les corps se sculptent au rythme de mouvements venus du fond des âges, et vous comprendrez pourquoi la plupart des gens que je côtoie ici affichent une insolente bonne santé à faire crever d’envie les alchimistes qui cherchent encore l’élixir de longue vie ! J’ai le souvenir d’une halte dans une petite ville de la moyenne région, réputée pour ses pierres précieuses. Avachis à une table de bistrot au bord d’un petit lac, un ami et moi étanchions notre soif à grandes lampées de breuvage glacé. Pendant que nous nous exercions à assouplir notre sangle abdominale, des jeunes, à peine sortis de l’usine ou de l’atelier, exerçaient leurs muscles dans une salle de sport improvisée sur le trottoir, où les haltères étaient de ciment et de sable. Ce soir-là, j’ai eu mauvaise conscience…!

                      À propos, avez-vous remarqué que à un «i» près, l’anagramme de «Vietnam» est «vitam(i)ne»? Décidément, il n’y a pas de hasard !

                      Gérard BONNAFONT/CVN

                    • #150192

                      @mekong 147938 wrote:

                      A défaut du soleil, une lecture qui remet en forme :wink2:

                      Mais pourquoi les Vietnamiens sont-ils aussi dynamiques ? Après moultes interrogations à ce sujet, je crois avoir trouvé le secret de leur «bonne forme»… Suivez le guide !

                      464713720121520530.jpg
                      La pharmacie vietnamienne est le temple de la vitamine de A à Z.
                      Photo : Phuong Vy/VNA/CVN

                      Aujourd’hui je me sens un peu patraque! (notaDD: Hier 14juilet c tai la fête) (***) Décidément, il n’y a pas de hasard !

                      Gérard BONNAFONT/CVN

                      J’ai un copain qui a la meilleur pharmacie de Hanoi, il a 5 pharma-chienes et un gardien sur le parking (même genre que la foto, mais en mieux)
                      J’aime bien lui cogner dessus même s’il est largement plus fort que moi.
                      Il s’énerve, il me jette contre le mur
                      Je suis une langue de vipère, je fais des blagues toxic
                      Jai souvent des cocar et l’oeuil au beurre noir
                      Une année, mon pote part en vacances en Thaïlande voir une finale de foot.
                      Je lui dit, : – tu es partit importer des médicaments de trithérapie
                      vlan, je m’en suis prie une !
                      Le blog de Jojo

                      Tics nerveux

                      C’est un gars qui est affublé d’un tic très marqué : il cligne des yeux tout le temps. Ce gars est justement en train de postuler pour une place de commercial, et en ce moment, il passe son entretien d’embauche. L’employeur lui dit :

                      – C’est incroyable. Vous êtes diplômé des meilleures écoles de commerce, vos recommandations sont excellentes, et votre expérience est sans commune mesure par rapport à celle des autres candidats… Normalement, je vous embaucherais sans réfléchir… Pourtant, je pense qu’un commercial affublé d’un tic comme le vôtre aurait tendance à perdre des clients en leur faisant peur. Je suis désolé, mais je ne peux pas vous embaucher.

                      Le gars répond :

                      – Attendez, mon tic disparaît si je prends deux aspirines. Je vous assure !
                      – Vraiment ? Je ne demande qu’à vous croire. Montrez-moi !

                      Alors le gars fourre les mains dans ses poches et commence à en sortir toutes sortes de préservatifs, des rouges, des bleus, des fluorescents, des parfumés…. et finalement, il sort une boite d’aspirine. Il l’ouvre, prend deux comprimés, les avale, et hop, les clignements d’yeux cessent peu à peu. Le patron est assez surpris :

                      – Eh bien, vous avez dit vrai. Cependant, je suis le patron d’une compagnie respectable, et je n’ai pas l’intention d’employer quelqu’un qui court les filles parmi tout le pays !
                      – Courir les filles ? Que voulez-vous dire ? Je suis marié et très heureux en ménage !
                      – Alors comment expliquez-vous tous ces préservatifs ?
                      – Ah ça ?! Vous êtes déjà entrés dans une pharmacie, en clignant des yeux, et en demandant de l’aspirine ?

                    • #151140
                      thuong19
                      Participant

                        les petits boulots qui vous facilitent la vie. Ce qui est relaté ici par notre ami Gérard est exactement ce que j’ai vécu à Dalat après une crevaison.

