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Poésie et poèmes chantés

Divers Discussion Libre Poésie et poèmes chantés

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    • #8521

      Bonjour chers forumeurs(se)s vietnamiens (nes),

      J’ouvre ici ce fil de discussion de poésie et poèmes chantés pour Bonbonlala et tous ceux qui veulent écouter et lire (car malheureusement, tous les beaux textes de la poésie française ne sont pas mis sur vidéo) du français;
      Toute participation à ce topic sera bienvenue.
      Ti Ngoc

    • #130211

      YouTube – Arthur Rimbaud – Le dormeur du val

      « le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud récité par Serge Reggianni

      Le dormeur du val

      C’est un trou de verdure où chante une rivière,

      Accrochant follement aux herbes des haillons

      D’argent; où le soleil de la montagne fière,

      Luit: c’est un petit val qui mousse de rayons.

      Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

      Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

      Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,

      Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

      Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

      sourirait un enfant malade, il fait un somme:

      Nature, berce le chaudement: il a froid.

      Les parfums ne font pas frissonner sa narine;

      Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

      Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

      Arthur Rimbaud

    • #130212

      YouTube – Liberté de Paul Eluard interpreté par Gérard Philipe

      « Liberté » de Paul Eluard récité par Gérard Philipe.

    • #130214
      Ti Ngoc;124937 wrote:
      J’ouvre ici ce fil de discussion de poésie et de chansons françaises pour Bonbonlala et tous ceux qui veulent écouter du français;
      Toute participation à ce topic sera bienvenue.
      Ti Ngoc

      Bonjour ..à TLM

      Pour Bonbonlala et Ti Ngoc.. ( même si ce n’est pas un clip !!)

      – sur ce lien :

      « Les Poètes de la Méditerranée. Anthologie » : la découverte de « la langue des autres » – LeMonde.fr

      – cet article récent sur un bouquin de poche :

      « Les Poètes de la Méditerranée. Anthologie » :

      la découverte de « la langue des autres »

      LE MONDE DES LIVRES | 06.01.11 | 10h33 •

      C’est un de ces livres merveilleusement inépuisables que l’on aimerait emporter sur une île, ou mieux encore, tout au long d’un périple. Un livre qui en contient une infinité d’autres. Une anthologie qui réunit 101 poètes, appartenant à 24 pays. Elle est conçue – l’idée est magnifique – comme un voyage autour de la Méditerranée. De la Grèce à la Turquie, du Proche-Orient au Maroc, on parvient à un massif imposant et plus familier – la péninsule ibérique, la France et l’Italie – avant de retourner à l’est, vers les rives tourmentées des pays slaves du sud

      « La poésie est née tôt, en Méditerranée, rappelle Yves Bonnefoy dans sa belle préface. Et presque aussitôt elle y a parlé haut et fort. C’est elle qui, en Mésopotamie, dans la geste de Gilgamesh, cherche à donner aux princes et aux guerriers une conscience morale, une expérience métaphysique, elle qui fonde le monde grec, elle qui, à Athènes, chez les Tragiques, entreprend cet échange avec la raison qui doit se poursuivre aujourd’hui encore. » Une « tâche de vigilance » confiée par Virgile à Dante, poursuivie par Cervantès, Leopardi, Cavafy, Seféris, Darwich.
      L’alliance de la mer et des rivages a toujours fait de la Méditerranée un espace profondément humain, un creuset de rencontres et d’échanges, où s’impose l’importance de la parole. « Parler avec tout de suite à côté de soi la langue des autres, celle-ci serait-elle dite « barbare », écrit Yves Bonnefoy, c’est en effet percevoir la différence de notions qui s’attachent en divers lieux à des choses pourtant les mêmes. »
      La proximité de la « langue des autres » : voilà ce qui rend passionnante cette anthologie polyglotte éditée par Eglal Errera – avec l’aide de nombreux traducteurs, éditeurs, découvreurs. Le texte original figure toujours en regard de la traduction française, dans chacune des 17 langues représentées, en 5 alphabets. Un exploit typographique – qui rend sensible au regard le rythme des poèmes du syrien Adonis, de l’Israélien Eliraz, ou des deux poètes chypriotes, l’un grec et l’autre turc. Un poème de l’italien Zanzotto s’intitule « Xénoglossies ».
      Voyages choisis, éloignements imposés : beaucoup de déplacements impriment au recueil ce que le Portugais Nuno Judice appelle « la respiration de l’exil ». Parmi les Français, Andrée Chedid, née en Egypte, et Lorand Gaspar, en Roumanie, ont éprouvé très tôt « l’entre-deux » des langues. Francophone, la Libanaise Vénus Khoury-Ghata a traduit Aragon en arabe et Adonis en français. Beaucoup de ces poètes se rencontrent, se lisent, se traduisent. Ainsi Yves Bonnefoy, traducteur de Keats et de Leopardi, est lui-même traduit par le Grec Thanassis Hatzopoulos, le Monténégrin Slobodan Jovalekic et le Libanais Issa Makhlouf.
      « Ô mer, tu es la mort et la vie tout ensemble », écrit Dara Sekulic, née en Bosnie-Herzégovine. Si le recueil s’achève sous le « ciel cendreux » du Macédonien Vlada Urosevic, les poèmes dessinent souvent, selon l’expression du Grec Stratis Pascalis, une « cartographie de la lumière », du Pirée à Tanger. En couverture du livre, l’éblouissant soleil sicilien d’un tableau, La Plage à Agrigente : il fallait, selon Eglal Errera, rendre à ces rives « leur lumière inégalable dont Nicolas de Staël, né à Saint-Pétersbourg et mort à Antibes, écrivait à René Char que « l’on ne la voit pas parce qu’elle est la lumière même » ».

      LES POÈTES DE LA MÉDITERRANÉE. ANTHOLOGIE.
      Préface d’Yves Bonnefoy, édition d’Eglal Errera, « Poésie ». Gallimard-Culturesfrance, 960 p., 12 €.

    • #130220

      Barbara a chanté des chansons de certains de ses collègues ,

      dont celle-ci de Pierre PERRET qui est un un vrai poème !!!

