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L’imaginaire populaire au Vietnam

Discussions générales sur le Vietnam La Culture au Vietnam L’imaginaire populaire au Vietnam

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    • #7580

      Bonjour TLM,

      ForumVietnam me semble désert ce matin : c’est la grève aussi sur le Forum ? :confused:

      A part le post de DéDéHeo, il n’y avait rien à lire de nouveau ce matin… Alors, pour le plaisir et pas pour vous faire travailler, je vais demander à notre ami Thuong19, de vous mettre un lien sur un article que Madame Nguyên Dac Nhu-Mai m’a envoyé (et qu’il a reçu lui aussi). :wink2:

      Cela traite de « l’imaginaire dans la reproduction des figurines vietnamiennes ». J’ai trouvé cet article intéressant et j’espère qu’il vous intéressera aussi. :wink2:

      Bonne journée à tous ! :bye:

      P.S. – Hello Thuong, à toi de jouer et… MERCI ! :jap:

      Imagerie vietnamienne : impact florissant des figurines de la vie ordinaire20/06/2010
      [IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/news/Image/2010/06/Vietnam/Societe/Vie/5044.e01as.JPG[/IMG]

      Dans le cadre des conférences Iéna (EFEO – musée Guimet), la conférence du 3 juin 2010 de Philippe Papin, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, a réuni un grand nombre d’universitaires, d’étudiants et de spécialistes des études vietnamiennes mais aussi un public intéressé, surtout à l’occasion du Millénaire de Hanoi qui aura lieu en octobre prochain.

      Décrire, interroger et convaincre à travers l’imagerie, tels sont les grands points de l’exposé.

      Après avoir présenté les techniques utilisées naguère pour fabriquer les images vendues dans les rues à l’occasion du Nouvel An, les représentations de la vie quotidienne des Vietnamiens ont été narrées. À travers un recueil exceptionnel d’images, conservées malgré les guerres, le travail des artistes est décrit avec minutie. En effet, la qualité du papier utilisé pour produire l’image est à souligner dans la mesure où le dessin est destiné à être vendu pour un événement, le Têt, ou pour un particulier, de surcroît, riche. Le dessin est fait rapidement et vendu à petit prix pour un usage multiple, très détaillé et variable lorsqu’il est commandé par un riche commerçant ou un mandarin.

      Dès lors, l’artiste emploie tout son talent à utiliser la panoplie des couleurs dont il doit connaître les codes des 5 couleurs brutes et des 3 couleurs composées (dont le brun, le vert et le jaune). Le rose, l’orange et le bleu sont des couleurs éclatantes et spécifiquement vietnamiennes. Pour produire le dessin, les techniques utilisées, en particulier celles du levage, du pressage de la rame et de l’encrage de la planche, sont à retenir, le moment de l’estampillage des traits et du remplissage des couleurs suivant pour combiner sur une même feuille, par petits tamponnages, tous les détails et particularités de l’image.

      Voir les détails par exemple, sur cette image, le porteur de lampions et la tête de dragon dans la scène de danse du dragon dans la rue, le jour du Têt. Ce qui permet au public présent d’imaginer le spectacle des danses, et d’imaginer les joies des enfants (le père portant son enfant et son frère suivant le cortège), car le non dit dans cette image porte non seulement sur l’imaginaire mais encore sur la connaissance des us et coutumes du pays.

      Au Vietnam, la fête du Têt correspond au premier jour de l’an lunaire. C’est une solennité changeante, coïncidant à la nouvelle lune et se situant à mi-chemin entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps. En principe, la fête dure du premier au septième jour du premier mois lunaire, mais les travailleurs vietnamiens ne se reposent que 3 jours. À la campagne, dès la veille, une perche de bambou, haute de 5 à 6 mètres, a été plantée devant la maison. Non loin du sommet est suspendu un cercle de bambou auquel sont attachés des lingots d’or-papier et des carpes susceptibles, d’après la légende, de se transformer en dragon et de servir de monture à Ông Táo, dieu du foyer, dans son voyage vers le Ciel, ainsi que des plaques d’argile sonores. Son absence symbolise la mort de la Nature durant l’hiver et son retour marque sa renaissance.

