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Dong Phong

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15 sujets de 1,786 à 1,800 (sur un total de 2,144)
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    Messages
  • en réponse à : La naissance de Dalat #120108
    dannyboy;113585 wrote:
    Moi, je proposerais cette phrase: « Quand les sots qui se prennent pour des lettrés font semblant de verser des larmes, le peuple, considéré comme des vulgaires, n’a d’autre choix que leur ouvrir les esprits »

    Bonjour Monsieur l’ingénieur qui prétend être capable d’inventer un nouvel alphabet chinois « en une journée »,
    Je crains que vous ne connaissez pas le vieux sens du mot « vulgaire » que j’ai utilisé, car vous tombez dans la…vulgarité et l’insulte.
    J’arrête donc ici mes discussions avec vous, pour ne pas polluer ce Forum.
    Dommage !
    Dông Phong

    en réponse à : La naissance de Dalat #120086
    HUYARD Pierre;113540 wrote:
    Merci Anh Dong Phong
    Alexandre de Rhodes, prêtre et missionnaire jésuite né à Avignon le 15 mars 1591 et mort à Ispahan le 5 novembre 1660.
    D’origine aragonaise (village de Calatayud) et marrane, sa famille, des négociants en soie, avait fui l’inquisition et s’était réfugiée en Avignon, alors terre papale et cité accueillante pour les juifs. Comme beaucoup de familles juives d’alors, converties au catholicisme de gré ou de force, le père d’Alexandre décide de modifier son patronyme de Rueda en Rode, puis de Rode et finalement en de Rhodes .
    Notre Alexandre de l’Etoile Jaune, jésuite et marrane, n’était effectivement pas Français. C’était un jésuite errant, un citoyen du monde.

    P.S
    Le sceau de la compagnie de Jesus a du lui paraitre representer une forme de rouelle nouvelle plus adaptee a la rigueur de son epoque.
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    Bonjour Pierre,
    Merci d’avoir complété mon post.
    Juste une petite précision : maintenant les historiens considèrent que le P. de Rhodes naquit le 15 mars 1593, et non plus en 1691. Il a, semble-t-il, avancé son âge pour pouvoir entrer au Collège des Jésuite (le Quirinal) à Rome.

    J’aime beaucoup vos expression » « jésuite errant, citoyen du monde », et « nouvelle rouelle » pour un ex-Rueda ! Vous avez l’art des formules !

    Bonne fête du 14 juillet là-bas.
    Bien amicalement.
    Dông Phong

    en réponse à : La naissance de Dalat #120083
    robin des bois;113536 wrote:
    Je suis heureux de pouvoir le lire sous votre plume , malgré ce que vous avez pu écrire précédemment !!!

    – A vous lire , on croirait retrouver sur F-v tous les anciens résistants et combattants des troupes de HCM !!!

    – S’agissant de colonialisme , je suppose que vous connaissez ce Monsieur et ce texte superbe :

    * M. Phan -Dinh -San, dans « l’appel de la terre » in « La Patrie annamite », du 20 janvier 1934

    * son texte, au sujet du royaume du Champa :

    « Le souvenir des hauts faits de nos pères emplit mon coeur d’une pieuse admiration.
    Dans cette lutte à mort avec un peuple dont la civilisation fut à beaucoup d’égards supérieure à la nôtre, quelle chance inouïe eûmes-nous d’être vainqueurs … …
    «  C’était ainsi qu’au cours des âges le peuple annamite étendait son empire du nord au sud de l’Indochine.
    L’impulsion décisive imprimée par nos aïeux est loin de s’éteindre.
    Maintenant le Cambodge, le Laos et jusqu’aux terres de la rive droite du Mékong subissent de la part de l’Annamite(1) une pénétration lente et pacifique .
    Nous sommes colonialistes à notre manière … … »

    (1) De l’ Annam, ancien royaume vietnamien.

    Ce texte n’étant pas de moi, il suffirait donc de demander aux Laotiens et aux Cambodgiens ce qu’ils pensent de leur gentil voisin en matière de « colonialisme », version XXIème siècle..!!!

    Bonjour Robin des Bois,
    Merci d’avoir rappelé le texte de Phan Dinh San.
    Sans compter que la conquête du Champa a résulté en un véritable génocide du peuple cham, et que les autres premiers habitants du Centre VN ont été repoussés dans les Hauts Plateux sous le nom générique de « Mọi » (barbares, sauvages).

