[Personnalité] Fan Yang, le virtuose des bulles de savon

Fan Yang, le virtuose des bulles de savon

C’est l’histoire d’un enfant pauvre qui est devenu un créateur, le maître planétaire d’un art insolite : celui des bulles de savon. Un self-made-man, parti de rien, qui est aussi un exemple pour la jeunesse.

Tonnerre d’applaudissements, cris, joie mâtinée de fascination… En bref de fortes sensations. Fang Yang hypnotise son public, le subjugue, le fait entrer dans un monde féerique qui n’existe que dans les rêves des gosses, et dans lequel même les parents sont emportés.

Né en 1962 d’une mère vietnamienne et d’un père hongrois à Hai Phong (Nord), Fang Yang a quitté le Vietnam à l’âge de 2 ans pour l’ex-Yougoslavie. Là-bas, il a passé une enfance paysanne très dure. Difficultés matérielles certes, mais qui n’ont pas empêché le gamin de jouer et de rêver, de « chercher à toucher l’arc-en-ciel » comme il dit, ce à quoi la vie l’a prédestiné. Dès 6 ans, il se passionne déjà pour les bulles de savon, affinant au fil des années sa maîtrise de ce jeu d’adresse, tout en finesse et en dosage du souffle et des mouvements. Il expérimente de nouvelles techniques, persévère, et ce qui n’était au départ qu’un jeu de gosse devint un art à part entière, avec tout ce que cela suppose : une recherche de l’esthétisme, de la créativité, l’exaltation du beau… De petites bulles dans une grande-bulle de savon; des bulles cubiques, pyramidales, de toutes dimensions et toutes formes, qui chatoient sous les lasers ; un arc-en-ciel de bulles. Tout un univers enchanteur de bulles qui rebondissent, s’envolent, gonflent et finissent par éclater… sous les yeux éberlués d’un public conquis.

Fixé depuis une quinzaine d’années au Canada, Fang Yang n’a pas oublié pour autant son pays natal, celui de ses ancêtres côté maternel, et aussi celui de sa femme. « Je ne viens pas au Vietnam faire des spectacles pour l’argent, car je ne rentre même pas dans mes frais ici ! Non, je veux seulement plonger les petits Vietnamiens dans un monde féerique aux couleurs des bulles de savon, pour que chacun ait dans son cœur son propre arc-en-ciel qui le pousse à faire des efforts dans la vie, comme moi », confie Fang Yang. « L’argent n’est pas l’objectif de mon retour au Vietnam ».

Mais comment s’y prend-il pour faire des bulles aussi gigantesques ? Selon lui, tout repose dans la formule du liquide.

Il n’en dit pas plus, secret professionnel oblige. Pour que les bulles gonflent, rebondissent et n’éclatent pas, il faut aussi faire attention aux équipements annexes. « Ainsi, le système d’éclairage du Théâtre de la jeunesse a été remplacé par des lasers +froids+ pour préserver les bulles », explique le vice-directeur du Théâtre.

À 18 ans, Fang Yang monte ses premiers spectacles. Aujourd’hui, il parcourt le monde avec ses flacons de liquide de savon, ses containers d’accessoires et son équipe composée d’une vingtaine de techniciens et de musiciens. Sa femme, d’origine vietnamienne, le suit dans ses déplacements. Déjà 47 pays à son actif…

Il est détenteur de records Guinness : en 1992, une bulle géante de 2,3m de périmètre, en 1997 à Washington, une bulle longue de 47m, 13 petites bulles dans une bulle géante puis une seconde, cette fois longue de 47,4m. En 2002, une série de 9 bulles,18 personnes dans une bulle géante, etc.

Texte: Vuong Mo – Photos: Trọng Chính

Source : Vietnam illustré

http://vietnam.vnagency.com.vn/VNP-Website/News_Detail/Default.asp?ID_Cat=35&ID_News=3952&language=FR&number=5&year=2006