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Mort de Bill Young, ancient agent de la CIA

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    • #9081

      Requiem pour un barbouze – LeMonde.fr

      Bill Young est mort les armes à la main : on l’a retrouvé le 1er avril dans sa maison de Chiang Maï, au nord de la Thaïlande, un pistolet dans une main, un crucifix dans l’autre.

      Bill Young, 76 ans, fut à sa manière une sorte de légende. Petit-fils de missionnaire baptiste américain, il devint un « barbouze » de la CIA peu avant le début du conflit vietnamien et fut l’un des premiers agents de la « guerre secrète » menée par les Américains au Laos. Le suicide de ce chrétien baptiste – sans doute voulait-il en finir avec ses crises d’étouffement provoquées par de l’emphysème – marque peut-être la fin d’une certaine époque de l’espionnage. Une époque où, en Asie, les espions étaient parfois aussi cultivés que des anthropologues, s’intégraient à la vie d’ethnies vivant dans les jungles de collines lointaines, parlaient leurs dialectes, épousaient leurs coutumes – parfois leurs femmes.
      William « Bill » Young était de cette race-là. Le grand-père, qui se prénommait aussi William, avait inauguré au début du XXe siècle la première église baptiste du pays shan, au nord-est de la Birmanie. Si les Birmans bouddhistes ignorèrent le prosélytisme de l’Américain, ce ne fut pas le cas de certaines tribus « minoritaires » : les Lahu et autres Wa, dont un récit mythique prédisait qu’un jour un « Dieu blanc » débarquerait un « livre en main », virent en Young senior, homme blanc muni d’une bible, le messie qu’ils attendaient.

      L’implication de la famille Young dans la vie de telles ethnies allait faire d’elle une proie de choix pour les recruteurs de l’Office of Strategic Services (OSS), précurseur de la CIA. Après la fin de la seconde guerre mondiale, Harold Young, fils de grand-père William, forma des unités paramilitaires chez les Lahu et aussi parmi les coupeurs de têtes Wa sur ces confins de la Chine dont l’importance stratégique fut renouvelée par la victoire de Mao.
      Vers le milieu des années 1950, suivant les traces de son père, William petit-fils est « embauché » par la CIA. Sa connaissance de la région, de la langue wa, du shan, du thaï, ses notions d’hindi et de chinois, sont précieuses pour l’agence de renseignement américaine. Mais ce sont les opérations d’une guerre non avouée menée par les Américains au Laos à partir du début des années 1960 qui ont forgé la légende du jeune Young.

      Petit rappel historique : en 1962, les Etats-Unis signent avec la République démocratique du Nord-Vietnam les accords de Genève, garantissant la neutralité du Laos. Aux termes de ces accords, les soldats communistes vietnamiens encore présents au Laos ainsi que les conseillers militaires américains stationnés sur place doivent se retirer de l’ancien « Royaume au million d’éléphants ». Ces promesses ne seront honorées par aucune des forces en présence : ni par les Vietnamiens, qui soutiennent les communistes laotiens du « Pathet Lao », ni par les Américains qui, un peu plus tard, décident d’utiliser le territoire laotien pour enrayer l’avance communiste au Vietnam : la fameuse « piste Ho Chi Minh » longe la frontière séparant le Laos du Vietnam.

      Les Américains vont s’appuyer sur les tribus de l’ethnie hmong pour faire pièce à l’avancée des communistes vietnamiens. Il leur faut donc trouver des bases au Laos. C’est à ce moment que William Young entre en scène. Il va d’abord former une armée de combattants Shan et Lahu. But : harceler le passage des soldats nord-vietnamiens sur cette piste Ho Chi Minh qui servait de cordon ombilical au régime d’Hanoï pour ravitailler les guérilleros du Vietcong en lutte contre les régimes proaméricains du Sud-Vietnam.

