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Qui connaît le nôm ?

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    • #500
      PIM

        Je ne suis pas sur, mais ces tablettes semblent avoir été écrites en nôm ou sino-vietnamien. Pour mémoire, elles ont été achetées par mon beau-père à l’hôtel des ventes de Saigon en 1950. Jusqu’à présent nous croyiions que ces idéogrammes étaient chinois, jusqu’à ce qu’on les montre à une prof de chinois (pour relativiser, elle enseigne à Marseille….. :je_sors:)
        Est-ce qu’un fin lettré :violon: peut me dire de quelle écriture il s’agit et la signification des textes. Nous avons toujours pensé qu’il s’agissait de maximes mais la surprise peut être cruelle.
        Merci à tous, Cordialement, Jean-Paul
        maximes5ja.th.jpg

      • #16036
        PIM wrote:
        Je ne suis pas sur, mais ces tablettes semblent avoir été écrites en nôm ou sino-vietnamien.
        Est-ce qu’un fin lettré :violon: peut me dire de quelle écriture il s’agit et la signification des textes. .
        Merci à tous, Cordialement, Jean-Paul
        ….

        Ben pas moi .. mais grâce à Google .. j’ai trouvé çà sur le » nôm »:
        http://perso.wanadoo.fr/aubonne.hoangxuanhan/

        …avec un beau manoir…pour étudier le Vietnamien..; peut-être que le châtelain saura vous renseigner( il a même laisser une adresse e-mail pour causer avec lui!!)

      • #16061
        Nem Chua
        Participant

          Dans le Nôm –qui n’a jamais été standardisé (l’empereur Tự Đức a été le dernier à refuser son adoption officielle)–, les caractères ressemblent aux idéogrammes chinois, mais non seulement ils décrivent le sens (l' »idée » de « idéogramme), ils incluent aussi assez souvent une partie liée au son. (Du coup, ce ne sont plus à proprement parler des idéogrammes.)

          Avant la fin du XIXème (?), même si les Vietnamiens parlaient leur propre langue, toute l’administration était faite par des mandarins recrutés sur concours, et les concours triennaux se faisant par écrit étaient en Chinois (et d’ailleurs essentiellement sur les connaisances des auteurs classiques Chinois: Lao Tseu, Confucius, Mencius, pas la compta. Mais bon :scratch:). Du coup, par exemple, la diplomatie avec la Chine se faisait sans réellement d’interprète, mais par écrit autour d’une table.

          L’idée a été de créer un système d’écriture qui soit réellement Vietnamien. On combine l’idéogramme avec un rappel du son. Là, je crois (mais ca n’engage que moi) que la décadence des derniers règnes se fait sentir: peut-être que les dernières brassées de mandarins, élus moins sur leur compétence que par piston, avaient besoin d’aide pour se souvenir des caractères :affraid:? Peut-être que le gout du « zigouigoui à la Chinoise » a tenté :love: les promoteurs de cette écriture avant l’avènement du Quốc Ngữ moderne?

          Toujours est-il que ca a formidablement compliqué l’écriture, la rendant plus absconse encore que le Chinois et donc plus élitiste :scratch:. (c’est d’ailleurs un signe qui semble confirmer ce que je suppose). Et en plus, la représentation des sons n’est même pas sure, puisqu’elle s’appuie sur le… Chinois (qui varie bien sur notoirement d’un endroit à l’autre et dans le temps puisqu’il ne représente pas les sons):

          Par exemple, ba (« 3 ») s’écrirait en combinant le signe 3 (trois barres horizontales superposées, une sorte de signe égal à trois traits) en l’enveloppant dans le caractère chinois pour « tortue », qui se disait « ba » en Mandarin à la fin du XIXème siècle.

          Vous voyez le massacre d’ici: :affraid: pour lire un caractère, il faut non seulement savoir le lire en Chinois, mais encore pour le prononcer, savoir comment la composante sonore du caractère se prononcait en mandarin à la fin du XIXème. Drôlement élitiste, non? Sans compter que l’engrenage entre sens et son est loin d’être simple. Ce caractère « ba » en Nôm, ca pourrait tout aussi bien se prononcer « Tam » (3 en Chinois du XIXème) et vouloir dire tortue, non?

