Justement, je viens de terminer la lecture d'un témoignage de l'un de ces Annamites-Calodéniens. Si vous voulez voir les autres, alors veuillez cliquer sur le lien que j'ai collé en bas de la page.
Extraits - Concernant les "déportations"
" Les sociétés financières établies aux Nouvelles Hébrides ont invoqué, pour obtenir la main d’œuvre qui leur était nécessaire, la raison patriotique : ces îles étant un " condominium " franco britannique et le gouvernement devant être dévolu à la puissance dont les ressortissants seront en majorité, il faut bien, disait on, que nous y importions des milliers de travailleurs pour " damer le pion " aux Anglais. "
En réalité, les Nouvelles Hébrides ne sont que le prétexte. La plupart des bateaux étant déroutés vers la Nouvelle Calédonie et les autres îles française.
" C’est la réédition, en plein 20eme siècle, du marché aux esclaves, "
" J’ai parlé d’esclavage : c’est même pire. Le propriétaire d’esclaves avait intérêt à ménager son bétail, qui représentait une valeur. Par contre, celui qui acheté un tonkinois pour 5 ans, voit tous les ans la valeur de son achat diminuer d’un cinquième. Il a dont intérêt à tirer de cet chat en 5 ans tout ce qu’il peut donner. Qu’importe si l’homme soit à ce moment vidé, fini, bon a rien ! Le maître n’y perdre pas un sou (Volonté Indochinoise 10-8-27).
"La mortalité dépasse 50%. Il y a bien un hôpital à Nouméa : mais c’est suivant l’expression même de M. L’inspecteur D, un dépotoir. "
" Les indigènes canaques ne sont bons à rien qu’à manier la trique ; mais ils y excellent. On en a vu, d’un seul coup briser une cuisse. Certains emploient les canaques pour " activer ainsi la main d’œuvre ". On ne s’occupe guère d’un malheureux estropié pour la fracture d’un membre. Il est rare qu’il puisse obtenir une indemnité. D’aucuns ont été rapatriés, ne valant plus rien, mais ont dû laisser la bas leur femme qui n’avait pas fini son temps. L’un d’eux, soutenu par monsieur l’Administrateur D.., obtint la promesse d’une indemnité de 3000 francs ; mais sans avoir rien reçu, privé de sa femme, il se suicida en se jetant à la mer..."
"Nous avons (chaque année) au moins 3.000 émigrants vers les îles du pacifiques. En 7 années, nous devons en avoir 21.000. Ces émigrants devraient revenir, toute proportions gardée, en nombre suffisant pour chaque bateau. Or, à part le convoi qui a coïncidé avec le passage de M. L’Administrateur D.. aux Hébrides, chaque bateau ne ramène guère qu’une vingtaine de coolies, la plupart en mauvais état et tout au plus aptes à encombrer les hôpitaux de Haiphong ou d’ailleurs. Cette constatation suffit à elle seule pour nous donner une idée de ce qui se passe là bas. "
Des voix s’élèvent en Indochine contre ce trafic. Pas tant pour plaindre les pauvres tonkinois victimes de ce système, mais pour empêcher le transfert de main d’œuvre à l’étranger, alors que la Cochinchine en manque cruellement.
Une longue campagne fut menée par le marquis de Laborde de Monpezat, délégué de l’Annam au conseil Supérieur des Colonies et membre du Conseil de Gouvernement de l’Indochine. Colon de longue date, forte personnalité, il fut toujours partisan d’une politique de ferme domination envers l’indigène. Mais il se sentit soudain pris d’une vocation apostolique lorsque le recrutement des coolies pour le Pacifique menaça de tarir celui des entreprises indochinoises.
En réalité, tous ces faits étaient parfaitement connus du gouvernement colonial. Celui ci n’a pas pu ou pas su se libérer suffisamment de l’emprise étroite des puissances d’argent pour mettre fin à ces pratiques d’un autre age.
http://belleindochine.free.fr/LesJauniers.htm