      Ainsi, le Têt demeure une date décisive qui brise la suite du temps en rythmant la vie des hommes comme de la nature. C’est également une fête des vivants et des morts. Le premier jour est réservé au culte des ancêtres, le second aux proches parents et le troisième consacré aux défunts. Tous les actes du commencement de l’année nouvelle paraissent avoir une certaine séduction agréable et susceptible d’engager l’avenir. Le premier visiteur qui vient fouler le sol domestique doit être un homme chanceux dont le phúc personnel sera profitable à toute la famille.

      Le dragon qui circule dans les rues durant la fête apporte la chance aux maisons dans lesquelles il entre. Il en va de même pour la première sortie et la reprise de toutes les activités après le repos. Autrefois, l’ouverture des sceaux des fonctionnaires avait lieu le 4e jour, et à la campagne, un interdit frappe tout travail de la terre et même tout acte tendant à la faire sortir de son repos sacré. Les rites procèdent à l’activation du sol, le désacralisent et neutralisent les énergies divines qui pourraient être dangereuses pour les travailleurs des champs. C’est aussi la période de dégustation des gâteaux de riz gluant farcis de viande et de haricots de forme carrée ( bánh chung ) et de forme ronde (bánh tét), enveloppés de feuilles de bananes symbolisant l’harmonie Ciel-Homme- Terre et Yin -Yang. Des fruits ou légumes confits préparés à cette occasion seront offerts aux proches, aux amis et aux visiteurs.

      Aussi, l’artiste, après avoir marqué les détails, ajoute la palette de couleurs et selon l’usage, emploie un papier coûteux, ou dessine sur le dos de publicités ramassées et revendues par les « petites mains ». De la sorte, l’économie simple et de proximité a fonctionné autrefois mais elle perdure encore aujourd’hui, en particulier à la campagne. Les décors de la vie, les vœux de phúc-lôc-tho, (bonheur, prospérité, longévité), les métiers tels ceux du pêcheur, bûcheron, laboureur et lettré, demeurent des thèmes gratifiés et les « non dit » de ces images ont été aussi traduits par des explications.

      Par exemple, le pêcheur pense sans cesse aux dynasties régnantes et non à sa pêche. Quant à la pêcheuse de crevettes et d’escargots, son sourire et les traits du dessin révèlent qu’elle cherche plutôt un mari. Une certaine grivoiserie apparaît aussi en laissant voir la jambe de la paysanne. Par ailleurs, le monde du travail agricole, de l’artisanat, des métiers urbains, du divertissement, des fêtes, des jeux, des rites, des deuils, des joies et des douleurs de l’existence ordinaire, les dictons, ont été assemblés dans des illustrations sous des traits plus ou moins raffinés.

      Le conférencier a mis en comparaison l’art flamand et les dictons et proverbes vietnamiens. Ainsi la sagesse populaire a été aussi relancée par Rabelais en son temps. Toutefois, l’imagerie a pris un tournant intéressant dans l’histoire et son impact est perceptible pendant la colonisation et le premier socialisme. Les colons français sont pris en cible et des moqueries à leur égard laissent quelques traces à travers des habitudes rattachées aux phrases comme moi t’enfous, moa tang fou ou encore toi attention, toi tang xuong. Parfois, par un simple trait de pinceau, de crayon ou de feutre, ou encore dans une composition très savamment inventée, la Révolution et ses bô dôi, les manifestations politiques, les spectacles, les danses et les chants à la gloire de Bac Hô ont été des sujets magnifiés.

      La tradition iconographique a été poursuivie avec enthousiasme mais en outre a symbolisé un certain regard croisé de l’imaginaire dans la reproduction des figurines vietnamiennes. Imaginaire social, culturel, économique et politique dont le conférencier, avec doigté et émotions, nous a captivé en l’espace d’un rappel des Connaissances du Vietnam et des fêtes du Millénaire de Hanoi, en octobre 2010.

      Nguyên Dac Nhu-Mai/Apfsv/CVN
      Lauréate 2010 du Mot d’or
      de la Francophonie de la Presse écrite
      (19/06/2010)

    • #118891

      Hello Thuong,

      Tu vas trouver que j’exagère, mais sur le lien que tu m’avais mis en MP, où j’ai cliqué, il y avait des photos pour illustrer les propos et, là, il n’y en a qu’une ! (La seule que j’avais pu avoir précédemment !) Y’a comme un truc !

