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7 mai 2006 à 3h24 #910
COMMENT LE VIETNAM EST DEVENU «TROP CHER»!
DélocalisationsLes ouvriers vietnamiens sont-ils condamnés à la «ration de survie» pour que leur pays conserve son «avantage comparatif»? Traumatisés par une grève, les investisseurs étrangers menacent de plier bagage.
De notre envoyé spécial Mathieu Vadime
Ici, les rares cyclistes risquent l’écrasement ou la suffocation à cause des gaz d’échappement. Avec son nom en forme d’immatriculation, Bien Hoa 2 paraît surgi du cerveau d’un apparatchik communiste, adepte de l’industrialisation à marche forcée. On est loin, dans cette grande banlieue industrielle d’Hô Chi Minh-Ville, du Vietnam de carte postale, avec ses pagodes, ses buffles, ses jonques et ses matins calmes. Pare-chocs contre pare-chocs, une noria de poids lourds témoignent de l’impressionnant décollage économique du Vietnam depuis six ans: 8,4% de croissance en 2005! Une performance unique, même en Asie. Et l’on prévoit déjà que ce record devrait être dépassé en 2007. Avec sa concentration d’usines vouées à l’exportation, Bien Hoa 2 symbolise cette poussée de fièvre qui évoque les débuts des «miracles» chinois ou sud-coréen.
On n’est guère surpris d’apprendre qu’avec sa soif de conquête et ses coûts imbattables Bien Hoa 2 donne de l’urticaire à la Commission européenne. Le Portugal, l’Espagne et l’Italie viennent ainsi d’obtenir l’imposition de taxes sur les dizaines de millions de chaussures destinées à l’exportation, fabriquées sous cette latitude. Jusqu’ici, chacun est dans son rôle, même si la grève qui s’est produite ici en 2005 – la plus importante qu’ait jamais connue le Vietnam communiste – révèle l’ambiguïté du jeu européen. Des dizaines de milliers d’ouvriers ont brutalement cessé le travail. Pris de court, le gouvernement a acheté la paix sociale en imposant aux firmes étrangères, surreprésentées au Vietnam, une augmentation de 40% du salaire de leurs ouvriers. Mais 40% de presque rien, cela ne fait toujours pas grand-chose: environ 870 000 dongs, soit 45 euros mensuels pour les manoeuvres employés par les firmes étrangères et moitié moins pour ceux qui travaillent dans l’industrie locale. Un rattrapage d’autant moins exorbitant qu’en dépit d’une croissance fulgurante le salaire minimum n’avait pas bougé depuis… sept ans.
Hausse des bas salaires
Reste que l’«affaire de la chaussure» a visiblement traumatisé les entrepreneurs européens implantés dans l’ancienne Indochine. «La décision a été trop brutale, explique Alain Cany, président d’Eurocham, la chambre de commerce européenne à Hô Chi Minh-Ville. Il fallait laisser au moins six mois aux entreprises pour se retourner.»
Après ce coup de grisou, Cany a écrit au Premier ministre, Phan Van Khai, pour lui exprimer le vif mécontentement des investisseurs européens, se livrant, à mots couverts, à un éloge du dumping social. Les entrepreneurs européens, expliquait-il, avaient choisi le Vietnam parce qu’ils pensaient que «la force du travail n’y était pas prompte à l’action» (comprendre: à la grève). Alain Lang prévenait que, «si des incidents de ce type devaient se reproduire, ils auraient un effet néfaste sur le climat économique et décourageraient les investissements étrangers».
Ultime aveu, l’auteur de cette réprimande déplorait que le gouvernement se soit laissé intimider par les grévistes… En résumé, le PC vietnamien partait battu d’avance dans la bataille de la mondialisation s’il n’apprenait pas à mieux contrôler sa classe ouvrière. Plus grave, cette hausse des plus bas salaires ne manquerait pas de se répercuter à l’ensemble des rémunérations, privant dans tous les domaines le Vietnam de son avantage comparatif en Asie. Installé dans son bureau ventilé, Alain Cany, par ailleurs président local de la puissante banque HSBC, explicite sa position: «Nous avons alerté le gouvernement sur les dangers de tels mouvements. Dans certaines entreprises, les gens ont fait grève sans aucun motif, entraînés seulement par leurs voisins. Dans une fabrique de meubles, aux capitaux européens, les ouvriers de la fabrique voisine sont même venus casser l’outil de travail!» Des violences ont été constatées, et la quasi-totalité des grèves étaient «illégales». Mais les gagne-misère de Bien Hoa 2 n’avaient guère le choix. Dans un pays où le parti au pouvoir incarne, par définition, les intérêts de la classe ouvrière, l’organisation d’un mouvement social tient du tour de force. Elle a toute chance, si elle s’opère au grand jour, d’être assimilée à de la haute trahison. «Quand les ouvriers doivent se défendre pied à pied pour réussir simplement à nourrir leur famille, on ne peut leur demander de peser pendant des semaines le pour et le contre d’une grève éventuelle, ils agissent», résume Angie Ngoc Tran, professeur de sociologie à l’université de Californie.
Explosion des exportations
Même après cette augmentation arrachée aux firmes étrangères, Thi est acculée à une perpétuelle opération survie. Agée de 32 ans, la jeune femme travaille pour une usine taïwanaise de textile. «C’est bon à prendre, avoue-t-elle, mais cela me permettra tout juste d’éviter d’avoir des dettes.» Avec un salaire de base d’une trentaine d’euros par mois (pour quarante-huit heures de travail hebdomadaire), elle doit accumuler les bonus et poursuivre son labeur la nuit pour arracher le minimum vital. Son entreprise ayant tardé à appliquer l’augmentation, elle vient juste de toucher, grâce à ces arriérés, quelque 80 Euros: 40 iront directement dans la poche du propriétaire qui lui loue une chambre lilliputienne dans le Xe arrondissement d’Hô Chi Minh-Ville.
