Retour au pays – ForumVietnam

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- 24 juillet 2011 à 13h57 #9369
  Amytis
  bonjour tout le monde,
  
  Premièrement, pardonnez si je n’ai pas encore remplie mon profil. Je suis la fille d’un homme Vietnamien, envoyé en France à ses 16 ans pour y faire des études et « réussir ».
  J’ai moi-même séjourné au Vietnam de 1972 à 1975 (ma mère était française).
  
  Mon père est actuellement à la retraite.
  Je le sens mal ici, en France.
  il fait partie de ces expatriés qui ne savent plus ou se situe ses racines.
  Je crois qu’il a « peur » de rentrer au Vietnam car il n’y est jamais retourné depuis ses 16 ans.
  
  Il a toujours gardé la nationalité Vietnamienne. Sujet quelque peu tabou avec lui, je n’arrive à comprendre sa peur de retour et je n’arrive à comprendre son mal être ici. Il m’a confié, il y a peu de temps, que si il avait eu le choix à cette époque, il n’aurait jamais voulu quitter le Vietnam.
  
  Je fais donc des recherches pour l’aider à rentrer chez lui, sur sa terre car j’ai la sensation qu’il finira en paix ses jours et vivre ses dernières années dans un bonheur qu’il a jamais connu.
  
  Hors je découvre le termes » Vietkey »… Mon père rentre t’il dans cette catégorie?
  
  Comment je peux l’aider à rentrer, comment s’y prend on pour amorcer cette démarche?
  
  Retrouvera t’il son pays? Ou sera t’il considéré comme un étrangé?
  
  Il a perdu tout contact avec sa famille, mes grand-parents sont morts.
  
  Bref un tas de questions, qui je suis sur, quelqu’un a dû passer par là.
  
  Je vous remercie de votre aide.
  
  Toutes les locations que je trouve sur Internet sont pour de riches personnes ou des estivants.
  
  Je ne sais pas ou me diriger et cherche des conseils auprès de personnes qui ont déjà eu cette expérience. Il vit avec ses souvenirs, je sais que le Vietnam d’avant n’est plus celui qu’il a connu mais cela reste sa terre, son pays, son berceau.
  
  Je vous remercie de m’avoir lu.
  
  Amytis
- 24 juillet 2011 à 17h05 #139621
  christo
  Bonjour Amytis ,
  
  Sachant qu’aucune situation n’est semblable à une autre, je suis cependant dans un état d’esprit similaire à celle que tu as décrite concernant ton père.
  Par sympathie, je vais donc essayer de te donner quelques ébauches de réponses à tes nombreuses questions.
  Tout d’abord je suis un octogénaire à la retraite comme ton père et je suis un vietnamien vivant en France comme lui, nous sommes donc tous les deux des vietkieu. J’ai également conservé ma nationalité comme lui et j’ai fait reconnaitre cette qualité par notre Ambassade à Paris et je possède présentement un passeport de mon pays. Ce document me permet donc de séjourner au vietnam sans limitation de durée.
  Donc première suggestion, il faut que ton père se rende auprès de notre représentation consulaire pour régulariser sa situation et obtenir les documents d’identité et de titre de voyage.
  Deuxième suggestion, avant de prendre une décision lourde de conséquences, il faudrait qu’il retourne au pays pour savoir ce qu’il désire vraiment; car rêver est une chose, changer ses habitudes à un âge avancé est une autre affaire.
  En effet le Vietnam d’aujourd’hui est tjrs le même pays, mais les conditions de vie ne sont plus les mêmes. Nous sommes certes en temps de paix, mais la lutte pour une existence décente
  n’est cpdt pas plus facile pour autant. Il lui faut donc des ressources suffisantes pour vivre et surtout pour se soigner en cas de besoin. Car il n’y aura pas de sécurité sociale, la sienne en France ne couvrant pas les risques à l’étranger.
  Une couverture auprès de la caisse des Français à l’étranger ( CFE ) n’est pas possible dans son cas.
  Comme lui, je n’ai plus de famille proche au pays, mais cela est normal puisque je suis en France depuis si longtemps et mes enfants et petits enfants vivent ici. Mais pourtant je me sens chez moi au Vietnam et étranger en France.
  Personne ne m’a encore demandé de quelle origine je suis, bien que né à Marseille.
  Voilà quelques approches qui vont te permettre de me poser d’autres questions si tu le souhaites
  ton père peut également m’en poser. Je suis en train de préparer mon retour au pays et de ne revenir en France tous les ans que pour » les vacances « et voir mes enfants et petits enfants; au lieu de vivre en France et de revenir deux fois l’an au Pays comme je l’ai fais depuis ces dernières années.
  Amitiés
  Christo
- 24 juillet 2011 à 18h07 #139622
  Amytis
  Merci pour votre réponse.
  
