› Le Vietnam en France › Etre Viêt Kiêu › confidences… émotions… reconnaissance…
- Ce sujet est vide.
-
AuteurMessages
-
-
8 décembre 2008 à 17h48 #4717
Pendant très longtemps, j’ai renoncé à mon identité tant elle était source de souffrances. Sans nul doute par lâcheté. Mon pays m’entrainait dans sa chute inexorable. Lui comme moi n’étions plus que des ombres du passé. Durant mes nombreux voyages en Asie, j’ai évité soigneusement le pays « Dragon » : ses frontières étaient pour moi illusion. Lorsque je l’ai survolé lors d’un voyage vers l’Est, en 1988, mes paupières étaient fermement serrées pour enfermer les larmes de mon âme blessée. Et l’espace d’un instant, j’ai senti mon cœur s’arrêter. Même les nuages me parlaient du passé.
Une seule image m’amenait le Viet Nam de mon enfance dorée, inévitablement :
Sur le quai d’une gare, à une porte de sortie des passagers, sur le lieu d’un rendez-vous, vient vers moi cette petite silhouette trottinant, fragile, menue : ma mère. Elle imprime dans son sillage TOUT le Viet Nam qui se déroule alors sur l’écran de ma mémoire. Son sourire, son regard triste, son expression fatiguée derrière le soleil de son optimisme, ses cheveux jadis de jais grisonnants et derrière elle…. Derrière elle, embrassant ses pas… se dévide la magie de mon pays : ses rizières, ses fruits, ses clameurs, ses marchands, ses saveurs, ses chants, sa mousson affolante, son odeur entêtante, sa chaleur moite, ses siestes délicieuses… Ma mère a été pendant longtemps, mon pays… Mère Patrie… Ma langue se délie et je chante en parlant cette langue qui me berce, me chancelle… à celle qui me ramène mon Viet Nam. Sa cuisine est alors la meilleure du monde : entre ses banh cuôn, ses bo bun, ses cha gio, SON pho, son hu tieu, son com bi… je me nourrie de ces souvenirs comme un ogre goulu… moi qui, d’ordinaire, ne prête pas grand intérêt à la gastronomie.
Et puis aujourd’hui… et bien aujourd’hui, il y a eu ce retour dans mon pays… natal. Il y a eu la visite à mon ancienne école… celle de nos anciennes maisons devenues hôtels, celle de Nha Trang, celle de Da Lat… il y eu la tombe saccagée puis refaite de mon père, près de Bien Hoa… il y a eu des rencontres, inattendues, riches, et émouvantes. L’horizon s’ouvre : le pays dragon cache un phénix en son cœur… il renait de ses cendres : ky van ne pleure plus sur ses rizières, la pluie a cessé et le soleil daigne briller.
Et puis il y a VOUS… j’ai osé faire partie d’une communauté de vietnamiens de cœur : j’ai cassé ma tour d’ivoire et c’est si étonnant, déroutant, réconfortant !!!! Dire que la peur me paralysait. Du plus profond de moi, qui que je fus, qui que je sois et ce que je serais, JE VOUS REMERCIE pour ce Viet Nam qui ne se limite plus à l’image frêle de ma douce mère…. Mais se déroule aussi à votre contact.
Nuage reconnaissant.:jap: -
8 décembre 2008 à 18h34 #82344
Merci kyvan pour ton temoignage tres emouvant.
J’en ai sincerement les larmes aux yeux:jap: -
8 décembre 2008 à 18h50 #82347kyvan;72340 wrote:Et puis il y a VOUS… j’ai osé faire partie d’une communauté de vietnamiens de cœur : j’ai cassé ma tour d’ivoire et c’est si étonnant, déroutant, réconfortant !!!! Dire que la peur me paralysait. Du plus profond de moi, qui que je fus, qui que je sois et ce que je serais, JE VOUS REMERCIE pour ce Viet Nam qui ne se limite plus à l’image frêle de ma douce mère…. Mais se déroule aussi à votre contact.
Nuage reconnaissant.:jap:Il y a eu nuage perdu, puis nuage égaré, puis nuage retrouvé ; il y a à présent nuage parmi nous, et c’est un nuage qui annonce le beau temps.:wink2:
-
8 décembre 2008 à 19h20 #82351
Les mots me manquent… Ton témoignage est très émouvant.
Bienvenue grande soeur!:friends: -
8 décembre 2008 à 19h47 #82355
Merci KyVan pour ton témoignage.
