Bonjour à Tous,
Retour donc au thème de la discussion : L'Oncle Ho, entre mythe et réalité historique.
Voici un article de l'historien Charles E. Kirkpatrick sur HCM et publié dans le magazine "Vietnam" en février 1990.
Des précisions s'imposent d'emblée :
Voici ce qu'on peut lire sur le site du magazine en question :
Cet article est donc celui d'un "top military historian".
L'article est bien entendu en anglais (cela ne dérangera pas Risk, je pense), donc je vais traduire quelques passages. Je préviens d'avance que je n'ai aucune prétention de traducteur. C'est pour cela que je vous mets le texte original comme repère.
Ho Chi Minh: North Vietnam Leader » HistoryNet
"Souvent, il (HCM) semble être davantage un symbole qu'un être réel - un simple visage sur une affiche, un ennemi intangible et inaccessible aux moyens de la guerre moderne, pratiquement la personnification du mythe de l'adversaire communiste.
Mais Ho Chi Minh incarnait bel et bien la véritable force dirigeante sans laquelle l'unification de l'état vietnamien n'aurait jamais été accomplie.
Pendant plus de 50 ans, dont la plupart passés en dehors de l'Asie du Sud-Est, l'esprit de Ho œuvra pour la fin du colonialisme français et la construction d'un état national vietnamien."
"De 1925 à 1927 (HCM était alors en Chine), Ho forma plus de 200 cadres parmi des Vietnamiens expatriés, méticuleusement instruits et qu'il renvoyait ensuite en Indochine.
Le caractère impitoyable de Ho transparut dans la formation de ces cadres. Si, à l'issue de l'instruction, l'un des hommes avait des doutes ou affichait la volonté de ne pas obéir aux directives communistes, Ho divulguait discrètement leurs noms aux autorités françaises en Indochine. Les Français arrêtaient rapidement le cadre "défectueux" et payaient probablement une récompense à leur informateur. Ainsi, Ho faisait d'une pierre deux coups; il se débarrassait des nationalistes non fiables et récoltait des fonds pour son mouvement."
"En fait, l'état de guerre simplifiait les problèmes politiques de Ho. Les Vietnamiens n'avaient pas besoin d'être communistes pour rejoindre le combat contre les Français, et les volontaires patriotes grossissaient les rangs du Viêt Minh.
Pareillement, la véritable opposition politique était facilement écrasée en déclarant les opposants traitres au Vietnam.
En 1954, Ho était le dirigeant incontesté du pays."
"Ho consolida impitoyablement son pouvoir sur le Nord. Témoignant du fait que derrière le masque soigneusement construit du doux et bienveillant "Oncle Ho" il était en réalité (selon les mots particulièrement descriptifs de Susan Sontag -
vous la connaissez pour son engagement contre la Guerre du Viêt Nam -) un "fasciste à face humaine", Ho massacra ses paysans par milliers dans le style soviétique lors d'une campagne de réforme agraire. En novembre 1956, lorsque les paysans de sa province natale protestèrent, quelques 6000 furent assassinés de sang froid. Avec une telle actions, Ho a montré qu'il était un contemporain de valeur égale à Lénine, Staline et Mao Tsé-Tung, qui ont également bâti leurs empires avec le sang de leurs paysans."
"En somme, Ho Chi Minh était cette grande contradiction : Un communiste pur et dur qui était également un fervent nationaliste.
Pendant toute sa vie il n'a jamais perdu de vue son but d'un état vietnamien indépendant. Et même en tant que dirigeant communiste il suivit essentiellement une ligne de conduite vietnamienne, alors que la plus pure des doctrines communistes aurait dû lui indiquer d'autres choix. Cependant, il n'y a aucun doute qu'il était intégralement engagé dans l'idéal communiste qu'il a accepté dans son ensemble en 1920 et pour lequel il n'a jamais eu la moindre arrière pensée. L'idéologie communiste d'Ho Chi Minh était assez flexible pour servir ses objectifs. En tout cas, il n'a jamais était un doctrinaire, mais davantage un militant politique dont la force de la volonté était dirigée vers le but de l'indépendance et de l'unification du Viêt Nam."