Aller au contenu

Respect des cultures des minorités ethniques et développement du tourisme sont-ils compatibles

Voyage au Vietnam Le Tourisme au Vietnam Respect des cultures des minorités ethniques et développement du tourisme sont-ils compatibles

  • Ce sujet est vide.
Vous lisez 22 fils de discussion
  • Auteur
    Messages
    • #3918
      thuong19
      Participant

        Photographier les Montagnards dans leurs costumes multicolores, visiter leurs marchés si pittoresques, découvrir leurs modes de vie, randonner avec une guide Hmong au travers des rizières en terrasses…Qui n’a pas gardé de somptueux souvenirs de son périple à Sapa, Cao Bang , Kon Tum, Pleiku, Lai Chau…
        Pourtant, on peut s’interroger sur les modifications que subissent les cultures ancestrales et les modes de vie, sur les dommages causés au paysage engendrés par les infrastructures nécessaires au développement du tourisme de ces régions.
        Comment concilier développement touristique et respect des cultures propres aux minorités ethniques ?
        Ci dessous un article du Courrier du Viêtnam. La journaliste s’interroge, mais quelles sont les pistes menant à des solutions ?

        … Sa Pa ou la mode du plongeon au cœur du Vietnam [IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/news/Image/2008/05/Vietnam/Culture%20et%20sports/Tourisme/4407.902as.JPG[/IMG]

        Sapa, village magnifique. Sa Pa, l’occasion d’écarquiller les yeux et de découvrir une petite partie de la vaste culture vietnamienne. Mais Sa Pa est aussi ce que l’on pourrait appeler un « voyage folklorique », pour les Occidentaux. Il répond à ce besoin ambigu de se plonger au cœur du typique, par intérêt mais aussi parce que c’est la mode.

        On va à Sa Pa pour se confronter à la « vraie » vie des ethnies, les Vietnamiens des montagnes, ceux qui n’ont pas été encore occidentalisés. Le moindre de leur geste fascine : il a l’air d’appartenir à tout un rituel traditionnel dont la signification nous échappe. On prend des tonnes de photos, pour montrer aux amis, et on se plaint que Sa Pa devienne une ville touristique. On oublie que si Sa Pa ne devenait pas une ville touristique, on n’y serait jamais allé. En fait, on cherche des vacances originales, l’exclusivité et l’exceptionnalisme.
        Mais si tout le monde veut voir Sa Pa, veut rencontrer les peuplades folkloriques, dormir dans leurs villages, acheter leurs broderies, se promener en sécurité dans leurs montagnes, il est normal que Sa Pa se transforme. Sa Pa devient de plus en plus touristique, jusqu’à ne plus rien avoir d’authentique. Les H’Mông, peuple villageois agricole, échangent peu à peu leur culture et leurs traditions contre une place dans le système néo libéral.
        On peut résumer ce processus par la simple équation de l’offre et de la demande : les touristes veulent de l’inédit, on leur sert du typique. Le marché est parfait. Tout le monde est content et pourtant la montagne se dégrade, des détritus souillent les rivières, les ethnies parlent mieux anglais que vietnamien, un faible taux de leurs enfants vont à l’école car ils sont une force économique dès leur plus jeune âge (ils vendent des bracelets aux touristes). La sérénité des villages est troublée.
        Des identités culturelles à préserver
        Il y a des choses à préserver, et on l’oublie souvent quand il y a de l’argent à gagner. Il ne s’agit pas d’empêcher les ethnies d’accéder à la modernité, au confort et au choix de leur mode de vie, ni de frustrer les « ethnophiles » européens de leurs trekkings parmi les populations locales. Il s’agit peut être simplement de se poser les bonnes questions : pourquoi va-t-on à Sa Pa ? Est-ce par intérêt réel, pour le raconter, pour aller au zoo ou pour faire du shopping ? Un grand problème du tourisme aujourd’hui, c’est la figure héroïque du routard : ce qui auparavant n’était accessible qu’avec efforts et par certaines personnes – il fallait marcher, rencontrer, parler la langue, dormir à la belle étoile, escalader, faire du stop, bref découvrir et expérimenter, prendre des risques – devient à la portée du premier venu, en toute sécurité. Le routard tout confort, parce qu’on aime découvrir, mais on a ses petites habitudes ! Détruisons les idoles routardes, encensons le tourisme « plan-plan » avant que la gangrène touristique n’aille ronger tout le pays !
        Hélène ALEX/CVN
        (25/05/2008)

      • #69001

        Le tourisme n’est pas compatible avec grand chose, sinon avec le taux de penetration du Coca Cola.
        Imaginez que des des cars de touristes debarquent dans votre rue et que des etrangers habilles bizarrement se mettent a vous prendre en photos avec toute votre famille, etc,… et ca, a longueur d’annees.
        On devrait peut-etre jumeller SAPA avec le ZOO de Vincennes.
        Mais je crois que le ZOO de Vincennes ne va pas etre d’accord.
        Ils ont des heures d’ouvertures et de fermetures, eux! Et puis surtout, il y a des grillages pour proteger les animaux.

