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22 mai 2010 à 19h40 #7415
Lors de mes études sur le Viet Nam on m’a dit que la particularité du vietnam c’est que tous les vietnamiens pratiquent le culte des ancêtres. Qu’ils soient chrétiens ou bouddhistes ou autres, ils pratiquent tous le culte des ancêtres…est ce vrai?
Pourriez vous me donner plus d’explications sur comment se pratique le culte des ancêtres? -
22 mai 2010 à 20h20 #116619Risk;109648 wrote:Lors de mes études sur le Viet Nam on m’a dit que la particularité du vietnam c’est que tous les vietnamiens pratiquent le culte des ancêtres. Qu’ils soient chrétiens ou bouddhistes ou autres, ils pratiquent tous le culte des ancêtres…est ce vrai?
Pourriez vous me donner plus d’explications sur comment se pratique le culte des ancêtres?Ben c’est plutôt compliqué !!!!
Et je pense que celà a déjà fait l’objet de contributions diverses , (dont la mienne il y a bien longtemps, a partir d’articles publiés dans la revue France -Asie )
– Très lié à la notion de « grande famille » ou clan familial
– Le principe est que « morts ou vivants « , la « grande famille vietnamienne »continue d’exister au delà de la mort.
-« L’autel des ancêtres » dans les maisonsDans la tradition, celà rejaillit sur l’organisation des cérémonies du deuil, des enterrements successifs , de la fête du Têt et de certaines céremonies annuelles,
sur les appellations données à l’intérieur d’un clan familial ..
Et que sais-je encore , mais d’autres que moi sont mieux placés pour en parleril vous faudrait déjà retrouver tout ce qui a été écrit sur le sujet dans ce forum
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22 mai 2010 à 20h56 #116626Risk;109648 wrote:Lors de mes études sur le Viet Nam on m’a dit que la particularité du vietnam c’est que tous les vietnamiens pratiquent le culte des ancêtres. Qu’ils soient chrétiens ou bouddhistes ou autres, ils pratiquent tous le culte des ancêtres…est ce vrai?
Pourriez vous me donner plus d’explications sur comment se pratique le culte des ancêtres?Bonsoir Risk,
Le culte des ancêtres doit être considéré comme la « religion » la plus pratiquée par les Vietnamiens, qu’ils soient bouddhistes, chrétiens ou… athées (tout comme chez les Chinois d’ailleurs).
Ce culte a des origines très anciennes, où le confucianisme (piété filiale), le taoïsme et le bouddhisme se sont mélangés aux croyances animistes locales.
D’ailleurs, le terme plus approprié est le « culte des défunts » car on honore non seulement les ascendants défunts, mais aussi les enfants décédés.
Pour ce culte, on a dans la maison du « fils aîné » un « autel des ancêtres », avec leurs photos (ou simplement un bài vị, c’est-à-dire une plaque sur laquelle sont inscrits le nom du défunt, sa biographie, etc…). L’autel comporte en plus au minimum un pot pour baguettes d’encens et des lampes ou des bougies (l’héritage se dit en vietnamien hương hỏa ou encens et feu), des tasses de thé, un pot de fleurs, etc…
Ce culte commence par les rituels qui accompagnent le décès, les obsèques du mort, et les règles contraignantes du deuil.
Puis, on honore les défunts à leur anniversaire de décès chaque année, lors des fêtes importantes comme le Nouvel An, et lors des mariages, etc…, en leur offrant un repas fait des meilleurs plats (selon la capacité financière de chaque famille), accompagné de salutations (révérences et/ou prosternations) et d’invocations par les membres de la famille présents (plus exactement la « grande famille » ou clan). On peut aussi offrir des objets factices en papier ou mã (vêtements, voiture, meubles, billets de banque, lingots d’or, etc…) qu’on brûle après la cérémonie (la fumée est censée d’apporter ces objets aux morts pour pourvoir à leurs besoins dans l’au-delà). Après que la cérémonie est terminée (souvent à la fin de la combustion des baguettes d’encens), le repas est partagé par les membres de la famille présents.
Ce culte est le grand facteur de la cohésion familale (et sociale) des Vietnamiens, qu’ils soient au pays ou d’outre-mer.Bien que le P. Alexandre de Rhodes, s.j., ait écrit dans son Histoire du Royaume de Tunquin (1651) : « Il n’est peut-être point de nation en toute la terre habitable qui ait rendu plus de devoirs, et plus respectueusement, aux âmes et aux corps des Trépassés que les peuples du Royaume d’Annam » (p. 80), et « …il y a deux mois [lunaires] dans l’année, le septième et le dernier, qui sont destinés pour tous ceux du peuple à célébrer la mémoire de leurs parents défunts, à quoi personne ne manque. Ce qui devrait faire honte aux Chrétiens, qui sont moins soigneux de rendre ces devoirs de piété, et de charité, aux âmes des Trépassés, à qui leur suffrages peuvent beaucoup servir, que ne sont les Païens… » (pp. 88-89), ce culte des ancêtres a été un des éléments importants qui ont déclencé la « querelle des rites » dans l’Eglise Catholique aux XVIIè et XVIIIè siècles. Il a fallu attendre le Concile de Vatican II (1962-1965) pour que ce culte soit autorisé aux catholiques vietnamiens.
A ce sujet, voici un article assez intéressant sur le site Regard sur les catholiques vietnamiens : Scènes du Vietnam.
Bien amicalement.
Dông Phong -
23 mai 2010 à 5h29 #116649Dông Phong;109665 wrote:Bonsoir Risk,
Le culte des ancêtres doit être considéré comme la « religion » la plus pratiquée par les Vietnamiens, qu’ils soient bouddhistes, chrétiens ou… athées (tout comme chez les Chinois d’ailleurs).On peut aussi offrir des objets factices en papier ou mã (vêtements, voiture, meubles, billets de banque, lingots d’or, etc…) qu’on brûle après la cérémonie (la fumée est censée d’apporter ces objets aux morts pour pourvoir à leurs besoins dans l’au-delà). Après que la cérémonie est terminée (souvent à la fin de la combustion des baguettes d’encens), le repas est partagé par les membres de la famille présents.
Ce culte est le grand facteur de la cohésion familale (et sociale) des Vietnamiens, qu’ils soient au pays ou d’outre-mer.Dông Phong
Bonjour Dông Phong
Merci pour ces notes passionnantes sur le culte des défunts.
A Son Tay, village natal de ma mère, je suis allée au cimetière avec ma famille. Des objets factices en carton ont aussi été déposés sur les tombes de nos ancêtres (chapeau, télévision, voiture…). En revanche, ils n’ont pas été brûlés : S’agit-il d’une simplification du rite ?
Merci Dông Phong, ton enseignement m’est précieux.:bye: -
23 mai 2010 à 5h59 #116651brimaz;109688 wrote:Bonjour Dông Phong
Merci pour ces notes passionnantes sur le culte des défunts.
A Son Tay, village natal de ma mère, je suis allée au cimetière avec ma famille. Des objets factices en carton ont aussi été déposés sur les tombes de nos ancêtres (chapeau, télévision, voiture…). En revanche, ils n’ont pas été brûlés : S’agit-il d’une simplification du rite ?
Merci Dông Phong, ton enseignement m’est précieux.:bye:Le culte des ancêtres a une relation très étroite avec la conception même de la mort et de la vie : et à ce titre, il y a des choses très très intéressantes à comprendre.
Si j’ai le temps, je tâcherai de retrouver ces passages .. mais normalement ils devraient déjà figurer sur F-v je ne sais pas les retrouver : désolé )
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23 mai 2010 à 6h39 #116655
Merci Robin des bois, je vais chercher aussi ce soir.
Bon dimanche à vous.:bye:
27° et soleil radieux en Corrèze.
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23 mai 2010 à 7h16 #116661brimaz;109688 wrote:Bonjour Dông Phong
Merci pour ces notes passionnantes sur le culte des défunts.
A Son Tay, village natal de ma mère, je suis allée au cimetière avec ma famille. Des objets factices en carton ont aussi été déposés sur les tombes de nos ancêtres (chapeau, télévision, voiture…). En revanche, ils n’ont pas été brûlés : S’agit-il d’une simplification du rite ?
