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8 septembre 2007 à 21h18 #2529
Bonsoir à tous,
Je viens de tomber sur cet article que je trouve très intéressant, et du coup je pense qu’il serait utile pour ceux qui sont tentés par ce genre d’aventure de le lire afin de pouvoir éviter plus ou moins les surpris qui puissent s’inviter au cours de leur épopée.
Bonne lecture.
Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] Récit du voyage de Gérard et Tuân : quelque 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây NguyênGérard Bonnafont est un pédopsychiatre et sociologue français. Installé au Vietnam depuis 3 ans, il peut dire qu’il connaît, sur le bout de la roue de sa moto, tous les environs de Hanoi, Hai Phong, Ha Long, Ninh Binh, et jusqu’à Tam Dao, parcourant en tout sens les routes ignorées des touristes, découvrant sans cesse de nouveaux villages, de nouveaux paysages, témoin de milles scènes de la vie quotidienne des Vietnamiens… C’est d’ailleurs comme cela qu’il a appris à manier l’humour vietnamien, toujours à double sens, et qui n’a rien à envier aux légendaires gauloiseries françaises ! Désireux de mieux comprendre ce pays, de le prendre à cœur et à corps dans sa diversité, il a décidé de le découvrir en profondeur du Nord au Sud, par un périple en moto (avec un ami, Tuân) de 12 jours et 2.500 km, à travers le Vietnam.
Le Courrier du Vietnam vous présente un récit-feuilleton de ce voyage à la rencontre de notre pays, de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, en passant par les hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên).Première étape : Hanoi-Ninh Binh
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Le 20 juillet 2007. Les 400 premiers kilomètres ne nous paraissant pas présenter un intérêt majeur, d’autant plus que nous les avions déjà parcourus en voiture l’an dernier, nous avions décidé de prendre le train de nuit qui doit nous conduire à Vinh (Centre), d’où nous repartirions en moto. Le 20 juillet, à 19h30, sous une pluie battante, nous nous présentons à la gare de Hanoi pour mettre nos motos en bagages accompagnés dans le train. Opération que Tuân doit prendre en charge, tandis que j’attends, surveillant nos sacs de voyage au milieu de la cohue et du tohu-bohu de la gare-capitale.[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Encore une fois, je peux vérifier la différence qui existe entre le chaos et le désordre ! Dans le désordre, tout est inorganisé, il n’y a que confusion et bousculade pour n’aboutir à aucun résultat. Dans le chaos, il y a mouvement permanent, réorganisation constante des interactions entre chaque élément et le tout, pour, dans une sorte de fluidité inconstante, parvenir à atteindre un but. Et, à nouveau, je constate que les Vietnamiens sont experts en gestion du chaos. Les gens vont et viennent, se croisent, se faufilent, se hèlent, s’impatientent… Des mères disputent leur enfant qui ne va pas assez vite. Des enfants pleurent parce que les parents vont trop vite. Des maris, lourdement chargés d’un téléphone portable, houspillent leurs épouses qui traînent, alors qu’elles n’ont qu’à porter sacs et dernier-né ! Des retardataires sprintent in-extrémis, dégoulinants de pluie et de sueur. Et malheur à toute personne qui paraît hésitante, elle est aussitôt agrippée par des chauffeurs de taxi ou des xe ôm en quête d’une course profitable. Rajoutons à cette fresque, quelques vendeuses à la sauvette qui proposent dans un sabir anglo-vietnamien nourriture et souvenirs, quelques personnages cherchant manifestement à éviter les policiers présents, et qui proposent des produits beaucoup plus troubles ! Enfin, au milieu de toute cette foule, des employés impavides qui distribuent aux égarés des renseignements comme on donne une aumône à un miséreux… Et pourtant, dans toute cette confusion, les trains et leurs passagers partiront à l’heure… Enfin, presque tous ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] Départ inattendu !
En effet, Tuân revient vers moi, le sourire aux lèvres et m’annonce qu’il pensait que les motos pourraient partir avec nous à Vinh, mais qu’en fait cela est impossible, car le trajet est trop court et le train ne prend pas les motos en bagages accompagnés ! Et là, je vérifie, une fois encore, la différence essentielle entre l’esprit vietnamien et l’esprit français : le Français vouerait aux pires gémonies ces fonctionnaires qui n’ont rien d’autres choses à faire que d’ennuyer leurs concitoyens, il vilipenderait son ami en lui disant qu’il aurait pu s’en rendre compte avant, il se désespèrerait de ne pouvoir partir à temps et imaginerait son projet tomber à l’eau. Le Vietnamien reste calme au milieu de la tempête, il considère que cet imprévu n’est qu’un incident de parcours et prend en main son destin en décidant que le trajet se fera en moto, puisqu’il ne peut se faire en train… Et qu’importe qu’il soit 20h30, qu’il fasse nuit, que la route soit encore détrempée par la pluie, et que Vinh soit à 290 km de Hanoi ! Un Français cartésien verrait sans doute de l’inconscience, là où un Vietnamien confucianiste voit de l’adaptation à son environnement. Ce qui, reconnaissons-le, est une grande qualité, très utile notamment dans les périodes tourmentées ! Ceci étant, il y a des limites, même à l’adaptation ! Je négocie donc un trajet jusqu’à Ninh Binh et propose de rattraper notre retard sur le programme prévu, le lendemain ! Proposition acceptée, bagages arrimés sur les motos, casques vissés sur la tête, nous prenons la direction de Ninh Binh… Je me dirige tout naturellement vers la voie rapide, mais Tuân m’en dissuade de ces simples mots : « Non, pas la voie rapide, il y a des clous, la nuit ! On prend l’ancienne route ! ». Je viens d’apprendre 2 règles de la vie nocturne vietnamienne : premièrement, la vente de chambres à air augmente notablement à la nuit tombée, et deuxièmement, les malfrats locaux ont une pratique ingénieuse pour racketter les voyageurs ! Donc va pour la route classique qui n’en est pas moins redoutable ! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]En effet, malgré les consignes officielles en matière de sécurité routière, malgré les campagnes d’infor- mation télévisuelles, malgré les efforts éducatifs accomplis auprès des écoliers, les Vietnamiens continuent, en grande partie, à ignorer l’usage des phares, à confondre la droite et la gauche, à oublier que leurs motos sont équipées de clignotants… En outre, la cohabitation routière entre piétons, vélos, motos, autos, camions et bus, déjà périlleuse en plein jour, devient véritablement suicidaire en pleine nuit. La vue est mise à rude épreuve. En effet, il faut anticiper sur les nombreux nids de poule (que Tuân nomme « nids d’éléphants ! ») qui parsèment la route, discerner dans la nuit les ombres mouvantes des cyclistes égarés au milieu de la chaussée, éviter l’aveuglement des pleins phares de voitures surgissant à toute allure… Heureusement, la nuit camions et bus sont rares, et la lumière des phares nous prévient de l’arrivée de motos par les voies transversales. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] Route de nuit…
La pluie a cessé depuis longtemps, la température est douce, et le vent de la vitesse nous rafraîchit. Thuong Tín, Phú Xuyên…, les villages défilent dans l’obscurité. Lumières scintillantes dans le lointain, kaléidoscope de halos de lumières devant les maisons, auréoles de lumière des lampadaires isolés… Parfois une bourgade ou une ville plus importante, encore animée d’une vie intense ; arrêt à un feu rouge, regards étonnés de voir un nguoi nuoc ngoài dehors, en moto à cette heure-là ; des sourires, des hellos, et nous repartons… Nous traversons une petite ville où vient de s’achever une représentation d’un festival de l’humour ! Encombrements de motos, familles qui rentrent chez elles, musique des haut-parleurs : il y a une vie au Vietnam, après le jour ! Passé Phu Ly, la campagne s’endort, et nous sommes de plus en plus seuls sur la route. Nous reprenons la voie rapide… où bizarrement il n’y a plus de risques de clous ! Serait-ce parce que nous sommes dans le quê (pays natal) de Tuân ? Il est déjà 11h00, et la fatigue se fait sentir. Mes yeux pleurent en permanence, car j’ai commis l’erreur fatale de n’avoir mis ni lunettes, ni visière et, je reçois en vrac, sur ma fragile cornée, insectes, poussière et vent. Difficile d’apprécier à sa juste valeur cette promenade nocturne ![/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Enfin, les lumières de Ninh Binh à l’horizon… En rentrant dans la ville, nous rattrapons une moto : les passagers sont des amis de Tuân, qui travaillent dans un hôtel de Ninh Binh ! Je m’apercevrai tout au long du voyage que, même s’il n’a jamais quitté le périmètre du delta du fleuve Rouge, Tuân a des amis partout dans le Vietnam ! Ce qui nous a bien souvent, rendu service ![/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Nous arrivons à l’hôtel : motos à l’abri, bagages déchargés, pièces d’identité produites, il est 11h45 ! La chambre est fraîche, le lit moelleux, la douche bienvenue, mes yeux sont rouges comme ceux d’un lapin russe. Nous avons fait 90 km depuis Hanoi ! Demain, lever à 04h00 pour une étape de 400 km : Ninh Binh-Dông Hoi ! Bonne nuit…
(à suivre)[/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard BONNAFONT/CVN
(02/09/07) [/FONT] -
9 septembre 2007 à 15h58 #44484
lut,
je n’aime pas ce recit, il raconte de maniere negative meme si c’est un peu vrai^^. Et oui, je suis encore la.
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9 septembre 2007 à 16h07 #44487
Salut Bao Nhân:icon40: A la lecture de l’article,(tres intéressant et instructif) je voue aux gémonies ceux qui viennent me raconter que les étrangers au vietnam doivent nécessairement emprunter des circuits officiels, disons touristiques pour ne pas toucher du doigt le vietnam profond, celui de la campagne et des gens simples. Et que la police est partout présente pour rappeler a l’ordre le touriste égaré. Mais la!!!, je vois que notre motard n’a pas eu besoin d’un permis de circuler pour décider de faire son chemin, ici et tout de suite, par la route sans autre forme de demande officielle de quelque autorité que ce soit. Et il arrive a bon port (du moins en me référant la ou l’article s’arrête). Je suis heureux de constater qu’on peut circuler librement dans le pays sans être inquiété.:violon:
Mais par contre, le coup des clous sur la route, elle est bien belle celle la!!:bigsmile: pour se faire acheter ses chambres a air!! comme quoi, l’on a toujours besoin d’un guide sérieux, voire d’un ami pour trouver son chemin.:kimouss:j’attends la suite avec impatience!!! on apprend de ces choses qui peuvent vraiment nous faciliter la vie une fois arrivée la bas.
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9 septembre 2007 à 16h11 #44488
Il n’y a aucune negativite dans ce recit Khasia. Enfin c’est mon avis!!! ou alors dis moi un peu ce qui te gene dans le texte
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9 septembre 2007 à 17h58 #44500BEBE;34570 wrote:Il n’y a aucune negativite dans ce recit Khasia. Enfin c’est mon avis!!! ou alors dis moi un peu ce qui te gene dans le texte
moi, j’aime bien ! bien qu’il soit un peu allumé à mes yeux ce frenchi !!!
je suis d’accord avec BEBE, c’est un récit « épique », l’auteur ne mâche pas ses mots, mais ça reste la pure vérité… sans vision négative
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9 septembre 2007 à 18h09 #44502BEBE;34569 wrote:Salut Bao Nhân:icon40: A la lecture de l’article,(tres intéressant et instructif) je voue aux gémonies ceux qui viennent me raconter que les étrangers au vietnam doivent nécessairement emprunter des circuits officiels, disons touristiques pour ne pas toucher du doigt le vietnam profond, celui de la campagne et des gens simples. Et que la police est partout présente pour rappeler a l’ordre le touriste égaré. Mais la!!!, je vois que notre motard n’a pas eu besoin d’un permis de circuler pour décider de faire son chemin, ici et tout de suite, par la route sans autre forme de demande officielle de quelque autorité que ce soit. Et il arrive a bon port (du moins en me référant la ou l’article s’arrête). Je suis heureux de constater qu’on peut circuler librement dans le pays sans être inquiété.:violon:
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Heu je pense que » l’ approche de la vérité se trouve probablement au milieu du chemin!!! ».
D’une part, le narrarteur est visiblement un « résident » (depuis 3 ans ai-je cru lire!!!).. et je pense qu »effectivement -à titre individuel .. et s’il n’ a pas les 2 pieds dans le même sabot…il doit pouvoir voir des choses..
Ceci dit, celà ne résoud pas le problème des » visa touristes », se déplaçant par cars entiers (petits ou grands) .. ou montrant un intérêt manifeste pour certaines ethnies ou certaines régions du Vietnam..
Etc etc… -
9 septembre 2007 à 21h31 #44507
@BEBE 34569 wrote:
je vois que notre motard n’a pas eu besoin d’un permis de circuler pour décider de faire son chemin, ici et tout de suite, par la route sans autre forme de demande officielle de quelque autorité que ce soit. Et il arrive a bon port (du moins en me référant la ou l’article s’arrête). Je suis heureux de constater qu’on peut circuler librement dans le pays sans être inquiété.:violon:
Salut Bebe, Ne t’emballe pas trop vite, cette 1ere étape représente 150 km sur la nationale 1 et son autoroute ; c’est pas encore les petites routes 670 et 671 dans la province de Gia Lai- Plei Ku !:bigsmile:
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10 septembre 2007 à 4h35 #44519BEBE;34569 wrote:Mais par contre, le coup des clous sur la route, elle est bien belle celle la!!:bigsmile: pour se faire acheter ses chambres a air!! comme quoi, l’on a toujours besoin.
Cela prouve bien qu’en temps de paix, l’art de la guerre peut aussi être utilisé dans d’autres domaines, et pourquoi pas dans le commerce.:bigsmile:
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10 septembre 2007 à 11h49 #44563
re,
bebe ben c’est la facon comment il decrit son voyage que j’apprecie pas. Mais guillaume a compris ce que je voulais dire, je crois.
bref, j’ai vite oublier, depart demain matin a + tous le monde. Et merci a tous de m’avoir aider et repondu a mes questions.
