La fête d’abattage du buffle (Trum kbao ou Ptrum kbao)
Pour les montagnards minoritaires dans les Hauts-Plateaux du Centre, le buffle est le symbole de la puissance et de la richesse dans la communauté. Donc il sert d'offrande aux dieux et d'objet d'échange contre d'autres marchandises, comme les gongs ou cymbales, les jarres, les tambours... et même les éléphants.
Les ethnies minoritaires organisent la fête d'abattage du buffle pour célébrer le culte des dieux. La fête d'abattage du buffle est la plus grande et solennelle des fêtes chez les montagnards. Elle a lieu surtout à l'occasion d'une victoire militaire, du remerciement des dieux, de l'inauguration d'une maison commune (nhà rông) ou même pour chasser les mauvais esprits qui viennent déranger la communauté. Certaines familles riches célèbrent aussi cette fête pour montrer leur fortune et augmenter leur prestige dans la communauté. Cependant, qu'elle soit au niveau familial ou communautaire, la fête d'abattage du buffle est une activité culturelle originale et elle exprime bien le caractère communautaire où la musique des gongs et cymbales joue un rôle indispensable.
Généralement la fête est organisée sur un terrain plat et vaste du village aux mois de
ning nơng (mois de repos), après les moissons de chaque année. Elle est préparée plusieurs mois à l'avance.
Le premier jour de la fête, la musique des gongs et cymbales, souvent des ensembles
arap, résonne pour inviter d'abord les dieux et puis tous les villageois à venir y participer. Le premier jour est donc consacré à l'invitation, à l'accueil des participants et enfin à la préparation de la fête. Au cours de toutes ces activités, la musique des gongs et cymbales ne cesse d'animer l'atmosphère.
Dès l'aube du deuxième jour, les participants se rassemblent autour du mât rituel et le patriarche du village-hôte, après quelques prières, fait amener un buffle mâle et l'attache au poteau avec une corde solide d'écorce des arbres. À ce moment, la musique des gongs et cymbales s'arrête pour laisser la parole au patriarche qui préside la cérémonie. Après sa déclaration d'ouverture, les gongs et cymbales retentissent de nouveau et les jeunes gens dansent à leur rythme, qui devient maintenant de plus en plus accéléré et pressant.
Pendant toute cette journée, tous les participants dansent au rythme des gongs et cymbales. Il y a en outre des compétitions comme lutte corps à corps, ou par fouet pour gagner l'amulette offerte par le patriarche (pô khua). Surtout, les guerriers dansent en représentant la bataille et la victoire pour réveiller le courage des participants. Toutes ces activités ont lieu autour du poteau auquel le buffle est attaché.
L'après-midi du troisième jour, un jeune homme choisi, robuste, javelot aigu à la main, s'approche de l'animal tout en dansant au rythme de la musique. Le bon moment arrivé, il tue le buffle en le frappant d'un coup de javelot au flanc, par le cœur.
La bête est ensuite dépecée pour régaler tout le monde. La tête est découpée et placée sur le mât rituel pour offrir aux dieux. On tue encore des porcs et poulets pour régaler tout le monde. La musique des gongs et cymbales contribue encore avec le
rượu cần (alcool de riz à siroter avec un chalumeau de bambou) à animer l'ambiance jusqu'à la fin de la fête le lendemain. Tout le monde mange et boit. Les plats traditionnels sont aussi préparés et présentés au tous les participants. Cette fête, un trait culturel des ethnies minoritaires des Hauts-Plateaux, exprime ainsi un lien d'attachement et de solidarité entre les membres de la communauté.
- Huy Quyen -
(Publié sur le site Simple Vietnam)