                        uncoupdemain.jpg

                        Si on déplore souvent que la société moderne remplace progressivement l’homme par la machine, au Vietnam, les petits boulots ont encore le vent en poupe. Comme le disait ma grand-mère, il n’ y a pas de sots métiers. Et croyez-moi, toutes ces «petites mains», ça simplifie grandement la vie ! Allez, je vous emmène à leur rencontre…

                        Jamais en panne…

                        Votre jauge à essence manifeste des signes de grande détresse ? L’angoisse vous étreint car vous savez que la prochaine station se trouve à l’autre bout de cette très, très longue avenue de plusieurs kilomètres ? Vous vous voyez déjà poussant votre moto sous la chaleur redoutable d’un après-midi d’été ? Pas de panique ! Regardez attentivement sur les bords de trottoirs. Quelques centaines de mètres, et vous avez de fortes chances de découvrir une drôle de bouteille en plastique, contenant un liquide de couleur rouge ou verte. Non, ce n’est pas un cocktail vitaminé destiné à vous faire accomplir quelque prouesse sportive. C’est bel et bien une promesse de carburant pour votre moto assoiffée.
                        D’ailleurs, à peine arrêté à côté de cet opportun récipient, vous voyez surgir de l’ombre d’un arbre ou du couloir d’une maison l’heureux concessionnaire de la bouteille, qui vous propose illico de vous vendre généreusement deux litres ou plus de carburant. Si vous acceptez, contraint par la hantise de la panne sèche, vous le verrez retourner sur ses pas pour aller chercher, d’on ne sait trop où, un petit bidon dont il videra le contenu dans votre réservoir.
                        Combien de fois ai-je dû mon salut à ces nombreux petits postes à essence nomades qui émaillent les trottoirs des villes ? Surtout qu’ils continuent à veiller de l’aube à tard dans la nuit sur les insouciants qui oublient qu’une moto ça carbure… au carburant ! Attention cependant : ce petit boulot nécessite de bien séparer l’action de remplir le réservoir et celle de fumer une cigarette ! Sinon, gare à la disparition définitive du petit boulot en question, et accessoirement du concessionnaire et du client !

                        Jamais sans air !

                        Votre pneu de vélo est dégonflé et frise la hernie éclatée ? Les maillons de votre chaîne ont des velléités d’indépendance ? Pas d’inquiétude ! Regardez, là au bord du trottoir, une pompe à main, vestige de La Belle Époque, vous annonce que vous trouverez réponse à vos problèmes. Son propriétaire sera heureux de prendre en main votre vélo récalcitrant pour lui redonner de l’air et du maillon. Il suffit de s’installer confortablement sur un petit siège à proximité, en dégustant un «trà đá» (thé glacé) ou «trà nóng» (thé chaud) selon la saison, et d’observer l’artiste au travail…
                        Deux démonte-pneus, une bassine, un peu d’eau, et le diagnostic est posé : trou dans la chambre à air. Une rustine, un peu de colle, et le trou est bouché. Un clou, un marteau, une pince coupante, et le maillon récalcitrant se solidarise à nouveau du groupe. Vous n’avez pas fini de boire votre «trà» que déjà votre vélo vous attend, prêt à repartir avec vous pour de nouvelles aventures.
                        Je suis toujours émerveillé de voir, avec quelle maestria et si peu de moyens, ces hommes et femmes installés sur un bout de trottoir parvenir à accomplir toutes sortes de réparations en si peu de temps. En France, il faudrait apporter le vélo chez le réparateur de cycles, quitte à traverser la ville avec le vélo sur le dos et le laisser en réparation un jour ou deux dans le meilleur des cas. Ou le faire soi-même !
                        En ce qui me concerne, je trouve plutôt agréable le fait de ne pas avoir à se soucier de toujours transporter chambre à air et matériel de réparation, au cas où… En outre, je ne suis pas certain que la réparation par mes propres moyens serait aussi rapide et aussi sûre !

                        Jamais en peine…

                        Il existe bien d’autres petits boulots utiles sur les trottoirs des grandes villes…
                        Tenez, ici, au croisement des rues de la vieille ville, se tient le scieur de planches. Reconnaissable à sa scie à bois, il attend, imperturbable, assis sur ses talons, celui ou celle qui aura besoin de raccourcir une étagère, des pieds de chaise, ou autres objets en bois.
                        Et là, voici le cireur de chaussures. Armé de son chiffon et de son cirage, il cire et fait briller chaussures et escarpins, du dessus à la semelle !
                        Et plus loin, alignés le long d’un mur ou blottis à l’ombre des arbres, les coiffeurs ont suspendu leurs miroirs, installé leurs sièges et rasoir à la main, attendent le client qui viendra se faire «rafraîchir» en profitant des derniers potins du moment.