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10 septembre 2007 à 17h32 #44577Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] [IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/09/Vietnam/Culture/default/4189.f01as.JPG[/IMG]
Deuxième étape : Ninh Binh-porte de l’Annam
[/FONT]
Le 21 juillet. À 04h30. Nous effectuons une opération essentielle qui se renouvellera souvent lors de notre voyage : arrimer les bagages sur les motos et vérifier que l’équilibre est respecté pour éviter de perdre le contrôle de la moto à cause d’un sac qui souhaiterait s’échapper en cours de route, mais qu’un tendeur, resté fidèle, continuerait à traîner derrière la machine ! Mésaventure qui m’arrive à la sortie de Ninh Binh, en sautant sur un trou que l’obscurité de la nuit m’empêche d’anticiper ! Je sens brusquement un poids mort à l’arrière m’entraîner du côté gauche, alors que je veux aller du côté droit. Coup d’œil dans le rétroviseur : mon sac, ce matin, a envie de voyager, non pas derrière-moi, mais à côté de moi ! Je hèle Tuân qui me précède. On s’arrête et remet en place le récalcitrant, en s’assurant qu’il ne récidivera pas. Sous la lueur des étoiles faiblissantes et de l’aurore naissante, nous repartons bonne roue, bon œil, en direction du col de Dèo Ngang – la porte de l’Annam -, à 300 km de là ![FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] Coup de frais, coup de chaud !
Les motos ronronnent. De chaque côté de la route, le paysage déploie les rizières vertes, tendres. Hormis quelques canards qui battent des ailes en nous voyant passer et un ou 2 bœufs matinaux qui s’étonnent de voir des humains sur la route à cette heure là, nous sommes seuls sur le ruban de bitume. La fraîcheur de l’aube est vivifiante, et dans le lointain, les rochers karstiques qui signalent Tam Côc – la baie de Ha Long terrestre – rosissent sous le soleil levant. Cette tranquillité ne durera pas longtemps ! Pour l’instant, notre estomac nous signale que voyager le ventre creux n’est pas conseillé, et nous nous arrêtons à Tam Diêp, juste devant une gargote qui vient de mettre ses tables sur le trottoir. Qu’il est bon ce premier pho bò (soupe au bœuf) de la journée ! Qu’elle est sympa cette dame qui, émue de voir que nous venons de Hanoi en moto, nous sert double ration et nous offre une orange pour le même prix ! Jamais, au cours de ce voyage, la gentillesse et l’hospitalité des Vietnamiens ne se démentiront ! Il faut dire qu’un Vietnamien qui parle français et un Français qui parle vietnamien voyageant en moto depuis Hanoi jusqu’à Hô Chi Minh-Ville, c’est un peu comme une espèce en voie de disparition qu’on a envie de protéger ! No nê, c’est-à-dire rassasiés, nous reprenons une route que nous avions laissée déserte, mais qui, depuis notre arrêt, s’est animée. Maintenant, les travailleurs matinaux nous accompagnent le long de notre chemin : Bim Son, Ha Trung… Voici, la ville de Thanh Hoá, avec le pont Hàm Rông qui enjambe le fleuve Ma, calme aujourd’hui, mais qui peut se déchaîner à la saison des pluies ! Pour nous, ce n’est pas les pluies que nous devons craindre aujourd’hui, mais plutôt la chaleur écrasante du soleil : la météo prédit une journée torride de plus de 40°C dans la région ! Déjà autour de 08h00 du matin, on sent l’air devenir plus cuisant… Nous décidons de ne pas nous attarder et de nous abriter à Vinh aux heures les plus chaudes. Pas le temps de s’arrêter sur la plage de Sâm Son. Ce sera pour une autre fois. Seules haltes autorisées, à peu près tous les 150 km : les postes à essence. Nos motos sont gourmandes ! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]La route devient de plus en plus encombrée, donc de plus en plus dangereuse. Je constate, de nouveau, un phénomène remarquable : le Vietnamien, qui est naturellement de tempérament aimable et qui a l’habitude de vivre en collectivité, devient un monstre d’égoïsme et de fureur dès qu’il est sur la route ! En France, on dit que la route est à tout le monde et qu’elle doit se partager… Ici, j’ai l’impression que chacun a décidé que la route lui appartenait et qu’il n’est pas question de la partager. C’est chacun pour soi et Ông troi (le Ciel) pour tous ! Des motos roulent à toute allure, doublant à droite, à gauche, et au milieu. Des voitures arrivent, klaxon hurlant et font gicler tous les véhicules à 2 roues ou à 2 pieds sur les côtés de la route. Des camions fous doublent sans ralentir et sans se préoccuper de savoir si la route est libre devant eux ! Mais les pires, ce sont les bus rouges, verts, bleus, gris… Quelle que soit leur couleur, leur seule obsession est d’arriver le plus vite possible, alors ils doublent en 3e ou 4e position, envoyant au fossé tout ce qui est moins gros qu’eux. Combien faudra-t-il de morts sur les routes pour que chacun comprenne que conduire, c’est d’abord respecter l’autre ! Dans cette jungle qu’est devenue la route nationale 1, Tuân et moi avons très rapidement convenu d’une tactique : rouler le plus à droite possible, et dès que l’on aperçoit un bus ou un camion qui vient en face, même s’il n’est pas sur le point de doubler, ralentir et se rabattre sur le bas-côté. Et peu importe le regard moqueur de ceux qui nous doublent en zigzaguant entre les monstres d’acier ! Nous mettons notre virilité ailleurs que dans la frime d’un gymkhana en moto. Nos femmes le savent bien et elles souhaitent nous retrouver intacts (sous tous les aspects) à notre retour ![/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] Adieu Tonkin, bonjour Annam !
C’est dans ces conditions que, sous une chaleur de plus en plus éprouvante, nous atteignons Vinh vers 11h00. Vite, nous louons une chambre à l’heure dans un petit hôtel. Le déjeuner est vite expédié… Tuân prétend qu’il m’a entendu ronfler, moi je dis que c’est lui, mais toujours est-il que la sieste dans la fraîcheur de la chambre nous a revigoré. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]À 17h00, nous repartons, après avoir décliné l’offre d’un massage qu’une trop charmante jeune femme s’évertue à nous proposer pendant que nous rechargions nos bagages.[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Après Vinh, nous traversons la province de Hà Tinh (Centre), une des plus pauvres du Vietnam. Ici, les hivers sont rudes et l’air marin burine la peau des habitants. Sur les côtés de la route, des enfants gardent des boeufs efflanqués ou conduisent de redoutables buffles à leurs bains de boue. Sur le bas-côté, une borne : Dông Hà 206 km ! Nous sommes seulement à 411 km de Hanoi ! Voici Ky Anh, le quê (village natal) de ma femme. Pas le temps de s’arrêter dans la famille : nous ne pourrions pas repartir ! La nuit tombe tout doucement, la route se calme un peu. Il est presque 19h00 quand nous franchissons le tunnel sous le Hoan Son et le col de Dèo Ngang. Nous sommes en Annam. Nous avons roulé pendant 10 heures : il est temps de s’arrêter pour la nuit. Au premier village rencontré, nous trouvons un charmant hôtel au bord d’une rivière : le Sông Loan. Installation rapide dans nos chambres, la douche rituelle pour se laver de la poussière de la route, et direction le premier restaurant venu pour dîner aux chandelles ! Ce soir là, l’Annam nous accueille avec une coupure d’électricité ! Chúc ban an ngon (Bon appétit) et ensuite, au lit ! Il me semble, avant de m’endormir, que la télé diffuse un match de foot Vietnam contre …? Mais je n’ai pas le temps de lire le nom de ce pays, mes yeux ferment, et dans mes oreilles retentissent encore le bruit des klaxons, à peine couverts du doux murmure de la rivière qui paresse sous mes fenêtres.[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](À suivre)
[/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont/CVN
(09/09/2007) [/FONT] -
11 septembre 2007 à 6h47 #44618
Le voyage sur les hauts plateaux avec ces « moto » va être intéressant à suivre, de toute manière chapeau bas messieurs s’il n’y as pas de sponsors dans l’histoire. De ce périple sortira sans doute un livre
Une pointe de jalousie…sur, j’aurai aimé être à leur place:oops: -
11 septembre 2007 à 14h11 #44656
Je m’étais deja emballé pour le premier article. Voila que la suite narrative de la deuxième étape me mets sans tarder sur les routes du Vietnam. Non!! non!! DédéHeo, j’ai des raisons de m’emballer. La 2eme étape est encore plus belle que ce que je pouvais imaginer. Et vivement la 3eme!!!! Quel bonheur que de faire partie du décor de ces paysages ([FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]des rizières tendres, des canards qui battent des ailes en voyant passer des machines, des bœufs matinaux qui s’étonnent de voir des humains sur la route à cette heure là, la fraicheur de l’aube) [/FONT]en cotoyant les gens simples du Vietnam profond ([FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]la sympathie de dame émue qui sert double ration et offre une orange pour le même prix, la gentillesse et l’hospitalité des Vietnamiens ne se démentent pas)…………..Et pourtant ca fait bien 10 heures que nos 2 spécimens (franco/viet & viet/franco) sont entrain de rouler. Je les accompagne en les lisant et ne suis pas encore tombé ni sur un douanier fouillant mes bagages, ni sur un policier me réclamant les pièces de nos motos encore moins sur des coupeurs de routes nous rançonnant comme j’en vois régulièrement ailleurs.
L’indiscipline des conducteurs dans la circulation!!!! ca, c’est partout pareil dans le monde (y en a qui ne seront peut être pas d’avis!! mais bon!)
Tu as raison Calimero, je suis comme toi, jaloux et envieux que cela ne puisse pas m’arriver a moi!
C’est exactement de ce Vietnam dont j’ai rêvé et qui n’a pas disparu. Et voila qu’on me montre qu’il existe en vrai et en grandeur nature……….
Et non de ce Vietnam des circuits touristiques, des hôtels, de l’argent, de la pollution; bref!! des déchets de notre civilisation.
Et vivement la 3eme étape!!!!!. [/FONT]:bravo: et [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Merci [/FONT]Bao Nhân de nous avoir déniché cet article
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][/FONT] -
11 septembre 2007 à 16h24 #44670
je crois que malgré que notre frenchi soit très franc dans ces paroles… il relate la vérité !
je trouve c’est une extraordinaire aventure Humaine !!!:biggthumpup:
BRAVO LES GARS !!!merci Bao Nhân de nous en faire profiter !!!!
vivement la suite:bigsmile::bigsmile::bigsmile::bigsmile: -
12 septembre 2007 à 3h17 #44705DédéHeo;34590 wrote:Salut Bebe, Ne t’emballe pas trop vite, cette 1ere étape représente 150 km sur la nationale 1 et son autoroute ; c’est pas encore les petites routes 670 et 671 dans la province de Gia Lai- Plei Ku !:bigsmile:
Hello Dédé,:icon40:
Je vois à qui tu fais référence au sujet de ces petites routes:bigsmile:
son site est intéréssant: [FONT="]http://vietnam.aujourdhui.free.fr[/FONT]je me pemets de faire un copie coller de l’histoire de Patrick Guerin que j’aimerai un jour croiser au vietnam:
[FONT="]Comment passer une journée entière en compagnie de policiers vietnamiens ?
[/FONT][FONT="]Afin de vous imprégner davantage du mode de vie vietnamien et de la société vietnamienne, je vous propose une expérience enrichissante, à savoir passer une complète journée en accueil VIP avec des policiers locaux . Pour cela , il faut d’abord provoquer une rencontre avec ces importantes personnes toujours très occupées et cela n’est pas franchement facile.
Néanmoins, depuis le 16 mai 2007, j’ai enfin trouvé le moyen imparable de les rencontrer à coup sûr. Alors si vous aussi, vous souhaitez connaître un Viêt Nam hors des sentiers battus, je vous invite à suivre la méthode suivante :
[/FONT][FONT="]Les pré-requis :
– louer une petite moto de 110 cm3 auprès, par exemple, d’une quelconque agence de service touristique située de préférence à Hué, Da Nang, Nha Trang.
– acheter une banale carte routière du Viêt Nam,
– avoir la lumineuse idée de voyager sur les hauts-plateaux avec la dite petite moto,
– savoir parler un minimum la langue vietnamienne.Le Scénario :
Depuis quelques jours, je circule en moto sur les hauts plateaux et je finis bien par arriver à Kon Tum où je prends finalement une chambre au « Family Hotel (KS Gia Dinh) ».
Le lendemain vers 7H00, je décide de me ballader jusqu’à Plei Ku en passant par le lac Bien Ho To Nung, un magnifique lac de cratère. En lecture de ma carte routière, j’ai le choix entre prendre une « autoroute » directe (route 14) avec son cortège de camions, de bus et de nombreux véhicules en tout genre ou d’emprunter les petites routes 670 et 671 à priori plus sympathiques et situées dans la province de Gia Lai- Plei Ku. Mon choix est vite effectué et je m’engouffre dans la route 670 qui est en fait plutôt une piste assez roulante ce qui n’est pas pour me déplaire. Et puis bonne surprise, elle traverse un tas de villages de minorités ethniques qui malgré tout ne respirent pas franchement la santé et l’opulence.
Je parcours de la sorte environ 35 km jusqu’à un carrefour. Je m’y arrête afin de me faire préciser le chemin menant au lac Bien Ho To Nung. C’est ainsi que j’aborde la route 671. Au bout de 500 m sur cet axe, j’aperçois deux personnes en civil et correctement habillées me faisant de grands signes. Vu l’endroit désertique , je pense tout de suite à des personnes en difficulté de type panne d’automobile ou de moto et qui ont besoin d’aide. Je m’arrête donc et je les salue et demande en vietnamien ce que je peux faire pour eux. Sans le savoir encore, je suis sur la bonne voie.Les deux personnes me semblent plutôt agressives car tout de suite, elles cherchent à récupérer les clés de ma moto (désolé, expérience aidant, je suis plus rapide) puis finalement à bloquer le guidon de mon engin. Très surpris et avant éventuellement d’en passer aux mains, je demande à ces malfrats qui ils sont pour agir de la sorte. En réponse, il me questionne sur ma possession ou non d’un laisser-passer pour circuler sur cette route. Quel laisser-passer ? Nous ne sommes plus fin années 1980 ! Dans la foulée, l’un d’eux appelle sur son téléphone portable dernier modèle, les policiers. Arrivent dans la minute, trois éléments du poste de police de Dak Somei, toujours pas en uniforme . A partir de ce moment, je sais que j’ai gagné ma rencontre avec de locales forces policières.