  Effectivement, je pense qu’en premier nous devrions faire un voyage « touristique » afin qu’il retrouve ses marques.
  
  Et oui, cela fait du bien de pouvoir poser des questions ou en parler, car c’est un sujet tabou entre lui et moi. Je ressent sa tristesse de finir sa vie ici et son incapacité à repartir au Vietnam parce qu’il a « échoué » ( ce qu’il pense) au but qu’on lui avait donné à son départ.
  
  Malgré de hautes études et un bon travail il n’a pas aidé comme notre famille l’attendait. ( quoique j’ai un peu de mal à comprendre du fait de la position de ma famille au Vietnam ( avant la défaite de Saigon) et de son confort financier cela m’échappe un peu)
  
  Donc c’est à moi qu’il incombe de trouver comment l’aider à rentrer sans qu’il sache que je demande de l’aide.
  
  Mais aussi, sans doute, a t’il perdu toutes marques, ces racines, au point de ne plus savoir ou aller. Aillant découvert depuis peu le termes » viet kieu » je n’ose même pas lui en parler et sans doute le sait il déjà et rien que cela rend la tâche encore plus dur.
  
  Merci de votre réponse.
  
  Amytis
- 24 juillet 2011 à 20h14 #139625
  christo
  Amytis ,
  La question de savoir où se loger, n’est pas du tout un problème. En effet jusqu’en 2002 environ, losque nous rentrons au pays, nous descendons dans des hôtel plus ou moins étoilés. Mais pendant ces huit dernières années, nous ne descendons que dans les » minis hôtels » autrement dit des (nhà tro) hôtels gérés par des particuliers, confort et hygiène, tout à fait acceptable et à des prix défiant toute concurence entre dix et quinze dollars la nuit et moins de trois cents dollars au mois. De plus nous nous sommes fait des amis à tel point que les propriétaires nous considèrent maintenant comme faisant partie de leur famille. Aussi nous laissons maintenant nos bagages sur place et reservons nos poids pour ramener de la nourriture que nous ne pouvons pas trouver sur place, ou du moins d’une qualité ou une fraicheur acceptable. Que nous soyons à Hanoï au nord , à Hué ou Hoi An, Nha Trang, au centrtre ou HCM, dans les six provinces, Mui né, ou dans les iles de Phu Quoc,…etc.. nous avons maintenant des points de chute très confortable; avant d’envisager d’acquérir prochainement un petit apt à Saïgon afin d’assoir d’avantage notre installation au pays. Nous pouvons bien entendu te donner des informations par MP afin de ne pas enfreindre les règlements de ce FV,( car je ne veux surtout pas faire de la publicité intempestive ) et montrer le mauvais exemple.
  Amitiés
  Christo
- 25 juillet 2011 à 9h51 #139642
  Amytis
  je vous remercie de votre proposition et accepte d’avoir des informations par MP. Je prépare un départ pour 2012. Je vais profiter pour emmener mes enfants pour qu’ils connaissent cette partie de leur racine. Donc je lourais une maison. J’y resterais quelques temps avec mon père.
  Mais je ne recherche pas de locations luxueuses ou de type touristique .
  
