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Discussion: quelque 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên

  1. #1
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de Bao Nhân
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    Par défaut quelque 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên

    Bonsoir à tous,

    Je viens de tomber sur cet article que je trouve très intéressant, et du coup je pense qu'il serait utile pour ceux qui sont tentés par ce genre d'aventure de le lire afin de pouvoir éviter plus ou moins les surpris qui puissent s'inviter au cours de leur épopée.

    Bonne lecture.

    Récit du voyage de Gérard et Tuân : quelque 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên




    Gérard Bonnafont est un pédopsychiatre et sociologue français. Installé au Vietnam depuis 3 ans, il peut dire qu'il connaît, sur le bout de la roue de sa moto, tous les environs de Hanoi, Hai Phong, Ha Long, Ninh Binh, et jusqu'à Tam Dao, parcourant en tout sens les routes ignorées des touristes, découvrant sans cesse de nouveaux villages, de nouveaux paysages, témoin de milles scènes de la vie quotidienne des Vietnamiens… C'est d'ailleurs comme cela qu'il a appris à manier l'humour vietnamien, toujours à double sens, et qui n'a rien à envier aux légendaires gauloiseries françaises ! Désireux de mieux comprendre ce pays, de le prendre à cœur et à corps dans sa diversité, il a décidé de le découvrir en profondeur du Nord au Sud, par un périple en moto (avec un ami, Tuân) de 12 jours et 2.500 km, à travers le Vietnam.
    Le Courrier du Vietnam vous présente un récit-feuilleton de ce voyage à la rencontre de notre pays, de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, en passant par les hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên).


    Première étape : Hanoi-Ninh Binh
    Le 20 juillet 2007. Les 400 premiers kilomètres ne nous paraissant pas présenter un intérêt majeur, d'autant plus que nous les avions déjà parcourus en voiture l'an dernier, nous avions décidé de prendre le train de nuit qui doit nous conduire à Vinh (Centre), d'où nous repartirions en moto. Le 20 juillet, à 19h30, sous une pluie battante, nous nous présentons à la gare de Hanoi pour mettre nos motos en bagages accompagnés dans le train. Opération que Tuân doit prendre en charge, tandis que j'attends, surveillant nos sacs de voyage au milieu de la cohue et du tohu-bohu de la gare-capitale.


    Encore une fois, je peux vérifier la différence qui existe entre le chaos et le désordre ! Dans le désordre, tout est inorganisé, il n'y a que confusion et bousculade pour n'aboutir à aucun résultat. Dans le chaos, il y a mouvement permanent, réorganisation constante des interactions entre chaque élément et le tout, pour, dans une sorte de fluidité inconstante, parvenir à atteindre un but. Et, à nouveau, je constate que les Vietnamiens sont experts en gestion du chaos. Les gens vont et viennent, se croisent, se faufilent, se hèlent, s'impatientent… Des mères disputent leur enfant qui ne va pas assez vite. Des enfants pleurent parce que les parents vont trop vite. Des maris, lourdement chargés d'un téléphone portable, houspillent leurs épouses qui traînent, alors qu'elles n'ont qu'à porter sacs et dernier-né ! Des retardataires sprintent in-extrémis, dégoulinants de pluie et de sueur. Et malheur à toute personne qui paraît hésitante, elle est aussitôt agrippée par des chauffeurs de taxi ou des xe ôm en quête d'une course profitable. Rajoutons à cette fresque, quelques vendeuses à la sauvette qui proposent dans un sabir anglo-vietnamien nourriture et souvenirs, quelques personnages cherchant manifestement à éviter les policiers présents, et qui proposent des produits beaucoup plus troubles ! Enfin, au milieu de toute cette foule, des employés impavides qui distribuent aux égarés des renseignements comme on donne une aumône à un miséreux… Et pourtant, dans toute cette confusion, les trains et leurs passagers partiront à l'heure… Enfin, presque tous !