          Ils sont fous, ces mandarins. Celà dit, Nguyễn Du a écrit Truyện Kiều en Nôm, et il y a eu une grande période de poésie Nôm.

          Mais courte.

          À la démocratisation du quốc ngữ, que le commun des mortels apprend en 6 mois, ca a été bien sur la fin du Nôm, et des chữ Nho du Chinois par la même occasion.

          Tout ca pour dire que bien érudit le gusse qui déchiffrera le Nôm aujourd’hui. Cherchez un vieux sage. (il y en a: pas de désespoir)

          Quant à Sino-Viet, c’est plutôt les mots empruntés au Chinois, qu’on trouve partout en Vietnamien, même moderne. Comme « điện thoại », comme nous on emprunte au grec pour faire « téléphone ».

        • #16064

          Et un p’tit coup de « nôm  » SVP en ce dimanche matin, par quelqu’un qui vient juste de découvrir cette « appellation contrôlée ». 2 infos .. et pas plus..:

          -1°: dans la cinquantaine de n°s de la revue  » France-Asie  » des années 50 (chinés pour moins de 10 euros l’ensemble !!!), tout un tas d’articles – appelés « Etudes »- sur les questions de langues chinoise et/ou vietnamienne. Si çà représente un quelconque intérêt pour l’un d’entre vous, je peux au moins commencer par en donner les titres ultérieurement (y en a pas mal, je trouve!!!): et on verra après..;

          -2°:Un exemple : dans le n° 60 de mai 1951 , 3 « études vietnamiennes »:

          . de Thai-Van -Kiem: « Etude littéraire, philosophique et scientifique du  » Kim-Van Kiêu « 
          . de V.-L.:  » La poésie vietnamienne au XVI ème siècle « 
          . de B.D. Aimy: « Il était une fois un prince poète… »

          Et dans cette dernière étude, un renvoi n°8 que je vous cite « in-extenso »:

          «  On voit bien qu’au début du XIII ème siècle, le poète viêtnamien Hàn-Thuyên, haut mandarin des Trän, inventa le chu-nôm ( langue écrite viêtnamienne issue du chinois et comportant des signes conventionnels particuliers) destiné à la phonétisation exacte et fidèle du parler national, inchangé, à peu de mots près, depuis l’aube des temps….L’invention de Hàn-Thuyên, conséquence directe et logique de la libération du Viêtnam du joug chinois, fut d’emblée applaudie et adoptée par la nation entière. « Le Kim Van Kieu « , immortel chef-d’oeuvre de la littérarure viêtnamienne, avait été entièrement rédigé en « chu-nôm » par Nguyén-Du. Cette forme d’écriture s’est conservée à travers les siècles jusqu’à la venue au monde littéraire du prince Tung-Thien, pour ne s’arrêter – pratiquement – qu’après la romanisation du « quôc-ngu » par les missionnaires français, espagnols et portugais du XVII ème siècle. (cf. » Dictionnarium annamitieum lusitanum et latinum » (1651) par le père Alexandre de Rhodes, imprimé à Rome par la Misson Apostolique)

        • #16066
          PIM

            Merci pour vos réponses, c’est vraiment sympa; mais je comprends maintenant pourquoi les personnes connaissant le chinois détournaient la tête en sifflotant quand je leur demandais d’effectuer ne serait-ce qu’une ébauche d’approximation de traduction :affraid:
            A propos du Kim Van Kieu, vous pouvez le lire sur le site suivant que vous connaissez peut-être déjà (site de Honoré Truong relatant l’histoire du CAFI de Sainte-Livrade :
            http://perso.wanadoo.fr/ho.truong/cafi/htmlxmlfiles/cafi_diapo_vol1.html
            Il y en a 130 pages (viet/français) mais çà vaut vraiment le coup de tenir jusqu’au bout. En tout cas, je m’en suis goinfré… (attention, je n’y ai plus accès avec Firefox, mais avec IE oui :1-heben:
            A propos, Robin, je n’ai pas compris la vanne « Mencius, pas la compta » et pourtant j’aime les concours de blagues vaseuses (les meilleures c’est quand il faut les expliquer)
            Cordialement, Jean-Paul