Merci Dông Phong, ton enseignement m’est précieux.:bye:Bonjour Brimaz,
Merci d’avoir apprécié mon post.Nous sommes deux « pays » alors, car mes parents étaient nés tous les deux à Sơn Tây, et jusqu’au début de la « Guerre d’Indochine » de fin 1946, j’y revenais assez souvent pour les anniversaires de mort des ancêtres et aussi y passer les vacances d’été (j’habitais Hanoi où je suis né).
Je suis allé récemment à Sơn Tây pour honorer les tombes de mes grands-parents, et mes cousins, qui m’accompagnaient, y ont brûlé des objets factices à leur intention, comme d’habitude.
Bon dimanche,
Très amicalement.
Dông PhongPS : depuis plus d’un an, toute la province de Hà Tây (dont fait partie Sơn Tây) a été intégrée dans l’agglomération de Hanoi.
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23 mai 2010 à 7h25 #116663
Dong Phong, Robin , bonjour,
Merci , pour toutes ces informations.
Encore!
tres bonne journée yen -
23 mai 2010 à 9h09 #116674Dông Phong;109665 wrote:Bonsoir Risk,
Pour ce culte, on a dans la maison du « fils aîné » un « autel des ancêtres », avec leurs photos (ou simplement un bài vị, c’est-à-dire une plaque sur laquelle sont inscrits le nom du défunt, sa biographie, etc…).
Dông PhongSeulement dans le maison du fils ainé? Je pensais que chaque foyer selon son respect des traditions avait un lieu consacré aux ancêtres.
Peut etre y a t’il plusieurs types d’autel des ancêtres?
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23 mai 2010 à 10h45 #116689
Sur ce sujet, un site très intéressant qui avait déjà été mentionné quelque part (mais où ?) : Le culte des ancêtres au Viêt Nam
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23 mai 2010 à 11h35 #116695VNbylove2;109713 wrote:Seulement dans le maison du fils ainé? Je pensais que chaque foyer selon son respect des traditions avait un lieu consacré aux ancêtres.
Peut etre y a t’il plusieurs types d’autel des ancêtres?
Bonjour VNbylove2, Dông Phong, RDB, Brimaz et tous les forumeurs(es),
merci à VNbylove2 de me donner l’occasion d’illustrer un propos que j’ai eu un jour sur FV, sur les traditions vietnamiennes en les qualifiant de « vietkieusés » par nous autres (gens appartenant à la diaspora vietnamienne) qui essayons de maintenir encore les rites de notre culture Vietnamienne en les adaptant à notre mode de vie contemporain.
Ainsi, mon amie « vietkieue » vivant à Chicago, après avoir enterré sa mère selon les rites bouddhiques a dressé un autel des ancêtres chez elle.
son frère vivant ici dans une ville du Midi de la France, n’ayant malheureusement pas pu assister aux obsèques, a lui aussi un autel des ancêtres dans son appartement.Je ne sais pas ce qu’il en est de nos jours au Vietnam par rapport au culte des ancêtres ( la tradition du fil aîné est elle toujours respectée?) mais ici en France, je peux confirmer que chez les vietnamiens que je connais et qui pratiquent le culte des ancêtres, sans distinction, fille ou garçon possède un autel des ancêtres chez soi.
effectivement pour des raisons matérielles (distances, temps, finances…), il est parfois difficilement réalisable de nos jours de se retrouver toute une famille unie autour d’un autel pour célébrer un décès, un anniversaire etc…(surtout si quelques uns de la fratrie vivent à l’étranger)
« Tata » a réservé toute une pièce chez elle pour prier ses ancêtres, son mari a confectionné un très bel autel, digne des pagodes du Vietnam.
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23 mai 2010 à 13h00 #116701VNbylove2;109713 wrote:Seulement dans le maison du fils ainé? Je pensais que chaque foyer selon son respect des traditions avait un lieu consacré aux ancêtres.
Peut etre y a t’il plusieurs types d’autel des ancêtres?
Re-bonjour VNbylove2 et Ti ngoc,
Traditionnellement, le culte des ancêtres est assuré par le fils aîné, puis par le fils aîné de celui-ci, et ainsi de suite…, jusqu’à la 5ème génération*. Ces fils aînés sont officiellement les « héritiers cultuels » de la lignée (une partie de l’héritage leur était habituellement réservé pour hương hỏa ou encens et feu).
Après la 5ème génération, le culte est transféré au « temple du clan » (nhà thờ họ).
Quand le fils aîné n’a pas d’enfant mâle, c’est son frère puîné qui reprend le culte après la mort de l’aîné.
Quand une famille n’a pas d’enfant mâle, une fille reprend le culte.
Quand un couple n’a pas d’enfant du tout, son culte ne sera pas assuré en lignée directe, mais par le « temple du clan » (nhà thờ họ) s’il en a un, ou par une pagode à laquelle il a fait un don (hậu) de son vivant pour y avoir leur culte perpétué, ou par… personne (c’est le plus grand malheur, vô phúc ou absence de mérite vis-à-vis du Ciel).Ce ne sont là que les principes généraux traditionnels, mais des enfants très pieux, puînés ou filles, peuvent aussi avoir l’autel de leurs parents chez eux, en plus de l’autel « officiel » chez l’aîné. Cependant, les anniversaires de mort (giỗ) des ancêtres sont toujours célébrés « officiellement » chez l’aîné où tout le clan se réunit.
Ti Ngoc;109735 wrote:Bonjour VNbylove2, Dông Phong, RDB, Brimaz et tous les forumeurs(es),merci à VNbylove2 de me donner l’occasion d’illustrer un propos que j’ai eu un jour sur FV, sur les traditions vietnamiennes en les qualifiant de « vietkieusés » par nous autres (gens appartenant à la diaspora vietnamienne) qui essayons de maintenir encore les rites de notre culture Vietnamienne en les adaptant à notre mode de vie contemporain.
Ainsi, mon amie « vietkieue » vivant à Chicago, après avoir enterré sa mère selon les rites bouddhiques a dressé un autel des ancêtres chez elle.
son frère vivant ici dans une ville du Midi de la France, n’ayant malheureusement pas pu assister aux obsèques, a lui aussi un autel des ancêtres dans son appartement.Je ne sais pas ce qu’il en est de nos jours au Vietnam par rapport au culte des ancêtres ( la tradition du fil aîné est elle toujours respectée?) mais ici en France, je peux confirmer que chez les vietnamiens que je connais et qui pratiquent le culte des ancêtres, sans distinction, fille ou garçon possède un autel des ancêtres chez soi.
effectivement pour des raisons matérielles (distances, temps, finances…), il est parfois difficilement réalisable de nos jours de se retrouver toute une famille unie autour d’un autel pour célébrer un décès, un anniversaire etc…(surtout si quelques uns de la fratrie vivent à l’étranger)
« Tata » a réservé toute une pièce chez elle pour prier ses ancêtres, son mari a confectionné un très bel autel, digne des pagodes du Vietnam.
,
[/quote]
* Devant les difficultés de la vie, et aussi à cause de la dispersion des gens à travers le monde, dans beaucoup de familles le culte des ancêtres s’arrête au maximum à la 3ème génération d’ascendants (grands-parents). Et souvent, tout le clan ne peut pas y assister (distance, boulot, finance, etc…), et chacun essaie de célébrer l’anniversaire chez lui.Bien amicalement.
Dông Phong -
23 mai 2010 à 14h32 #116710VNbylove2;109713 wrote:Seulement dans le maison du fils ainé? Je pensais que chaque foyer selon son respect des traditions avait un lieu consacré aux ancêtres.
Peut etre y a t’il plusieurs types d’autel des ancêtres?D’après ce que j’ai compris, le vrai culte des ancêtres- le traditionnel– est effectivement lié à la « grande famille » (il y a un mot précis pour la désigner) et à ce qu’indique Dong Phong .
Devant les évolutions de la société et les dfficultés de la vie moderne,, la plupart des familles- au « sens étroit et occidental du terme » – ont aussi un autel des ancêtres .. ce qui ne les empêche pas de rejoindre le « clan familial »-quand ils le peuvent – pour respecter les rites traditionnels de la « grande famille »..
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23 mai 2010 à 15h08 #116716Dông Phong;109741 wrote:Re-bonjour VNbylove2 et Ti ngoc,
Traditionnellement, le culte des ancêtres est assuré par le fils aîné, puis par le fils aîné de celui-ci, et ainsi de suite…, jusqu’à la 5ème génération*. Ces fils aînés sont officiellement les « héritiers cultuels » de la lignée (une partie de l’héritage leur était habituellement réservé pour hương hỏa ou encens et feu).