                        Et puis, il y a aussi les vendeuses de fruits qui exposent leurs paniers garnis de fruits de saisons. En ce moment, c’est la période des ananas, et il faut voir comme elles épluchent en les sculptant de petits ananas juteux qui fondent sous les dents. Et si vous résistez, il faudra prendre garde à ne pas succomber à cette autre vendeuse qui vous attire avec des brochettes de porc épicé dont l’arôme titille les estomacs gourmands…

                        Les petits boulots, ce sont encore ces personnes qui circulent à pied ou en vélo dans les ruelles en proposant des soupes chaudes, du pain, ou encore de récupérer le carton, les boîtes de conserve vides. Moi qui avais toujours considéré que l’apposition sur un contenant de la formule «emballage jetable» consistait justement à jeter négligemment l’emballage en question parmi les autres détritus, j’ai été remis dans le droit chemin quand, après plusieurs récriminations offensées de ma femme, j’ai appris à empiler papiers et cartons dans une boîte de même nature, à conserver canettes d’aluminium et morceaux de plastiques dans un bac approprié. Et tout ça pour que chaque semaine, lorsque sur son vélo apparaît cette dame au «nón» (chapeau conique) fatigué, mon épouse puisse lui vendre pour quelques centaines de dôngs ce que la société de consommation nous vend pour quelques milliers de dôngs.

                        Merci à ces petits boulots par la dignité et le travail qu’ils donnent à des personnes qui, sans eux, seraient dans la plus grande détresse, autant que pour les services qu’ils nous rendent !
                        Gérard BONNAFONT

                      • #152009

                        Aujourd’hui, sur LE COURRIER DU VIETNAM, dans Espace francophone, un vidéo-reportage racontant le quotidien de Gérard Bonnafont, l’auteur qui écrit les billets « Tranche de vie » publiés périodiquement dans ce journal francophone. Franchement, j’ai été un peu surpris, car Gérard Bonnafont n’est pas du tout un mec d’une trentaine d’années qu’on pourrait imaginer en le jugeant d’après son style d’écriture (souvent avec beaucoup d’humour).

                      • #152150
                        thuong19
                        Participant

                          cette fois c’est un billet en l’honneur de la femmeviêtnamienne

                          Mes respects, madame !

                          Mesdames, ça va être votre fête ! Les roses en frissonnent de plaisir et les hommes ont souligné en rouge cette journée pour mettre chapeau bas en votre honneur. Acceptez compliments et reconnaissance pour ce vous êtes et la lumière que vous apportez dans nos vies !

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                          [TD]Photo : VNA/CVN[/TD]
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                          Les femmes vietnamiennes ont bien de la chance. Quand nous, pauvres hommes, n’avons aucun jour de fête dans l’année, elles ont trois journées pour entendre des éloges et être l’objet de toutes les attentions : le 14 Février, le 8 Mars et le 20 Octobre. Comme s’il fallait régulièrement rappeler que, à part une brève participation masculine, sans elles nous ne serions pas là…

                          Alors, aujourd’hui, moi aussi, je participe à ce concert de louanges. Permettez-moi, cependant, de garder pour mon intimité les mots d’amour, et de ne me laisser aller avec vous qu’aux cris d’admiration ! Et justement, s’il est une chose qui est admirable chez la femme vietnamienne, c’est sa façon de tenir les finances domestiques d’une main de fer dans un gant de velours !

                          Femme de tête !

                          Il existe, ici, des règles que tout bon mari doit connaître et respecter impérativement sous peine que ce soit la femme qui lui fasse sa fête !

                          • Toujours de mon mari je connaîtrai les salaires, émoluments et autres revenus

                          «Combien as-tu gagné ? Combien on va te payer ?». Si cette question est toujours formulée de façon anodine, si le ton de la voix est toujours très cordial, la réponse qu’on fera sera capitale… pour la gestionnaire. En effet, curieusement, alors que l’on pourrait s’attendre à une réaction du type «C’est pas beaucoup !», ou alors «Ils se moquent de toi, tu n’es pas assez payé», ou encore «C’est magnifique ! Bravo, je suis fière de toi !».
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                          [TD]Sous la grâce, une énergie à toute épreuve ! Photo : Gérard/CVN[/TD]
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                          Le plus souvent, la somme annoncée n’est sanctionnée que par un «C’est bien !» dit sur un ton neutre. Car cette question permet simplement d’établir les bases de la comptabilité domestique, en partant du principe économique suivant : «On dépensera en fonction de ce que l’on aura !». Donc, inutile de craindre des récriminations ou d’espérer des compliments à l’annonce de ce que le fruit de notre travail rapportera à la maison. Par contre, attention, en l’espèce, l’axiome «Ce qui est dit est dit !» se vérifie totalement.