Avec ton passage nuageux, il ne pleuvait pas, mais j’ai deux gouttes d’eau dans mes yeux…thuong19;72350 wrote:Il y a eu nuage perdu, puis nuage égaré, puis nuage retrouvé ; il y a à présent nuage parmi nous, et c’est un nuage qui annonce le beau temps.:wink2:Je voyais plutôt nuage…
-
8 décembre 2008 à 21h11 #82357
Merci Kyvan,
Pour ce très beau texte, émouvant et pleins d’espoirs à la fois. :cray: :give_heart2:
Merci encore. :friends:
Pierre. :jap:
-
8 décembre 2008 à 21h50 #82359
merci à tous… bien sûr de m’avoir lue mais aussi d’avoir aboli, l’espace d’une courte lecture, cette distance qui nous sépare pour me serrer dans vos bras virtuels… dont j’en ressens la chaleur : vive la vie et nos mains qui se lient !
j’ai copié le coeur de ciel bleu… pour le faire voguer sur mon écran !
nuage heureux -
9 décembre 2008 à 0h05 #82361
Je viens qu’épisodiquement sur le forum, mes yeux commencent à se fatiguer et je n’ai pas vu ton post.
je te souhaite la bienvenue « kyvan ». C’est très émouvant ce que tu as écrit. Nous avions eu à peu près tous la même histoire.
Ecoute ce proverbe, c’est tellement juste :
« Nous rentrons nous baigner dans notre étang. Que l’eau soit claire ou trouble, notre étang est toujours le meilleur. »
Ce proverbe vietnamien montre à tel point l’attachement indéfectible de tout vietnamien à sa terre natale.Je te souhaite un bon séjour sur forumvietnam. -
9 décembre 2008 à 5h21 #82366
Ce pouvoir évocateur de l’image de ta mère, c’est dire combien tu avais fait ton deuil du Việt Nam. Combien tu étais incomplète avant de rentrer. J’espère que ton retour n’a pas privé ta mère de l’image qu’elle te donnait: ce deuil-là est le rôle des parents: libérer leurs enfants comme des colombes (allez, yo!: comme des nuages).
-
9 décembre 2008 à 5h58 #82367
A cette lecture , émotion du matin qui m’envahit ! je me laisse bercer par tes paroles . Très émouvant
Bonne journée -
9 décembre 2008 à 8h26 #82377
Bonjour Kyvan,
Je viens de prendre connaissance de ton texte si émouvant. Il me touche beaucoup, comme il a touché d’autres membres qui ont eu le plaisir de te lire…
Nos histoires sont différentes, mais semblables car elles racontent souvent la douleur de quitter et la joie de retrouver ce beau pays et nos souvenirs d’enfance.
Si tu décidais de créer un « Club des nuages reconnaissants » pour ce Forum, tu serais sûre de me compter parmi ses membres !
Comme je n’en ai pas encore eu l’occasion, je te souhaite la :bienv: ! :friends:
-
9 décembre 2008 à 9h08 #82384
Oui, Nem Chua… ce que tu dis est si vrai. Mon retour à la Mère Patrie a libéré maman de cette sourde douleur qui était mienne… quant à elle, son enfance fut si terrible qu’elle a besoin, juste retour, de nous savoir à ses côtés, ses deux filles (nous n’avons pas d’enfant, ni ma soeur ni moi), maintenant que le temps la vieillit et la fragilise. Ma guérison est venue trop tard : voilà ma mère devenue vulnérable, maintenant. Et je ne peux m’envoler… sans elle dans mes pensées. Elle viendra au Viet Nam vivre avec nous si notre projet aboutit (de toutes façons, il le doit, car sinon, nous n’aurons plus qu’à nous enterrer tout de suite dans le premier cimetière lol)… et je suis consciente que ma mère, celle qui a tenu les deux rôles parentales dès 35 ans, celle qui a bercé nos rêves d’enfants, restera toujours un véritable repère de Vie et d’amour.
merci chi Nem Chua…à Mekong : j’ai, comme toi, la passion du hamac et le bercement ! bonne journée au fil du vent…
-
9 décembre 2008 à 9h18 #82386
Je viens de lire ton post, chi BuuHoa… il est vrai qu’un point commun nous lie tous ici. Et il est tellement personnel, profond, indéfectible qu’il en devient parfois douloureux au plexus.