      YouTube – LilY ????Barbara

    • #130224
    • #130227

      YouTube – Serge Reggiani – le pont Mirabeau

      le pont Mirabeau

      Sous le pont Mirabeau coule la Seine
      Et nos amours

      Faut-il qu’il m’en souvienne
      La joie venait toujours après la peine

      Vienne la nuit sonne l’heure
      Les jours s’en vont je demeure

      Les mains dans les mains restons face à face
      Tandis que sous
      Le pont de nos bras passe
      Des éternels regards l’onde si lasse

      Vienne la nuit sonne l’heure
      Les jours s’en vont je demeure

      L’amour s’en va comme cette eau courante
      L’amour s’en va comme la vie est lente

      Et comme l’Espérance est violente

      Vienne la nuit sonne l’heure
      Les jours s’en vont je demeure

      Passent les jours et passent les semaines

      Ni temps passé
      Ni les amours reviennent

      Sous le pont Mirabeau coule la Seine

      Vienne la nuit sonne l’heure
      Les jours s’en vont je demeure.

      Guillaume Appolinaire interprété par Serge Reggiani

    • #130234

      Pour commencer cette semaine,

      quelques voyelles:

      Dailymotion – VOYELLES – une vidéo Art et Création

      Voyelles

      A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
      Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
      A, noir corset velu des mouches éclatantes
      Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

      Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
      Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
      I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
      Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

      U, cycles, vibrements divins des mers virides,
      Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
      Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

      O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
      Silences traversés des Mondes et des Anges ;
      – O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

      Arthur Rimbaud.

    • #130236

      J’aime beaucoup aussi

      cette chanson de Moustaki chantée superbement par REGGIANI

      YouTube – 1 – SERGE REGGIANI – SARAH (LA FEMME QUI EST DANS MON LIT) + LYRICS

      En fait c’est un poème magnifique -presque intégralement repris – de Charles Beaudelaire dans les fleurs du mal

      Sarah la louchette

      Le jeune Baudelaire, qui mène une vie de bohème au Quartier Latin, entame une liaison
      avec une prostituée juive du quartier Bréda, nommée Sarah la louchette
      Certains poèmes semblent lui être adressés: Sarah la louchette, ‘Je t’adore à l’égal
      de la voûte nocturne’
      , ‘Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle’,
      et ‘Une nuit que j’étais près d’une affreuse Juive’.

      Sarah la louchette

      Je n’ai pas pour maîtresse une lionne illustre:
      La gueuse de mon âme, emprunte tout son lustre;
      Invisible aux regards de l’univers moqueur,
      Sa beauté ne fleurit que dans mon triste coeur.

      Pour avoir des souliers elle a vendu son âme.
      Mais le bon Dieu rirait si, près de cette infâme,
      Je tranchais du Tartufe et singeais la hauteur,
      Moi qui vends ma pensée et qui veux être auteur.

      Vice beaucoup plus grave, elle porte perruque.
      Tous ses beaux cheveux noirs ont fui sa blanche nuque;
      Ce qui n’empêche pas les baisers amoureux
      De pleuvoir sur son front plus pelé qu’un lépreux.

      Elle louche, et l’effet de ce regard étrange
      Qu’ombragent des cils noirs plus longs que ceux d’un ange,
      Est tel que tous les yeux pour qui l’on s’est damné
      Ne valent pas pour moi son oeil juif et cerné.

      Elle n’a que vingt ans, la gorge déjà basse
      Pend de chaque côté comme une calebasse,
      Et pourtant, me traînant chaque nuit sur son corps,
      Ainsi qu’un nouveau-né, je la tête et la mords,

      Et bien qu’elle n’ait pas souvent même une obole
      Pour se frotter la chair et pour s’oindre l’épaule,
      Je la lèche en silence avec plus de ferveur
      Que Madeleine en feu les deux pieds du Sauveur.

      La pauvre créature, au plaisir essoufflée,
      A de rauques hoquets la poitrine gonflée,
      Et je devine au bruit de son souffle brutal
      Qu’elle a souvent mordu le pain de l’hôpital.

      Ses grands yeux inquiets, durant la nuit cruelle,
      Croient voir deux autres yeux au fond de la ruelle,
      Car, ayant trop ouvert son coeur à tous venants,
      Elle a peur sans lumière et croit aux revenants.

      Ce qui fait que de suif elle use plus de livres
      Qu’un vieux savant couché jour et nuit sur ses livres,
      Et redoute bien moins la faim et ses tourments
      Que l’apparition de ses défunts amants.

      Si vous la rencontrez, bizarrement parée,
      Se faufilant, au coin d’une rue égarée,
      Et la tête et l’oeil bas comme un pigeon blessé,
      Traînant dans les ruisseaux un talon déchaussé,

      Messieurs, ne crachez pas de jurons ni d’ordure
      Au visage fardé de cette pauvre impure
      Que déesse Famine a par un soir d’hiver,
      Contrainte à relever ses jupons en plein air.

      Cette bohème-là, c’est mon tout, ma richesse,
      Ma perle, mon bijou, ma reine, ma duchesse,
      Celle qui m’a bercé sur son giron vainqueur,
      Et qui dans ses deux mains a réchauffé mon coeur.

      Les Fleurs du Mal

    • #130244

      L’ étoile a pleuré rose

      L’étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles,

      L’infini roulé blanc de ta nuque à tes reins;

      La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles

      Et l’Homme saigné noir à ton flanc souverain.

      Arthur Rimbaud

    • #130262

      YouTube – poème : mon reve familier

      Mon rêve familier

      Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

      D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime

      Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même

      Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

      Car elle me comprend, et mon coeur, transparent

      Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème

      Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

      Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

      Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.

      Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore

      Comme ceux des aimés que la Vie exila.

      Son regard est pareil au regard des statues,

      Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

      L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

      P.VERLAINE
    • #130263

      L’amoureuse

      Elle est debout sur mes paupières

      Et ses cheveux sont dans les miens,

      Elle a la forme de mes mains,

      Elle a la couleur de mes yeux,

      Elle s’engloutit dans mon ombre

      Comme une pierre sur le ciel.

      Elle a toujours les yeux ouverts

      Et ne me laisse pas dormir.

