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26 septembre 2008 à 14h54 #4363
Pour ceux et celles qui, comme moi, aiment les contes et les histoires de fantômes:
L’enfant de la morte:
Une jeune paysanne fut emportée par la maladie alors qu’elle allait être mère le mois suivant.
Quelques moments avant sa mort, elle regarda longuement son mari, contrairement à sa pudeur ordinaire. L’homme n’hésita pas non plus à se pencher sur sa femme devant tout le monde, et il l’entendit murmurer: » L’enfant… notre enfant… »
Puis elle s’éteignit.
Le jeune paysan poussa un cri affreux, s’agita désespérément, hurla et sanglota, au grand étonnement de son entourage, qui ne le savait pas capable de manifester une douleur si violente: dans nos campagnes, on est habitué aux malheurs, en particulier quand on n’est pas riche.
Il faut surtout travailler dur, on n’a pas le temps de se plaindre et, le lendemain de l’enterrement de sa femme, notre paysan était déjà derrière son buffle et sa charrue.
Quelques jours plus tard, la vieille femme presque aveugle qui vendait des infusions, du bétel et quelques menues denrées près d’un ponceau en plein champ, vit venir une femme dont la silhouette ne lui paraissait pas étrangère: elle acheta du miel, pour quelques sapèques.
Après son départ, la petite fille de la marchande lui dit en tremblant qu’elle avait reconnu la jeune morte.
Le lendemain, la femme revint, et elle demanda encore du miel. A une question de la marchande, elle répondit:
– c’est pour mon bébé, car je n’ai pas de lait.Sur un signe de sa grand-mère, la petite fille la suivit des yeux et l’aperçut qui s’éloignait dans la direction du tombeau.
La marchande fit prévenir le mari. Le lendemain, en allant chercher de l’eau, ce dernier s’arrêta à la paillote et attendit.
Vers le soir, voyant arriver sa femme, il se précipita au devant d’elle et lui adressa la parole. Mais elle ne l’écouta pas, et, baissant la tête s’enfuit. Il se lança à sa poursuite, elle disparut soudain.
Tout en pleurs, il courut comme un fou jusqu’à la tombe et se jeta contre elle avec des hurlements de désespoirs. Puis il demeura immobile, prostré, tandis que les larmes continuaient à couler.
Tout à coup, il crut entendre des cris d’enfant qui sortaient de la tombe. Il y appliqua son oreille et les perçut distinctement.
Il courut chez lui, rapporta une bêche, et se mit à creuser jusqu’au cercueil. Quand il l’ouvrit, il vit un garçon qui remuait faiblement, couché sur le ventre de sa mère: il portait, au coin de la bouche, des traces de miel. Le corps de la femme était froid, mais intact, et il sembla au jeune paysan que son visage calme, apaisé, souriait presque, au lieu d’être douloureusement, contracté comme au jour de sa mort.
Il ramena l’enfant chez lui; on l’aida à refermer le cercueil et la tombe.
Il chercha dans le village une femme qui voulût bien allaiter son fils, mais les gens avaient peur et se dérobèrent. Il fut réduit à le nourrir avec de la bouillie de riz pendant quelques jours, puis la compassion l’emporta sur la crainte.
L’enfant grandit normalement et sa vie ne présenta rien de particulier par la suite.
Quant à sa mère, personne ne la revit. Son mari avait beau revenir sur sa tombe et autour de la paillote de la vieille femme, elle ne lui apparut point; pas même en songe; vainement il alla prier au temple, y passa la nuit. On aurait dit que toute l’énergie de la pauvre femme n’avait réussi qu’à prolonger sa destinée jusqu’au moment où elle avait donné naissance à son fils, puis l’avait sauvé; elle aurait épuisé, dans ces efforts, jusqu’à ce reste de vie qui d’ordinaire permet aux morts de visiter pendant quelques temps le sommeil des vivants.:jap:
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26 septembre 2008 à 15h07 #77244chantalngoc;66685 wrote:Pour ceux et celles qui, comme moi, aiment les contes et les histoires de fantômes:
L’enfant de la morte:
Une jeune paysanne fut emportée par la maladie alors qu’elle allait être mère le mois suivant.