  Bien cordialement,
  
  Amytis
- 25 juillet 2011 à 10h03 #139643
  DedeHeo
  je comprend que ton père s’est +/- volontairement isolé dans son exil. peut etre aussi a cause d’une region où les VK sont rares. Je pense qu’il n’a pas beaucoup d’amis Viet Kieu aussi ?
- 25 juillet 2011 à 10h48 #139645
  AnhTruc
  @Amytis 135693 wrote:
  
  ……… Je prépare un départ pour 2012.
  ……………..
  Amytis
  
  Bonjour TLM
  Bonjour mon cher ami Christo (Heureux qui, comme Ulysse)
  Bonjour Amytis
  Permets moi de te poser une question:
  As-tu demandé l’avis de ton père avant de préparer ce voyage touristique ?
  A mon avis, il faut que ce voyage émane de son choix et non pas imposé comme quand il avait 16 ans.
  Autrement il se sentirait encore plus malheureux sur sa terre natale.
  Cordialement
  AnhTruc
- 26 juillet 2011 à 16h00 #139689
  Amytis
  Bonjour,
  
  eh oui , je lui en ai parlé pas plus tard qu’hier ( quoique nous en avions déjà parlé maintes fois)
  
  Sa réponse fut celle à laquelle je m’attendais.
  « Oui mais… Non mais… » Il est tellement devenu solitaire qu’il ne sait pas/plus où se il peut se sentir bien. Il s’est isolé au fil des années, n’a plus d’amis.
  
  Je suis en Bretagne, près d’une communauté asiatique active mais même là mon père ne veut pas venir.
  
  Il m’a dit aussi savoir que si il revient il ne sera pas traiter comme étant du pays, qu’il sera traité en étranger.
  
  C’est pour cela que je pense qu’un voyage en « touriste » pourra peut être le faire changer d’avis.
  
  je ne sais pas… Je l’espère en tout cas.
  
  Je sais qu’il me reste encore de la famille au pays, beaucoups sont partis à la fin de la guerre mais il en reste tout de même. Je ne sais pas le sentiment qu’il peut exister quand on a compter sur un membre de sa famille qu’on a envoyé à l’étranger pour faire ses études… Mais si je les retrouve, j’espère pouvoir reúnir mon père avec ses frères.
  Sujet délicat, j’espère ne pas faire une bêtise dans cet action car là, je ne connais pas l’attitude à tenir, ne sachant pas pourquoi tout lien a été rompu.
  
  Sans doute la nouvelle de la mort de mon grand-père qui a culpabilisé encore plus mon père.
  
  Je vous remercie de m’avoir lu et de m’avoir répondu. Je m’épand un peu, certes, mais je n’ai qu’un père je suis désarmée face à cette idée de » culpabilité » ou « de honte » des personnes qui ont quittés leur pays et n’ose y rentrer.
- 26 juillet 2011 à 20h05 #139699
  AnhTruc
  @Amytis 135744 wrote:
  
  …………..
  Je m’épand un peu, certes, mais je n’ai qu’un père je suis désarmée face à cette idée de » culpabilité » ou « de honte » des personnes qui ont quittés leur pays et n’ose y rentrer.
  
  Bonsoir TLM
  Bonsoir Amytis
  Mais tu as parfaitement raison de » t’épandre »
  Nous sommes tous là pour nous entraider en cas de besoin.
  (et à nous nous engueuler aussi rien que pour rigoler)
  A mon avis, s’il pense qu’il est un étranger dans son pays, il est fort probable qu’il sera considéré comme un étranger dans son pays natal.
  On a l’image de soi dans sa tête. Et l’on trouvera en face de soi son image.
  Surtout quand il rentre au pays, il faut être franc, tous ses proches le considèrent comme un millionnaire (c’est le sort de tous les vietkieus revenus au pays après de long absence) et attendent de lui un petit geste.
  Comment le ressentira-t-il ?
  Pour l’instant, toujours à mon avis, il est inutile de chercher à entreprendre des voyages au pays. Il n’en tirera aucun bénéfice. Bien au contraire.
  Je suis certain que le seul lien qui lui tient à coeur c’est le lien qui vous unit tous les deux. Mais je sens qu’il y a un blocage. Une certaine réserve.
  Je pense que toi, tu dois renforcer ce lien. Rompre cette méfiance inconsciente de sa part. Gagner sa totale confiance.
  Et quand il ouvrira complètement son coeur, là tu sauras quoi faire.
  Tant que ce n’est pas le cas, ne tente rien qui puisse le blesser davantage.
  Cordialement
  AnhTruc
- 27 juillet 2011 à 1h25 #139704
  Amytis
  Bonjour,
  
  Je pense que je ne ressent aucune gêne à revenir au Vietnam car je n’ai pas eu ce « poids » de la réussite sur les épaules et je pense avoir suffisamment de respect et d’humilité pour pouvoir m’intégrer dans un milieu culturel différent du mien.
  J’ai parcouru les différents posts de ce forum et je comprends un peu mieux le mal être de mon père. En tout cas, c’est moins simple que je le pensais.
  