      Ses rêves en pleine lumière,

      font s’évaporer les soleils,

      Me font rire, pleurer et rire,

      Parler sans avoir rien à dire.

      Paul Eluard . (Capitale de la douleur, 1926)

    • #130265
    • #130279

      Les chansons français sont magnifiques!!!:wink2::wink2::wink2:
      Moi,j’aime bcp cette chanson : »Est-ce que tu viens pour les vacances? » [URL= »http:// »]http:// [/URL][URL]http://http://www.youtube.com/watch?v=3hCAJwdWew8[/URL]

    • #130311
      La courbe de tes yeux

      La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

      Un rond de danse et de douceur

      Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
      Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
      C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

      Feuilles de jour et mousse de rosée,
      Roseaux du vent, sourires parfumés,
      Ailes couvrant le monde de lumière,
      Bateaux chargés du ciel et de la mer,
      Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

      Parfums éclos d’une couvée d’aurores
      Qui gît toujours sur la paille de astres,
      Comme le jour dépend de l’innocence
      Le monde entier dépend de tes yeux purs
      Et tout mon sang coule dans leurs regards.

      Paul Eluard, Capitale de la douleur

    • #130312

      http://www.youtube.com/watch?v=yY7An0kcSpY&feature=related

      Ridan interprète un texte de Joachim Du Bellay (1522-1560)

      Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

      Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
      ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
      Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
      Vivre entre ses parents le reste de son âge !

      Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
      Fumer la cheminée, et en quelle saison
      Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
      Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

      Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
      Que des palais Romains le front audacieux,
      Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

      Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
      Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
      Et plus que l’air marin la doulceur angevine.

    • #130323

      Je t’aime

      Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues
      Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu
      Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud
      Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
      Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas
      Je t’aime pour aimer
      Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas

      Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
      Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte
      Entre autrefois et aujourd’hui
      Il y a eu toutes ces morts que j’ai franchies sur de la paille
      Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir
      Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie
      Comme on oublie

      Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne
      Pour la santé
      Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion
      Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
      Tu crois être le doute et tu n’es que raison
      Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
      Quand je suis sûr de moi.

      Paul Eluard – Le Phénix

    • #130325
      Il y a

      Il y a des petits ponts épatants
      Il y a mon cœur qui bat pour toi
      Il y a une femme triste sur la route
      Il y a un beau petit cottage dans un jardin
      Il y a six soldats qui s’amusent comme des fous
      Il y a mes yeux qui cherchent ton image

      Il y a un petit bois charmant sur la colline
      Et un vieux territorial pisse quand nous passons
      Il y a un poète qui rêve au ptit Lou
      Il y a une batterie dans une forêt
      Il y a un berger qui paît ses moutons
      Il y a ma vie qui t’appartient
      Il y a mon porte-plume réservoir qui court qui court
      Il y a un rideau de peupliers délicat délicat
      Il y a toute ma vie passée qui est bien passée
      Il y a des rues étroites à Menton où nous nous sommes aimés

      Il y a une petite fille de Sospel qui fouette ses camarades
      Il y a mon fouet de conducteur dans mon sac à avoine
      Il y a des wagons belges sur la voie
      Il y a mon amour
      Il y a toute la vie
      Je t’adore

      Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou (posthumes)

    • #130335

      Salut Julk,

      Je te remercie pour ta contribution sur ce topic, cependant j’ai ouvert cette discussion  » poésie et poèmes chantés » pour faire découvrir à nos amis vietnamiens les grands textes et auteurs de poésie française et poèmes chantés.(j’aurais du préciser dans le titre, classique)

      Tu peux ouvrir un topic destiné à la musique française que tu aimes pour la faire découvrir à tout le monde, et te demande de retirer les vidéos (page 1 ) « renaud manu », « les sales majestés » et (page 2) « LSM en concert », « mano solo » pour les intégrer dans le topic que tu auras crée.

      Merci de ta compréhension

      Ti Ngoc

    • #130352
      Ti Ngoc;125079 wrote:
      Salut Julk,

      Je te remercie pour ta contribution sur ce topic, cependant j’ai ouvert cette discussion  » poésie et poèmes chantés » pour faire découvrir à nos amis vietnamiens les grands textes et auteurs de poésie française et poèmes chantés.(j’aurais du préciser dans le titre, classique)

      Tu peux ouvrir un topic destiné à la musique française que tu aimes pour la faire découvrir à tout le monde, et te demande de retirer les vidéos (page 1 ) « renaud manu », « les sales majestés » et (page 2) « LSM en concert », « mano solo » pour les intégrer dans le topic que tu auras crée.

      Merci de ta compréhension

      Ti Ngoc

      Bonjour Chi TiNgoc, Julk, à toutes et à tous,
      J’ai déplacé les posts de Julk dans un autre topic « Chansons français »…

      NVTL :bye:

    • #130358

      ok merci à toi:wink2:

    • #130377

      merci NVTL.

      Le Dernier poème

      J’ai rêvé tellement fort de toi,
      J’ai tellement marché, tellement parlé,
      Tellement aimé ton ombre,
      Qu’il ne me reste plus rien de toi.
      Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres
      D’être cent fois plus ombre que l’ombre
      D’être l’ombre qui viendra et reviendra
      Dans ta vie ensoleillée.

      Robert Desnos (1900-1945)

    • #130378

      YouTube – PRÉVERT, Jacques – Pour toi mon amour.