      Je n’ose te suggérer de mettre ce lien (si c’est possible !) :blush: Si ce n’est pas possible, tant pis : la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a ! :bigsmile:

      Tant pis, il restera aux lecteurs à faire travailler leur imagination en lisant le texte ! :wink2:

      En tout cas, merci d’être toujours ouvert à mes demandes, comme d’autres forumeurs que je ne nommerai pas, mais qui se reconnaitront ! :bye: :friends:

      P.S. – J’ai essayé de copier/coller le lien que tu m’avais mis, mais ça ne marche pas !

    • #118894

      Coucou Nanie,:jap:

      C’est mieux comme ça ?

      Courrier du Vietnam


      Pierre.:bye:

    • #118896

      Ou comme ça ?

      Imagerie vietnamienne : impact florissant des figurines de la vie ordinaire20/06/2010

      Dans le cadre des conférences Iéna (EFEO – musée Guimet), la conférence du 3 juin 2010 de Philippe Papin, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, a réuni un grand nombre d’universitaires, d’étudiants et de spécialistes des études vietnamiennes mais aussi un public intéressé, surtout à l’occasion du Millénaire de Hanoi qui aura lieu en octobre prochain.

      zjcp02.jpg

      Décrire, interroger et convaincre à travers l’imagerie, tels sont les grands points de l’exposé.

      Après avoir présenté les techniques utilisées naguère pour fabriquer les images vendues dans les rues à l’occasion du Nouvel An, les représentations de la vie quotidienne des Vietnamiens ont été narrées. À travers un recueil exceptionnel d’images, conservées malgré les guerres, le travail des artistes est décrit avec minutie. En effet, la qualité du papier utilisé pour produire l’image est à souligner dans la mesure où le dessin est destiné à être vendu pour un événement, le Têt, ou pour un particulier, de surcroît, riche. Le dessin est fait rapidement et vendu à petit prix pour un usage multiple, très détaillé et variable lorsqu’il est commandé par un riche commerçant ou un mandarin.

      Dès lors, l’artiste emploie tout son talent à utiliser la panoplie des couleurs dont il doit connaître les codes des 5 couleurs brutes et des 3 couleurs composées (dont le brun, le vert et le jaune). Le rose, l’orange et le bleu sont des couleurs éclatantes et spécifiquement vietnamiennes. Pour produire le dessin, les techniques utilisées, en particulier celles du levage, du pressage de la rame et de l’encrage de la planche, sont à retenir, le moment de l’estampillage des traits et du remplissage des couleurs suivant pour combiner sur une même feuille, par petits tamponnages, tous les détails et particularités de l’image.

      Voir les détails par exemple, sur cette image, le porteur de lampions et la tête de dragon dans la scène de danse du dragon dans la rue, le jour du Têt. Ce qui permet au public présent d’imaginer le spectacle des danses, et d’imaginer les joies des enfants (le père portant son enfant et son frère suivant le cortège), car le non dit dans cette image porte non seulement sur l’imaginaire mais encore sur la connaissance des us et coutumes du pays.

      2u6zcex.jpg

      Au Vietnam, la fête du Têt correspond au premier jour de l’an lunaire. C’est une solennité changeante, coïncidant à la nouvelle lune et se situant à mi-chemin entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps. En principe, la fête dure du premier au septième jour du premier mois lunaire, mais les travailleurs vietnamiens ne se reposent que 3 jours. À la campagne, dès la veille, une perche de bambou, haute de 5 à 6 mètres, a été plantée devant la maison. Non loin du sommet est suspendu un cercle de bambou auquel sont attachés des lingots d’or-papier et des carpes susceptibles, d’après la légende, de se transformer en dragon et de servir de monture à Ông Táo, dieu du foyer, dans son voyage vers le Ciel, ainsi que des plaques d’argile sonores. Son absence symbolise la mort de la Nature durant l’hiver et son retour marque sa renaissance.