    Départ inattendu !
    En effet, Tuân revient vers moi, le sourire aux lèvres et m'annonce qu'il pensait que les motos pourraient partir avec nous à Vinh, mais qu'en fait cela est impossible, car le trajet est trop court et le train ne prend pas les motos en bagages accompagnés ! Et là, je vérifie, une fois encore, la différence essentielle entre l'esprit vietnamien et l'esprit français : le Français vouerait aux pires gémonies ces fonctionnaires qui n'ont rien d'autres choses à faire que d'ennuyer leurs concitoyens, il vilipenderait son ami en lui disant qu'il aurait pu s'en rendre compte avant, il se désespèrerait de ne pouvoir partir à temps et imaginerait son projet tomber à l'eau. Le Vietnamien reste calme au milieu de la tempête, il considère que cet imprévu n'est qu'un incident de parcours et prend en main son destin en décidant que le trajet se fera en moto, puisqu'il ne peut se faire en train… Et qu'importe qu'il soit 20h30, qu'il fasse nuit, que la route soit encore détrempée par la pluie, et que Vinh soit à 290 km de Hanoi ! Un Français cartésien verrait sans doute de l'inconscience, là où un Vietnamien confucianiste voit de l'adaptation à son environnement. Ce qui, reconnaissons-le, est une grande qualité, très utile notamment dans les périodes tourmentées ! Ceci étant, il y a des limites, même à l'adaptation ! Je négocie donc un trajet jusqu'à Ninh Binh et propose de rattraper notre retard sur le programme prévu, le lendemain ! Proposition acceptée, bagages arrimés sur les motos, casques vissés sur la tête, nous prenons la direction de Ninh Binh… Je me dirige tout naturellement vers la voie rapide, mais Tuân m'en dissuade de ces simples mots : "Non, pas la voie rapide, il y a des clous, la nuit ! On prend l'ancienne route !". Je viens d'apprendre 2 règles de la vie nocturne vietnamienne : premièrement, la vente de chambres à air augmente notablement à la nuit tombée, et deuxièmement, les malfrats locaux ont une pratique ingénieuse pour racketter les voyageurs ! Donc va pour la route classique qui n'en est pas moins redoutable !


    En effet, malgré les consignes officielles en matière de sécurité routière, malgré les campagnes d'infor- mation télévisuelles, malgré les efforts éducatifs accomplis auprès des écoliers, les Vietnamiens continuent, en grande partie, à ignorer l'usage des phares, à confondre la droite et la gauche, à oublier que leurs motos sont équipées de clignotants… En outre, la cohabitation routière entre piétons, vélos, motos, autos, camions et bus, déjà périlleuse en plein jour, devient véritablement suicidaire en pleine nuit. La vue est mise à rude épreuve. En effet, il faut anticiper sur les nombreux nids de poule (que Tuân nomme "nids d'éléphants !") qui parsèment la route, discerner dans la nuit les ombres mouvantes des cyclistes égarés au milieu de la chaussée, éviter l'aveuglement des pleins phares de voitures surgissant à toute allure… Heureusement, la nuit camions et bus sont rares, et la lumière des phares nous prévient de l'arrivée de motos par les voies transversales.

    Route de nuit...
    La pluie a cessé depuis longtemps, la température est douce, et le vent de la vitesse nous rafraîchit. Thuong Tín, Phú Xuyên…, les villages défilent dans l'obscurité. Lumières scintillantes dans le lointain, kaléidoscope de halos de lumières devant les maisons, auréoles de lumière des lampadaires isolés… Parfois une bourgade ou une ville plus importante, encore animée d'une vie intense ; arrêt à un feu rouge, regards étonnés de voir un nguoi nuoc ngoài dehors, en moto à cette heure-là ; des sourires, des hellos, et nous repartons… Nous traversons une petite ville où vient de s'achever une représentation d'un festival de l'humour ! Encombrements de motos, familles qui rentrent chez elles, musique des haut-parleurs : il y a une vie au Vietnam, après le jour ! Passé Phu Ly, la campagne s'endort, et nous sommes de plus en plus seuls sur la route. Nous reprenons la voie rapide… où bizarrement il n'y a plus de risques de clous ! Serait-ce parce que nous sommes dans le quê (pays natal) de Tuân ? Il est déjà 11h00, et la fatigue se fait sentir. Mes yeux pleurent en permanence, car j'ai commis l'erreur fatale de n'avoir mis ni lunettes, ni visière et, je reçois en vrac, sur ma fragile cornée, insectes, poussière et vent. Difficile d'apprécier à sa juste valeur cette promenade nocturne !


    Enfin, les lumières de Ninh Binh à l'horizon… En rentrant dans la ville, nous rattrapons une moto : les passagers sont des amis de Tuân, qui travaillent dans un hôtel de Ninh Binh ! Je m'apercevrai tout au long du voyage que, même s'il n'a jamais quitté le périmètre du delta du fleuve Rouge, Tuân a des amis partout dans le Vietnam ! Ce qui nous a bien souvent, rendu service !