Après la 5ème génération, le culte est transféré au « temple du clan » (nhà thờ họ).
Quand le fils aîné n’a pas d’enfant mâle, c’est son frère puîné qui reprend le culte après la mort de l’aîné.
Quand une famille n’a pas d’enfant mâle, une fille reprend le culte.
Quand un couple n’a pas d’enfant du tout, son culte ne sera pas assuré en lignée directe, mais par le « temple du clan » (nhà thờ họ) s’il en a un, ou par une pagode à laquelle il a fait un don (hậu) de son vivant pour y avoir leur culte perpétué, ou par… personne (c’est le plus grand malheur, vô phúc ou absence de mérite vis-à-vis du Ciel).Ce ne sont là que les principes généraux traditionnels, mais des enfants très pieux, puînés ou filles, peuvent aussi avoir l’autel de leurs parents chez eux, en plus de l’autel « officiel » chez l’aîné. Cependant, les anniversaires de mort (giỗ) des ancêtres sont toujours célébrés « officiellement » chez l’aîné où tout le clan se réunit.
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* Devant les difficultés de la vie, et aussi à cause de la dispersion des gens à travers le monde, dans beaucoup de familles le culte des ancêtres s’arrête au maximum à la 3ème génération d’ascendants (grands-parents). Et souvent, tout le clan ne peut pas y assister (distance, boulot, finance, etc…), et chacun essaie de célébrer l’anniversaire chez lui.Bien amicalement.
Dông Phong [/quote]:thanks: Dông Phong (j’ai sorti la pancarte pour ne pas me répéter ):lol:
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23 mai 2010 à 15h15 #116718Dông Phong;109741 wrote:Re-bonjour VNbylove2 et Ti ngoc,
Traditionnellement, le culte des ancêtres est assuré par le fils aîné, puis par le fils aîné de celui-ci, et ainsi de suite…, jusqu’à la 5ème génération*. Ces fils aînés sont officiellement les « héritiers cultuels » de la lignée (une partie de l’héritage leur était habituellement réservé pour hương hỏa ou encens et feu).
Après la 5ème génération, le culte est transféré au « temple du clan » (nhà thờ họ).
Quand le fils aîné n’a pas d’enfant mâle, c’est son frère puîné qui reprend le culte après la mort de l’aîné.
Quand une famille n’a pas d’enfant mâle, une fille reprend le culte.
Quand un couple n’a pas d’enfant du tout, son culte ne sera pas assuré en lignée directe, mais par le « temple du clan » (nhà thờ họ) s’il en a un, ou par une pagode à laquelle il a fait un don (hậu) de son vivant pour y avoir leur culte perpétué, ou par… personne (c’est le plus grand malheur, vô phúc ou absence de mérite vis-à-vis du Ciel).Ce ne sont là que les principes généraux traditionnels, mais des enfants très pieux, puînés ou filles, peuvent aussi avoir l’autel de leurs parents chez eux, en plus de l’autel « officiel » chez l’aîné. Cependant, les anniversaires de mort (giỗ) des ancêtres sont toujours célébrés « officiellement » chez l’aîné où tout le clan se réunit.
:sorclo: Merci beaucoup bac Dông Phong pour les précisions.
Dông Phong;109741 wrote:* Devant les difficultés de la vie, et aussi à cause de la dispersion des gens à travers le monde, dans beaucoup de familles le culte des ancêtres s’arrête au maximum à la 3ème génération d’ascendants (grands-parents). Et souvent, tout le clan ne peut pas y assister (distance, boulot, finance, etc…), et chacun essaie de célébrer l’anniversaire chez lui.Bien amicalement.
Dông PhongC’est certains qu’il y a toujours des exceptions à cause de beaucoup de choses mais la plupart des vietnamiens essayent de garder et respecter toute la tradition liée au culte des ancêtres. C’est primordiale pour nos grands parents et parents. Dans ma famille, mes frères et soeurs ainsi que moi même avons un livret dans lequel est reporté la date de décès de nos grands parents paternels et maternels. Ce livret devra être transmis à l’héritier culturel de chaque famille. C’est l’unique chose dont mon père attache beaucoup beaucoup d’importance et pourtant cela fait plus de 30 ans que nous sommes en France.
PS : dans quelques jours, je rentre définitivement au Vietnam. mes parents m’ont demandé d’aller sur nos terres natales avec mes deux enfants afin qu’ils se recueillent sur la tombe de mes grands parents qui sont donc leurs arrières grands parents. C’est pour qu’ils puissent nous guider et nous protéger dans notre vie au Vietnam d’après mes parents.
Kim Sang:jap:
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23 mai 2010 à 15h20 #116721robin des bois;109750 wrote:D’après ce que j’ai compris, le vrai culte des ancêtres- le traditionnel– est effectivement lié à la « grande famille » (il y a un mot précis pour la désigner) et à ce qu’indique Dong Phong .
Devant les évolutions de la société et les dfficultés de la vie moderne,, la plupart des familles- au « sens étroit et occidental du terme » – ont aussi un autel des ancêtres .. ce qui ne les empêche pas de rejoindre le « clan familial »-quand ils le peuvent – pour respecter les rites traditionnels de la « grande famille »..
Bonjour Robin des Bois,
Voici les termes vietnamiens pour désigner :– la « grande famille » (le clan, c’est-à-dire toute la parentèle qui porte le même patronyme) : họ ; et plus anciennement : tông, ou encore tộc
L’ancêtre des ancêtres qui a fondé le clan est le tổ.
Ainsi le « chef du clan » (l’aîné de tous les aînés des différentes lignées) qui gère le « temple des ancêtres du clan » (nhà thờ họ ou nhà thờ tổ) est appelé trưởng họ, ou plus anciennement trưởng tông ou trưởng tộc. Il n’a qu’une responsabilité cultuelle, et n’a aucune « autorité » sur les membres du clan autre que l’estime qu’on lui porte éventuellement.
Cela distingue le « họ » vietnamien du « clan » chinois dont le « chef » (ou patriarche) a beaucoup d’autorité (morale voire économique) sur ses membres.– la « petite famille » au sens occidental du terme : gia đình (ou plus rarement tiểu gia đình).
C’est compliqué, n’est-ce pas ? cette richesse de la langue reflète bien l’organisation compliquée de la société vietnamienne.
Bien amicalement.
Dông Phong -
23 mai 2010 à 15h55 #116723Dông Phong;109761 wrote:Bonjour Robin des Bois,
Voici les termes vietnamiens pour désigner :– la « grande famille » (le clan, c’est-à-dire toute la parentèle qui porte le même patronyme) : họ ; et plus anciennement : tông, ou encore tộc
L’ancêtre des ancêtres qui a fondé le clan est le tổ.
Ainsi le « chef du clan » (l’aîné de tous les aînés des différentes lignées) qui gère le « temple des ancêtres du clan » (nhà thờ họ ou nhà thờ tổ) est appelé trưởng họ, ou plus anciennement trưởng tông ou trưởng tộc. Il n’a qu’une responsabilité cultuelle, et n’a aucune « autorité » sur les membres du clan autre que l’estime qu’on lui porte éventuellement.
Cela distingue le « họ » vietnamien du « clan » chinois dont le « chef » (ou patriarche) a beaucoup d’autorité (morale voire économique) sur ses membres.– la « petite famille » au sens occidental du terme : gia đình (ou plus rarement tiểu gia đình).
C’est compliqué, n’est-ce pas ?
Bien amicalement.
Dông PhongMerci ; effectivement c’est bien le mot ho que je cherchais ..
Non non pas trop compliqué !!! J’aime assez les subtilités asiatiques ; çà me va assez bien.Et moi le » non asiatique » , je vais avoir le culot de vous expliquer brièvement l’origine du « culte des ancêtres », et même pourquoi les asiatique calculent leur âge a partir de la date de conception !!!
Rassurez-vous ; le texte n’est pas de moi .