Quelques moments avant sa mort, elle regarda longuement son mari, contrairement à sa pudeur ordinaire. L’homme n’hésita pas non plus à se pencher sur sa femme devant tout le monde, et il l’entendit murmurer: » L’enfant… notre enfant… »
Puis elle s’éteignit.
Le jeune paysan poussa un cri affreux, s’agita désespérément, hurla et sanglota, au grand étonnement de son entourage, qui ne le savait pas capable de manifester une douleur si violente: dans nos campagnes, on est habitué aux malheurs, en particulier quand on n’est pas riche.
Il faut surtout travailler dur, on n’a pas le temps de se plaindre et, le lendemain de l’enterrement de sa femme, notre paysan était déjà derrière son buffle et sa charrue.
Quelques jours plus tard, la vieille femme presque aveugle qui vendait des infusions, du bétel et quelques menues denrées près d’un ponceau en plein champ, vit venir une femme dont la silhouette ne lui paraissait pas étrangère: elle acheta du miel, pour quelques sapèques.
Après son départ, la petite fille de la marchande lui dit en tremblant qu’elle avait reconnu la jeune morte.
Le lendemain, la femme revint, et elle demanda encore du miel. A une question de la marchande, elle répondit:
– c’est pour mon bébé, car je n’ai pas de lait.Sur un signe de sa grand-mère, la petite fille la suivit des yeux et l’aperçut qui s’éloignait dans la direction du tombeau.
La marchande fit prévenir le mari. Le lendemain, en allant chercher de l’eau, ce dernier s’arrêta à la paillote et attendit.
Vers le soir, voyant arriver sa femme, il se précipita au devant d’elle et lui adressa la parole. Mais elle ne l’écouta pas, et, baissant la tête s’enfuit. Il se lança à sa poursuite, elle disparut soudain.
Tout en pleurs, il courut comme un fou jusqu’à la tombe et se jeta contre elle avec des hurlements de désespoirs. Puis il demeura immobile, prostré, tandis que les larmes continuaient à couler.
Tout à coup, il crut entendre des cris d’enfant qui sortaient de la tombe. Il y appliqua son oreille et les perçut distinctement.
Il courut chez lui, rapporta une bêche, et se mit à creuser jusqu’au cercueil. Quand il l’ouvrit, il vit un garçon qui remuait faiblement, couché sur le ventre de sa mère: il portait, au coin de la bouche, des traces de miel. Le corps de la femme était froid, mais intact, et il sembla au jeune paysan que son visage calme, apaisé, souriait presque, au lieu d’être douloureusement, contracté comme au jour de sa mort.
Il ramena l’enfant chez lui; on l’aida à refermer le cercueil et la tombe.
Il chercha dans le village une femme qui voulût bien allaiter son fils, mais les gens avaient peur et se dérobèrent. Il fut réduit à le nourrir avec de la bouillie de riz pendant quelques jours, puis la compassion l’emporta sur la crainte.
L’enfant grandit normalement et sa vie ne présenta rien de particulier par la suite.
Quant à sa mère, personne ne la revit. Son mari avait beau revenir sur sa tombe et autour de la paillote de la vieille femme, elle ne lui apparut point; pas même en songe; vainement il alla prier au temple, y passa la nuit. On aurait dit que toute l’énergie de la pauvre femme n’avait réussi qu’à prolonger sa destinée jusqu’au moment où elle avait donné naissance à son fils, puis l’avait sauvé; elle aurait épuisé, dans ces efforts, jusqu’à ce reste de vie qui d’ordinaire permet aux morts de visiter pendant quelques temps le sommeil des vivants.:jap:
Bonjour Chantalngoc,
J’adore les contes, tristes ou gais. C’est une belle et triste histoire que tu nous a fait partager.
:thanks: :bye:
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26 septembre 2008 à 15h07 #77245chantalngoc;66685 wrote:Pour ceux et celles qui, comme moi, aiment les contes et les histoires de fantômes:
L’enfant de la morte:
Une jeune paysanne fut emportée par la maladie alors qu’elle allait être mère le mois suivant.
Quelques moments avant sa mort, elle regarda longuement son mari, contrairement à sa pudeur ordinaire. L’homme n’hésita pas non plus à se pencher sur sa femme devant tout le monde, et il l’entendit murmurer: » L’enfant… notre enfant… »
Puis elle s’éteignit.