Un club de nuages reconnaissants ? Quelle jolie idée ! et si on pouvait se raconter nos émotions sans vraiment privilégier les faits ? Juste les émotions : ces enzymes inimaginables qui provoque une tachycardie, de la buée dans les yeux, un frisson dans le corps… oui… ce serait bien. Mais je ne sais pas créer de club…. dans un post différent, NTVL m’a suggérée un blog… moi qui suis nulle en informatique, c’est pour moi autant d’Everest à conquir !!
merci, chi Hoa…
em Vân -
9 décembre 2008 à 16h18 #82409kyvan;72396 wrote:Je viens de lire ton post, chi BuuHoa… il est vrai qu’un point commun nous lie tous ici. Et il est tellement personnel, profond, indéfectible qu’il en devient parfois douloureux au plexus.
Un club de nuages reconnaissants ? Quelle jolie idée ! et si on pouvait se raconter nos émotions sans vraiment privilégier les faits ? Juste les émotions : ces enzymes inimaginables qui provoque une tachycardie, de la buée dans les yeux, un frisson dans le corps… oui… ce serait bien. Mais je ne sais pas créer de club…. dans un post différent, NTVL m’a suggérée un blog… moi qui suis nulle en informatique, c’est pour moi autant d’Everest à conquir !!
merci, chi Hoa…
em VânDécidément, Kyvan, encore un point commun : je suis nulle en informatique ! (Mais j’essaie de me soigner ! :lol:) Taper sur un clavier pour envoyer des messages, c’est ce que je fais de mieux ! 😆 Pour le reste, je suis une blonde et sans perruque ! :MdrDevil: Et pour ce qui est de gravir les pentes de l’Everest, JE PEUX LE FAIRE… Seulement en rêvant ! 😆 Mais, si on me le proposait en vrai, je ne dis pas que… Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir… :Vietnam:
Alors, tes rêves, je te souhaite qu’ils se réalisent ! :friends:
-
9 décembre 2008 à 17h15 #82413
ton témoignage est magnifiquement écrit.:jap:
merci encore Kyvan.
je te souhaite que du meilleur.:bye: -
9 décembre 2008 à 17h58 #82417
merci LeThi.. puisque tu me le souhaites, le meilleur, je suis le plus chanceux des nuages car le meilleur va m’arriver : ton souhait vient du coeur, autant que mon texte.:friends:
-
10 décembre 2008 à 13h22 #82480kyvan;72340 wrote:Pendant très longtemps, j’ai renoncé à mon identité tant elle était source de souffrances. Sans nul doute par lâcheté. Mon pays m’entrainait dans sa chute inexorable. Lui comme moi n’étions plus que des ombres du passé. Durant mes nombreux voyages en Asie, j’ai évité soigneusement le pays « Dragon » : ses frontières étaient pour moi illusion. Lorsque je l’ai survolé lors d’un voyage vers l’Est, en 1988, mes paupières étaient fermement serrées pour enfermer les larmes de mon âme blessée. Et l’espace d’un instant, j’ai senti mon cœur s’arrêter. Même les nuages me parlaient du passé.
Une seule image m’amenait le Viet Nam de mon enfance dorée, inévitablement :
Sur le quai d’une gare, à une porte de sortie des passagers, sur le lieu d’un rendez-vous, vient vers moi cette petite silhouette trottinant, fragile, menue : ma mère. Elle imprime dans son sillage TOUT le Viet Nam qui se déroule alors sur l’écran de ma mémoire. Son sourire, son regard triste, son expression fatiguée derrière le soleil de son optimisme, ses cheveux jadis de jais grisonnants et derrière elle…. Derrière elle, embrassant ses pas… se dévide la magie de mon pays : ses rizières, ses fruits, ses clameurs, ses marchands, ses saveurs, ses chants, sa mousson affolante, son odeur entêtante, sa chaleur moite, ses siestes délicieuses… Ma mère a été pendant longtemps, mon pays… Mère Patrie… Ma langue se délie et je chante en parlant cette langue qui me berce, me chancelle… à celle qui me ramène mon Viet Nam. Sa cuisine est alors la meilleure du monde : entre ses banh cuôn, ses bo bun, ses cha gio, SON pho, son hu tieu, son com bi… je me nourrie de ces souvenirs comme un ogre goulu… moi qui, d’ordinaire, ne prête pas grand intérêt à la gastronomie.
Et puis aujourd’hui… et bien aujourd’hui, il y a eu ce retour dans mon pays… natal. Il y a eu la visite à mon ancienne école… celle de nos anciennes maisons devenues hôtels, celle de Nha Trang, celle de Da Lat… il y eu la tombe saccagée puis refaite de mon père, près de Bien Hoa… il y a eu des rencontres, inattendues, riches, et émouvantes. L’horizon s’ouvre : le pays dragon cache un phénix en son cœur… il renait de ses cendres : ky van ne pleure plus sur ses rizières, la pluie a cessé et le soleil daigne briller.