          • #16068
            PIM

              Mille excuses à Nem Chua, l’auteur de Mencius pas la compta c’est lui….. :-xan21-:

            • #16108
              Nem Chua
              Participant

                Non, ce n’était pas une blague:

                Les mandarins étaient les fonctionnaires du royaume, extraits du peuple (et non pas nobles), et sélectionnés par concours. Les concours mandarinaux à Hanoi (au temple de la littérature; et: d’ou le nom de la route mandarine, que suivaient les lettrés pour aller passer le concours) se faisaient sur de la culture classique Chinoise, et pas sur des outils de gestion. Dommage.

                On peut regretter que la culture soit du coup devenue un outil d’accès au pouvoir, ce qui reste assez sensible aujourd’hui (en tout cas en termes de statut social).

                Robin, tu cites Rhodes (*): « la phonétisation exacte et fidèle du parler national, inchangé, à peu de mots près, depuis l’aube des temps », ce qui me surprendrait beaucoup:
                L’écriture fixe la langue, et ce qu’on n’écrit pas a tendance à évoluer très vite ou a se différencier d’un endroit à un autre:

                le Chinois écrit le sens, et la culture classique Chinoise est pour celà très stable. Mais comme il n’écrit pas le son, les dialectes sont très nombreux, et chacun « dit » le même sens de sa propre manière. Partout dans le monde asiatique on envoie les petits descendants de Chinois réapprendre le mandarin pour essayer d’endiguer l’atomisation du parlé. (Des gens qui parlent Hokien, Hakka, Cantonnais ou autre ne se comprennent pas les uns les autres)

                Le Quốc ngữ fixe le son, ce qui est la première vraie chance de fixer la prononciation –après le Nôm, bien entendu. C’est déjà difficile, vu les différences régionales! Le vrai fixateur, avec le quốc ngữ, c’est la télé!

                (*) Je suis d’ailleurs étonné qu’Alexandre de Rhodes ait pu cité Kim Van Kieu: Nguyễn Du date plutôt de la fin du XVIIIème que du milieu XVIIème. Peut-être y-a-t’il une imprécision dans la citation.

              • #16114
                Nem Chua wrote:
                (*) Je suis d’ailleurs étonné qu’Alexandre de Rhodes ait pu cité Kim Van Kieu: Nguyễn Du date plutôt de la fin du XVIIIème que du milieu XVIIème. Peut-être y-a-t’il une imprécision dans la citation.

                Bonjour Nem Chua

                Non , désolé. Le texte que j’ai cité – donc pas de moi – ne comporte aucune faute de frappe..
                Mais j’accepte fort bien l’idée que l’auteur du texte sur ce Prince-Poète – B.D. AIMY – ait pu faire une erreur: je n’ai pas la compétence pour le dire !!!

                Ce texte figure exactement à la page n° 1272 du n°60 -Mai 1951- de la revue « France-Asie »(« revue de culture et de synthèse franco-asiatique », dixit), imprimée à Saïgon par l’Imprimerie d’Extrême -Orient dont le directeur-gérant était alors M. René de Berval… C’est tout

              • #16130
                PIM

                  Bonjour tous,

                  Je vais peut-être m’écarter du sujet du départ, et peut-être pas. Il serait dommage de plus pouvoir trouver de personnes capables de lire le nôm; je reconnais que le quốc ngữ est plus facile à assimiler-et c’est même pour cela que son usage a été encouragé dans la guerre anti-française – mais pourquoi laisser perdre des choses inestimables?
                  Les mandarins, qui étaient censés gouverner, gérer et rendre la justice, n’étaient certes pas formés à la compta mais à ce que nous appelons (appelions?) « les humanités » D’ailleurs, en France dans les années 1950/1960 les étudiants en médecine venaient de la filière dite « classique » (latin-grec) plutôt que de la filière « moderne » ; Je n’ai pas entendu dire qu’ils étaient moins bons que ceux d’aujourd’hui. Simplement se considéraient-ils comme des « honnêtes hommes »
                  Pour la compta, que j’ai pratiquée quelques années avant de me consacrer à autre chose, c’est aussi un pur moment de poésie . Je ne veux pas parler des escrocs qui partent avec la caisse en élaborant de fulgurants montages financiers, mais de la poésie au jour le jour comme la différence entre amortissement et entretien, où on en arrive à conclure qu’une machine qui est renouvelée à 300% n’est pas neuve. Quel poète aurait osé…..