      Pour toi mon amour

       » Je suis allé au marché aux oiseaux
      Et j’ai acheté des oiseaux
      Pour toi
      mon amour
      Je suis allé au marché aux fleurs
      Et j’ai acheté des fleurs
      Pour toi
      mon amour
      Je suis allé au marché à la ferraille
      Et j’ai acheté des chaînes
      De lourdes chaînes
      Pour toi
      mon amour
      Et puis je suis allé au marché aux esclaves
      Et je t’ai cherchée
      Mais je ne t’ai pas trouvée
      mon amour « 

      Jacques Prévert, Paroles (1949)

    • #130382

      YouTube – Françoise Hardy- Il N’Y A Pas D’Amour Heureux

      Il n’y a pas d’amour heureux

      Rien n’est jamais acquis à l’homme, ni sa force
      Ni sa faiblesse, ni son coeur. Et quand il croit
      Ouvrir ses bras, son ombre est celle d’une croix
      Et quand il croit serrer son bonheur, il le broie
      Sa vie est un étrange et douloureux divorce

      Il n’y a pas d’amour heureux

      Sa vie, elle ressemble à ces soldats sans armes
      Qu’on avait habillés pour un autre destin
      A quoi peut leur servir de se lever matin
      Eux qui ‘on retrouve au soir désoeuvrés incertains
      Dites ces mots  » Ma vie  » et retenez vos larmes

      Il n’y a pas d’amour heureux

      Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure
      Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
      Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
      Répétant après moi les mots que j’ai tressés
      Et qui, pour tes grands yeux, tout aussitôt moururent

      Il n’y a pas d’amour heureux

      Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
      Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l’unisson
      Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
      Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
      Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare

      Il n’y a pas d’amour heureux

      Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
      Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
      Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri
      Et pas plus que de toi l’amour de la patrie
      Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs

      Il n’y a pas d’amour heureux
      Mais c’est notre amour à tous deux

      Aragon (la Diane française 1946)

    • #130396

      YouTube – Il pleure dans mon coeur – Paul Verlaine (Mon cahier de poésies – vol.1)

      Il pleure dans mon coeur

      Il pleure dans mon coeur
      Comme il pleut sur la ville ;
      Quelle est cette langueur
      Qui pénètre mon coeur ?

      Ô bruit doux de la pluie
      Par terre et sur les toits !
      Pour un coeur qui s’ennuie,
      Ô le chant de la pluie !

      Il pleure sans raison
      Dans ce coeur qui s’écoeure.
      Quoi ! nulle trahison ?…
      Ce deuil est sans raison.

      C’est bien la pire peine
      De ne savoir pourquoi
      Sans amour et sans haine
      Mon coeur a tant de peine !

      Paul Verlaine (1844-1896)

    • #130397

      YouTube – Charles Baudelaire – Enivrez-vous (par S.Reggiani)

      [FONT=Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif]ENIVREZ- Vous[/FONT]

      [FONT=Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif]Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.[/FONT]
      [FONT=Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif]Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous![/FONT]
      [FONT=Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif]Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.[/FONT]

      [FONT=Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif]Charles Baudelaire (In Les petits poèmes en prose)[/FONT]

    • #130425

      YouTube – On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans

      Roman

      On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
      − Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
      Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
      − On va sous les tilleuls verts de la promenade.
      Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
      L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
      Le vent chargé de bruits, − la ville n’est pas loin,
      A des parfums de vigne et des parfums de bière…

      − Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
      D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
      Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
      Avec de doux frissons, petite et toute blanche…
      Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.
      La sève est du champagne et vous monte à la tête…
      On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
      Qui palpite là, comme une petite bête…

      Le cœur fou Robinsonne à travers les romans,
      − Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
      Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
      Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père…
      Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
      Tout en faisant trotter ses petites bottines,
      Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif…
      − Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…

      Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
      Vous êtes amoureux. − Vos sonnets La font rire.
      Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
      − Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire… !
      − Ce soir-là,… − vous rentrez aux cafés éclatants,
      Vous demandez des bocks ou de la limonade…
      − On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
      Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.

      Arthur Rimbaud

    • #130448

      Ma bohême

      Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées;
      Mon paletot aussi devenait idéal;
      J’allais sous le ciel, Muse, et j’étais ton féal;
      Oh! là là! que d’amours splendides j’ai rêvées!

      Mon unique culotte avait un large trou.
      Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
      Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
      Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

      Et je les écoutais, assis au bord des routes,
      Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
      De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

      Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
      Comme des lyres, je tirais les élastiques
      De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!

      Arthur Rimbaud

    • #130480

      YouTube – Il pleut – Apollinaire

      Il pleut

      Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir
      c’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes
      et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout un univers de villes auriculaires
      écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique
      écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas

      Guillaume Apollinaire ( Recueil: « Calligrammes »)

    • #130498

      YouTube – L’albatros | Charles Baudelaire

      L’albatros

      Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
      Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
      Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
      Le navire glissant sur les gouffres amers.

      A peine les ont-ils déposés sur les planches,
      Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
      Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
      Comme des avirons traîner à côté d’eux.

      Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
      Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
      L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
      L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

      Le Poète est semblable au prince des nuées
      Qui hante la tempête et se rit de l’archer
      Exilé sur le sol au milieu des huées,
      Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

      Charles Baudelaire, les Fleurs du Mal

    • #130506
      Femmes damnées (1)

      Comme un bétail pensif sur le sable couchées,
      Elles tournent leurs yeux vers l’horizon des mers,
      Et leurs pieds se cherchant et leurs mains rapprochées
      Ont de douces langueurs et des frissons amers.

      Les unes, coeurs épris des longues confidences,
      Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux,
      Vont épelant l’amour des craintives enfances
      Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux ;

      D’autres, comme des soeurs, marchent lentes et graves
      A travers les rochers pleins d’apparitions,
      Où saint Antoine a vu surgir comme des laves
      Les seins nus et pourprés de ses tentations ;

      Il en est, aux lueurs des résines croulantes,
      Qui dans le creux muet des vieux antres païens
      T’appellent au secours de leurs fièvres hurlantes,
      Ô Bacchus, endormeur des remords anciens !

      Et d’autres, dont la gorge aime les scapulaires,
      Qui, recélant un fouet sous leurs longs vêtements,
      Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires,
      L’écume du plaisir aux larmes des tourments.

      Ô vierges, ô démons, ô monstres, ô martyres,
      De la réalité grands esprits contempteurs,
      Chercheuses d’infini, dévotes et satyres,
      Tantôt pleines de cris, tantôt pleines de pleurs,

      Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies,
      Pauvres soeurs, je vous aime autant que je vous plains,
      Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies,
      Et les urnes d’amour dont vos grands coeurs sont pleins !

      Charles Baudelaire

    • #130507

      YouTube – Charles Baudelaire par Saez

      Femmes damnées (2)

      A la pâle clarté des lampes languissantes,
      Sur de profonds coussins tout imprégnés d’odeur
      Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
      Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.