      • #69007
        thuong19
        Participant
          HUYARD Pierre;57552 wrote:
          Le tourisme n’est pas compatible avec grand chose, sinon avec le taux de penetration du Coca Cola.
          …On devrait peut-etre jumeller SAPA avec le ZOO de Vincennes.
          Mais je crois que le ZOO de Vincennes ne va pas etre d’accord.

          Salut Pierre,
          Donc on est toujours à court d’idées concernant le développement économique et social dans le respect des cultures et des traditions des minorités ethniques ? Le progrès, ce n’est pas pour elles ? En parcourant leurs villages, j’avais pourtant eu le sentiment d’un mieux être socio-économique apporté par l’argent du tourisme.
          Mais en ce qui concerne le jumelage SAPA et le ZOO de Vincennes, je suis contre, ne serait-ce même que d’évoquer l’idée; le ZOO de Vincennes est fermé depuis plus de 10 ans, et il ne reste que très peu animaux encore : les rescapés qui n’ont pu être répartis dans d’autres ZOO.

        • #69008

          thuong19;57558 wrote:
          Salut Pierre,
          Donc on est toujours à court d’idées concernant le développement économique et social dans le respect des cultures et des traditions des minorités ethniques ? Le progrès, ce n’est pas pour elles ? En parcourant leurs villages, j’avais pourtant eu le sentiment d’un mieux être socio-économique apporté par l’argent du tourisme.
          Mais en ce qui concerne le jumelage SAPA et le ZOO de Vincennes, je suis contre, ne serait-ce même que d’évoquer l’idée; le ZOO de Vincennes est fermé depuis plus de 10 ans, et il ne reste que très peu animaux encore : les rescapés qui n’ont pu être répartis dans d’autres ZOO.

          Bien sur que le tourisme apporte des avantages materiels.
          Cependant, le titre etait:
          Respect des cultures des minorités ethniques et développement du tourisme sont-ils compatibles
          La question reste donc : Que devient la culture des minorites ethniques face au developpement touristique?
          Pour Vincennes, tu as raison, il faut donc demander a Thoiry ou a Kew Garden.

        • #69010

          Photo prise le 16 novembre 2005 dans un coin « reculé » aux environs de Sapa

          Personnellement, je trouve cela bien, le mélange d’une certaine « modernité » avec les vêtements plus traditionnels, encore que, je soupçonne, malheureusement que les vêtements sont plutôt là pour le tourisme !
          vn2005156jm9.jpg

        • #69011

          Sur un tel dossier , je ne pense pas qu’il y ait de « solutions miracles. »

          Personnellement, je ressentais profondément que j’avais la chance inouïe de pouvoir assister à des « scènes de vie d’un monde en voie de profondes mutations »( pour ne pas dire en voie de disparition.

          Selon moi, la survie des cultures de ces différentes ethnies ne pourra venir que des  » leaders  » même de ces ethnies..de leurs volontés de transmettre leurs valeurs et leurs modes de vie .. si bien sûr les pouvoirs publics favorisent et aident cette réflexion.(ce qui n’est pas forcément sûr avec tout etat plutôt centralisateur.

          Sous l’aspect économique, il est très difficile de savoir comment de telles ethnies vont assimiler tous les élements techniques mis à leur dispositon, qui de toute façon, leur seront imposés dans leur environnement quotidien (par ex:électricité et barrages, routes et transports, moyens de communication etc etc).

          S’agisssant de la ville de SAPA , et si mes informations sont bonnes, l’essentiel du tourisme ne profite pas aux ethnies elles-même mais bien à la majorité Viet; l’argent du commerce est là.

          des survivants d’un Monde Exceptionnel.. mais pour combien de temps?