    J’aime beaucoup citer cette phrase de Sima Qian (historien chinois, 145-86 av. J-C ; Tư Mã Thiên en vietnamien) : « L’Histoire serait incomplète sans les larmes des lettrés ». Je la prolonge volontiers par « pendant que le vulgaire s’en réjouit ».

    Bonne journée,
    Bien amicalement.
    Dông Phong

    en réponse à : La naissance de Dalat #120044
    dannyboy;113523 wrote:
    « Ne pas être dans le monde des historiens » n’est ni un crime, ni un défaut. Ne pas être historien ne veut pas dire qu’on est incapable d’émettre un avis pertinent sur l’histoire. Je suis ingénieur et j’étais plus d’une fois surpris par une remarque pertinente venant d’un historien ou écrivain sur le monde de la haute technologie. Ici, vous m’avez appris l’existence de Bui Kha et je vous en suis reconnaissant. Mais Bui Kha n’a jamais dit qu’A. de Rhodes a aidé les colonialistes français en inventant l’écriture Quôc Ngu. Il a justement affirmé que cette invention était un apport positif à la culture vietnamienne et que cela doit être reconnu officiellement dans les livres de l’éducation vietnamienne. Il suffit de lire son article ALEXANDRE DE RHODES: Công VÃ* Tá»™i (Bùi Kha)

    C’est une preuve de plus que la majorité des vietnamiens ne sont pas du tout aveuglés par « la haine de la France coloniale »

    Vous avez tout à fait raison, les conditions ne sont pas les mêmes. Mais je suis persuadé qu’au 17e siècle, il y a au moins une dizaine de savants vietnamiens maîtrisant parfaitement une ou plusieurs langues alphabétiques (occidentale ou non) capables d’inventer quelque chose de similaire. Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils savaient peut être que les avantages ne dépassent pas les inconvénients ? Que ce n’est pas indispensable pour moderniser le pays (souvenez vous l’exemple du Japon)

    Ce que vous avez à dire à mon sujet m’importe peu. Dans une discussion, on attaque les faiblesses de l’argumentation, on attaque jamais les personnes. Vous avez été jusqu’à présent très correct dans cette discussion, j’espère que vous pourrez le rester.

    Bonsoir Dannyboy,
    Le rôle de l’historien est de rapporter l’Histoire « factuelle », c’est-à-dire d’après des faits irréfutables.
    Critiquer l’Histoire passée, et prendre position pour servir une idéologie ultérieure (et Dieu sait si c’est fréquent !), n’est pas le rôle des historiens dignes de ce nom.
    L’article de Bùi Kha du 30.7.2009 que vous citez n’est qu’un résumé plutôt « soft » des articles plus virulents qu’il a écrits en 2006 sur l’ancien site de Talawas. D’ailleurs le titre de l’article « Alexandre de Rhodes. Công và tội » (Alexandre de Rhodes. Mérite et crime) est étonnant de la part d’un historien. Cà sonne vraiment « tribunal populaire » !
    Dans cet article, bien qu’édulcoré, Bùi Kha persiste à confondre l’expression « soldats de Dieu » (missionnaires) utilisée par les Jésuites avec « soldats » tout court (militaires), ce qui démontre soit une méconnaissance du vocabulaire du XVIIè siècle, soit une mauvaise foi guidée par son idéologie.
    Quant à la « conquête des âmes à convertir à la foi chrétienne », cela n’a rien à voir avec les conquêtes coloniales du XIXème siècle. N’oublions pas que le XVIIè siècle était l’époque de la Contre-Réforme en Europe.

    Quant à rester correct à votre égard, ne vous inquiétez pas pour moi : je suis trop vieux pour changer mes habitudes.

    Bien cordialement.
    Dông Phong

    PS : pour être clair, je dois préciser que je ne suis pas chrétien.

    en réponse à : La naissance de Dalat #120025
    dannyboy;113501 wrote:
    Bonjour Dông Phong,

