Les Etats-Unis démantèlent un complot contre le gouvernement laotien
05 juin 06:17 - SAN FRANCISCO (AFP) - Les autorités américaines ont annoncé lundi avoir démantelé un complot destiné à renverser le gouvernement communiste du Laos et arrêté dix personnes, pour la plupart membres de l'ethnie minoritaire Hmong, au terme d'une enquête de six mois.
L'ancien général laotien Vang Pao, arrêté le 4 juin 2007 aux Etats-Unis, au memorial du Vietnam à Washington le 11 mai 2000
AFP/Archives - Luke Frazza
Sur les dix personnes arrêtées en Californie (ouest), neuf ont été inculpées et risquent la perpétuité si elles sont reconnues coupables.
Elles sont soupçonnées d'avoir tenté d'acheter "des centaines de fusils d'assaut AK-47 Kalachnikov, des lance-missiles portables Stinger, des bazookas antichars AT-4 et LAW, des mines antipersonnel et des grenades, destinées à être utilisés pour renverser le gouvernement laotien", a annoncé le parquet fédéral à Sacramento, la capitale administrative de l'Etat.
Parmi les inculpés figurent l'ancien général Vang Pao, 77 ans, figure de proue de la communauté Hmong aux Etats-Unis où il avait émigré en 1975 lors du renversement de la royauté par le Pathet Lao communiste, dont le régime a ensuite persécuté les Hmongs, selon Amnesty International.
Egalement arrêté et inculpé dans cette affaire, Harrison Jack, 60 ans, est un ancien officier américain devenu consultant, diplômé de l'académie de West Point. Selon des journaux californiens, il a combattu au Vietnam et est réputé proche de la communauté Hmong en Californie.
Selon l'acte d'inculpation, le complot a été déjoué grâce à un agent du bureau fédéral de l'alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) qui l'a infiltré. Les arrestations de lundi, qui ont mobilisé 200 policiers, sont le résultat de six mois d'enquête.
Pendant leurs réunions, les conspirateurs
présumés avaient évoqué un plan destiné à envoyer des armes au Laos via notamment la Thaïlande voisine.
L'un des inculpés, Lo Cha Thao, aurait mis sur pied une mission d'"une équipe de mercenaires spécialistes des opérations spéciales" à Vientiane, la capitale, lors de laquelle "plusieurs bâtiments gouvernementaux, dont le palais royal" devaient être détruits.
Selon les autorités, M. Thao "a affirmé qu'il voulait que les mercenaires ne laissent des bâtiments que des gravats".
"Cette enquête se lit comme un scénario de film, mais est bien vraie. Ces personnes arrêtées aujourd'hui pensaient qu'un marchand d'armes pourrait les aider à obtenir les armes et les personnels nécessaires pour renverser un gouvernement", a affirmé le directeur intérimaire de l'ATF, Michael Sullivan.
"Ces inculpés représentaient une réelle menace pour la sécurité publique à l'étranger (...) heureusement, nous avons pu démanteler leurs activités avant que leur complot ne devienne un coup d'Etat contre un pays avec lequel les Etats-Unis sont en paix", a souligné M. Sullivan.
Tous les inculpés doivent répondre notamment d'association de malfaiteurs dirigée contre un pays étranger et d'association de malfaiteurs destinée à entrer en possession d'armes automatiques et d'explosifs. Ils risquent chacun la prison à vie.
Les Hmongs se sont expatriés en masse en Occident après la prise du pouvoir par le Pathet Lao; une grande partie d'entre eux avaient pris fait et cause pour les Américains contre les communistes pendant la guerre du Vietnam.
Quelques milliers de Hmongs se sont réfugiés dans la jungle, entretenant une rébellion sporadique contre le pouvoir. Les organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent régulièrement les persécutions de rebelles Hmongs par Vientiane, toujours réfutées par le régime communiste.
© 2007 AFP
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