Tu dis que l'enseignement y était resté très traditionnel, mais je ne saisi pas vraiment en quoi il l'était. L'Inalco, j'y ai fait mon DULCO de 2002 à 2004 et j'ai surtout constaté que peu d'enseignants Vietnamiens étaient qualifiés pour aider les les novices à surmonter les difficultés orales liées à l'apprentissage de la langue.
Néanmoins 3 Prof m'ont permi d'acquérir de bonnes bases à l'écrit: Ong Ton That Dung que j'appelait Ton That juste pour le voir prendre son air sadique avec son envie de mordre (je marrais bien avec les camarades Viet), Co Nguyen Thi Thu Cuc qui m'a appris à lire les journaux Viet et Ong Nguyen Khac Thieu qui expliquait super bien les structures grammaticales. Peux être les connais tu aussi.
Quand j'étais encore à l'Inalco, le Directeur de la Section de Viet, c'était Fournier, il enseignait la littérature Viet, et en plus il se chargeait des cours de langue de 1ère et 2ème année de DULCO alors qu'il parle Viet comme un pied. Durant les cours, tous les Viet se payaient sa tronche à cause de sa prononciation ridicule et incompréhensible.
A l'époque Thay Nguyen Khac Thieu et Ong Xavier Guillaume m'avait raconté que Fournier avait bien passé la pommade à tous les autres Profs pour qu'il succèdent à Henri Nguyen (parti à la retraite). Ce qui explique aussi en partie pourquoi il y avait au marqué "Henri Nguyen" au bas de certains de ses polycopiés de langue. Je me rappel encore le fou rire qu'on s'est tapé quand j'ai vu cette mention et que je l'ai montré à tous les potes Viet alors que j'étais devant le projo.
Xavier Guillaume, pour moi c'était plus qu'un Prof d'histoire du Vietnam, c'était aussi un homme très ouvert et hyper tolérant avec qui j'ai bu quelques bières (Je l'appelait Padre). Un jour, j'étais arrivé en retard à un de ses cours et j'étais rentré avec une bière à la main que j'atais en train de terminer, il a dit devant tout le monde : "Alors non seulement il arrive à la bourre, mais en plus avec une bière et il boit tout seul ce sagoin, pour la peine tu me dois un pack!" Du coup, je l'ai pris au mot. J'ai amené la bière, lui il a amené le "ruou de".
Oui, c'est vrai, sauf que j'ai oublié de préciser une chose: quand j'ai été pris en Licence a Jussieu (après avoir réussi les test passablement), j'avais un niveau bien inférieur à celui d'un étudiant venant d'achever sa 2ème année a Jussieu. J'ai du étudier d'arrache pied pour rattraper mon retard et combler mes lacunes. Bilan: grâce à un travail assidu, j'ai acquis une plus grande aisance à l'orale et j'ai décroché ma Licence avec mention "Bien".
C'est vrai, seulement à l'époque ou j'y était, mis à part les 3 Profs que j'ai cité ci-dessus, les autres étaient pas terrible. La plupart des autres Profs venus du Vietnam ne maîtrisaient pas suffisamment le Français pour être capable d'expliquer correctement en Français à des non Vietnamisants.
C'est vrai, j'ai vu aussi pas mal d'étudiants timides qui n'osaient pas prendre la parole pour s'exprimer, ne se risquaient même pas a essayer de baragouiner quelques mots en Viet. Ce qui est dommage, c'est que les profs n'étaient capables ni de les soutenir ni de les encourager à persévérer.
Comme tu le dis, ils écoutaient même les conseils des étudiants Viet (Viet à 100%) qui leur demandaient de ne pas s'attarder sur les difficultés rencontrés par les novices et de poursuivre. Contrairement à un novice, un Viet qui sait déjà parler n'a pas besoin de travailler sa prononciation et sa compréhension de la langue, il a juste besoin d'apprendre à écrire. Ce qui est dommage, c'est que les étudiants Viet s'en foutaient complétement, plutôt égoïste cette attitude.