    Je n’ai jamais entendu un seul vietnamien accusant Alexandre de Rhodes « d’avoir ouvert la voie au colonialisme française ». Au contraire, je trouve que les Viets lui lancent un peu trop de fleurs pour une réalisation qui n’avait rien d’extraordinaire. Son mérite était de maîtriser une langue étrangère, puis d’ajouter quelques signes supplémentaires dans l’alphabet latin pour pouvoir transcrire cette langue étrangère. Qu’est ce qu’il y a d’extraordinaire là dedans ? D’être capable de maîtriser la langue vietnamienne ? Mais à l’époque, des milliers de vietnamiens, chinois, japonais voyageaient déjà vers l’Occident et ont été capables d’apprendre par eux même les langues européennes sans aucun problème. La prouesse d’Alexandre de Rhodes était peut être de pouvoir inventer des signes supplémentaires pour transcrire la langue vietnamienne ? Mais il n’y a rien de très compliqué. Je connais un peu le chinois, je peux vous inventer, en une journée, un alphabet basé sur l’alphabet latin pour transcrire tous les sons chinois. Un chinois habitant en Grèce m’a dit qu’il peut le faire sans problème avec l’alphabet grec. La Chine, le Japon sont tout à fait capable de passer vers une écriture alphabétique (car c’est un exercice qui n’a rien de compliqué) mais ils ne l’ont pas fait simplement par ce qu’ils n’y trouvent autant d’inconvénients que d’avantages.

    Vous avez tout à fait raison sur la vraie nationalité d’alexandre de Rhodes. Mais à mes yeux, ce qui importe n’est pas l’invention de cette écriture mais bien son imposition par la force à la société vietnamienne. Cette obligation a été imposée par l’administration coloniale française (en 1918) dans le but de :
    • Déraciner les mouvements indépendantistes liés à l’intelligentsia écrivant en caractères chinois
    • Obtenir rapidement des interprètes, relais de l’action des colonisateurs.

    Bon, les intellectuels Viets de l’époque ont su intelligemment transformer cette obligation en une force pour introduire cette écriture (plus facile il est vrai) dans la masse populaire. Mais aujourd’hui, quand on voit la grande masse de littérature et d’archive écrits en Nôm dont plus personne n’est capable de lire, on ne peut s’empêcher de penser à une certaine fracture historique et temporelle, un certain gâchis. Très peu de pays dans le monde sont dans notre cas.
    Cordialement,

    Bonjour Danyboy,
    Que vous n’êtes pas au courant de la vive campagne menée par Bùi Kha en 2006, qui accusait le P. Alexandre de Rhodes d’avoir ouvert la voie à la colonisation française, je vois que vous n’êtes pas dans le monde des historiens. Heureusement que la campagne de Bùi Kha a été un flop, malgré sa démonstration persistante pendant quelque temps.
    Que vous soyez capable d’inventer un nouvel alphabet chinois « en une journée », je vous dis bravo et vous encourage à le développer et à…gagner beaucoup d’argent. Mais vous oubliez peut-être qu’on était au XVIIè siècle dépourvu des moyens audio-visuels modernes.
    Je m’interdis de dire plus à votre sujet, car à 70 ans je deviens de plus en plus tolérant vis-à-vis du monde qui tourneboule.
    Dông Phong

    en réponse à : La naissance de Dalat #120017
    Dông Phong;113482 wrote:
    […]
    Le P. de Rhodes a bien précisé, dans la préface Ad lectorem (Au lecteur) de son dictionnaire, que celui-ci a bénéficié des travaux, maintenant perdus, de ses prédécesseurs jésuites portugais Francesco de Pina (1592-1646), Gaspard de Amaral (1592-1646) et Antonio Barbosa (1594-1647).
    […]

    Je suis désolé d’avoir mal transcrit ces dates.
    Veuillez lire : Francesco de Pina (1588-1625).
    Dông Phong

    en réponse à : La naissance de Dalat #120008
    dannyboy;113476 wrote:
    […]
    Alors doit-on remercier ces français qui nous ont colonisés en 1850 et qui nous ont « apporté » une écriture si merveilleuse qui nous permettait d’avoir « une pensée analytique » ?

    Cordialement,

    Bonsoir Danyboy et TLM,
    Quand on cite l’Histoire, il ne faut pas colporter des erreurs qui traînent par ci et par là.
    Oui, ce n’étaient pas les Français qui avaient romanisé la langue vietnamienne.
    D’abord, le P. Alexande de Rhodes (1593-1660), le « signataire » du fameux Dictionarium Annamiticum, Lusitanum, et Latinum (1651), n’était pas français ! En effet, il était né à Avignon, dans le Comtat-Vénaissin, qui était un Etat du Pape : il était « sujet du Pape ». Le Comtat-Vénaissin n’a rejoint la République Française qu’en 1791.
    Le P. de Rhodes a bien précisé, dans la préface Ad lectorem (Au lecteur) de son dictionnaire, que celui-ci a bénéficié des travaux, maintenant perdus, de ses prédécesseurs jésuites portugais Francesco de Pina (1592-1646), Gaspard de Amaral (1592-1646) et Antonio Barbosa (1594-1647).
    C’est ce genre de méconnaissance (ou de manipulation ?) de l’Histoire qui a permis à des intellectuels (?) vietnamiens d’accuser injustement le P. Alexandre de Rhodes d’avoir ouvert la voie au colonialisme français (qui n’eut lieu qu’à la 2ème moitié du XIXème siècle !).
    En tant qu’historien, je tiens à rétablir la vérité.
    Bien amicalement.
    Dông Phong

    en réponse à : revue spécialisée sur le Vietnam ? #120000
    baolan;113426 wrote:
    Bonjour tout le monde,

    est ce que certains d’entre vous connaissent des revues spécialisées sur le Vietnam, son évolution économique, politique, etc. ?