        • #69014

          robin des bois;57562 wrote:
          Sur un tel dossier , je ne pense pas qu’il y ait de « solutions miracles. »
          Personnellement, je ressentais profondément que j’avais la chance inouïe de pouvoir assister à des « scènes de vie d’un monde en voie de profondes mutations »( pour ne pas dire en voie de disparition.
          Selon moi, la survie des cultures de ces différentes ethnies ne pourra venir que des  » leaders  » même de ces ethnies..de leurs volontés de transmettre leurs valeurs et leurs modes de vie .. si bien sûr les pouvoirs publics favorisent et aident cette réflexion.(ce qui n’est pas forcément sûr avec tout etat plutôt centralisateur.
          Sous l’aspect économique, il est très difficile de savoir comment de telles ethnies vont assimiler tous les élements techniques mis à leur dispositon, qui de toute façon, leur seront imposés dans leur environnement quotidien (par ex:électricité et barrages, routes et transports, moyens de communication etc etc).
          S’agisssant de la ville de SAPA , et si mes informations sont bonnes, l’essentiel du tourisme ne profite pas aux ethnies elles-même mais bien à la majorité Viet; l’argent du commerce est là.
          robin des bois;57562 wrote:
          des survivants d’un Monde Exceptionnel.. mais pour combien de temps?

          Au Canada, aux Etats Unis, ce sont les minorites indiennes qui gerent leurs reserves et qui encaissent l’argent.
          En Australie, c’est en train d’emerger,… lentement.
          En Nouvelle Caledonnie, sont-ce les Canaques qui touchent les revenus du nickel?
          Au Vietnam, ce ne sont pas encore les minorites qui touchent les principales retombees du tourisme.
          Quand on a spolie une minorite ethnique (par principe arrieree), on met du temps a accepter le fait meme d’avoir commis une malhonnetete et une injustice.
          Les USA et le Canada ont mis plus d’un siecle a faire repentance, la France a a peine commence. Les Kinhs font le faire : mais c’est un processus long et douloureux. Pour les 2 parties (admettre qu’on a ete un colonisateur quand on s’est toujours presente comme un liberateur est tres douloureux).
          ET il n’est pas sur que la prise de conscience vienne des leaders.
          NOTA : Re-ecoutez le discours de Sarkozy a Dakar pour voir comme c’est long!
          Et encore, la, il ne donne pas de lecon ni ne fait de morale. Alors, je vous laisse imaginer ce que ca pourrait donner si…

          http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/2007/juillet/allocution_a_l_universite_de_dakar.79184.html
          Je ne suis pas venu, jeunes d’Afrique, vous donner des leçons.
          Je ne suis pas venu vous faire la morale.

          (…)

          Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire.
          Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.
          Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.
          (…) Le problème de l’Afrique, c’est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l’éternel retour, c’est de prendre conscience que l’âge d’or qu’elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison qu’il n’a jamais existé.

          Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance.

          (…)

        • #69128
          mai

            Esprit critique > Octobre 2002
            [FONT=Times,Arial,Helvetica] La sociologie à l’épreuve de la mondialisation: vers un renouveau épistémologique et méthodologique
            Sous la direction de Rabah Kechad
            [/FONT] b1.gif
            [FONT=Times,Arial,Helvetica] « Nous aimerions analyser ces effets à travers l’étude de l’impact sur les ethnies Thaï et Muong, d’un seul objet, nous paraissant suffisamment significatif: la moto. [/FONT]
            [FONT=Times,Arial,Helvetica] Celle-ci est avant tout un formidable moyen de communication. Elle permet désormais d’aller en ville, à Hanoï ou Hoa Binh, chercher les produits dont on peut avoir besoin. C’est le rapport au monde et la notion de distance qui sont ici modifiés. » [/FONT]

            je vous invite à lire cet article:comment la seule introduction de la modernité, ici par la moto modifie et déjà par l’usage de l’habitat tout ce qui s’ensuit
            pour la folklorisation ..qui est complice et pourquoi?Esperons une contradiction dans l’affaire:c’est que le regard de l’occident(oh bien sûr pas les touristes.;et je n’irais jamais à Sapa)par exemple des gens comme vous .. à force et à force…

          • #69129
            mai;57693 wrote:
            [FONT=Times,Arial,Helvetica]. C’est le rapport au monde et la notion de distance qui sont ici modifiés. » [/FONT]

            je vous invite à lire cet article:comment la seule introduction de la modernité, ici par la moto modifie et déjà par l’usage de l’habitat tout ce qui s’ensuit
            pour la folklorisation ..qui est complice et pourquoi?Esperons une contradiction dans l’affaire:c’est que le regard de l’occident(oh bien sûr pas les touristes.;et je n’irais jamais à Sapa)par exemple des gens comme vous .. à force et à force…