    Nous arrivons à l'hôtel : motos à l'abri, bagages déchargés, pièces d'identité produites, il est 11h45 ! La chambre est fraîche, le lit moelleux, la douche bienvenue, mes yeux sont rouges comme ceux d'un lapin russe. Nous avons fait 90 km depuis Hanoi ! Demain, lever à 04h00 pour une étape de 400 km : Ninh Binh-Dông Hoi ! Bonne nuit…
    (à suivre)


    Gérard BONNAFONT/CVN
    (02/09/07)
    Source : http://lecourrier.vnagency.com.vn/de...REPLY_ID=46548
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  3. #2
    Nouveau Viêt Avatar de hkasia
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    lut,


    je n'aime pas ce recit, il raconte de maniere negative meme si c'est un peu vrai^^. Et oui, je suis encore la.

  4. #3
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    Salut Bao Nhân A la lecture de l'article,(tres intéressant et instructif) je voue aux gémonies ceux qui viennent me raconter que les étrangers au vietnam doivent nécessairement emprunter des circuits officiels, disons touristiques pour ne pas toucher du doigt le vietnam profond, celui de la campagne et des gens simples. Et que la police est partout présente pour rappeler a l'ordre le touriste égaré. Mais la!!!, je vois que notre motard n'a pas eu besoin d'un permis de circuler pour décider de faire son chemin, ici et tout de suite, par la route sans autre forme de demande officielle de quelque autorité que ce soit. Et il arrive a bon port (du moins en me référant la ou l'article s'arrête). Je suis heureux de constater qu'on peut circuler librement dans le pays sans être inquiété.

    Mais par contre, le coup des clous sur la route, elle est bien belle celle la!! pour se faire acheter ses chambres a air!! comme quoi, l'on a toujours besoin d'un guide sérieux, voire d'un ami pour trouver son chemin.:kimouss:j'attends la suite avec impatience!!! on apprend de ces choses qui peuvent vraiment nous faciliter la vie une fois arrivée la bas.

  5. #4
    Passionné du Việt Nam Avatar de BEBE
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    Il n'y a aucune negativite dans ce recit Khasia. Enfin c'est mon avis!!! ou alors dis moi un peu ce qui te gene dans le texte

  6. #5
    Amoureux du Viêt-Nam Avatar de guillaume67
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    Citation Envoyé par BEBE Voir le message
    Il n'y a aucune negativite dans ce recit Khasia. Enfin c'est mon avis!!! ou alors dis moi un peu ce qui te gene dans le texte
    moi, j'aime bien ! bien qu'il soit un peu allumé à mes yeux ce frenchi !!!

    je suis d'accord avec BEBE, c'est un récit "épique", l'auteur ne mâche pas ses mots, mais ça reste la pure vérité... sans vision négative

  7. #6
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de robin des bois
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    Citation Envoyé par BEBE Voir le message
    Salut Bao Nhân A la lecture de l'article,(tres intéressant et instructif) je voue aux gémonies ceux qui viennent me raconter que les étrangers au vietnam doivent nécessairement emprunter des circuits officiels, disons touristiques pour ne pas toucher du doigt le vietnam profond, celui de la campagne et des gens simples. Et que la police est partout présente pour rappeler a l'ordre le touriste égaré. Mais la!!!, je vois que notre motard n'a pas eu besoin d'un permis de circuler pour décider de faire son chemin, ici et tout de suite, par la route sans autre forme de demande officielle de quelque autorité que ce soit. Et il arrive a bon port (du moins en me référant la ou l'article s'arrête). Je suis heureux de constater qu'on peut circuler librement dans le pays sans être inquiété.

    .
    Heu je pense que " l' approche de la vérité se trouve probablement au milieu du chemin!!!".
    D'une part, le narrarteur est visiblement un "résident" (depuis 3 ans ai-je cru lire!!!).. et je pense qu"effectivement -à titre individuel .. et s'il n' a pas les 2 pieds dans le même sabot...il doit pouvoir voir des choses..
    Ceci dit, celà ne résoud pas le problème des " visa touristes", se déplaçant par cars entiers (petits ou grands) .. ou montrant un intérêt manifeste pour certaines ethnies ou certaines régions du Vietnam..
    Etc etc...