      Elle cherchait, d’un oeil troublé par la tempête,
      De sa naïveté le ciel déjà lointain,
      Ainsi qu’un voyageur qui retourne la tête
      Vers les horizons bleus dépassés le matin.

      De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
      L’air brisé, la stupeur, la morne volupté,
      Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
      Tout servait, tout parait sa fragile beauté.

      Etendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
      Delphine la couvait avec des yeux ardents,
      Comme un animal fort qui surveille une proie,
      Après l’avoir d’abord marquée avec les dents.

      Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
      Superbe, elle humait voluptueusement
      Le vin de son triomphe, et s’allongeait vers elle,
      Comme pour recueillir un doux remerciement.

      Elle cherchait dans l’oeil de sa pâle victime
      Le cantique muet que chante le plaisir,
      Et cette gratitude infinie et sublime
      Qui sort de la paupière ainsi qu’un long soupir.

      –  » Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses ?
      Comprends-tu maintenant qu’il ne faut pas offrir
      L’holocauste sacré de tes premières roses
      Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?

      Mes baisers sont légers comme ces éphémères
      Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
      Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
      Comme des chariots ou des socs déchirants ;

      Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
      De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié…
      Hippolyte, ô ma soeur ! tourne donc ton visage,
      Toi, mon âme et mon coeur, mon tout et ma moitié,

      Tourne vers moi tes yeux pleins d’azur et d’étoiles !
      Pour un de ces regards charmants, baume divin,
      Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
      Et je t’endormirai dans un rêve sans fin ! « 

      Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête :
      –  » Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
      Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
      Comme après un nocturne et terrible repas.

      Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
      Et de noirs bataillons de fantômes épars,
      Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
      Qu’un horizon sanglant ferme de toutes parts.

      Avons-nous donc commis une action étrange ?
      Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi :
      Je frissonne de peur quand tu me dis :  » Mon ange ! « 
      Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.

      Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée !
      Toi que j’aime à jamais, ma soeur d’élection,
      Quand même tu serais une embûche dressée
      Et le commencement de ma perdition ! « 

      Delphine secouant sa crinière tragique,
      Et comme trépignant sur le trépied de fer,
      L’oeil fatal, répondit d’une voix despotique :
      –  » Qui donc devant l’amour ose parler d’enfer ?

      Maudit soit à jamais le rêveur inutile
      Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
      S’éprenant d’un problème insoluble et stérile,
      Aux choses de l’amour mêler l’honnêteté !

      Celui qui veut unir dans un accord mystique
      L’ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
      Ne chauffera jamais son corps paralytique
      A ce rouge soleil que l’on nomme l’amour !

      Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ;
      Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers ;
      Et, pleine de remords et d’horreur, et livide,
      Tu me rapporteras tes seins stigmatisés…

      On ne peut ici-bas contenter qu’un seul maître ! « 
      Mais l’enfant, épanchant une immense douleur,
      Cria soudain : –  » Je sens s’élargir dans mon être
      Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur !

      Brûlant comme un volcan, profond comme le vide !
      Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
      Et ne rafraîchira la soif de l’Euménide
      Qui, la torche à la main, le brûle jusqu’au sang.

      Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
      Et que la lassitude amène le repos !
      Je veux m’anéantir dans ta gorge profonde,
      Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! « 

      – Descendez, descendez, lamentables victimes,
      Descendez le chemin de l’enfer éternel !
      Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
      Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,

      Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d’orage.
      Ombres folles, courez au but de vos désirs ;
      Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
      Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.

      Jamais un rayon frais n’éclaira vos cavernes ;
      Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
      Filtrent en s’enflammant ainsi que des lanternes
      Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.

      L’âpre stérilité de votre jouissance
      Altère votre soif et roidit votre peau,
      Et le vent furibond de la concupiscence
      Fait claquer votre chair ainsi qu’un vieux drapeau.

      Loin des peuples vivants, errantes, condamnées,
      A travers les déserts courez comme les loups ;
      Faites votre destin, âmes désordonnées,
      Et fuyez l’infini que vous portez en vous !

      Baudelaire

    • #130554

      Bien sûr que ce n’est pas un monde

      Bien sûr que ce n’est pas un monde
      Où tout se fait facilement
      Si tu n’as pas la tête ronde
      Qui t’en ferait le compliment

      Vous nous fatiguez de vos plaintes
      Il vous faudrait ô mes amis
      Comme les lèvres qui sont peintes
      Toujours avoir le rouge mis

      C’est assez qu’un navire avance
      Si je comprends ce qui le meut
      Qu’après les nuits de ma mouvance
      les jours se fassent moins brumeux

      A chacun sa part du ménage
      A chacun sa table et son lit
      Le soir tombant sur les gagnages
      Verra le labeur accompli

      Quand il faudra fermer le livre
      Ce sera sans regretter rien
      J’ai vu tant de gens si mal vivre
      Et tant de gens mourir si bien.

      Aragon (Le crève coeur/ Le Nouveau Crève-coeur)

    • #130594

      YouTube – Déjeuner du matin

      [SIZE=+1]Déjeuner du matin[/SIZE]

      Il a mis le café
      Dans la tasse
      Il a mis le lait
      Dans la tasse de café
      Il a mis le sucre
      Dans le café au lait
      Avec la petite cuiller
      Il a tourné
      Il a bu le café au lait
      Et il a reposé la tasse
      Sans me parler
      Il a allumé
      Une cigarette
      Il a fait des ronds
      Avec la fumée
      Il a mis les cendres
      Dans le cendrier
      Sans me parler
      Sans me regarder
      Il s’est levé
      Il a mis
      Son chapeau sur sa tête
      Il a mis son manteau de pluie
      Parce qu’il pleuvait
      Et il est parti
      Sous la pluie
      Sans une parole
      Sans me regarder
      Et moi j’ai pris
      Ma tête dans ma main
      Et j’ai pleuré

      Jacques Prévert

    • #130598

      Alicante

      Une orange sur la table

      Ta robe sur le tapis

      Et toi dans mon lit

      Doux présent du présent

      Fraîcheur de la nuit

      Chaleur de ma vie.

      J. Prévert.

    • #130635

      Quand les poètes s’ennuient alors il leur ar-

      Quand les poètes s’ennuient alors il leur ar-

      Rive de prendre une plume et d’écrire un po-

      Ème on comprend dans ces conditions que ça bar-

      Be un peu quelquefois la poésie la po-

      Ésie.

