Une tentative de reconquête
À Paris, le général Charles de Gaulle, qui dirige le gouvernement provisoire de la République française, met tout en oeuvre pour restaurer la souveraineté de la France sur ses colonies d'outre-mer. Il veut effacer le souvenir de la défaite de 1940 et restaurer en tous lieux la grandeur de la France. Il veut aussi couper court à d'autres tentatives indépendantistes au sein de l'Empire colonial.
Dès le 24 mars 1945, alors qu'il s'apprête à prendre le pouvoir en France à la faveur de la Libération du pays par les Anglo-Saxons, le général de Gaulle déclare son intention de restaurer l'autorité de la France en Indochine dans le cadre d'une fédération de colonies et de protectorats qui comprendrait les trois provinces du Viêt-nam (les trois Ky : Tonkin, Annam et Cochinchine) ainsi que le Cambodge et le Laos.
«De Gaulle, qui entend rétablir la France dans toutes ses positions d'avant guerre, envoie un corps expéditionnaire afin de reconquérir l'Indochine ; entreprise difficile à mener à douze mille kilomètres de distance» écrit l'historien René Rémond (*).
Des soldats français sous les ordres du lieutenant-colonel Jacques Massu s'emparent le 23 septembre de Saigon, capitale de la Cochinchine (le Viêt-nam du sud). Leur entreprise est facilitée par la capitulation officielle du Japon trois semaines plus tôt.
Quelques jours plus tard arrive un corps expéditionnaire sous les ordres du général Leclerc de Hauteclocque, héros de la Libération nommé par de Gaulle commandant en chef des troupes d'Extrême-Orient, sous les ordres de l'amiral Georges Thierry d'Argenlieu, gouverneur général d'Indochine.
À sa manière audacieuse, Leclerc chasse Japonais et Chinois du Vietnam et du Cambodge. Tchang Kai-chek ayant accepté en février 1946 que les troupes françaises remplacent les troupes chinoises au nord, des éléments de la 2e DB débarquent le 7 mars 1946 à Haï-Phong, le grand port du Tonkin. Accueillis par le feu de l'artillerie chinoise, ils n'en poursuivent pas moins leur route sur Hanoï où Leclerc fait une entrée triomphale le 18 mars 1946. Ils n'atteindront Nam-Dinh qu'au mois de mai de la même année, obligés de repousser les trois armées chinoises encore présentes sur place, qui ressemblent davantage à des armées de brigands menées par des condottiere qu'à des armées régulières !
En dépit de ses succès sur le terrain, Leclerc, qui a rencontré aussi Hô Chi Minh, ne tarde pas à se convaincre de l'inanité d'une restauration de la tutelle française. Le sort de l'Indochine est désormais en bascule. Il repose sur les choix qui seront faits par les responsables français...
Source :
9 mars 1945 : les Japonais s'emparent de l'Indochine