      Ainsi, le Têt demeure une date décisive qui brise la suite du temps en rythmant la vie des hommes comme de la nature. C’est également une fête des vivants et des morts. Le premier jour est réservé au culte des ancêtres, le second aux proches parents et le troisième consacré aux défunts. Tous les actes du commencement de l’année nouvelle paraissent avoir une certaine séduction agréable et susceptible d’engager l’avenir. Le premier visiteur qui vient fouler le sol domestique doit être un homme chanceux dont le phúc personnel sera profitable à toute la famille.

      Le dragon qui circule dans les rues durant la fête apporte la chance aux maisons dans lesquelles il entre. Il en va de même pour la première sortie et la reprise de toutes les activités après le repos. Autrefois, l’ouverture des sceaux des fonctionnaires avait lieu le 4e jour, et à la campagne, un interdit frappe tout travail de la terre et même tout acte tendant à la faire sortir de son repos sacré. Les rites procèdent à l’activation du sol, le désacralisent et neutralisent les énergies divines qui pourraient être dangereuses pour les travailleurs des champs. C’est aussi la période de dégustation des gâteaux de riz gluant farcis de viande et de haricots de forme carrée ( bánh chung ) et de forme ronde (bánh tét), enveloppés de feuilles de bananes symbolisant l’harmonie Ciel-Homme- Terre et Yin -Yang. Des fruits ou légumes confits préparés à cette occasion seront offerts aux proches, aux amis et aux visiteurs.

      Aussi, l’artiste, après avoir marqué les détails, ajoute la palette de couleurs et selon l’usage, emploie un papier coûteux, ou dessine sur le dos de publicités ramassées et revendues par les « petites mains ». De la sorte, l’économie simple et de proximité a fonctionné autrefois mais elle perdure encore aujourd’hui, en particulier à la campagne. Les décors de la vie, les vœux de phúc-lôc-tho, (bonheur, prospérité, longévité), les métiers tels ceux du pêcheur, bûcheron, laboureur et lettré, demeurent des thèmes gratifiés et les « non dit » de ces images ont été aussi traduits par des explications.

      2q9xg8y.jpg

      Par exemple, le pêcheur pense sans cesse aux dynasties régnantes et non à sa pêche. Quant à la pêcheuse de crevettes et d’escargots, son sourire et les traits du dessin révèlent qu’elle cherche plutôt un mari. Une certaine grivoiserie apparaît aussi en laissant voir la jambe de la paysanne. Par ailleurs, le monde du travail agricole, de l’artisanat, des métiers urbains, du divertissement, des fêtes, des jeux, des rites, des deuils, des joies et des douleurs de l’existence ordinaire, les dictons, ont été assemblés dans des illustrations sous des traits plus ou moins raffinés.

      Le conférencier a mis en comparaison l’art flamand et les dictons et proverbes vietnamiens. Ainsi la sagesse populaire a été aussi relancée par Rabelais en son temps. Toutefois, l’imagerie a pris un tournant intéressant dans l’histoire et son impact est perceptible pendant la colonisation et le premier socialisme. Les colons français sont pris en cible et des moqueries à leur égard laissent quelques traces à travers des habitudes rattachées aux phrases comme moi t’enfous, moa tang fou ou encore toi attention, toi tang xuong. Parfois, par un simple trait de pinceau, de crayon ou de feutre, ou encore dans une composition très savamment inventée, la Révolution et ses bô dôi, les manifestations politiques, les spectacles, les danses et les chants à la gloire de Bac Hô ont été des sujets magnifiés.

      La tradition iconographique a été poursuivie avec enthousiasme mais en outre a symbolisé un certain regard croisé de l’imaginaire dans la reproduction des figurines vietnamiennes. Imaginaire social, culturel, économique et politique dont le conférencier, avec doigté et émotions, nous a captivé en l’espace d’un rappel des Connaissances du Vietnam et des fêtes du Millénaire de Hanoi, en octobre 2010.

      Nguyên Dac Nhu-Mai/Apfsv/CVN
      Lauréate 2010 du Mot d’or
      de la Francophonie de la Presse écrite
      (19/06/2010)

      Pierre.:bye:

    • #118902

      Hello Pierre,

      Je suis flappie… et je jette un oeil sur FV avant de fermer l’ordi pour la nuit…

      Surprise ! Là, je vois en clair et en couleurs l’article que j’avais lu !

      Merci !

      Bonne soirée !

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