      Raymond Queneau

    • #130636

      YouTube – Juliette Gréco – Si tu t’imagine

      Si tu t’imagines

      Si tu t’imagines
      si tu t’imagines
      fillette fillette
      si tu t’imagines
      xa va xa va xa
      va durer toujours
      la saison des za
      la saison des za
      saison des amours
      ce que tu te goures
      fillette fillette
      ce que tu te goures

      Si tu crois petite
      si tu crois ah ah
      que ton teint de rose
      ta taille de guêpe
      tes mignons biceps
      tes ongles d’émail
      ta cuisse de nymphe
      et ton pied léger
      si tu crois petite
      xa va xa va xa va
      va durer toujours
      ce que tu te goures
      fillette fillette
      ce que tu te goures

      les beaux jours s’en vont
      les beaux jours de fête
      soleils et planètes
      tournent tous en rond
      mais toi ma petite
      tu marches tout droit
      vers sque tu vois pas
      très sournois s’approchent
      la ride véloce
      la pesante graisse
      le menton triplé
      le muscle avachi
      allons cueille cueille
      les roses les roses
      roses de la vie
      et que leurs pétales
      soient la mer étale
      de tous les bonheurs
      allons cueille cueille
      si tu le fais pas
      ce que tu te goures
      fillette fillette
      ce que tu te goures

      R. Queneau, L’instant fatal

    • #130704

      Chant du ciel

      La fleur des Alpes disait au coquillage : « tu luis »
      Le coquillage disait à la mer : « tu résonnes »
      La mer disait au bateau : « tu trembles »
      Le bateau disait au feu : « tu brilles »
      Le feu me disait : « je brille moins que ses yeux »
      Le bateau me disait : « je tremble moins que ton cœur quand elle paraît »
      La mer me disait : « je résonne moins que son nom en ton amour »
      Le coquillage me disait : « je luis moins que le phosphore du désir dans ton rêve creux »
      La fleur des Alpes me disait : « elle est belle »
      Je disais : « elle est belle, elle est belle, elle est émouvante ».

      Robert Desnos, « Les ténèbres » (1927) in Corps et biens.

    • #130868

      Les réparties de Nina

      LUI – Ta poitrine sur ma poitrine,
      Hein ? nous irions,
      Ayant de l’air plein la narine,
      Aux frais rayons

      Du bon matin bleu, qui vous baigne
      Du vin de jour ?…
      Quand tout le bois frissonnant saigne
      Muet d’amour

      De chaque branche, gouttes vertes,
      Des bourgeons clairs,
      On sent dans les choses ouvertes
      Frémir des chairs :

      Tu plongerais dans la luzerne
      Ton blanc peignoir,
      Rosant à l’air ce bleu qui cerne
      Ton grand oeil noir,

      Amoureuse de la campagne,
      Semant partout,
      Comme une mousse de champagne,
      Ton rire fou :

      Riant à moi, brutal d’ivresse,
      Qui te prendrais
      Comme cela, – la belle tresse,
      Oh ! – qui boirais

      Ton goût de framboise et de fraise,
      O chair de fleur !
      Riant au vent vif qui te baise
      Comme un voleur ;

      Au rose, églantier qui t’embête
      Aimablement :
      Riant surtout, ô folle tête,
      À ton amant !….
      ………………………………………………..

      Dix-sept ans! Tu seras heureuse!
      Oh! les grands prés,

      La grande campagne amoureuse!
      – Dis, viens plus près!…

      – Ta poitrine sur ma poitrine,
      Mêlant nos voix,
      Lents, nous gagnerions la ravine,
      Puis les grands bois !…

      Puis, comme une petite morte,
      Le coeur pâmé,
      Tu me dirais que je te porte,
      L’oeil mi-fermé…

      Je te porterais, palpitante,
      Dans le sentier :
      L’oiseau filerait son andante:
      Au Noisetier

      Je te parlerais dans ta bouche..
      J’irais, pressant
      Ton corps, comme une enfant qu’on couche,
      Ivre du sang

      Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
      Aux tons rosés :
      Et te parlant la langue franche – …..
      Tiens !… – que tu sais…

      Nos grands bois sentiraient la sève,
      Et le soleil
      Sablerait d’or fin leur grand rêve
      Vert et vermeil
      ………………………………………………..
      Le soir ?… Nous reprendrons la route
      Blanche qui court
      Flânant, comme un troupeau qui broute,
      Tout à l’entour

      Les bons vergers à l’herbe bleue,
      Aux pommiers tors !
      Comme on les sent tout une lieue
      Leurs parfums forts !

      Nous regagnerons le village
      Au ciel mi-noir ;
      Et ça sentira le laitage
      Dans l’air du soir ;

      Ca sentira l’étable, pleine
      De fumiers chauds,
      Pleine d’un lent rythme d’haleine,
      Et de grands dos

      Blanchissant sous quelque lumière ;
      Et, tout là-bas,
      Une vache fientera, fière,
      À chaque pas…

      – Les lunettes de la grand-mère
      Et son nez long
      Dans son missel ; le pot de bière
      Cerclé de plomb,

      Moussant entre les larges pipes
      Qui, crânement,
      Fument : les effroyables lippes
      Qui, tout fumant,

      Happent le jambon aux fourchettes
      Tant, tant et plus :
      Le feu qui claire les couchettes
      Et les bahuts :

      Les fesses luisantes et grasses
      Du gros enfant
      Qui fourre, à genoux, dans les tasses,
      Son museau blanc

      Frôlé par un mufle qui gronde
      D’un ton gentil,
      Et pourlèche la face ronde
      Du cher petit…

      Noire, rogue au bord de sa chaise,
      Affreux profil,
      Une vieille devant la braise
      qui fait du fil;

      Que de choses verrons-nous, chère,
      Dans ces taudis,
      Quand la flamme illumine, claire,
      Les carreaux gris !…

      – Puis, petite et toute nichée,
      Dans les lilas
      Noirs et frais : la vitre cachée,
      Qui rit là-bas…

      Tu viendras, tu viendras, je t’aime !
      Ce sera beau.
      Tu viendras, n’est-ce pas, et même…

      Elle – Et mon bureau ?