            Ce qui me frappe dans l’observation des Ethnies et/ou des mondes à prédominence rurale de l’Asie c’est que çà ressemble bigrement à ce qui s e passait dans notre monde rural de France il y a encore une cinquantaine d’années…
            Et il est vrai que l’introduction d’un moyen de transport moderne -quel qu’il soit-bouleverse énormement de choses..notamment les fréquentations entre jeunes .. et la façon de se marier !!!
            A notre mariage, il y a eu une belle bagarre à la fin du Bal (le vin aidant !!), parce que un « petit gars d’une province voisine  » (moi) était venu faucher une » fille de la Brière »: çà ne se faisait pas trop à ce moment là, car faute de moyens de transport, les filles du pays étaient instamment priées de se marier localement.. …etc etc

          • #69130
            mai

              oui bien sûr le monde rural d’ailleurs cotoyait dans les premiers expositions « zoos humains »(P.Huyard a raison de faire ce rapprochement)anterieures aux expositions coloniales le monde des indiens d’amérique ,des noirs d’afrique:il y avait les bretons,les corses, les irlandais, etc..tout cela reconstitué dans leurs villages..je n’ai plus le nom de ce premier promoteur du genre..je le rechercherai d’ailleurs ..
              Pour la moto.confirmation que c’est le détail qui trouble l’ensemble..oui checher le détail

            • #69163
              HUYARD Pierre;57565 wrote:
              Au Canada, aux Etats Unis, ce sont les minorites indiennes qui gerent leurs reserves et qui encaissent l’argent.
              En Australie, c’est en train d’emerger,… lentement.
              En Nouvelle Caledonnie, sont-ce les Canaques qui touchent les revenus du nickel?
              Au Vietnam, ce ne sont pas encore les minorites qui touchent les principales retombees du tourisme.
              Quand on a spolie une minorite ethnique (par principe arrieree), on met du temps a accepter le fait meme d’avoir commis une malhonnetete et une injustice.
              Les USA et le Canada ont mis plus d’un siecle a faire repentance, la France a a peine commence. Les Kinhs font le faire : mais c’est un processus long et douloureux. Pour les 2 parties (admettre qu’on a ete un colonisateur quand on s’est toujours presente comme un liberateur est tres douloureux).
              ET il n’est pas sur que la prise de conscience vienne des leaders.

              Chào Pierre,

              Ah bon ! Les Kings, mis sur le même banc que les colonisateurs Européens depuis quand? Ne sais-tu vraiment pas que la présence de ces minorités dans le Nord du Vietnam remonte il y a seulement 2 siècle? En effet, ces tribus nomades exogènes, originaires des régions de l’Asie du Nord (Mongolie, Sibérie, Tibet etc) avaient fait de longs voyages à travers la Chine pour parvenir dans cette région vers la fin du 18ème et, avant leur arrivée, cette région était déjà habitées depuis la nuit des temps par les tribus indigènes, génétiquement et linguistiquement 100% sud-est asiatiques, comme les Tâi, les Muongs, les Nuns et les Thaïs. D’ailleurs, en s’appuyant sur les données délivrés par leurs travaux, nombreux ethnologues ont conclu que, les Kings qui, possèdent des traits culturels assez proches des leurs, sont effectivement issus de la fusion de ces ethnies indigènes avec les colons chinois.

              Rétrospective : A la fin de la deuxième guere, peu après leur revenue en Indochine, les colonisateurs français ont projeté de créer dans cette région, considérée comme berceau des indépendantistes, une nouvelle république, sous le nom de « République Montagnard » et qui sera bien sûr sous leur protectorat.

              Lors, de mon séjour à Bac Ha, on m’a fait visiter un chateau en ruine, qui, selon les dires, a été offert par les colonisateurs à un seigneur et chef d’une tribu de la région afin de lui monter la tête contre les indépendantistes. Mais, étaient-ils au courant que parmi les indépendantistes, beaucoup étant membres des tribus qui peuplent la région. Donc, le plus connu à l’époque, Chu Van Tan, Ministre de la défense du premier gouvernement, né à la suite de l’indépendance, étant membre de l’ethnie Nung.

              Enfin, personnellement, je ne considère pas comme un sacrilège, le fait d’avoir assimilé les Kings aux colonisateurs européens, car déjà, moi-même, je les admirenticon10.gif, à tel point d’avoir consacré une partie de mon temps à piller leur culture, et c’est grâce aux fruits de leurs travaux scientifiques que j’ai pu mieux connaître mes traditions et enrichir ma culture.

