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Témoignage de: Francis Gendreau, président de l’Association d’Amitié Franco Vietnamienne
Une conférence internationale pour informer mobiliser et dénoncer !
La conférence internationale qui s’est tenue au Sénat en mars dernier, à l’initiative de l’AAFV, avait pour but d’informer de mobiliser et de dénoncer ce qui est considéré aujourd’hui comme étant « la plus grande guerre chimique » de l’histoire. Plusieurs experts internationaux étaient réunis à cette initiative dans le cadre de cette conférence internationale dont le thème était » les effets des épandages de défoliants au Vietnam entre 1961 et 1971 « . Durant cette période, I’armée américaine a répandu des millions de tonnes de produits chimiques. toxiques, faisant de ce conflit « la plus grande guerre chimique que le monde ait connue », selon les termes de M. Tran Xuan Thu, viceprésident de l’Association vietnamienne des victimes de l’agent orange présent à cette occasion. » Ce sont plus de 80 millions de litres d’herbicides, contenant de la dioxine (agent orange), qui ont été répandus sur le quart de la superficie du Vietnam du sud « . » Entre 2, 1 et 4,8 millions de personnes » ont été exposées à ces produits, soulignait Tran Xuan Thu, précisant que la quantité cumulée de dioxine pourrait atteindre « jusqu’à 600 kg « . Destinés à détruire la forêt qui protégeait les combattants communistes, ces défoliants, 30 ans après, continuent de polluer. La dioxine, un des poisons chimiques les plus dangereux, peut rester actif pendant plus de vingt ans, a ajouté M Tran Xuan Thu. Affections digestives, nerveuses, dermatologiques, cardiovasculaires ou sanguines, cancers de la sphère ORL et du foie, et anomalies de la reproduction, avortements, naissances prématurées et difformité% cancers, sont les conséquences les plus répandues de l’exposition à la dioxine. Selon I’lnstitut de médecine des académies nationales des sciences américaines, I’exposition à la dioxine peut déboucher sur la leucémie Iymphoïde chronique (LLC), une forme de cancer du sang.
Une étude remontant aux années 80 révèle cinq malformations très j caractéristiques des nouveauxnés au Vietnam. La directrice de l’hôpital Tu Du à Ho-Chi-Minh-Ville, Nguyen Thi Ngoc Phuong, rappelait a cet occasion que sur 294 enfants exposés in utero à 1’agent orange, 5,4% souffraient de malformations, contre 0,4% parmi 6 690 enfants non exposés à ce produit chimique. » Une autre étude portantsur deux groupes de femmes d’une même région montre que le risque de malformation est dix fois plus élevé (2,28% contre 0,22%) parmi les 394 femmes nées et allaitées lorsque des défoliants étaient déversés sur le Vietnam que parmi les 2 281 autres femmes nées et allaitées entre 1938 et 1963 » Le Dr Arnold Schecter de l’Université de Santé publique du Texas et un des chefs de file des recherches menées sur I’agent orange depuis plus de vingt ans de rajouter: » on ne peut pourtant rien en déduire: même si on peut le suspecter, personne ne peut affirmer que la dioxine soit responsable de malformations congénitales. La malnutrition ou des virus comme le paludisme peuvent induire ce genre de maladies, et c’est souvent le cas au Vietnam. » En fait, il existe peu d’études à grande échelle Il faudrait, devait souligner Mme Ngoc Phuong, « une véritable coopération entre le Vietnam, les ÉtatsUnis et d’autres pays comme la France pour faire des études épidémiologiques à grande échelle Mais ces études sont difficiles à mener. Comment savoir par exemple si les parents étaient contaminés lors de la naissance de l’enfant ?
Extrait du journal « Marseille-Mékong » Novembre 2005