      Puis Young se fait parachuter au centre du Laos. Ainsi que le raconte Jim Andrews sur « Mizzima », le site d’opposants birmans basé à New Delhi, sa mission est de repérer un lieu susceptible d’être converti en base aérienne clandestine. Il va le trouver : la base de Long Tien, nichée quelque part dans une vallée laotienne, va servir durant des années aux pilotes trompe-la-mort des avions d’Air America, la « compagnie » aérienne de la CIA, pour repérer les mouvements de l’ennemi, guider les tirs des bombardiers, « marquer » l’emplacement des unités nord-vietnamiennes. La base, ignorée du monde extérieur et seulement connue sous le nom de code « Lima Site 20A », deviendra l’aéroport le plus fréquenté de la planète, avec parfois une moyenne de 400 « sorties » quotidiennes. Long Tien fut aussi, rappela un jour William Young, une drôle de ville, « avec ses bordels, ses fast-foods, ses bars et ses casinos, tout ce dont un soldat avait besoin »… Grâce à cette base et à l’appui des irréguliers hmong, les Etats-Unis purent pilonner à loisir, et dans l’impunité la plus totale, l’infortuné Laos.

      Mais, écoeuré par la politique américaine en Asie du Sud-Est, William quitta l’agence de renseignement à la fin des années 1960. Les Etats-Unis, eux, ne devaient jamais vraiment reconnaître l’existence de la guerre secrète, ni jamais participer à la reconstruction d’un pays qu’ils laissèrent exsangue et détruit. Bill Young, lui, retourna dans sa vraie famille, celle des tribus du Nord thaïlandais. Le 5 avril, jour de ses funérailles, la petite église protestante de Chiang Maï était pleine à craquer : tous, anciens espions et missionnaires, chefs de tribu et membres d’une mystérieuse association des « guerriers inconnus de l’unité 333 » rendirent un hommage appuyé à l’ancien barbouze missionnaire, antihéros d’un monde qui n’existe plus.

      Bruno Philip

    • #135748

      …Le 5 avril, jour de ses funérailles, la petite église protestante de Chiang Maï était pleine à craquer : tous, anciens espions et missionnaires, chefs de tribu et membres d’une mystérieuse association des « guerriers inconnus de l’unité 333 » rendirent un hommage appuyé à l’ancien barbouze missionnaire, antihéros d’un monde qui n’existe plus.

      En ces temps de lutte contre les communistes, les barbouses côtoyaient gaiement avec les religieux chrétiens .

    • #135750

      @nono32 131341 wrote:

      Long Tien fut aussi, rappela un jour William Young, une drôle de ville, « avec ses bordels, ses fast-foods, ses bars et ses casinos, tout ce dont un soldat avait besoin »… Grâce à cette base et à l’appui des irréguliers hmong, les Etats-Unis purent pilonner à loisir, et dans l’impunité la plus totale, l’infortuné Laos.

      Oui, effectivement, il y avait une poignet de gens qui vivaient de cette guerre tandis que beaucoup y ont laissé leur vie.

      @nono32 131341 wrote:

      Le 5 avril, jour de ses funérailles, la petite église protestante de Chiang Maï était pleine à craquer : tous, anciens espions et missionnaires, chefs de tribu et membres d’une mystérieuse association des « guerriers inconnus de l’unité 333 » rendirent un hommage appuyé à l’ancien barbouze missionnaire, antihéros d’un monde qui n’existe plus.

      Mais on savait depuis longtemps de quel type de missionnaire il est !

    • #135768

      Bonjour,

      Alors donc
      1er avril un premier ex agent est efface
      1er mai un second ….

      1er juin a qui le tour ….

      un petit salut, aux Can Tho nais

      :jap:

    • #135984

      merci de l’info
      c’est vrai que le Laos a été particulièrement bombardé.
      il faudra que je re visionnes le documentaire diffusé sur arte sur la guerre américaine au Laos ; je crois que je l’ai enregistré.
      me rappelle plus du titre et la date (qui est automatiquement mise dans les enregistrement numérique)
      il était précédé de du doc sur la « foto du siècle » à l’ouest de Saigon
      Agenon avait fait un fil là dessus
      donc on retrouve facille

    • #135985

      merci de l’info ; je vais re visionner le doc diffusée par arte pour voir si on voit cet inquiétant personnage :
      @dokuan 101006 wrote:

      Mercredi 17 février

      2 phim CIA operation laos va la petite fille brulee au napalm

      20h35 : inédit – CIA – Opération Laos – 50 mn
      Entre 1962 et 1973, la guerre clandestine au Laos fut l’opération la plus importante de la CIA, dont le quartier général était installé à Long Cheng.
      La guerre du Viêtnam fut le premier conflit retransmis à la télévision. Pourtant, c’est le Laos voisin qui constitua la cible d’une guerre aérienne interminable entre 1962 et 1973. Cette opération, la plus importante menée par la CIA, reste aujourd’hui encore largement ignorée, alors que certains spécialistes la comparent aux conflits actuels en Irak et en Afghanistan. Les principaux protagonistes, anciens agents de la CIA, pilotes américains, combattants laotiens ou reporters de guerre, font découvrir l’emplacement stratégique du conflit : la base secrète de Long Cheng. Quartier général de la CIA, c’était également une base aérienne très active et un centre névralgique du commerce de l’opium et de l’héroïne.