Finalement assez entouré, je ne joue plus le plan rébellion tout en estimant déjà les euros à distribuer à ce beau monde. Les forces de l’ordre me conduisent au poste de police de Dak Somei ou je suis reçu par le chef en personne qui n’est toujours pas en uniforme. Un policier m’établit un classique procès verbal sur une feuille de cahier d’écolier. Le chef me fait signer ce document écrit en vietnamien que j’arrive tout de même à comprendre mais par contre, il n’est toujours pas question d’amende. Curieux.
Puis les policiers me demandent si je souhaite toujours aller au lac Bien Ho To Nung. Prudemment, je réponds que je préfére retourner tranquilou à Kon Tum. Mes amis les policiers insistent. Je cède, pensant bien qu’il doit exister un quelconque estaminet sur les bords du lac et qu’au nom de l’amitié franco-vietnamienne et de Zinédine Zidane, j’aurais certairnement à régler l’addition directement proportionnnelle à la quantité de bières avalée par mes amis.
Pour tout vous dire, je me suis presque senti dans l’obligation de suivre mes joyeux compagnons qui se sont fait un réel plaisir de s’inventer guides touristiques. En fait, je n’ai jamais visité le lac Bien Ho To Nung mais à la place le poste de police du district de Dak Doa. Je ne suis pas sûr d’avoir gagné au change.
En effet, ce poste de police dispose de la particularité d’être envahi de policiers aux visages durs et pas franchement rigolards. Je suis amené dans une salle , genre salle des fêtes d’un comité populaire avec, en face de moi, l’unique mais imposant buste de l’Oncle Hô dont c’est bientôt l’anniversaire (117 ans , le 19 mai 2007) et moultes drapeaux vietnamiens. Je reste bien une heure tout seul dans cette salle avec de temps en temps un policier dont le seule échange verbal consistait à de me demander plusieurs fois séchement « You, you spik englis ? ».
Puis soudain déboulent une palanquée de fonctionnaires assez froids. Je me retrouve avec un tas de procès verbaux à signer et ces messieurs m’annoncent qu’ils sont dans l’obligation de garder la moto pendant 10 jours puis à la suite de ce délai, le propriétaire pourra reprendre son engin. Je vacille quelque peu vu que le propriétaire habite à Hué et que je vois mal lui apprendre qu’il doit récuper sa moto dans ce bled paumé de Dak Doa . Je tente de discuter, les visages se ferment. J’implore pitié, les fonctionnaires sont écroulés de rire.Puis, je suis immédiatement embarqué dans une jeep spécial « Cong An » dont la destination m’est inconnue. Vais-je retourner directement à Kon Tum au frais de la police de Dak Doa ? Vais-je connaître les joie d’un séjour dans une prison du cru ? Vrai que mes compagnons de voyage ne sont pas très causant sur le sujet. Je dois dire que je n’en mène pas large non plus.
Vers 16h00, je découvre enfin la destination finale, à savoir le poste de police de la province de Gia Lai Plei Ku. Si cela continu et à ce rythme là , je vais bientôt finir au ministère de la police à Ha Noi ! Bref, cette histoire commence sérieusement à me déplaire d’autant plus que je n’ai toujours rien mangé depuis ce matin. La fatigue me guette. Je suis alors installé dans une petite salle avec en face de moi, deux femmes qui n’ont rien de Miss Viêt Nam et dont je saisis assez rapidement une mentalité cuvée 1956 (quoique la plus jeune pourrait être stylée Nordification 1976). Cela ne va pas être une partie de plaisir.
Effectivement, je subis un interrogatoire plus que serré : Que faites-vous au Viêt Nam ? Ou êtes-vous allez au Viêt Nam ? A Ho Chi Minh Ville , vous connaissez qui ? Pourquoi êtes-vous resté si longtemps à Hué ? Les Hauts-plateaux pourquoi faire ? Pourquoi voyager en moto ? êtes-vous rééllement français ? Vous habitez où, en Europe ? Connaissez-vous des vietnamiens en Europe ? Votre profession ? Hier soir à Kon Tum, vous avez rencontré qui ? A quelle heure êtes vous arrivé à Kon Tum ? Vous avez parlé à qui sur la route 670 ? Pourquoi vous n’avez pas emprunter la route 14 ? Pourquoi n’avez-vous pas votre passeport sur vous ? Pourquoi…? Pourquoi…? Très surprenant , pas de question sur le fait que je parle vietnamien ( sans doute un petit manque de professionalisme de ces agents des forces de police de la province de Gai Lai – Plei Ku). En gros, c’est question sur question à n’en plus finir et je ne pense qu’à une seule chôse, c’est de me tirer de ce foutu pétrin, le plus vite possible.
Et puis enfin la question qui tue : « N’avez-vous pas vu le panneau d’interdiction de circuler à l’entrée de la route 670 ? » Ma réponse : « Euh…non, pas du tout, quel panneau ? » Bizarre bizarre, car ayant l’habitude de circuler au Viêt nam, je connais ce genre de panneau écrit en vietnamien (duong cam). J’aurais dû forcement le voir et donc fais demi-tour (kakou s’abstenir).Puis, les Miss Cong anh Tinh Giai Lai Plei Ku s’absentent pour demander à mon hotel de me faire parvenir une copie de mon passeport. Résultat une heure d’attente.
Re-serie de questions, en fait les mêmes mais dans un ordre différent. J’ai du mal à garder mon calme et il commence à se faire bien tard.
Les Miss s’appliquent ensuite à me dresser un nouveau procès verbal (c’est une manie dans ce pays) bien entendu écrit en vietnamien. Dans une grande bonté, la plus vieille des Miss tente de me traduire en anglais le procès verbal. C’est pitoyable et surtout très long.Il est 18h30 quand les Miss me demandent solennellement si je reconnais avoir violé les lois de la R.S. du Viêt Nam en empruntant les routes 670 et 671 sans laisser-passer délivré par les autorités compétentes de la province de Gia Lai- Plei Ku. Je reponds un peu trop nonchalement une phrase du style « Ouais ouais, ok c’est bon ». Gravissime erreur !
Les Miss Cong anh Tinh Giai Lai Plei Ku voyant rouge vif m’ordonnent de me lever, les mains dans le dos, la tête baissée comme un pur criminel puis de répondre à haute voix que j’ai bien violé les lois de la R.S. du Viêt Nam et que je demande humblement la clémence de la police de Giai Lai Plei Ku malgré mon impardonnable et inexcusable faute. Je dois répéter cette phase deux fois. Je suis impressionné car jamais je n’aurais imaginé un jour être obligé d’avoir cette attitude de bassesse. Suis-je tombé sur deux folles ?Après cette désagréable séance, vient enfin l’addition sous la forme d’une amende de 700 000 dongs (33 euros). C’est un peu cher payé ! Je m’offusque du montant de cette amende et demande à voir un barême officiel. Surprises, les Miss Cong anh Tinh Giai Lai Plei Ku me font remarquer gentiment que je ne suis peut être pas en état de discuter mais néanmoins me détaillent le tarif : 200 000 dongs (9, 50 euros) pour l’amende et 500 000 dongs pour frais de télécopie de mon passeport !
Le problème est que je ne suis pas du tout sûr d’avoir cette somme sur moi. Je compte très fébrilement mes dongs et bout d’un temps insoutenable je réunis la somme de 720 00[/FONT]
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22 septembre 2007 à 17h22 #45698
Salut Bao Nhân. Je bave,:bigsmile::bigsmile: chaque fois que j’ouvre mon ordi. espérant que tu publies enfin l’étape 3 de l’article de [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont. Mais je vois que tu aimes te faire prier. Alors allons y !!!!
Cher Monsieur [/FONT]Bao Nhân, Non!!! je préfère!!!!
Excellence,
J’ai l’honneur de bien vouloir demander a son excellence de bien vouloir intercéder en ma faveur auprès de ….etc!!etc!!! voila son excellence servi.
alors mets moi cet article a sa place ici, tout de suite et maintenant:evil::girlbad: -
22 septembre 2007 à 17h59 #45699BEBE;35855 wrote:Salut Bao Nhân. Je bave,:bigsmile::bigsmile: chaque fois que j’ouvre mon ordi. espérant que tu publies enfin l’étape 3 de l’article de [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont. Mais je vois que tu aimes te faire prier. Alors allons y !!!!
Cher Monsieur
[/FONT]Bao Nhân, Non!!! je préfère!!!!
Excellence,
J’ai l’honneur de bien vouloir demander a son excellence de bien vouloir intercéder en ma faveur auprès de ….etc!!etc!!! voila son excellence servi.
alors mets moi cet article a sa place ici, tout de suite et maintenant:evil::girlbad:Mais, moi aussi, j’attends toujours le troisième épisode de leur aventure. Donc, j’espère qu’ils ne vont pas trop tarder.
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25 septembre 2007 à 23h46 #45920Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] Récit du voyage de Gérard et Tuân : 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên [/FONT] [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] [IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/09/Vietnam/Culture/default/4201.f01as.JPG[/IMG]
Quatrième journée : Huê l’impériale !
[/FONT]
Le 23 juillet. À 08h00. Aujourd’hui, nos motos se reposent et doivent subir une révision : changer l’huile, vérifier les bougies, etc. Ce sont nos jambes qui font de l’exercice… Lever plus tardif que les autres jours pour un petit déjeuner sur la terrasse de l’hôtel surplombant la rivière des Parfums, Sông Huong. Il fait toujours aussi beau, et l’ami d’une relation de travail doit nous piloter toute la journée pour partir à la découverte de la Cité impériale, du tombeau de Tu Duc – empereur d’Annam [URL= »http://javascript%3Cb%3E%3C/b%3E:void%280%29″](1848-1883[/URL]) -, et de la pagode de la Dame Céleste.[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Aujourd’hui les voyageurs se font touristes ! C’est sous une chaleur impériale que nous franchissons à 09h00 Ngo Môn – la Porte du Midi de la Cité impériale. En fait de Cité, j’ai d’abord une impression de Tour de Babel. Autour de nous, les guides s’expriment dans la moitié des langues de la terre pour des touris-tes qui viennent du monde entier ! Je ne serais pas surpris d’entendre parler hottentot ou patagon ! J’ai d’ailleurs l’impression que nous sommes les seuls à parler en vietnamien ! C’est en devisant dans cette langue que nous entamons la visite par la Porte du Midi, où je prends le temps de réprimander un enfant qui veut absolument tenter l’escalade, par la face Nord, du gigantesque gong impérial sur lequel il est écrit, en vietnamien et en anglais : « Ne pas toucher ! ». D’un impérieux Không duoc (Il ne faut pas !), je stoppe l’audacieux qui court se réfugier dans les jupes de sa mère. En rajoutant « Có le cháu không biêt doc ha ?! » (Peut-être que tu ne sais pas lire, hein ?!), je l’achève et je fais éclater de rire ses parents, surpris de voir un étranger parler leur langue… avec un curieux accent ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Fier d’avoir participé à la sauvegarde d’une partie du patrimoine du Vietnam, je poursuis mon chemin sous une chaleur accablante ! Comme tout le monde, je donne à manger aux carpes goulues des Ho Thai Dich, et je me dis que je n’aimerais pas tomber par inadvertance dans ces étangs : m’étonnerais pas qu’elles soient cannibales ces carpes impériales ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] Promenade impériale !
Puis tout s’enchaîne : la salle d’audience solennelle aux couleurs magnifiques, la salle d’exposition à la chaleur étouffante, les chaudrons à faire frire les rebelles (sévères, les colères impériales !), le temple dédié aux empereurs, où je découvre l’ensemble de la dynastie des Nguyên [URL= »http://javascript%3Cb%3E%3C/b%3E:void%280%29″](1802-1945[/URL]), et puis les appartements, les chambres, les bureaux, les temples, les jardins… Bref tout ce que tous les guides touristiques présentent en long et en large. Pendant 3 heures, je vis au rythme des empereurs, et je consomme à peu près 5 litres d’eau et 10 crèmes glacées… Désireux de perfectionner mon vietnamien, j’entame la conversation avec des touristes qui me paraissent, de prime abord, être Vietnamiens. Les premiers sont en fait des Américains qui ne parlent pas vietnamien, les seconds ne parlent que français, les troisièmes sont Lao ! J’arrête mes cours de langue et je termine la visite, en me liquéfiant totalement sous le soleil impitoyable qui, à mon avis, ne doit pas apprécier que la Cité impériale de Huê lui fasse de l’ombre ! Heureusement, le restaurant qui nous accueille est climatisé ! Quel plaisir de déguster le bánh uot et le bún thit nuong, dans cette ambiance ! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Nous avions dit « repos », et bien repos nous faisons, en nous octroyant une sieste avant d’aller visiter par la route le tombeau de Tu Duc. La promenade sous les pins est agréable en ce milieu d’après-midi et l’ambiance du site force à la sérénité. Quoi que… ! En effet, je mesure une fois de plus l’écart entre l’histoire officielle et l’histoire des vies. Ainsi, en France, longtemps nous avons appris que Vercingétorix était un grand guerrier aux cheveux longs et blonds, alors qu’en réalité, il était petit, brun et portait les cheveux courts à la mode romaine ! Et bien, ici c’est pareil ! Officiellement l’empereur aimait… méditer avec ses concubines préférées dans le petit pavillon qui jouxte l’étang Luu Khiêm. Mais en pénétrant dans le pavillon et en découvrant l’immense lit qui y trône, je me perds en conjectures sur l’exercice de telles méditations ! Tiens, puisque l’on évoque ces concubines, je me permet une autre remarque : d’elles, il ne reste aujourd’hui que la trace des souvenirs. Des maisons qui les accueillaient, il ne reste que quelques fragments de murs. Mais rien d’autres, pas de preuves tangibles de leur existence… Or, si l’on observe attentivement les dalles de terre cuite qui couvrent les allées et les esplanades du site, on y voit les empreintes laissées par les chats et les chiens qui vivaient du temps de l’empereur, alors que les dalles n’étaient pas encore sèches ! Ces modestes animaux ont laissé pour les générations futures une trace plus durable que les concubines ! Quelle réflexion sur la vacuité de nos vies ! Allez, pardonnez ces irrévérences, et laissez moi terminer la visite en profitant de la quiétude du site ! J’aime à imaginer l’empereur, déambulant dans ce monde d’harmonie et réfléchissant aux vicissitudes du pouvoir en des temps difficiles ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] Rencontre dangereuse !