Selon les croyances populaires :
[… … L’être humain a :
– 1°: Le hon (l’âme) qui est indestructible ;
– 2° : Les Phàch ou Vîa (fluide vital ) qui animent le corps et qui s’anéantissent à la mort, abandonnant le cadavre à la pourriture. L’homme en a sept et la femme en a neuf,
tandis que le hon est triple (ba hon) aussi bien pour l’homme que pour la femme.Le corps reçoit les Hon et phach le jour de la conception …]…
La croyance populaire admet que, quand les phach ou via commencent à se séparer du corps … …on peut les faire revenir dans le corps par des appels pathétiques ou par des pratiques magiques. D’où les coutumes chao via, hu via et dot via.. …. ]
Suit tout un descriptif de ces trois pratiques,
et tout un paragraphe sur le Hon ou l’âme, dont cet extrait :» A la différence de la conception de l’immortalité de l’âme en Occident, le Hon ne se détache pas complètement des choses terrestres pour habiter dans un autre monde, « comme un pur esprit éthéré, sensible aux seuls rayons de la lumière divine ».
Il ne rompt pas avec ses attaches premières, assure aux membres vivants de sa famille une protection constante, participe à leur joie et à leur douleur, cherche à exaucer leurs prières , accepte les offrandes qu’ils lui présentent sur l’autel .Pour le Han, le trépas n’est qu’un retour à l’état de pureté :
« Sinh ky, tu qui « = « La vie n’est qu’un séjour, la mort est le retour »… … ]
Etc etc : et vous avez déjà une bonne petite idée de l’essentiel !
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23 mai 2010 à 15h57 #116725Dông Phong;109761 wrote:Bonjour Robin des Bois,
Voici les termes vietnamiens pour désigner :– la « grande famille » (le clan, c’est-à-dire toute la parentèle qui porte le même patronyme) : họ ; et plus anciennement : tông, ou encore tộc
L’ancêtre des ancêtres qui a fondé le clan est le tổ.
Ainsi le « chef du clan » (l’aîné de tous les aînés des différentes lignées) qui gère le « temple des ancêtres du clan » (nhà thờ họ ou nhà thờ tổ) est appelé trưởng họ, ou plus anciennement trưởng tông ou trưởng tộc. Il n’a qu’une responsabilité cultuelle, et n’a aucune « autorité » sur les membres du clan autre que l’estime qu’on lui porte éventuellement.
Cela distingue le « họ » vietnamien du « clan » chinois dont le « chef » (ou patriarche) a beaucoup d’autorité (morale voire économique) sur ses membres.– la « petite famille » au sens occidental du terme : gia đình (ou plus rarement tiểu gia đình).
C’est compliqué, n’est-ce pas ? cette richesse de la langue reflète bien l’organisation compliquée de la société vietnamienne.
Bien amicalement.
Dông PhongBonjour bac Dông Phong,
Pouvez vous m’éclairer sur un terme que j’entends très souvent utilisé par les vietnamiens que nous connaissons en Ile de France.
Il désigne ma famille par » đại gia đình » qu’est ce que cela signifie ??
Merci d’avance.
Kim Sang -
23 mai 2010 à 17h13 #116731robin des bois;109763 wrote:Merci ; effectivement c’est bien le mot ho que je cherchais ..
Non non pas trop compliqué !!! J’aime assez les subtilités asiatiques ; çà me va assez bien.Et moi le » non asiatique » , je vais avoir le culot de vous expliquer brièvement l’origine du « culte des ancêtres », et même pourquoi les asiatique calculent leur âge a partir de la date de conception !!!
Rassurez-vous ; le texte n’est pas de moi .
Selon les croyances populaires :
[… … L’être humain a :
– 1°: Le hon (l’âme) qui est indestructible ;
– 2° : Les Phàch ou Vîa (fluide vital ) qui animent le corps et qui s’anéantissent à la mort, abandonnant le cadavre à la pourriture. L’homme en a sept et la femme en a neuf,
tandis que le hon est triple (ba hon) aussi bien pour l’homme que pour la femme.Le corps reçoit les Hon et phach le jour de la conception …]…
La croyance populaire admet que, quand les phach ou via commencent à se séparer du corps … …on peut les faire revenir dans le corps par des appels pathétiques ou par des pratiques magiques. D’où les coutumes chao via, hu via et dot via.. …. ]
Suit tout un descriptif de ces trois pratiques,
et tout un paragraphe sur le Hon ou l’âme, dont cet extrait :» A la différence de la conception de l’immortalité de l’âme en Occident, le Hon ne se détache pas complètement des choses terrestres pour habiter dans un autre monde, « comme un pur esprit éthéré, sensible aux seuls rayons de la lumière divine ».
Il ne rompt pas avec ses attaches premières, assure aux membres vivants de sa famille une protection constante, participe à leur joie et à leur douleur, cherche à exaucer leurs prières , accepte les offrandes qu’ils lui présentent sur l’autel .Pour le Han, le trépas n’est qu’un retour à l’état de pureté :
« Sinh ky, tu qui « = « La vie n’est qu’un séjour, la mort est le retour »… … ]
Etc etc : et vous avez déjà une bonne petite idée de l’essentiel !
Bonsoir Robin des Bois,
Oui, comme vous dites, dans les croyances chinoises et vietnamiennes, l’être humain a 3 « âmes douées de raison » (hồn ou linh hồn) et 7 « esprits vitaux, souffles vitaux, ou affects, selon les traducteurs » (phách en sino-vietnamien ou vía en nôm) pour un homme, et 3 « âmes » et 9 « esprits vitaux ».
Les « âmes » sont indestructibles et peuvent se réincarner (sauf pour des bouddhistes « éveillés » qui ont atteint le statut de boddhi, c’est-à-dire délivrés de leur karma ou cycle des existences chargées de souffrances), alors que les « esprits vitaux » peuvent être perdus lors de maladie, de perte de connaissance ou simplement de frayeur (mất vía ou « perdre un esprit vital » signifie avoir très peur).Pour vous distraire, voici un passage savoureux de l’Histoire du Royaume de Tunquin (1651) du P. Alexandre de Rhodes, s.j., qui en donne une explication très…déterministe (pp. 93-94) : « Et parce que les femmes, comme plus peureuses que les hommes, sont aussi sujettes à perdre quelqu’un de ces esprits, [les Tunquinois] leur en assignent neuf, qu’ils appellent Chín vía ; encore que pour une autre raison ils donnent aux femmes un plus grand nombre d’esprits qui servent à leur conservation, parce qu’ordinairement elles vivent plus que les hommes, et que les vieilles femmes durent plus que les hommes vieux ».
Voila ce qui explique la différence de longévité entre hommes et femmes ! Et nous, les pauvres « mecs », nous serons toujours battus par nos compagnes sur ce plan-là !
Bonne soirée,
Très amicalement.
Dông PhongPS : RdB, et les autres Forumeur(se)s, vous voudrez bien excuser mon utilisation fréquente des gros caractères : j’ai une mauvaise vue.
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23 mai 2010 à 17h27 #116733kimsang;109764 wrote:Bonjour bac Dông Phong,
Pouvez vous m’éclairer sur un terme que j’entends très souvent utilisé par les vietnamiens que nous connaissons en Ile de France.
Il désigne ma famille par » đại gia đình » qu’est ce que cela signifie ??
Merci d’avance.
Kim SangBonsoir Kim Sang,
À mon humble avis, đại gia đình (grande famille, une néologie probablement ?) est l’intermédiaire entre le họ (la « vraie » grande famille traditionnelle ou clan portant le même patronyme) et le (tiểu) gia đình (la petite famille dans le sens occidental du terme).
Donc đại gia đình désignerait une lignée (parents + enfants + petits enfants…) au sein du họ-clan.
J’ai aussi entendu cette expression đại gia đình (grande famille) pour parler simplement d’une « petite » famille (gia đình) de manière polie et flatteuse.Mais ce n’est là qu’une interprétation personnelle de ma part (je ne suis pas spécialiste des familles vietnamiennes, ou d’ailleurs !).
Bonne soirée,
Très amicalement.
Dông Phong -
23 mai 2010 à 17h42 #116734
@Dông Phong 109665 wrote:
Bonsoir Risk,
Le culte des ancêtres doit être considéré comme la « religion » la plus pratiquée par les Vietnamiens, qu’ils soient bouddhistes, chrétiens ou… athées (tout comme chez les Chinois d’ailleurs).
Ce culte a des origines très anciennes, où le confucianisme (piété filiale), le taoïsme et le bouddhisme se sont mélangés aux croyances animistes locales.
D’ailleurs, le terme plus approprié est le « culte des défunts » car on honore non seulement les ascendants défunts, mais aussi les enfants décédés.