Pour trouver sa porte, il faut d’abord traverser l’arrière-salle d’un café, enjamber des caisses de bouteilles vides et longer un boyau qui suinte d’humidité. Thi invite alors, avec un pâle sourire, à entrer dans sa «demeure». Un local de 6 m2 où coexistent un lit, un frigo, un réchaud et un lecteur de DVD, luxe incongru qui lui vient de ses «cousins d’Amérique». Le jour, la chambre est transformée en étuve, malgré un ventilateur qui brasse un air brûlant. La nuit, on respire un peu mieux. Thi occupe depuis sept ans ce réduit loué à prix d’or. Elle éclate de rire quand on lui demande si sa vie lui plaît. «Ca va, car j’ai déjà la chance d’avoir un travail. D’ailleurs, on travaille moins dur qu’à Dong Nai (second bassin industriel du Sud vietnamien, après la région d’Hô Chi Minh-Ville). Là-bas, même le temps que l’on passe aux toilettes est chronométré.»
Car, pour continuer à s’attirer les bonnes grâces des investisseurs occidentaux, le gouvernement vietnamien doit démontrer que sa main-d’oeuvre est plus frugale que celle de son grand voisin chinois, envoie d’«embourgeoisement» accéléré. En dépit de quelques soubresauts sociaux, les communistes vietnamiens continuent, semble-t-il, à donner satisfaction à ses bailleurs de fonds. La Banque mondiale s’apprête, par exemple, à financer pas moins de 1 000 projets de développement pour un montant, sur six années, de 65 millions d’euros. Les exportations explosent (25 milliards d’euros en 2005) et certaines valeurs vietnamiennes s’arrachent à la Bourse de New York à six fois leur prix de mise en vente. Autant d’atouts qui seront dilapidés, préviennent les investisseurs, si le gouvernement lâche du lest dans le domaine social…
«Chaque fois que nous décidons de miser sur un pays, explique Craig Barrett, PDG de la firme informatique américaine Intel qui vient d’investir 250 millions d’euros dans la construction d’une usine de microprocesseurs, nous prenons d’abord en compte le coût de la main-d’oeuvre. Prenez l’exemple des Philippines ou de la Malaisie. Depuis dix ans, le niveau de vie y a augmenté et cela a entraîné une pression sur les salaires.» Barrett et d’autres investisseurs estiment, bien sûr, que les taxes à l’importation de 17% imposées par l’Union européenne sur les chaussures fabriquées au Vietnam se soldera par un surcroît d’austérité pour le demi-million d’ouvriers qui travaillent dans ce secteur. «L’Union européenne soumet au même traitement les entreprises vietnamiennes et les firmes étrangères qui y ont délocalisé leur production, proteste Graeme Fiddler, représentant à Hô Chi Minh-Ville de Clarks, le fabriquant des fameuses chaussures britanniques. Pour sauver des entreprises européennes moribondes, on fragilise tout un pan de l’économie vietnamienne, quitte à lui accorder, ensuite, de l’aide au développement. C’est une absurdité!»
Ardent défenseur des bienfaits de la mondialisation, le Français Jacques Rostaing approuve cette analyse: «L’Union européenne n’a rien compris. Elle va sanctionner ses propres entreprises!» Rescapé de la crise du textile, il a délocalisé, il y a dix ans, au Vietnam l’entreprise familiale de fabrication de gants, installée dans le Rhône depuis des décennies. Le redressement a été spectaculaire. Du coup, Rostaing songe à diversifier ses activités en direction de la chaussure.«Ces taxes, conclut-il, ne riment à rien. On a exhorté le Vietnam à s’adapter au marché. On a exigé de lui concession sur concession pour admettre dans l’Organisation mondiale du commerce et, au moment où il s’ouvre, on stoppe son élan!»
Reconversion obligatoire
Autre «sinistré» du protectionnisme européen, le Taïwanais Jerry Chang, propriétaire de la firme Shoe Majesty, contemple le terrain, situé à l’ancien cap Saint-Jacques, à 160 km au sud d’Hô Chi Minh-Ville, où deux autres unités de production devraient s’élever. A la suite de la grève et des mesures antidumping de l’Europe, leur construction a été interrompue. A terme, près de 90 000 ouvriers pourraient se retrouver sur le carreau. Principal client de Jerry Chang, Clarks fait fabriquer au Vietnam 13 millions de paires de chaussures dans une douzaine d’usines, «Bientôt, tout sera peut-être vide ici», avertit leur honorable sous-traitant. En attendant, les ouvrières de M. Chang, pourvues de longs gants qui protègent leurs avant-bras, continuent à coudre les chaussures hommes de la prochaine collection hiver. Clarks a recommandé de s’essayer, faute de mieux, à la fabrication de chaussures pour enfants, exclues pour l’instant des sanctions de l’UE. Directeur financier de la firme britannique, Martin Salisbury explique que le Vietnam n’aura été qu’une étape dans la quête sans fin vers la baisse des coûts:«Il va nous falloir revoir notre chaîne d’approvisionnement et nos sites de production si nous voulons rester compétitifs. A court terme, nous sommes bien obligés d’accepter une situation peu satisfaisante. Mais nous avons l’intention, à long terme, d’émigrer vers d’autres pays plus attractifs.»
