International Conference on Prosperity for the People of Vietnam, October 8 – 9, 1999, Paris, France
VIETNAM : ASSUMER LE PASSE POUR CONSTRUIRE L’AVENIR
L’avenir d’un individu, d’une société ou d’une nation est toujours déterminé par un passé. Tout comme l’individu, la nation qui rejette son passé se condamne à un avenir incertain . La psychanalyse nous a enseigné que l’avenir d’un individu pouvait être sans issu, si ce dernier n’avait pas su résoudre les traumatismes de son passé. La guérison psychologique résulte d’une purification du passé en acceptant de le confronter en face, aussi douloureux que cela puisse s’avérer. Il en va de même pour une nation en tant qu’elle constitue la condensation d’un multitude d’individus. Le Vietnam, de par son histoire sanglante au 20ème siècle, a subi de profonds traumatismes et a aujourd’hui besoin d’exorciser ses démons pour se construire un avenir meilleur. Après avoir subli les horreurs de la guerre pendant plus de dix ans, ce pays continue à souffrir sous la poigne de fer d’un gouvernement toujours totalitaire en dépit de quelques apparences trompeuses.
L’ouverture timide à l’économie de marché n’est en aucun cas suffisante à la construction d’un avenir plus libre et plus prospère. La Chine par exemple demeure un pays totalitaire et encore largement sous-développé malgré son ouverture au monde des affaires dont seuls quelques privilégiés profitent. Pour préparer un avenir réellement meilleur, une nation a besoin de se réconcilier avec son passé le plus lointain en honorant la mémoire de ses héros, patriotes et saints sans lesquels elle ne serait pas. Il se trouve que le Vietnam a une longue tradition de culture et de sagesse que 25 ans de communisme ne saurait annihiler. Il est vrai cependant, que les communistes vietnamiens endoctrinés par leurs « grands frères » soviétiques, ont tout fait pour détruire les racines spirituelles et culturelles du pays.
L’illusion mortelle du communisme a été de croire qu’en faisant table rase du passé, on pourrait créer une nouvelle humanité plus rayonnante. Le cas du Vietnam est là pour nous montrer que c’est l’inverse qui s’est produit… Peut-être bien que la chance du Vietnam réside aujourd’hui dans ce qui fut hier une grande tragédie : l’exode forcé d’une population nombreuse à l’étranger et en particulier en France. Ces familles vietnamiennes ainsi que leurs enfants constituent la formidable promesse d’un avenir plus souriant pour le Vietnam.
En jouissant de la liberté qu’offre malgré tout une société démocratique, cette population peut redécouvrir sa véritable culture tout en y intégrant les aspects positifs de l’Occident.
Réconciliée avec une tradition orientale que le communisme avait dénigré et enrichie par la modernité occidentale, les vietnamiens d’Outre-Mer sont incontestablement la force d’avenir du Vietnam. Mais apparemment, il est plus facile pour la jeunesse vietnamienne d’intégrer la culture occidentale que de se réconcilier avec leur culture d’origine. Aussi, le danger déjà perceptible, est que cette jeunesse vietnamienne ne cède aux sirènes du matérialisme en négligeant sa responsabilité historique pour la reconstruction de son pays.
Les jeunes français se doivent aussi de soutenir leurs frères vietnamiens dans cette tâche difficile, mais stimulante.
Aujourd’hui, ce qui manque peut-être le plus à la jeunesse vietnamienne en exil, c’est l’amour authentique de leur pays. Ce constat ne doit en aucun cas être considéré comme une mise en accusation, car il est difficile d’aimer ce qu’on ne connaît pas. Le drame réside dans le fait que les parents de ces jeunes n’ont pas souvent le désir d’évoquer l’histoire de leur pays d’origine, tant cette dernière est marquée par le sang et les larmes.
