Je viens de lire cet article, dont je vous recommande la lecture :
http://www.swissinfo.ch/fre/infos/suisse_et_le_monde/Le_Vietnam_une_zone_sombre_de_la_memoire_suisse.ht ml?siteSect=126&sid=10704371&cKey=1242578549000&ty =st
En fait, rien de vraiment nouveau pour moi qui ai vécu cette période, La Suisse a eu une politique particulièrement frileuse (c'est un euphémisme) par rapport à l'intervention US au Vietnam.
Et que l'on ne vienne pas me dire, la neutralité impliquait une certaine retenue.
D'abord, en l'occurrence, il s'agit de plus que de retenue.
Puis la Suède, dont la neutralité est aussi ancienne et aussi respectable que la neutralité Suisse, a eu une attitude totalement différente. La Suède a pris clairement position pour le droit des vietnamiens à disposer d'eux-mêmes. C'est ainsi que Stockholm a abrité le Tribunal Russel sur les crimes de guerre au Vietnam. Elle a accueilli généreusement les réfractaires et déserteurs US. Passablement de personnalité suédoises, parlementaires, artistes, etc militaient dans des organisations d'aide humanitaires au Vietnam. C'est sans doute par reconnaissance envers ce soutien que les suédois n'ont pas besoin, depuis plus d'une dizaine d'années, de visa vietnamien pour des séjours touristiques.
Alors, la Suisse, à côté, une mentalité de boutiquier qui justifie pleinement cette réflexion de je ne sais plus trop qui : "la Suisse n'a pas de politique étrangère, elle n'a que des intérêts".
À propos de la Suède, il me vient à l'esprit une anecdote (une de plus ). Dans les années 1960, j'appartenais à un groupe de soutien au peuple vietnamien. Appartenance discrète puisque, Mme avait de la famille à Saïgon et qu'apparaitre au grand jour aurait pu les mettre dans une situation pour le moins délicate, le gouvernement Thiêu et les américains ne faisant pas dans la nuance !
Nous récoltions des fonds pour acheter du matériel médical que nous envoyions dans les zones contrôlées par le GRP.
Nous avions organisé une assemblée publique avec, en invitée d''honneur, une parlementaire suédoise, où, peut-être, même la ministre de la santé suédoise, je ne me souviens plus très bien, bref, une personnalité suédoise très impliquée dans le soutien médical au Vietnam en lutte. Une dizaine d'heures avant la tenue de la conférence arrive une interdiction de prendre la parole en public pour notre invitée, avec comme motif le fait qu'un étranger résidant temporairement en Suisse ne peut avoir d'activité politique publique, bref, un prétexte cousu de fils blancs. C'est un dimanche, difficile d'envisager un recours. Nous tentons d'intervenir par téléphone, à plusieurs reprises auprès du ministre* (Conseiller fédéral) chargé de la justice, il est inatteignable, à la messe, il a dû passer la totalité de son dimanche à la messe (il est vrai qu'il était démocrate-chrétien), c'est ce que l'on appelle une messe diplomatique.
Pour finir, la solution est venue de l'un de nos membre, technicien de la TV suisse romande, il nous bricole une installation avec caméra de prise de vue, plusieurs récepteurs TV grand écrans (de l'époque) disposés dans la salle publique. La suédoise parle de sa chambre d'hôtel, devant la caméra, ses propos sont retransmis sur les récepteur de la salle de conférence. La lettre, si ce n'est le sens, de l'interdiction est respectée : l'oratrice prend la parole en privé et non pas en plublic, un citoyen suisse se permet de retransmettre ses propos. Et la salle, acquise en grande partie, rigole largement du bon tour joué aux censeurs.
* Peut-être est-ce une chose impensable en France qu'un particulier puisse téléphoner un dimanche à un ministre, c'est néanmoins une chose plus ou moins possible en Suisse, d'autant plus que nous avions avec nous J. Ziegler qui était parlementaire fédéral à l'époque.