Quatre décennies à étudier le vietnamien
Diplômé de la section de vietnamien de l'Université de langues étrangères de Corée du Sud, le professeur Cho Jae Hyun y enseigne aujourd'hui le vietnamien à ses compatriotes. Depuis des années, il se fait l'ambassadeur de la langue et de la culture vietnamienne dans le pays du Matin calme. Il a fait publier en 2000 le premier dictionnaire vietnamien-coréen de près de 60.000 mots.
Sorti du lycée en 1967, Cho Jae Hyun commence à étudier le vietnamien à l'Université de langues étrangères de Corée du Sud. C'est d'ailleurs la première année où cette langue est officiellement inscrite au programme de cette université. "L'idée d'étudier le vietnamien m'est venue alors que je souhaitais mieux appréhender ce pays qui a longtemps été le théâtre de guerres atroces, auxquelles s'intéressaient bon nombre de personnes y compris moi. Apprendre cette langue pour comprendre le pays et ses hommes", explique Cho Jae Hyun.
Grâce à ses brillants résultats, après avoir obtenu son diplôme, il obtient un poste de professeur de cette université. Aujourd'hui, la section de vietnamien regroupe près de 400 étudiants contre une vingtaine lors de la première promotion qu'il a suivie. Le vietnamien est difficile à apprendre à cause des 6 accents différents et de la prononciation de cette langue monosyllabique. "Les accents et le fort changement d'intonation font du vietnamien une langue chantante. Chaque fois que je prononce quelques mots, tout le monde pense que je chante. Grâce au ciel, je parviens sans aucune difficulté à prononcer ces accents. Je dois le faire avec beaucoup d'attention car ensuite, c'est aux autres étudiants de répéter", raconte M. Cho.
Après 3 décennies passées à enseigner, il a contribué à former quelque 1.000 étudiants aux bases du vietnamien. Ne souhaitant pas se limiter à l'enseignement de la langue, M. Cho s'est lancé dans des recherches sur la culture, l'histoire, l'économie, la politique, le pays et l'homme du Vietnam. Après 11 ans de dur labeur, ce passionné a fait ainsi publier en 2000 le premier dictionnaire Viêt-Hàn (vietnamien-coréen) rassemblant plus de 60.000 mots. Cet ouvrage permet aux étudiants et amoureux du Vietnam de mieux étudier la langue, notamment en l'absence de manuels spécifiques. Toutefois, "il n'a pas été facile de trouver les mots coréens pour désigner les objets, les choses ou les notions, notamment les fruits, à cause de la diversité de la culture traditionnelle du Vietnam", explique M. Cho en évoquant les difficultés rencontrées durant la rédaction de son dictionnaire. Avec ce travail et sa longue carrière d'enseignant, M. Cho est considéré comme l'un des pionniers dans la valorisation des relations vietnamo-sud-coréenne.
Un diplomate "silencieux"
Reconnu en tant que traducteur, le professeur Cho Jae Hyun est également l'auteur de moult manuels et documents en langue vietnamienne. On peut par exemple citer un manuel sur la littérature vietnamienne (niveaux élémentaire, secondaire et supérieure), ainsi que des livres sur l'actualité et l'histoire de ce pays. Sans oublier ses nombreux articles publiés dans des revues scientifiques vietnamiennes et sud-coréennes.
Même s'il enseigne le vietnamien depuis 1971, M. Cho doit attendre de nombreuses années avant de se rendre dans le pays de son cœur. La première fois qu'il a posé les pieds au Vietnam, c'était en 1989 en tant que représentant de son université pour signer un accord de coopération scientifique avec l'Université nationale de Hanoi. "Après cette visite de Hô Chi Minh-Ville à Hanoi, j'ai tout de suite pensé qu'outre la coopération dans le domaine scientifique, il serait nécessaire de développer les relations de coopération économique, politique, culturelle et sociale entre les 2 pays. Depuis, je fais tout mon possible pour renforcer les liens bilatéraux en tant que traducteur", confie le professeur.
En 1990, Cho Jae Hyun a participé, à la fois en tant que traducteur et organisateur, à un symposium à l'Université nationale de Hanoi. Ce colloque a marqué le prélude de la coopération scientifique entre ces 2 établissements universitaires en particulier, pris une part active au développement des relations diplomatiques Vietnam-Corée du Sud en général. Plus tard, il a été élu vice-président permanent de l'Association d'amitié Corée du Sud-Vietnam. Bien souvent, il a fait office d'interface lors de plusieurs rencontres, en tant qu'interprète, entre dirigeants et hommes d'affaires des 2 pays.
En 2007, il était chef de la délégation sud-coréenne venue participer à la célébration du 15e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les 2 pays. Passionné par la culture, le peuple et les patrimoines du Vietnam comme l’ancienne cité de Huê ou la baie de Ha Long, Cho Jae Hyun a visité ce pays à 11 reprises.
Le professeur Cho Jae Hyun est né le 16 février 1967 à Séoul. Il est professeur et Docteur en vietnamologie, ainsi que directeur de l'Institut universitaire des sciences régionales et internationales, dépendant de l'Université de langues étrangères de Corée du Sud. Il figurait parmi les conseillers du président sud-coréen sur les politiques concernant le Vietnam et les interprètes lors des rencontres entre les dirigeants des 2 pays. Alors qu'il était président de l'Association des scientifiques vietnamiens en Corée du Sud (2003-2005), il s'est vu attribuer par le gouvernement vietnamien la Médaille de l'Amitié en 2004.
La Corée du Sud est l'un des plus importants investisseurs au Vietnam. Y sont recensés près de 45.000 travailleurs vietnamiens, sans compter quelque 1.500 étudiants et stagiaires. Pour sa part, le Vietnam a accueilli l'an dernier 430.000 visiteurs sud-coréens.
Source : Hà Anh/Courrier du VietnamVN/(24/02/2008)