                  Alors pourquoi ne pas être formé directement à la poésie et à la philosophie, le reste venant en surplus, et être encore capable de lire le nôm? (ouf…. Je suis retombé sur mes pattes…) :1-heben:

                  Cordialement, Jean-Paul

                • #16134

                  http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%E1%BB%AF_n%C3%B4m

                  Toujours de l’info avec notre encyclopedie prefere. :panda:

                • #16167
                  Nem Chua
                  Participant

                    PIM, :bravo:, excellent, je me range à tes côtés.

                    Robin, désolé, j’avais du mal le lire ;)

                  • #16357

                    Le nôm, essence de l’écriture Viêt

                    Exposition de documents
                    en nôm à Hanoi (2004).

                    Selon les chercheurs, le nôm est apparu au Xe siècle et a évolué jusqu’au début du XXe sur la base des caractères chinois. Tout au long de cette période, le nôm fut l’unique écriture vietnamienne pour enregistrer l’histoire et la culture nationales.

                    Les Viêt ont inventé le nôm pour écrire les langues vietnamiennes, tay et dzao, créant ainsi des écrits en nôm viêt, nôm tay et nôm dzao. Le premier document en nôm est le texte gravé sur la cloche Van Ban, en 1076, sous la dynastie des Ly (XIe siècle). Au début, le nôm était employé pour mentionner les noms de personnes ou de lieux. Par la suite, son utilisation s’est généralisée. Sous la dynastie des Hô (XIVe siècle) et celle des Tây Son (XVIIIe siècle), on a eu tendance à utiliser le nôm pour rédiger les actes administratifs. Le nôm a joué un rôle particulièrement important dans la création d’une littérature florissante au cours des siècles. A partir du nôm se sont en effet formés trois genres littéraires spécialement vietnamiens, à savoir les récits en vers de 6-8 pieds, les élégies de sept-six-huit pieds et les airs destinés aux chanteuses (ca tru). Le premier ouvrage en nôm conservé jusqu’à nos jours-“Le Thiên Tông Ban Hanh” – date de la dynastie des Trân (XIIIe-XIVe siècles). Les textes en nôm comme le “Quôc âm thi tâp” (Recueil de poèmes en langue nationale) de Nguyên Trai – illustre homme de culture du monde – (1380-1442), la traduction du “Chinh phu ngâm” (Plainte d’une femme dont le mari est parti pour la guerre) de Dang Trân Côn par la poétesse Doan Thi Diêm (1705-1748), le “Cung oan ngâm khuc” (Plaintes d’une femme du harem) de Nguyên Gia Thiêu (1741-1798); le “Truyên Kiêu” de Nguyên Du (1766-1820) – illustre homme de culture du monde – … sont les plus belles oeuvres de la littérature vietnamienne. Mentionnons encore les oeuvres de la poétesse Hô Xuân Huong (XVIIIe siècle), de la sous-préfète de Thanh Quan (XIXe siècle) ainsi que les récits en nôm tay ou les chansons alternées des ethnies montagnardes du Nord.