  8. #7
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de DédéHeo
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    Citation Envoyé par BEBE Voir le message
    je vois que notre motard n'a pas eu besoin d'un permis de circuler pour décider de faire son chemin, ici et tout de suite, par la route sans autre forme de demande officielle de quelque autorité que ce soit. Et il arrive a bon port (du moins en me référant la ou l'article s'arrête). Je suis heureux de constater qu'on peut circuler librement dans le pays sans être inquiété.
    Salut Bebe, Ne t'emballe pas trop vite, cette 1ere étape représente 150 km sur la nationale 1 et son autoroute ; c'est pas encore les petites routes 670 et 671 dans la province de Gia Lai- Plei Ku !
    ceci n'est pas une pipe
    Peut envoyer des images dans les signatures : Non

  9. #8
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de Bao Nhân
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    Citation Envoyé par BEBE Voir le message
    Mais par contre, le coup des clous sur la route, elle est bien belle celle la!! pour se faire acheter ses chambres a air!! comme quoi, l'on a toujours besoin.
    Cela prouve bien qu'en temps de paix, l'art de la guerre peut aussi être utilisé dans d'autres domaines, et pourquoi pas dans le commerce.
    Bảo Nhân : fascination, impression and passion

  10. #9
    Nouveau Viêt Avatar de hkasia
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    re,


    bebe ben c'est la facon comment il decrit son voyage que j'apprecie pas. Mais guillaume a compris ce que je voulais dire, je crois.


    bref, j'ai vite oublier, depart demain matin a + tous le monde. Et merci a tous de m'avoir aider et repondu a mes questions.

  11. #10
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de Bao Nhân
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    Deuxième étape : Ninh Binh-porte de l'Annam

    Le 21 juillet. À 04h30. Nous effectuons une opération essentielle qui se renouvellera souvent lors de notre voyage : arrimer les bagages sur les motos et vérifier que l'équilibre est respecté pour éviter de perdre le contrôle de la moto à cause d'un sac qui souhaiterait s'échapper en cours de route, mais qu'un tendeur, resté fidèle, continuerait à traîner derrière la machine ! Mésaventure qui m'arrive à la sortie de Ninh Binh, en sautant sur un trou que l'obscurité de la nuit m'empêche d'anticiper ! Je sens brusquement un poids mort à l'arrière m'entraîner du côté gauche, alors que je veux aller du côté droit. Coup d'œil dans le rétroviseur : mon sac, ce matin, a envie de voyager, non pas derrière-moi, mais à côté de moi ! Je hèle Tuân qui me précède. On s'arrête et remet en place le récalcitrant, en s'assurant qu'il ne récidivera pas. Sous la lueur des étoiles faiblissantes et de l'aurore naissante, nous repartons bonne roue, bon œil, en direction du col de Dèo Ngang - la porte de l'Annam -, à 300 km de là !


    Coup de frais, coup de chaud !
    Les motos ronronnent. De chaque côté de la route, le paysage déploie les rizières vertes, tendres. Hormis quelques canards qui battent des ailes en nous voyant passer et un ou 2 bœufs matinaux qui s'étonnent de voir des humains sur la route à cette heure là, nous sommes seuls sur le ruban de bitume. La fraîcheur de l'aube est vivifiante, et dans le lointain, les rochers karstiques qui signalent Tam Côc - la baie de Ha Long terrestre - rosissent sous le soleil levant. Cette tranquillité ne durera pas longtemps ! Pour l'instant, notre estomac nous signale que voyager le ventre creux n'est pas conseillé, et nous nous arrêtons à Tam Diêp, juste devant une gargote qui vient de mettre ses tables sur le trottoir. Qu'il est bon ce premier pho bò (soupe au bœuf) de la journée ! Qu'elle est sympa cette dame qui, émue de voir que nous venons de Hanoi en moto, nous sert double ration et nous offre une orange pour le même prix ! Jamais, au cours de ce voyage, la gentillesse et l'hospitalité des Vietnamiens ne se démentiront ! Il faut dire qu'un Vietnamien qui parle français et un Français qui parle vietnamien voyageant en moto depuis Hanoi jusqu'à Hô Chi Minh-Ville, c'est un peu comme une espèce en voie de disparition qu'on a envie de protéger ! No nê, c'est-à-dire rassasiés, nous reprenons une route que nous avions laissée déserte, mais qui, depuis notre arrêt, s'est animée. Maintenant, les travailleurs matinaux nous accompagnent le long de notre chemin : Bim Son, Ha Trung… Voici, la ville de Thanh Hoá, avec le pont Hàm Rông qui enjambe le fleuve Ma, calme aujourd'hui, mais qui peut se déchaîner à la saison des pluies ! Pour nous, ce n'est pas les pluies que nous devons craindre aujourd'hui, mais plutôt la chaleur écrasante du soleil : la météo prédit une journée torride de plus de 40°C dans la région ! Déjà autour de 08h00 du matin, on sent l'air devenir plus cuisant… Nous décidons de ne pas nous attarder et de nous abriter à Vinh aux heures les plus chaudes. Pas le temps de s'arrêter sur la plage de Sâm Son. Ce sera pour une autre fois. Seules haltes autorisées, à peu près tous les 150 km : les postes à essence. Nos motos sont gourmandes !