      Arthur Rimbaud

    • #130987

      Stacey Kent est une chanteuse de jazz américaine mais chante aussi superbement bien en français. Personnellement, j’ai rarement, voir jamais, entendu, une non-native qui chante en français avec un accent aussi parfait.

      A acheter sans hésitation son album (Raconte-moi) entièrement dédié à la chanson française.

      http://www.youtube.com/watch?v=IdGpy-TaZK0&feature=related

      YouTube – Stacey Kent – Les eaux de Mars

    • #130988
    • #130989
    • #130991

      Bonjour TLM

      Certainement pas l’ideal pour apprendre le français du XXI e siècle, mais

      quel texte et quel chanteur !

      YouTube – Reggiani/Villon La ballade des pendus

      LA BALLADE DES PENDUS

      François de Montcorbier dit Villon

      Frères humains, qui après nous vivez,
      N’ayez les coeurs contre nous endurcis,
      Car, si pitié de nous pauvres avez,
      Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
      Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
      Quant à la chair, que trop avons nourrie,
      Elle est piéça dévorée et pourrie,
      Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
      De notre mal personne ne s’en rie ;
      Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

      Se frères vous clamons, pas n’en devez
      Avoir dédain, quoique fûmes occis
      Par justice. Toutefois, vous savez
      Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
      Excusez-nous, puisque sommes transis,
      Envers le fils de la Vierge Marie,
      Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
      Nous préservant de l’infernale foudre.
      Nous sommes morts, âme ne nous harie,
      Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

      La pluie nous a débués et lavés,
      Et le soleil desséchés et noircis.
      Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
      Et arraché la barbe et les sourcils.
      Jamais nul temps nous ne sommes assis
      Puis çà, puis là, comme le vent varie,
      A son plaisir sans cesser nous charrie,
      Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
      Ne soyez donc de notre confrérie ;
      Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

      Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
      Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
      A lui n’ayons que faire ne que soudre.
      Hommes, ici n’a point de moquerie ;
      Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

      Villon, Epitaphe Villon ou ballade des pendus

      Le même poème, superbement récité par Gérard PHILIPPE (avec le texte en sous-titrage)

      YouTube – Villon – Ballade des pendus (Gérard Philipe)

    • #131014

      François?, bien sur!

      (un vieil ami, souvenir de 2° héhéhé)

      Ballade des Dames du temps jadis

      Dites-moi où, n’en quel pays,
      Est Flora la belle Romaine,
      Archipiades, ne Thaïs,
      Qui fut sa cousine germaine,
      Echo, parlant quant bruit on mène
      Dessus rivière ou sur étang,
      Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
      Mais où sont les neiges d’antan ?

      Où est la très sage Héloïs,
      Pour qui fut châtré et puis moine
      Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
      Pour son amour eut cette essoine.
      Semblablement, où est la roine
      Qui commanda que Buridan
      Fût jeté en un sac en Seine ?
      Mais où sont les neiges d’antan ?

      La roine Blanche comme un lis
      Qui chantait à voix de sirène,
      Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
      Haramburgis qui tint le Maine,
      Et Jeanne, la bonne Lorraine
      Qu’Anglais brûlèrent à Rouen ;
      Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
      Mais où sont les neiges d’antan ?

      Prince, n’enquerrez de semaine
      Où elles sont, ni de cet an,
      Que ce refrain ne vous remaine :
      Mais où sont les neiges d’antan ?

      François Villon (1431-?)

      YouTube – Brassens BALLADE DES DAMES DU TEMPS JADIS

    • #131296
      [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]LE CHAT

      Dans ma cervelle se promène,
      Ainsi qu’en son appartement,
      Un beau chat, fort, doux et charmant.
      Quand il miaule, on l’entend à peine,

      Tant son timbre est tendre et discret;
      Mais que sa voix s’apaise ou gronde,
      Elle est toujours riche et profonde.
      C’est là son charme et son secret.

      Cette voix, qui perle et qui filtre,
      Dans mon fonds le plus ténébreux,
      Me remplit comme un vers nombreux
      Et me réjouit comme un philtre.

      Elle endort tous les cruels maux
      Et contient toutes les extases;
      Pour dire les plus longues phrases,
      Elle n’a pas besoin de mots.

      Non, il n’est pas d’archer qui morde
      Sur mon coeur, parfait instrument,
      Et fasse plus royalement
      Chanter sa plus vibrante corde,

      Que ta voix, chat mystérieux,
      Chat séraphique, chat étrange,
      En qui tout es, comme un ange,
      Aussi subtil qu’harmonieux!

      – De sa fourrure blonde et brune
      Sort un parfum si doux, qu’un soir
      J’en fus embaumé, pour l’avoir
      Caressée une fois, rien qu’une.

      C’est l’esprit familier du lieu;
      Il juge, il préside, il inspire
      Toutes choses dans son empire;
      Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

      Quand mes yeux, vers ce chat que j’aime
      Tirées comme un aimant,
      Se retournent docilement
      Et que je regarde en moi-même,

      Je vois avec étonnement
      Le feu de ses prunelles pâles,
      Clairs fanaux, vivantes opales,
      Qui me contemplent fixement.

      Charles Baudelaire – Les Fleurs du Mal[/FONT]

    • #131345
      L’échafaud

      C’était fini. Splendide, étincelant, superbe,
      Luisant sur la cité comme la faulx sur l’herbe,
      Large acier dont le jour faisait une clarté,
      Ayant je ne sais quoi dans sa tranquillité
      De l’éblouissement du triangle mystique,
      Pareil à la lueur au fond d’un temple antique,
      Le fatal couperet relevé triomphait.
      Il n’avait rien gardé de ce qu’il avait fait
      Qu’une petite tache imperceptible et rouge.

      Le bourreau s’en était retourné dans son bouge ;
      Et la peine de mort, remmenant ses valets,
      Juges, prêtres, était rentrée en son palais,
      Avec son tombereau terrible dont la roue,
      Silencieuse, laisse un sillon dans la boue
      Qui se remplit de sang sitôt qu’elle a passé.
      La foule disait : bien ! car l’homme est insensé,
      Et ceux qui suivent tout, et dont c’est la manière,
      Suivent même ce char et même cette ornière.