    Je trouve beaucoup d’informations sur Internet bien sur, mais une revue concise serait appréciable (la plupart des sites que je connais sur le vietnam ne propose pas de RSS, ce qui n’est pas pratique du tout pour suivre les actualités …)

    Merci d’avance !

    Bonjour Baolan,
    Voici un magazine assez « neutre » politiquement sur le Viet Nam : Carnets du Vietnam,Indochine,Hanoi,Ho Chi Minh ville,Saigon,
    Bien amicalement.
    Dông Phong

    en réponse à : La naissance de Dalat #119996
    abgech;113464 wrote:
    […]
    L’écriture romanisée au Vietnam est bien antérieure à la colonisation. C’est en 1561, après avoir appris le vietnamien en quelques mois (ce qui montre sa capacité intellectuelle), qu’Alexandre de Rhodes publie son premier dictionnaire vietnamien-latin-portugais.

    […]
    À la fin de sa vie, je crois qu’il n’était pas plus suisse que français, et encore moins allemand. Il était devenu vietnamien, si ce n’est de papiers, du moins de cœur.

    Les vietnamiens ne s’y sont d’ailleurs pas trompés.
    Si, tant en France qu’en Suisse il n’y pratiquement pas de rues Yersin (il y en a une à Lausanne et, je crois, une à Morges) en revanche, il y a passablement de rues Yersin au Vietnam. Ce sont d’ailleurs les seules (avec les rues Pasteur) qui n’ont jamais changé de nom.

    Bonjour Abgech,
    Je voudrais corriger deux petites erreurs de votre post :
    1) Le Dictionarium Annamiticum, Lusitanum, et Latinum du P. Alexandre de Rhodes fut publié en 1651 et non pas en 1561 (erreur de frappe).
    2) Si, il y a depuis récemment une rue Alexander Yersin à la commune de Tréffléan dans le Morbihan (France), département où j’habite. C’était suite à la publication de mon livre Monts et merveilles au pays du Bois d’Aigle consacré à l’histoire et les cultures de la province vietnamienne de Khánh Hòa (Nha Trang), dans lequel j’ai écrit un chapitre sur le Dr. Yersin (voir : http://terrelointaine.over-blog.fr/ext/http://www.publibook.com/boutique2006/detail-4472-PB.html). En effet le Morbihan et Khánh Hòa sont en coopération depuis plus de 15 ans.
    Bien amicalement.
    Dông Phong

    en réponse à : Mon voyage au Vietnam acte 3 #119981

    Bon voyage Noël,
    et passez de bons moments là-bas.
    Bien amicalement.
    Dông Phong

    en réponse à : Manif à Belleville contre l’insécurité #119953
    nono32;113332 wrote:
    Article interessant sur la communaute chinoise en France.
    «Chinois de France» ne veut rien dire | slate

    Des milliers de Chinois ont manifesté à Belleville dimanche 20 juin pour réclamer leur «droit à la sécurité» alors qu’ils disent être victimes d’agressions et de vols violents perpétrés, selon eux, par des groupes de jeunes vivant à Belleville ou dans d’autres quartiers de l’est parisien. Ils étaient 8.500, près de 20.000 selon les organisateurs. Du jamais vu pour cette communauté d’ordinaire discrète. Un tel rassemblement a pu donner l’impression d’une communauté homogène et soudée. Il n’en est rien. Le simple fait de parler des «Chinois» ne veut pas dire grand-chose, tant il existe au sein de la communauté, formée de migrants venus à différentes époques et pour des raisons diverses, de différences, culturelles et autres.
    En France, comme dans la capitale, on distingue trois principales communautés chinoises: les Chaozhou (aussi appelés Teochiu), les Wenzhou et les Dongbei. Les Wenzhou, qui avaient appelé à la mobilisation de dimanche, formaient l’immense majorité du cortège parisien. Quelques centaines de Dongbei étaient présents, parmi lesquelles figuraient la plupart, voire la totalité, des prostituées chinoises de Belleville particulièrement victimes de ces violences. Presque aucun Chaozhou ne s’était joint à eux. Qui sont les Chinois de France, d’où viennent-ils et comment s’intègrent-ils?