                    L’Institut de recherche du han nôm conserve des milliers de documents en écriture nôm traitant des problèmes de littérature, d’idéologie, de philosophie, de linguistique, de loi, de morale. Ils sont très utiles pour l’étude de la vie des anciens Viêt. Cependant, l’écriture nôm n’est pas aujourd’hui appréciée à sa juste valeur. Très peu de gens l’apprennent et l’utilisent. Le Professeur Ngô Thanh Nhan, Vice-Président de l’Association américaine de conservation de l’écriture nôm, souligne qu’ “actuellement, il n’existe seulement dans le monde qu’environ 100 personnes capable de lire et d’écrire couramment le nôm alors que plus de 90% des écrits en nôm ne sont pas encore traduits en quôc ngu (écriture romanisée du vietnamien). Une partie importante de ce patrimoine se trouve dispersée sous forme de livres, panneaux transversaux, sentences parallèles, stèles, cloches… Il importe d’enseigner aux jeunes générations le nôm et de le traduire en quôc ngu. Cela aidera non seulement à améliorer les connaissances sur nos ancêtres mais encore à enrichir le trésor culturel mondial.

                    Texte et photos: Tuân Long et Thanh Dat

                  • #17054

                    Le Taberd et les idéogrammes vietnamiens nôm

                    Deux cents ans après sa naissance, le Dictinarium anamatico-latinum (Nam Viêt Duong hiêp Tu Vi), rédigé par l’évêque français A. L. Taberd et publié en 1838 au Bengale (Inde britannique), a connu une résurrection au Vietnam en 2004. Le Centre d’études de la culture nationale a réimprimé pour la première fois cet ouvrage monumental. Événement éditorial passé inaperçu du grand public.
                    Pour apprécier cette oeuvre à sa juste valeur, il faut comprendre ce que représentent les idéogrammes nôm et la littérature nôm pour la culture vietnamienne.
                    Toute nation consciente de son identité s’efforce de préserver et de développer sa culture et sa langue dont l’instrument par excellence est l’écriture.
                    La nation vietnamienne s’est formée il a y a trois milles ans dans le bassin du fleuve Rouge avec la brillante culture de Dông Son de l’âge du bronze. Le pays a été ensuite occupé par les Chinois de 179 av.J.-C. à 938 apr.J.-C. Pendant une lutte millénaire pour reconquérir leur indépendance, les Vietnamiens ont affirmé et aiguisé leur conscience nationale en soulignant la différence entre leur pays du Sud (Vietnam) et le pays du Nord (Chine) et en montrant que rien de ce qui faisait la grandeur du Nord ne manquait au Sud :
                    « Sur les monts et les fleuves du Sud règne l’empereur du Sud.
                    « Ainsi en a décidé à jamais le Livre du Ciel.
                    (Poème du général Ly Thuong Kiêt au 11e siècle)
                    « Notre Patrie, le Grand Viêt, depuis toujours
                    Était terre de culture.
                    « Terre du Sud, elle a ses fleuves, ses montagnes,
                    « Ses m½urs, ses coutumes distincts de ceux du Nord »
                    (Nguyên Trai – Stratège et poète, 15e siècle)
                    Depuis la reconquête de l’indépendance nationale (938), jusqu’à l’occupation française à la fin du 19e siècle, les idéogrammes chinois Hán ont continué à servir de véhicule linguistique. Mais le besoin s’était fait sentir de créer une écriture indépendante, capable de transcrire phonétiquement la langue vietnamienne pour exprimer directement les idées et sentiments sans passer le Hán. De là, la création de l’écriture nôm idéographique: on assemblait 2 caractères chinois pour en faire un élément phonétique et un élément idéographique d’un idéogramme vietnamien; ou bien on prenait des idéogrammes chinois tels quels, mais les prononçait à la manière vietnamienne. Comme les vocables vietnamiens et chinois ne présentant pas toujours les mêmes particularités phonétiques, le nôm manque parfois de précision, le même caractère peut se prêter à des interprétations différentes. D’autant plus qu’aucun organisme académique de la cour ne songeait à codifier le nôm, seuls les idéogrammes chinois étant considérés comme officiels.
                    Les écritures du Japon et de la Corée, pays apparentés à la culture chinoise comme le Vietnam, sont plus simples et plus précises que le nôm, parce qu’elles sont codifiées rigoureusement et ne prennent aux idéogrammes chinois que des traits qu’on combine pour transcrire des sons et des syllabes en laissant de côté l’aspect sémantique.
                    Malgré ses quelques imperfections, le nôm joue un rôle fondamental dans la préservation et le développement de la littérature en langue nationale. Sans lui, comment Nguyên Du (1765 – 1820) aurait-il pu léguer à la postérité son roman en vers Kiêu, chef-d’½uvre national incontesté ? Sans parler d’autres joyaux façonnés par l’humaniste Nguyên Trai, le philosophe Nguyên Binh Khiêm, la poétesse Hô Xuân Huong, le poète rebelle Cao Bá Quát… Sans parler d’une riche littérature populaire qui se développait parallèlement à la littérature savante en Hán. La littérature vietnamienne se serait réduite à des oeuvres, nationales certes, mais en langue et écriture chinoises ! Le premier texte nôm date du 14e siècle, mais la création et l’usage de ces idéogrammes vietnamiens devaient remonter plus loin. Ce n’est qu’au 20e siècle que le quôc ngu, écriture romanisée, a pris la relève du nôm en tant que support et agent propulseur de la culture et de la langue nationales.
                    Si l’on reconnaît le mérite du nôm, on ne peut que rendre hommage à ses partisans, et à ses défenseurs parmi lesquels on ne pourrait oublier Taberd.
                    A. L. Taberd (1794 – 1840) est né à Saint-Étienne. Ordonné prête, il exerça son ministère en Cochinchine et à Huê. Nommé évêque en 1827, il dut chercher refuge au Siam pour éviter les persécutions. Il se fixa définitivement au Bengale (Inde britannique) et y mourut. Avant Taberd, l’évêque d’Adreur, Pigneau de Béhaine, conseiller de Nguyên Anh (empereur Gia Long) avait entrepris la rédaction d’un dictionnaire annamite (nôm et quôc ngu),- latin. Le manuscrit inachevé avait été brûlé dans l’incendie du Séminaire de la Mission à Cà Mau. Se basant sur une copie du manuscrit, A.L. Taberd a rédigé le Dictionnaire au Bengale que nous réimprimons aujourd’hui.
                    Huu Ngoc
                    ( 05/02/06 )