                          En effet, inutile de se vanter en claironnant un chiffre faramineux pour revenir à la fin du mois avec un montant revu fortement à la baisse. Dans ce cas, vous auriez droit à un regard pour le moins soupçonneux, suivi d’un interrogatoire en bonne et due forme qui pourrait se prolonger fort tard, sans avoir le droit d’être assisté par un représentant syndical ou un avocat ! Épreuve au cours de laquelle, il faudra justifier de la différence entre le prévu et le réalisé ! On ne rigole pas avec les prévisions budgétaires !

                          • Au restaurant, la note toujours ma femme scrutera

                          Cela fait bien longtemps que je ne me préoccupe plus de vérifier les notes au restaurant, ni partout ailleurs. Je ne me risquerais même pas à tenter de la récupérer pour envisager de payer ! Il est extraordinaire d’observer les fins de repas dans les restaurants au moment de l’addition. C’est presque toujours à la femme que l’on présente la note, et avec elle commence un rituel incontournable : la vérification.
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                          [TD]Photo : VNA/CVN[/TD]
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                          Imaginez la scène ! La personne avec qui vous devisiez gaiement jusqu’à présent se transforme en une calculette mentale. Le visage se ferme, les yeux s’étrécissent, les lèvres bougent à peine en une lecture muette pour déchiffrer consommations et tarifs. Soudain, un éclair dans la pupille, un doigt souverain souligne un chiffre, un mot, et la sentence tombe, impitoyable : «On a seulement consommé deux bouteilles d’eau, pas trois !». Foudroyé, le serveur ou la tenancière (selon que l’on dîne dans un grand ou petit restaurant) acquiesce et d’un trait rageur corrige le résultat. Et de nouveau les sourcils se froncent, une moue dubitative déforme la bouche, et un second verdict est rendu : «Il y a 8.000 dôngs de trop !». Vous vous dites que tout de même, pour 8.000 dôngs on peut le laisser tranquille, maintenant le serveur qui pantelant ne peut que reconnaître son erreur. Après tout, 8.000 dôngs qu’est-ce que c’est ? Mais non, un dông c’est un dông, et puis c’est pour le principe! On ne trompe pas la comptable domestique ! On pourrait encore penser qu’au moment de payer, on pourra toujours rajouter discrètement les 8.000 dôngs dans le pourboire. Erreur !

                          Femme d’honneur !

                          • Dans les magasins, c’est toujours mon épouse qui règlera

                          Car la comptable des deniers du ménage compte et règle. Ici, pas de séparation des pouvoirs entre l’ordonnateur et le payeur ! Sauf si l’on invite expressément sa conjointe pour lui faire un cadeau, c’est toujours l’épouse qui paye, même si l’argent est dans la poche du mari, qui ne joue que le rôle de transporteur de fonds. Un jour que je m’étonnais de cette pratique, alors qu’en Occident, c’est plutôt l’inverse, la femme d’un ami m’a rétorqué que payer à la place de sa femme donnerait l’impression qu’elle est une femme entretenue, alors qu’en la laissant payer, elle montre son statut de femme mariée. Ben tiens, il fallait le savoir ça, hein ! De toute façon, c’est plutôt mieux comme ça, parce que régler des achats va de pair avec les commandements suivants.

                          • Les billets vingt fois elle comptera et habilement rangera

                          Le billet vietnamien est un billet extraordinaire, qui peut passer à la machine à laver sans être abîmé, qui est indéchirable et infroissable, mais qui présente un défaut de taille : il a tendance à rester solidaire de ses compagnons de fortune. Autrement dit, les billets collent l’un à l’autre, et si on n’y prête pas attention, on peut donner le double de la somme demandée sans s’en rendre compte. D’où l’habitude des Vietnamiens de compter et recompter plusieurs fois le nombre de billets quand ils payent. Et à ce jeu-là, la femme vietnamienne est d’une habileté redoutable ! Il faut voir avec quelle dextérité la liasse est dépliée, les billets triés par valeur, séparés, puis ensuite comme la liasse est reconstituée, repliée, et rangée au fond du sac… ou remise au transporteur de fonds s’il est présent.

                          Sur ces mots, je vous quitte parce que j’ai réussi à détourner subrepticement quelques milliers de dôngs pour acheter la rose qui me permettra d’être pardonné lorsque je serais découvert…
                          Gérard BONNAFONT/CVN

                        • #152157

                          Bonjour Thuong,

                          Je m’apprêtais à demander à mes amis étudiants vietnamiens pourquoi il y avait des souhaits de bonne fête pour les femmes vietnamiennes aujourd’hui : tu as devancé ma question ! Merci !