              BN

            • #69164

              Bao Nhân;57740 wrote:
              Les Kings, mis sur le même banc que les colonisateurs Européens.
              BN

              En fait, je ne mets pas les Kinhs au même plan que les colonisateurs Européens.
              D’abord parce qu’ils ne sont pas Européens, ensuite parce que spolier pendant un temps une communauté ne signifie pas qu’on est devenu ipso facto un colonisateur.
              La colonisation, la belle, la vraie, sous-entend un projet de subordination et d’exploitation à long terme. Elle sous-entend un projet d’exploitation etaye par un complexe de superiorite (culturelle, technique, religieuse, raciale,…).
              Je pense que les Kinhs veulent assimiler les minorités ; pas les coloniser. Le premier boulot du Viet Minh a été de dire aux minorités que tout le monde était Vietnamien et que les divisions ne profitaient qu’aux envahisseurs étrangers. En ce sens, le Kinhs agissent avec les minorites comme le Misnistere de l’Enseignement agissait autrefois avec les Bretons, les Basques et les Auvergnats.
              La France n’a jamais cherché à assimiler les peuples qu’elle colonisait (hors de ses frontieres). Au contraire, notre pays prenait bien garde à ce que chacun garde ses coutumes propres, à ce que chaque ethnie soit bien différenciée et (concurrente) des autres; … .. et à ne donner les droits et la nationalité Française a personne.
              Ça s’appelle diviser pour régner.
              Ça a si bien réussi que beaucoup de minorités se sont rangées au cote des Français, puis des Américains. Ça aussi, ça laisse des traces.

              Les nomades sont la base du peuplement humain. Ce qu’on appelle invasions dans nos livres d’histoire sont plus souvent des migrations de nomades étalées sur plusieurs générations. S’il fallait chercher dans nos gènes, on trouverait un beau paquet de nomades envahisseurs.
              Les Kinhs ont envahis le Vietnam (qui n’existait pas) comme des Grecs, Romains, Juifs, Wisigoths, Germains, Francs, Arabes, … et j’en oublie pas mal, ont fait souche chez nous et ont créé la « race » Française 100% tutti frutti.

            • #69165
              robin des bois;57562 wrote:
              S’agisssant de la ville de SAPA , et si mes informations sont bonnes, l’essentiel du tourisme ne profite pas aux ethnies elles-même mais bien à la majorité Viet; l’argent du commerce est là.

              Mais, est-ce qu’il est interdit aux ethnies d’en profiter? Savez-vous que, par rapport aux Viet Kieu d’origine king (ou d’origine viet comme vous voulez) et aux expats comme notre ami Nem Chua qui, en étant de nationalité étrangère, ne pouvant pas disposer des même droits que les minorités étant donnés citoyens vietnamiens. Mais pourtant, expats et Viet Kieu s’en sortent assez bien. Et pour en arriver, seul moyen, c’est le vouloir. D’ailleurs, en discutant avec eux, certains de ces patrons m’ont dit : ce n’est pas en pillant les gens mais en se surendettant qu’ils ont pu monter leur boutique, hôtel et d’autres. Aussi, croyez-vous que les membres des minorités ethniques soient tous pauvres? A ma connaissance, beaucoup font les affaires et gagnent bien leur vie. Mais le problème, c’est que, une fois installés en ville ou dans un bourg, ces minorités commencent à s’embourgeoiser en faisant du commerce, ensuite ils abandonnent, pour adopter des habilles copiés sur des modèles en vogue, leurs tenue traditionnelle considédée à nos jours comme signe de pauvreté, d’inculture et d’incivilité. En conséquence, un touriste de passage que vous êtes ne pourrez jamais les reconnaître. Et je n’ai pas trop de mal à imaginer que, sans hésiter, vous les assimilez volontairement aux Kings que les journalistes d’obédience pro-colonialiste occidentale appellent Viet afin de pouvoir mieux sèmer la confusion.

              Enfin, il me semble que, souvent les occidentaux refusent de considérer comme minorités ethniques les personnes qui, visiblement pas assez pauvres et ne portant plus leur tenue traditionnelle ostentatoire. Maîtrisant le vietnamien, pendant mon séjour à Bac Ha, j’ai eu l’occasion de faire connaissance avec des commerçants d’origine ethnique qui m’ont dit ne porter plus leur tenue traditionelle que lors des fêtes. Dans la région de Dien Bien, ce sont les Thaïs qui ont su transformer leurs jolies maisons sur piloties en guest-houses et gagnent des fortunes en hébergeant des touristes de passages.

              BN

            • #69169

              On peut donc en tirer l’enseignement suivant ;
              Respect des cultures des minorités ethniques et développement du tourisme ne sont pas vraiment compatibles.
              Mais l’enrichissement de la population et le progres sont a ce prix.

