Envoyé par
quang nhan
Voici mon vécu au Vietnam depuis maintenant 6 ans, mais je le confie a Nem Chua pour faire "pote" et s'il estime que cela peut intéresser d'autres personnes malgré la longueur, je le laisse libre de le mettre sur le forum.
Apres mon énième licenciement d'un poste de technicien nucléaire a bord de sous marin et ne pouvant plus voir la France en peinture (désolé!), j'ai accepté une place de volontaire au sein d'une maison d'enfants des rues sous l'égide d'une association. Aucune connaissance de la langue et seul occidental, les choses ne se présentaient pas sous les meilleures auspices! Un mois jours pour jour après mon arrivée, mon destin et ma vision de ce pays allaient basculer.
Nous sommes le 2 novembre 1999 et ma ville d'accueil est sous les eaux, j'ai eu juste le temps de récupérer "mes enfants" et les mettre a l'abri dans une battisse en ruine au deuxième étage. Tout le bâtiment ou vivaient les gosses se trouve a présent noyé, les employés ont fuit le lieu en pensant a leur propre famille, je vais rester seul avec une gamine de 17 ans pour m'occuper et nourrir les enfants pendant plusieurs jours. Mon esprit sans cesse tourné vers une seule pensée "ou trouver a manger" et c'était ma quête, partir en barbotant dans cette eau froide et revenir avec quelques sachets de "mi an lien"....jamais je ne m'étais senti aussi vivant! Etrange impression!
A partir de ce moment, les vietnamiens de mon entourage vont avoir une autre approche avec moi et beaucoup de portes vont alors s'ouvrir, jusqu'aux domaines les plus secrets, comme le chamanisme.
Ma mission terminée, je prends la route du sud et malgré quelques déboires, je vais continuer a apprendre de ce pays. Grâce a médecin du monde Espagne, je vais mettre un pied dans les camps de réinsertion pour les prostituées et les toxicomanes....encore une autre facette!
Ma route continue toujours plus au sud, je n'ai presque plus d'argent et trouve un job un peu spécial....baby-sitter! Je vais garder des enfants vietnamiens et apprendre a m'alimenter avec 30 000vnd par jour, le "com bui" devient mon quotidien.
Alors que j'allais me résigner a rentrer en France, le même jour, je trouve 2 emplois: enseignant et contrôleur fabrication (contrat limité dans le temps). Un seul job aurait suffit, mais j'ai pris goût a l'enseignement....même avec un salaire de vietnamien! Je vais d'ailleurs consacrer ce salaire a la mise en place de 2 classes dans le 8* arrondissement pour des enfants pauvres (sans ho khau), je vais fournir tout le matériel et le salaire pour les 2 profs. Quant au travail dans la mécanique, cela va être un très bon apprentissage pour moi du monde ouvrier vietnamien.
Je vais vivre a Saigon pendant 3 ans et côtoyer sa faune, les français bon chic concernes par les articles du journal "l'écho des rizières", les paumés, les vrais expats et même d'anciens GI.
Mon réel plaisir après ma semaine de travail sera de prendre ma moto et de filer droit vers le Mékong, je m'y suis sans cesse ressourcé! Je n'oublie pas non plus le théâtre ou les vietnamiens toujours surpris de m'y trouver me faisaient le meilleur des accueils et les lieux de concert.
Un matin a 6h, dans un de ces internets ouverts toute la nuit, j'y ai retrouver une jeune femme vietnamienne avec qui j'avais travaillé auprès d'orphelins 5 ans auparavant. Elle était en mission a HCM et nous ne nous sommes plus quittés, mariés depuis. Je suis reparti pour sa ville natale et nous avons créée une petite société de tourisme, je continue a titre ponctuel de faire passer les examens de langue française. L'humanitaire fait toujours partie de notre vie, nous avons réussi grâce a l'aide d'amis en France a faciliter la scolarisation d'enfants de sampaniers.
Notre rêve a présent et de redescendre dans le sud, de pouvoir y travailler et......de mettre en place une structure d'accueil pour les laissés pour compte (enfants, jeunes filles, personnes âgées). Pour cela nos vues se portent sur le Mékong, son climat, sa luxuriance et son statut de fleuve sacré, sans parler d'un feeling avec cet endroit sans commune mesure avec le reste du pays que je connais plutôt bien, pour le parcourir en long et en large depuis 2 ans pour mon job.
Voila vous en savez maintenant pas mal sur moi et le parcours d'un utopiste!
PS Quang Nhan est le nom qu'un bonze m'a donné après mon initiation: cela se rapporte a la notion de patience.