Le jeune paysan poussa un cri affreux, s’agita désespérément, hurla et sanglota, au grand étonnement de son entourage, qui ne le savait pas capable de manifester une douleur si violente: dans nos campagnes, on est habitué aux malheurs, en particulier quand on n’est pas riche.
Il faut surtout travailler dur, on n’a pas le temps de se plaindre et, le lendemain de l’enterrement de sa femme, notre paysan était déjà derrière son buffle et sa charrue.
Quelques jours plus tard, la vieille femme presque aveugle qui vendait des infusions, du bétel et quelques menues denrées près d’un ponceau en plein champ, vit venir une femme dont la silhouette ne lui paraissait pas étrangère: elle acheta du miel, pour quelques sapèques.
Après son départ, la petite fille de la marchande lui dit en tremblant qu’elle avait reconnu la jeune morte.
Le lendemain, la femme revint, et elle demanda encore du miel. A une question de la marchande, elle répondit:
– c’est pour mon bébé, car je n’ai pas de lait.Sur un signe de sa grand-mère, la petite fille la suivit des yeux et l’aperçut qui s’éloignait dans la direction du tombeau.
La marchande fit prévenir le mari. Le lendemain, en allant chercher de l’eau, ce dernier s’arrêta à la paillote et attendit.
Vers le soir, voyant arriver sa femme, il se précipita au devant d’elle et lui adressa la parole. Mais elle ne l’écouta pas, et, baissant la tête s’enfuit. Il se lança à sa poursuite, elle disparut soudain.
Tout en pleurs, il courut comme un fou jusqu’à la tombe et se jeta contre elle avec des hurlements de désespoirs. Puis il demeura immobile, prostré, tandis que les larmes continuaient à couler.
Tout à coup, il crut entendre des cris d’enfant qui sortaient de la tombe. Il y appliqua son oreille et les perçut distinctement.
Il courut chez lui, rapporta une bêche, et se mit à creuser jusqu’au cercueil. Quand il l’ouvrit, il vit un garçon qui remuait faiblement, couché sur le ventre de sa mère: il portait, au coin de la bouche, des traces de miel. Le corps de la femme était froid, mais intact, et il sembla au jeune paysan que son visage calme, apaisé, souriait presque, au lieu d’être douloureusement, contracté comme au jour de sa mort.
Il ramena l’enfant chez lui; on l’aida à refermer le cercueil et la tombe.
Il chercha dans le village une femme qui voulût bien allaiter son fils, mais les gens avaient peur et se dérobèrent. Il fut réduit à le nourrir avec de la bouillie de riz pendant quelques jours, puis la compassion l’emporta sur la crainte.
L’enfant grandit normalement et sa vie ne présenta rien de particulier par la suite.
Quant à sa mère, personne ne la revit. Son mari avait beau revenir sur sa tombe et autour de la paillote de la vieille femme, elle ne lui apparut point; pas même en songe; vainement il alla prier au temple, y passa la nuit. On aurait dit que toute l’énergie de la pauvre femme n’avait réussi qu’à prolonger sa destinée jusqu’au moment où elle avait donné naissance à son fils, puis l’avait sauvé; elle aurait épuisé, dans ces efforts, jusqu’à ce reste de vie qui d’ordinaire permet aux morts de visiter pendant quelques temps le sommeil des vivants.:jap:
Brrrrrrrrrr
Joli histoire. J’ai encore des frissons dans le dos.:bye: -
26 septembre 2008 à 15h29 #77249
Bonjour,
Oui, merci pour ces quelques minutes d’evasion, ma preference reste tout de
meme, pour l’instant, a l’histoire du « moustique ».Amicalement.:jap:
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27 septembre 2008 à 1h07 #77270
Etrange histoire, effectivement… Et interessante…
Merci a toi, ChantalNgoc !
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27 septembre 2008 à 12h22 #77288
Brrr ! Tout pour faire peur cette histoire !
Combien de temps le fétus peut-il survivre si le coeur de la mère ne bat plus ? Le fétus « respire » grâce au sang oxygéné envoyé par la mère -
27 septembre 2008 à 12h31 #77289DédéHeo;66736 wrote:Brrr ! Tout pour faire peur cette histoire !
