:scratch:???
pardon, alors.
Bon
Appelle-moi un utopiste réaliste, alors. Ou un utopiste les yeux ouverts.
À 20 ans, élève ingé parmi des gusses au cheveu court et au regard clair, j'étais bab (il fallait me voir avec les grands pulls, la barbe et les cheveux longs et les écharpes qui volaient autour de moi
ops
. Dès que j'ai eu mon diplôme, je suis venu au Vietnam y chercher la société idéale dont je croyais voir les traces parmi les Vietnamiens de France.
Haha.
Maintenant j'ai la viande dure. Au milieu de tout ce que j'y ai trouvé de bon, j'ai aussi connu la frustration, la différence, le rejet, l'arnaque, la corruption, le vol, la destruction morale, l'envie, la solitude.
Je ne suis pas aigri, mais j'ai les yeux ouverts, et je ne regarde plus les Vietnamiens: je suis leurs regards, pour anticiper --du coup, je recois peu de coups, et ceux que je recois je les vois souvent venir.
Je suis heureusement marié, mes enfants sont une joie de tous les jours. Je suis un homme heureux.
(...)
L'utopie ne marche que si
tout le monde est utopiste. Mais si tout le monde est des moutons, c'est tentant d'être un loup le jour òu il fait vraiment faim. On dit "il faut de tout pour faire un monde", et ca je ne sais pas, mais très clairement,
il y a de tout dans ce monde. Donc l'utopie le restera.
Ca n'enlève rien à ce qu'on a dit ci-dessus: carpe diem et préparons demain.
Avec les deux yeux ouverts et la tête froide.
* On dit que les gens heureux n'ont pas d'histoire, mais je crois que ceux qui n'ont pas été confrontés à l'histoire ont le bonheur fragile.