      J’étais là. Je pensais. Le couchant empourprait
      Le grave Hôtel de Ville aux luttes toujours prêt,
      Entre Hier qu’il médite et Demain dont il rêve.
      L’échafaud achevait, resté seul sur la Grève,
      Sa journée, en voyant expirer le soleil.
      Le crépuscule vint, aux fantômes pareil.
      Et j’étais toujours là, je regardais la hache,
      La nuit, la ville immense et la petite tache.

      A mesure qu’au fond du firmament obscur
      L’obscurité croissait comme un effrayant mur,
      L’échafaud, bloc hideux de charpentes funèbres,
      S’emplissait de noirceur et devenait ténèbres ;
      Les horloges sonnaient, non l’heure, mais le glas ;
      Et toujours, sur l’acier, quoique le coutelas
      Ne fût plus qu’une forme épouvantable et sombre,
      La rougeur de la tache apparaissait dans l’ombre.

      Un astre, le premier qu’on aperçoit le soir,
      Pendant que je songeais, montait dans le ciel noir.

      Sa lumière rendait l’échafaud plus difforme.
      L’astre se répétait dans le triangle énorme ;
      Il y jetait ainsi qu’en un lac son reflet,
      Lueur mystérieuse et sacrée ; il semblait
      Que sur la hache horrible, aux meurtres coutumière,
      L’astre laissait tomber sa larme de lumière.
      Son rayon, comme un dard qui heurte et rebondit,
      Frappait le fer d’un choc lumineux ; on eût dit
      Qu’on voyait rejaillir l’étoile de la hache.
      Comme un charbon tombant qui d’un feu se détache ;
      Il se répercutait dans ce miroir d’effroi ;
      Sur la justice humaine et sur l’humaine loi
      De l’éternité calme auguste éclaboussure.
       » Est-ce au ciel que ce fer a fait une blessure ?
      Pensai-je. Sur qui donc frappe l’homme hagard ?
      Quel est donc ton mystère, ô glaive ?  » Et mon regard
      Errait, ne voyant plus rien qu’à travers un voile,
      De la goutte de sang à la goutte d’étoile.

      3o mars 1856.

      Victor Hugo (1802- 1885)

    • #131391

      Au fond du coeur

      Au fond du coeur, au fond de notre coeur, un beau jour, le beau jour de tes
      yeux continue. Les champs, l’été, les bois, le fleuve. Fleuve seul animant
      l’apparence des cimes. Notre amour c’est l’amour de la vie, le mépris de la mort. A même la lumière contredite, souffrante, une flamme perpétuelle. Dans tes yeux, un seul jour, sans croissance ni fin, un jour sur terre, plus clair en pleine terre que les roses mortelles dans les sources de midi.
      Au fond de notre coeur, tes yeux dépassent tous les ciels, leur coeur de nuit. Flèches de joie, ils tuent le temps, ils tuent l’espoir et le regret, ils tuent l’absence.
      La vie, seulement la vie, la forme humaine autour de tes yeux clairs.

      Paul Eluard . (Donner à voir.)

    • #131699

      Avec tes yeux

      Avec tes yeux je change comme avec les lunes

      Et je suis tour à tour et de plomb et de plume,

      Une eau mystérieuse et noire qui t’enserre

      Ou bien dans tes cheveux ta légère victoire

      Paul Eluard : Capitale de la douleur.

    • #133316

      [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]
      [/FONT]
      Aube

      J’ai embrassé l’aube d’été.

      Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombre ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

      La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

      Je ris au wasserfall qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

      Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

      En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

      Au réveil il était midi.

      Arthur Rimbaud

    • #133700

      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]NOUS DORMIRONS ENSEMBLE[/SIZE][/FONT]

      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]
      [/SIZE][/FONT]

      coeur2.gif [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Que ce soit dimanche ou lundi[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Soir ou matin minuit midi[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Dans l’enfer ou le paradis[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Les amours aux amours ressemblent[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]C’était hier que je t’ai dit[/SIZE][/FONT]

      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Nous dormirons ensemble[/SIZE][/FONT]

      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]C’était hier et c’est demain[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Je n’ai plus que toi de chemin[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]J’ai mis mon coeur entre tes mains[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Avec le tien comme il va l’amble[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Tout ce qu’il a de temps humain[/SIZE][/FONT]

      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Nous dormirons ensemble[/SIZE][/FONT]

      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Mon amour ce qui fut sera[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Le ciel est sur nous comme un drap[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]J’ai refermé sur toi mes bras[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Et tant je t’aime que j’en tremble[/SIZE][/FONT]
      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Aussi longtemps que tu voudras[/SIZE][/FONT]

      [FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Nous dormirons ensemble[/SIZE][/FONT]
      coeur2.gif[FONT=Times New Roman,Times][SIZE=+1]Louis Aragon[/SIZE][/FONT]

      YouTube – Jean Ferrat chante Aragon Nous Dormirons Ensemble

    • #138066

      Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin …

      Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
      De venir dans ma chambre un peu chaque matin;
      Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on espère;
      Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ;
      Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s’asseyait
      Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
      Puis soudain s’en allait comme un oiseau qui passe.
      Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
      Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,
      Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
      Quelque arabesque folle et qu’elle avait tracée,
      Et mainte page blanche entre ses mains froissée

      Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.**

      Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,
      Et c’était un esprit avant d’être une femme.
      Son regard reflétait la clarté de son âme.
      Elle me consultait sur tout à tous moments.
      Oh! que de soirs d’hiver radieux et charmants
      Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,
      Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère
      Tout près, quelques amis causant au coin du feu !
      J’appelais cette vie être content de peu !
      Et dire qu’elle est morte! Hélas! que Dieu m’assiste !
      Je n’étais jamais gai quand je la sentais triste ;
      J’étais morne au milieu du bal le plus joyeux
      Si j’avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.


      Victor Hugo (1802-1885)

      (je me souviens avec délice le début de ce poème appris par coeur jusqu’à ** à l’école primaire)
      Ti Ngoc

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