Pour ce culte, on a dans la maison du « fils aîné » un « autel des ancêtres », avec leurs photos (ou simplement un bài vị, c’est-à-dire une plaque sur laquelle sont inscrits le nom du défunt, sa biographie, etc…). L’autel comporte en plus au minimum un pot pour baguettes d’encens et des lampes ou des bougies (l’héritage se dit en vietnamien hương hỏa ou encens et feu), des tasses de thé, un pot de fleurs, etc…
Ce culte commence par les rituels qui accompagnent le décès, les obsèques du mort, et les règles contraignantes du deuil.
Puis, on honore les défunts à leur anniversaire de décès chaque année, lors des fêtes importantes comme le Nouvel An, et lors des mariages, etc…, en leur offrant un repas fait des meilleurs plats (selon la capacité financière de chaque famille), accompagné de salutations (révérences et/ou prosternations) et d’invocations par les membres de la famille présents (plus exactement la « grande famille » ou clan). On peut aussi offrir des objets factices en papier ou mã (vêtements, voiture, meubles, billets de banque, lingots d’or, etc…) qu’on brûle après la cérémonie (la fumée est censée d’apporter ces objets aux morts pour pourvoir à leurs besoins dans l’au-delà). Après que la cérémonie est terminée (souvent à la fin de la combustion des baguettes d’encens), le repas est partagé par les membres de la famille présents.
Ce culte est le grand facteur de la cohésion familale (et sociale) des Vietnamiens, qu’ils soient au pays ou d’outre-mer.Bien que le P. Alexandre de Rhodes, s.j., ait écrit dans son Histoire du Royaume de Tunquin (1651) : « Il n’est peut-être point de nation en toute la terre habitable qui ait rendu plus de devoirs, et plus respectueusement, aux âmes et aux corps des Trépassés que les peuples du Royaume d’Annam » (p. 80), et « …il y a deux mois [lunaires] dans l’année, le septième et le dernier, qui sont destinés pour tous ceux du peuple à célébrer la mémoire de leurs parents défunts, à quoi personne ne manque. Ce qui devrait faire honte aux Chrétiens, qui sont moins soigneux de rendre ces devoirs de piété, et de charité, aux âmes des Trépassés, à qui leur suffrages peuvent beaucoup servir, que ne sont les Païens… » (pp. 88-89), ce culte des ancêtres a été un des éléments importants qui ont déclencé la « querelle des rites » dans l’Eglise Catholique aux XVIIè et XVIIIè siècles. Il a fallu attendre le Concile de Vatican II (1962-1965) pour que ce culte soit autorisé aux catholiques vietnamiens.
A ce sujet, voici un article assez intéressant sur le site Regard sur les catholiques vietnamiens : Scènes du Vietnam.
Bien amicalement.
Dông PhongMerci beaucoup pour ces précisions très intéressantes! Est ce que le culte des ancêtres (ou des défunts) est une celébration triste ou joyeuse? Est ce que le jour de l’anniversaire de la mort du défunt les gens sont tristes ou heureux de honorer le défunt? Parce que il me semble que selon cette logique, la mort d’un être n’est pas forcément triste parce que l’être est toujours présent d’une certaine façon, même dans la mort.
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23 mai 2010 à 18h26 #116739Dông Phong;109773 wrote:
Non, je ne pense pas que c’est une néologie mais du sino-viet (han-viet) :
đại ou tài (泰) signifie Grand.
Et Gia dinh ou Jia Ting (家庭)= famille.
Mais, attention ! car ici « đại gia đình » ne s’agit pas forcement de famille nombreuse mais plutôt de grande famille (dans le sens de « puissante, prestigieuse, respectable, vénérable, honorable »).
Par contre, dà (大) signifie « Grand ». Ex : dà shà (大厦) = grand bâtiment ou grand immeuble.
BN
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23 mai 2010 à 19h23 #116743Bao Nhân;109780 wrote:Non, je ne pense pas que c’est une néologie mais du sino-viet (han-viet) :
đại ou tài (泰) signifie Grand.
Et Gia dinh ou Jia Ting (家庭)= famille.
Mais, attention ! car ici « đại gia đình » ne s’agit pas forcement de famille nombreuse mais plutôt de grande famille (dans le sens de « puissante, prestigieuse, respectable, vénérable, honorable »).
Par contre, dà (大) signifie « Grand ». Ex : dà shà (大厦) = grand bâtiment ou grand immeuble.
BN
Bonsoir Bao Nhan,
Tout à fait d’accord avec vous que, dans un contexte de politesse et de flatterie, « đại gia đình » veut dire « famille puissante, prestigieuse, respectable, vénérable, honorable ».Mais pour désigner un individu puissant (du point de vue économique surtout), on utilise plus couramment l’expression đại gia (大家 en chinois) qui veut dire « grande maison », qu’il ne faut pas confondre avec l’expression « đại gia đình« en question.
Bien amicalement.
Dông Phong -
23 mai 2010 à 19h37 #116746Risk;109775 wrote:Merci beaucoup pour ces précisions très intéressantes! Est ce que le culte des ancêtres (ou des défunts) est une celébration triste ou joyeuse? Est ce que le jour de l’anniversaire de la mort du défunt les gens sont tristes ou heureux de honorer le défunt? Parce que il me semble que selon cette logique, la mort d’un être n’est pas forcément triste parce que l’être est toujours présent d’une certaine façon, même dans la mort.
Bonsoir Risk,
La cérémonie d’anniversaire d’un parent défunt n’est ni triste ni joyeuse : c’est un moment de recueillement (sauf pour le décès récent d’un être cher très proche, surtout quand il est mort jeune : alors c’est triste).
Mais au repas après la cérémonie, surtout pour des ancêtres un peu « éloignés », la libation peut être joyeuse et bruyante, principalement quand les hommes ont bien profité des boissons alcoolisées.
Cà vous déroute, non ?
Bien amicalement.
Dông Phong -
23 mai 2010 à 20h16 #116751
Il y a, dans les textes que je possède , des petites histoires plutôt marrantes autour du Hon, à partir des obligations contractées , des affront subis par le défunt .. etc
Aux anciens « concours triennaux :la céremonie était précédée de cette proclamation :
« Bào ân giã tièn nhâp, bào oân giã thu nhap »
« Que les Hôn qui ont à s’acquitter d’une dette de reconnaissance entrent les premiers!
Que les Hôn qui ont à se venger d’une injustice entrent ensuite ! »Mais il y a eu aussi des effets pervers à ce culte des ancêtres .
Lisez ce passage dont le style littéraire date un peu ..
Sur le « fonds, qu’en dites-vous Mesdames de F-V ?[ Quand un » Hôn » n’a pas de progéniture pour faire son culte, il subit le sort affreux des abandonnés : affamé, désespéré, il erre dans les froides ténèbres, en quête de distributions de potage de riz que des personnes charitables ont l’habitude de faire, surtout le 15e jour du 7eme mois, à l’aide de cuilleres faites de feuilles de banian repliées, au cours des cérémonies rituelles ( ãn chào lâ da) sur la voie publique . Et toute la longue lignée des ancêtres qui l’ont précédé est condamnée aux mêmes privations.
L’on conçoit l’immensité du chagrin de celui qui se voit incapable de procréer un enfant mâle pour assurer le culte familial.
» il existe trois cas d’impiété filiale, le plus odieux est de mourir sans postérité.
(Bât hieu huu tôm, vo hau vi dai)N’avoir pas de postérité est donc un sacrilège, ou, pour employer la très significative expression de Fustel de Coulanges, « un véritable parricide multiplié autant de fois qu’il y avait d’ancêtres dans la famille …]
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23 mai 2010 à 21h15 #116757
merci à toutes et tous pour ces éclaircissements sur le culte des ancêtres :jap:
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25 mai 2010 à 8h21 #116895Dông Phong;109787 wrote:Bonsoir Risk,
La cérémonie d’anniversaire d’un parent défunt n’est ni triste ni joyeuse : c’est un moment de recueillement (sauf pour le décès récent d’un être cher très proche, surtout quand il est mort jeune : alors c’est triste).
Mais au repas après la cérémonie, surtout pour des ancêtres un peu « éloignés », la libation peut être joyeuse et bruyante, principalement quand les hommes ont bien profité des boissons alcoolisées.
Cà vous déroute, non ?
Bien amicalement.
Dông PhongBonjour à vous,
Merci Dông Phong pour ces précisions sur le culte des ancêtres.
