Étudiants étrangers au Vietnam
Ils sont originaires d'Europe, d'Amérique ou même de pays du Sud-Est asiatique. Mais tous partagent un point commun : le Vietnam qu'ils ont choisi pour y mener leurs études. Et petit à petit, le pays d'imprégner leurs habitudes, leurs vies quotidiennes.
Américains, Canadiens, Japonais, Sud-Coréens ou Cambodgiens, il n'est plus rare de croiser sur les campus des facultés de Hanoi et Hô Chi Minh-Ville de plus en plus d'étudiants étrangers. Un excellent moyen aussi de découvrir le Vietnam de l'intérieur et de partager son quotidien.
Jess et Andrea, 2 étudiantes américaines, se sont installées à Hô Chi Minh-Ville il y a quelques semaines. En ce laps de temps, elles ont conquis le marché Bên Thành où elles s'amusent d'y être déjà des " clientes connues ". Étudiantes en vietnamologie au États-Unis, c'est par le biais d'un programme d'échanges qu'elles ont pu tâter le terrain. Intégration réussie pour ces deux fans de cuisine vietnamienne, qui privilégient la simplicité des petits restaurants où existe une ambiance plus chaleureuse pour une qualité - prix imbattable. Nos deux gourmets ont d'ailleurs l'ambition de goûter tous les plats vietnamiens, considérant la gastronomie comme une façon d'" apprendre la culture d'un pays ", même si la manipulation des baguettes laissent encore à désirer.
Young Dae, étudiant sud-coréen, s'est lui taillé une petite réputation parmi les étudiants de l'Université de sciences sociales et humaines de Hô Chi Minh-Ville, comme amateur de viande de chien. Une fois, alors qu'il était en cours, un court message fait vibrer son téléphone : " Thit cây không ? " (de la viande de chien ?). Il n'en fallait guère plus au jeune homme pour se retrouver 15 minutes plus tard attablé avec ses amis vietnamiens devant un plat de chien, dans un restaurant près de l'aéroport de Tân Son Nhât. Car cette viande est aussi une spécialité de son pays natal.
Les moyens de transport de ces étudiants étrangers constituent également un sujet intéressant. Devant le flux de motos qui chaque matin inonde les rues, la plupart des étudiants renoncent à en conduire, préférant la sécurité du bus ou le plaisir de marcher. Nos deux américaines, Jess et Andrea, font le trajet à pied pour rejoindre l'Université des sciences sociales et humaines. Souvent, tout le long du chemin, elles ne cessent de se plaindre des motos qui encombrent les trottoirs. D'autres sont néanmoins plus téméraires, en choisissant d'adopter le moyen de transport le plus populaire au Vietnam : le scooter. Park Tae Hyung fait partie de ceux-là. Tous les matins, cet étudiant sud-coréen se rend en cours au guidon d'une Honda @ , très à la mode dans les grandes villes vietnamiennes. Mais ce qui l'amuse le plus est qu'il ne possède pas de permis de conduire. "T'es policier ?", réplique-t-il en souriant à un ami qui lui demande : " Où est ton permis de conduire ?". D'ailleurs, certains étudiants étrangers partagent des astuces de vieux briscards des routes vietnamiennes : "Si par malheur tu croises un policier, il faut direct tourner la tête. Car si tu croises son regard, peut-être t'interpellera-t-il !".
Tant de petits trucs de la vie quotidienne. Du restaurant de rue en passant par le marché, chaque étudiant a développé des habitudes et s'adapte aux circonstances, avec en tête de liste les marchandages laborieux avec les commerçants. Lim Nam Chul, étudiant sud-coréen, a mis au point une méthode pour faire ses courses. À peine le commerçant a-t-il terminé sa phrase que le jeune homme de s'écrier : " Dat qua ! Bot di ! " (" Trop cher ! Baissez le prix !) qui finit toujours par impressionner son interlocuteur. Il connaît d'ailleurs plusieurs phrases comme cela, apprises dès ses premières courses accompagnées par ses amis vietnamiens.