Et puis il y a VOUS… j’ai osé faire partie d’une communauté de vietnamiens de cœur : j’ai cassé ma tour d’ivoire et c’est si étonnant, déroutant, réconfortant !!!! Dire que la peur me paralysait. Du plus profond de moi, qui que je fus, qui que je sois et ce que je serais, JE VOUS REMERCIE pour ce Viet Nam qui ne se limite plus à l’image frêle de ma douce mère…. Mais se déroule aussi à votre contact.
Nuage reconnaissant.:jap:Bonjour Kyvan,
:bienv: Les nuages exilés se retrouvent sur ce forum pour parler du Vietnam.
Merci pour ce petit extrait de votre livre.
Kim Sang:friends:
-
10 décembre 2008 à 13h44 #82481
eh non petite soeur, ce n’est pas un extrait de mon livre… c’est ce que je ressens pour Vous tous. Mon livre est un roman et le Viet Nam s’y trouve en suspension entre les lignes, très présent mais subtil.
nuage sensible -
10 décembre 2008 à 14h21 #82486kyvan;72497 wrote:eh non petite soeur, ce n’est pas un extrait de mon livre… c’est ce que je ressens pour Vous tous. Mon livre est un roman et le Viet Nam s’y trouve en suspension entre les lignes, très présent mais subtil.
nuage sensiblechi Kyvan, milles excuses … très émouvant et beau message …je me suis mise à rêver en parcourant ces quelques lignes et j’imaginais ton livre tout aussi poétique . :wink2:
Kim Sang:bye:
-
10 décembre 2008 à 16h14 #82498
C’est attendu : le Viet Nam est un pays dont les habitants sont AVANT TOUT poètes et romantiques : dans nos anciennes campagnes, les jeunes gens se faisaient la cour en composant des poèmes improvisés… et je crois bien qu’il suffit d’avoir du sang vietnamien pour que transparaisse la poésie dans la façon d’être… je suis touchée de ta sensibilité (qui se devine sur tes traits) concernant mes écrits… et ma foi… je pense que mon livre te plaira, douce petite soeur.
chi Vân -
10 décembre 2008 à 20h03 #82526
@kyvan 72340 wrote:
Pendant très longtemps, j’ai renoncé à mon identité tant elle était source de souffrances. Sans nul doute par lâcheté. Mon pays m’entrainait dans sa chute inexorable. Lui comme moi n’étions plus que des ombres du passé. Durant mes nombreux voyages en Asie, j’ai évité soigneusement le pays « Dragon » : ses frontières étaient pour moi illusion. Lorsque je l’ai survolé lors d’un voyage vers l’Est, en 1988, mes paupières étaient fermement serrées pour enfermer les larmes de mon âme blessée. Et l’espace d’un instant, j’ai senti mon cœur s’arrêter. Même les nuages me parlaient du passé.
Une seule image m’amenait le Viet Nam de mon enfance dorée, inévitablement :
Sur le quai d’une gare, à une porte de sortie des passagers, sur le lieu d’un rendez-vous, vient vers moi cette petite silhouette trottinant, fragile, menue : ma mère. Elle imprime dans son sillage TOUT le Viet Nam qui se déroule alors sur l’écran de ma mémoire. Son sourire, son regard triste, son expression fatiguée derrière le soleil de son optimisme, ses cheveux jadis de jais grisonnants et derrière elle…. Derrière elle, embrassant ses pas… se dévide la magie de mon pays : ses rizières, ses fruits, ses clameurs, ses marchands, ses saveurs, ses chants, sa mousson affolante, son odeur entêtante, sa chaleur moite, ses siestes délicieuses… Ma mère a été pendant longtemps, mon pays… Mère Patrie… Ma langue se délie et je chante en parlant cette langue qui me berce, me chancelle… à celle qui me ramène mon Viet Nam. Sa cuisine est alors la meilleure du monde : entre ses banh cuôn, ses bo bun, ses cha gio, SON pho, son hu tieu, son com bi… je me nourrie de ces souvenirs comme un ogre goulu… moi qui, d’ordinaire, ne prête pas grand intérêt à la gastronomie.