Triste ou joyeux tout dépend de votre réel attachement et du temps qui s’écoule…
Sinon, lors de mon retour ou départ, je viens toujours me recueillir sur la tombe de ma grande-mère et si possible des proches de la famille.
H.L -
19 décembre 2010 à 15h10 #129488
Bonjour,
cette discussion est très intéressante et peut-être que quelqu’un pourrait m’éclaircir un peu plus sur les rites funestes au Vietnam.
Il paraît que l’un des rites funestes au Vietnam consiste à nettoyer les os du défunt. Comme je ne maîtrise pas bien le vietnamien, je pense avoir compris cela de vietnamiens qui m’expliquaient cette tradition lors de mon voyage là-bas. Mais est-ce exact? De quoi s’agit-il exactement?
C’est un peu flippant quand même de déterrer les morts, pour les laver…
En plus, il paraît qu’il faut faire çà à la tombée de la nuit… wouah… Je me sauve en courant, moi, y a pas moyen d’assister à une telle cérémonie…
Ou bien, je n’ai pas bien compris ce qu’on m’a dit.
Alors, j’ai demandé à une amie vietnamienne (du Sud), qui vit depuis en France. Et, elle m’a dit ignoré cette pratique. Elle pense que, du temps où elle vivait au Vietnam, çà ne se faisait pas dans le Sud. C’est une pratique qui se fait au Nord, ou en tout cas qui vient du Nord du pays. Est-ce que çà pourrait être exact?
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19 décembre 2010 à 16h32 #129495Durian;124086 wrote:Bonjour,
cette discussion est très intéressante et peut-être que quelqu’un pourrait m’éclaircir un peu plus sur les rites funestes au Vietnam.
Il paraît que l’un des rites funestes au Vietnam consiste à nettoyer les os du défunt. Comme je ne maîtrise pas bien le vietnamien, je pense avoir compris cela de vietnamiens qui m’expliquaient cette tradition lors de mon voyage là-bas. Mais est-ce exact? De quoi s’agit-il exactement?
C’est un peu flippant quand même de déterrer les morts, pour les laver…
En plus, il paraît qu’il faut faire çà à la tombée de la nuit… wouah… Je me sauve en courant, moi, y a pas moyen d’assister à une telle cérémonie…
Ou bien, je n’ai pas bien compris ce qu’on m’a dit.
Alors, j’ai demandé à une amie vietnamienne (du Sud), qui vit depuis en France. Et, elle m’a dit ignoré cette pratique. Elle pense que, du temps où elle vivait au Vietnam, çà ne se faisait pas dans le Sud. C’est une pratique qui se fait au Nord, ou en tout cas qui vient du Nord du pays. Est-ce que çà pourrait être exact?
Bonjour Durian,
Rites « funèbres » et non pas « funestes » !
Habituellement, après les trois ans de deuil, ou longtemps après selon les circonstances, on pratique le « cải táng » ou « cất mộ », ce qui veut dire « changer de tombe et l’améliorer ».
On fait des offrandes au mort, puis on déterre ses os pour les laver dans de l’eau contenant des parfums (encens, et autres parfums végétaux). Quand les os sont bien lavés et séchés avec un linge propre, on les range dans un petit cercueil en céramique (cái tiểu) qu’on enterre de nouveau dans la même tombe ou à un autre endroit.
Ce rituel se fait de jour, car après il y a une cérémonie d’offrandes à la maison ou à la pagode.
Ce rituel, qui est une manifestation de piété filiale, se voit dans tout le Vietnam. Mais toutes les familles ne le pratiquent pas.
Bien cordialement.
Dông Phong -
19 décembre 2010 à 16h58 #129497
@Dông Phong 124093 wrote:
Rites « funèbres » et non pas « funestes » !
Ah, oui! Merci pour cette rectification. C’est la honte de faire une faute pareille… hi hi hi, en plus, j’voulais vérifier, mais j’ai oublié…
Alors, du coup, je suis allée voir dans le dico qui suggère plutôt funéraire à associer à « rite » mais bon la différence est minime et régale les esprits pointilleux…Bref, je te remercie de ces précisions sur cette pratique. Les gens chez qui j’étais, on fait cela en toute toute fin de journée. Trop flippant… Je courre à en perdre mes sandales…
J’ai cru aussi comprendre que cà se pratique surtout pour les personnes emportées trop tôt par la mort (accident notamment). Est-ce que c’est exact?
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19 décembre 2010 à 17h06 #129498Durian;124095 wrote:[…]
J’ai cru aussi comprendre que cà se pratique surtout pour les personnes emportées trop tôt par la mort (accident notamment). Est-ce que c’est exact?
Non, cela se pratique pour les morts de tous les âges.
Dans ma famille, on l’a fait pour mon frère décédé à 2 ans, et pour mes grands-parents décédés à 60 ans et plus.On le fait aussi quand on doit déplacer les tombes lorsque le cimetière est réquisitionné pour des constructions de routes, d’immeubles, etc..
DP
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20 décembre 2010 à 0h26 #129508Durian;124086 wrote:En plus, il paraît qu’il faut faire çà à la tombée de la nuit… wouah… Je me sauve en courant, moi, y a pas moyen d’assister à une telle cérémonie…
Dans ce cas, tu ne dois jamais assister au rite funéraire tibétain. Aussi, j’ai lu quelque part qu’il y a certains des moines bouddhistes vietnamiens qui passent une fois par moi la nuit dans un cimetière en dormant assis dos contre un arbre.
PHT
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20 décembre 2010 à 6h50 #129515Durian;124095 wrote:Ah, oui! Merci pour cette rectification. C’est la honte de faire une faute pareille… hi hi hi, en plus, j’voulais vérifier, mais j’ai oublié…
Alors, du coup, je suis allée voir dans le dico qui suggère plutôt funéraire à associer à « rite » mais bon la différence est minime et régale les esprits pointilleux…?
Ben dans mes papiers , ils parlent des « rites de l’enterrement » :
comme çà tout le monde il est content !Je n’y connais rien mais j’ai de la « doc » qui remonte aux années 50.. et vais vous en mettre plein les mirettes tant que mon clavier va pouvoir tenir le coup !!
[ Chapitre : » Les costumes de deuil «
Avant la cérémonie du thânh-phuc la famille du défunt fait confectionner des vêtements de deuil pour toute la parenté proche ou éloignée .
Chez les pauvres, ceux qui doivent porter le deuil du mort se procurent, avec leur deniers personnels, des turbans de deuil.
Les costumes de deuil sont déterminés par les règles des ngu-phuc (cinq façons de s’habiller suivant le deuil).-1° : Le grand deuil dai tang ou deuil de trois ans :
deuil du père, de la mère, ou du mari, deuil du père ou de la mère du mari.
Les femmes, fils, filles brus du défunt portent :a) une robe et un pantalon blancs de toile grossière, non ourlés et affilochés vers le bas (sà gau)
Les coutures centrales des deux principaux pans de la robe sont à l’envers.
Sur le dos est cousue une pièce appelée « pièce du fardeau », pour indiquer que la personne en deuil porte le fardeau de sa douleur et de ses regrets.
Elle est carrée , est rattachée par une couture au bas du collet et est pendante .
A l’endroit du coeur est une autre pièce pendante appelée thôi pour montrer que les enfants pieux ont le coeur déchiré.b) un turban de tulle grossier, qui fait le tour de la tête une seule fois, est nouée à l’arrière et dont les deux extrémités sont laissées pendantes.
c) pendant les cérémonies rituelles et dans le défilé du convoi funèbre, par dessus la robe, une tunique à larges manches de tulle grossier, taillée de la même façon que précédemment et une ceinture en lanières de bananier tressées. Les fils ont une coiffure ayant la forme d’un anneau en paille et un bâton en bambou si c’est le deuil du père, ou en vông(genre de peuplier) si c’est le deuil de la mère.
Les femmes, filles et brus laissent leurs cheveux pendants ; la partie supérieure de leur turban en capuchon conique et la partie inférieure est laissée étalée dans toute sa largeur.
