Les motos folles du Vietnam ?
Le Vietnam : vrai ou fou?
Ah! Les fameuses motocyclettes de Ho Chi Minh-Ville! Le cliché par excellence du sud du Vietnam… Est-ce vrai que les rues sont presque impossibles à traverser, à HCMV? Est-ce la vérité que, pour arriver à le faire, il faut se fermer les yeux et y aller d’un pas régulier, sans jamais hésiter une seconde, parce que les motocyclistes, ainsi, sauront vous éviter?
Foutaises! Je mets n’importe qui au défi de traverser une rue de HCMV en aveugle… Comme si le «trafic» y était plus intelligent qu’ailleurs! Il est bien pire, si vous voulez mon humble opinion de clown. Parce que là-bas, t’as pas besoin de permis pour conduire une moto, t’as seulement besoin de:
— un bras;
– un oeil;
– une tête pour mettre un casque dessus (nouveau règlement);
– une paire de fesses pour mettre sur le siège;
– une moto (o-bli-ga-toire).
Par contre, tu dois absolument maîtriser les trois K de la conduite motocycliste vietnamienne:
– klaxonner (pour ne pas user ses freins);
– klaxonner (pour faire avancer le trafic);
– klaxonner (en roulant soûl sur le trottoir, sans phare, le soir).
Sinon, il n’y a aucune limite quant au nombre de passagers, à la nature de la cargaison ou à la vitesse que le bolide peut atteindre en zigzaguant entre les piétons.
Alors, tout ça se traduit par quoi, concrètement, sur la route? T’as des gars paquetés, pressés et chargés comme des ânes (j’en ai vu deux avec un 4x8 de plywood sur la tête!), qui te roulent sur les orteils, des jeunes de 13 ans qui rentrent de l’école à quatre sur la moto, des filles qui parlent au cellulaire avec un bébé sur les genoux et des grands-papas sous intraveineuse; et parmi tous ces gens, il n’y a personne, mais vraiment personne, qui se sert du rétroviseur et/ou des clignotants: parce que tout le monde, il s’en va par en avant.
– Pourquoi regarder derrière?
Le jeune Bin ne comprenait pas du tout le sens de ma question. Son rétroviseur était brisé, et lui, il trouvait ça dommage de ne pas avoir de miroir parce qu’il ne pouvait plus se peigner les cheveux après avoir enlevé son casque…
Bin m’a emmené chez ses parents en dehors de la ville, et j’ai ainsi eu la chance (!) de rouler sur l’autoroute à moto. Si vous pensez que c’est la folie en ville, imaginez à 80 km/h… J’ai eu peur.
Les camions te frôlent, les voitures tournent sans signaler, les autobus s’immobilisent au beau milieu du chemin (et n’ont pas de lumières de freins), et toi, t’es sur ta mopette, en gougounes, avec un casque en plastique de Barbie sur la tête. Maudit niaisage.
J’aurais pas pu être plombier comme mon père! Papa, t’aurais peut-être dû m’enseigner la différence entre un Wise-grip et un Wescott. Ha! Je dis ça, mais je sais très bien que tu as souvent essayé. Désolé, Papa.
J’étais trop occupé à jouer au docteur avec la belle Lucie. Et aujourd’hui, je ne suis même pas médecin.
Donc…
À Ho Chi Minh-Ville, en conclusion, même s’il est absolument fascinant de voir le trafic se «mouver» de façon presque organique, c’est comme partout ailleurs: si tu veux pas te faire «lutter», t’as rien qu’à traverser au passage piétonnier, sur le feu vert. C’tu clair?
Au fil des kilomètres, j’avais entendu des tas de commentaires négatifs sur le Vietnam; et j’y allais un peu à reculons. On m’avait raconté que les Vietnamiens étaient désagréables, avares, toujours à essayer de soutirer votre argent; et que le paysage était ordinaire, et la plongée sous-marine, poche; par contre, que les femmes étaient magnifiques. Oui, elles sont effectivement très belles, et tellement gracieuses dans leur habit traditionnel… Et ce matin, je vais enfin répondre à tous ces messieurs qui se demandent où se trouvent les plus belles femmes du monde. Êtes-vous prêts?
(Roulement de tambour)
Au Soudan.
Pour ce qui est du Vietnam, j’ai une bonne mauvaise nouvelle pour vous, chers détracteurs: ravalez vos dures paroles sur le Vietnam! Le Vietnam est un beau pays avec du beau monde. Facile à voyager. Et sérieusement bon marché. D’accord, je l’admets, dans les quartiers touristiques, les vendeurs peuvent devenir agaçants en sacr…, mais c’est rien de pire qu’à Kolkata (Inde), Addis Ababa (Éthiopie) ou Assouan, en Égypte!
Alors, le Vietnam, vrai ou fou?
Vrai.
Auteur : Bruno Blanchet