Et puis aujourd’hui… et bien aujourd’hui, il y a eu ce retour dans mon pays… natal. Il y a eu la visite à mon ancienne école… celle de nos anciennes maisons devenues hôtels, celle de Nha Trang, celle de Da Lat… il y eu la tombe saccagée puis refaite de mon père, près de Bien Hoa… il y a eu des rencontres, inattendues, riches, et émouvantes. L’horizon s’ouvre : le pays dragon cache un phénix en son cœur… il renait de ses cendres : ky van ne pleure plus sur ses rizières, la pluie a cessé et le soleil daigne briller.
Et puis il y a VOUS… j’ai osé faire partie d’une communauté de vietnamiens de cœur : j’ai cassé ma tour d’ivoire et c’est si étonnant, déroutant, réconfortant !!!! Dire que la peur me paralysait. Du plus profond de moi, qui que je fus, qui que je sois et ce que je serais, JE VOUS REMERCIE pour ce Viet Nam qui ne se limite plus à l’image frêle de ma douce mère…. Mais se déroule aussi à votre contact.
Nuage reconnaissant.:jap:Bonsoir Kyvan, c’est un bonheur de te lire.Es ce le tai chi ou tout simplement ta culture vietnamienne qui te permet aujourd’hui de prendre ce recul pour décrire avec tant d’émotion ton pays?
Je ne suis pas originaire du Vietnam simplement une amoureuse de ce pays qui m’a permis d’être maman et de fonder une famille. Et oui j’ai adopté un petit garçon en 1994, Dylan ou plûtot Minh Duc a 17 ans , nous sommes retournés pour la première fois cet hiver , ce retour a changé beaucoup de choses pour lui.Très ambivalant il oscile entre l’envie de vivre làbas et le confort de la vie européenne. peut être ton expérience bien que très différente et ta serenité lui serait positif.
Le retour aux sources est quelque fois déconcertant et laisse place à la culpabilité.Ce pays n’est pas magique mais lui a légué un capital richesse que nous nous efforcons de bonifier chaque jour.Peux -tu me donner les references de ton livre et le trouve t-on partout? car je vis en province.(Poitiers 86)
Encore merci et au plaisir de te lire
Corinne -
10 décembre 2008 à 20h41 #82528kyvan;72340 wrote:Pendant très longtemps, j’ai renoncé à mon identité tant elle était source de souffrances. Sans nul doute par lâcheté. Mon pays m’entrainait dans sa chute inexorable. Lui comme moi n’étions plus que des ombres du passé. Durant mes nombreux voyages en Asie, j’ai évité soigneusement le pays « Dragon » : ses frontières étaient pour moi illusion. Lorsque je l’ai survolé lors d’un voyage vers l’Est, en 1988, mes paupières étaient fermement serrées pour enfermer les larmes de mon âme blessée. Et l’espace d’un instant, j’ai senti mon cœur s’arrêter. Même les nuages me parlaient du passé.
Une seule image m’amenait le Viet Nam de mon enfance dorée, inévitablement :
Sur le quai d’une gare, à une porte de sortie des passagers, sur le lieu d’un rendez-vous, vient vers moi cette petite silhouette trottinant, fragile, menue : ma mère. Elle imprime dans son sillage TOUT le Viet Nam qui se déroule alors sur l’écran de ma mémoire. Son sourire, son regard triste, son expression fatiguée derrière le soleil de son optimisme, ses cheveux jadis de jais grisonnants et derrière elle…. Derrière elle, embrassant ses pas… se dévide la magie de mon pays : ses rizières, ses fruits, ses clameurs, ses marchands, ses saveurs, ses chants, sa mousson affolante, son odeur entêtante, sa chaleur moite, ses siestes délicieuses… Ma mère a été pendant longtemps, mon pays… Mère Patrie… Ma langue se délie et je chante en parlant cette langue qui me berce, me chancelle… à celle qui me ramène mon Viet Nam. Sa cuisine est alors la meilleure du monde : entre ses banh cuôn, ses bo bun, ses cha gio, SON pho, son hu tieu, son com bi… je me nourrie de ces souvenirs comme un ogre goulu… moi qui, d’ordinaire, ne prête pas grand intérêt à la gastronomie.
Et puis aujourd’hui… et bien aujourd’hui, il y a eu ce retour dans mon pays… natal. Il y a eu la visite à mon ancienne école… celle de nos anciennes maisons devenues hôtels, celle de Nha Trang, celle de Da Lat… il y eu la tombe saccagée puis refaite de mon père, près de Bien Hoa… il y a eu des rencontres, inattendues, riches, et émouvantes. L’horizon s’ouvre : le pays dragon cache un phénix en son cœur… il renait de ses cendres : ky van ne pleure plus sur ses rizières, la pluie a cessé et le soleil daigne briller.
