Dimanche 15 juillet 2007, vers 14 heures...
Moi qui conduisait ma Jolly Jumper depuis environ deux semaines sans problèmes, il a fallu qu'il m'arrive une tuile...
Inutile de me demander des détails sur l'accident, puisque c'est le trou noir dans ma tête sur ce qui a pu se passer avant, et même après cet instant...
Je me souviens juste que je chevauchais ma fidèle monture, avec mes courses que j'avais faites au centre-ville, quand un vietnamien est apparu sur ma gauche, et m'a foncé dessus avec sa bécane.
Autant je ne me souviens de pas grand-chose sur le reste de la journée, autant je suis capable de donner des précisions sur l'accident en lui-même.
Quand j'ai vu le mec, j'ai pensé à plein de choses en même temps : "putain de merde, c'est pas possible, il ne m'a pas vu et il va me rentrer dedans", "j'arrive pas à croire que ça m'arrive", "j'ai pas envie de crever maintenant, et pas comme ça", "mais quel connard", et autres joyeusetés...
Je me souviens d'un fracas assourdissant, et d'avoir été projeté comme un sac de patates.
Après, c'est le vide...
J'ai de vagues souvenir de l'hôpital, de mes amis qui sont venus me rejoindre, du taxi, de mon responsable Bernard Kervyn qui a payé les frais...
Je me souviens aussi, et j'en ai un peu honte, avoir nagé en plein délire en posant 15 000 fois les mêmes questions à la con, du genre "qu'est-ce qui m'est arrivé", "où est Jolly Jumper", "je l'ai eu où, cet accident", "quelle heure est-il", "quel jour sommes-nous", "où est le mec qui ma percuté"...
Mes collocataires ont dû me supporter toute la soirée, et je les plains...
En fait, j'étais conscient, et inconscient en même temps. Difficile à expliquer...
Bilan de la journée : un traumatisme crânien, mais sans gravité (les radios ont indiqué que tout était okay), une méchante blessure au coude droit, qui m'empêche de plier mon bras, mon pied gauche qui a enflé et presque doublé de volume (et qui me fait sacrément boîter...), ma nuque en sale état, et qui ne me permet pas de faire des mouvements trops brusques (et qui me rappelle que j'ai eu du bol, car j'aurai très bien pu y rester !), ainsi que de multiples contusions, mais largement secondaires...
Je me souviens que je m'étais promis de m'acheter ce fameux casque en rentrant des courses... La chance à l'international, mon brave Ben !!!
Là, je suis comme un con. Mes blessures ne sont heureusement pas irréversibles, mais je dois être conscient que j'ai sacrément eu de la veine. Sans casque (maintenant, j'en ai un !), tout peu arriver.
Ma nuque m'inquiétait au départ, car elle se baladait un peu n'importe comment, et m'empêchait de dormir...
Maintenant, c'est surtout mon pied et mon coude qui me font chier...
Quand à ma tête, ça va. La blessure est moche, avec les points de suture, mais je n'ai pas du tout mal, et j'ai repris mes esprits...
Quant à Jolly Jumper, il y a pas mal de réparations à faire encore. Je suis allé la récupérer hier, mais ils me l'avaient laissé avec la roue voilée !!!
J'espère qu'ils vont me la checker entièrement, cette fois-ci...
Voilà, juste pour vous dire que c'est pas parce qu'on roule prudemment qu'on peut se permettre de se sentir intouchable. C'est arrivé près du Caravelle Hotel, dans le district 1, donc à un endroit a priori où on ne roule pas vite... Eh ben, je me suis fait avoir quand même...
La circulation dépend aussi des autres. Il faut savoir anticiper les déplacements des autres vietnamiens.
Je n'ai pas eu de nouvelles de l'autre connard, mais cela vaut mieux pour lui. Je me serais fait un plaisir de l'achever...
Je suis en colère, car j'ai horreur de me sentir faible. Je me sens minable à mettre 10 minutes pour enfiler un malheureux tee-shirt à la con.
Le casque m'aurait évité de me blesser à la tête, ce qui aurait réduit les risques. Mais les autres blessures seraient arrivées quand même.
Donc, il faut non seulement porter un casque, mais il faut aussi surveiller les autres, qui ont souvent l'air de conduire encore moins bien que moi...
Faites gaffe, quoi !
Ne vous sentez pas invulnérable. Moi, j'ai appris qu'il n'y a pas besoin de rouler vite pour se retrouver projeté comme un vulgaire pantin par-dessus sa bécane. Mes 80 kilos, mes 1,81 mètres et ma force physique ne m'ont pas servi à grand-chose durant l'accident.
Je sais qu'avec un tout petit peu moins de chance, je ne serais même pas en train de taper sur ce clavier pour vous faire partager cette expérience.
Je remonterai sur Jolly Jumper dès que je serai en état de conduire à nouveau. Je continuerai à faire attention, bien sûr. Mais je sais qu'un nouvel accident est encore tout à fait possible.
Croyez-moi, on se sent vraiment impuissant, face à ce genre de chose. Je ne peux pas contrôler ce que font les autres, je ne peux pas contrôler l'impact, je ne peux pas contrôler ma chute, je ne peux pas contrôler mes blessures...
Soyez-en persuadés, aussi.
Roulez avec un casque, et roulez prudemment...
Cela ne supprimera pas tous les risques d'accident, mais cela les réduira fortement...
A bon entendeur...salut !