    Combien sont les «Chinois de France»?

    La France est le pays d’Europe qui compte le plus de personnes originaires de Chine. On estime la communauté à 600.000 ou 700.000 personnes, d’après Pierre Picquart, spécialiste du monde chinois. Il faut s’en tenir à ces estimations, le recensement français ne tenant pas compte compte de l’origine ethnique.
    Les sources nationales françaises (OMI, OFPRA, ministère de l’Intérieur) permettent d’analyser les flux migratoires et de fournir une typologie des migrants chinois en fonction de leur catégorie administrative. Les chiffres obtenus sont toutefois très éloignés de la réalité: par exemple entre 1990 et 1999, l’OMI et l’OFPRA ont enregistré 43.481 Chinois entrés en France. Ils sont sans doute beaucoup plus.
    Ce décalage s’explique aussi bien par le nombre de sans-papiers que par toutes les personnes «d’origine chinoise» qui sont naturalisées ou nées en France.
    De plus, les migrants des années 1970, d’origine chinoise, mais provenant directement du Laos, du Cambodge ou du Vietnam obtenaient le statut de réfugié politique grâce aux passeports de ces pays en guerre. Ils n’ont donc jamais été officiellement considérés en France comme «Chinois». Les Frères Tang, à l’origine de la chaîne de supermarchés qui porte leur nom, en sont un très bon exemple. Originaires du Laos, ils ont acquis la nationalité française à leur arrivée en France, mais se considèrent bien comme des Chinois –Tang est un nom chinois.

    Où sont-ils?

    Plus de la moitié des Chinois de France vivraient dans la région francilienne (jusqu’à 60%). Les non-Franciliens habitent Marseille, Lille, Toulouse, Lyon, etc. Parmi les Franciliens, 40% vivraient à Paris intra-muros. De nombreuses mégalopoles ont leur «Chinatown» mais Paris compte plusieurs quartiers chinois. Le XIIIe arrondissement (Triangle de Choisy) est le plus connu, mais c’est aussi le moins chinois aujourd’hui (seuls 14% Chinois résident dans ce quartier selon une enquête). Arts et Métiers est le plus ancien encore existant (le premier, l’îlot Chalon, a été rasé), Belleville le plus chinois. Il y a aussi le Faubourg-Saint-Martin, la Chapelle, Crimée. La banlieue compte aussi une importante communauté chinoise, surtout dans le nord-est et l’est parisien: Pantin, Stains, Bobigny, Ivry, Villejuif, Kremlin-Bicêtre, Gennevilliers, etc…De nombreux Chinois du XIIIe ont quitté le quartier dans les années 1970-80 pour Marne-la Vallée où les incitations à l’achat étaient fortes à l’époque.

    Trois origines principales

    Sur cette large communauté de 600 à 700.000 personnes, «on pense qu’il y a 150.000 Chaozhou aujourd’hui, et plus de la moitié de Wenzhou, soit 350.000 au moins, explique Donation Schramm, spécialiste de la communauté chinoise en France. Il doit y avoir au moins 10 à 15.000 Dongbei, presque tous dans la région francilienne, plusieurs milliers d’étudiants de toute la Chine et plusieurs milliers de Chinois d’autres origines, regroupés en communautés de 2,3, 4 ou 5.000 personnes». Malgré leur nature hypothétique, ces chiffres rendent compte de l’ampleur de la communauté Wenzhou, la plus grande communauté chinoise de tous les pays d’Europe.