A mon avis, il y a des pour et des contre partout, que ce soit à Jussieu ou à l'Inalco. Dans mon cas, je n'avais jamais entendu un etudiant Viet dire que Jussieu était moins bien que l'Inalco. Au contraire, tous les Viet que je connaissais et qui étudiaient là-bas ne m'en avaient dit que du bien, c'est pour ça que je suis parti à Jussieu.
Exact, je suis du même avis que toi. A Jussieu, les étudiants Viet cédaient volontairement la parole aux apprenants et ne demandaient pas aux Prof de passer fissa sur leurs difficultés. Dans mon cas, j'ai même fait des échanges linguistiques réguliers ( 2 fois par semaine hors cours hehe) avec une camarade Hanoienne (Hoa) très sympa qui parlai à peine Français, ça m'a beaucoup aidé, grâce à elle j'ai beaucoup progressé.
A l'Inalco, les Profs m'avaient dit que j'étais libre de parler Viet suivant l'accent de mon choix (c'est ce que j'ai fait, c'est pour ça que j'ai précisé dans le précédent message que je yoyottais malgré la désapprobation de Ton That Dung), mais qu'ils me conseillaient tout de même vivement d'imiter leur prononciation pour une meilleure correction de leur part.
C'est vrai, mais au départ c'est déstabilisant quand on a pas l'habitude d'écouter un Viet parler avec un autre accent, surtout si on passe d'un accent (Sudiste, Centriste, Nordiste) à l'autre de but en blanc dès le début de l'apprentissage. Cela dit, on étaient forcé de s'adapter vu que toutes les matières enseignées durant le même trimestre étaient dispensées par des profs originaires de régions différentes.
Je me souviens lui en avoir voulu d'avoir fait pleurer mon amie Ti Rem. Il disait qu'il se défoulait sur moi car j'étais un dur à cuir et une grande gueule, et que j'étais son préféré à cause de ça. Je ne savais pas qu'il était mort, je ne pensais pas que je dirais ça un jour, mais il me manquera. Sais tu quand il es mort exactement et ou il est enterré?
Je me rappel l'avoir recroisé dans un avion pour le Vietnam il y a quelques années, au moment ou je travaillais encore dans un service RH de l'Éducation nationale. En me voyant et en me demandant ce que je devenais, il m'avait dit : "T'as pas tellement changé, toujours aussi rustre et grande gueule! mais en plus responsable. Je me souviens encore du jour ou t'étais mécontent, celui ou t'as cassé mon bureau d'un coup de poing devant tous tes camarades de classe. Il faut pas m'en vouloir pour la façon dont je t'ai traité, je n'aurais pas mis tes nerfs à rude épreuve si je pensais que tu étais un faible". C'était sa façon de me dire qu'il me respectait et qu'il voulait juste me tester.
Moi je lui ai répondu: "ce jour là Tonton Ton That (comme ça que je l'appelais), j'ai vu rouge quand tu m'a dit que les Eurasiens étaient des bâtards, le simple fruit des erreurs dues à la guerre et si j'ai explosé ton bureau, c'était juste parce que t'es âgé et que je voulais me retenir de t'en mettre une."
Je me rappel un jour, il avait amené la casquette qu'il portait quand il était dans l'armée pour nous la montrer. Je la lui avait piqué pour le taquiner et il s'en était rendu compte, alors il a gueulé sur tous les mecs de la classe, comme je savais que je serai le 1er a être soupçonné, je l'ai mise dans le sac à dos d'un Français grande gueule (Maxime) que j'adorais chambrer. Il a demandé a regarder dans tous les sacs et quand il l'a trouvé, Maxime s'est confondu en excuse en jurant que c'était une de mes blagues à 2 balles, ce jour là j'étais mort de rire.
Moi aussi, ça me fais plaisir de croiser quelqu'un qui a aussi connu l'Inalco.