                        • #152687

                          J’ignore ce qu’un Vietnamien de la diaspora peut ressentir lorsqu’il revient au «pays», mais j’imagine aisément qu’il peut être un peu surpris de la façon dont l’adage «La curiosité est un vilain défaut» est, ici, transformé en qualité…

                          En tout cas, pour moi, étranger, élevé dans des codes de politesse où ne pas s’occuper des affaires du voisin est le summum du savoir-vivre social, la rencontre avec les marques d’attention à la vietnamienne a été un choc ! Jugez-en plutôt !

                          Lors de mon installation au Vietnam, j’avais décidé, pour m’immerger dans la langue et la culture, de vivre pendant plusieurs mois dans un petit village, à une vingtaine de kilomètres de Hanoi, au bord du fleuve Rouge. Jamais un étranger n’avait mis les pieds dans ce village, et à plus forte raison n’y avait séjourné. En outre, je louais la maison qu’un enfant du pays, ayant fait fortune à Hanoi, avait fait construire selon les plans d’un architecte français. Un petit palais dans un écrin de verdure ! Entourée de hauts murs, cette maison n’était presque jamais habitée, ce qui contribuait à lui donner une aura de mystère. Alors, pensez donc, comme un étranger, au long nez, logé dans une demeure de Belle au bois dormant, pouvait éveiller l’intérêt du voisinage !

                          Comme c’est curieux !

                          Tout le monde voulait savoir : savoir comment ça vit un étranger, comment ça mange, comment ça dort, comment ça fait ceci et cela ; savoir comment c’était cette maison avec une piscine dans la salle à manger, un grand bassin plein de grosses carpes dans le salon, et une baignoire à remous dans la salle de bain… Et pour savoir, le meilleur moyen c’est de venir voir !

                          Voilà pourquoi, alors que naïvement je croyais qu’une porte suffisait à protéger mon intimité sans être obligé de fermer l’huis à double tour, il m’est arrivé dans les 15 premiers jours de mon séjour de vivre quelques scènes pour le moins cocasses telles que : être en train de dîner et voir rentrer une dizaine de personnes qui venaient voir comment c’était ici, ou bien sortir en tenue d’Adam de ma salle de bain et trouver deux honorables «bà» (dames) installées dans mon salon pour tester le moelleux du sofa, ou encore entendre du bruit au rez-de-chaussée et descendre en catastrophe pour découvrir trois aimables jeunes femmes commentant l’installation de ma cuisine !

                          Et ne croyez pas qu’un seul de ces intrus ait été quelque peu gêné. Au contraire, ma présence semblait leur donner prétexte à pousser plus avant la visite de lieux, avec forces sourires au demeurant ! Heureusement, j’ai pris l’habitude de fermer à clé la porte du jardin, ce qui m’a probablement évité de devenir un lieu de visite plus fréquenté que le Musée ethnographique à Hanoi !

                          En moi-même, je me disais que mon arrivée avait été l’occasion de rompre la monotonie de la vie de ce petit village, donnant ainsi l’occasion de pimenter son existence, et que cela pouvait rendre compréhensible cet appétit de savoir ! Si seulement !

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                          Un «retour aux sources» de jeunes Viêt kiêu. Photo : Duong Giang/VNA/CVN


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                          Après la campagne, j’ai choisi la ville pour m’y installer en famille. Quartier calme, au fond d’une petite ruelle, isolée du tumulte de la vie trépidante des grands axes. Inutile de vous dire que si j’avais voulu m’installer incognito, c’était loupé…

                          En l’espace d’une semaine, ma femme, alors jeune mariée, a eu droit, de la part de tous les voisins du quartier, à toutes les questions possibles sur notre vie privée. Y compris les plus indiscrètes qu’elle me rapportait fidèlement en rosissant légèrement ! Je lui ai toujours laissé le soin des réponses, sans chercher à savoir lesquelles elle donnait. Tout ce que je sais, c’est qu’elle nous a fait réussir notre examen d’admission dans la petite communauté de notre quartier, du moins si j’en juge les mines réjouies et les félicitations que j’ai reçu lors de sa grossesse et de la naissance de notre fille ! Mais la curiosité bon enfant du Vietnamien ne s’arrête pas là…

                          En effet, je me souviens un soir d’été où j’avais invité mon complice de toujours, Tuân, et deux ou trois autres amis. Nous étions en train de deviser gaiement dans le salon du premier étage, quand brusquement deux adultes et un enfant apparaissent dans l’escalier qui monte du rez-de-chaussée. Avec un grand sourire, ils nous saluent, en se présentant comme amis de la propriétaire et s’apprêtent à continuer leur ascension jusque dans nos chambres, sans que cela ne paraisse déranger outre mesure les autres personnes qui étaient là. Le seul à manifester surprise et réprobation de cette violation de domicile, c’est l’étranger que je suis ! Je me tourne vers Tuân, qui me fait une simple remarque : «Tu as laissé la porte de la cour et de la maison grande ouverte…». Que voulez-vous répondre à cela !