      21h25 : inédit – La petite fille *** – 55 mn
      La photo prise en 1972 par Nick Ut ****

      PS) l’avantage des enregistreurs numerique c’est qu’il y a la date

    • #136003

      Allons donc prendre un café! Il est 16h ce Lundi 23 mai 2011, J’ai retrouvé un Français, dentiste de son état et nous voici discutant de nos vies d’Asie du Sud Est au deuxiemme étage d’Annam Boutique sur Hai Ba Trung. Pris d’un élan de nostalgie je pars dans des récits de mes aventures aéronautiques au Vietnam dans les années 1990 avec la mise a disposition d’avions (Casa 212/100) et la création de Vasco. Nombreux sont les moments difficiles, qui en quelques phrases font que de nombreux souvenirs ressurgissent à ma mémoire. La condamnation à l’exil d’un Vietnam m’est resté encore intact, la salle d’interrogation pendant trois semaines en fond de pensée et le combat de mon ami Thiet Vu, bras droit du Gal Vo Nguyen Giap pour me préserver des bidouilles de pontes assoiffés resurgit tel la présentation du film d’un passé qui n’est pas si lointain.
      Une légère larme de tristesse perle dans mes propos – Notre dentiste est encore tout frais émoulu de l’hexagone et me sens un peu « ancien de l’indo » à ma façon après lui avoir raconté mon départ précipité trois ans après du Cambodge, sous la protection bienveillant de Gildas Le Lidec Ambassadeur de France (Actuellement en poste en Thailande) pour avoir atterri dans les même régions et surtout les terrains de brousse réservés à l’escadron VIP …
      Ah … Mais un « contrat sur ta tête ?» c’est fou – ça doit être l’horreur ?… par bravade je lui réponds .. Non … Le pire c’est de passer devant un peloton d’exécution … me voici parti à lui raconter comment les Shan dans les Années 1978 m’ont pris pour un espion Est Allemand et m’emmenaient simplement un petit matin àprés avoir été enfermé la veille dans une petite pagode « A la corvée de bois ». Un peu surpris par cette situation… ; du style … « et pourquoi tu est la ? » Je lui raconte ma longue amitié avec un certain Bill Young.. Dont le grand père était pasteur au Yunnan et d’un père aussi pasteur résidant a Mandalay (Birmanie) – L’officier du Shan United Army (Opposée a Mong Tai Army de Khun Sa) me demanda quelques instants avant d’arriver sur le « lieux » . ; mais que diable travaillez-vous pour le BND – Le BND ? Mais non C’est Bill qui m’a proposé de vivre dans les lieux mêmes ( de la rivière Salween à Mogok) ou l’économie Birmane trouve ses ressources … ce fut le début d’une longue aventure et d’une grande dette envers mon ami Bill.
      A m’écouter le dentiste comprends cet épisode particulier et me demande : mais c’est le type de la CIA du triangle d’Or – Il vient de mourir ! Il m’apprend que je suis coupable de n’avoir recontacté mon ami depuis que je suis retourné vivre au vietnam. je pleure..

      Bill pardon – Tu es le seul, l’Américain, Yankee, Rambo ou tout autres clichés que les abrutît éructent à longueur de tes récits, qui avait un cœur gros comme une montagne, tu étais un vrai personnage éthique ayant partagé l’amitié de tous les peuples Shin, Cashin, Shan, Lao, Hmong et sans oublier le Yunnan que tu m’a fait découvrir dans les zones ou aucun Français n’avait mis les pieds depuis la colonne Alessandri en 1946.
      – Bill – As a former buddhist monk in Thien Mu Pagoda I shall burn incense and ask Thich Quang Duc to welcome you in next life !

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