Alexandre de Rhodes et le quoc ngu n'ont rien à faire dans cette histoire !
L'écriture Han est pour la langue chinoise uniquement. Comme plusieurs dynasties de rois viêts, sauf les Tay Son, avaient adopté le chinois comme langue officielle dans le but d'écarter le peuple, l'administration écrivait en chinois. Mais on ne peux pas tout traduire en chinois ; par exemple certains noms de lieux qui sont en vietnamien. D'où l'invention de ce bricolage : l'écriture nôm qui essaye de transcrire les sons viets qui n'existent pas en chinois.
Les mots de base du vietnamien sont d'origine khmer, puis les Viêt ont adopté le système de tons des Thaï, puis du vocabulaire technique chinois puis du vocabulaire technique français, puis anglais...
Le mot, chiffre 5 du khmer est prăm et devient năm en viêt. La sonorité semble plus douce mais c'est une question d'habitude.
Les chiffres 1, 3, 4, 5 des Viêt sont ceux des Khmer lesquels comptent seulement jusqu'à 5 : Pour 6, il disent 51 comme les chiffres romains. Les Viêt ont perfectionné en "inventant" 6, 7, 8, 9. Alors que les Thaï et les Lao ont simplement adopté les chiffres chinois. C'est la preuve évidente de l'origine khmer de la langue vietnamienne.
En plus il y a la place des adjectifs :
Viet : "Cheval blanc" ; Le "chien grand" (hihi les Français disent "Grand chien" depuis qu'ils ont été envahi par les Saxons ?)
Chinois : "Blanc Cheval" ; ce qui prouve que le chinois et le viêt n’appartiennent pas du tout à la même famille de langue !
Ce qui est rigolo est que les Viêt ont fait, du point de vu linguistique, leur fameuse "marche vers le Sud" vers... le Nord.
Je possède la revue de "la Société Asiatique" n°1 rue de la Seine de 1954, TOME CCXLII où il y a l'article génial d'André-G. Haudricourt qui explique tout ça. Je l'ai scanné ; je pensais l'avoir déjà mis sur FV. je crois que les tons commencent il y a 1000 ans mais il n'y en avait que 3 au lieu de 6... Puis on dédouble en tons "hauts" et tons "bas".
André-Georges Haudricourt - Wikipédia
1954, De l'origine des tons en vietnamien, Journal Asiatique 242:69-82.