Quittant l’ombre de Tu Duc, nous rejoignons la pagode de la Dame Céleste, en nous arrêtant au passage dans un village spécialisé dans la fabrication de bâtons d’encens. Invités à entrer chez un artisan ou plus exactement une artisane, je manque renouer avec la polygamie impériale ! En effet, cette aimable chi, travaille avec sa petite sœur (em), qui doit avoir une trentaine d’années. Fort charmante par ailleurs, cette em n’est pas encore mariée, et elle nous laisse entendre qu’elle attend un étranger pour se marier, mais il faudrait qu’il parle vietnamien, et ça c’est rare. Et sur ce, comme je lui parle dans cette langue depuis 10 minutes, elle me regarde avec un air gourmand qui me fait craindre les pires turpitudes ! J’ai beau dire que je suis déjà marié à une Vietnamienne, que j’ai un enfant ! Rien n’y fait, et Tuân et son ami sont écroulés de rire tandis que poliment je décline son invitation à visiter plus profondément son… atelier de fabrication ! On prend quand même une photo ensemble pour lui faire plaisir, et je me hâte de quitter l’échoppe pour retrouver calme et tranquillité dans la pagode de la Dame Céleste. Je suis touché par la spiritualité qui se détache de cet endroit, et j’ai même l’occasion d’échanger quelques mots avec le vénérable bonze qui s’occupe de l’éducation de nombreux petits novices qui en fréquentent l’école bouddhiste. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]C’est dans la douceur d’un crépuscule d’été que nous regagnions Huê, en faisant la route buissonnière parmi des maisons-jardins nichées au milieu d’une végétation luxuriante le long d’un paisible ruisseau. Après les fastes de l’Empire ce matin, le charme de cette escapade vespérale constitue un excellent contrepoint. Notre journée s’achève par un repas en terrasse, sous les lanternes chinoises, au bord de la rivière des Parfums, avec notre correspondante locale. Nous apercevons l’ancien pont Clemenceau, le Truong Tiên, illuminé de couleurs changeantes, comme une invitation à reprendre la route demain. Pour l’heure, nous regagnons notre hôtel, pendant que la Huê impériale s’endort…[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](À suivre)
Gérard Bonnafont/CVN
(24/09/2007) [/FONT] -
27 septembre 2007 à 12h33 #46057
il lui arrive quand même de drôles de situations….:bigsmile::bigsmile::bigsmile::bigsmile::bigsmile:
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10 octobre 2007 à 2h22 #46847Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Récit du voyage de Gérard et Tuân : 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/10/Vietnam/Culture/default/4213.f01as.JPG[/IMG][/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Sixième journée : la ville antique de Hôi An ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Le 25 juillet. À 07h00. Ce matin, le tableau idyllique de notre soirée de la veille en prend un coup ! Ma moto estime que 800 km ça suffit ! Donc, elle manifeste sa mauvaise humeur mécanique : elle refuse de démarrer, puis après traitement énergique au démarreur à pied, elle hoquette, cale, tousse… bref, il faut la soigner ! Tuân ira visiter seul les îles de Chàm, tandis que je m’occuperai de ma moto récalcitrante. Alors que Tuân prend le bateau pour les îles dont il rapportera des photos sublimes, je pars à la recherche d’un mécanicien. Au Vietnam, cette opération est bien plus aisée qu’en France. À la ville comme à la campagne, on rencontre des réparateurs de moto tous les 100 m ! Donc, comme prévu, à quelques pas de l’hôtel, je trouve un artiste de la mécanique qui s’empresse de délaisser le moteur sur lequel il travaille pour se pencher sur celui de ma moto. Depuis que j’habite au Vietnam, je suis toujours surpris de voir que, lorsque j’arrive chez un mécanicien pour faire une révision ou une réparation sur mes motos, il y a toujours quelqu’un de disponible pour me prendre en charge. Et ce, même si l’atelier est déjà encombré d’autres machines en réparation ! Je n’ose pas imaginer que dans chaque atelier du Vietnam (et il y en a des milliers), il y a une personne qui attend que j’arrive pour s’occuper de moi ! Est-ce ma qualité d’étranger qui me vaut cet honneur ? Quel savoir-vivre alors, si c’était le cas ! Mais n’est-ce pas plutôt parce que je représente une intervention peut-être plus lucrative que celle d’un habitué !? Je ne suis pas dupe, et je sais que souvent les prix sont un peu plus… majorés quand ils me concernent ! Quand ma femme, qui est Vietnamienne, va au marché, elle paie le kilo d’oranges un certain prix ; quand j’y vais avec elle, le prix est un peu plus élevé ; quand j’y vais seul, le prix est encore plus élevé ; par contre si j’y vais avec ma fille, le prix est plus bas… Habitué à ce tarif fluctuant selon le cours de la nationalité, je laisse donc ce mécanicien opérer ma machine à moteur ouvert ! Le diagnostic tombe : bougie calaminée, filtre à air encrassé, contacts empoussiérés… Bref moteur dégoûtant ! Tous les ouvriers de l’atelier s’agglutinent autour de ma moto pour contempler le triste spectacle. J’ai honte devant les regards réprobateurs qui accompagnent ce verdict, comme si j’étais un parent indigne qui maltraite son enfant ! Pour me dédouaner, je montre ma plaque d’immatriculation et explique que je réalise, avec un ami, le trajet Hanoi – Hô Chi Minh-Ville, en passant par les hauts plateaux du Centre, et que après 800 km de route, il est normal que… J’ai à peine le temps de finir ma phrase que les yeux s’éclairent, les sourires apparaissent sur les visages, on appelle les voisins, on me serre vigoureusement la main. J’étais un paria, je deviens un héros ! Héros un peu vexé, parce que ce qui paraît surtout admirable à toutes ces personnes qui m’entourent, c’est que je puisse oser faire ça… à mon âge ! Bon, c’est vrai, j’ai quelques cheveux gris qui apparaissent aux tempes, et ma barbe laisse apparaître des filets blancs, mais quand même…! Mais baste ! Peu importe mon ego, puisque ma moto est soignée aux petits oignons ! Je peux aller me promener, je reviens dans 2 heures et j’aurais un moteur aussi propre que le jour de sa naissance ! Sur ces promesses, je laisse ma machine à la clinique des motos, et j’en profite pour réaliser une idée qui me titille depuis plusieurs jours. Pour faire ce voyage, Tuân et moi avions choisi de nous munir d’un sac de voyage posé en travers de notre selle, à l’arrière, et maintenu par un savant entrelacs de tendeur. Cela convient parfaitement à Tuân dont le sac est peu chargé, mais le mien qui pèse une vingtaine de kilos a toujours tendance à glisser d’un côté ou de l’autre, et nécessite une meilleure stabilité. Je paye là mes habitudes de confort ! Quand Tuân prend 2 chemises, j’en emporte 4 ! Quand Tuân emporte un pantalon, j’en prends 3 ! Ajoutons-y l’ordinateur, le fer à repasser de voyage, les bouquins, la trousse de secours, les médicaments d’urgence et de fond au cas où… Je préfère être équipé pour faire face non seulement à nos propres incidents, mais aussi pour éventuellement pouvoir intervenir auprès d’accidentés ou de personnes nécessitant des soins au cours du voyage… Le Serment d’Hippocrate engage le médecin toute sa vie ! Pour maintenir cette petite pharmacie de campagne en équilibre, et surtout la protéger des rayons directs du soleil, je décide de me faire fabriquer des sacoches en toiles plastifiées. À quelques pas de mon mécanicien, je trouve un vendeur de sacs de sports qui accepte de relever le défi : fabriquer en une journée 2 sacoches de selle pour une motocyclette de 120 cm3. Nous dessinons les plans, tombons d’accord sur un prix et je le laisse à ses ciseaux et ses aiguilles. Ma moto est sous anesthésie, mes sacoches sont en gestation, Tuân (je l’apprendrai plus tard) a été reçu royalement par les habitants de Cù Lao Chàm, le ciel est bleu et je déambule le cœur léger dans les rues de Hôi An, admirant au passage le pittoresque pont couvert japonais. La vie est belle ![/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Les villages de métier [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Je retrouve ma moto et Tuân en début d’après-midi. L’un et l’autre sont en pleine forme, et nous décidons d’aller visiter les villages de céramiques et du bronze à proximité de Hôi An. C’est à toute petite vitesse pour rôder ma moto convalescente que nous atteignons Thanh Hà, le village des potiers. Le premier artisan chez qui nous allons nous accueille avec beaucoup de sympathie et nous prenons beaucoup de plaisir à rester un long moment en compagnie de sa famille. C’est la grand-mère qui forme les pots à partir d’une motte de glaise, tandis que sa bru active le tour à potier avec le pied ! En quelques instants, la motte devient coupe, vase ou pot, prête à être cuite ! Travail extraordinaire de patience et de savoir-faire ancestral ! Pendant ce temps, le grand-père polit les pots et objets cuits que sa petite-fille propose à la vente. Nous nous souviendrons longtemps, Tuân et moi, des moments passés en compagnie de cette famille, simple et accueillante, à parler de leur métier, de leur vie, du Vietnam… Nous quittons le village des céramiques, en longeant la rivière Vu Gia par un petit chemin creux, bordés de haies de bambous. Ici tout est calme. Il n’y a personne sur la route, qui serpente entre eucalyptus, bananiers, filaos et bambous… Les larges feuilles ondulent sous le vent qui moire de verts changeants les rizières que nous traversons. De petits villages révèlent de magnifiques maisons communales chinoises. Seuls quel-ques rires d’enfants résonnent derrière les haies. Nous sommes presque gênés de troubler ce calme par le ronronnement de nos motos que nous menons au pas ! Tout a une fin, et nous quittons ce paysage bucolique pour retrouver la route nationale 1, notre vieille compagne, en arrivant au village du bronze. Il est déjà tard, et malheureusement nous en pourrons pas assister au coulage et au moulage d’objets en bronze, mais nous prenons quand même l’occasion de discuter un long moment avec un artisan, fabriquant de gong depuis plusieurs générations, qui nous fait partager l’amour de son art. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]La nuit tombe, il est temps de rentrer et de récupérer mes sacoches ! Demain nous effectuons une des plus longues étapes de notre voyage : Hôi An-Kon Tum ! Je m’endors en pensant à tous ces artisans que nous avons rencontrés : mécanicien, potier, tailleur, fabricant de gongs… Quelle richesse et quelle dignité dans leur simplicité ! Bonne nuit à vous! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](À suivre)[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont/CVN[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](07/10/2007) [/FONT] -
16 octobre 2007 à 0h41 #47244Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/10/Vietnam/Culture/default/4219.f01as.JPG[/IMG][/FONT]
Récit du voyage de Gérard et Tuân : 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Septième journée : Hôi An-Kon Tum ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Le 26 juillet. À 07h00. Aujourd’hui, nous quittons l’agitation et le bruit de la route nationale 1 pour rejoindre les hauts plateaux du Centre par la route 14B et la piste Hô Chí Minh. Au revoir le littoral, ses plages et ses rizières ; à nous les montagnes, les forêts et les plantations de thé et de café. En pleine forme après leur repos de la veille, nos motos alignent allègrement les bornes. La mienne arbore fièrement ses sacoches neuves qui lui donnent l’air d’une grosse cylindrée ! Cependant il ne s’agit pas de laisser nos montures se griser de l’air venu de la Cordillère annamitique, au contraire nous devons les maîtriser plus que jamais ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]En effet, les 50 premiers kilomètres sur la route 14B sont encore plus terrifiants que les 800 parcourus depuis Hanoi sur la nationale 1. Sur cette dernière, nous disposions de larges bandes de roulement pour nous rabattre face aux camions et bus déferlants. Sur notre nouvelle route, plus étroite et plus sinueuse, il n’y a que des bas-côtés herbeux. Et, curieusement, alors que dans quelques heures nous serons seuls sur la route, le trafic est intense. Bien souvent, nous sommes avertis par un klaxon impératif et tonitruant de l’arrivée des bus, camions et autres voitures, mais parfois nous sommes surpris au dernier moment, lorsqu’ils nous doublent en nous frôlant sans prévenir. Ça serait dommage d’abîmer mes belles sacoches dans un accrochage avec un de ces monstres, aussi redoublons-nous de vigilance ! L’œil sur le rétroviseur gauche, la main légère sur la poignée des gaz, nous rasons les bas-côtés, prêts à s’y réfugier au cas où il nous faudrait choisir entre la route ou la vie ! L’attention que nous devons porter à la circulation nous empêche d’apprécier à sa juste valeur la beauté d’un paysage qui devient de plus en plus sauvage. Les rizières laissent progressivement la place à une végétation plus tropicale. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Après Tân An, nous franchissons le Thu Bôn qui fera tant de dégât 15 jours plus tard, lors de la tempête tropicale d’août ! Pour le moment, il est calme et s’écoule paresseusement entre les 2 rives de sable blanc, bordées d’arbres qui se mirent dans son eau. La route devient à la fois plus calme et plus sinueuse. Elle part à l’assaut des hauts plateaux, en serpentant dans une jungle de plus en plus dense, laissant apparaître de-ci de-là quelques espaces où les paysans pratiquent la culture de riz et de maïs sur brûlis. Les villages se raréfient, et brusquement une inquiétude nous étreint : n’aurions nous pas été trop optimistes sur la question de l’essence ? En effet, la rareté des habitations étant proportionnelle à l’insuffisance de postes à essence, la pénurie nous guette ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]À chaque virage, nos regards scrutent l’horizon pour tenter d’apercevoir la pompe salvatrice qui nous éviterait la honte absolue : la panne d’essence en rase campagne, à 900 km de Hanoi ! Enfin, après une demi-heure de suée, pas seulement due à la chaleur, nous découvrons, au détour d’un petit col, la plus belle, la plus merveilleuse, la plus splendide des pompes à essence que j’ai connu ! Elle ne paie pas de mine avec son petit bonnet pointu, cette modeste pompe à main, mais elle offre à nos réservoirs éperdus de reconnaissance le liquide verdâtre qui nous évitera de sombrer dans le ridicule ! Et qu’importe que le prix soit 2 fois plus élevé que d’habitude ! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Nous repartons le cœur léger, mais bien décidé à refaire le plein à la première occasion… qui se présentera 150 km plus loin ! La route escalade la montagne dans une forêt de plus en plus touffue. Nous traversons 2 grands chantiers qui ouvrent les flancs des plateaux pour faciliter la circulation. La poussière rouge soulevée par les engins de terrassement nous aveugle et nous encombre les poumons, mais elle ne nous empêche pas de recevoir les signes d’encouragement des ouvriers qui, en voyant passer un étranger, s’arrêtent quelques instants de travailler pour le saluer. Je me demande d’ailleurs comment ils arrivent à distinguer mon visage, masqué par une visière couverte d’insectes écrasés et de poussière ! Des essuie-glaces me seraient fort utiles ! Avec quel plaisir, nous retrouvons à chaque fois l’air pur et l’ombre fraîche de la forêt ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]À 10h30 : nous roulons depuis 3 heures, et l’eau de nos bouteilles est chaude ! Il est temps de marquer une pause réhydratation et de faire refroidir les moteurs, un peu fatigués par la longue montée. Nous nous abritons du soleil dans un petit café situé à l’intersection de 2 routes 14B et 14, la piste Hô Chí Minh, juste avant Khâm Duc. En fait, nous sommes dans un hameau provisoire qui sert aux ouvriers qui travaillent à l’aménagement d’une centrale hydraulique un peu plus loin. D’ailleurs quelques ingénieurs et militaires sont présents, et très vite la conversation s’engage. Comme d’habitude nos interlocuteurs sont surpris par 2 faits qui leur paraissent curieux : un étranger qui parlent leur langue et notre périple à 2 en moto depuis Hanoi. Et comme d’habitude, je ne sais si je dois me vexer ou être fier quand je reçois des compliments sur la santé et l’énergie dont je fais preuve, à mon âge, pour effectuer un tel voyage ! Nous prenons congé par de chaleureuses poignées de mains et nous virons plein Sud par la piste Hô Chí Minh. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Pendant plus de 5 heures, Tuân et moi serons presque seuls sur cette route, croisant plus de bœufs et de chèvres que de motos ou de camions ! La province de Kon Tum mérite bien son rang de région la moins peuplée du Vietnam : 18 habitants au km2 ! La piste, qui est aujourd’hui une belle route en béton, ondule entre monts et vallons, au milieu d’un paysage d’une extraordinaire beauté. La jungle épaisse et sombre s’étend jusqu’au bord de la route. Parfois, une clairière laisse apparaître de modestes cultures sur brûlis. Le lit bleuté des torrents perce de temps à autre la muraille végétale, et c’est un véritable plaisir de s’arrêter au pied d’une cascade pour se rafraîchir le visage… et humidifier nos casques ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Le long de la route, quelques maisons typiques des minorités ethniques locales apportent une note pittoresque. Les plus spectaculaires sont les maisons communales des Ba Na qui surplombent les hameaux de leurs toits majestueux ! Nous apercevons quelques rares villages en contrebas de la piste, et une fois ou 2, nous quittons la route pour y pénétrer. Manifestement, les habitants n’ont pas l’habitude de voir des étrangers, et je ne parle pas que de moi. Ici, Tuân, avec sa moto immatriculée à Hanoi, fait autant allochtone (oui, ça existe en français, ce mot !) que moi ! Les enfants se précipitent dans les bras des mères qui restent prudemment sur le pas de leurs maisons en bois, et quelques hommes qui ne sont pas aux travaux des champs nous saluent aimablement, mais nous ne nous attardons pas. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Un arrêt à Dak Giai pour le repas…, le plein d’essence, et nous continuons notre route, en fuyant devant un orage ! En effet, le ciel est devenu menaçant et a pris une teinte noire du plus mauvais présage. Pour éviter les trombes d’eau, nous décidons d’aller plus vite que le vent, et pour une fois, nous roulons à plus de 80 km/h pendant presque une heure sur une route heureusement dégagée et en parfait état. Nous sommes maintenant sur le plateau de Kon Tum et nous voyons défiler Dak To et ses plantations de thé vert, Dak Ha et ses plantations de café, et enfin les immenses plantations d’hévéas qui annoncent Kon Tum ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Quand nous arrivons à l’hôtel, l’orage éclate ! Sauvés ! Et fatigués… Nous avons parcouru plus de 250 km depuis ce matin, sous un soleil impitoyable, qui, malgré nos précautions, nous vaudra de splendides coups de soleil sur le nez et les bras ! Il est grand temps de se reposer ! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](À suivre) [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont/CVN[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](14/10/2007) [/FONT] -
23 octobre 2007 à 2h17 #47581Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/10/Vietnam/Culture/default/4225.f01as.JPG[/IMG][/FONT]
Récit du voyage de Gérard et Tuân : 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Huitième journée : Kon Tum – Buôn Ma Thuôt [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Le 27 juillet. À 06h00. Hier soir, nous nous sommes octroyés un massage à l’hôtel pour nous remettre de la dure journée de route. Souvent, quand je fais un séjour en France, j’entends mes amis me parler des massages vietnamiens avec beaucoup de sous-entendus ! Il est vrai que le massage asiatique a souvent mauvaise réputation chez les Occidentaux qui confondent massages et attouchements ! Il est vrai aussi que de nombreuses officines, fort répandues en zones touristiques, alimentent consciencieusement cette réputation ! En ce qui nous concerne, Tuân et moi, nous avons simplement profité d’un massage traditionnel où l’énergie de la masseuse, à nous frapper à poings fermés et à nous piétiner allègrement, ôte toute velléité de marivaudage ! Et honni soit qui mal y pense ! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Les os remis en place, et une bonne nuit de repos, nous sommes prêts à poursuivre notre voyage… Ce matin, le temps est gris, suite de l’orage de la veille. Pour nous c’est plutôt agréable, car la température est plus fraîche, et pour la première fois j’ai revêtu un blouson pour affronter les heures matinales. Notre pho quotidien avalé, nous suivons la nationale 14 en direction de Pleiku. La route a laissé la piste Hô Chí Minh continuer vers le Laos la veille, et maintenant elle est redevenue une route comme les autres! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Avec une circulation plus importante qui nécessite d’être vigilant ! La preuve m’en est donnée très rapidement, puisque, après quelques kilomètres, un bus qui double en 4e position me contraint à rouler dans un fossé rendu boueux par les pluies de la veille. Et là, je commets une erreur de débutant : au lieu de relâcher les gaz et de laisser ma moto ralentir sur son erre, je freine ! Dérapage dans la boue, la moto s’incline, le poids des bagages m’entraîne, et je chute dans la boue ! Rien de grave, puisque je reste debout, c’est la moto qui se couche, mais mon orgueil de motard en prend un coup. Tuân est déjà là, il me donne un coup de main pour relever engin et bagages, et me propose, suite à sa longue expérience des sentiers boueux, de ressortir ma moto du bourbier dans lequel elle s’est enfoncée. Mais je décline son offre : je dois m’en sortir tout seul ! Et c’est sous le regard moqueur mais protecteur de Tuân que je réussis, après quelques dérapages contrôlés, à ressortir du fossé et à retrouver le bitume de la route. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Cet incident nous montre une fois encore combien la route est dangereuse. Nous verrons d’ailleurs notre second accident mortel ce jour là ! Et encore une fois, j’aurais le cœur serré de voir que je ne pourrais rien faire pour ce malheureux ! Malheureux et inconscient, car nous l’avions vu quelques minutes auparavant s’amuser à slalomer entre les camions et les bus, jouant à doubler tout le monde, sans ralentir… Médecin du corps et des coeurs, je connais bien la psychologie humaine, mais quelle cruelle absurdité que de laisser son taux de testostérone supplanter sa raison pour finir sous les roues d’un camion ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Malgré tout, la route continue… Nous faisons un petit détour pour admirer le lac Tnung, à quelques kilomètres de Pleiku. Curieusement, hormis les bananiers, ses rives couvertes de pinèdes et ses plages de sable rouge me font penser aux lacs de la Côte d’Azur en France. Sous la pergola qui surplombe le lac, quelques couples d’amoureux se font des serments pour la vie. Tuân et moi, nous faisons discrets ! En quittant le lac, nous croisons un guide, en grosse cylindrée, qui effectue les trajets Dà Lat – Dà Nang en transportant des touristes. Malgré l’humilité de nos petites motos, nous avons droit à des félicitations et des encouragements de sa part et à la solidarité des motards, en nous indiquant quelques passages difficiles sur la route à venir. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Après un arrêt à Pleiku pour faire nettoyer ma moto couverte de boue, nous repartons vers Buôn Ma Thuôt. Jusqu’à présent, nous avions eu la chance d’avoir des routes plutôt confortables, exemptes de gros trous, et que nos reins et nos épaules appréciaient particulièrement. Cette fois, la route a décidé de nous donner une leçon, et pendant près de 200 km, nous sautons plus que nous roulons ! À cette occasion, Tuân apprend une expression bien française : « C’est vraiment une route de m…! ». Expression qu’il utilisera avec beaucoup de plaisir plusieurs fois pendant ce trajet ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]C’est donc en tressautant sur nos selles que nous traversons l’immense plateau de Pleiku à Buôn Ma Thuôt. Ici, tout est vaste : le paysage qui s’étend à l’infini, les monts volcaniques qui se dessinent à l’horizon, les plantations de thés, de poivriers et de café qui se succèdent en rangs serrés. Mais ce qui m’impressionne le plus, ce sont les plantations d’hévéas qui s’étirent sur des dizaines de kilomètres ! Dire que cette résine finira en millions de pneus qui, une fois usés, se consumeront en polluant l’atmosphère ! À cause de la… rusticité de la route ! Les haltes défilent : arrêt au marché de Cho Se pour acheter des fruits, arrêt à Ea Rai pour refaire le plein d’essence, arrêt à Ea Drang pour le repas de midi, arrêt à Buôn Hô pour boire un verre. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Après Buôn Hô, nous nous arrêtons au sommet d’un petit col pour discuter avec des enfants qui gardent des bœufs paissant dans une pinède. De là, nous avons vue sur des plantations de thé en terrasse. L’endroit est calme, l’air est frais, et les enfants sont curieux. Ils nous posent beaucoup de questions auxquelles nous répondons, en surveillant nos bagages du coin de l’oeil…! C’est à ce moment là que je prends conscience de mes limites : mon vietnamien est inopérant ! Outre mon épouvantable accent qui rend déjà mon discours difficilement compréhensible à toute personne qui n’a pas l’habitude d’entendre un étranger parler vietnamien, mon vocabulaire n’est plus celui de la région. Même Tuân a du mal à se faire comprendre ! Pour me consoler, je me dis que ces enfants font partie de l’ethnie Gia Rai et que donc à l’impossible nul n’est tenu. J’apprendrai les dialectes plus tard ! Nous repartons sous des « bye bye » tonitruants, ce qui achève de me rendre morose ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Mon moral remonte rapidement en profitant des derniers kilomètres qui nous séparent de Buôn Ma Thuôt, et heureusement, car, à peine arrivé en ville, un incident mécanique aurait pu entamer définitivement ma bonne humeur proverbiale ! Ma moto émet, depuis quelques temps, un curieux bruit de sirène à chaque démarrage, et là ce bruit devient franchement insupportable, à tel point qu’il attire l’attention des gens que nous croisons ! Nous décidons de tirer les choses au clair, et nous demandons l’adresse du concessionnaire de la marque de ma moto. Un xe ôm local propose de nous guider, et après avoir traversé la ville, rouge de confusion sur un engin couinant, j’arrive à la concession. Je n’ai pas besoin de parler ! En entendant le bruit, le gérant fait le diagnostic : « C’est la courroie ! », et hèle immédiatement 2 ouvriers pour m’offrir un festival de l’efficacité vietnamienne ! L’engin est mis sur pont, carter ouvert, courroie ôtée, membrane changée, moteur nettoyé, nouvelle courroie, carter refermé, moto remise à neuf en moins d’une demi-heure ! En France, j’aurais attendu 3 jours ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Hôtel trouvé, nous nous offrons une promenade nocturne dans l’air frais de Buôn Ma Thuôt : petit tour devant le Monument de la Victoire, visite de l’église locale et du temple Lac Giao. Un petit moment de recueillement chacun selon nos convictions personnelles, et après un excellent repas dans un restaurant, nous retrouvons le calme de nos chambres. Il est 21h00. Demain nous repartons à 06h00 pour Nha Trang. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](À suivre)[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont/CVN[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](21/10/2007) [/FONT] -
31 octobre 2007 à 3h15 #48128Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] Récit du voyage de Gérard et Tuân : 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên [/FONT] [FONT=Arial, Helvetica, sans-serif] [IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/10/Vietnam/Culture/default/4231.f01as.JPG[/IMG]