La coiffure en anneau, la tunique de tulle grossier et le bâton sont déposés, après chaque cérémonie, sous l’autel du défunt et seront brûlés à la cérémonie du trir phuc (expiration du deuil)-2° : deuil d’un an ou co-niên :
deuil des grands-pères et grand’mères, du père ou de la mère de la femme, des enfants , des frères et soeurs , des oncles et tantes paternelsou maternels du premier degré :
turban et vêtements blancs de coupe ordinaire, mais en toile un peu moins grossière– 3° : deuil de 9 mois ou dai công
(arrêt technique d’urgence : excuses)
-
20 décembre 2010 à 8h05 #129518robin des bois;124116 wrote:Ben dans mes papiers , ils parlent des « rites de l’enterrement » :
comme çà tout le monde il est content !Je n’y connais rien mais j’ai de la « doc » qui remonte aux années 50.. et vais vous en mettre plein les mirettes tant que mon clavier va pouvoir tenir le coup !!
[ Chapitre : » Les costumes de deuil «
Avant la cérémonie du thânh-phuc la famille du défunt fait confectionner des vêtements de deuil pour toute la parenté proche ou éloignée .
Chez les pauvres, ceux qui doivent porter le deuil du mort se procurent, avec leur deniers personnels, des turbans de deuil.
Les costumes de deuil sont déterminés par les règles des ngu-phuc (cinq façons de s’habiller suivant le deuil).-1° : Le grand deuil dai tang ou deuil de trois ans :
deuil du père, de la mère, ou du mari, deuil du père ou de la mère du mari.
Les femmes, fils, filles brus du défunt portent :a) une robe et un pantalon blancs de toile grossière, non ourlés et affilochés vers le bas (sà gau)
Les coutures centrales des deux principaux pans de la robe sont à l’envers.
Sur le dos est cousue une pièce appelée « pièce du fardeau », pour indiquer que la personne en deuil porte le fardeau de sa douleur et de ses regrets.
Elle est carrée , est rattachée par une couture au bas du collet et est pendante .
A l’endroit du coeur est une autre pièce pendante appelée thôi pour montrer que les enfants pieux ont le coeur déchiré.b) un turban de tulle grossier, qui fait le tour de la tête une seule fois, est nouée à l’arrière et dont les deux extrémités sont laissées pendantes.
c) pendant les cérémonies rituelles et dans le défilé du convoi funèbre, par dessus la robe, une tunique à larges manches de tulle grossier, taillée de la même façon que précédemment et une ceinture en lanières de bananier tressées. Les fils ont une coiffure ayant la forme d’un anneau en paille et un bâton en bambou si c’est le deuil du père, ou en vông(genre de peuplier) si c’est le deuil de la mère.
Les femmes, filles et brus laissent leurs cheveux pendants ; la partie supérieure de leur turban en capuchon conique et la partie inférieure est laissée étalée dans toute sa largeur.
La coiffure en anneau, la tunique de tulle grossier et le bâton sont déposés, après chaque cérémonie, sous l’autel du défunt et seront brûlés à la cérémonie du trir phuc (expiration du deuil)-2° : deuil d’un an ou co-niên :
deuil des grands-pères et grand’mères, du père ou de la mère de la femme, des enfants , des frères et soeurs , des oncles et tantes paternelsou maternels du premier degré :
turban et vêtements blancs de coupe ordinaire, mais en toile un peu moins grossière– 3° : deuil de 9 mois ou dai công
(arrêt technique d’urgence : excuses)
Bonjour RdB et TLM,
Savez-vous que beaucoup de ces règles pour le deuil (durée du deuil selon le lien de parenté, les habillements, les interdits comme le mariage durant le deuil, etc…) ont été définies en 1470 par le Code des Lê, dit Code de Hồng Đức, du nom du règne du roi Lê Thánh Tông ?
Bien amicalement.
Dông Phong -
20 décembre 2010 à 8h32 #129519Dông Phong;124119 wrote:Bonjour RdB et TLM,
Savez-vous que beaucoup de ces règles pour le deuil (durée du deuil selon le lien de parenté, les habillements, les interdits comme le mariage durant le deuil, etc…) ont été définies en 1470 par le Code des Lê, dit Code de Hồng Đức, du nom du règne du roi Lê Thánh Tông ?
Bien amicalement.
Dông PhongHonnêtement non .. car si je n’avais pas les articles de revues publiées vers 1950, je serais un « NUL complet » sur la question ..
Il est dit à un endroit : « A l’heure actuelle, ces règles complexes ont été simplifiées et dans beaucoup de familles on s’en tient aux coutumes suivantes « .. suit le texte que j’ai commencé à vous taper
Je suis plus porté vers le culte et le mythe des « âmes errantes … « auxquels Durian doit faire allusion d’ailleurs lorsqu’il parle des « morts accidentelles » (par analogie à toutes morts violentes qui génèrent des » âmes errantes »)
ps : j’ai aussi un texte sur le rituel et la céremonie du Thành-phuc, avec ses 17 commandements
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20 décembre 2010 à 8h49 #129520robin des bois;124120 wrote:[…]
Je suis plus porté vers le culte et le mythe des « âmes errantes … « auxquels Durian doit faire allusion d’ailleurs lorsqu’il parle des « morts accidentelles » (par analogie à toutes morts violentes qui génèrent des » âmes errantes »)ps : j’ai aussi un texte sur le rituel et la céremonie du Thành-phuc, avec ses 17 commandements
Re-bonjour RdB,
Les « âmes errantes » ont déjà fait l’objet d’un fil de discussion l’été dernier, lors de la fête Lễ Vu Lan : http://www.forumvietnam.fr/forum-vietnam/la-culture-le-sport-au-vietnam-t-ng-quan-v-n-hoa-th-thao/8858-le-vu-lan.html.
Bien amicalement.
DP -
20 décembre 2010 à 9h45 #129524Dông Phong;124121 wrote:Re-bonjour RdB,
Les « âmes errantes » ont déjà fait l’objet d’un fil de discussion l’été dernier, lors de la fête Lễ Vu Lan : http://www.forumvietnam.fr/forum-vietnam/la-culture-le-sport-au-vietnam-t-ng-quan-v-n-hoa-th-thao/8858-le-vu-lan.html.
Bien amicalement.
DPOui oui ..et nous avons échangé ensemble… et avec d’autres personnes de bonne compagnie !
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20 décembre 2010 à 18h29 #129550
bonjour
merci Dong Phong pour ce renseignement extrêmement intéressant. Ainsi nos coutumes n’ont pas beaucoup bougé depuis si longtemps. je me rappelle très bien de l’enterrement d’une de mes arrière-grandes-mères en 1970. les proches étaient habillés exactement comme décrit.
J’ai lu tout le post rapidement.
Beaucoup de descriptions, mais très peu d’explication et de commentaire.
La question que je me pose est : Quel est le sens de tout ceci ?
à quoi croit-on vraiment ?
Quand à chaque giô dans mon enfance, mes parents réunissaient une centaine de personnes. Nous les enfants, on étaient aux anges. Pour nous c’était la fête. Les anciens racontaient les histoires de famille. Souvent « romancées », d’après moi. car elles étaient trop belles.
Nous étions bercés par ces récits de famille, rassurés par la présence des aînés, réchauffés par les jeux de nos cousins et cousines…
mais quand je voyais les mets succulents disposés sur les autels sous le regard bienveillant des ancêtres en photos ou en peintures, j’avais des gros doutes sur leur « présence ». Tout le monde faisait comme s’ils étaient vraiment là.
Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de me demander ce que tout cela signifie.
Quand un de mes frères est décédé, j’ai longtemps évoqué son âme, essayé d’y croire, je l’ai appelé de tout mon être. je suis allée au cimetière la nuit. je voulais que son fantôme m’apparaisse, qu’il me fasse un signe, même infime. Mais il n’y avait rien, rien que le froid de la nuit et de mon désarroi.
Je n’ai jamais eu peur des fantômes, tellement je voudrais en rencontrer. Comme ce serait merveilleux.
Ce Noël, ce sera le premier giô de mon père tant regretté. Depuis un an, j’attends qu’il me donne un signe.
mais hélas, il ne reste que son souvenir en moi.
Alors, pourquoi tous ces objets qu’on brûle ? ces moines qui chantent pour sa réincarnation ? Ces rites, ces offrandes ? à qui s’adresse-t-on vraiment ?
Nous avons sûrement trop peur de les oublier un jour. Alors nous inventons un tas de choses pour nous aider.
C’est plus que grossier comme explication. les coutumes ont certainement un sens trè profond car c’est la somme de tant de vécus.
Et en réalité, cela nous aide. J’ai l’impression de connaître mes grands parents et arrière grands parents comme si je les avais connus. grâce à ces récits.