Ce jeune Sud-Coréen ne fait pas exception. La plupart des étudiants étrangers préparent des phrases "prêtes à dire" pour discuter le prix. Au Centre commercial Sai Gon Square, situé sur l'avenue Lê Duân de Hô Chi Minh-Ville, ces phrases marquées par un fort accent étranger sont devenues monnaie courante. Mais de nombreux étudiants préfèrent se rendre dans les petits marchés ou les échoppes à côté de leur logement que dans les supermarchés. "Car les marchandises proposées par les supermarchés sont plus chères que celles vendues chez ces petits commerçants", explique Kiman, un étudiant sud-coréen au Vietnam depuis 7 mois.
"Le vietnamien est une langue difficile !"
Avant de poser sa valise à Hô Chi Minh-Ville, Kiman a passé 2 ans à la faculté de vietnamologie de l'Université des langues étrangères de Pusan en Corée du Sud. Bagages linguistiques en poche, il s'est décidé à perfectionner sa langue en venant s'installer au Vietnam car " il n'y a aucun lieu au monde où l'on peut prononcer bien cette langue qu'au Vietnam ", explique Kiman. L'étudiant reconnaît pourtant que " le vietnamien est une langue difficile !". Opinion partagée par de nombreux étudiants. Car avec ses 6 accents, sa prononciation est une torture pour néophytes. Imaginez donc que pour un seul même mot, l'accent change, entraînant la modification de l'écriture, du sens et de la prononciation. Kim Young Suk, 3 ans passés à la faculté de vietnamologie, se plait toujours de son accent, un mix de ceux du Sud, du Centre et même du Nord, qu'elle explique par ses relations venues des quatre coins du Vietnam.
Khan Sokheng, étudiant cambodgien de l'Université d'architecture de Hanoi, ne quitte jamais son dictionnaire de poche. À chaque mot inconnu prononcé par le professeur, il le feuillette à toute allure ou transcrit rapidement le nouveau mot pour le réécouter à la maison. Ce jeune cambodgien passe souvent ses week-ends enfermé dans sa chambre pour relire ou traduire les pages apprises la semaine dernière. Pour Francis, étudiant roumain de l'Institut des relations internationales de Hanoi, la méthode est différente, mais tout aussi laborieuse : " Je consacre beaucoup de temps pour lire par avance les leçons de la semaine prochaine. Sinon, c'est difficile pour moi de comprendre les leçons en temps réel".
Cette barrière de la langue constitue peut-être une raison expliquant l'assiduité des étudiants étrangers. À l'Université de sciences sociales et humaines de Hô Chi Minh-Ville, de nombreux étudiants continuent à travailler encore dans les salles, bien que les cours soient finis depuis plusieurs heures.
Et des emplois à mi-temps
En dehors de l'université, des étudiants étrangers exercent un emploi à mi-temps. Saimany Gnovksamai, étudiant lao de la faculté de droits administratifs de l'Université des droits de Hô Chi Minh-Ville, travaille comme assistant de guide touristique à l'agence de voyage Dalattourist. Il profite souvent des vacances pour partir en mission. Chaque voyage peut durer jusqu'à une semaine. " C'est assez fatiguant ! ", confie-t-il avant d'ajouter : " Mais en échange, j'ai l'occasion de connaître la culture du Vietnam et, son histoire, de voir de mes propres yeux ses beaux paysages ".
Un compatriote de Saimany Gnovksamai, Fongsikham Chanhpheng, étudiant de la Faculté de gestion administrative de l'Institut national d'administration, se contente, quant à lui, d'un poste de traducteur pour quelques compagnies de Hô Chi Minh-Ville. Il reçoit des documents en vietnamien ou en anglais pour les traduire en lao. " Un travail assez bien payé et qui me permet également d'améliorer mes langues ", confie l'étudiant.
Ces étudiants, qui luttent pour parler le plus juste possible le vietnamien, ont en revanche bien su exploiter l'avantage de leur langue maternelle. Yamada Yasuko, étudiante japonaise de l'Université de sciences sociales et humaines de Hô Chi Minh-Ville, est parallèlement enseignante de japonais pour une compagnie d'exportation de la mégapole du Sud. " Durant les cours, je parle japonais et aux pauses, mes +élèves+ m'apprennent le vietnamien ", raconte l'enseignante.
Tant de scènes de vie pour les étudiants étrangers au Vietnam. Des joies, des découvertes, des difficultés mais malgré tout, un profond attachement pour le Vietnam.
Mai Hoa/CVN
( 05/02/06 )