Combien de temps le fétus peut-il survivre si le coeur de la mère ne bat plus ? Le fétus « respire » grâce au sang oxygéné envoyé par la mèreEt si la mère n’était pas morte quand on l’a enterré et qu’elle a accouché dans la tombe? Brrrr
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27 septembre 2008 à 12h57 #77295
chers forumeurs (es)
il ne faut pas s’arrêter à la première impression de peur que peut provoquer ce conte,
moi je dirais que l’amour d’une mère pour son enfant et pour son mari est tellement immense que l’héroîne se fait un devoir d’accomplir sa tâche jusqu’au bout c’est à dire: elle continue au dela de la mort à amener cet enfant jusqu’à son terme.
L’amour est plus fort que la mort -
27 septembre 2008 à 16h38 #77311chantalngoc;66743 wrote:chers forumeurs (es)
il ne faut pas s’arrêter à la première impression de peur que peut provoquer ce conte,
moi je dirais que l’amour d’une mère pour son enfant et pour son mari est tellement immense que l’héroîne se fait un devoir d’accomplir sa tâche jusqu’au bout c’est à dire: elle continue au dela de la mort à amener cet enfant jusqu’à son terme.
L’amour est plus fort que la mortBonjour, rien a dire de plus, c’est ce que je pense egalement.
Amicalement.:jap: -
27 septembre 2008 à 18h42 #77320
@chantalngoc 66743 wrote:
chers forumeurs (es)
L’amour est plus fort que la mort
Surtout chez les Aliens, les Vampires ou autres créatures envoyées des Enfers :
La suite de l’histoire : Le môme grandi à vu d’œil, bouffe le sein de la nourrice puis la nourrice, puis joue à Dracula avec le reste de la famille
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27 septembre 2008 à 18h47 #77321
Hi, Beurk!!!…..
ce que tu dis là Dédéhéo ce n’est plus dans le conte vietnamien
c’est un scénario pour « le retour des morts vivants juniors » ou quelque chose comme ça -
29 septembre 2008 à 15h30 #77443DédéHeo;66771 wrote:Surtout chez les Aliens, les Vampires ou autres créatures envoyées des Enfers :
La suite de l’histoire : Le môme grandi à vu d’œil, bouffe le sein de la nourrice puis la nourrice, puis joue à Dracula avec le reste de la famille
Tiens tiens, tu y crois aussi ?
Et a mon interpretation, dans ces cas la, il ne s’agit pas d’amour, mais d’egocentrisme, ou eventuellement d’instinct de survie de l’espece !!Amicalement.:jap:
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29 septembre 2008 à 17h08 #77447
Cette hivers, mes môme regardaient un film sur le VinaTVcâble, probablement Aliens 4 avec la grande sauterelle Sigourney Weaver qui se balade en petite culotte dans son épave de vaisseau spatial. Elle traine une petite fille charmante, mais je n’ai pas regardé la fin car je n’aime pas les truc qui font peur. Mais c’est sur que le bébé qui a survécu à sa mère enterré vivante où non est un clone d’alien
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29 septembre 2008 à 20h44 #77455
Quoi? Alien issu d’un conte vietnamien….!!!
ne serait ce pas là un complot communiste?:petard:
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30 septembre 2008 à 16h45 #77528
:jap:Bonjour,
Un petit extrait …« Je suis de la race des dragons, tu es de la race des immortels. L’eau et le feu se détruisent : nous vivrons difficilement d’accord. Il nous faut maintenant nous séparer » : tels étaient les propos que le roi légendaire « Seigneur – Dragon – Lac », descendant du mythique empereur chinois Shen Nong, tenait à sa femme Au Co, princesse des montagnes. Des cent œufs issus de leur union naquirent cent enfants : la moitié d’entre eux rejoignit leur mère dans la montagne et les cinquante autres suivirent leur père au bord de la mer orientale pour fonder la dynastie des Hung. La légende consacre le divorce entre les peuples fidèles à l’agriculture de montagne et ceux qui se consacrèrent à la conquête du delta du Fleuve Rouge.
Ca ressemble a du alien :bye:
Amicalement.
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30 septembre 2008 à 16h54 #77529
Ces américains alors!
partout où ils vont, ils pillent tout … même nos contes et légendes
Ils tuent, ils « foutent » des bombes
et puis Alien que pourra!:petard:
(Alien que pourra = advienne que pourra)
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