Vice-président de Puma, autre géant de la chaussure, Horst Widmann a d’ores et déjà prévenu que sa firme allait abandonner la Chine et le Vietnam pour se relocaliser au Cambodge et en Indonésie. Raison invoquée: 40% de la production de Puma serait touchée par les mesures européennes antidumping. Privées d’emploi, les «petites mains» vietnamiennes de Puma et de Clarks devront se reconvertir. Car, comme l’expliquent doctement les stratèges de la mondialisation, «il n’existe plus nulle part de travail à vie». Après avoir cousu pendant sept ans des ourlets, Thi pourra, demain, montrer sans doute la même dextérité dans le maniement de puces informatiques. Dans un rapport à l’usage des investisseurs, il est d’ailleurs rappelé que «leVietnam demeure compétitif à cause de sa main-d’oeuvre jeune, flexible, adaptable». Et pas encore trop exigeante…
Source : Marianne hebdo N° 470 Semaine du 22 avril 2006 au 28 avril 2006
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7 mai 2006 à 3h57 #20189
A Hô Chi Minh-Ville, le 14 janvier dernier, des ouvriers de firmes étrangères se sont mis en grève pour protester contre leurs conditions de travail et demander des augmentations de salaires.
A qui profite la croissance chinoise?
Les pays communistes sont devenus les meilleurs élèves du néolibéralisme et le «tigre vietnamien» gronde désormais aux côtés de son grand voisin du nord… Coïncidant avec le voyage officiel du président Hu Jintao aux Etats-Unis, les dirigeants chinois ont trompeté les excellents chiffres de leur croissance (10,2% au premier trimestre 2006! bien supérieurs aux prévisions du régime et de la Banque asiatique de développement). Faut-il s’en réjouir? En théorie, oui, puisqu’un tel taux de croissance dans l’économie du pays le plus peuplé du monde devrait avoir un effet d’entraînement positif. Or, on peut sérieusement mettre en doute, dans ce cas précis, ce théorème de base de l’économie. En Chine, la croissance n’a pas amélioré la vie de la très grande majorité du peuple. Un récent rapport de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) rappelle la très cruelle réalité de l’empire du Milieu: 700 millions de Chinois vivent avec moins de 2 dollars (1,65 euro) par jour – le salaire minimum étant de 44 dollars (35,65 euros) par mois et «la Chine compte autant de chômeurs que le reste du monde réuni». En outre, la croissance chinoise menace de plus en plus l’environnement. Pour les autres pays, la croissance chinoise provoque des dégâts, notamment dans ceux en développement. La demande chinoise renchérit les coûts du pétrole, mais aussi de l’argent, de la bauxite, de l’aluminium, du zinc, etc. Du coup, pour équilibrer sa balance commerciale, Pékin inonde les pays producteurs de produits de grande consommation, ce qui met à mal le commerce local. Les exportations chinoises créent ainsi des problèmes sociaux au Maghreb, en Afrique subsaharienne, mais aussi aux Philippines ou au Bangladesh. Avec 41% de croissance des exportations au premier trimestre 2006, l’expansion chinoise, dopée par la dévaluation du yuan, a toutes les chances de provoquer de nouveaux déséquilibres planétaires. Mais, comme elle profite, par ailleurs, aux multinationales avides de main-d’oeuvre à faible coût, les Chinois demeurent, partout, les bienvenus…
Philippe Cohen
Source : Marianne hebdo N° 470 Semaine du 22 avril 2006 au 28 avril 2006
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7 mai 2006 à 11h02 #20193
Ce que j’aime dans le « nouveau monde », c’est sa poésie… :heat:
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7 mai 2006 à 12h09 #20194
Qu’est-ce qu’il reste de toute cette lecture?
Une chose simple que je voudrais partager avec vous: dans le monde du chacun pour soi, les gens simples sont désarmés.
Le gouvernement vietnamien a besoin de sa compétitivité, et essaie honnêtement de garder son cap et de protéger ses pauvres. La navigation est difficile quand elle est jugée de l’extérieur selon des critères étrangers, et que de ce jugement dépend l’entrée tant convoitée dans l’OMC (bonne ou mauvaise est une autre question).J’ai mis ma conclusion (ci-dessus) avant, pour que les flemmards ne se fatiguent pas à lire la version longue –mais pleine de flamme et de passion, une sorte de director’s cut– qui vient ci-dessous.
Je précise tout de suite que dans le roman qui vient, les astérisques (les étoiles ***, banane!) ne sont pas dues à la censure de Mike (il les mettra en rouge (s’il te plait Mike) s’il veut me reprendre) mais sont des appels à des notes en bas du texte.
C’est dire si je me lâche.
Écran noir, ca commence.Cool. Marianne. Un journal à sensations. :petard:
Ah. Et avis à ceux qui ont du mal avec le deuxième degré: je ne garantis pas que ce sujet n’en soit pas truffé. Donc Achtung Minen, comme on dit en khmer.
Revenons à Marianne.
On en sait pas s’ils sont pour ou contre, mais on sent la passion qui bout, à lire ces lignes.
En résumé de l’épisode précédent, pour les fainéants qui n’aiment pas lire Qui Police Marianne:
Résumé partial:
Les étrangers se rebiffent quand on impose une hausse des salaires minimums à leurs employés déjà au seuil de la misère. (et blablabla, exemple pris d’une personne qui effectivement n’est ni riche ni rare)
Mais ces mêmes étrangers, on les comprend: ils sont pris en tenaille par des taxes injustes imposées à leurs produits par l’Union Européenne, et risquent de perdre l’avantage marginal* qu’ils s’étaient arrogés en venant faire travailler pour l’Europe des petits Vietnamiens.
Et de citer l’Eurocham** et Rostaing*** fervents défenseurs de la mondialisation, montrant qu’il leur faudrait plier leurs gaules :violon: pour aller au cambodge ou c’est moins cher de trouver un travailleur.
Fin du résumé partial.En tout cas, il y en a, de la passion, et du ton de jugement dans ce texte (comme dans le mien, j’en conviens!)
