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Il y a 100 ans, HÖ Chi Minh découvre Marseille »05-09-2011
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Le vice-président de l’Union générale des Vietnamiens de France retrace l’arrivée du fondateur du Vietnam moderne dans la cité phocéenne.
Il y a un siècle, celui qui ne s’appelle encore que Nguyen Tat Thanh et qui deviendra le président Hô Chi Minh, pose le pied à Marseille. Le vice-président de l’Union générale des Vietnamiens de France, Nguyen Van Bon, revient sur le contexte du premier contact entre le fondateur de la République démocratique du Vietnam et la France qui allait le marquer durablement.
Qu’est ce qui a conduit Hô Chi Minh de son Vietnam natal jusqu’à la cité phocéenne ?
Bien avant de partir du Vietnam, dès l’âge de 13 ans, Hô Chi Minh a suivi des leçons de français. Les trois premiers mots qu’il en retient sont "liberté, égalité fraternité". Il indiquera plus tard qu’il s’est dit à ce moment-là « je veux me rendre dans ce pays, je veux connaître cette civilisation qui a donné à sa nation une telle devise ». Par ailleurs, la génération d’intellectuels et de lettrés vietnamiens de l’époque s’est tournée sans succès vers la Chine qui connaît alors le début de sa révolution nationaliste et le Japon pour trouver une voie vers l’indépendance de leur pays. Hô Chi Minh ressent alors la nécessité de connaître l’occident. A 17-18 ans, il s’engage comme garçon d’équipage sur un bateau. Un mois plus tard, le 6 juillet 1911, il découvre Marseille.
Quelles sont ses premières impressions ?
D’abord, il se rend compte qu’ici aussi, il y a beaucoup de pauvres. Ensuite, il est très marqué car pour la première fois on l’appelle « Monsieur », contrairement à ce qu’il avait vécu en Indochine où les indigènes avaient un statut subalterne. Il prend conscience qu’il partage la condition de la classe ouvrière française, c’est le premier déclic qui va lui permettre de distinguer le peuple français de ceux qui le dirigent et colonisent son pays.
En quoi ce premier contact avec la France va-t-il compter dans la suite de son parcours ?
Avant d’arriver à Marseille on ne peut pas dire qu’il perçoive la notion de classe. C’est là que, de colonisé, il va devenir en plus un prolétaire. Mais son engagement pour le socialisme arrivera plus tard. Entre-temps, il reprend le bateau, qui après un voyage en Afrique, fait escale au Havre. Puis il séjourne à Londres où il fait à nouveau l’expérience de l’exploitation.
De retour en France, à la fin de la première guerre mondiale, il enchaîne les petits boulots. Il est notamment retoucheur de photographies. Il fréquente les socialistes d’alors et anime le groupe des patriotes annamites, du nom donné aux Vietnamiens à l’époque. A ce titre, il présente le 18 juin 1919 à la conférence de paix de Versailles, une liste de huit revendications qui ne sont pas à proprement parler, révolutionnaires, mais qui constituent une première plate-forme pour l’émancipation de son peuple. En 1920, au congrès de Tours, il participe à la fondation du Parti communiste français. L’anti-colonialisme communiste aura été déterminant dans cet engagement.
A-t-il par la suite retrouvé le chemin de Marseille ?
Oui car il sera délégué au premier congrès du PCF qui s’y est tenu en décembre 1921.
Que signifie cette commémoration pour les Vietnamiens de France aujourd’hui ?
Nous sommes bien sûr fiers de l’héritage d’Hô Chi Minh qui a su trouver la voie de l’indépendance de son pays et de la libération de son peuple. C’est l’occasion de se rappeler des nombreux Vietnamiens qui ont été enrôlés pour travailler à la production d’armement ou qui ont été réduits au travail forcé pour développer la riziculture en Camargue. Mais aussi des liens forts de solidarité avec le peuple français, l’engament des jeunes communistes Raymonde Dien et Henri Martin pour l’indépendance du Vietnam, les grèves des dockers marseillais contre la guerre…
Aujourd’hui nous retenons d’Hô Chi Minh son internationalisme pour impulser des coopérations d’égal à égal et entretenir des liens d’amitiés entre peuples français et vietnamien.
PROPOS RECUEILLIS
PAR LÉO PURGUETTE
Des documents présentés à l’exposition commémorative, dont une peinture, la une d’un journal et une photo de manifestation contre la guerre du Vietnam.
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