                          Aujourd’hui, pour la quatrième fois, je viens de déménager… Exercice fréquent, consécutif à la labilité des baux de location dont la durée et le renouvellement varient selon l’humeur et l’importance de la famille du propriétaire. En l’occurrence, ici, un neveu du nôtre trouvait notre nid tant à son goût que son tonton n’a pu résister à l’installer sans nous ménager ! Grâce à la capacité d’adaptation à la vietnamienne, huit jours plus tard, nous avons emménagé dans une maison neuve à 100 m de là. Mais, cette fois-ci, pas de cour, ma maison donne directement dans la rue. Je devrais plutôt dire que la rue donne directement dans ma maison ! En effet, le jour de mon emménagement j’avais à peine fait livrer les premiers meubles que mes voisins de devant, de derrière, de droite, de gauche, étaient déjà chez moi pour m’aider à installer ceci, pousser cela, décoincer cette porte, resserrer cette vanne. Tout juste si ma femme a pu vider seule les valises sous les commentaires des uns et des autres à propos de la qualité de mes pantalons et du tissu de mes chemises !!!

                          Entre une sollicitude, parfois trop encombrante, et une indifférence parfois proche de la lâcheté, j’avoue préférer la première !

                          Gérard BONNAFONT/CVN

                        • #152693

                          Je découvre les écrits de Gérard BONNAFONT !
                          Très sympa !

                        • #152706

                          @mekong 151485 wrote:

                          En tout cas, pour moi, étranger, élevé dans des codes de politesse où ne pas s’occuper des affaires du voisin est le summum du savoir-vivre social

                          Et voilà, le résultat du summum du savoir-vivre social :

                          Lille : le corps d’un homme retrouvé 15 ans après sa mort

                          Créé le 20-10-2012 à 12h08 – Mis à jour à 12h08

                          Le corps d’un homme a été découvert vendredi à l’état de squelette, une quinzaine d’années après sa mort, à son domicile de
                          Lille
                          , a-t-on appris vendredi 19 octobre de source policière.L’homme, d’origine espagnole et né en 1921, était le propriétaire de la petite maison en briques dans laquelle il a été retrouvé vendredi matin, dans un quartier chic du Vieux-Lille par un agent de la mairie.Vêtu d’un pyjama, le propriétaire des lieux a été retrouvé dans son lit, a indiqué le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Didier Perroudon, lors d’un point-presse.« A priori, l’état des lieux de la maison laisse plutôt penser à une mort paisible, de quelqu’un qui est mort dans son lit », a-t-il précisé.

                          Lettre de 1996

                          « Il était dans son lit, en pyjama, il n’y avait pas de désordre, la maison était fermée de l’intérieur. Rien ne laisse penser à un acte criminel », a-t-il détaillé, en soulignant que « personne ne s’est jamais inquiété » de son absence.Parmi les courriers retrouvés dans sa boîte aux lettres, les policiers ont retrouvé une lettre datant de 1996.L’homme « a été retrouvé parce que des travaux commandés par les services de la ville devaient être faits à la maison pour des raisons d’insalubrité », a précisé Didier Perroudon. « Un inspecteur salubrité de la ville est entré dans la maison et a découvert l’homme dans la chambre ».Le corps a été transporté pour autopsie à l’institut médico-légal de Lille.« Pour le moment, on n’en sait pas plus. L’enquête démarre. S’agissant de quelqu’un qui a pu disparaître sans que quelqu’un s’en inquiète pendant 15 ans, il nous faudra quelque temps pour découvrir d’où il vient, ce qu’il faisait et quelles pouvaient être ses relations », a dit Didier Perroudon.


                          Source :
                          [URL= »http://[/FONT »]http://www.europe1.fr/Faits-divers/Retrouve-mort-dans-les-vetements-de-sa-mere-1224429[/URL]

                          Un cadavre momifié a été découvert dans un appartement parisien. Il s’agirait du fils de la locataire, décédée en 2011.
                          Publié le 3 septembre 2012 à 07h59Mis à jour le 3 septembre 2012 à 16h17

                          Macabre et troublante découverte dans un appartement du Ve arrondissement de Paris… Mardi dernier, en fin de soirée, une odeur bizarre et entêtante provenant d’un appartement de la rue Pestalozzi alerte un habitant. Inquiet, l’homme s’empresse de prévenir la police. Arrivée sur les lieux, la brigade locale découvre un corps momifié dans le logement voisin. Le décès semble remonter à plusieurs mois.