Bon.
Le fond des choses: chacun voit midi à sa porte.Investisseur, je veux que mon usine soit rentable, donc faire baisser les couts. Prenons Nike.
Si. Prenons Nike.
Si on découpe le prix d’une chaussure Nike par poste****, Michael « Just Do It » Jordan pèse plus lourd que Mme Thi et ses consoeurs.***** Est-ce qu’augmenter le salaire de Mme Thi va changer le prix de la chaussure Nike?
Non.
Mais si prendre une Mme Sirat au Cambodge couterait moins cher que Mme Thi au Vietnam, c’est là que Nike ira, avec Clarks et Puma. C’est la froide logique du capitalisme, qui, comme disait Coluche, est l’exploitation de l’homme par l’homme******. Ca sonne à mon sens la fin proche de ce monde-là.Ouvrier, ou simplement homme de principes ou d’éthique (cette maladie qui nous handicappe, nous autres occidentaux du rang**(*)), nous voyons la pauvreté instituée comme « avantage comparatif » du Vietnam par rapport à ses voisins. (À ce sujet, laissez-moi rire, le Cambodge est bien moins sur et bien plus cher(**)). Nous voyons que si une augmentation de salaire de base est bienvenue, elle sera surtout appliquée aux entreprises étrangères, les autres oubliant souvent d’enregistrer leurs employés, donc à seulement une minorité des gens qui en auraient besoin.
Je précise encore que oui, le salaire minimum est resté inchangé, mais que ca ne concerne que les moins qualifiés. La classe moyenne, elle, s’embourgeoise. Ca vous rappelle quelque chose?
Misère, Misère,
C’est toujours sur les pauvres gens
Que tu t’acharnes obstinément
(encore Coluche)Et enfin, si la pression est si forte sur des 12 heures par jour à poste sans pause pipi, c’est que les bons principes de chez nous (l’école jusqu’à 14 ans, et tous les autres « acquis »(***) sociaux) ne s’appliquent pas quand on fait travailler les étrangers chez eux, c’est que la libéralisation à tout crin, ca ne pourrait marcher de facon équitable que si on avait tous, Chinois et autres y-compris, à coeur les mêmes principes et les mêmes valeurs, ce qui n’est pas du tout vrai.
Sinon, le sans-gêne mange les autres. :russian:Comme dit Nemo, quelle poésie!
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* Avis à ceux qui pourraient vouloir me reprendre là-dessus, ca ne veut pas dire qu’il est petit ou sans importance. Oyez oyez! Je suis chaud sur ce sujet, tout prêt à m’éclater dans une joute –en espérant que je puisse.********
** la chambre de commerce européenne, qui n’est pas une organisation d’état, mais bien un syndicat des businessmen pour faire pression sur le gouvernement.
*** Qui lui-même est à la chambre de commerce francaise au Vietnam, et qui, à mon sens, resterait quoi qu’il arrive au Vietnam. Pas de jugement sur le bonhomme, je ne connais pas son usine, et c’est vrai que les gants, comme la chaussure ou le prêt-à-porter, c’est lourd en côut de main-d’oeuvre.
**** Je me protège encore: après les bénéfices, les overhead et le cout de distribution.
***** Oui, je dis bien: Michael Jordan à lui seul (sans compter les autres prestataires d’image de Nike) coutait en 1999 plus cher par paire de chaussure que la main d’oeuvre qui l’a fabriquée.
****** Il disait aussi que le Communisme, c’est tout le contraire
**(*) je renonce à compter les astérisques; je veux dire que face à un Chinois sans scrupules, on est bien désarmé en arrivant ici, jeune c*** (*+), à vouloir faire son business. Eux, ils connaissent tous les coups et n’hésitent pas à s’en servir. Il m’a fallu 7 ans de travaux techniques et « péri-business » pour faire la part des choses et trouver comment gagner ma vie sans exploiter trop outrageusement mon prochain. Mais bien sur, si on n’a pas de principes…
(*+) là c’est de l’autocensure, vous avez bien suivi.
(**) Et d’ailleurs, la géographie laisse à désirer dans cette affaire: Bien Hòa 2 est bien à Đồng Nai, qui est le premier pôle industriel devant Bình Dương, les deux étant dans la région d’Ho Chi Minh Ville
(***) À ce rythme-là, ils ne le resteront pas longtemps, acquis.
******** Pour Freddy: ca aussi, c’en est une. -
7 mai 2006 à 19h16 #20197
Bonjour, a réécouter sur france culture une émission que je viens d’entendre aujoud’hui » Le Vietnam après le Congrès du parti communiste : libéralisation économique et blocage politique »Avec François Thual, géopoliticien, Hugues Tertrais, professeur à la Sorbonne, Pierre Brocheux, historien. »
Le viet nam fonce sur le high tech, bill gates n’est pas venu par hasard au moment du congrès du P.C.La croissance économique augmente l’écart entre les riches et les pauvres. -
7 mai 2006 à 20h35 #20199
Cela me rappelle 2 choses:
– un article très sérieux paru il y a plusieurs mois,précisant que les délocalisations vers l’Asie n’étaient pas terminées, le « classement des pays les plus intéressants » évoluant..
Et de citer sérieusement comme pays le plus intéressant: le Bengladesh suivi de 2 ou 3 autres du m^me tonneau!!!
– une émission d’Envoyé spécial sur » Dubaï et son Eldorado ».. et la construction des fameuses iles et immeubles de luxe. (diffusée fin 2005 , je pense.)
.On y montrait les dessous de l’organisation des travailleurs asaitiques, recrutés et convoyés comme des esclaves .. par des entreprises dirigées par des Asiatiques eux-mêmes(qui leur faisaient signer un 1er contrat bidon, déchiré aussitôt arrivés à Dubaï , avec confiscation des passeports!!!)