    Wenzhou: une immigration économique très soudée

    Les Wenzhou, principale communauté chinoise de France, sont nés en Chine. Ils tiennent leur nom de la région de Wenzhou au sud de la Chine, dont ils sont originaires. Celle-ci comptant Qingtian et Wenzhou, «petit» port de 8 millions d’habitants, à 400 km en dessous de Shanghai, on peut également les appeler Wenzhou-Qingtian.
    Les Wenzhou sont arrivés en France les premiers, il y a plus d’un siècle. Le premier émigré chinois dont on connaît l’histoire est arrivé en 1888 de Qingtian. C’était un colporteur qui vendait de la pierre stéatite, répondant ainsi au goût français pour les «chinoiseries» comme quelques centaines d’autres colporteurs après lui. L’immigration s’intensifie lors de la Première Guerre mondiale, pendant laquelle l’armée française recruta plus de 100.000 travailleurs chinois afin de participer à la Grande Guerre. Au lendemain du conflit, environ 3.000 d’entre eux –pour la plupart originaires de Wenzhou– choisirent de rester à Paris, et s’installèrent dans un quartier de la gare de Lyon, l’îlot Chalon, qui fut pendant 50 ans le premier quartier chinois de Paris, avant d’être rasé dans les années 1970. Ils se sont ensuite installés dans le quartier des Arts et Métiers (rue du Temple, rue du Maire) où ils se sont spécialisés dans la maroquinerie et la confection, puis à Belleville, où ils représentent 85%, voire 90% de la communauté chinoise.
    La communauté Wenzhou est très soudée par une véritable chaîne migratoire ancienne, organisée, et constamment renouvellée, les «nouveaux» rejoignant des familles ou des proches souvent mariés avec des enfants et déjà «établis» économiquement en France. Ils viennent d’une région très pauvre, rurale, ont un niveau d’études assez bas: c’est pour gagner de l’argent et offrir un avenir à leurs enfants qu’ils sont venus en France. Un objectif atteint pour une grande majorité d’entre eux grâce à ce réseau familial et cette solidarité particulièrement forte. Suffisamment nombreux pour vivre en cercle fermé, ils ont évolué avec succès dans le cadre d’une économie «ethnique». Si le secteur d’activité de la première génération tourne autour du commerce, des services, de l’artisanat, de la confection, restauration, maroquinerie) leurs enfants travaillent aujourd’hui dans tous les secteurs d’activités français.

    Chaozhou: réfugiés politiques des années 1970

    Les Chaozhou –du nom d’une ville côtière du Sud-Est de la Chine– connus aussi sous le nom de Teochiu ou Teochew, sont des Chinois de la diaspora. Ils ont quitté leur pays d’origine il y a plus de quatre siècles pour s’établir dans toute l’Asie du Sud-Est. Notamment dans trois pays de l’ex-Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge). Dans les années 1970, ils se réfugient en France et obtiennent le statut de réfugiés et souvent la nationalité française. Les premiers Chaozhou arrivent en France en 1970, les derniers en 1985-1987. Certains d’entre eux sont des «boat people», même si aucun Chinois ne s’appellera ainsi. Notamment parce que cela les renvoie à une histoire très dure, que souvent «les parents n’ont jamais évoqué à leurs enfants».
    Avant d’immigrer en France, les Chaozhou étaient urbains, lettrés, d’un certain niveau social et culturel, et comme habitants des colonies françaises, souvent francophones et plutôt francisés. Leur intégration en France est alors très rapide. Leurs diplômes n’étant pas reconnus, ils se tournent vers le commerce, notamment dans le [URL= »http://ce%20d%c3%a9calage%20s%e2%80%99explique%20aussi%20bien%20par%20le%20nombre%20de%20sans-papiers%20que%20par%20tous%20ceux%20qui%20sont%20naturalis%c3%a9s%20fran%c3%a7ais,%20car%20de%202e,%203e%20ou%204e%20g%c3%a9n%c3%a9ration./ »]triangle de Choisy[/URL] formé par l’avenue de Choisy, l’avenue d’Ivry et le boulevard Masséna.
    C’est au moment de l’installation des Chaozhou dans le XIIIe arrondissement que les Parisiens prennent vraiment conscience de leur présence. Comme le XIIIe devient peu à peu trop petit pour les accueillir, ils s’installent progressivement à Belleville à partir de la fin des années 1970. Aujourd’hui, si leur présence reste visible dans le XIIIe arrondissement à cause des commerces, peu de Chaozhou y habitent encore. Ils ont également quitté Belleville. Beaucoup résident en banlieue, notamment à Marne-la-Vallée. Très intégrés à la société française, ils travaillent dans tous les secteurs de la société. Leurs habitudes culturelles, alimentaires sont très distinctes des autres communautés, leur attachement à la France et aux lois plus fort.