            • #69179

              Bonjour à tous,

              Débat passionnant : j’aime bien lire les opinions des uns et des autres, n’ayant moi-même pas d’arguments irréfutables à porter à votre connaissance…

              Pourtant, du point de vue strictement touristique, je conseillerai tout de même d’aller à SA PA : c’est une vitrine et, par là, trop fréquentée par les touristes. Mais c’est une ville-étape pour aller voir plus loin, là où les touristes trop pressés ne vont pas !

              C’est la même chose pour les autres sites touristiques du Vietnam : je me souviens que dans les Hauts Plateaux du Centre, le guide m’avait dit que les villages que nous allions voir étaient des villages désignés pour accueillir les touristes et cela, pour ne pas risquer d’importuner les villageois qui ne désiraient pas l’être. Et que les villages-vitrines changeaient… Est-ce toujours comme cela ? Je l’ignore. Mais, j’ai trouvé que c’était une bonne solution pour ménager les villageois et pour les aider en leur faisant profiter de l’argent apporté par le tourisme. Mais peut-être suis-je trop naïve et que cela ne se passe pas comme ça en réalité ? :jap::bye:

            • #69196

              Dans le même ordre d’idées, j’ai suivi hier, tard dans la soirée, sur les ondes de RFI Afrique, un reportage de Frédéric Charles, le correspondant de RFI au Japon qui traitait d’un sujet similaire concernant cette fois les minorités aïnous dont la reconnaissance vient dêtre proclamée par le Parlement Japonais. Suivez le lien

              Le Japon reconnaît officiellement le caractère indigène du peuple aïnou – Asie-Pacifique – Le Monde.fr

              Le Japon reconnaît officiellement le caractère indigène du peuple aïnou

              TOKYO CORRESPONDANCE
              Le 6 juin 2008 est devenu une date historique pour les Aïnous. Ce jour-là, le Parlement japonais a unanimement reconnu le caractère indigène de cette population, « qui possède sa propre langue, religion et culture ». Le texte adopté appelle le gouvernement à aider les Aïnous, dont une grande partie vit dans des conditions difficiles.
              empty.gif

              Le vote a été suivi par une déclaration du porte-parole du gouvernement japonais, Nobutaka Machimura, qui admet « le fait historique que les Aïnous ont souffert de discriminations et ont été contraints à la pauvreté en période de modernisation ».
              Les responsables aïnous ont salué l’initiative, présentée comme « la fin des injustices passées » par Tadashi Kato, président de l’Association aïnoue de Hokkaido.
              Le texte reste cependant évasif sur les faits qui ont contraint cette population à devenir japonaise. Les Aïnous, vraisemblablement venus de Sibérie bien avant l’ère Jômon (5 000-300 av. J.-C.) rayonnaient autrefois sur un vaste territoire couvrant Sahkaline, les îles Kouriles, Hokkaido et le tiers septentrional de l’île de Honshu. Ce peuple aux croyances animistes, qui vivait de chasse et de cueillette, apparaît dans les chroniques japonaises dès le VIIIe siècle. Repoussé au fil du temps sur l’île d’Hokkaido, il tombe sous la férule japonaise après la bataille de Kunashiri-Menashi, en 1789.
              INTÉGRATION FORCÉE
              La Restauration Meiji, dès 1868, s’accompagne d’une « japonisation » de Hokkaido qui annihile la culture aïnoue, l’une des plus anciennes de l’Extrême-Orient. Dès 1871, les Aïnous se voient interdits de pratiquer certaines coutumes, comme le tatouage, et sont « encouragés » à apprendre le Japonais.
              La loi de 1899, dite « de protection des anciens indigènes » les dépossède de leurs terres et force leur intégration. Depuis, les quelque 50 000 Aïnous du Japon souffrent de discrimination et d’un taux de pauvreté supérieur à la moyenne. Beaucoup continuent de dissimuler leur identité. Certains l’ignorent.
              Une loi de 1997 a certes assuré la promotion de la culture aïnoue et mis à mal le mythe de l’homogénéité ethnique du Japon, revendiquée notamment par le premier ministre, Yasuhiro Nakasone, en 1986. Mais elle n’a pas reconnu les droits de la minorité ethnique, Tokyo craignant que cela n’ouvre la voie à des revendications territoriales.
              La résolution du 6 juin intervient alors que le Japon a voté, en septembre 2007, la déclaration de l’ONU sur les droits des peuples indigènes et qu’il s’apprête à accueillir le sommet du G8, organisé à Hokkaido sur les terres aïnoues. Elle est également une étape vers la reconnaissance de la diversité du peuple japonais, qui pourrait à l’avenir concerner les habitants de l’ancien royaume des Ryukyus, aujourd’hui Okinawa.
              Philippe Mesmer

