Envoyé par Son LamJe vous relis, (et je me relis, ce qui est toujours un plaisir ;D) et je suis retourné faire un tour sur le site pour trouver la source de votre réaction très forte de dégôut. (je n'ai pas tout visité, mais j'en ai fait un tour assez extensif).Envoyé par VNlover
En remettant les cartes en contexte (ce que je développais plus haut), j'ai trouvé choquants (avec mes yeux d'aujourd'hui et ma culture judéo-chrétienne):
- une photo de femmes d'une ethnie minoritaire pausant debout lors du bain, se couvrant comme elles peuvent de leurs mains. Le commentaire de l'auteur de la carte postale n'est pas ce qui me choque, mais plutôt qu'on ait pu imposer à des femmes à se tenir debout et de prendre la pause avec le bambou au-dessus de la tête lors de leur bain. Ca en dit long sur le photographe.
Quant au commentaire, qui a trait au geste de ces femmes pour se couvrir, il est anodin, si on considère qu'à cette époque, l'homme de la création est bien l'homme blanc, et les autres n'ont pas d'âme. (hé, avant de chauffer, c'est pas moi qui le dis, ho! c'est ce qu'on pensait à l'époque)- En rapport d'une photo de deux jeunes femmes: "Laquelle préfères tu ? moi je prends l'autre. Tu parles si elles ont le sourire !...."
Et je me force: ca vaut "té, elles sont auch' les meuf'" qu'on pourrait entendre aujourd'hui.
Mais je n'ai pas trouvé plus choquants que ceux, quotidiens, d'aujourd'hui les commentaires suivants:
- Avec la famille qui se cherche des poux, je suis tangent: le commentaire est abusif, d'un comique mal à propos, mais ne dit pas grand-chose sur la relation entre son auteur et les indochinois*. Le ton de "bon appétit M. petit boy" peut être plutôt sympa --ce n'est pas lui qui a inventé le mot "boy", ni qui l'a mis dans le contexte qu'on lui connait aujourd'hui.
- Avec les enfants de troupe :"Il faut voir ces polis petits enfants de troupe faire toute sorte d'exercices et ils sont alertes comme des singes. Ce sont de futurs tirailleurs à galons." Je trouve ca plutôt sympa encore, et admiratif.
- En regard d'une photo d'un village sedang ou bana autour d'une jarre de rượu đế: "Quand ils commencent à être saoul ils chantent, ils dansent, et après ils se battent (comme les civilisés ?)."
Ca, ca mérite qu'on s'y arrête: dans les villages bana, autour de la jarre, il y a effectivement des gens qui s'abrutissent et deviennent agressifs :affraid:. un ami nommé Giordano est rentré sur la base vie d'un chantier une fois avec une demi-lance dans son radiateur. Il faut dire que les kinh du chantier (1500 hommes et femmes) n'étaient pas tendres avec eux.
Et la référence aux civilisés n'est pas du tout insultante, c'est une référence à un roman de Claude Farrère (Les Civilisés, 1921) attaquant férocement les blancs qui se comportaient mal sous prétexte de la différence (c'est nous les civilisés). Au contraire, c'est une remise en perspective tout-à-fait fine.- "congaie" pour la nounou (con gái). Bon. C'est le mot de l'époque. Comme cagna (cái nhà) ou niacoué (nhà quê), qui veulent simplement dire maison et paysan, et n'ont été chargés de mépris que par notre gôut immodéré pour la polémique.
Beaucoup plus vexant aurait été "Con Sen" (le prénom), qui, appliqué de facon générique aux nounous et ou aux bonnes leur niait un prénom, et présageait de l'abus d'autorité.- J'ai relevé: "Les femmes sont si jolies qu'il faut bien les connaitre pour les distinguer des hommes."
Ca doit être un :casse: ou je ne m'y connais pas.
Je trouve au contraire qu'il y a ici des éléments très intéressants de la vie en société de l'époque (cherchez "fayot", "péril", "Styx") voire des indices de belles histoires ("Adrienne")
Enfin, il y a des message tout simplement de mauvais gout (cherchez "Pakha") et méprisants, mais ils en disent plus sur leur auteur que sur quoi que ce soit d'autre.
* j'ai peur de dire annamite, vu notre réactivité au vocabulaire sur ce post.