Neuvième journée : Buôn Ma Thuôt – Nha Trang
[/FONT]
Le 28 juillet. À 06h30. Au jour naissant, Tuân et moi sommes installés au 9e étage d’un hôtel pour déguster un copieux petit déjeuner. Pour la deuxième fois depuis le début de notre voyage, nous faisons une entorse au rituel du pho matinal. J’avais envie de retrouver le goût du pain-beurre et œufs au plats matutinaux. Sur le plan diététique, je ne suis pas certain que nous ayons gagné au change, mais sur le plan de la gourmandise, c’est un vrai régal ! Et puis, la vue sur Buôn Ma Thuôt et les environs est superbe ! Seuls les pas feutrés des serveurs viennent troubler la sérénité de l’instant ![FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Mais ce moment de plénitude gastro-sensitive ne dure pas. À peine ai-je terminé de plonger un croissant croustillant dans ma tasse de thé que l’ascenseur déverse sur la terrasse un flot ininterrompu d’hommes et de femmes qui se ruent sur le buffet, manquant nous renverser au passage ! Nous remarquons que la plupart portent des chemises au sigle d’une grande entreprise et déduisons que nous avons pour convives des employés de ladite entreprise, en voyage d’agrément ! Connaissant cette entreprise de réputation, je me dis que nous sommes entre gens de bonne compagnie et que je ne risque rien à aller me resservir au buffet. Quel naïf je suis ! En effet, devant un buffet comme sur la route, l’individu devient un monstre d’égoïsme, seulement préoccupé à atteindre son but : le plat qu’il convoite ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Je me retrouve coincé au milieu d’individus, les yeux exorbités, les lèvres retournées sur un rictus sauvage, poussant des grognements de bêtes, cognant, bousculant, piétinant… Je résiste, j’essaie de rester humain, mais moi aussi je dois lutter pour ma survie, et, que mes ancêtres me pardonnent, mais je profite éhontément de mon expérience d’ex-talonneur de rugby et de mon gabarit plutôt imposant pour écraser, culbuter, éjecter tout ce qui me sépare de mon pain, et revenir, couvert de bleus, mais triomphant ! C’est ce qui s’appelle « gagner son pain à la sueur de son front »… Ce qui est remarquable, c’est que, une fois servi et de retour à leur table, tous ces fauves redeviennent des individus aimables et polis qui me sourient et me souhaitent bon appétit ![/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Cette épreuve accomplie, nous en entamons une seconde non moins dangereuse : reprendre la route en direction de Nha Trang ! Et, décidément, rien ne me sera épargné aujourd’hui ! En effet, ce matin, c’est Tuân qui ouvre la route, et depuis que nous avons quitté Buôn Ma Thuôt, je le vois regarder attentivement de tous côtés, ralentir souvent, scruter le paysage… Autant de signe d’inquiétudes, inhabituels chez lui ! Soudain, il s’arrête sur le bas-côté, hélant un passant. Le temps que je le rejoigne, il a déjà obtenu le renseignement qu’il cherchait : nous allons vers le Cambodge, à l’opposé de notre route ! Je regarde mon compteur : nous avons parcouru 30 km qu’il va falloir refaire en sens inverse ! Une heure de route pour rien ! Mais comment se mettre en colère face au sourire épanoui de Tuân dont la bonne humeur n’est jamais altérée ? Demi-tour dans la décontraction, et en avant plein Ouest ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Cette fois-ci, nous devons traverser le plateau volcanique de la province de Dak Lak, avant de redescendre sur le littoral. La route 26 nous promène à travers les plantations de café et innombrables champs de maïs, s’étirant jusqu’aux montagnes noires qui se profilent à l’horizon. Le maïs est pour la région ce que le riz est aux deltas : nourriture principale, source de revenus, activité commerçante. Entre Ea Knop et M’Drak, nous nous arrêtons devant de petits auvents de fortune qui s’agglutinent le long de la route. Devant chacun d’eux, des chaudrons fumants dégagent une agréable odeur de maïs bouilli. Des éventaires alignent des rangées d’énormes durians à l’écorce rugueuse. Sur le sol, sont posées des cages en osiers, dans lesquelles une multitude de petites perruches vertes s’époumone en vaines querelles. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Pas le temps d’accepter le thé vert aimablement proposé : il faut continuer notre chemin, car le temps se couvre et nous craignons que la pluie ne vienne apporter sa contribution aux épreuves de cette journée ! Les nuages s’amoncellent sur les hauts sommets arrondis qui bordent le plateau, et le ciel prend une vilaine teinte cuivrée ! Nous avons à peine le temps d’admirer les pittoresques maisons Ede à l’escalier taillé dans un tronc que déjà les premières gouttes du voyage s’écrasent sur nos casques. Arrêt d’urgence sur le bas-côté ! On enfile en vitesse les áo mua (imperméables), opération délicate, car il s’agit de protéger à la fois les vêtements, les pieds, les mains et les bagages ! Je ne réussis pas à concilier le tout, et je sacrifie les pieds et les mains ! La route, déjà difficile par temps sec, devient franchement périlleuse par temps de pluie ! La prudence s’impose, et pourtant nous voyons encore des motos qui nous doublent en zigzaguant entre les camions et les bus qui passent en trombe ! Le soleil, insensible aux tracas humains, reprend sa place dans le ciel, et, libérés de nos capes de pluie, nous poursuivons notre trajet… [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]La route se lance à l’assaut du dèo Phuong Hoàng, col qui ferme la province de Dak Lak et ouvre celle de Khánh Hoà qui abrite Nha Trang. Les nombreuses maisons Edê, devant lesquelles des enfants nous saluent en riant, s’espacent progressivement, et bientôt nous sommes seuls au milieu d’un paysage surprenant. La route trace son chemin parmi des sommets arrondis, couverts jusqu’à mi-pente d’une jungle touffue. Ensuite, les flancs des montagnes sont recouverts de plantations d’arbres sur des centaines d’hectares. Ces jeunes arbres, alignés à perte de vue, me donnent l’impression de circuler dans une gigantesque pépinière. Je suis ébahi par le travail de titan que représente ce reboisement de millions et de millions d’arbustes qui s’étire à l’infini ! Au sommet du col, la jungle épaisse reprend ces droits pour s’éclaircir peu à peu dans la descente et laisser place à une végétation plus clairsemée. Les plantations de maïs réapparaissent autour des dernières maisons Ede que nous verrons. Voici la plaine et les premières rizières ! Un dernier regard sur ces montagnes que nous quittons et qui se diluent déjà dans une brume blanchâtre. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Nous avons à peine le temps de passer devant la source d’eau chaude Truong Xuân, et déjà nous retrouvons une vieille compagne : la route nationale 1. Après plusieurs jours de voyage sur des routes peu encombrées, nous sommes brutalement assaillis par le flot incessant de toutes sortes de véhicules qui se précipitent vers Nha Trang. Et pourtant, il est 12h00, et nombreux sont ceux qui se sont arrêtés pour le repas ! Cependant, nous retrouvons avec plaisir les allées latérales réservées aux 2 roues qui nous offrent une relative sécurité, comparée à l’herbe et à la boue des fossés qui longeaient notre route depuis Hôi An. Le revêtement de bitume est lisse, et, profitant d’un moment d’accalmie dans la circulation, et d’une ligne droite, sans intersections, ni habitations, nous décidons de « décrasser » un peu nos moteurs en nous octroyant une des rares pointes de vitesse de notre voyage. Finalement, si ma moto est plus puissante que celle de Tuân, le handicap de mon poids, cumulé à celui de mes bagages, ne me donne pas de net avantage sur une si petite distance ! C’est côte à côte que nous ralentissons pour reprendre notre vitesse de croisière avant de pénétrer dans Nha Trang. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Nos bagages déposés à l’hôtel, nous plongeons dans l’agitation de la ville balnéaire qui nous étourdit un peu après le calme des hauts plateaux du Centre ! Cet après-midi, repos aux heures chaudes, puis promenade à pied et badminton sur le front de mer ! Les motos se reposent. Demain elles repartent à l’assaut des montagnes pour rejoindre Dà Lat…[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]([/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]À suivre)[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont/CVN
(28/10/2007) [/FONT] -
31 octobre 2007 à 14h41 #48165
Bonjour
Merci Bao Nhân pour ce recit a episode, c’est un regal.j’ai bien aime le passage du buffet ou l’auteur termine par :
…tous ces fauves redeviennent des individus aimables et polis qui me sourient et me souhaitent bon appétit !
Alors qu’il en est devenu un lui meme (dans une description digne d’un frederic dard)
qui plus est en allant se resservir. Amusant la perception des choses.
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9 novembre 2007 à 6h44 #48900
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Récit du voyage de Gérard et Tuân : 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/11/Vietnam/Culture/default/4237.f01as.JPG[/IMG]
Dixième journée : Nha Trang – Dà Lat
Le 29 juillet. À 08h00. Après un dernier regard sur les plages de Nha Trang qui se couvriront de vacanciers adeptes des plaisirs balnéaires, nous filons Sud, en direction de Phan Rang-Tháp Chàm, où nous quitterons la nationale 1 pour monter vers Dà Lat par la route 27. Dès les premiers kilomètres dans la campagne, j’ai une curieuse impression : le paysage du littoral, que nous avions abandonné lors de notre montée vers les hauts plateaux, me semble familier et pourtant il y a comme un subtil changement ! Cependant, les parcs à crevettes alignent les mêmes maisons sur pilotis, l’air est toujours chargé d’iode et de sel, les rizières sont peut-être d’un vert un peu plus terne, mais elles ondulent toujours de la même façon sous le vent de l’aube…Un avant-goût tropical
Franchement il y a quelque chose qui me tracasse, mais quoi ? Et soudain, en admirant les montagnes qui se profilent au loin, à droite de la route, la réponse surgit, évidente ! Là, devant les silhouettes montagneuses, caressés par le souffle léger du vent marin, ils défilent comme à la parade au bord des rizières : les cocotiers ! Ils se dressent fièrement et semblent me narguer : « Alors, tu croyais que tu allais faire un saut entre Dà Nang et Nha Trang, et te retrouver 500 km plus au Sud avec le même paysage ! Tu approches des tropiques mon coco, et donc la flore devient tropicale ! ». Et comme pour me faire bien comprendre cette évidence géographique, voilà que les premières cultures de mangue apparaissent, suivies dans le lointain de plantation de tabac… J’abdique ! Je dois me faire à l’idée que nous entrons dans le vestibule du delta du Mékong, à la végétation luxuriante !Mais, je ne suis pas au bout de mes surprises ! Tuân, qui est devant moi, me fait signe de regarder sur la gauche, et là, je crois être victime d’une hallucination : entre mer et route, des moutons broutent paisiblement une herbe rare et sableuse ! Et même de gras moutons ! J’étais persuadé qu’il n’y avait pas de moutons au Vietnam, et même les vendeuses de mon marché de Hanoi me prennent pour un illuminé quand j’ose leur demander du thit cùu (viande de mouton) ! D’ailleurs Tuân est aussi ébahi que moi, car il s’arrête sur le bas-côté et me dit avec son éternel sourire : « Tu te rends compte, il y a même des moutons ! ». Une photo des placides ovins pour se convaincre que nous ne rêvons pas, et nous poursuivons notre route dans un paysage pour gourmand et fumeurs !
Voici Phan Rang-Tháp Chàm, capitale de la province de Ninh Thuân, qui accueillit autrefois le dernier empire Cham. Et, c’est d’ailleurs pour visiter Po Klaung Garai, sanctuaire cham du 13e siècle, que nous décidons d’y faire halte. Mais, avant de s’intéresser à la culture et à l’histoire du Vietnam, nous nous penchons sur sa gastronomie ! Dans une petite gargote au toit de chaume, nous rassasions nos estomacs, humidifions nos gosiers, et vidons nos vessies. Pour cette dernière et prosaïque contingence matérielle, il me faut souligner que je suis toujours surpris de voir avec quelle désinvolture les Viet- namiens se soulager au bord des routes ! Alors qu’en France, pour éviter d’être mis aux fers et objet de l’opprobre publi-que, nous cherchons le bosquet salvateur ou le champ de hauts épis de maïs. Ici hommes, femmes et enfants se délestent de leur trop-plein en pleine nature, sans chercher à se cacher du regard des pas- sants. Pratique d’autant plus curieuse que sur les plages, alors qu’en France on exhibe volontiers tout ce qui différencie l’homme de la femme, ici, les tenues de bain sont plutôt prudes. Ceci pour dire qu’au cours de ce voyage, j’ai toujours préféré prendre mes précautions, même dans les plus infâmes tinettes d’arrière-cour que j’ai trouvé, plutôt que de participer aux nombreuses mictions collectives que j’ai pu doubler sur le bord des routes ! Ces réflexions tombent à pic, puisque c’est devant des sanitaires payants que j’attends Tuân sur le parking de Pau Klaung Garai !
En effet, notre principal handicap dans ce voyage aura été nos bagages apparents. Quand nous souhaitons nous arrêter en cours de route pour visiter un endroit qui nécessite de s’éloigner de nos motos, nous ne pouvons pas le faire ensemble, sous peine de laisser nos bagages sans surveillance ou bien passer notre route. C’est donc à tour de rôle que nous visitons les sites intéressants. Aujourd’hui, la courte paille a désigné Tuân pour la visite, et moi pour la garde des motos sous un figuier famélique en face de sanitaires publics ! Pendant la demi-heure où Tuân prend sous tous les joints les vénérables pierres, les peintures et les sculptures chams, moi je nettoie les phares, resserre les rétroviseurs, regonfle les pneus (nous avons une pompe à pied !), si bien que ce sont des motos requinquées et bichon-nées qui reprennent la route de Dà Lat. C’est une route en piteux état, de 100 km, qui nous fait escalader les 1.500 m de dénivelé entre le littoral et Dà Lat.