.On y voyait les conditions de vie dans des casernes-prisons de ces ouvriers dont certains se suicidaient, d’autres victimes d’accident rejetés sans pouvoir revenir au pays..
. Et l’on découvrait la cotation des travailleurs à cette bourse aux Esclaves
-les Bengalis étaient toujours là parmi les meilleurs, avec un cout moyen de 100 dollars par mois
– mais c’était les CHINOIS encore les moins chers , côtés 100 dollars/mois a peu presHallucinant .. y avait pas d’autres mots.. et révoltant. Le ministre chargé de la Com de Dubaï ne se gênait pas pour dire qu son Emirat avait les mains propres.. , toute l’organisation et le Trafic humain reposant sur des Intermédiaires du m^me pays que les esclaves concernés!!!
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8 mai 2006 à 3h37 #20206mai wrote:Le viet nam fonce sur le high tech, bill gates n’est pas venu par hasard au moment du congrès du P.C.
Je crois que Bill Gates est surtout venu rappeler qu’il avait une facture en attente. Ca se fait en souriant, en promettant des licences gratuites pour une école de Bắc Ninh, ce qui est une manière délicate de dire que les autres, rappelez-vous, sont payantes.
robin des bois wrote:[…]le « classement des pays les plus intéressants » évoluant..
Et de citer sérieusement comme pays le plus intéressant: le Bengladesh suivi de 2 ou 3 autres du m^me tonneau!!!Alors là, sur le papier, d’accord, au prix de l’heure de travail, encore d’accord, mais le Bangladesh, croyez-moi, c’est pas facile d’y travailler: tout y est verrouillé par des syndicats, la politique s’y fait à coup d’émeutes etc.
L’impression que ca m’a laissé est celle du dernier maillon de la chaine économique mondiale: celui qui n’est plus qu’exploité. Et essentiellement par ses propres citoyens. Les plus riches (qui le sont immensément) habitent à l’étranger. Ils montent des coups, viennent rafler le profit et repartent aussitôt que possible.
Non, les seuls qui en profiteraient sont ceux qui ont besoin de labeur pas cher. Clarks, Puma, le prêt-à-porter…
Au fait, chez qui vous chaussez-vous?
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8 mai 2006 à 5h46 #20215Nem Chua wrote:…….Au fait, chez qui vous chaussez-vous?
Unqiuement au moment des soldes ….. y compris chez Méphisto quand on peut en trouver.. ( des soldes!!!)
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22 juin 2008 à 21h27 #53230
Vietnam : l’envolée des prix du pétrole touche la vie des personnes ordinaires
« Beaucoup de personnes supposent que les prix de détail des produits pétroliers augmenteront de nouveau après ce mois-ci. Si c’est le cas, j’abandonnerai ma moto pour aller au travail par autobus », a dit Hoang Hoa, une travailleuse de 36 ans dans la société de vétêments Thang Long à Hanoi, capitale du Vietnam.
Le Vietnam, ayant ajusté les prix de détail des produits pétroliers cinq fois en 2007, dont trois fois à la hausse et deux fois à la baisse, a élevé les prix une nouvelle fois cette année.
Le 25 février, le prix de l’essence A92, utilisée généralement par les motos dans le pays, a augmenté de 1 500 dongs vietnamiens (9,4 cents américians) à 14 500 dongs (90,6 cents) le litre.« Après plusieurs hausses des prix, ma moto ‘boit’ environ 100 000 dongs (6 dollars) d’essence de plus chaque mois. La presse a rapporté qu’après ce mois-ci, le prix d’essence augmentera de 700 dongs (4,4 cents) à 15 200 dongs (95 cents) le litre. Mon Dieu! Au secours! Les prix de toutes les choses sont en hausse, mais mon salaire ne l’est pas », a déploré Mme Hoa.
Sa crainte sur la hausse des prix n’est pas sans fondement. Le gouvernement vietnamien a ordonné aux agences et secteurs concernés d’assurer l’approvisionnement suffisant des produits pétroliers à l’échelle nationale et de ne pas augmenter leurs prix de détail au moins jusqu’à la fin de juin. Que se passera-t-il alors après le mois de juin?« La moto est le moyen de transport le plus commun au Vietnam. Elle est très pratique. Elle peut vous amener jusqu’à tous les coins. S’il y a un embouteillage, un autobus sera longuement bloqué dans la foule, mais une moto peut circuler flexiblement. Donc nous utiliserons nos motos, malgré les fluctuations des prix d’essence », a indiqué Bui Van Lan, un commerçant de fil à coudre du quartire de Thanh Tri de la capitale.
Ce commerçant de 56 ans a une grande famille de neuf adultes et deux enfants, possédant au total neuf motos.
« En fonction de la fréquence de l’utilisation de la moto et du type du véhicule, chaque membre de famille dépense 200 000-400 000 dongs (12,5-25 dollars) par mois sur l’essence », a-t-il précisé, notant que les dépenses mensuelles étaient de quelque 100 000-3000 000 dongs (6,3-18,8 dollars) en 2007.« Mon mari et mois sont tous journalistes, nous sortons donc plus que les autres membres de famille… Chaque mois, les dépenses de l’essence nous coûtent environ 800 000 dongs (50 dollars), soit un dixième de nos charges mesuel totaux », a dit Nguyen Thi Hao, belle-fille de M. Lan.
En 2007, Mme Hao et son mari ont dépensé environ 600 000 dongs (37,5 dollars) par mois sur l’essence. Selon Mme Hao, journaliste du journal Vietnam Post, son mari et elle doivent faire du travail supplémentaire pour compenser les hausses des produits pétroliers et de beaucoup d’autres marchandises, dont les produits alimentaires et les vêtements.