                          Les agents pensent d’abord avoir à faire au cadavre d’une femme : même s’ils sont décomposés, les vêtements portés sont féminins. Il s’agirait donc de la locataire de l’appartement, une septuagénaire vraisemblablement décédée dans l’indifférence.

                          Aucune effraction apparente, l’appartement est rangé. Les pompiers, appelés en renfort, ne constatent pas de traces de coups ni de blessures. L’affaire semble tristement banale. Mais les policiers découvrent alors, près du corps de la victime, un document officiel qui va balayer leurs certitudes. Un certificat de décès au nom de l’occupante des lieux et daté du 7 novembre 2011 !

                          Perplexes, les agents entament une enquête de voisinage et retrouvent la propriétaire du logement. Celle-ci confirme que sa locataire, une dame âgée très discrète, est bien décédée. Mais elle les informe également que la retraitée ne vivait pas seule. Son fils de 49 ans, handicapé mental, occupait l’appartement. L’homme était connu des services sociaux, et semblait avoir disparu.

                          Un scénario inimaginable
                          Un nouvel examen du cadavre fait alors apparaître une vérité plus que troublante. « C’était en fait le corps d’un homme. Celui du fils portant les habits de sa mère », a révélé une source policière au Parisien.

                          Une enquête préliminaire pour déterminer les causes de la mort a été ouverte. A priori, les enquêteurs ne devraient pas s’attarder sur la piste criminelle, et laissent entrevoir un scénario tout autre. « Il semble que cet homme se soit laissé mourir dans cette tenue après le décès de sa mère, ne supportant pas sa disparition », suggère la source policière.

                          Une autopsie sera réalisée demain pour aider à lever le mystère sur cette affaire.

                          Source : [URL= »http://[/COLOR »]http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Paris.-Retrouve-mort-vetu-des-habits-de-sa-mere_6346-2108974-fils-tous_filDMA.Htm[/URL]

                        • #153180
                          thuong19
                          Participant

                            Honneur aux enseignants. Comme chaque année , au Viêtnam ,le 21novembre, c’etait leur fête

                            Ça va être leur fête !

                            Une journée nationale pour fêter les enseignants ? Il est vrai que de l’apprendre m’a laissé bouche bée, moi le français venu d’un pays où «faire la fête» aux enseignants n’a rien de commun avec un honneur rendu à ceux qui ont mission d’inculquer savoir et culture aux têtes juvéniles…
                            >>Revaloriser le métier d’enseignant
                            >>Le Département de français de l’Université de Hanoi souffle ses 45 bougies

                            Il m’a fallu venir au Vietnam pour constater, qu’à l’instar de nombre de pays, on pouvait reconnaître le rôle important des enseignants, dans le développement social, économique et moral du pays, en choisissant une journée qui leur soit consacrée. Du côté du Quartier Latin, il est plus de coutume de les chahuter que de les honorer ! Et, en souvenir de quelques années passées sur une estrade, face à trois rangées de tables souillées d’encre et surmontées de visages rêveurs, j’apporte ici ma contribution à cette fête, en émettant quelques souhaits pour l’année à venir.
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                            [TR]
                            [TD]La Journée des enseignants est une bonne occasion de reconnaître le rôle important des enseignants dans le développement socio-économique et moral du pays.
                            Photo : Bich Ngoc/VNA/CVN[/TD]
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                            Si seulement…

                            Je souhaite que maîtres et maîtresses apprennent à leurs élèves à mieux compter jusqu’à 10, en insistant sur la fait que dans un compte à rebours, après 8, vient 7, et non 0. Ceci évitera qu’aux feux rouges 99% des véhicules ne démarrent à 7, quand le feu vert de la voie adjacente est encore à 6 ! Bien sûr, on peut faire l’impasse sur cette base mathématique, en privilégiant la physique, et en expliquant les règles de l’énergie cinétique et de la collision des corps à partir des formules m = p/g et E = 1/2 mv²… encore que cela me semble plus difficile à faire entrer en mémoire !

