Un quart des étrangers seraient concernés
Si le projet élaboré par le ministère de la Construction contente les étrangers, il ne pourrait cependant être profitable qu'à 21.000 des 80.000 expatriés au Vietnam. En effet, près de trois quarts d'entre eux ne remplissent pas les conditions nécessaires pour acheter un logement.
En tant que directeur exécutif au Vietnam pour le leader mondial américain CB Richard Ellis (CBRE), Richard Leech doit cependant louer un logement depuis quelques années. "C'est un vrai gaspillage de louer une maison alors que j'ai un travail de longue haleine au Vietnam. Si je peux en posséder une, ce sera beaucoup plus économique et confortable", affirme-t-il. D'après lui, les étrangers désireux d'acquérir un logement au Vietnam sont en général ceux ayant un contrat de longue durée.
Hannes Romauch, directeur général adjoint de T & M Investment Vietnam, a déménagé 2 fois en 3 ans. Il se plaint de l'instabilité, d'un loyer trop élevé et des formalités administratives "compliquées" relatives à la location. Pour ces raisons, cet homme d'affaires se montre enthousiaste devant la possibilité d'acheter un logement au Vietnam. "Une fois le projet en application, j'achèterai certainement une maison parce que je resterai au Vietnam encore pour plusieurs années".
T & M Investment Vietnam s'occupe du logement pour la moitié de son personnel, l'autre doit se débrouiller seule. Selon Hannes Romauch, il n'est guère difficile de chercher un logis car beaucoup d'agences immobilières sont désormais accessibles. Il indique ainsi que seulement le personnel à court terme privilégie la location, les autres veulent devenir propriétaires pour stabiliser leur quotidien.
Possible vague d'investissements
D'après le directeur général de la Compagnie immobilière de Saigon, Lâm Van Chúc, la demande pour les étrangers d'acquérir un logement au Vietnam est "très grande" et en "augmentation constante". Beaucoup de ses partenaires étrangers qui ont épousé un ou une locale restent cependant locataires, une situation assez pesante. "Ils veulent tous posséder un appartement au Vietnam", selon lui.
Le docteur Trân Dinh Thiên, directeur adjoint de l'Institut de sciences économiques du Vietnam, qualifie de "nécessaire" ce projet, d'autant plus que cela entraînera "certainement" une nouvelle vague d'investissements.
Selon le Département de gestion des habitations (ministère de la Construction), depuis l'application de la politique permettant aux Viêt kiêu de devenir propriétaires au Vietnam, il y a plus de 5 ans, 100 personnes à peine possèdent leur maison, dont 70 à Hô Chi Minh-Ville. Il s'agit d'un nombre trop modeste par rapport à 100.000 Viêt kiêu souhaitant franchir le pas. Un expert financier explique que si ce type d'achat devient réalité, le pays récoltera quelque 10 milliards de dollars.
Le ministère de la Construction estime à 21.000, sur un total de 80.000 expatriés au Vietnam, le nombre d'étrangers à avoir des conditions requises pour acquérir une maison.
Le marché foncier vietnamien est limité et recèle plusieurs éléments spéculatifs, estiment les experts. D'où la nécessité de les "conditionner". Les services de gestion devront pour leur part rendre le marché plus transparent, l'environnement des affaires plus "propre".
* Selon des statistiques du Département de gestion des habitations du ministère de la Construction, Hanoi possède environ 1.300 appartements d'une superficie totale de 220.000 m² loués par des étrangers, situés principalement dans les arrondissements de Hoàn Kiêm, Tây Hô et Ba Dinh. Le loyer oscille entre 700 et 1.000 dollars/appartement/mois.
* Hô Chi Minh-Ville en recense quelque 660.000 m², l'équivalent de 4.000 appartements pour étrangers, essentiellement dans la nouvelle cité urbaine de Phú My Hung et dans les 1er, 3e et 5e arrondissements. Le loyer varie entre 1.000 et 1.500 dollars.
Source : Hoàng Minh/Courrier du Vietnam