                  • #18245

                    Bonsoir,

                    L’image de vos tablettes est trop petite (102 X 167) pour que l’on puisse bien distinguer les idéogrammes.
                    Il me semble bien que l’idéogramme du milieu de la tablette de gauche est : 古 (cổ) = ancien
                    Celui du milieu de la tablette au centre est : 寺 (tự) = pagode

                    Par ailleurs vous avez d’excellents dictionnaires Hán ou Nôm sur le NET

                  • #18268
                    mike
                    Modérateur

                      :bienvenue: Léon,

                      Léon wrote:
                      L’image de vos tablettes est trop petite (102 X 167) pour que l’on puisse bien distinguer les idéogrammes.

                      il faut cliquer dessus pour agrandir l’image.. ;D

                      Léon wrote:
                      Par ailleurs vous avez d’excellents dictionnaires Hán ou Nôm sur le NET

                      aurais tu des liens à nous conseiller ? :icon40:

                    • #18293

                      Bonjour Mike,

                      :thanks: C’est plus visible en grand…

                      Bien que certains idéogrammes soient quelque peu stylisés, c’est bien du chinois et pas du Nôm.

                      Grâce au dictionnaire Thiều Chửu j’ai pu retrouver, non sans mal, les sens des inscriptions.

                      Tablette de gauche:

                      (độc) = Lire, prononcer
                      (cổ) = Ancien
                      (thư ) = Livre, écrit

                      sens global = (Il faut) lire les livres anciens

                      Il me semble que c’est une maxime ou un conseil…

                      Tablette du centre:

                      (lưu) = Laisser, garder, retenir
                      (kì) = Admirable, extraordinaire, hors du commun, merveilleux
                      (kí) = Confier, transmettre, envoyer une lettre

                      J’avoue être perplexe pour le 3ème mot, il me semble qu’il y ait eu erreur et que le vrai mot est un homophone (même prononciation )
                      = Noter, histoire, mémoire, recueil d’histoires

                      Le sens général serait : (Il faut) garder les recueils d’histoires extraordinaires.

