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Vietnam Les derniers vestiges d’un Empire

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      Vietnam Les derniers vestiges d’un Empire

      Plus que la langue, ce sont les traces de l’architecture française au Vietnam qui témoignent encore des cent cinquante ans de présence Coloniale.

      Le constat est aujourd’hui sans illusions : l’Indochine était trop loin de la métropole, et les Français bien peu nombreux. A peine 34 000 en 1940, sur une population de 22 millions de personnes dans l’ensemble de la péninsule – en 1962, on comptait 1 million d’Européens en Algérie, mais il est vrai qu’il s’agissait d’une colonie de peuplement. Et l’énergie mise dans la séparation d’avec cette lointaine métropole par une guerre cruelle (1946-1954) a creusé, davantage encore, l’éloignement entre la France et l’Indochine. La culture française est très faible dans le Vietnam actuel. On recense officiellement 70 000 francophones sur une population de plus de 70 millions d’habitants. La langue française n’est pas ou très peu présente dans les hôtels, sur les enseignes lumineuses et les dépliants touristiques, les panneaux indicateurs, et le Sommet de la francophonie, tenu en 1997 à Hanoi, n’y a rien changé. Autour du petit lac Hoan Kiem dans le centre d’Hanoi, on croise parfois quelques personnes âgées qui parlent encore le français et qui vous abordent pour évoquer leurs études au lycée Albert-Sarraut – aujourd’hui Comité des relations internationales du Parti communiste, non mentionné dans les guides -, bâtiment superbe, sur la place Ba Dinh, près du mausolée qui abrite la dépouille mortelle d’Hô Chi Minh.

      Plus que la langue, ce sont les vestiges de l’architecture française qui subsistent à Hanoi. Les belles villas coloniales, près de l’avenue Diên Bien Phu, transformées en ambassades ou en ministères ; les églises, en particulier la cathédrale Saint-Joseph, très fréquentées de nos jours ; le fameux pont Paul-Doumer- aujourd’hui Cau Long Bien -, toujours debout en dépit des bombardements américains intensifs (en particulier en décembre 1972), qui enjambe le fleuve Rouge ; le merveilleux petit jardin botanique créé par les Français près de la rue Hoang Hoa Tham ; l’opéra d’Hanoi, réplique fidèle du Palais-Gamier de Paris, et l’imposant bâtiment de la Banque d’Indochine – aujourd’hui Banque nationale.

      Ces témoins de la colonisation sont visibles à Hanoi car la ville s’est « refermée »

      La fin de l’Empire colonial français

      sur elle-même après 1956, année du départ des dernières troupes françaises et de la « réforme agraire » qui mit en place la collectivisation des terres à outrance. En se coupant de l’extérieur, tout le nord du Vietnam a préservé cet héritage : site magique de la baie d’Ha Long, ou étonnantes églises, dont certaines en bois, à Phat Diem. Et, lorsque les M’Hong, une minorité ethnique habitant le long de la frontière chinoise, descendent de leurs montagnes le samedi, jour de marché, ils vendent… des piastres, datées de 1912 ou 1914 ! Saigon, au sud, s’est quant à elle offerte aux Américains, et s’est recouverte de béton. Seules la poste centrale, place de la Commune-de-Paris, qui abrite une immense charpente métallique, oeuvre de Gustave Eiffel – les Vietnamiens adorent la tour Eiffel -, et quelques belles bâtisses coloniales rappellent un passé évaporé. La terrible guerre pour la réunification du pays, menée sous l’égide des communistes contre les Américains, a provoqué un éloignement provisoire de l’Occident, et ancré le Vietnam dans sa réalité asiatique

      : intervention contre les Khmers rouges en 1978, conflit frontalier avec la Chine en 1979, entrée dans l’Asean (Association des nations du Sud-Est asiatique). Mais il subsiste toujours de « l’Indochine » le souvenir du prestige de la littérature – même si les 80 000 ouvrages de l’Ecole française d’Extrême-Orient ont été dispersés – et de la peinture française – l’enseignement à l’Ecole des beaux-arts d’Hanoi est marqué, quant à lui, par sa création au début du XXe siècle.

      es souvenirs en forme d’espoirs déçus et d’espérances toujours en gestation. Et toute une gamme de sentiments, d’états d’âme, d’émotions encore vibrantes que la visite du chef de l’Etat français en octobre 2004, suffit à raviver. Des braises non éteintes, c’est peu, mais ce n’est pas rien ·

      Source : Marianne hebdo (Auteur : Stora Benjamin) N° 401 Semaine du 25 décembre 2004 au 31 décembre 2004

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