« Le soir, j’écris souvent des commentaires sur les livres ou les films pour la télévision et les magazines. Mon mari coopère avec ses amis pour traduire ou écrire des livres. Au moment de l’inflation, beaucoup de personnes, soit les ouvriers au col bleu soit les employés au col blanc, sont obligées de faire des heures supplémentaires pour joindre les deux bouts », a dit la journaliste, 31 ans.
Pour faire face à la flambée des prix du pétrole, le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce a proposé au gouvernement d’augmenter le taux de réserve nationale de l’essence et du pétrole de cinq jours actuellement à dix jours à la fin de 2008, et de mettre en place un mécanisme flexible, en vertu duquel une partie de pétrole et d’essence dans la réserve nationale peut être exportée lorsque les cours mondiaux augmentent fortement, et le Vietnam importera des marchandises lorsque les prix diminuent.
Le pays envisage aussi d’établir un fonds destiné à stabiliser les prix des produits pétroliers sur le marché intérieur à l’avenir.
Le Vientam a dépensé environ 4,9 milliards de dollars pour importer 5,8 millions de tonnes de produits pétroliers au cours des cinq premiers mois de cette année, soit une hausse de 68,7% en matière de valeur et de 6,2% en matière de volume par rapport à la même période de 2007, selon le Bureau général des statistiques du pays.
Pour réduire son dépendance vis-a-vis des importations du pétrole, le Vietnam a commencé fin 2005 la construction de sa première raffinerie de pétrole à capacité annuelle prévue de 6,5 millions de tonnes. La raffinerie, située dans la province de Quang Ngai (centre), devrait être mise en opération en février 2009.Source : (Xinhua) 2008-06-22
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23 juin 2008 à 2h12 #53231Bao Nhân;8606 wrote:COMMENT LE VIETNAM EST DEVENU «TROP CHER»!
Le Vietnam trop cher !
Pour les Vietnamiens, oui! Mais pour les Europeens, pas vraiment.
Le dollar est a 16 620 D, l’euro a 29 000 D (bientot a 30 000D).
En 2005, c’etait respectivement 15 750 et 20 500.
L’inflation est une chose, le derapage de la monnaie en est une autre; et quand les 2 se conjuguent, ca fait un pays difficile a gerer.
Pour les gens qui font de l’outsourcing, la main d’oeuvre est de toute facon toujours trop chere.Ici, le gouvernement peut bien augmenter le SMIC (insuffisant pour vivre de toute maniere), le probleme se resoud plus simplement.
Les gens quittent la boite (merci patron).
Par exemple, apres le dernier Tet, un tas de gens n’ont pas repris leur poste.
Pourquoi faire des greves alors qu’on peut foutre l’employeur dans le merde par des moyens tous simples.
Pour paraphraser Thorez : « Il faut savoir ne pas commencer un greve. »
Maintenant, certains peuvent aller s’implanter au Cambodge s’ils veulent,… et s’ils aiment le Chicago des annees 30. -
23 juin 2008 à 6h23 #69536
Pardonnez moi Pierre sans vouloir polémiquer mais vous dites :Pour paraphraser Thorez : « Il faut savoir ne pas commencer un greve. »
La véritable phrase est » il faut savoir terminer une grève quand on a obtenu satisfaction » ce qui fait quand même une légère différence Ceci dit juste pour rendre à César ce qui etc…. -
23 juin 2008 à 8h06 #69539JEAN;58189 wrote:Pardonnez moi Pierre sans vouloir polémiquer mais vous dites :Pour paraphraser Thorez : « Il faut savoir ne pas commencer un greve. »
La véritable phrase est » il faut savoir terminer une grève quand on a obtenu satisfaction » ce qui fait quand même une légère différence Ceci dit juste pour rendre à César ce qui etc….Jean, je sais bien que Thorez a dit « il faut savoir terminer une grève », mais je ne voulais pas Pompee Cesar.
Aussi ai-je modifie un brin la phrase et ai-je paraphrase Thorez.Car enfin, beaucoup, au Vietnam vont plus loin et plus vite que Maurice.
Ils shuntent completement la greve, ils rompent unilateralement le contrat de travail.
On est loin de Thorez et plus pres des anarchistes inventeurs du Saint Lundi.
Salut & Fraternite. -
23 juin 2008 à 9h52 #69548
Je me demande qui a eu l’idée fumante au Vietnam de spéculer sur le pétrole (importer, stoker puis exporter) pour abaisser les coût. Je doute de l’efficacité a cause des couts de transport mais La spéculation pour aider les plus pauvres… Trop fort ! Enfin, l’info nous vient de l’agence chinoise Xinhua.
Vietnam : l’envolée des prix du pétrole touche la vie des personnes ordinaires
HANOI (Xinhua – 22 juin 2008)
@mike 58170 wrote:
Vietnam : l’envolée des prix du pétrole touche la vie des personnes ordinaires
(…)
Pour faire face à la flambée des prix du pétrole, le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce a proposé au gouvernement d’augmenter le taux de réserve nationale de l’essence et du pétrole de cinq jours actuellement à dix jours à la fin de 2008, et de mettre en place un mécanisme flexible, en vertu duquel une partie de pétrole et d’essence dans la réserve nationale peut être exportée lorsque les cours mondiaux augmentent fortement, et le Vietnam importera des marchandises lorsque les prix diminuent.
Le pays envisage aussi d’établir un fonds destiné à stabiliser les prix des produits pétroliers sur le marché intérieur à l’avenir.
