Le marché dominical de Bac Ha
Le district de Bac Ha, province de Lao Cai (Nord), est devenu un haut lieu touristique du Nord. On y vient surtout pour son marché dominical haut en couleurs, qui voit se mêler ethnies minoritaires et touristes étrangers éberlués.
Le marché du district de Bac Ha est ouvert tous les jours, mais c'est le dimanche qu'il s'anime vraiment. Lieu d'échanges, de transactions, mais aussi de rencontres. Toute la semaine, la population locale - composée de la majorité Kinh et d'ethnies minoritaires Tay, Nung, Thai, H' Mong..., attendent avec impatience ce grand rendez-vous hebdomadaire.
C'est dès l'aube que les montagnards débarquent, à dos de cheval ou à pied, parfois après un périple d'une dizaine de kilomètres par des chemins muletiers. Vers 08h00 ou 09h00, c'est déjà l'effervescence.
Dans un coin, des femmes H'Mong, vêtues de leurs robes traditionnelles multicolores, parées de grands colliers, de nombreux bracelets et boucles d'oreille en argent, vendent et achètent des bottes de piment séché.
Vivant au-dessus de 1.000m d'altitude, les minoritaires ont l'habitude de consommer du piment et de boire de l'alcool pour résister au climat montagnard qui peut être glacial l'hiver. Un autre secteur est animé par des femmes qui marchandent des rouleaux de fil de toutes couleurs, des vêtements, des broderies. Ces produits artisanaux font le bonheur des touristes étrangers qui considèrent Bac Ha comme un "petit Sa Pa". Des maisons d'hôtes sont apparues et les restaurants proposent maintenant des menus dans la langue de Shakespeare.
Si les femmes font commerce, leurs hommes, eux, fontripaille. IIs devisent tranquillement autour d'une marmite de thang co (abats de cheval), une spécialité de certaines ethnies du Nord. Les verres d'alcool de riz ou de maïs se succèdent. Les visages aigus, noirs de soleil, s'empourprent au fil des heures. Voix derogomme. En fin de journée, soûls comme des grives, ils doivent se faire aider par leurs femmes, bien indulgentes, pour se hisser sur le dos des chevaux et regagner cahin-caha leurs pénates. A part le thang co, les touristes vietnamiens venant des grands centres urbains comme Hanoi, Hô Chi Minh-Ville ne ratent pas l'occasion de goûter trois autres spécialités de Bac Ha: la viande de porc (une race noire comme la suie), celle de poulet et la liqueur de maïs. Volailles et cochons étant élevés en semi-liberté, leur viande a une saveur particulière.
Quant à la liqueur de maïs, c'est une spécialité des H'Mong du village de Pho. Saveur unique, obtenue en faisant macérer les feuilles d'un arbre et en utilisant l'eau du village. Pourtant, ces derniers temps, course à l'argent oblige, de nombreuses familles ont remplacé ces feuilles par une plante médicinale. Cela permet de réduire la durée de fermentation. Si vous voulez acheter une bouteille de ce tord-boyaux, mieux vaut vous faire aider par un local. Sinon, vous n'aurez qu'un ersatz.
Comme les autres marchés montagnards, le marché de Bac Ha dispose d'un secteur réservé à la vente et à l'achat de buffles et chevaux. Un animal coûte de 7 à 8 millions. Une véritable fortune pour la plupart des montagnards. Ces dernières années, la prune a fait son apparition dans le district.
Environ 1 370ha de cultures qui, au printemps, parsèment blanches. Récoltée en juin et juillet, la prune est vendue dans les marchés et au bord des routes. De nombreuses familles ont fait fortune grâce à cet arbre fruitier. Pourtant, beaucoup ont dû aussi l'abandonner à cause de la chute des prix en pleine saison. À cause des difficultés de transport entre Bac Ha et Hanoi - plus de 300km la prune manque encore de réels débouchés.