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"Le Vietnam n'est plus un pays d'avenir"
Après des années de retard, le Vietnam vient d'entrer dans la mondialisation. Aujourd'hui sa croissance est vigoureuse et il est devenu un dragon asiatique.
Le Vietnam a longtemps été un pays d'avenir, offrant plus de promesses que de satisfactions. Cela est en train de changer. Il est entré à son tour dans la farandole des dragons asiatiques. Un signe qui ne trompe pas, les investissements directs étrangers explosent : 15 milliards de dollars en 2007, supérieurs aux scores de l'Inde ! Le pays avait connu dans les années 1990 un faux départ. L'ouverture enclenchée par la politique du «Doï Moï» (1986) avait très vite tourné court : raideur politique, bureaucratie rédhibitoire à l'encontre des entreprises étrangères, puis crise financière de 1997, grippe aviaire en 2003... Depuis 2004, l'ouverture est concrète, même si elle est au départ symbolique: en 2004, Hanoi accueille le sommet de l'Asem (dialogue Europe-Asie), puis celui de l'Asia-Pacific Economic Cooperation (Apec) en 2006, le Congrès américain vote le statut de «relations commerciales normales et permanentes» (PNTR), et le Vietnam entre dans l'OMC le 11 janvier 2007.
Pendant ce temps, la croissance du PIB reste vigoureuse, au-delà de 8%, même s'il s'agit d'une économie très modeste, avec un PIB de 70 milliards de dollars en 2007, pour une population de 86 millions d'habitants. Mais ce chiffre ne reflète qu'une partie des ressources réelles du pays: devraient y être ajoutés les recettes de l'économie parallèle (30%du PIB) et les 5 milliards de dollars envoyés par les Viêt kieu (Vietnamiens de la diaspora). Le PIB par habitant de 700 dollars est probablement sous-estimé. Dans les embouteillages urbains, il est fréquent de croiser des BMW et autres voitures à 50000 dollars. A Ho Chi Minh-Ville, les Gucci et autres Prada parsèment l'avenue Dong Khoi, et Louis Vuitton a réalisé, le jour de son ouverture, ses meilleures ventes de toute l'Asie ! Le secteur immobilier a aussi connu un essor fulgurant ces dernières années. Dans le centre d'Ho Chi Minh-Ville, le prix du mètre carré est comparable à celui de certains arrondissements parisiens, jusqu'à 22000 dollars !
Les investisseurs étrangers arrivent en masse, le double d'il y a deux ans, mais ce ne sont pas des Européens, encore moins des Français. Les voisins asiatiques (Corée, Singapour, Taïwan, Hongkong, Chine) se taillent la part du lion, surtout pour l'outsourcing. Le salaire ouvrier n'est encore que de 1 dollar par jour. Célèbre pour ses exportations de vêtements et de chaussures, le Vietnam devient également une cible pour l'électronique. Le groupe Intel a annoncé plus de 300 milliards de dollars d'investissement pour une nouvelle usine de microprocesseurs. L'entreprise japonaise Canon possède trois usines d'imprimantes pour l'export. Et le mouvement ne fait que commencer.
Les écueils administratifs s'assouplissent lentement, encore plombés par une administration pyramidale méfiante (héritière du communisme de guerre) et par les interférences politiques locales vivaces des «comités populaires ». Certains grands projets attendent souvent trois ou quatre ans avant d'obtenir une réponse de l'administration. La faiblesse des infrastructures est un lourd handicap: routes, ports, ponts, centrales et réseaux électriques, etc., tout manque. Les projets pour les prochaines années sont très ambitieux, d'un montant global de 73 milliards de dollars. La trésorerie fait défaut mais le Vietnam compte beaucoup sur l'aide publique au développement des bailleurs de fonds internationaux, ce que ne dément pas l'Agence française de développement, qui vient de s'engager fortement sur le métro de Hanoi.
Les atouts du Vietnam équilibrent ses faiblesses : une population jeune, assoiffée de connaissances, endurante; une main-d'oeuvre peu chère ; un marché domestique dynamique de plus en plus rentable... et aujourd'hui une véritable volonté d'ouverture.
Source : J. Gravereau (usinenouvelle) 10/01/2008