Et puis il y a VOUS… j’ai osé faire partie d’une communauté de vietnamiens de cœur : j’ai cassé ma tour d’ivoire et c’est si étonnant, déroutant, réconfortant !!!! Dire que la peur me paralysait. Du plus profond de moi, qui que je fus, qui que je sois et ce que je serais, JE VOUS REMERCIE pour ce Viet Nam qui ne se limite plus à l’image frêle de ma douce mère…. Mais se déroule aussi à votre contact.
Nuage reconnaissant.:jap:`
merci kyvan pour ce texte qui déchire la toile des infos et de ce qu’on nomme ordinairement la communication…je veux dire que ce qui est plus que communiquer c’est don..c’est à dire sa singularité..Je partage l’émotion collective et je crois que chacun(e) a ressenti dans le contenu mais aussi la forme.comment tu le dis..je considère que tu le dis en écrivain et je pense que tu es quelqu’un qui a une pratique d’écriture..je t’encourage à continuer sur ce fil..que la figure de la mère vietnamienne sourit derrière toutes ses souffrances o combien je partage ceci qui est la terre de toutes les mères, je le crois, qu’une fille écrive en évoquant sa mère ceci est pour moi le fonds même de l’écriture..d’ailleurs je me suis fait un cadeau pour Noel:colette »la naissance du jour' »où elle parle de sa mère..la naissance, toutes les naissances.Dans l’espoir de te lire..et merci encore -
10 décembre 2008 à 21h08 #82532
Pour Corinne : je suis extrêmement touchée par ton histoire… celle de ton fils. Je ne peux hélas apporter la sérénité à quiconque… c’est un trésor très personnel à réveller par nos propres soins, que ce soit par leTai Chi, la méditation, ou, encore plus simple: par l’instant présent, celui de l’ici et maintenant. La sérénité en chaque respiration. A 17 ans, un enfant ne peut qu’être ambivalent, tu le sais certainement. Le fruit va mûrir… le ceuillir trop vert gâcherait sa saveur. Le temps viendra où les conditions, toutes, surviennent pour qu’arrive le moment du choix. Tu es une mère attentive, courageuse et généreuse… tu es donc un pafait guide… adapte toi au vent et avance tranquillement. Le « vent immobile » raconte l’histoire d’une enfant adoptée, vietnamienne… voilà le premier bout du fil qui va se dévider tout au long de ses voyages… il se trouve à la fnac.com, alapage.com, il est même en occasion chez priceminister. Mais je te prie d’être compréhensive : je ne suis pas écrivain… j’essaye seulement que mes écrits ne soient pas vains.
merci pour ta sensibilité
nuage ému -
10 décembre 2008 à 21h15 #82533
Pour Mai :
Belle fleur de printemps, symbole de jeunesse éternelle… je te remercie pour ton encouragement… Non.. en fait, je peins plus que je n’écris… et j’ai arrêté l’écriture et la peinture pour m’occuper des autres : mes cours de tai chi réclament du temps pour devenir « Don »… et mon métier d’infirmière m’occupe bien, comme toutes les infirmières.
voici la dédicace en première page du « vent immobile » : « A toutes les mères et surtout aux miennes »
cela se passe de tout commentaire et rejoint ton sentiment très profond. Paradoxalement, je ne suis pas maman… et ne le sera sans doute jamais durant cette vie.
si tu veux voir une photo de ma sublime maman, vas dans le topic « pour votre santé » que j’ai ouvert dans la rubrique « tout sujet », en bas du forum…
un grand merci… Mai.
du nuage à la fleur -
10 décembre 2008 à 21h52 #82541kyvan;72551 wrote:Pour Mai :
Belle fleur de printemps, symbole de jeunesse éternelle… je te remercie pour ton encouragement… Non.. en fait, je peins plus que je n’écris… et j’ai arrêté l’écriture et la peinture pour m’occuper des autres : mes cours de tai chi réclament du temps pour devenir « Don »… et mon métier d’infirmière m’occupe bien, comme toutes les infirmières.
voici la dédicace en première page du « vent immobile » : « A toutes les mères et surtout aux miennes »
cela se passe de tout commentaire et rejoint ton sentiment très profond. Paradoxalement, je ne suis pas maman… et ne le sera sans doute jamais durant cette vie.
