Envoyé par
K.Phuc - N.Minh/CVN ( 30/11/06 )
Football : les entraîneurs étrangers, entre réussite et déception
La dernière décennie a vu tous types d'entraîneurs étrangers traverser le paysage footbalistique vietnamien. Mais les clubs en recrutent moins, échaudés par des expériences plus ou moins réussies.
Tout a commencé par des résultats. Médailles d'argent lors des SEA Games (Jeux du Sud-Est asiatique) ou de bronze lors de la Tiger Cup, la sélection nationale conduite par un entraîneurs étranger a fait des émules. On vantait alors le professionnalisme, les spécialisations, un sens supérieur des responsabilités et des méthodes d'entraînement avancées. Bref, il y a encore quelques années, les entraîneurs étrangers avaient tapis rouge au Vietnam.
Les clubs ont décidé alors de s'y mettre, comme l'équipe de Gach Dông Tâm qui est confiée au portugais Calisto. Celui-ci a mené ce modeste club au sommet du football vietnamien, en remportant à 2 reprises le championnat national en 2005 et 2006. Mais cette performance ne parvient pas à masquer les échecs des entraîneurs étrangers.
Au fur et à mesure des saisons, ces derniers sont de moins en moins recrutés. Durant la saison 2003-2004, plus de la moitié des équipes de la V-ligue étaient conduites par un étranger alors que la nouvelle saison n'en compte aucun.
En réalité, leur acclimatation est le premier des obstacles. Si votre entraîneur ne s'adapte ou ne comprend pas son équipe, les résultats auront du mal à suivre. Citons ici Vital, Radovic, Arcorsi, Nam Dae Shik, Detary... qui n'ont jamais compris pourquoi leurs équipes jouaient d'une manière "mi-sérieuse, mi-amusée".
De plus, le rapport étranger - vietnamien n'est pas toujours au beau fixe. Il n'existe pas de coordination étroite entre l'étranger et ses adjoints ou collègues en raison de la barrière linguistique. De plus, il n'est pas rare que les entraîneurs étrangers soient confrontés à un refus de coopération de leurs collègues vietnamiens.
Même l'excellent thaïlandais Songamsak, qui a remporté 2 titres de champion avec le club de Hoàng Anh Gia Lai, n'a jamais trouvé la bonne formule avec le club de Binh Dinh.
Quant au onze national, il a déjà connu 7 sélectionneurs différents (Weigang, C.Murphy, Letard, Dido, Calisto, Tavares et A.Riedl). Depuis sa première médaille décrochée en 1995, l'équipe n'a jamais fait mieux, végétant dans la région de l'ASEAN sans parvenir à la dompter.
Changer les méthodes de recrutement
De piètres performances qui trouvent leurs sources au sein même de la Fédération de football vietnamienne (FFV). Les spécialistes dénoncent en premier lieu l'échéance très courte du contrat de travail des entraîneurs. Face aux pressions de la performance, la fédération n'engage que des contrats saisonniers. Ces liaisons éphémères (des contrats de 6 mois à 1 an) ne peuvent pas avoir d'influences notables sur une équipe nationale qui plus est en reconstruction.
La FFV choisit par ailleurs ses sélectionneurs au petit bonheur la chance, une aberration dans ce milieu en voie de professionnalisation. Les 2 principaux critères sont en effet d'avoir de bonnes connaissances du football en Asie du Sud-Est et surtout un coût acceptable. L'instance s'en remet alors à des personnes qui lui sont présentés par des agences de marketing sportif, faisant fi de tous examens sérieux. L'exemple qui a fait scandale étant le Brésilien Dido, présenté par un cadre de l'ambassade du Vietnam aux Pays-Bas et recruté tout de suite par la FFV. Quelques défaites plus tard et après avoir fait l'étalage de ses lacunes à ce niveau, Dido était remercié.
Une réglementation destinée aux entraîneurs étrangers concernant le contrat, les droits et obligations devra bientôt voir le jour.