(…)
Source : (Xinhua) 2008-06-22 -
23 juin 2008 à 11h15 #69551
Pour répondre correctement à la question suivante:
COMMENT LE VIETNAM EST DEVENU «TROP CHER»!
c’est comme au bac ; pour bien comprendre la question, il convient de lire l’énoncé jusqu’au bout !!!
« COMMENT LE VIETNAM EST DEVENU TROP CHER, POUR CERTAINS NEGRIERS DES TEMPS MODERNES » !
Après, la réponse est très facile : pas la peine de vous fatiguer !
Il suffit de classer le Monde à l’Envers !! -
23 juin 2008 à 11h57 #69554
@mike 58170 wrote:
Vietnam : l’envolée des prix du pétrole touche la vie des personnes ordinaires
« Beaucoup de personnes supposent que les prix de détail des produits pétroliers augmenteront de nouveau après ce mois-ci. Si c’est le cas, j’abandonnerai ma moto
Source : (Xinhua) 2008-06-22
Mike remporte le prix du « remonte Topic » :remonte: Je viens de relire les articles précédents qui datent de mai 2006, plus de 2 ans ! :wink2:A cette lointaine époque le pouvoir d’achat, le salaire minimum et la bourse augmentaient et les investisseurs étrangers se plaignaient que le Vietnam devenait trop cher pour eux… Maintenant c’est a peut-près la même chose mais aussi le contraire pour les employés qui voient chuter leur pouvoir d’achat.
Je crois que la discussion http://www.forumvietnam.fr/forum-vietnam/lactualite-generale-du-vietnam-thoi-su-viet-nam/3719-le-monde-apres-avoir-fait-baisser-les-prix-la-mondialisation-attise-leur-flambee.html
aurait été plus adapté.Dans quelques mois on verra aussi les conséquences de l’enrichissement des paysans qui ont une bonne récolte de riz à vendre.
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23 juin 2008 à 13h41 #69558DédéHeo;58208 wrote:Mike remporte le prix du « remonte Topic » :remonte: Je viens de relire les articles précédents qui datent de mai 2006, plus de 2 ans ! :wink2:A cette lointaine époque le pouvoir d’achat, le salaire minimum et la bourse augmentaient et les investisseurs étrangers se plaignaient que le Vietnam devenait trop cher pour eux… Maintenant c’est a peut-près la même chose mais aussi le contraire pour les employés qui voient chuter leur pouvoir d’achat.
Je crois que la discussion http://www.forumvietnam.fr/forum-vietnam/lactualite-generale-du-vietnam-thoi-su-viet-nam/3719-le-monde-apres-avoir-fait-baisser-les-prix-la-mondialisation-attise-leur-flambee.html
aurait été plus adapté.Dans quelques mois on verra aussi les conséquences de l’enrichissement des paysans qui ont une bonne récolte de riz à vendre.
Moi aussi, je viens de lire tous les posts concernant ce sujet, qui me révolte, mais pour lequel, à mon niveau, je ne vois pas de solution…
Je pose tout juste une question : les petits paysans vont-il vraiment s’enrichir s’ils font de bonnes récoltes ? Où serait-ce comme en France, les gros céréaliers qui vont rafler la mise ? C’est une question un peu naïve et j’espère que les personnes bien informées sur ce Forum vont me donner des explications afin de m’aider à comprendre comment est organisée la culture du riz au Vietnam.
Merci d’avance ! :bye:
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27 juin 2008 à 16h02 #69849
Bonjour :bye:
De quoi parle t-on quand on sursure dans les Etats majors des firmes transnationales que la main d’oeuvre vietnamienne devient « trop chere » ? (sous-entendu : il faudrait probablement se preparer a se « barrer » et localiser ailleurs)
« Trop », mais par rapport a quoi ??
On entend par « trop », en schematisant, que les gains de productivites sont … insuffisants. En d’autres mots, et pour simplifier grossierement : par rapport a que ce que cette main d’oeuvre coute (salaires…), on estime qu’elle ne cree pas pour la firme suffisamment de richesses… relativement a la concurrence, cad a d’autres salaries dans le monde, susceptibles, eux, de fournir la meme richesse voire plus, mais avec de meilleurs couts de production (grace a des infrastructures de meilleure qualite dans les pays de l’OCDE par ex, ou des salaires encore plus bas au Laos ou Cambodge pour ne citer que ces deux pays).
On s’emerveille de voir de grosses boites prestigieuses investir au Vietnam et l’on se dit FANTASTIQUE voila un pays qui se modernise A PAS DE GEANT… On associe inconsciemment le pays avec des produits de haute technologie. On se dit fichtre des Vietnamiens creent dans les labos d’Intel des microprocesseurs de derniere generation en sautant toutes les etapes !!!
Que neni !
Faut-il rappeler que les investissements des firmes transnationales japonaise, americaines, suedoises… au Vietnam poursuivent avant tout une logique de competitivite-cout (cout de fabrication le plus compresse possible) et non la competitivite qualite fondee sur la capacite technologique et l’innovation ?
On delocalise, en effet, au Vietnam, dans l’echelon de la valeur ajoutee, des segments de production de faible niveau (montage, tests intermediaires ou finaux…) et non des fonctions de haut niveau (R&D, conception, marketing…) qui restent soigneusement (pour eviter les fuites technologiques en particulier) dans le pays d’origine ou certains poles de competitivite mondiaux en raison d’alliances technologiques et geopolitiques : Amerique du Nord, Union europeenne et Japon (« Triade » pour reprendre un terme popularise par K. Ohmae de la firme McKinsey).
Ce ne sont helas pas actuellement le savoir-faire technologique et scientifique vietnamien qui interessent les grandes marques mondiales. Un Intel qui investit par exemple dans le pays, c’est pour le faible cout de la main d’oeuvre. Point barre. (Cela changera peut-etre un jour, mais pour le moment ce n’est pas le cas)
Oui, c’est, comme le dit Robin des bois, une detestable logique de negrier. Mais les firmes ne sont pas philanthropes.
