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Répondre à : Nguyen Tyong Van a été exécuté

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#14421

Le cynisme singapourien me sidère :no: :

Et ils ne plaisantent qu’à moitié, Nem Chua me racontait l’autre jour qu’il est interdit d’introduire des gommes à macher sur le territoire…

« Singapour refuse un dernier chewing-gum au condamné à mort
L’inflexible cité-Etat détient le record du taux d’exécutions le plus élevé du monde, proportionnellement à sa population.
Florence Compain
[02 décembre 2005]

LE CONDAMNÉ ne pourra pas mâcher un dernier chewing-gum. «Trop grossier, même dans le couloir de la mort», a tranché Gong Chok Lee, directeur de la prison de Changi. Vendredi à l’aube, Nguyen Tuong Van, un Australien d’origine vietnamienne de 25 ans, doit être pendu dans l’inflexible cité-État. Alors que Canberra a perdu tout espoir de faire gracier son ressortissant, les déclarations du directeur de la prison singapourienne ont ajouté à l’indignation. «Nous ne pouvons ternir la réputation de propreté de Singapour», s’est-il justifié. «Si nous lui donnons un chewing-gum et qu’il le crache par terre, nous devrons le pendre deux fois», a-t-il conclu d’un ton grinçant.

Condamné en 2002 pour avoir introduit 400 grammes d’héroïne à Singapour, le jeune homme a déclaré aux enquêteurs qu’il avait accepté de transporter deux sachets de drogue pour pouvoir régler des dettes contractées par son frère jumeau. Il n’a pas de casier judiciaire, il s’agissait de son premier voyage hors des frontières australiennes. Et depuis son arrestation, il a exprimé des remords et coopéré avec les autorités. Mais il a été sanctionné en vertu de la loi sur l’usage illicite des stupéfiants qui prévoit l’application obligatoire de la peine de mort pour le trafic d’héroïne, lorsque les quantités sont supérieures à 15 grammes.

850 pendaisons à l’actif du bourreau

En Australie, les esprits s’échauffent : «Petit port chinois despotique», s’énerve un ancien premier ministre. Les récriminations s’étalent à la une des journaux : «État psychorigide», «gouvernement au coeur de pierre». «Pourquoi exécuter un malheureux passeur et investir massivement en Birmanie, un régime qui tire une partie de ses revenus du trafic de l’héroïne ?» lit-on dans les colonnes du Sydney Morning Herald. Et voilà que le bourreau de Singapour s’en mêle. Lui aussi est déçu. Avec plus de 850 pendaisons à son actif, Darshan Singh, 74 ans, pensait être l’homme de la situation. Mais les autorités lui ont notifié qu’elles se passeraient de ses services après que sa photo ait été publiée dans la presse australienne. Par «souci du travail bien fait», le vieux fonctionnaire réclame son dû. «Avec moi, le prisonnier ne luttera pas. Avec un remplaçant inexpérimenté, il va se débattre comme un poulet, comme un poisson hors de l’eau, explique-t-il. Dans une exécution par pendaison réussie, la personne ne meurt pas d’asphyxie mais de la rupture des vertèbres cervicales. Le coeur s’arrête de battre quinze à vingt minutes plus tard.» Ces détails n’ont guère été appréciés à Canberra comme à Sin gapour. Après avoir mis son bourreau sur la touche, la cité-État pourrait emprunter celui du voisin malaisien, seul autre pays de la région à utiliser la pendaison.

Selon le dernier rapport d’Amnesty International sur la peine de mort, Singapour détient le record du taux d’exécutions le plus élevé du monde, proportionnellement à sa population, soit 420 depuis 1991. Les données officielles sur le recours à la peine de mort restent secrètes. Le gouvernement ne publie pas de statistiques sur les condamnations à mort et les exécutions.

Car derrière le miracle économique de Singapour se cache un monde sinon orwellien, du moins ultra-autoritaire : une censure étroite de la presse, l’interdiction d’associations de défense des droits de l’homme, l’internement indéfini sans jugement d’un millier de personnes, le supplice de la canne de rotin, dont un seul coup suffit à faire s’évanouir un homme endurci.

La mère de Nguyen Tuong Van se bat aujourd’hui pour pouvoir le serrer sur son coeur une dernière fois. Les règles pénitentiaires singapouriennes n’autorisent pas les contacts physiques avec les condamnés à mort. »

Source le Fig’ : http://www.lefigaro.fr/international/20051202.FIG0227.html