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12 juin 2007 à 8h38 #2163
Apprendre le vietnamien pour retrouver ses racines
Source Le Courrier du ViêtnamUn groupe de 16 Américains dont 13 d’origine vietnamienne participent du 30 mai au 13 juin à Hanoi à une formation au vietnamien. Parallèlement à l’enseignement linguistique, l’objectif pour eux est aussi de découvrir le pays et ses hommes, et peut-être trouver une réponse à leurs questions identitaires.
« Je veux apprendre le vietnamien et comprendre la culture et l’histoire du pays qui a vu naître mes parents », confie Lê Van Tim, un étudiant américain de 26 ans. Il fait partie d’un groupe de 16 jeunes du City College of San Francisco et de la San Francisco State University qui participe du 30 mai au 13 juin à une formation au vietnamien à Hanoi.Comme lui, ils sont 12 autres à avoir des ancêtres dans ce pays. Tous sont curieux de découvrir Hanoi qu’ils n’ont parfois vu qu’en photos ou juste entendu parler. Pour Tim, « la capitale est belle et riche de légendes, comme celle du lac de l’Épée restituée », dit-il lentement en vietnamien, tout en compulsant son Viêt ngu dàm thoai (guide de conversation en vietnamien). Il explique qu’enfant, il le parlait beaucoup mieux, surtout avant d’être scolarisé, car il passait alors beaucoup de temps avec sa mère « qui ne parlait que vietnamien à la maison ». Ce n’est qu’en entrant à l’université qu’il a « vraiment repris contact » avec sa langue maternelle. L’étudiant sait depuis l’an passé lire et écrire cette langue difficile, ajoutant que son prénom américain Tim signifie « cœur » en vietnamien.
Les 16 étudiants sont encadrés par 2 professeurs Viêt kiêu, Chung Hoàng Chuong et Ta Minh Hoa. Enseignants au département des études américano-asiatiques de la San Francisco State University, ils constatent que tous ces jeunes américains se posent des questions identitaires : « Qui suis-je ? Suis-je Américain ou suis-je Vietnamien ? Suis-je Américain d’origine vietnamienne ? ». « En bref, ces jeunes n’ont pas encore résolu la question de leur identité », reconnaît le professeur Chung Hoàng Chuong, âgé de 59 ans. « Ce retour dans leur pays d’origine où ils apprennent la langue, étudient l’histoire, rencontrent des gens, visitent des sites…leur apportera des réponses. Ils verront qu’ils sont originaires d’un pays qui a ses traditions, son histoire…Et de retour aux États-Unis, ils auront certainement les idées plus claires », explique ce professeur qui a quitté son pays natal dans les années 1960. S’il revient au Vietnam « 2 fois par an au moins », c’est la 2e année consécutive qu’il encadre des étudiants américains à Hanoi.
Des séjours riches en activités
La formation se déroule au siège du Comité des Vietnamiens de l’étranger (ministère des Affaires étrangères). Durant 2 semaines, ils participent à de nombreuses activités. Ils visitent des sites culturels et historiques : Hanoi bien sûr mais aussi la baie de Ha Long, Sa Pa, des sites touristiques à Hoà Binh et Ninh Binh… Ils rencontrent des enfants victimes de l’agent orange au Village de l’Amitié de Vân Canh, des étudiants du Conservatoire national de Hanoi, de l’Institut des relations internationales…« Notre but, ce n’est pas seulement la langue », déclare Trân Tuong Vy, une des 2 enseignantes de la faculté de vietnamien et de la culture vietnamienne pour les étrangers (de l’École supérieure des sciences humaines de l’Université nationale de Hanoi), qui accompagnent ces étudiants. « Nous voulons leur apprendre également la culture et l’histoire vietnamiennes d’une façon générale. Ainsi, le programme de 2 semaines comprend des visites et des échanges avec la population. Nous essayons de créer de la curiosité, de l’intérêt parfois à partir de choses anodines », indique l’enseignante, citant l’exemple des pronoms personnels. « C’est une chose complexe pour tous ceux qui commencent à apprendre la langue. Les Vietnamiens utilisent différents pronoms selon l’âge ou la position de leur interlocuteur. C’est pourquoi ils ont l’habitude se demander l’âge dès la première rencontre, ce qui pour un étranger est un peu bizarre. Mais en fait, quand on connaît l’âge de son interlocuteur, on peut bien choisir le pronom personnel convenable. Et il y a aussi les questions très personnelles concernant la famille, le travail et même le salaire qui n’ont pas d’autres objectifs que de faire connaissance, d’exprimer l’intérêt que l’on porte à son interlocuteur… À partir des choses intéressantes dans la vie, la culture et l’histoire du pays naîtront une curiosité et un intérêt croissants grâce auxquels ces étudiants continueront d’étudier le pays et la langue plus profondément », dit-elle.
