Domitille : “Je suis folle de mes enfants, des petits Vietnamiens adoptés”
Installés à la Réunion depuis 2007, Domitille et Jean-Sébastien sont parents de deux adorables enfants, un garçon et une fille respectivement âgés de 10 et 6 ans. Ils forment une famille unie et… colorée. Oui, leurs deux petits sont des enfants adoptés qui ont vu le jour au Vietnam. La peau mate, les yeux bridés, ils ont été accueillis par ce couple de métropolitains de type caucasien, quelques jours après sa naissance pour l’un et quelques mois pour l’autre. “Ne pouvant avoir d’enfants, malgré plusieurs tentatives de procréation assistée, mon mari et moi avons décidé de nous tourner vers l’adoption, raconte Domitille. La démarche a été longue, éprouvante… Mais lorsque j’ai posé les yeux sur mon fils Victor pour la première fois, j’ai senti au plus profond de moi-même que je ne pourrais plus jamais me séparer de lui. C’était viscéral. Quelques années plus tard, l’émotion a été aussi intense avec l’arrivée de notre fille Faustin. Ils ne sont pas sortis de mon ventre, mais je peux vous assurer que je ne les aurais pas aimés davantage s’ils avaient été mes enfants biologiques. Comme toutes les autres mamans, je suis folle de mes enfants et je ferais n’importe quoi pour les rendre heureux”.
L’adolescence, un cap difficile
Domitille en est persuadée, ces enfants leur étaient destinés. C’est son cœur de maman qui le lui dit : “Ils ne nous ressemblent pas physiquement, mais ils ont notre caractère. Victor est comme son père, calme, posé. Faustin me ressemble davantage, c’est une fonceuse. Je veux bien croire que les enfants reproduisent ce qu’ils voient chez leurs parents, mais l’éducation ne fait pas tout. Elle ne détermine pas les caractères. Et nous quatre, nous nous sommes bien trouvés”. Au sein de cette famille ouverte au dialogue, l’adoption n’a jamais été un sujet tabou. Sans forcer la conversation, Domitille et son mari restent à leur écoute pour tenter de répondre au mieux à leurs questions. Car malgré leur jeune âge, Victor et Faustin s’interrogent sur leurs origines et le pays qui les a vus naître. “Je leur explique que des dames les ont mises au monde au Vietnam et que par amour pour eux, elles ont préféré leur offrir l’adoption et ainsi leur donner une vie qu’ils n’auraient pas pu avoir en restant auprès d’elles, confie Domitille. Je ne connais pas ces femmes, mais j’ai un profond respect pour elles, car sans elles, je n’aurais jamais pu être mère moi-même. Je ne peux pas imaginer une femme abandonner son enfant sans en être anéantie. Elles ont fait le sacrifice ultime pour le bien-être de ces petits et j’en suis infiniment touchée. Quand mon Victor et ma Faustin fêtent leur anniversaire, ou quand nous passons Noël en famille, j’ai toujours une pensée pour ces femmes qui m’ont chacune fait cadeau d’une vie. Un lien invisible me lie à elles, je me dis qu’au même moment elles doivent forcément penser à ces deux enfants qu’elles ont un jour abandonnés. En revanche, il est essentiel que mes enfants fassent la distinction entre leurs mères biologiques et moi. Leur maman, leur vraie, c’est moi et personne d’autre”. Enfants choyés, Victor et Faustin mènent une vie équilibrée. Pourtant, avec son mari, Domitille s’interroge sur leur avenir. Ils en ont conscience : l’adolescence peut être un cap difficile à franchir pour des jeunes en quête de leur identité. Davantage lorsqu’ils sont issus de l’adoption. “Aucun jeune n’échappe à la crise d’adolescence, qu’il soit enfant biologique ou adopté, assure Domitille. Je ne peux pas savoir à l’avance comment mes enfants réagiront à l’adolescence, mais je suis persuadée que l’amour que nous nous donnons les uns aux autres ne se perdra pas”. La maman n’exclut pas non plus la possibilité de voir un jour ses enfants se lancer sur les traces de leurs parents biologiques. “Même si ça me touche profondément, je n’irais pas à l’encontre de leur projet, jure-t-elle. Je serais bien plus triste d’apprendre qu’ils se sont lancés dans cette démarche sans m’en parler. J’ignore si je serais un jour capable de rencontrer les femmes qui ont porté mes deux enfants. De plus, j’ai peur que mes enfants ne se fassent trop d’illusions et souffrent. Mais quoi qu’ils décident de faire, je voudrais toujours être présente à leurs côtés”.
Source : clicanoo.com (05/06/09)