si tu veux voir une photo de ma sublime maman, vas dans le topic « pour votre santé » que j’ai ouvert dans la rubrique « tout sujet », en bas du forum…
un grand merci… Mai.
du nuage à la fleurre:que veut dire première page de »vent immobile »as tu publié un texte de ce nom?j’ai vu la photo de ta mère, ce qui est bien, au delà de sa beauté c’est la pulsion qui te pousse à la mettre sur ce forum..comme pour partager avec elle cette communauté..Voilà j’ai connu ma mère en exil en france ,quand je suis revenue au viet nam où je suis née j’ai connu l’extase du retour matriciel:toutes ces sensations intenses..qui me dérobaient (selon les uns et les autres)même quelque part la réalité hic et nunc du viet nam d’aujourd’hui,c’est comme si je revenais d’exil à sa place…elle était décéde entre temps et je vivais je crois les joies qu’elle aurait pu^vivre par cette forme de transmisssion qui franchit la mort entre mère et fille-(et sans doute entre mère et fils quand je lis Proust)nous portons cela aussi les enfants et il faut en venir à la joie pour celébrer la vie qui nous été donnée..c’est à dire à célebrer nos mères..En plus ceci est tellement inscrit (au niveau populaire)dans tout un univers méconnu et méprisé par les lettrés et suivants de la culture vietnamienne..Je travaille précisément là dessus..
Il n’y pas de hierarchie dans le don et si tu as renoncé à la peinture et à l’écriture pour une pratique de »réparation »,(infirmière et tai chi), c’est le don comme tu le dis,que tu as choisi, mais je regrette de ne pas avoir à te lire plus avant sur ton expression si forte des sensations (mais je me souviens des mots d’un poète ,Rilke dans lettres à un jeune poète :si vous pouvez vivre sans écrire, n’écrivez pas ,) à quoi servent donc les encouragments?? …sincèrement.. de fleur éphémère à nuage errant.. -
11 décembre 2008 à 8h41 #82571
Les encouragements servent à enrichir l’amour entre une fleur éternelle (car : du prunier naissent des centaines de fleur, mais leur couleur est UNE) et un nuage qui n’existe pas…
c’est une vibration continue qui vit au delà de l’écriture… qui n’est, somme toute, que support : s’embarrasse t-on de la barque une fois l’unique fleuve traversé ? Ce que le nuage cherche à exprimer, il le fait en donnant, en recevant et en partageant : il s’est enfin mis à aimer et croire en l’humanité qu’il a longtemps renié : une renaissance : il a appris à s’aimer.
Ton travail semble extrêmement riche et tes pensées touchent les étoiles éloignées… ton firmament est sans doute trop haut pour un simple nuage… mais mon âme essayera de t’y retrouver…
nuage rêveur -
11 décembre 2008 à 9h35 #82582kyvan;72589 wrote:Les encouragements servent à enrichir l’amour entre une fleur éternelle (car : du prunier naissent des centaines de fleur, mais leur couleur est UNE) et un nuage qui n’existe pas…
c’est une vibration continue qui vit au delà de l’écriture… qui n’est, somme toute, que support : s’embarrasse t-on de la barque une fois l’unique fleuve traversé ? Ce que le nuage cherche à exprimer, il le fait en donnant, en recevant et en partageant : il s’est enfin mis à aimer et croire en l’humanité qu’il a longtemps renié : une renaissance : il a appris à s’aimer.
Ton travail semble extrêmement riche et tes pensées touchent les étoiles éloignées… ton firmament est sans doute trop haut pour un simple nuage… mais mon âme essayera de t’y retrouver…
nuage rêveurKyvan,
J’ai retenu cette phrase dans ton message, qui me semble essentiel : « il a appris à s’aimer« . J’ai compris cela, moi aussi : pour pouvoir aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même.
Mais, j’en conviens, ce n’est pas chose facile ! Cela demande souvent un long travail sur soi-même. Ce travail, hélas, tout le monde ne veut pas (ou ne peut pas !) le faire… Il faut peut-être aussi avoir la chance de faire des rencontres opportunes sur ce long chemin de la vie ? Qu’en penses-tu ? :wink2: :friends:
-
11 décembre 2008 à 9h45 #82586
Oui, ma touchante Chi Hoa… des rencontres opportunes… qui, en somme ne servent quà UNE seule rencontre, la plus importante : la rencontre d’avec soi-même. L’amour vient de l’intérieur. Et pour le faire jaillir, il faut bien savoir comment l’intérieur fonctionne. Mais tu as raison : certaines rencontres sont déclencheuses de prise de conscience. Que ce soit dans cette vie ou dans une autre, cette prise de conscience doit être atteinte : heureuse sois-tu qu’en cette vie même, tu aies réussi à donner le véritable amour : c’est l’énergie nécessaire pour avancer sur le chemin d’HUMANITE.