C’est pour améliorer son vietnamien que Tiffany Minh Bùi, 20 ans, revient à Hanoi pour la deuxième fois (la première c’était l’an passé), toujours dans le cadre d’une même formation avec les professeurs Chung Hoàng Chuong et Ta Minh Hoa. « Je veux y revenir souvent car, pendant ces 2 semaines, j’améliore beaucoup mon vietnamien », explique Tiffany qui comprend bien la langue, la parle assez bien mais ne sait pas l’écrire. Et d’ajouter : « Aux États-Unis, j’ai un seul lieu pour la pratiquer : chez moi. Mais, même là-bas, mes parents, mes frères et sœurs et moi-même parlons un mélange d’anglais et de vietnamien. Ici, à Hanoi, tout le monde parle vietnamien. Les gens sont amicaux, ouverts, je peux parler avec n’importe qui dans la rue. Ce n’est pas comme aux États-Unis ».
Cette jeune femme a fait connaissance avec le vietnamien dès son enfance avec ses grands-parents qui « s’occupaient de moi pendant que mes parents allaient au travail », se souvient-elle. Tiffany Minh Bùi se souvient encore du premier mot qu’elle a appris : « com » (le riz). « Il me fallait parler vietnamien pour demander à manger à mes grands-parents! ».
Tiffany Minh Bùi revient cette fois en compagnie de son ami, Tyler Layton. « Il m’a entendu parler du Vietnam, et a vu des photos qu’il a trouvées très belles. Il veut visiter le pays où sont nés mes grands-parents ». Le projet de Tiffany est de revenir au Vietnam après ses études pour y enseigner l’anglais. « Pour cela, il faut que je parle bien le vietnamien ».
Apprendre la langue avec le cœur
Dans ce groupe d’étudiants du City College of San Francisco et de la San Francisco State University figurent 3 Américains « de souche » qui veulent eux aussi découvrir le Vietnam et Hanoi.« Ici, je découvre un nouveau monde, un nouveau mode de vie. Je suis étonné de voir tant d’activités, tant de circulations dans les rues », déclare Derick Brown, 28 ans, afro-américain, qui effectue son premier voyage en dehors des États-Unis. Ce sont ses amis d’origine vietnamienne qui lui ont donné l’envie de venir au Vietnam. « Ils m’ont dit des choses contradictoires sur le Vietnam. C’est un pays pauvre mais très beau. Les gens sont beaux aussi et possèdent une histoire très riche. Piqué par la curiosité, j’ai décidé de venir ici pour mieux comprendre ». Et il participe à toutes les activités, toujours avec plaisir et énergie. Il apprend à manipuler les baguettes, à chanter des airs folkloriques, à prononcer des mots… « Le vietnamien est difficile mais on peut réussir à l’apprendre si l’on a du cœur ».
Ces 2 semaines bien remplies passeront vite. Les étudiants quitteront bientôt le Vietnam avec des pellicules photos plein les poches mais surtout des souvenirs pleins la tête, et aussi peut être avec moins d’interrogations quant à leur histoire personnelle et sur l’orientation qu’ils comptent donner à leur existence.
Hoàng Hoa-Vân AnhCVN
( 10/06/07 ) -
12 juin 2007 à 19h06 #37595
Bonsoir Agemon,
Merci beaucoup!
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13 juin 2007 à 8h52 #37623
Merci pour l’article Agemon
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