            • #69249
              BEBE;57780 wrote:
              Le Japon reconnaît officiellement le caractère indigène du peuple aïnou – Asie-Pacifique – Le Monde.fr
              Le Japon reconnaît officiellement le caractère indigène du peuple aïnou

              Merci pour cet exemple Japonais qui correspond si bien au sujet.
              Ce n’est pas une histoire de colonisation mais une affaire d’integration un peu forcee ; le peuple indigene a ete assiste dans la voie du progres par son grand frere Japonais.
              Repoussé au fil du temps sur l’île d’Hokkaido, il tombe sous la férule japonaise après la bataille de Kunashiri-Menashi, en 1789.
              Dès 1871, les Aïnous se voient interdits de pratiquer certaines coutumes, comme le tatouage, et sont « encouragés » à apprendre le Japonais.
              La loi de 1899, dite « de protection des anciens indigènes » les dépossède de leurs terres et force leur intégration.
              Une loi de 1997 (…) n’a pas reconnu les droits de la minorité ethnique, Tokyo craignant que cela n’ouvre la voie à des revendications territoriales.
              Le Japon reconnaît officiellement le caractère indigène du peuple aïnou – Asie-Pacifique – Le Monde.fr

            • #69250
              abgech;57561 wrote:
              Photo prise le 16 novembre 2005 dans un coin « reculé » aux environs de Sapa

              Personnellement, je trouve cela bien, le mélange d’une certaine « modernité » avec les vêtements plus traditionnels, encore que, je soupçonne, malheureusement que les vêtements sont plutôt là pour le tourisme !
              vn2005156jm9.jpg

              Et non les habits sont bels et bien portes tous les jours et non pas pour les touristes :)

            • #69251

              une fois installés en ville ou dans un bourg, ces minorités commencent à s’embourgeoiser en faisant du commerce, ensuite ils abandonnent, pour adopter des habilles copiés sur des modèles en vogue, leurs tenue traditionnelle considédée à nos jours comme signe de pauvreté, d’inculture et d’incivilité.

              Totalement faux. Les hmongs et les daos rouges de sapa sont fiers de leurs habits traditionnaux et ne voudraient pas s’en separer. Les rares personnes a le faire sont les jeunes guides touristiques des ethnies qui sont attirees par l »Occident ».

            • #69254
              thuong19
              Participant
                oliviersapa;57841 wrote:
                …Totalement faux. Les hmongs et les daos rouges de sapa sont fiers de leurs habits traditionnaux et ne voudraient pas s’en separer. Les rares personnes a le faire sont les jeunes guides touristiques des ethnies qui sont attirees par l »Occident ».

                salut Olivier,
                Toi qui vis le quotidien, donne-nous ton sentiment ; réchauffe nous le coeur .Car je pense que si les ethnies minoritaires subissent le tourisme et le lot de changements, cela les aide néanmoins à entrer dans le 21 ème siècle (en douceur ?). Et d’après ce que j’ai constaté de visu, leur vie économique s’améliore.
                Quel est le moyen d’apporter à ces populations le modernisme nécessaire à l’amélioration de la vie au quotidien, sans pour cela qu’elles abandonnent leur âme?
                Ah c’est sûr, ne comparons pas avec les nouveaux riches viêtnamiens et leur désir ardent et inassouvi de copier les occidentaux, qui à mon avis est une mauvaise voie.:bye:

              • #69268
                oliviersapa;57841 wrote:
                Totalement faux. Les hmongs et les daos rouges de sapa sont fiers de leurs habits traditionnaux et ne voudraient pas s’en separer. Les rares personnes a le faire sont les jeunes guides touristiques des ethnies qui sont attirees par l »Occident ».

