Vivre avec la maladie, être soigné(e), guérir
Les traitements
La maladie dépressive se soigne comme d’autres maladies. Mais à la différence d’autres pathologies, les traitements sont récents et illustrent les progrès de la recherche dans la seconde moitié du XXème siècle. Les antidépresseurs constituent un des meilleurs exemples des avancées scientifiques récentes au bénéfice des patients.
Lorsqu’une personne est déprimée, des perturbations cérébrales peuvent être mises en évidence par les chercheurs. Les neurones du cerveau communiquent entre eux par des synapses. Ce sont de petites connexions par lesquelles circulent les informations que les neurones s’envoient les uns aux autres. Ces informations sont véhiculées par des molécules chimiques, les neurotransmetteurs. Deux neurotransmetteurs semblent jouer un rôle majeur en matière de dépression : la noradrénaline et la sérotonine. Les antidépresseurs actuels agissent en rétablissant un taux normal de neurotransmetteurs dans les synapses. Ils agissent donc en corrigeant les perturbations biochimiques.
Le vécu d'un épisode dépressif
Les patients
Les étapes dans la prise en charge de la maladie dépressive sont désormais bien connues : diagnostic, traitement, convalescence, guérison. Les antidépresseurs jouent bien évidemment un rôle clef dans cette chronologie.
Schéma : étapes de la dépression et son traitement
Dans un premier temps, le patient doit vivre avec la maladie. La reconnaissance de la pathologie permet de gommer le déni qui a longtemps prévalu. Il est possible de trouver, au jour au jour, les choses à faire pour faciliter la guérison.
- Prendre soin de soi et faire ce que l'on peut : il convient de se laisser le temps de guérir et de reprendre progressivement des activités (faire ses courses, participer à la vie de famille, dialoguer avec ses proches...).
- Accepter ses limites : nombre de personnes déprimées sont déçues par leurs efforts car elles ne parviennent pas à faire aussi bien ou aussi vite qu'elles le voudraient. Mais il faut accepter un handicap transitoire.
A cet égard, se donner dans un premier temps des objectifs modestes est parfaitement légitime. Se remettre à l'action est nécessaire mais il est inutile de se lancer dans des activités longues ou complexes tant que l'on est déprimé. Ces activités seraient épuisantes d'une part, un échec effacerait totalement l'envie de recommencer d'autre part. C'est pourquoi il est préférable de se tourner initialement vers des activités brèves et simples. Le but n'est pas de les réussir ou d'en tirer du plaisir mais de les faire, tout simplement.
La poursuite de petits objectifs peut produire chez le déprimé de grands résultats. Après l'amélioration des symptômes de la dépression, ce qui correspond à la diminution de la souffrance du patient sous l'effet du traitement, une deuxième étape apparaît : la convalescence. Durant cette phase, la personne commence à se sentir nettement mieux, c'est-à-dire comme avant l'épisode dépressif. Elle ne présente plus ou presque plus de signes de dépression.
La convalescence est une période à risque. La rechute demeure en effet possible. A cet égard, une personne qui se sent mieux aura naturellement tendance à vouloir arrêter son traitement. Cela serait une erreur. Le médecin peut expliciter les conséquences possibles d'un arrêt trop précoce de traitement. La première de ces conséquences possibles est la rechute.
La guérison constitue la troisième étape, qui intervient au terme de quelques mois. Le médecin considère alors que tout risque de rechute immédiate est écarté. L'arrêt progressif du traitement est alors possible. A l'arrêt du traitement, le médicament sera éliminé progressivement de l'organisme. Seul le souvenir de l'épisode dépressif perdurera. En effet, la dépression n'est pas une maladie comme les autres : le patient n'en garde pas des séquelles physiques mais peut en garder des séquelles psychologiques.
La dépression a de lourdes conséquences pour le patient, elle pèse aussi sur l'entourage du patient dans la mesure où il peut être difficile au quotidien de trouver une attitude juste. Les proches d'une personne déprimée doivent trouver le bon rapport à la maladie.
Il peut être malaisé pour les proches de comprendre que la guérison d'une dépression n'est pas liée à la volonté du dépressif. Ils ne doivent pas juger la personne déprimée. La dépression est une maladie, et chacun doit comprendre que la personne déprimée aurait préféré ne pas tomber malade. En tout état de cause, les jugements moraux ne sont guère pertinents. Les phrases débutant par « tu devrais » ou des impératifs doivent être évitées. La personne déprimée connaît déjà une phase d'auto-culpabilisation de ne pas pouvoir agir comme elle le voudrait. Inutile de renforcer, même indirectement, cette auto-dépréciation.
Proposer fréquemment son aide dans différents domaines est utile mais cela doit être fait sans insistance. La personne déprimée doit être incitée à reprendre une activité normale ; la présence d'une éventuelle aide à proximité est un facteur positif de reprise. Les proches doivent encourager l'espoir, mettre l'accent sur la guérison et l'avenir, tout en étant tolérants et patients face à des plaintes ou un repli sur soi de la personne déprimée. Ces attitudes sont dues à la maladie dépressive.
Enfin, l'entourage doit faire confiance au médecin traitant et peut prendre contact avec lui si nécessaire.
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