  Lorsqu’on est eurasienne, malgré la richesse des deux cultures, je ne me reconnais pas en tant que française ici et les vietnamiens ne me reconnaissent pas en tant que Vietnamienne.
  J’ai appris à vivre, partagée entre ces deux cultures et à « imposer » ma mixité.
  
  Mais être d’une seule culture et ne pas trouver sa place auprès des siens est, je crois, plus dur…
  
  Je vais faire ce voyage avec mes enfants l’année prochaine sans l’imposer à mon père. au moins montrer à mes enfants ou j’ai vécue, ou j’ai été à l’école, bref un voyage « souvenir » .
  
  La suite viendra d’elle même.
  
  merci à tous.
  
  Amytis
- 27 juillet 2011 à 8h57 #139721
  Ti Ngoc
  @AnhTruc 135754 wrote:
  
  Bonsoir TLM
  Bonsoir Amytis
  Mais tu as parfaitement raison de » t’épandre »
  Nous sommes tous là pour nous entraider en cas de besoin.
  (et à nous nous engueuler aussi rien que pour rigoler)
  A mon avis, s’il pense qu’il est un étranger dans son pays, il est fort probable qu’il sera considéré comme un étranger dans son pays natal.
  On a l’image de soi dans sa tête. Et l’on trouvera en face de soi son image.
  Surtout quand il rentre au pays, il faut être franc, tous ses proches le considèrent comme un millionnaire (c’est le sort de tous les vietkieus revenus au pays après de long absence) et attendent de lui un petit geste.
  Comment le ressentira-t-il ?
  Pour l’instant, toujours à mon avis, il est inutile de chercher à entreprendre des voyages au pays. Il n’en tirera aucun bénéfice. Bien au contraire.
  Je suis certain que le seul lien qui lui tient à coeur c’est le lien qui vous unit tous les deux. Mais je sens qu’il y a un blocage. Une certaine réserve.
  Je pense que toi, tu dois renforcer ce lien. Rompre cette méfiance inconsciente de sa part. Gagner sa totale confiance.
  Et quand il ouvrira complètement son coeur, là tu sauras quoi faire.
  Tant que ce n’est pas le cas, ne tente rien qui puisse le blesser davantage.
  Cordialement
  AnhTruc
  
  « Pour l’instant, toujours à mon avis, il est inutile de chercher à entreprendre des voyages au pays. Il n’en tirera aucun bénéfice. Bien au contraire. » (citation)
  
  rebonjour Bac anh Truc, Amytis
  
  Ainsi ma mère avait refusé le voyage que nous lui proposions mon frère et moi dans les années 90.
  
  « Pourquoi faire?!, je suis bien ici maintenant… »
  ma mère et son amie d’enfance, trouvaient toujours de bonnes excuses: « il vaut mieux envoyer de l’argent, aider les enfants des orphelinats…etc…etc… »
  
  En fait lorsqu’elle avait embarqué pour la France, elle avait pris comme billet un aller sans retour.
  et sa vie, elle l’avait tant bien que mal reconstruite ici en France,.
  Elle ne nous parlait jamais du Vietnam, ni de son passé.
  les sanglots avaient laissé place au silence…
  Elle avait tiré un trait et mis un point final sur une moitié de sa vie.
  Ce n’est que vers la fin de sa vie, qu’elle a accepté non sans douleur, de me parler de son histoire.
  
  et ce n’est que 4 ans et 1/2 après la disparition de ma mère, que j’ai pu « transgresser l’interdit maternel » pour enfin faire ce retour aux sources au pays natal avec mon mari et mes enfants.
  
  Je vous souhaite Amytis un très bon retour au pays!
  
  Ti Ngoc
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