Pourtant, la guérison du Vietnam passe par cette expérience douloureuse que constitue une prise de conscience du passé dans ce qu’il a de plus tragique. En raison de sa pudeur excessive à remuer son passé traumatisant, mais aussi d’un parti pris malhonnête des médias occidentaux, le peuple vietnamien est victime d’une terrible injustice historique.
Tout se passe comme si en politique internationale c’était le principe unique du « un poids deux mesures » qui régnait. Pour les médias et l’opinion publique qu’ils créent, certains morts semblent avoir plus d’importance que d’autres. Ainsi les victimes de la barbarie nazie semblent avoir le droit à des condoléances beaucoup plus conséquentes que les victimes de la barbarie communiste. Sans entrer dans une polémique sans fin sur un problème explosif, force est de constater que le peuple juif, par exemple, a joui d’une reconnaissance en tant que peuple martyr bien plus grande que des peuples d’Asie comme le Vietnam, alors que la souffrance était la même des deux côtés. Précisions, afin d’éviter tout malentendu, qu’il ne s’agit pas d’affirmer que les médias en ont fait trop pour les juifs, mais de dénoncer leur mutisme complice en ce qui concerne le Vietnam. La raison de cette injustice flagrante est très simple, bien que difficilement avouable : elle est politicoéconomique.
En effet, il est facile pour les médias de tirer à boulets rouges sur un régime qui a vécu, mais bien plus délicat d’en faire de même avec un régime toujours en place.
L’Allemagne n’est plus nazie, tandis que le Vietnam est toujours communiste. C’est une évidence triviale, mais que nos intellectuels de gauche devrait un peu plus avoir à l’esprit.
Or, aujourd’hui, au nom des intérêts diplomatiques et surtout économique, l’Occident oublie un peu facilement le passé sanglant du régime actuel de Hanoi. En l’occurrence, on peut reprocher à la mémoire occidentale d’être un peu trop sélective. Avec une population très jeune et qui atteindra bientôt les cent millions d’âmes, ce pays constitue un marché prometteur pour des investisseurs étrangers pas toujours très scrupuleux. En somme, ce sont les « néo-capitalistes » vietnamiens d’aujourd’hui qui font tout pour étouffer les crimes contre l’humanité des communistes vietnamiens d’hier.
Mais comme Confucius l’avait bien compris, on ne peut rien construire de durable, si les bases ne sont pas solides. Or, dans le cas du Vietnam, les bases solides se trouvent essentiellement dans la diaspora de l’étranger. Car, un des crimes suicidaires des communistes résida dans la chasse impitoyable livrée aux intellectuels, d’où la mort de beaucoup d’entre eux et l’exil de presque tous les autres. La responsabilité de ces intellectuels vietnamiens à l’étranger pour la reconstruction de leur pays est à la mesure de leur talent.
Jean-Luc Berlet
Professeur et écrivain
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VIETNAM MON AMOUR
Refrain : Amour et Lumière du Vietnam,
Le rouge et or sont tes couleurs.
Ravissantes splendeurs de ton âme,
Tarissant les larmes de mon coeur.
La souffrance silencieuse d’une femme,
M’interpelle comme le cri d’une soeur.
Ma langueur c’est l’ombre de ton drame,
Cruelle lame qui sème la douleur.
Refrain
Je rêve d’un jardin au Vietnam
Où se mêlent les divines saveurs.
Les clameurs des filles qui se pâment,
Et le charme parfumé des fleurs.
Refrain
Grâce à l’ardeur de notre flamme,
Les armes et les murs de la peur
S’évanouiront de par le Siam.
Rideau de bambou c’est ton heure !
Refrain
Entends-tu ce peuple qui t’acclame ?
Tu as rétabli son honneur,
Comme la plus noble de toutes les dames.
Célébrons ensemble ce bonheur.
Jean-Luc Berlet
Septembre 1999
Nota: quelques réserves sur l'opinion politique, mais l'ensemble du document comporte un raisonnement juste. Il faut tenir compte de l'évolution du pays depuis 1999, nous sommes en 2007 !