Un arrière-goût alpin…
Malgré les cahots de la route, nous prenons le temps d’admirer, en traversant les villages, les nombreuses pagodes qui ressemblent à des églises, et les nombreuses églises qui ressemblent à des pagodes ! Curieux syncrétisme religieux architectural ! Bientôt la route devient très raide et sinueuse. Pendant plus de 20 km, nous allons croiser, tantôt dessus, tantôt dessous, l’imposante conduite forcée qui alimente la centrale hydroélectrique de Tan Son.Le paysage devient franchement alpins : forêt de feuillus et de pins sylvestres qui s’entrelacent, en laissant apparaître des torrents qui cascadent sur les rochers. Heureu- sement, elle est peu fréquentée par les camions, et hormis quelques bus touristiques, nous ne la partageons qu’avec de rares motos, préoccupées comme nous à éviter les innombrables « nids de poules » qui lui donnent un air de champ de bataille ! Juste avant le col Song Pha, dans un virage, la vue est fabuleuse. Le regard embrasse toute la plaine jusqu’à la mer. D’ailleurs les touristes ne s’y trompent pas, car 3 cars ont déjà déversé leur cargaison de vacanciers qui s’extasient dans toutes les langues. Dommage que le temps soit chargé et nous masque une partie de ce panorama grandiose.
Au sommet du col à 1.000 m d’altitude, des cabanes de fortune abritent des familles qui proposent des ananas, des noix de coco et des cristaux de pierre polis. Nous nous arrêtons pour profiter des hamacs mis à disposition des voyageurs. Une tasse de thé vietnamien à la main, mollement bercé par un lent mouvement de tangage, je manque m’endormir ! Après les félicitations d’usage de nos hôtes, nous emmenons nos motos gravir le second col, 500 m plus haut. La route est encore pire, car elle est de moins en moins fréquentée, une nouvelle route venant de s’ouvrir. Qu’importe, le paysage est d’une beauté sauvage qui nous fait oublier la musculation forcée de nos épaules et de nos fessiers ! Juste après le col, dit des Français, un petit village me donne le sentiment que nous sommes en France : mêmes maisons aux toits de tuile et aux fenêtres à croisées, mêmes jardins alignant laitues et carottes, mêmes tracteurs garés dans les fermes ! Seuls les « nons » des paysans me rappellent que je suis au Vietnam ! En arrivant sur le plateau à proximité de Dà Lat, nous sommes accueillis par d’immenses plantations de thé en terrasse, puis, juste avant la ville, par une profusion de serres qui annoncent la couleur : Dà Lat, c’est le potager et le jardin horticole du Vietnam !
Il pleut ce soir sur Dà Lat. Un parapluie pour 2, nous déambulons sur le mail en face de notre hôtel, à 2 pas du marché couvert qui nous offre une orgie de fruits, légumes et fleurs à faire pâlir n’importe quel maraîcher breton ! Et c’est sous un crachin digne de la même région que nous nous endormons, à 1.500 km de Hanoi !
(À suivre)
Gérard Bonnafont/CVN[/FONT]
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29 novembre 2007 à 0h56 #50148Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Récit du voyage de Gérard et Tuân : 2.500 km en moto de Hanoi à HCM-Ville, par le Tây Nguyên [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/11/Vietnam/Culture/default/4243.f01as.JPG[/IMG][/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Onzième journée : Dà Lat-Hô Chi Minh-Ville [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Le 30 juillet. À 08h00. Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, et nous allons faire une longue étape de 300 km entre Dà Lat et Hô Chi Minh-Ville. Hier soir, mon père m’a appelé de France pour me souhaiter un bon anniversaire. Depuis mes 20 ans, il est toujours en avance d’une journée, mais je ne lui en veux pas ! Lorsque je lui ai dit que j’étais à Dà Lat et que j’allais rejoindre Saigon de son enfance en moto, il m’a donné une belle leçon d’humilité en me disant que lorsqu’il avait 15 ans et qu’il était élève au lycée Alexandre Yersin à Dà Lat, il faisait la route en vélo une fois par trimestre ! « À l’époque, on mettait 2 jours pour descendre et 3 jours pour remonter. Et il y avait des éléphants sauvages sur la piste. Quand ils étaient endormis, on attendait qu’ils se réveillent pour passer ! ». Soixante-quatre ans après, je refais la même route, mais en moto. D’éléphants sauvages point, en revanche beaucoup de bus et de camions, éléphants modernes, avec lesquels il s’agit de ne pas s’endormir ! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Petite séparation… [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Le départ de Dà Lat se fait dans un cadre idyllique : les pinèdes qui bordent la route exhalent un frais parfum de résine, les sapins et les mélèzes strient de vert sombre, le vert tendre des feuillus et l’on entend, derrière le souffle du vent, le bruit des cascades qui s’écoulent dans les vallons. Le paysage est tellement beau que nous nous arrêtons pour le contempler. Pendant que Tuân prend des photos, je me rapproche d’un point de vue. Mal m’en prends ! Masqué par un bus à l’arrêt, je ne vois pas Tuân repartir et j’attends quelques minutes, espérant qu’il me rejoigne. Après 5 minutes, un doute me prend et je retourne à l’endroit où j’avais laissé Tuân derrière son appareil photo. Plus de Tuân ! Il est devant, me dis-je, et dans quelques kilomètres, ne me voyant ni devant lui, ni dans son rétroviseur, il va s’arrêter et m’attendre. Je reprends donc la route avec tout de même une curieuse impression de solitude ! Non que j’ai peur d’être seul sur la route, mais depuis toujours, Tuân et moi faisons équipe dans nos randonnées. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Dans ce long voyage particulièrement, nous veillons l’un sur l’autre. Par des codes de phares, de coups de freins, de clignotants, de coups de klaxons, de gestes de la main, connus de nous seuls, nous nous avertissons mutuellement des dangers de la route que l’autre n’aurait pas vu. Chacun à tour de rôle, nous jouons le rôle d’ouvreur ou de suiveur. Celui qui est devant ouvre la route, prévient des obstacles, signale dans les virages l’intrus qui se déporte trop, cherche les haltes propices… Celui qui est derrière vérifie le chargement du précédent, prévient de l’arrivée inopinée d’un véhicule sans avertisseur… En cas de pépin mécanique ou corporel, nous savons que nous pouvons compter l’un sur l’autre. L’autre matin, c’est moi qui a pansé le pied de Tuân, légèrement blessé par une béquille récalcitrante, et l’après-midi, c’est lui qui a soigné, sur le bord de la route, un démarreur fatigué ! Grâce à cette solidarité sans faille, nous nous sentons toujours en sécurité. Et j’ajouterai que sans Tuân, surtout dans le Sud, ma capacité à échanger en vietnamien avec les gens du cru est sérieusement édulcorée ! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Bref, je me sens un peu orphelin, mais me rassérène rapidement en me disant que nous sommes encore reliés par téléphones portables. Lien que je fais fonctionner après une dizaine de kilomètres parcourus à allure soutenue, sans voir de Tuân à l’horizon. Las ! Pas de réponse ! Je réitère plusieurs fois ! Rien… Je recommence quelques kilomètres plus loin. Toujours rien ! Une sourde inquiétude me fais penser que, peut-être, il a pu lui arriver quelque chose. Optimiste par nature, je n’envisage pas le pire, mais j’aimerai bien quand même avoir de ses nouvelles. À la troisième tentative, j’entends sa voix à travers des crachotements : « Où es-tu ? ». Je regarde la bannière d’un magasin devant lequel je suis arrêté : « Liên Nghia ! » « J’arrive, attends moi ! » Moto sur la béquille, je prends la position du xe ôm au repos et j’attends mon Tuân pendant une demi-heure. Retrouvailles, explications : Tuân me croyait devant lui, puis ne me voyant pas il a fait machine arrière, et en voulant téléphoner, il a fait tomber son téléphone qui s’est éparpillé sur la chaussée. Il a réussi à ramasser les morceaux et à reconstituer un appareil… potable ! Sans nous voir, nous nous sommes croisés, et il était presque revenu à Dà Lat quand nous avons réussi à nous joindre ! Il aura fait 60 km de plus que moi pendant notre voyage ! L’équipe ressoudée, nous repartons en direction de Hô Chi Minh-[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Ville…[/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gros coup de fatigue ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Après la ville de Bao Lôc, nous apercevons quelques membres de la minorité Ma, portant leurs corbeilles sur le dos au milieu de vastes plantations de thé et de culture de mûriers, destinés à l’élevage de ver à soie. C’est entre Bao Lôc et Dinh Quan qu’arrivent coup sur coup 3 incidents qu’il nous faut prendre aux sérieux. Lors d’une halte à un poste à essence, ma moto se penche sur le côté et je me laisse emporter. La chute est sans gravité, car je me rattrape à temps pour éviter de toucher le sol, mais pour moi c’est un signe de fatigue. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Cinquante kilomètres plus loin pris dans un violent orage, nous décidons de nous abriter sous l’auvent d’un vendeur de hamburger. En montant une légère déclivité qui mène sur un sol de ciment, je dérape et je chute lourdement, heurtant le sol avec mon genou, moto couchée sur moi. Les dégâts sont minimes et vite réparés : rétroviseur redressé, et poche de glace puis arnica sur le genou. Une heure plus tard, je n’aurais plus mal ! Cependant, ceci est un avertissement : une fatigue insidieuse s’installe après plus de 2.000 km en moto et nos réflexes diminuent. Je dis nous, parce que Tuân à évité, de justesse, une chute de débutant, quelques kilomètres auparavant, en glissant sur le bas-côté de la route ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Il est temps que nous arrivions ! Passés les étranges formations volcaniques de Dinh Quan sur le bord de la route, nous traversons l’embouchure de la La Nga qui se jette dans le gigantesque lac Tri An, et nous retrouvons, une fois encore, la route nationale 1 qui nous conduit vers Hô Chi Minh-Ville, sous une pluie fine et persistante. Très vite la circulation devient infernale, les motos se frôlent, les camions et les bus dressent de véritables murs d’acier qui nous encadrent dangereusement. Cinquante kilomètres avant la ville, c’est déjà la ville ! Zones industrielles, immeubles, centres commerciaux, usines, entrepôts… Nous sommes bien loin de la sérénité de la vallée de l’Amour, là-haut, à Dà Lat, ou de la sauvage solitude de la piste Hô Chí Minh, là-bas, sur les hauts plateaux du Centre ! C’est dans un monde de tôle, de gaz d’échappement et de klaxons tonitruants que nous arrivons trempés, couverts de boue, et éreintés dans la plus grande ville du Vietnam ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Un ami de Tuân nous attend à l’entrée de la ville. Il nous pilote jusqu’à une guest house dans une petite impasse de la rue Lê Thánh Tông. La logeuse doit se demander de quelle jungle viennent ces 2 aventuriers qui dégoulinent sur la moquette de la réception ! La douche brûlante est un véritable délice ! J’ai à peine le temps d’apprécier le buffet dans un restaurant gastronomique voisin que la fatigue me tombe dessus. Fourbu, je rentre à l’hôtel. Sur mon chemin, devant un « café », de très charmantes personnes me proposent les plus doux moments ! Je décline leur offre. De toute façon, même si je le voulais, dans l’état où je suis, je donnerais une bien piètre opinion du « latin-lover » ! Je vais dormir… Demain est un autre jour ![/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](À suivre)[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont/CVN[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](11/11/2007) [/FONT]Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Récit du voyage de Gérard et Tuân : 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/11/Vietnam/Culture/default/4249.f01as.JPG[/IMG][/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Douzième journée : HCMV – My Tho – HCMV [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Le 31 juillet. Une bonne nuit de repos, et nous sommes d’humeur à prolonger un peu notre voyage, en faisant une incursion dans le delta du Mékong. Entre 2 « baguettées » de pho, nous décidons que My Tho est une excellente destination qui nous permettra de rentrer à Hô Chi Minh-Ville le soir. Cette fois, nous ferons la route sans nos bagages qui resteront à l’hôtel. J’avais tellement l’habitude de sentir, dans mon dos, mon sac qui me servait de dossier à l’occasion, que je me sens un peu orphelin, quand j’enfourche ma moto. Par contre, faire le plein d’essence sera un plaisir. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]En effet, pendant tout notre périple, tous les 150 km à 200 km, nous avons dû répéter inlassablement la même opération : détacher les tendeurs, descendre le sac, ouvrir la selle pour accéder au réservoir, refermer la selle, remonter le sac, retendre les tendeurs, et de plus, je devais enlever et remettre mes sacoches à cheval sur ma selle. Et bien aujourd’hui, voyageons légers ! Autre avantage à cet allègement, nous gagnons en maniabilité de la moto à vitesse lente, et cela nous est fort utile dans les embouteillages de la trépidante Hô Chi Minh-Ville.[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]En route vers le Mékong… [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]En effet, dès que nous plongeons dans la circulation, ce ne sont que ralentissements, coups de freins, accélérations, décélérations… Nous devons, tels des thons dans un banc entier de poissons, suivre impérativement les flux, reflux et méandres inopinées du flot de véhicules, sous peine d’être rejetés impitoyablement sur les côtés. C’est dans cette ambiance de sardines en boîte que nous arrivons à nous extraire de la ville pour retrouver notre toujours vieille compagne : la route nationale 1. Il nous faudra cependant faire encore 50 km sur les 70 km qui nous séparent de My Tho pour être vraiment « à la campagne », et rouler sur une route à peu près calme. Nous pouvons enfin profiter un peu plus du paysage que nous offre la luxuriance du delta du Mékong : cocotiers, bananiers, mangoustaniers s’alignent en ribambelle le long des rizières opulentes. Il fait beau, et l’air embaume de senteurs fruitées. Curieusement, les bus et les camions se font rares et nous pouvons goûter amplement cet air vivifiant. Les poumons oxygénés et l’âme cham-pêtre, nous arrivons à My Tho. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]À l’entrée de la ville, petit arrêt dans un temple caodaïste dont je ne connais la religion que par les lectures que j’ai pu en faire. Au premier abord, j’ai l’impression d’être dans une pagode, et il faut détailler le statuaire, les peintures et les symboles pour en comprendre la spécificité. En outre, nous avons la chance d’assister en partie à un office religieux, ce qui, pour le sociologue que je suis, est une aubaine intellectuelle ! Après cette pause spirituelle, nous atteignons les rives de « Monsieur » le Mékong ! Majestueux, conscient de sa force puisée aux confins de l’Himalaya, il achève ici le long, très long voyage qui lui a fait traverser la moitié de l’Asie. Moins rouge que son frère du Nord, il charrie cependant les mêmes arbrisseaux tombés de ses rives et roule la même écume vers la mer toute proche. Et pourtant, nous ne sommes que sur un de ses bras, le Tiên Giang ! Respect « Monsieur » le Mékong. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]C’est donc respectueusement que nous affrétons un bateau de transport local pour traverser le fleuve, en direction de l’île Thoi Son. Les rives déroulent le spectacle de villages sur pilotis, de péniches et bateaux de commerce, dont les coques couvertes de coquillages, laissent imaginer qu’ils sont amarrés là pour l’éternité ! Notre embarcation se faufile entre les nombreuses dragues qui oeuvrent dans le lit du fleuve, évite prestement quelques énormes transporteurs cornant à pleine sirène, flirte avec les piles du pont en construction qui doit relier prochainement les 2 rives du Tiên Giang, et atteint le rivage de l’île. À peine le pied posé à terre, nous nous retrouvons en pleine forêt tropicale : moiteur, touffeur, senteurs, bruits étouffés… On s’attend presque à voir surgir un tigre ! Mais, après quelques pas, en fait de fauves, nous sommes accueillis par le sourire agréable et séduisant des serveuses du restaurant de plein air, situé à proximité du débarcadère. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Supplice tropical ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Entre bananiers et manguiers installés dans des chaises en osiers, dégustant des poissons aux oreilles d’éléphants suivis d’une fondue vietnamienne aux fruits de mer, et de bananes fraîches, bercé par le gazouillis des serveuses qui veulent absolument m’entendre parler vietnamien, et conforté par la chaleureuse amitié de Tuân, je sais maintenant ce qu’est le Paradis Terrestre, ou le Nirvâna, selon…! Ce que je ne sais pas, c’est que l’Enfer, c’est la porte à côté ! Et pour moi, ce jour-là, l’Enfer, c’est le supplice des fruits tropicaux ! En effet, ce que Tuân et moi ignorions, c’est que, en prenant notre billet de traversée, nous avions acheté : la traversée, une dégustation de fruits tropicaux et une balade guidée dans l’île et ses mangroves. Et dès la fin du repas, la jeune femme, qui nous avait accompagnés dans le bateau lors de la traversée, réapparaît et nous conduit à un second restaurant situé à 20 m. Là, elle nous intime l’ordre de nous asseoir à une table, sur laquelle arrive, avant que nous ayons pu reprendre notre souffle, une somptueuse assiette de fruits : mangues, fruits du dragon, ramboutans, mangoustans, papayes, ananas, pastèques…! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Si vous avez lu les lignes précédentes, vous savez ce que contient déjà notre estomac ! Si vous vivez au Vietnam, vous savez ce qu’est la politesse et l’insulte que vous faites lorsque vous refusez ce que l’on vous offre ! Mais si vous n’avez jamais été à ma place, alors vous ne savez pas quel supplice, Tuân et moi avons dû subir, à ingurgiter, au détriment de notre équilibre gastro-intestinal, autant de fruits, forts succulents par ailleurs ! Front en sueur, estomac ballonné, achevés par une copieuse tasse de thé vert, nous nous remettons entre les mains ou plutôt les pas de notre guide qui décide de nous faire visiter l’île. Très vite, cette promenade se transforme en une visite de tous les vendeurs de souvenirs, bonbons et autres gourmandises, judicieusement répartis sur le parcours ! Mon côté rebelle finit par se manifester, et gentiment mais fermement, j’exprime ma forte envie de prendre des sentiers bordés de pruniers, de manguiers et de longaniers qui s’ouvrent à nous mais que notre charmant guide semble ignorer ! D’ailleurs, je n’attends pas sa permission pour m’y engager. Après quelques secondes d’expectative vis-à-vis de ce curieux étranger qui parle sa langue et qui ne veut pas se promener comme les autres, notre guide, résignée, m’emboîte le pas en priant ses ancêtres que je n’aie pas trop d’idées originales pour ne pas la mettre dans l’embarras ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Quelle merveilleuse flânerie entre les arbres fruitiers centenaires, les maisons aux toits de tuiles et de chaume, les jardins de bonsaïs hors des chemins battus, et les sourires de notre guide avec qui Tuân et moi plaisantons pour détendre l’atmosphère ! Pour me réconcilier définitivement avec elle, j’accepte une promenade en barque dans les mangroves. Mini croisière hors du temps, glissant silencieusement sur l’eau calme des canaux sous la voûte végétale. Tout est si paisible que nous nous taisons naturellement pour ne pas troubler la sérénité de l’instant… La traversée vers My Tho se fait comme dans un nuage, encore pénétrés que nous sommes de ces instants magiques. Mais la route nationale 1 se charge de nous en faire payer le prix : nous retournons vers Hô Chi Minh-Ville comme nous en sommes venus : murs de tôles en mouvement, mufles de camions, gaz des pots d’échappements, flot inte-nse de motos, klaxons… Ouf ! Voici l’hôtel ! Repas au grand marché de Saigon, à 2 pas, puis au lit… Demain on rentre à la maison ![/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](À suivre)[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont/CVN[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](18/11/2007) [/FONT]Quote:[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Récit du voyage de Gérard et Tuân : 2.500 km en moto de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, par le Tây Nguyên [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif][IMG]http://lecourrier.vnagency.com.vn/uploaded/2007/11/Vietnam/Culture/default/4255.f01as.JPG[/IMG][/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Treizième journée : HCM-Ville – Hanoi… par avion [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Le 1er août. Aujourd’hui nous retournons à la maison en… avion ! Nous aurions bien refait le trajet en sens inverse, mais nous ne disposons pas du temps nécessaire. Alors, pour la première fois depuis 12 jours, nous nous séparons de nos fidèles motos et nous leur offrons le train pour rentrer chez elles ! Leurs vaillants petits moteurs de 110-120 cm3 ne nous ont jamais lâchés, et pourtant nous les avons fait souffrir : chaleur, nids de poules ou d’éléphants, pluie, boue, sable… Pas une seule fois nous n’avons crevés, et hormis ma courroie, nous n’avons eu que des incidents mécaniques mineurs qui auraient aussi bien pu nous arriver à Hanoi, à 2 pas de la maison. Alors vous pensez bien qu’on les chouchoute, les cocottes ! On les emmène à la gare de Saigon pour les confier aux chemins de fer nationaux qui cette fois les acceptent. Réservoir entièrement vidé, soigneusement emmaillotées dans du papier et du carton, nos précieuses motos mettront 3 jours pour rentrer au bercail. [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Querelle au marché…! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Elles ne seront pas seules à faire le voyage, puisque le matin même, Tuân et moi, nous sommes rendus au grand marché pour y remplir un plein carton de ramboutins et mangoustans, qui part également par le train. À cette occasion, j’ai, pour la première fois depuis que je vis au Vietnam, eu la possibilité d’expérimenter mon flegme face à la vindicte sauvage d’une marchande. En effet, pendant que Tuân négociait les prix de quelques dizaines de kilos de fruits, je déambulais entre les éventaires, m’arrêtant pour contempler la profusion de fruits de tous genres. Une marchande me hèle et me propose de me vendre tour à tour, pommes, ramboutins, mangues… Moi de mon côté, je lui explique que je n’est pas l’intention d’acheter puisque mon ami s’en charge ailleurs. Dès lors cette dame, apparemment normale, se transforme en une mégère qui me dit, dans une langue verte (que je manie aussi, grâce aux leçons de Tuân !), d’aller me faire voir ailleurs, de ne pas rester devant son étalage, ajoutant même qu’un étranger n’a rien à faire ici, le tout agrémenté de quelques remarques bien senties sur ma santé et mes ancêtres ! L’algarade attire l’attention des autres marchandes, aussitôt prises à témoins par la mégère pas du tout apprivoisée ! Moi, profitant de ce qu’elle me tourne le dos pour s’adresser à son public, je fais des mimiques et des gestes montrant que je comprends ce qu’elle dit, que je m’en fiche totalement, et que si je n’achète pas de mangues, c’est parce que je suis fourni en la matière, laissant planer le doute sur le genre d’organes dont je dispose et qui peut se comparer à des mangues !!! [/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Humour vietnamien typiquement populaire qui met les rieuses de mon côté, et qui, très vite quand elles s’aperçoivent que je parle vietnamien, interviennent pour prendre ma défense. Ne voulant pas troubler l’ordre public, j’assure que tout cela n’est rien, qu’il est inutile de s’envoyer des papayes à la figure, et je m’éclipse sous les applaudissements pour rejoindre Tuân, ignorant tout de cet incident. Mon moral n’a pas été entamé par tout ceci, et c’est de bon appétit que je partage avec Tuân le dernier repas de notre voyage. Lequel Tuân, me prouve encore l’esprit d’à-propos des Vietnamiens : depuis une heure je suis inquiet quant aux délais nécessaires pour traverser Hô Chi Minh-Ville, et arriver à l’aéroport. Tuân m’assurant qu’il est inutile de s’inquiéter, que l’aéroport est beaucoup plus près de la ville que celui de Hanoi, je tente de me décontracter. [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Quarante-cinq minutes avant le vol, nous prenons un taxi qui met 40 minutes pour parcourir quelques kilomètres au milieu d’embouteillages monstrueux ! Je vois déjà l’avion partir et nous contraints de prendre le suivant… Tuân manifeste quand même un peu d’inquiétude en me disant : « Vraiment à Hô Chi Minh-Ville, il y a plus de voitures qu’à Hanoi, n’est-ce-pas ! » Ça oui, on s’en était déjà aperçu ! En 10 minutes, on s’éjecte du taxi, on se précipite à l’enregistrement, alors que nos noms sont appelés au haut-parleur, on traverse les rayons X, on se propulse dans le tunnel d’embarquement, et on s’installe dans nos sièges au moment où l’avion commence son trajet sur le tarmac ! Et Tuân me dit simplement : « Tu vois, je t’avais dit de ne pas t’inquiéter ! ». Que voulez-vous répondre à cela ?[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Retour à la maison ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Pendant le vol, nous regardons par le hublot et nous voyons défiler, en 2 heures, les 2.500 km que nous avons fait en 11 jours. À travers la brume, nous devinons le littoral qui s’étire face à la mer, au loin les montagnes des hauts plateaux du Centre nous paraissent minuscules. Nous reconnaissons Nha Trang et ses plages, puis Dà Nang et ses montagnes de Marbre, Huê l’impériale, et là le promontoire du Hoàng Son, entre Tonkin et Annam, voici le delta et ses rizières, et au loin Hanoi qui se dresse fièrement le long du fleuve Rouge. Dans mon siège, je repense à tout ce voyage à travers le Vietnam. Outre des épaules de déménageur et un bronzage de routier, j’en rapporte une extraordinaire histoire d’amour avec ce pays. Mes souvenirs déjà s’entremêlent pour former une fresque d’images et de sensations : sympathie des personnes rencontrées sur notre chemin, sincère intérêt pour l’étranger que je suis, sourires enchanteurs de ces femmes magnifiques que sont les Vietnamiennes, regards fiers et chaleureux d’hommes courageux qui construisent le pays jour après jour, paysages splendides et sauvages des hauts plateaux du Centre, vie intense et trépidante du littoral… Dans ce voyage, j’ai senti l’âme de ce pays qui m’a adopté et que j’aime intensément. Seule ombre à ce tableau, le comportement des Vietnamiens sur la route qui souvent confondent fierté et inconscience. Combien faudra-t-il de morts pour que la route soit toujours belle au Vietnam ?[/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Pour lors mes pensées vont ailleurs… Je suis dans le bus qui me ramène à la maison. Le sac sur l’épaule, je pénètre dans ma ruelle. Les voisins me saluent, les ouvriers du chantier proche m’interpellent. Un signe de la main, un sourire, et déjà je suis devant chez moi. J’ouvre la grille et aussitôt une tornade de 2 ans et demi se rue sur moi : « Papa oi ! Papa oi ! » Mon sac est au sol, ma fille m’escalade, me monte sur les épaules, me couvre de bisous… Sa mère apparaît. Je les regarde toutes 2 : leurs yeux ont la couleur des nuits des hauts plateaux, leurs sourires ont la blancheur des plages du littoral… Elles ont la grâce et la légèreté des filles de ce pays, elles en ont aussi la force et la volonté ! Je sais qu’au même instant, Tuân vit la même chose avec sa femme et ses 2 filles… La fatigue me tombe dessus, je me laisse dorloter ![/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Il y a bien longtemps que le Vietnam a pris mon cœur ![/FONT][FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]PS : Nous irons chercher nos motos à la gare de Hanoi, 3 jours plus tard, ce qui me permettra de vérifier le fameux concept d’adaptation dont je vous ai fait part lors de mon départ : à Hô Chi Minh-Ville, pour des raisons de sécurité, la gare avait vidangé nos réservoirs et nous devions obtenir de l’essence à la gare de Hanoi pour ressortir nos motos. À la gare de Hanoi, d’essence point : il n’y en aura plus ! Le seul vendeur à quelques mètres de la gare n’aura pas envie de nous en vendre ! Nous nous adapterons en poussant nos motos sur 200 m, avant de trouver une bouteille sur le trottoir ![/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Vietnam je t’adore ! [/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif]Gérard Bonnafont/CVN[/FONT]
[FONT=Arial, Helvetica, sans-serif](25/11/2007) [/FONT] -
29 novembre 2007 à 8h24 #50159
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29 novembre 2007 à 11h37 #50169
:MdrDevil: PPS
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29 novembre 2007 à 11h46 #50171
C »est vraiment un très bon récit, plaisant à découvrir et à lire ! Dommage que cela s’arrête, j’en redemande !
Merci pour ce post Bao Nhan -
29 novembre 2007 à 18h39 #50211
merci de rassembler tout le recit de gerard et de tuan.
J’avais raté quelques episodes .
J’ai adore.
Les images defilaient pendant que je lisais.
Gerard, bien que marie reste tres sensible a la femme vietnamienne.
Le vietnam en moto même quelques jours, c’est super.
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