nuage méditant -
11 décembre 2008 à 10h13 #82590kyvan;72589 wrote:Les encouragements servent à enrichir l’amour entre une fleur éternelle (car : du prunier naissent des centaines de fleur, mais leur couleur est UNE) et un nuage qui n’existe pas…
c’est une vibration continue qui vit au delà de l’écriture… qui n’est, somme toute, que support : s’embarrasse t-on de la barque une fois l’unique fleuve traversé ? Ce que le nuage cherche à exprimer, il le fait en donnant, en recevant et en partageant : il s’est enfin mis à aimer et croire en l’humanité qu’il a longtemps renié : une renaissance : il a appris à s’aimer.
Ton travail semble extrêmement riche et tes pensées touchent les étoiles éloignées… ton firmament est sans doute trop haut pour un simple nuage… mais mon âme essayera de t’y retrouver…
nuage rêveurvoilà bien de la modestie vietnamienne..mais je dois en avoir aussi car je suis gênée par tes compliments ..Mes pensées ne touchent pas au firmament mais je regarde les étoiles, la mer, ayant la chance de l’avoir face à mes fenêtres :il ne suffit pas de regarder la beauté des choses, encore faut il avoir en soi du répondant.C’est alors que regarder est aussi un exercice spirituel.. »voir est difficile avant de voir »(shi tao peintre du 17emesiècle,chine)
Quand je regarde les étoiles je sais à présent que la lumière qu’elles nous donnent nous parvient bien longtemps après leur mort et qu’ainsi d’un simple regard nous remontons le temps.Sillage lumineux dont la source est désormais absente et dont le message est bien là au présent.Voilà une digression née de ton mot « vibration ».Toujours fleur éphémère à nuage rêveur.. -
11 décembre 2008 à 10h39 #82597
Merci fleur du printemps pour ce voyage spatiale… il est vrai que tout n’est que changement, donc, éphémère… ton anecdote sur les étoiles l’illustre parfaitement… et ce que l’on prend pour durable ne l’est en vérité que l’espace d’un instant présent.
Au présent donc, je t’écris : pour répondre à ta question auparavant… le vent immobile ne justifie son titre qu’à la dernière page, à la dernière phrase. Le vent immobile parce que l’homme né, vit, évolue tout autour de paradoxes. Et je suis chasseuse de paradoxes. C’est dans le calme que né l’action… le vent immobile est donc puissance.
à Fleur philosophe…
nuage affamé : il est presque midi ! -
11 décembre 2008 à 13h25 #82607kyvan;72551 wrote:mes cours de tai chi réclament du temps pour devenir « Don »…
Je crois avoir lu quelque part : « Talent is not innate but a habits result »
BN
-
11 décembre 2008 à 13h54 #82609
And habits result claims practice : oui, anh Bao Nhân, je suis d’accord avec ceci… tout n’est qu’habitudes et pratique… et des habitudes nait le concept… et du concept nait une vue fausse de la Vérité. Donc, l’habitude à prendre, en Tai Chi, c’est se déshabituer à chaque mouvement, aussi appris soit-il.
merci pour cette remarque utile…
nuage habitué -
11 décembre 2008 à 15h41 #82621kyvan;72616 wrote:C’est dans le calme que né l’action… le vent immobile est donc puissance.
à Fleur philosophe…Bonjour,
Il ne manque que la notion de temps (c’est dans la duree que les grandes choses se font !) Et c’est dommage qu’aujourd’hui, seuls sont reconnus ceux qui brassent de l’air !Amicalement. :jap:
-
11 décembre 2008 à 16h27 #82627
Heureuse de te connaitre, anh ? Stephane… pourrais-tu, à l’occasion, puisque tu es à SaiGon, de PRENDRE LE TEMPS à la dégustation d’une assiette de banh cuon pour moi, s’il te plait ??? cela me manque tellement que je m’en fait des ulcères ! merci….
nuage déjà nostalgique alors qu’elle en revient. -
4 juillet 2013 à 22h28 #99777
même avec mes cheveux blanc,j’avoué être touché par cet « courrier » ,merci à l’auteur et bonne chance à TLM
bluedragon
-
-
AuteurMessages
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.