                      Tablette de droite :

                      (mặc) = couleur noire, encre de chine
                      (diệu) = admirable, habile, mystérieux, rare

                      Ici « encre de chine » désigne par métonymie des écrits.
                      Normalement la syntaxe chinoise exige que l’adjectif soit toujours placé devant le substantif.
                      Mais ici les 2 termes forment une proposition où le verbe « être » est élidé :

                      Les écrits (sont) admirables

                      Voici quelques dictionnaires que j’utilise:

                      Chinois:
                      Thiều Chửu http://www.viethoc.org/hannom/tdtc_online.php

                      Nôm:
                      http://www.nomfoundation.org/nomdb/lookup.php
                      http://sager-pc.cs.nyu.edu/vnpf/giupdoc/giupdoc.php

                      Viêtnamien et sino-viêtnamien
                      http://www.informatik.uni-leipzig.de/~duc/Dict/
                      http://129.78.64.1/~cdao/tudien/cdtd-mucluc.htm
                      http://vdict.com/

                      Amicalement
                      Léon

                    • #18373
                      mike
                      Modérateur

                        Bonjour Léon,

                        Sympa les traductions. ;D

                        merci pour les liens

                      • #23603

                        Merci, Léon sympa la traduction.

                        Cordialement

                        Jean-Paul

                      • #54672

                        Je suis un peu désespérée personne n’arrive à me répondre… je recherche la traduction du mot dragon et respect en nôm, j’ai trouvé cette traduction je voudrais quelqu’un qui me confirme si c’est bien la bonne traduction :
                        dragon :


                        respect :

                      • #113787

                        Où es-tu Léon SVP ?

                        Allez, un p’tit coup de nôm !!!

                      • #113826
                        asiate7536;106397 wrote:
                        Je suis un peu désespérée personne n’arrive à me répondre… je recherche la traduction du mot dragon et respect en nôm, j’ai trouvé cette traduction je voudrais quelqu’un qui me confirme si c’est bien la bonne traduction :
                        dragon :


                        respect :



                        Bonjour Asiate7536 :bye:
                        Voici un petit dictionnaire pour traduire les mots vietnamiens en Nôm :

                        TIỂU TỪ ĐIỂN CHỮ NÔM

                        Pour traduire le mot Dragon, taper « rồng« 

                        Pour traduire le mot Respect, taper « kính » (comme « kính nể », »tôn kính »)

                        NVTL

                      • #54673

                        Merci NVTL,
                        J’ai trouvé mon prénom dans ton dictionnaire :).
                        hn31179.pnghn38642.png

                      • #113841
                        vanvanvan;106467 wrote:
                        Merci NVTL,
                        J’ai trouvé mon prénom dans ton dictionnaire :).
                        hn31179.pnghn38642.png

                        Et ça veut dire quoi ? :bigsmile::bigsmile:
                        NVTL :bye:

                      • #54674

                        Thu Vân = Nuages d’Automne :).

                      • #113844
                        vanvanvan;106481 wrote:
                        Thu Vân = Nuages d’Automne :).

                        Très jolie prénom, merci VVV…
                        Mais pourquoi Vanvanvan… ?
                        car il y a 3 nuages (Tam Vân) ? :bigsmile:
                        NVTL

                      • #113845
                        NoiVongTayLon;106459 wrote:
                        Bonjour Asiate7536 :bye:
                        Voici un petit dictionnaire pour traduire les mots vietnamiens en Nôm :

                        TIỂU TỪ ĐIỂN CHỮ NÔM

                        Pour traduire le mot Dragon, taper « rồng« 

                        Pour traduire le mot Respect, taper « kính » (comme « kính nể », »tôn kính »)

                        NVTL

                        merci NVTL!

                      • #54675

                        Merci NVTL c’est ma mère qui l’a trouvé pour moi :).
                        Au début je voulais prendre « vanvan » mais ce pseudo a déjà pris par quelqu’un d’autre du coup j’étais obligée d’ajouter un troisième « van », c’est si simple que ça :D.

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