Envoyé par
jeannethanh
"l’initiative militaire appartenait la plupart au VC : 90 % des accrochages sont de leur initiative,au moment et à l’endroit de leur choix."
Qui leur a demandé de nous "libérer" de cette façon ? S'ils se tenaient tranquilles, il n'y aurait pas eu ces bombardements, et l'occident qui marchait à fond avec ces propagandes ! Faut dire qu'en face, c'était le vide. Le désert intellectuel.
Au têt Mâu Thân, dans le sud, on allait fêter l'accord de paix, mes parents étaient plein d'espoir : Enfin les vietnamiens deviennent raisonnables. Ils vont essayer de trouver une solution pacifique. Trinh Công Son est venu à la maison peu avant le jour du Têt, il composait une chanson très chantée aujourd'hui (Rung nui dan tay nôi lai biên xa ...). Quand je l'entend, mon cœur se serre. Quel mensonge tout ceci, quelle trahison !
D'un côté on signe la paix, d'un autre on massacre. J'ai failli perdre mes parents. Notre cuisinière a reçu le corps de son frère mutilé, sans tête, un de mes frères a perdu un bras dans une bataille, mes deux cousins aviateurs ont eu le dos cassés (tous étaient dans l'armée du sud), le soldat américain qui était gardien à l'ambassade à côté de chez nous, a perdu sa tête, dans tous les sens du terme, il était amoureux de la nounou de mon petit frère, une charmante jeune fille de 18 ans. On a appris plus tard que c'était son amoureuse qui l'a tué et décapité de sa propre main. Il avait 19 ans. Un gamin. Elle était par la suite cachée par un réseau connu de mon père. Mais ce dernier la protégeait. Il a pris beaucoup de risque avec cette histoire. Mon père n'était pas un nam vùng. Au contraire il était en désaccord avec les communistes, dont il désapprouvait les méthodes. Mais son cœur était à gauche. Il rêvait d'un VN réellement démocratique avec les élections libres. Il était incapable de tuer ou faire tuer quelqu'un. Pourtant il était dans la résistance contre les français.
Quand je pense à ce Têt Mâu thân et tout ce qui arrive ensuite, je maudis l'occident, les classes politiques du nord et du sud, les généraux, qui ont perdu notre pays. On se préparait à fêter le Têt dans la joie et dans l'espoir, c'était des explosions de mitraillettes et de roquettes à la place des pétards.
Aujourd'hui quand je lis ces faits historiques, j'ai la nausée. La vraie histoire, c'est celle que chacun d'entre nous a vécue. Ces grands traits qu'on nous sert comme des vérités me donnent le vertige. "le peuple", "la révolution", "les héros", "les martyres", "hy-sinh" cho "tô-quôc"... foutaises !!!
On me dit : Regarde le VN maintenant, les gens sont heureux, c'est tout ce qui compte ! Ce résultat, on aurait pu l'obtenir sans bains de sang, j'en suis sûre, en beaucoup plus convaincant.
Mais voilà, c'est de l'histoire, il faut en tirer des leçons. La première, c'est tous ces restos Mac do ou autres fast-food qui poussent au pays, en Chine, les dollars qu'on échangent contre tout. Et c'est très bien.