Envoyé par
HUYARD Pierre
Je ne connaissais pas la bio de Marguerite Duras : on quitte Balzac pour Caldwell (voir "le petit arpent du bon dieu" ou "la route du tabac") qui décrit les petits blancs dans l'Amérique de la crise de 29.
Je suppose que, quand on bosse au Ministère des Colonies, il doit être difficile de faire l'apologie de l'indépendance des colonies. Au printemps 1940 elle co-signe une commande de propagande du ministre Georges Mandel dans lequel elle écrit : "On ne peut pas mêler cette race jaune à notre race blanche et affirme qu'il est du devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures." Georges Mandel étant juif, on fait facilement le parallèle entre ces propos et le comportement des Nazis envers les Juifs. Comme quoi, on peut être le colonisateur d'un pays et le colonisé d'un autre. Mais, il faut reconnaître que Duras démissionne du ministère en novembre 1940 : vu le marche du travail a l'époque, c'était courageux.
Dans les romans de Marcel Camus, il n'y a pas beaucoup de dialogue avec des arabes non plus. Quid de la culture arabe chez Camus ? Pas bezef ! Dans la peste, on n'a pas du tout l'impression qu'Oran est une ville arabe : elle semble peuplée uniquement d'Européens. Une forme de III Reich qui aurait réussit a reléguer les sous hommes dans les coins d'ombres.
Mais ne jugeons pas nos anciens avec l'éclairage d'aujourd'hui : tout était soigneusement organisé a l'époque pour séparer les communautés.
Je me souviens de ce reportage avec Guy BEDOS sur son retour en Algérie 35 ans après.
Il expliquait qu'il n'allait pas dans la même école avec ses voisins juifs ou arabes, et que, si jusqu'à 4 ou 5 ans ils jouaient ensemble, après, les ponts étaient coupés.
Il n'y avait ni barbelés, ni chiens policiers, rien qu'un système administratif et une propagande bien rôdée.
Je pense que la vie que j'ai en tant qu'expat à Saigon aujourd'hui aurait été presque impossible à l'époque de Marguerite Duras.