    Dongbei: une immigration isolée et précaire

    Depuis un peu plus d’une dizaine d’année, la France voit arriver une nouvelle population d’immigrés en provenance de plusieurs provinces du nord et nord-est de la Chine, collectivement appelés Dongbei. C’est par origine géographique que l’on rassemble les Dongbei, il ne s’agit pas d’une communauté au sens propre du terme. Il n’existe aucune solidarité spécifique entre eux.
    Contrairement à leurs compatriotes Wenzhou, les Dongbei sont urbains, mieux éduqués, en majorité des femmes (70%), d’âge mûr (la quarantaine), anciens petits cadres appartenant à une classe moyenne en Chine. Face aux Wenzhou dont le niveau moyen de scolarité tourne autour du primaire ou secondaire, beaucoup de Dongbei affichent un niveau d’études supérieur à la moyenne nationale avec des diplômes de lycée ou d’université. Dans les années 1990, les grandes entreprises d’état (textile, sidérurgie, métallurgie…) ont fermé ou licencié massivement.
    Provenant de régions sans tradition migratoire vers l’Europe, les Dongbei, migrants pionniers, sont venus «à l’aventure» sans connaître quiconque en France. Inspirés par la réussite des Wenzhou, aspirant à une meilleure réussite car urbains et plus lettrés, ils se retrouvent en position de faiblesse face à la solide chaîne migratoire des Wenzhou. Une grande majorité vit dans la précarité. Ce n’est que très récemment que certains Dongbei ont pu ouvrir des magasins.
    Ces femmes isolées, souvent divorcées en Chine, ont quitté leur pays et tout laissé derrière elles, parfois y compris leur enfant. Sont alors véhiculés tous les clichés courants de mauvaise vie et de petite moralité des femmes seules ou divorcées. Une grande majorité des prostitués chinoises sont des Dongbei. Les Wenzhou jugent d’un très mauvais œil leurs compatriotes.

    Différents… et divisés

    Les différences culturelles ont créé une vraie rupture entre les communautés, chacune ayant son propre dialecte, sa propre histoire. Il n’existe pas entre elles de réelle solidarité; les Chaozhou, Wenzhou et Dongbei se mélangent peu. Les mariages «mixtes» demeurent l’exception, infirmant totalement l’idée d’une communauté chinoise homogène et soudée.
    Les Chaozhou, surtout, vivent coupés des Chinois de Chine, qu’ils méprisent, les considérant parfois comme des «campagnards». En témoigne par exemple l’existence à Belleville de deux associations de commercants, l’une pour les Chaozhou, et l’autre pour les Chinois de Chine. L’absence des premiers à la manifestation organisée par les seconds le montre aussi.
    Cet isolement des Chaozhou s’explique également par leur intégration à la société française, en décalage avec celle plus lente des Wenzhou et Dongbei, qui ne parlaient pas français quand ils sont arrivés il y a 10, 20, 30 ans. La première génération ne le parle pas beaucoup plus aujourd’hui. La France, qui était un refuge choisi et définitif pour les Chaozhou est une destination plus provisoire pour les Wenzhou et Dongbei qui arrivent aujourd’hui, tout franchissement de la frontière vers un pays voisin étant envisageable.
    Cela dit, si l’appartenance communautaire des nouvelles générations reste fort, leurs modes de vie et les secteurs d’activité ont bien sûr beaucoup évolué, les enfants Wenzhou et Dongbei nés en France –qui portent des prénoms français– servant d’intermédiaires à leur aînés grâce au français qu’ils apprennent à l’école, et s’intégrant plus tard dans des quartiers et des secteurs économiques «hors de la communauté».

    Annabelle Laurent

    Bonsoir TLM,
    Je ne sais pas ce que vaut cet article du Monde, car il ne parle pas des Cantonais qui sont aussi très nombreux.
    J’en ai rencontré et pu parler avec eux, car je sais baraguiner en cantonais.
    Dông Phong

    en réponse à : Pour aller aux villages des artisans #119880
    ptitpim;113333 wrote:
    […]
    J’ai part contre une petite question, je sais qu’il existe un village du bonsaï, mais je crois que c’est pas dans la région autour de Hanoï, je me trompe ?
    […]
    Merci d’avance :jap:

    Bonjour Ptitpim,
    Vous pouvez trouver des bonzaï (et toutes sortes de plantes comme le cam quât et les pêchers du nouvel an lunaire) à Nghi Tàm et dans les villages voisins, sur le bord du Hô Tây (Lac de l’Ouest) dans la banlieue de Hanoi, sur la route vers l’aéroport.
    Bon week-end et bonne visite,
    Bien amicalement.
    Dông Phong

    en réponse à : Manif à Belleville contre l’insécurité #119879
    robin des bois;113336 wrote:
    Le bouddhisme = religion d’état n’ a rien a voir avec le « théravada » en lui-même !

    Mais, le Mahayana étant plutôt  » en Asie jaune » , et notamment dans des pays d’obédience communiste .. je ne crois pas qu’il y ait officiellement de « religion d’état » dans les pays de Mao ou de HCM !!!

