Un tiers de moins d'adoptions internationales cette année. Le phénomène est mondial. Mais la France a aussi sa part de responsabilité.
Repères
Pourquoi y a-t-il moins d'enfants à adopter ?
Parce que plus de 80 pays ont ratifié la Convention de La Haye de 1993. Celle-ci incite les gouvernements à rechercher des parents adoptifs dans leur propre pays. En France, où 26 000 familles adoptives sont agréées, cela se traduit par un tiers de moins d'adoptions. « Exemple : le Vietnam nous a demandé de ne plus envoyer de demandes d'enfants, à partir de février 2010. Les adoptions réalisées sont des projets déposés auparavant », rappelle Édith Sudre, adjointe à l'ambassadeur chargé de l'adoption internationale, au ministère des Affaires étrangères. S'y ajoutent les situations géopolitiques comme en Haïti ou en Côte d'Ivoire. « L'instabilité ou la désorganisation ont gelé les projets. »
Tous les pays sont-ils touchés de la même manière ?
Les États-Unis, premier pays adoptant, le sont. L'Italie, le deuxième, l'est moins. Explication : les pays d'origine demandent des interlocuteurs uniques et professionnels. Or, en France, hormis l'Agence française de l'adoption (Afa), structure publique, « ce sont surtout des associations qui accompagnent les parents adoptants », pointe un spécialiste de ces questions, qui parle officieusement. « Mais nous y travaillons : il existe 34 associations, observe le ministère. Il y en avait 42, il y a quelques années. »
Qu'en est-il de la coopération ?
À la différence d'autres États, la France ne proposait pas de programmes de coopération avec les pays d'origine. « Cela change, depuis deux ans, nous disposons d'un budget de 900 000 € », insiste Édith Sudre. Actions menées : « Formation juridique de magistrats, actions éducatives dans les orphelinats... »
Cette situation peut-elle évoluer ?
Oui mais... Les pays laisseront surtout sortir des enfants à particularités : « Des enfants âgés de plus de 5 ans, des fratries de deux ou trois enfants ; des enfants malades ou affectés de malformations », ajoute Édith Sudre. Cela peut être des cardiopathies, des handicaps de type cécité ou surdité, des infections par le HIV ou les hépatites.
Et l'adoption d'enfants français ?
Pas de difficultés pour les 600 à 700 enfants nés sous X chaque année. Pour les enfants délaissés ou maltraités par leurs familles, c'est très différent. « Les services sociaux des conseils généraux tardent parfois à transmettre les dossiers aux juges, confie-t-on toujours officieusement. Et les juges peinent quelquefois à reconnaître la situation d'abandon. » Michèle Tabarot, députée UMP des Alpes-Maritimes, propose de ramener le délai de délaissement à partir duquel le dossier doit être instruit d'un an à six mois. Davantage d'enfants pourraient être reconnus pupilles de l'État et donc devenir adoptables.
Philippe Simon Ouest France 03 12 2011