J’ai chaud au cœur quand je vois ma mère parle à mon père devant l’autel. Elle s’adresse à tous ceux qui s’y trouvent, un à un. Comme j’aimerais pouvoir faire la même chose.
Mais je n’ai pas cette foi. Je les aimais tant vivants. rien ne pourra jamais les remplacer.
Mon deuil est hélas total.
est ce que je dois faire comme si, pour mes enfants ? j’aimerais qu’ils connaissent cette joie et cette chaleur familiales que j’ai connues enfant. Mon fils Dan aime beaucoup le « cung gio ». il y croit. Il allume l’encens chaque jour et parle à son grand père. Il a de la chance.
ma question est une confidence. peut-être que quelqu’un arrive à me réconforter comme l’aurait fait mon père, très pragmatique et en même temps, très respectueux des coutumes ancestrales. -
20 décembre 2010 à 19h27 #129552jeannethanh;124156 wrote:bonjour
Beaucoup de descriptions, mais très peu d’explication et de commentaire.
La question que je me pose est : Quel est le sens de tout ceci ?
à quoi croit-on vraiment ?
. Mon fils Dan aime beaucoup le « cung gio ». il y croit. Il allume l’encens chaque jour et parle à son grand père. Il a de la chance.
ma question est une confidence. peut-être que quelqu’un arrive à me réconforter comme l’aurait fait mon père, très pragmatique et en même temps, très respectueux des coutumes ancestrales.En ce domaine de l’après et de l’au-delà , Votre » quête » ne peut être qu’une démarche individuelle .
Tout comme la mienne et j’utilise souvent cette formule pour faire comprendre ma position : » Je cherche et je continue de chercher : je ne suis sûr de rien, tout en respectant profondément les positions des uns et des autres »
Je pense que certains élements de réponse à votre question peuvent se trouver non pas dans le thème même des « rites d’enterrement «
mais bel et bien dans le thème beaucoup plus général consacré à la « conception de la vie et de la mort dans les croyances populaires de l’ancien Vietnam » ; les notions qui y sont développées sont primordiales à connaitre avant d’ essayer de comprendre le Culte des ancêtres et:ou le « mythe des âmes errantes «
ps : à noter que « les âmes errantes » n’est pas un thème spécifique au Vietnam, loin de là .
Très succintement et schématiquement entrent en considération les notions suivantes :
– l’être humain : qui comprend
1- le hôn (ou l’âme) indestructible
Il est triple (Ba hon ) pour l’homme et la femme2 – les phâch ou via qui animent le corps et s’anéantissent à la mort :
-‘homme en a 7 , la femme en a 9Le corps reçoit les hon et les phach le jour de la conception
La mort n’est pas l’anéantissement : le hon survit pour l’éternité . mais contrairement aux notions d’immortalité de l’âme chez les Occidentaux, le Hon ne se détache jamais des choses terrestres pour habiter un autre monde comme un » pur esprit«
« Il ne rompt pas ses liens avec ses attaches. Il plane dans la maison natale, assure une protection aux vivants de sa famille, participe à leurs joies , à leurs peines, cherche à exaucer leurs prières, accepte les offrandes présentées sur l’autel »Pour le hon, la mort n’est qu’un retour à l’état de pureté (sinh ky, tu qui : « la vie n’est qu’un séjour, la mort est le retour « )
(etc etc voilà succinctement les premières notions rappeleées très brièvement, et sans doute avec quelques maladresses pour quelqu’un qui n’est pas du coin !!! )
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20 décembre 2010 à 20h16 #129556jeannethanh;124156 wrote:bonjour
merci Dong Phong pour ce renseignement extrêmement intéressant. Ainsi nos coutumes n’ont pas beaucoup bougé depuis si longtemps. je me rappelle très bien de l’enterrement d’une de mes arrière-grandes-mères en 1970. les proches étaient habillés exactement comme décrit.
J’ai lu tout le post rapidement.
Beaucoup de descriptions, mais très peu d’explication et de commentaire.
La question que je me pose est : Quel est le sens de tout ceci ?
à quoi croit-on vraiment ?
Quand à chaque giô dans mon enfance, mes parents réunissaient une centaine de personnes. Nous les enfants, on étaient aux anges. Pour nous c’était la fête. Les anciens racontaient les histoires de famille. Souvent « romancées », d’après moi. car elles étaient trop belles.
Nous étions bercés par ces récits de famille, rassurés par la présence des aînés, réchauffés par les jeux de nos cousins et cousines…
mais quand je voyais les mets succulents disposés sur les autels sous le regard bienveillant des ancêtres en photos ou en peintures, j’avais des gros doutes sur leur « présence ». Tout le monde faisait comme s’ils étaient vraiment là.
Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de me demander ce que tout cela signifie.
Quand un de mes frères est décédé, j’ai longtemps évoqué son âme, essayé d’y croire, je l’ai appelé de tout mon être. je suis allée au cimetière la nuit. je voulais que son fantôme m’apparaisse, qu’il me fasse un signe, même infime. Mais il n’y avait rien, rien que le froid de la nuit et de mon désarroi.
Je n’ai jamais eu peur des fantômes, tellement je voudrais en rencontrer. Comme ce serait merveilleux.
Ce Noël, ce sera le premier giô de mon père tant regretté. Depuis un an, j’attends qu’il me donne un signe.
mais hélas, il ne reste que son souvenir en moi.
Alors, pourquoi tous ces objets qu’on brûle ? ces moines qui chantent pour sa réincarnation ? Ces rites, ces offrandes ? à qui s’adresse-t-on vraiment ?
Nous avons sûrement trop peur de les oublier un jour. Alors nous inventons un tas de choses pour nous aider.
C’est plus que grossier comme explication. les coutumes ont certainement un sens trè profond car c’est la somme de tant de vécus.
Et en réalité, cela nous aide. J’ai l’impression de connaître mes grands parents et arrière grands parents comme si je les avais connus. grâce à ces récits.
J’ai chaud au cœur quand je vois ma mère parle à mon père devant l’autel. Elle s’adresse à tous ceux qui s’y trouvent, un à un. Comme j’aimerais pouvoir faire la même chose.
Mais je n’ai pas cette foi. Je les aimais tant vivants. rien ne pourra jamais les remplacer.
Mon deuil est hélas total.
est ce que je dois faire comme si, pour mes enfants ? j’aimerais qu’ils connaissent cette joie et cette chaleur familiales que j’ai connues enfant. Mon fils Dan aime beaucoup le « cung gio ». il y croit. Il allume l’encens chaque jour et parle à son grand père. Il a de la chance.
ma question est une confidence. peut-être que quelqu’un arrive à me réconforter comme l’aurait fait mon père, très pragmatique et en même temps, très respectueux des coutumes ancestrales.Bonsoir Jeannethanh,
Merci de votre émouvant témoignage. Vous avez tout dit sur le sujet.Ce « culte des ancêtres » qui intègre la piété filiale confucéenne et bouddhique, en même temps que la croyance à l’âme (hồn) des taoïstes et les croyances animistes, est sûrement la vraie « religion » des Vietnamiens, quelles que soient leurs pratiques religieuses (et c’est même vrai pour des athées, comme votre serviteur). Même le Concile de Vatican II l’a reconnu officiellement pour les catholiques vietnamiens.
Ce culte est la base de la cohésion familiale des Vietnamiens, où qu’ils se trouvent, et c’est là le plus important, dépassant les questions métaphysiques.
Continuez donc à en faire profiter vos enfants et petits-enfants (si vous en avez, ou en aurez), comme je le fais avec les miens qui sont « pur beurre breton ».
Bien amicalement.
Dông Phong -
21 décembre 2010 à 16h38 #129605
comme je le fais avec les miens qui sont « pur beurre breton ».[/SIZE]
Bien amicalement.
Dông PhongAinsi on est de la même tribu. Mon père était baptisé breton à Paimpol dans les années 50, quand il était étudiant dans la marine marchande, par ses amis bretons et surtout par ma marraine, sa fiancée de l’époque, bretonne de pure souche, qui a fait de même pour moi, lors de ma première visite en Bretagne, à Cancale. La Bretagne est mon pays de cœur depuis ce jour et pour toujours. Ma marraine est sur mon autel des ancêtres à côté de mon père. Son fils, mon frère de sang breton, filleul de mon père, chaque fois qu’il vient à la maison allume un encens pour eux.
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