La dynamique d’investissement etant due a un retard indissociable du niveau de developpement (faibles salaires, faiblesses technologiques…) et non a une performance (nombre de prix Nobels dans les labos, de publications dans les revues scientifiques internationales…), faut-il s’etonner que l’on murmure de plus en plus dans les salles de reunion de certains gratte-ciels a Paris, Bonn ou Seattle que le Vietnam devient trop cher quand d’autres lieux sur la planisphere peuvent proposer une attractivite salariale plus grande ???
Comment faire pour echapper a la logique du cout bas qui conduit a des rations de survie et des greves ??
Le Vietnam ne sera plus jamais « trop cher », et attirera tous les investisseurs du monde prets a payer des salaires eleves, s’il parvient a renforcer son niveau de productivite, c’est a dire a hausser tout particulierement ses facteurs humains de savoir-faire (amelioration de la formation (l’enseignement superieur vietnamien est juge trop theorique : lire ce rapport du Quai d’orsay Formation professionnelle et investissement productif – Politiques de formation et compétitivité -Ministère des Affaires étrangères-), meilleurs professeurs dans les universites (en ameliorant leur recrutement et niveau), expertise scientifique/technologique/financiere des managers et de la maitrise.
C’est a ce prix, sans jeu de mots facile, que le Vietnam echappera a la logique des « negriers » des temps post-modernes.
(Oui, un employe meme gagnant 10 000 dollars par mois en Europe aujourd’hui ne sera jamais trop cher a son entreprise, s’il rappporte a celle-ci 300 000 dollars de richesse sur 6 mois, directement ou indirectement, grace a son expertise (en schematisant a l’extreme))
Cordialement,
PS : proche de ce qui est dit, on peut citer l’IMD World Competitiveness Yearbook 2008 qui produit un classement des pays les plus competitifs du monde, classement fonde sur un mix de criteres qui vont du taux de croissance au taux de corruption en passant par des agregats tels que le PIB/tete ou encore le nombre d’ordinateurs par habitant…
Si la competitivite mesure en quelque sorte la capacité d’un pays à se positionner durablement sur le marché mondial face aux competiteurs et a attirer durablement les investisseurs chez lui, d’apres le rapport cite le Vietnam n’est pas parmi les plus forts alors que s’y trouvent des membres de l’ASEAN comme Singapour (2eme position), la Malaisie (19), la Thailande (27), les Philippines (40) et l’Indonesie (51) The World’s Most Competitive Countries 2008
(en fait, il n’est pas parmi les 100 premiers selon la Chambre de commerce americaine au Vietnam AmCham Vietnam | Vietnam misses the cut – not in the world’s top 100 « Most Competitive Countries » )
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28 juin 2008 à 3h51 #53242
Le VN est aussi devenu trop cher parce qu’il est trop loin.
Le petrole a 140$ le barril donne des couts de transports exorbitants (que ce soit par air ou par mer).
Comme il y a peu de chance que le petrole baisse, c’est toute la strategie de la delocalisation et de l’out-sourcing qui est a reparametrer.
Et tout le monde repeaufine ses modeles et refait ses calculs.
Holy shit! Le Vietnam est devenu cher! -
1 juillet 2008 à 2h34 #70021
Bonjour Pierre,
Observation tout a fait pertinente : tu as raison. L’envolee du prix du petrole ne milite pas en faveur des strategies distantes : les risques sont d’autant plus eleves que l’on travaille aujourd’hui en flux tendus a l’echelle transterritoriale (toute greve et interruption de la production en un lieu de la mappemonde conduit quasi instantanement a des difficultes en d’autres sites de la chaine localises ailleurs sur le globe ; or les ajustements sont ardus a mettre en oeuvre en raison du juste a temps (absence de stocks + pbs de synchronisation)).
Pour continuer a etre attractif sur le long terme, le Vietnam doit, imperativement et le plus vite possible, augmenter sa productivite. Meme avec un baril de petrole a 500 usd, on se ruera vers lui pour profiter de l’expertise de sa main d’oeuvre.
Tant qu’il ne sera pas plus competitif (cf. classement IMD World Competitiveness Yearbook), l’afflux des investissements ne fait au contraire que confirmer une deplorable situation de faiblesse (et d’exploitation) et, partant, impulser a terme des desequilibres dus a l’insuffisante capacite d’absorption des capitaux par le tissu economique (cf. cas aujourd’hui « classique » de la Thailande a l’origine du typhon financier/economique en 1997. Notons en passant que quand la crise a frappe la Thailande cette anne la, son niveau economique etait superieur a celui du Vietnam aujourd’hui et connaissait, en outre, une croissance aussi remarquable que le Vietnam en 2007).
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1 juillet 2008 à 4h07 #70025Panda_mignon;58743 wrote:Pour continuer a etre attractif, le Vietnam doit, imperativement et le plus vite possible, augmenter sa productivite. Meme avec un baril de petrole a 500 usd, on se ruera vers lui pour profiter de l’expertise de sa main d’oeuvre.
Le faible prix de la main d’oeuvre est aussi un piege.
Car, si la plus value des produits des produits exportes est faible, la part des produits importes pour les fabriquer est d’autant plus lourde. Et la marge devient tres reduite et aleatoire.Autre piege a….; l’accrochage du Dong au Dollar. Les US font payer leurs interets d’emprunt au monde entier en laissant filer leure devise.
S’aligner sur le dollar signifie glisser (degringoler) avec le dollar.« The dollar (is) our currency, but your problem ».
Texan John Connally, US Secretary of the Treasury 1971
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