    Par contre en « Asie Brune » , certaines monarchies se sont fait un « plaisir divin «  que de mélanger royauté et bouddhisme Théravada… pour en faire une sorte de continuité des pratiques de l’Hindouisme et du Dévaradjâ .. où rois et dieux sont étroitement mêlés… pour le plus grand bien du régime monarchique.

    Mais Bouddha n’y est pour rien, je vous assure !!!

    ( par exemple, en Thaïlande et Cambodge bien évidemment)

    Cher Robin des Bois,
    Peut-être avez-vous mal compris mes propos ?
    Evidemment, ni le Bouddha ni le Theravada n’étaient pour rien dans le fait que celui-ci soit une « religion d’Etat » dans certains pays !
    Le Mahayana se pratique aussi dans des pays non-communistes de « l’Asie jaune » (Corée du Sud, Japon) !
    Mais au VN, il y a actuellement un conflit entre « Le bouddhisme unifié du Viet Nam » (traditionnel) et « Le bouddhisme du Viet Nam », celui-ci étant d’obédience gouvernementale pour faire contre-poids au premier.
    Mon Dieu (?), pourquoi les politiques ne fichent-ils pas la paix aux religions ?
    Amen.
    Dông Phong

    en réponse à : roman SOUPE TONKINOISE #119873
    jan;113327 wrote:
    Je me permets de vous présenter mon dernier roman qui peut
    intéresser ceux que l’histoire pas si lointaine ont encore
    en mémoire. Il s’agit du début du XXième siècle et de l’époque
    coloniale au Tonkin et à Hanoi plus précisément.

    Dans chaque famille il y a un livre qu’il vaut mieux ne pas lire à
    haute voix (proverbe vietnamien)

    mon dernier ouvrage, SOUPE TONKINOISE, édition TME, est disponible en
    librairie (le commander au libraire s’il n’y est pas)

    Hanoi, Indochine coloniale en 1910 : la dure réalité d’une époque, le
    choc des cultures. Un polar historique qui rappelle les bienfaits et
    méfaits de la France en Extrême-Orient.
    La ville de Hanoi, Vietnam, fête en 2010 son millénaire. SOUPE
    TONKINOISE déroule un récit d’aventures et de passion, de vengeance et
    de folie dans cette ville magnifique il y a tout juste 100 ans.

    Soupe Tonkinoise
    Jan Thirion
    Editeur : Editions TME
    Collection : Collection noire d’histoire
    Date de parution : 28/04/2010
    Ean : 9782915188172
    Description : 22 x 12 cm / 344 p
    19 euros

    4° de couverture :

    Hanoi, août 1910, au nord de l’Indochine. De jeunes femmes annamites
    sont découvertes mortes au matin, la tête coupée et subtilisée. Dans
    le même temps, des officiers français disparaissent ou se font
    assassiner. Chargé officieusement de retrouver un lieutenant
    volatilisé, le maréchal des logis lorrain, Héli Auguste Thirion, va
    plonger au coeur de la folie des hommes, dans cette province française
    lointaine, considérée comme la perle de l’Asie. C’est un récit âpre,
    dur, cruel, mais qui sait aussi faire la part belle à la comédie, à
    l’image d’un lieu et d’une époque où le rire et la beauté côtoyaient
    les pires horreurs.

    « … Mouettes, multitude de bateaux sur le Fleuve Rouge, jonques,
    sampans, croiseurs de la marine, le D’Entrecasteaux, le Bugeaud, la
    Décidée, les tourelles des canons tournées vers le nord. Tout se
    présente en même temps, en plus de l’odeur peu ragoûtante des eaux. On
    s’habitue rapidement. Beaucoup de monde sur le quai. Coolies,
    marsouins, militaires, civils, Annamites, Chinois, Européens. Des
    groupes qui ne se mélangent pas. Héli cherche à repérer le navire sur
    lequel embarquent les orphelins. Une carriole passe près de lui. On
    devine ce que cache la bâche. Une main traîne presque à ras des pavés.
    Un cadavre de plus sorti du ghetto flottant… »

    Bonjour Jan,
    Bravo !
    Je suis toujours heureux de saluer un collègue écrivain, et je souhaite beaucoup de lecteurs à votre nouvel ouvrage.
    Bien amicalement.
    Dông Phong

    en réponse à : La Colline Empoisonnée #119559

    Toutes mes félicitations Freddy pour la parution de votre livre.
    Je lui souhaite beaucoup de lecteurs !
    Bien amicalement.
    Dông Phong

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