    La route devient de plus en plus encombrée, donc de plus en plus dangereuse. Je constate, de nouveau, un phénomène remarquable : le Vietnamien, qui est naturellement de tempérament aimable et qui a l'habitude de vivre en collectivité, devient un monstre d'égoïsme et de fureur dès qu'il est sur la route ! En France, on dit que la route est à tout le monde et qu'elle doit se partager… Ici, j'ai l'impression que chacun a décidé que la route lui appartenait et qu'il n'est pas question de la partager. C'est chacun pour soi et Ông troi (le Ciel) pour tous ! Des motos roulent à toute allure, doublant à droite, à gauche, et au milieu. Des voitures arrivent, klaxon hurlant et font gicler tous les véhicules à 2 roues ou à 2 pieds sur les côtés de la route. Des camions fous doublent sans ralentir et sans se préoccuper de savoir si la route est libre devant eux ! Mais les pires, ce sont les bus rouges, verts, bleus, gris… Quelle que soit leur couleur, leur seule obsession est d'arriver le plus vite possible, alors ils doublent en 3e ou 4e position, envoyant au fossé tout ce qui est moins gros qu'eux. Combien faudra-t-il de morts sur les routes pour que chacun comprenne que conduire, c'est d'abord respecter l'autre ! Dans cette jungle qu'est devenue la route nationale 1, Tuân et moi avons très rapidement convenu d'une tactique : rouler le plus à droite possible, et dès que l'on aperçoit un bus ou un camion qui vient en face, même s'il n'est pas sur le point de doubler, ralentir et se rabattre sur le bas-côté. Et peu importe le regard moqueur de ceux qui nous doublent en zigzaguant entre les monstres d'acier ! Nous mettons notre virilité ailleurs que dans la frime d'un gymkhana en moto. Nos femmes le savent bien et elles souhaitent nous retrouver intacts (sous tous les aspects) à notre retour !

    Adieu Tonkin, bonjour Annam !
    C'est dans ces conditions que, sous une chaleur de plus en plus éprouvante, nous atteignons Vinh vers 11h00. Vite, nous louons une chambre à l'heure dans un petit hôtel. Le déjeuner est vite expédié… Tuân prétend qu'il m'a entendu ronfler, moi je dis que c'est lui, mais toujours est-il que la sieste dans la fraîcheur de la chambre nous a revigoré.


    À 17h00, nous repartons, après avoir décliné l'offre d'un massage qu'une trop charmante jeune femme s'évertue à nous proposer pendant que nous rechargions nos bagages.
    Après Vinh, nous traversons la province de Hà Tinh (Centre), une des plus pauvres du Vietnam. Ici, les hivers sont rudes et l'air marin burine la peau des habitants. Sur les côtés de la route, des enfants gardent des boeufs efflanqués ou conduisent de redoutables buffles à leurs bains de boue. Sur le bas-côté, une borne : Dông Hà 206 km ! Nous sommes seulement à 411 km de Hanoi ! Voici Ky Anh, le quê (village natal) de ma femme. Pas le temps de s'arrêter dans la famille : nous ne pourrions pas repartir ! La nuit tombe tout doucement, la route se calme un peu. Il est presque 19h00 quand nous franchissons le tunnel sous le Hoan Son et le col de Dèo Ngang. Nous sommes en Annam. Nous avons roulé pendant 10 heures : il est temps de s'arrêter pour la nuit. Au premier village rencontré, nous trouvons un charmant hôtel au bord d'une rivière : le Sông Loan. Installation rapide dans nos chambres, la douche rituelle pour se laver de la poussière de la route, et direction le premier restaurant venu pour dîner aux chandelles ! Ce soir là, l'Annam nous accueille avec une coupure d'électricité ! Chúc ban an ngon (Bon appétit) et ensuite, au lit ! Il me semble, avant de m'endormir, que la télé diffuse un match de foot Vietnam contre ...? Mais je n'ai pas le temps de lire le nom de ce pays, mes yeux ferment, et dans mes oreilles retentissent encore le bruit des klaxons, à peine couverts du doux murmure de la rivière qui paresse sous mes fenêtres.
    (À suivre)


    Gérard Bonnafont/CVN
    (09/09/2007)
    Source : http://lecourrier.vnagency.com.vn/de...REPLY_ID=46688
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