                            Je souhaite qu’instituteurs et institutrices expliquent que justement la collision des corps est fort désagréable quand on se trouve devant le guichet d’une poste et que l’on s’imagine que parce que l’on est le premier, le dernier nous laissera obligatoirement passer devant ! Tant il est vrai qu’en ce type d’occasion, la notion de suite ordonnée laisse place au droit du plus fort… ou du plus malin. Et surtout quand vous avez retenu l’attention du préposé, surtout ne pas avoir la moindre hésitation sur les réponses à donner aux questions posées : demander un sursis pour vérifier une adresse que l’on a mal mémorisée ou un numéro de téléphone oublié, risque de vous envoyer, vous et votre paquet, aux calendes grecques ! Donc, si de ce côté là, les enseignants pouvaient me donner un petit coup de main, çà m’épargnerait coups de coude et discrets coups de pied dans les malléoles externes pour conserver ma place!

                            Je souhaite que les professeurs et les professeurs insistent sur le fait que non, tous les étrangers ne parlent pas anglais, que non, ils ne souhaitent pas tous changer de l’argent au noir, que non, ils ne veulent pas obligatoirement un massage, que oui, ils ont suffisamment de tee-shirt ! Ça m’éviterait de me faire harceler tout les 10 m, à chaque fois que je vais en centre-ville. D’autant plus, que puisque nous parlons éducation, la mienne est mise à mal dans ces moments là. En effet, si j’arrive à répondre poliment «Cám on, không cân !» à la première personne, la dixième peut remercier mes ancêtres de m’avoir légué suffisamment de savoir-vivre pour ne pas lui hurler en plein visage, une formule typique de français excédé, à savoir «Vous savez où vous pouvez vous les mettre vos tee-shirts ?» (ou votre massage, ou votre change, selon) !

                            Surtout continuez…

                            Mais outre ces souhaits qui, exaucés, me combleraient d’aise, il est d’autres particularités que je souhaite voir se perpétuer.
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                            [TD]Apprendre aux enfants : le plus beau métier du monde ! Photo : Quy Trung/VNA/CVN[/TD]
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                            Ainsi, j’espère que tous les pédagogues du Vietnam continueront à voir venir à eux des enfants heureux d’aller apprendre. Comme j’aime ces cohortes de bambins qui chaque matin, 6 jours sur 7, havresacs colorés sur le dos, partent d’un pas décidés vers l’école la plus proche. Quand je les croise et qu’à ma question «Các cháu đi đâu đây ?» (Vous allez où ?)», ils me répondent fièrement «Chúng cháu đi hoc a !», (On va à l’école !), je me dis que le vieux Confucius doit en sourire d’aise de là où il se trouve. D’ailleurs, ici on ne dit «Je vais à l’école», expression qui, somme toute, décrit plutôt une transhumance qu’un objectif ! On dit, littéralement, «Je vais apprendre !», sous-entendu, «Je ne me déplace pas pour rien !» De quoi laisser rêveur les enseignants des bords de Seine !

                            J’espère que les «cô giáo» (institutrices) de ma fille seront toujours aussi souriantes lorsque je viens chercher ma fille à l’école ! J’avais expliqué, lors d’une précédente «Tranches de vie», comme j’étais reçu comme un VIP à chaque fois que j’allais attendre ma progéniture à la sortie de son école. Ça commence en général par des regards et des conciliabules du côté des mamans, qui échangent entre elles leurs impressions sur le «Tây» (Occidental) qui vient chercher sa fille. Puis le mouvement gagne le corps enseignant qui en m’apercevant se hâte de prévenir ma fille, tout en m’octroyant ses plus chaleureux sourires, que j’ose espérer sincères et non proportionnels aux spécialités gourmandes que je ramène régulièrement de France ! Puis ce sont les enfants qui entrent en transe. Dès qu’ils aperçoivent ma barbe et mes moustaches, ils se précipitent aux grilles en hurlant «Ông Tây, Ông Tây…» et si j’ai le malheur de risquer ma main entre les barreaux pour saisir les menottes qu’ils me tendent, elle est aussitôt agrippée et il faut toute la persuasion des souriantes «cô giáo» pour que je n’y laisse pas une ou deux phalanges…

                            Chapeau bas à tout ses enseignants que j’ai rencontré un peu partout y compris dans des lieux reculés où enseigner est presque un sacerdoce, tellement les conditions de confort sont précaires. Merci à eux de m’avoir ouvert leurs écoles quand je voulais que des visiteurs de passage puissent assister à des cours. En d’autres pays, je me serais heurté à des grilles fermées et cadenassées, gardées par un cerbère vigilant.

                            Je ne sais pas si il existe un Génie de l’Enseignement au Vietnam, outre ce cher Confucius que l’on vient prier pour faciliter la réussite aux examens, mais je lui demande de souffler un vent favorable sur tous les enseignants, d’ici et d’ailleurs, et qu’ils puissent se dire, le soir venu quand les enfants s’éparpillent comme libellules sur les rizières : «Mission réussie !»

                            Gérard Bonnafont/CVN
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