                Mais tu es complètement à côté de la plaque Olivier ! Dans mon post, je n’ai pas mentionné Sapa ni les personnes qui vivent encore dans leur village ou en leur région d’origine mais des embourgeoisés, ceux qui sont devenus citadins après s’être installés en ville durant de nombreuses années, dont les filles vont au même lycée que celles des autres et ne sortent de chez-elles qu’en jean sérrés. Comme celle de la famille qui tient une boutique enface de mon hôtel à Bac Ha, avec qui j’ai fait connaissance et pour me convaincre de son origine hmong, sa maman a dû aller chercher une photo sur laquelle on voit sa fille en tenue traditionnelle, sinon je ne l’aurais pas crue. Et pourtant le jour du marché qui se tient dans cette ville, on y voir beaucoup de Hmong en leur habit traditionnel, mais ce sont les gens qui ne viennent que pour le marché une fois par semaine en marchant pendant toute la nuit. Pour ceux qui restent encore dans leur région d’origine que je pense de qui tu as parlés, eux ils gardent toujours leurs traditions et sont fiers de leurs habits comme tu as dit et les portent même lorsqu’ils se déplacent dans des grandes villes, comme à Hanoi où parfois, à la garre, on les voit descendre du train en tenues traditionnelle. D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, sur la Voix du Vietnam, on parlait que les Dao et les Hmong, tous deux font partie des ethnies qui sont les moins déracinés et qui se communiquent encore entre eux en leur langue. Je pense que c’est vrai, car, à Sapa, les mémés qui m’ont forcé d’acheter leurs articles artisanaux parlent très mal vietnamien. Par contre, la majorité des Tây de la génération qui ont cinquant ans d’âge ne peuvent plus parler leur langue.

                BN

              • #69326
                thuong19;57844 wrote:
                salut Olivier,
                Toi qui vis le quotidien, donne-nous ton sentiment ; réchauffe nous le coeur .Car je pense que si les ethnies minoritaires subissent le tourisme et le lot de changements, cela les aide néanmoins à entrer dans le 21 ème siècle (en douceur ?). Et d’après ce que j’ai constaté de visu, leur vie économique s’améliore.
                Quel est le moyen d’apporter à ces populations le modernisme nécessaire à l’amélioration de la vie au quotidien, sans pour cela qu’elles abandonnent leur âme?
                Ah c’est sûr, ne comparons pas avec les nouveaux riches viêtnamiens et leur désir ardent et inassouvi de copier les occidentaux, qui à mon avis est une mauvaise voie.:bye:

                Le meilleur moyen de les aider est, selon mon opinion, d’aller dans leurs maisons et d’utiliser directement leurs services plutot que de passer par des tours ou des hotels.
                Depuis le marche de Sapa ou meme dans la rue tu peux trouver des guides volontaires (en leur parlant) qui t’accepteront de te loger et de te nourrir. En contrepartie tu leur achetera qqchose et/ou la nourriture.

                De cette maniere ils comprennent bien que si leur mode de vie actuel plait aux touristes ils ne le changeront pas aussi vite. Ils ne chercheront pas a devenir comme le village de ta Van qui a perdu son ame.

                De cette maniere 100% de ton argent leur revient. Si tu passes par un tour ils n’y gagnent rien et chercheront a moderniser leurs maisons pour attirer du monde…

              • #69327
                Bao Nhân;57858 wrote:
                Mais tu es complètement à côté de la plaque Olivier ! Dans mon post, je n’ai pas mentionné Sapa ni les personnes qui vivent encore dans leur village ou en leur région d’origine mais des embourgeoisés, ceux qui sont devenus citadins après s’être installés en ville durant de nombreuses années, dont les filles vont au même lycée que celles des autres et ne sortent de chez-elles qu’en jean sérrés. Comme celle de la famille qui tient une boutique enface de mon hôtel à Bac Ha, avec qui j’ai fait connaissance et pour me convaincre de son origine hmong, sa maman a dû aller chercher une photo sur laquelle on voit sa fille en tenue traditionnelle, sinon je ne l’aurais pas crue. Et pourtant le jour du marché qui se tient dans cette ville, on y voir beaucoup de Hmong en leur habit traditionnel, mais ce sont les gens qui ne viennent que pour le marché une fois par semaine en marchant pendant toute la nuit. Pour ceux qui restent encore dans leur région d’origine que je pense de qui tu as parlés, eux ils gardent toujours leurs traditions et sont fiers de leurs habits comme tu as dit et les portent même lorsqu’ils se déplacent dans des grandes villes, comme à Hanoi où parfois, à la garre, on les voit descendre du train en tenues traditionnelle. D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, sur la Voix du Vietnam, on parlait que les Dao et les Hmong, tous deux font partie des ethnies qui sont les moins déracinés et qui se communiquent encore entre eux en leur langue. Je pense que c’est vrai, car, à Sapa, les mémés qui m’ont forcé d’acheter leurs articles artisanaux parlent très mal vietnamien. Par contre, la majorité des Tây de la génération qui ont cinquant ans d’âge ne peuvent plus parler leur langue.

                BN

                :umnik2:

                Ouhla faut que j’arretes la bibinne moi … :D
                Desole d’avoir mal compris.

            Vous lisez 22 fils de discussion
            • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.